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 Baby Carni Bird

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Ethel Dawkins
♦ Civil - Œnologue
Ethel Dawkins


Genre : Féminin Verseau Coq Age : 30
Adresse : Quartier Hiryuu, Immeuble Sakura, Appt 33
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MessageSujet: Baby Carni Bird   Baby Carni Bird EmptyMer 18 Jan 2012 - 18:09

Baby Carni Bird
« Jani & Ethel»


Ethel reposa son livre en soupirant, jetant un regard désolé au calendrier devant elle. C’était aujourd’hui le vingtième et triste anniversaire de l’accident de son père. Celui où il aurait pu perdre la vie, et ne jamais entreprendre tout ce qu’il avait entreprit. Mais cet accident l’avait détruit à tout jamais, l’empêchant d’exaucer le seul rêve qui avait vraiment tenu dans son cœur de jeune adulte. Le tir à l’arc avait toujours été la discipline dans lequel Evan, son père, avait excellé. Comme une passion plus forte que tout, celle qui motive un être à se lever le matin, à vivre aussi. Il y a vingt ans, il avait perdu cette foi, cette force en lui, ses bras étant fragilisés à jamais, lui interdisant la pratique de ce sport. Sans la rencontre avec Evannah, il aurait peut être abandonné, tout lâché. Mais la mère d’Ethel était arrivée, suivie d’une petite tête rousse dans un berceau, trois ans plus tard.

Aussi, quand son unique fille avait vu le jour, le sourire d’Evan avait rejaillit, définitivement. La première fois qu’on lui mit un arc dans les mains, Ethel comprit que ce simple bout de bois était bien plus pour son père qu’elle ne pouvait l’imaginer, et surtout, ce n’était pas inoffensif. Car mise à part les concours et les fastes des récompenses, le père de la jeune fille avait aimé aller chasser, à l’arc, en forêt. A l’ancienne comme on dit, sans autorisation. Alors dès que la jeune fille eut 6 ans, il l’initia, heureux de voir que cette discipline lui plaisait, et surtout qu’elle était douée. Car on connait la Ethel délurée, naïve, un peu folle et tête dans les nuages, un arc dans les mains, elle devient totalement différente. Une sorte d’étrangeté sérieuse, et appliquée.

C’était décidé, la rouquine se devait d’aller tirer en forêt. Au moins pour son père, et parce qu’elle savait qu’il attendait son coup de fil fébrile, où elle lui dirait ‘’Papa, j’ai fait un sans-faute !’’.
Se levant donc, elle prit son arc et ses flèches, s’apprêtant à sortir. Sa voisine de chambre se racla alors la gorge avec un petit rire amusé. Baissant les yeux, surprise, la jeune fille se rendit compte qu’elle était en culotte, avec un magnifique t-shirt noir « Save Panda ». Bon, elle se devait peut être de s’habiller au moins. Enfilant une jupe à volants, ornées de centaines de plumes blanches qui lui faisait plus ressembler à un petit oiseau qu’à une dangereuse chasseresse, pour aller avec le contraste noir blanc, elle enfila un bonnet avec une tête de Panda, se fichant pas mal du fait que ce look pouvait jurer avec la paix boisée.

Quittant l’Académie avec un petit sourire satisfait, elle se dirigea vers la forêt, parcourant toute la ville dans une espèce de semi brouillard qui lui ressemblait bien. Ethel ne regardait absolument pas les habitants, trop cloîtrée dans ses pensées. Elle qui se délectait habituellement du mélange culturel des rues de la ville, des différents vêtements et expressions, ne voulait en cet instant qu’atteindre son but, et tirer quelques flèches. Finissant par arriver à l’orée de la forêt, elle pénétra à l’intérieur en sautant le long du sentier, de racines en racines.
La jeune fille cherchait un arbre propice à la réception de flèches. Pas trop grand, et pas trop fin, ni trop faible. Elle ne voulait pas prendre le risque de le tuer ou de le fendre de trop, les arbres étaient ses amis, aussi.
Trouvant son bonheur, elle sortit de son carquois une cible en carton et l’accrocha sur le tronc, se reculant de quelques mètres. La rouquine était au centre d’une clairière, paumée dans la forêt, qui viendrait la déranger ?

Elle bandit son arbre avec agilité, habituée à faire ce geste mainte à mainte fois répété. Diantre, le contact de son cher arc entre ses mains, tendu comme un poteau électrique qui pointerait fièrement vers le ciel. Son bras vibra, d’excitation. Ethel se transformait déjà, ses traits se tendant légèrement sous l’effet de la concentration. Mettant à son doigt sa protection en cuir, elle Cala sa flèche, amenant l’arc à hauteur d’œil. Respiration bloquée, une paupière fermée, les mains précises et tendues à l’extrême. Lâchant sa flèche, elle ne reprit pas sa respiration pour autant, écoutant l’infime bruit du bout de bois taillé courir dans le vent, et se ficher dans l’écorce du chêne. En plein cœur de la cible. Soupirant de satisfaction, elle reprit sa respiration, sans pour autant s’ouvrir plus au monde extérieur. La jeune fille était concentrée comme ses professeurs ne la verraient probablement jamais.

Armant une deuxième flèche, elle répéta cette danse avec l’arc, sans que cela ne tombe dans la mécanique ou la monotonie. Ethel savait assez ce qu’elle faisait pour ne pas prendre le risque de se déconcentrer. Même si personne ne pouvait l’observer, un geste déconcentré pourrait avoir raison d’elle ou des oiseaux qui somnolaient plus loin. Un panda roux, mais dangereux.
Lâchant sa deuxième flèche, elle sourit lorsque celle-ci vint se ficher tout à côté de la première, comme deux sœurs qui se retrouvaient enfin. Bel élan de fraternité que cet ardeur désespéré pour aller retrouver son acolyte.

Elle sortit une troisième flèche, et l’arma délicatement. Alors qu’elle s’apprêtait à la tirer, elle entendit une branche craquer derrière elle, brisant sa concentration. Furieuse et désemparée, Ethel se tourna dans la direction du craquement, tendant l’arc devant elle d’un air menaçant, et terrorisé.

« Qui est là ? Montrez-vous ! »


Ses doigts terrorisés finirent par avoir raison de la pauvre flèche tendue sur l'arc, et elle décocha sans le vouloir dans la direction du bruit.Tout cela résultait de la peur, évidemment. Elle était tellement concentrée qu’un violeur pédophile et nécrophile aurait pu arriver sans qu’elle s’en rende compte, du moins pas avant d’être violée, tuée et encore violée. Ses yeux transperçant les arbres au loin, elle attendit que l’inconnu se montre, espérant qu’il ne s’agisse pas d’un méchant monsieur aux mauvaises intentions. Quoi que, il aurait actuellement du souci à se faire, étant donné la menace sifflante qui pourrait lui transpercer le cœur en un instant.


Dernière édition par Ethel Dawkins le Dim 22 Jan 2012 - 17:04, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Baby Carni Bird   Baby Carni Bird EmptyDim 22 Jan 2012 - 16:42

Baby Carni BirdFeat: Ethel Dawkins
Pour Jani, la nuit avait été des plus courtes. Sa soirée en compagnie de sa guitare l'avait perturbé : si sa technique à l'instrument, au chant, s'améliorait continuellement, son papier à musique était ou vierge, ou raturé de part et d'autre. Il connaissait le solfège comme sa petite sœur, il avait développé son style au cours des années et avait atteint avec Revolution son meilleur potentiel. De tout son orgueil, il ne pouvait l'accepter. Sa muse était partie, il l'avait trahie, mais il la remplacerait. Il trouverait d'autres manières d'écrire, d'autres façons de pensées... Du moins, c'était ce qu'il croyait. Depuis le début, il avait toujours été fidèle à son style de musique, et même s'il le laissait évoluer à sa manière, il veillait à ce que sa signature ressorte, à ce que ses sonorités se perpétuent, car dans sa musique résidait une âme immédiatement reconnaissable. Le genre d'âme que les gros labels s'empressaient d'étouffer parce qu'ils étaient trop aveugles pour se rendre compte que les gens n'achetaient pas un album parce qu'il avait une belle pochette, parce que telle chanson parlait d'amour, parce que tel titre était controversé, mais bien parce qu'ils avaient quelque chose à y retrouver. Au-delà de la qualité, c'était l'identité d'un artiste.
Ce dernier se demandait avant de fermer l'œil où il pourrait trouver cette chose, cette flamme qui pourrait le faire de nouveau devenir père. Père de douces mélodies, père d'une unique harmonie, père d'une précieuse symphonie. Durant son sommeil, il se vit écrire de nouvelles paroles dans la neige, puis les chanter à sa pikkusisko... Puis son réveil lui fit se souvenir que lorsqu'il était encore en Finlande, neige, bois et lacs, l'inspiraient. Il avait développé un certain lyrisme, mais la nature pourrait lui faire retrouver ses racines...

Sans plus attendre, il s'empressa de se doucher puis de se changer. Il savait qu'il y avait une forêt non loin de Keimoo, et c'était là-bas que sa quête le mènerait. Quittant son chez lui, traversant les rues d'une ville fantôme, il ne prit pas la peine de grignoter quoi que ce soit, l'esprit focalisé sur la musique. Un art devenu prioritaire pour lui.
Bien que ce ne fusse pas la première fois qu'il y allait, il fut étonné de ne pas avoir eu de difficultés à trouver l'orée de la forêt. Heureusement ! Il lui était déjà arrivé auparavant de partir dans la direction opposée, et de ne s'en rendre compte qu'après avoir quitté la ville. Alors il faisait marche arrière, et ses jambes le réprimandaient pour son incroyable sens de l'orientation. D'un pas lent, il s'engouffra dans l'antre de Dame Nature. Les premiers arbres qu'il dépassa étaient les plus jeunes, ceux qui marquaient les plus récentes victoires du naturel sur l'Homme. Courts et fins, leur feuillage était clair et brillaient au Soleil orangé qui se levait encore. C'était la rosée du matin qui laissait encore humide toute la forêt, comme si la pluie n'avait cessé de la nuit. Brume était encore présente dans l'air, et on ne pouvait voir au-delà de trois troncs. Jani s'avançait vers l'inconnu comme un fidèle vers son Dieu, d'une confiance aveugle mais aussi avec la conviction d'y trouver la raison. L'inspiration.

Plus il s'avançait, plus les arbres se faisaient vieux. Il le devinait à leurs troncs, qui se faisaient de plus en plus hauts, de plus en plus larges, de plus en plus sombres, à leur feuillage qui n'était non plus d'un vert vif mais plutôt terne, assombri par l'âge. Il se rapprochait du cœur de la forêt, ses pieds s'enfonçaient petit à petit dans la terre humide, et il était heureux d'avoir pensé à mettre des chaussures de marche. Depuis tout petit, il en avait. C'était comme l'héritage des valeurs de sa mère, le fruit de son éducation. À force de s'en aller se promener dans les forêts de la Laponie, qui étaient souvent enneigées, ils s'étaient procurés des tenues adéquates, chaudes, résistantes et confortables. Ainsi ils pouvaient profiter pleinement de la nature, même si lorsqu'ils rentraient chez eux il avait toujours mal aux pieds...
Ici, il faisait frais, mais pas autant que dans son pays natal. Il n'avait ni besoin de mettre de gants, ni de refermer sa veste. Jani pouvait admirer son souffle s'effacer dans le vent, mais il faisait presque suffisamment chaud pour qu'il retrousse ses manches. Il se retint, refusant de prendre le risque d'attraper froid à cause des changements trop brusques de température. Pour couvrir ses jambes, il avait fait simple avec un jean noir. Il n'avait pas non plus pris soin de sa chevelure, car il ne s'attendait pas à rencontrer qui que ce soit à cette heure-ci, en plein cœur d'une forêt sans repère... Il était perdu, pointes blondes luttant contre une brise toute légère.

Il était déjà neuf heure lorsqu'il décida de s'arrêter, près d'un ruisseau qui s'écoulait probablement en direction d'un lac. La brume s'était désépaissie mais elle restait présente autour de lui. Aux alentours, des arbres. Majestueux et anciens gardiens de cette forêt, les pères de cet empire qui s'étendait lentement sur le monde de l'Homme. Si le finlandais se sentait aussi bien en ce lieu, c'était bien parce qu'il n'était pas favorable au règne de sa race sur la nature. Il attendait patiemment que Dame Nature s'empare de leur royaume, qu'il puisse l'honorer de sa musique comme il se le devait...

S'installant confortablement contre un tronc d'arbre en face de l'eau, il l'admira s'écouler, leste. Ses yeux se plissèrent, son regard s'adoucit. Une sensation de communion s'empara de lui et bientôt, il sortir du papier à musique qu'il reposa sur son genoux levé en face de lui. Ce n'était pas la plus confortable des positions pour écrire, mais l'environnement compensait. Optant pour l'andante, il se décida de mettre en avant le piano, par des accords altérés joués en arpège sur une suite d'accords à la ronde à la basse. Il choisit de tourner sur un mode mixolydien auquel il ajouta des notes étrangères lui permettant de moduler par cadence imparfaite sur une suite d'accords en dorien. Mélodies lentes et calmes qui s'enchaînaient sur des arpèges aux intervalles irréguliers. Ici, il refusait d'obéir à un métronome, cette pièce s'affranchirait de la régularité d'un métronome pour laisser l'art s'exprimer en toute liberté. Tantôt rapide, tantôt lent, sans pour autant devenir adagio ou moderato.

Relisant avec fierté son travail achevé, il replia son papier à musique et le rangea dans sa veste. L'eau en face de lui n'avait cessé de ruisseler, abondante. S'il avait pu s'imaginer que l'eau vivifierait la flamme de l'inspiration... Quelle ironie ! Jamais il n'y aurait songé, et pourtant ce n'était pas la première fois que la vie l'inspirait autant. À Kemi, il lui était déjà arrivé d'aller au port, de s'asseoir près de la baie et de regarder le Soleil se coucher derrière les navires. Ce n'était pas ce qu'il y avait de plus naturel, mais ça l'inspirait. Car même dans un milieu des plus humains, la nature y était omniprésente : l'océan caressait le bord de la ville et les frontières du pays, leur aquilon leur provenait du cœur des eaux, et ce Soleil sous lequel était née Inari rayonnait de plus belle lorsqu'il se reflétait dans l'ondulation des vagues.

Jani se redressa, poussa un long soupir de satisfaction et tâcha de retourner sur ses pas après avoir jeté un dernier regard au ruisseau. La forêt était vaste, et il avait été assez futé pour ne pas changer de direction sous peine de se perdre. Depuis son entrée sur le domaine de Dame Nature, il était toujours allé tout droit. Ainsi, il était certain de retrouver son chemin et d'arriver en ville avant le lendemain. Un peu plus d'une heure s'était écoulé depuis qu'il s'était installé, les japonais avaient dû déjà reprendre de l'activité.
S'éloignant petit à petit du ruisseau, il comprenait qu'il quittait le cœur de la forêt. Les arbres se faisaient de plus en plus fins et de plus ne plus clair. La brume, quant à elle, restait omniprésente et seul un léger filet de lumière passait à travers les arbres. Il était dix heure passée, et l'on pouvait encore croire qu'il n'était que six heure ici. La forêt était encore humide, sombre, terne. Il serait impossible pour quiconque de dire quel temps il faisait à Keimoo en regardant simplement le ciel tellement il était voilé.

Plus il marchait, plus le bois se faisait clair. Il se rendait compte aux bruits environnants que la faune s'était réveillée. Si en certains naîtrait la peur de se faire attaquer, le finlandais savait que cet endroit n'abritait rien de semblable et d'aussi « sauvage » qu'en Laponie. Il y avait peut-être quelques faisans, faons, écureuils et pourquoi pas des renards. Ce n'étaient pas des troupeaux de cerfs, des ours, des loups ou des gloutons comme il lui était déjà arrivé d'en croiser lorsqu'il se promenait dans le grand Nord. La flore non plus ne ressemblait en rien à ce qu'il avait toujours connu. D'une certaine manière, il était déçu de ne pas s'enfoncer dans la neige, de ne pas craindre de glisser lorsqu'il grimpait. Ici tout avait des teintes plus chaudes que chez lui et...

« Qui est là ? Montrez-vous ! »

Il s'arrêta, net, une flèche sifflant sous son nez, effleurant d'assez près son visage pour entailler sa joue. Elle alla se planter dans un arbre, juste en face de lui. Sa vie venait de défiler sous ses yeux, et s'il était arrivé seulement un millième de seconde plus tôt, il serait tombé. D'instinct, il amena le bout de ses doigts sur sa blessure, qui saignait légèrement. Aucune larme, aucun tremblement, il restait de marbre en se demandant ce qu'il venait de se passer. C'était le calme que les échecs avaient développé en lui, ce sang froid face à toute situation qui le rendait parfois effrayant. Son regard resta quelques instants sur la flèche plantée dans le bois. Lui, au moins, ne saignait guère.

Puis il repensa à la voix qui lui ordonnait de se montrer. Elle lui semblait familière, même s'il n'avait jamais rencontré de japonaise indienne attachée aux traditions ancestrales de sa tribu à tel point d'aller chasser dans la forêt. Il s'avança de quelques pas pour être en face de la flèche, puis se retourna pour voir la menace. Il leva aussitôt les mains en l'air pour montrer qu'il n'était pas un danger, et dévisagea l'être qui au loin, lui semblait aussi familier que sa voix.

« Ça vous arrive souvent de décocher une flèche sur les passants ? » lâcha-t-il dans un sarcasme hautain qu'il aurait peut-être dû retenir étant donné les circonstances.

Mais il sourit. La vie n'était ni longue ni courte, ni bonne ni mauvaise. Tout était unique et méritit d'être savouré. Il s'était toujours promis que lorsque son heure viendrait, il la savourerait pleinement. Après tout, on ne meurt qu'une seule fois dans sa vie, non ? Bien sûr, il serait idiot de mourir ici, sans raison, juste parce qu'une petite s'amusait à décocher des flèches sur tout être qui bougeait au kilomètre à la ronde... Mais il avait bien senti qu'elle avait encore plus peur de lui que lui de la flèche. Il entreprit de s'avancer doucement vers elle, qui restait assez éloignée de lui.
En y repensant, elle était impressionnante. Sa précision, à une telle distance, était la preuve qu'elle avait un œil de lynx. Robin des Bois au féminin, celle qui pourrait s'amuser à transpercer des pommes au-dessus de la tête de ses amis. Il sourit, d'amusement et d'admiration.

« Dites... il s'arrêta, et haussa les épaules, les mains toujours en l'air. Vous comptez jouer à Cupidon ou c'est bon ? »

Il marqua une pause. À cette distance, il pouvait distinguer plus de la jeune fille. Il commençait à se souvenir pourquoi elle lui était familière, pourquoi il connaissait cette voix... Plissant les yeux pour la dévisager, il s'attarda sur sa chevelure rousse et sa tenue excentrique. Il n'y avait aucun doute possible : elle était la folle qu'il avait rencontrée à l'Aquarium, quelques semaines plus tôt.

Son nom... Ça ressemblait à un produit chimique... Éthanol... Étain... Elle... C'était anglo-saxon... Etha... Etho...

« Ethel ? C'est toi ? » s'écria-t-il enfin, espérant ne pas se tromper de personne.
© Jani Lumisielu
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Ethel Dawkins
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MessageSujet: Re: Baby Carni Bird   Baby Carni Bird EmptyDim 22 Jan 2012 - 19:54

Baby Carni Bird
« Jani & Ethel»


La flèche était partie. Et à mesure qu’elle traçait entre les arbres sombres, l’inquiétude grandissait dans l’esprit d’Ethel. La jeune fille savait qu’elle visait à la perfection, et qu’elle pouvait très bien atteindre la personne, s’il s’agissait d’un humain. Elle avait tiré à hauteur d’œil, et sauf s’il s’agissait d’un nain, la flèche passerait très près de son visage. Restait-il à espérer que ce ne soit qu’un animal ? Surement déjà enfuit après ça, dans une démarche fébrile et rapide. La rouquine n’était pas prête pour devenir meurtrière, et la blouse des prisonniers était bien trop monotone à son gout. Malheureusement, la voix qui s’éleva lui confirma bien qu’il s’agissait d’un homme, mais d’un homme vivant, au moins. Calant son arc contre l’arbre où elle avait accroché la cible, la vraie, Ethel fit quelques pas dans la direction des arbres.

Tirer était dangereux, très dangereux. Elle avait un jour lu dans un journal qu’un enfant de son village était mort pendant un cours de tir à l’arc. Il n’avait pas tenu compte des indications et était allé chercher ses flèche, un autre élève avait mal visé, la flèche l’atteignant au dos. Pas de chance. Voilà pourquoi elle n’avait jamais pris de cours, et toujours attendu avec une patience respectueuse que son père lui indique avant d’aller récupérer ses flèches. Enfin, normalement si la voix masculine pouvait parler, en faisant de l’humour en plus, c’est que le corps qui l’abritait était en bonne santé, du moins elle osait l’espérer. Où peut être qu’il était à retardement, du genre à se rendre compte un peu trop tard qu’il avait une flèche plantée dans le bras. Comme si il prononçait un « Zut, ça pique un peu » uniquement après avoir été transformé de part et d’autre en hérisson.

Oui, elle jouait à Cupidon, c’était surement ça. Réunissant une feuille de carton et un tronc d’arbre, s’assurant qu’ils ne puissent plus se séparer, comme ancré dans une même respiration. Le problème, c’est qu’elle avait surement voulu étendre son champ d’action, en fichant la flèche dans le cœur d’un pauvre individu qui n’avait rien demandé, et se tenait là par hasard. Il n’avait qu’à être plus discret lorsqu’il marchait dans la forêt, zut !

« Ethel ? C'est toi ? »

Enchanté, on se connait ? Non ? Oui ? Clignant des yeux, elle essaya de distinguer la silhouette qui se rapprochait. Elle avait de bons yeux, mais la tête blonde qui apparaissait peu à peu ne lui disait pas grand-chose. Pourtant, des blonds au Japon il y en avait peu, officiellement. La nouvelle mode chez les ados voulant ressembler au plus au modèle occidentale était de se décolorer les cheveux. Quelle manière terrible de dissoudre le plus beau cadeau de la nature : Notre naturel. Les cheveux des nipponnes sont fascinant par l’incroyable noirceur de leurs reflets, où la rouquine s’est déjà perdu en contemplant le dos d’une camarade de classe, par exemple. Mais non, toutes les adolescentes préféraient se dénaturer, et transformer leur chevelure en un amas étrange et jaune paille, qui ne ressemblerait de toute façon jamais à un blond naturel.

Mais ce blond-là était naturel, indiquant surement une origine autre que Japonaise. Passant en revue rapidement dans son esprit ses dernières connaissances étrangères, Ethel fronça les sourcils. Ah oui, le fameux garçon de l’Aquarium, qu’elle avait dessiné. Son nom ? Impossible de s’en souvenir, vraiment. Plein de voyelles, mais c’était tout ce dont elle se rappelait. Ils ne s’étaient que très peu parlés, la vie les rappelant à leur train de vie monotone et personnel. Ethel était partie se droguer, oui, et lui ? Aucune idée. La rouquine avait même douté un instant qu’il fût réel, comme si elle avait imaginé ce visage fin et ces yeux clairs, traçant juste sur une feuille un songe fantasmagorique. Elle avait maintenant la preuve qu’il n’était pas qu’un mirage, une chimère. Sinon la flèche l’aurait atteint, le brisant comme Ethel brisait tous ses rêves.

C’était toujours comme ça depuis qu’elle avait commencé à prendre de la drogue. La jeune fille ne se rappelait jamais si elle avait rêvé ou non une scène. Elle vivait constamment à la frontière entre la réalité et le monde des songes, sans savoir si c’était ou non une bonne chose. Combien de fois avait-elle faillit hurler en voyant apparaître devant elle un être qu’elle croyait avoir inventé ? Combien de fois avait-elle cherché un homme qu’elle croyait réel ? Tout cela était trop vague et la seule chose qui la connectait encore à ce monde était la peinture. Peindre lors d’une envolée soudaine était devenu un devoir, parce que le résultat lui montrait souvent jusqu’où elle était partie, et comment en revenir. La logique veut que les lémuriens roses n’existent pas. Mais il lui fallait une preuve de ça, pour ne pas commencer à y croire, pour ne pas s’en aller dans un pays des rêves un peu trop fantasmagorique. Cette fois ci, elle pouvait au moins ranger le jeune homme dans le rang du réel, n’ayant pris aucune drogue depuis presque deux jours. Etait-ce le signe qu’elle se devait de se raccrocher à toutes les images du réel ? Ou au moins chercher vérification quand elle doutait qu’une rencontre puisse s’être vraiment produite.

S’avançant un peu plus, elle distingua précisément les traits du jeune homme. Elle ne s’était pas trompée, c’était bien le garçon de l’Aquarium, celui qui était assez penseur pour rester cloîtré plus d’une heure dans son esprit. Ayant pris son carnet à dessin dans le but de croquer des poissons, la rouquine avait fini par le croquer lui, avec de rapides esquisses, envisageant de reprendre ce travail un peu plus tard, sur un autre format. Et elle l’avait fait, choisissant l’Aquarelle. Un univers tracé sur la feuille assez semblable à celui dans lequel ils s’étaient connu. Le jeune homme flottait dans une mer azur, entouré de poissons plus ou moins vifs, certains ressemblant à des notes de musique. Sans savoir pourquoi, Ethel avait vu une certaine musicalité à tout ça. Au final, son aquarelle rendait très bien, et on aurait même pu dire qu’elle en était fière. Elle s’était souvenue que le jeune homme lui avait demandé de lui montrer le résultat, mais elle ne l’avait jamais revu, alors tant pis.

« Oui, Ethel c’est moi… Désolé pour la flèche, mon intention n’était pas de te tuer. »

Sauf s’il avait été un méchant pédophile, là peut être qu’elle ne se serait pas excusée. Mais l’entaille qui ornait maintenant la joue pâle du jeune homme l’obligeait à grimacer à l’idée que cette flèche aurait pu atteindre son crâne. Heureusement qu’elle ne visait pas aussi bien que son père, qui lui aurait abattu le pauvre blondinet. Une mort un peu idiote, non ? Tué par une adolescente froussarde qui n’aurait pas senti la flèche partir, tétanisée à l’idée du monstre qui pouvait se cacher derrière les branchages. Il y avait plus glorieux comme fin, être empalé à un arbre n’était pas très glamour.

« Je t’ai fait mal … ? »

Son cerveau lui faisant un petit clin d’œil sournois, elle ne put se souvenir du nom du jeune homme, définitivement pas. Finissant sa phrase par un simple silence interrogateur, et un peu désolé, elle s’approcha un peu plus, regardant la blessure du jeune blondinet. Réajustant son bonnet noir et blanc, elle se mit sur la pointe des pieds et posa sa main sur l’épaule du jeune homme afin de s’équilibrer. Bon, au moins elle ne l’avait pas entièrement ouvert, une simple blessure superficielle qui ne laissait même pas de trace, qui aurait disparue dans quelques jours à peine. Les cicatrices au visage, c’est pourtant très sexy pour un certain type d’homme. Ceux qui veulent avoir l’air d’un dangereux mâle, qui se posent en dominant. Ça n’avait pas l’air d’être le cas du jeune homme, et il ne semblait pas avoir besoin de ça.

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MessageSujet: Re: Baby Carni Bird   Baby Carni Bird EmptyVen 27 Jan 2012 - 16:11

Baby Carni BirdFeat: Ethel Dawkins
La jeune fille qu'il espérait être la folle qu'il avait accessoirement rencontrée dans une salle d'aquarium anormalement ignorée s'avança vers lui à son tour. Tenant son arc, de loin, et en dépit de ses seins qui étaient a priori inertes et non coupés, elle avait l'air d'une amazone. Et si c'était le cas, il avait bien de la chance d'être encore en vie car il ne tarderait pas que l'on l'achève... Si tel était son destin, aussi triste soit-il, il n'avait guère d'autre choix que de l'accepter. Nous avons beau être maîtres de notre vie, nous avons beau être libres de choisir, lorsque la fin vient, il n'y a rien à faire.
Grâce à un rayon de lumière, il put voir plus clairement le petit minois de la jeune fille. C'était bien elle. Elle avait l'air différente, mais son caractère unique l'avait assez marqué pour qu'il retienne le moindre détail de son visage. Sans comprendre comment, il savait depuis qu'il était sorti de cet aquarium qu'il finirait par la revoir. Le monde n'était pas des plus petits, les chances que ça se produise étaient quasi nulles, mais c'était arrivé. Peut-être était-ce dû à un espoir inconscient trop fort, animé par une curiosité trop insatisfaite, qui sait ? Même si l'espoir de voir un jour son portrait achevé, qui aurait plut à son ego plus encore que n'importe quel compliment mensonger, semblait plus réaliste.

« Oui, Ethel c'est moi... Désolée pour la flèche, mon intention n'était pas de te tuer. »

Ses yeux s'écarquillèrent un instant. Ces paroles, ce ton, cette démarche, cette présence... Ça ne ressemblait plus du tout à la fille juvénile et joviale qu'il avait rencontrée à l'aquarium. C'était comme si sa folie s'était envolée, comme si elle était devenue des plus sérieuses. Il plissa légèrement des yeux, interrogateur, puis grimaça de douleur avant d'amener une nouvelle fois le revers de sa main effleurer sa joue. Il le regarda, nonchalant. Elle ne l'avait pas manqué. Il était en vie, mais sa peau était bien entaillée... Et il saignait. Ce n'était pas ce qu'il y avait de plus agréable. Il poussa un soupir.

« Ça va, ce n'est pas comme si j'étais mort... »

Quelle ironie ! Les situations semblaient inversées. À l'aquarium, elle lui avait laisser s'imaginer qu'elle était une espèce de folle vivant dans son propre univers, et à côté d'elle, il passait pour un homme bien trop sérieux. Ici, c'était différent. Dans toutes ses paroles, il se moquait, prenant un ton plus ou moins sarcastique, tandis qu'elle était plus simple, « froide », et moins expressive. Sa joue le picotait légèrement, mais que pouvait-il y faire ? Il était normal que lorsque la pointe d'une flèche entaillait la peau, elle saigne. Il n'y avait rien de bien grave, et à simplement la presser pour limiter le saignement il pouvait sentir qu'elle n'était pas bien profonde.
La jeune fille s'approcha encore de lui, lui demanda si elle lui avait fait mal, puis examina sa blessure sans même attendre sa réponse. Elle se mit sur la pointe des pieds et s'appuya sur son épaule comme s'il était quelque chose qui traînait tout à faire par hasard et qui lui permettait de se soutenir. Il savait qu'il n'avait rien perdu de plus qu'un peu de peau et de sang, rien de grave et il en était rassuré. Il la laissa faire, l'air de rien.

« C'est trois fois rien, merci d'avoir prévenu... »

Sarcastique, il sourit de ses propres mots, sourire qui se transforma en grimace lorsque sa peau entaillée s'étira. C'était ce qu'il y avait de plus désagréable avec les blessures faciales : la moindre expression avait un prix en douleur. Il la caressa une nouvelle fois pour essuyer son sang puis se nettoya la main avec sa langue, espérant que la jeune fille n'avait pas de problèmes avec ce genre d'acte. Aussi étonnant que ça pouvait être, beaucoup de personnes ne comprenaient pas que l'on lèche son propre sang, croyant que ce n'était pas sain. Pourtant, ce sang était le même que celui qui coulait dans ses veines, et d'une certaine manière, il ne faisait que le récupérer. Il fallait aussi reconnaître que le sien n'était pas des plus mauvais...
Liquide dégusté, main propre, il posa son regard océanique dans les yeux verts de la jeune fille. Elle ne ressemblait plus tellement à celle qu'il avait rencontrée, mais il ne saurait dire si ça venait d'elle, de sa tenue, de la situation actuelle qui restait particulière ou encore de la qualité de sa mémoire qui, bien qu'il la juge infaillible, pouvait le tromper. Elle faisait plus banale, en fin de compte, si ce n'était sa facilité à se rapprocher autant de lui. Même les chasseurs ont parfois du mal à toucher leur proie lorsqu'elle est morte, et il était encore plus dur de poser la main sur une créature blessée...

Jani s'en souvenait parfaitement, de ce regard emplit de douleur. Lors d'une balade avec sa famille, en Laponie, alors qu'il n'avait que douze ans, ils avaient eu par malheur l'occasion de voir un glouton s'attaquer à un troupeau de cerfs. La plupart lui avaient échappé, mais l'un d'eux, le plus faible, était resté derrière, se sacrifiant pour les siens. Les gloutons étaient des créatures cruelles, qui ne se contentaient pas seulement de tuer leurs proies pour les manger. Ils les décapitaient, l'air de rien. Il avait par réflexe caché les yeux d'Inari, mais n'avait su fermer les siens, comme paralysé de peur face à ce qui allait se dérouler sous ses yeux. C'était son père qui avait « sauvé » l'animal en faisant fuir le prédateur avec une branche.
Malgré son acte héroïque, sa mère n'avait pas pu s'empêcher de le réprimander pour avoir pris un tel risque, et jamais il ne le félicita. Alors que l'adulte appelait les garde-forestiers pour les prévenir qu'ils avaient trouvé un animal blessé, l'enfant plongea son regard dans celui de la créature, étendue sur le sol, incapable de se relever, la gorge ouverte. Le cerf savait pertinemment que jamais les siens ne reviendraient vers lui, qu'ils le croyaient déjà morts et que son sacrifice n'était pas vain.

Ce souvenir lui fit serrer le poing et enfoncer ses ongles pourtant coupés dans sa paume. Jamais il n'avait été aussi proche de la mort auparavant, et il ne sut jamais si la créature survécut ou non. Tuomas, son père, leur avait demandé de repartir avec Tallulah, sa mère. La chasse, animale ou humaine, était une chose horrible à contempler, et si le finlandais avait grandis et pris en force, il était presque certain que face à autant de douleur, il pourrait craquer. Secouant la tête pour faire sortir les souvenirs de sa tête, il regarda à nouveau Ethel, symbole humain du glouton qui par sa simple beauté sut l'apaiser.

« Ma foi, c'était un beau tir... » dit-il enfin, changeant de sujet avec lui-même, en se retenant de sourire à cause de sa plaie.
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MessageSujet: Re: Baby Carni Bird   Baby Carni Bird EmptyDim 5 Fév 2012 - 13:30

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« Jani & Ethel»


Au moins il était en vie, bien que blessé. Si elle l’avait tué d’une flèche au cœur, elle s’en serait un peu voulue quand même, bien qu’un fragment d’instant elle se serait satisfaite d’avoir tiré aussi juste. Elle lui fit un sourire énorme, heureuse tout de même de recroiser ce jeune homme un peu spécial avec qui elle n’avait partagé que quelques heures. Ou quelques minutes, au final le temps était une chose tellement étrange qu’elle n’aurait pu dire combien de temps elle avait passé avec lui entourée d’eau et de poissons, dans un univers si étrange qu’il en demeurait chimérique. Impossible de dire également quand était la dernière fois qu’elle l’avait vu, sa mémoire n’était pas infaillible, et elle avait l’impression que le petit lutin au fond de son esprit cachait cette date avec un carton tout en lui tirant la langue. De toute façon, ce n’était pas le plus important.

« Ça va, ce n'est pas comme si j'étais mort... »

Elle rigola, il se moquait d’elle, hein ? Lui tirant la langue, elle alla récupérer sa flèche, qui s’était fiché dans un arbre non loin. La rouquine n’avait pas la possibilité d’en refabriquer à Keimoo, par manque de pierre et de plumes, donc elle préférait les économiser pour le moment où elle rentrerait chez elle. Essuyant le bout, qui était plein de sève et de sang, elle grimaça, décidément, la pauvre flèche s’en était prise plein la gueule. Elle caressa un instant le bout de bois, comme pour… Consoler une flèche, oui oui. Retournant voir le blondinet, Ethel rangea la flèche dans son carquois, et regarda à nouveau la blessure du jeune homme.

« T’as de la chance, tout de même. Je rate rarement ma cible ! Mais bon, au moins t’aurais ressemblé à un hérisson, s’aurait été cool, non ? »

Ouvrant grand les yeux comme surprise de la propre idiotie qu’elle venait de dire, elle imagina le jeune homme en hérisson et éclata de rire. Un petit hérisson indien, avec des plumes au bout de chaque pique. Il ne manquait qu’un feu et un totem ! Se rendant compte qu’elle riait toute seule sur une image qui ne ferait surement pas rire le jeune homme, elle se redressa. Pour la jeune fille, c’était assez amusant, pour lui, s’imaginer criblé de flèches ne voulait pas forcément dire danser autour d’un feu dans cet étrange accoutrement. Peut-être plus filer à un hôpital ou tomber directement mort. Pourtant, les hérissons survivaient, surement parce qu’ils étaient nés ainsi…

« C'est trois fois rien, merci d'avoir prévenu... »

Grimaçant gentiment, elle passa la main dans ses cheveux de feu. On pouvait à peine sentir l’ironie dans la voix du blondinet ! Quoi que, elle avait réellement prévenu, hein… Un poil trop tard, certes. Mais si on considérait qu’un « qui est là ? Montrez-vous ! » Tenait lieu d’avertissement, quand bien même la flèche serait partie bien trop tôt pour permettre à l’inconnu de dévoiler son visage, alors oui, elle avait prévenu. Bon, à peu près à l'égal d'un bucheron qui criait alors que l'arbre était déjà entrain de tomber, mais il bougonnait ensuite après avoir écrasé un ou deux bras d'un promeneur innocent "J'avais prévenu, pourtant !". Mais bucheron, contrairement à tireur, n'était pas un métier très élégant, même si leur chemise était souvent assez seyante. Ils servaient plus à entretenir les imaginaires des enfants en passant dans le bois avec leur hâche et leur air hirsute. La rouquine se souvenait de Willdrick, le bucheron du village. Il passait toujours en dessous de la fenêtre de la jeune fille pour partir dans la forêt, en sifflotant, et cela la terrifiait. Jusqu'à un jour où elle était montée dans un arbre, et s'était retrouvé coincée comme un petit chaton. Il était monté et l'avait descendu, discutant toute une après midi avec lui. Un homme sensible et au grand coeur. Les apparences étaient toujours trompeuses.

« Ma foi, c'était un beau tir... »

Qu’est-ce qu’il croyait, hé ? Ethel faisait peu de choses, mais elle le faisait bien. Elle était assez déçue comme ça de l’avoir loupé ! Pas qu’elle voulait le tuer hein, au contraire. Mais il faisait légèrement baisser sa moyenne. Imaginons que son visage avait été une cible, elle avait à peine effleuré le dernier cercle, sans même ficher sa flèche dedans ! Lorsqu’elle loupait une cible ainsi, elle était d’une part assez frustrée, et d’une autre part, cela pouvait être dangereux. Car manquer la cible signifiait également pouvoir envoyer la flèche n’importe où, que ce soit dans un derrière ou dans un arbre… Quand elle était plus jeune, son père lui racontait des contes indiens, avec une flèche qui avait manqué sa cible était qui avait fait le tour du monde avant de se planter à nouveau dans la cible, après un mois à faire le tour de la terre. Evidemment, elle n’y croyait plus depuis longtemps, mais tous ces comptes au coin de la cheminée avaient bercés son enfance, mettant des plumes et des ombres gigantesques dans sa tête rêveuse. En parlant d’indien… Mais ! Elle avait une réserve de plume au fond de son carquois, au cas où l’une se détache d’une flèche. Il fallait conserver l’équilibre pour qu’elle vole droit, et la rouquine ne voulait pas avoir des flèches défaillantes. Un bon matériel était le secret d’un bon tireur.
Allant chercher ses plumes, elle sortit de son sac également un tube d’acrylique rouge, lançant un regard un peu trop significateur à Jani. S’approchant de lui avec un air totalement espiègle.

« Hé si, au lieu d’un hérisson, on se transformait en Indiens ? Tu sais tirer à l’Arc ? »

On dit que la vieille est barge, au coin du village. Et les enfants sont fous, au détour de la clairière. Le pire, c’est qu’elle était totalement sérieuse. Elle savait faire des bandeaux avec des feuilles, ainsi que des maquillages indiens. Plus envie d’être sérieuse et grave, son père avait réussi à s’envoler même après cet accident, il avait rencontré sa mère, il avait développé sa deuxième passion. Aucune raison de s’attrister et de se cloîtrer dans un silence de marbre.

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MessageSujet: Re: Baby Carni Bird   Baby Carni Bird EmptyVen 10 Fév 2012 - 16:56

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Un hérisson ? Parce qu'avec une flèche dans le crâne, il ressemblerait à un hérisson, qui en avait de multitudes dans le dos ? Le seul point commun qu'il aurait eu avec cet animal aurait été son état, au bord de la route. Renversé par un bolide qui filait dans les airs, libre, se glissant dans le vent sans même vaciller. Il ne l'imaginait pas sadique et cruelle à ce point, mais il ne parvenait pas à comprendre ce qu'il y avait d'amusant dans ses paroles. Ils n'avaient pas la même position, après tout, et peut-être que s'il n'avait pas frôlé une mort aussi peu glorieuse, il pourrait rire avec elle... À la place, il se contenta d'afficher un sourire gêné, la remercia de l'avoir prévenu, bien qu'un peu tard, et complimenta ses qualités de tireur.

Suite à ça, elle s'en alla vers son équipement, visiblement pour chercher quelque chose. Jani la suivit du regard et avisa son sac. Peut-être qu'il y avait là-dedans le fameux dessin qu'elle aurait achevé ? Elle n'avait pas l'air de tellement se souvenir de lui, alors il était peu probable qu'il soit gratifié. Mais la patience était un art dans lequel il avait appris à exceller, de façon à ne jamais pousser les gens contre leur propre envie. Parfois, et particulièrement en art, il fallait apprendre à penser à soi. Combien de musiques avait-il abandonnées, car il n'était plus inspiré ? Il y en avait tellement ! Et pourtant, parmi elles, certaines avaient des textes rares, de vraies pierres précieuses qui lui auraient valu l'accès au panthéon de la musique, et le respect éternel. Mais ça ne vaudrait jamais l'assassinat d'un chef d'œuvre... Et il restait toujours optimiste, par rapport à ses travaux : ce qu'il n'avait pas achevé lui rapportait au moins de l'expérience et des idées qu'il pourrait réutiliser plus tard si besoin en était.
Puis la jeune fille revint à lui, tenant dans sa main un tube rouge, et souriant d'un air espiègle. Elle avait quelque chose derrière la tête, c'était certain.

« Hé si, au lieu d'un hérisson, on se transformait en indiens ? Tu sais tirer à l'arc ?

- En indiens ? »


Les westerns, ce n'était pas la première chose à laquelle il penserait. Sa culture était différente, il venait de Laponie, du grand Nord de la Finlande, d'un endroit où les déserts étaient immaculés, enneigés, où on ne croisait pas de bisons mais beaucoup de cerfs. Il ne le chassait pas particulièrement : ils étaient proches de la nature, et les élevaient. C'est un pratique encore courante en Laponie, d'élever les cerfs, et leur viande se mange encore, tout comme celle de l'ours. Les européens de l'occident, français, anglais, espagnols ou italiens, ne pouvaient comprendre ce genre de culture... Culture qu'ils avaient d'ailleurs tuée, avec leurs missionnaires chrétiens.
Il avait beau savoir qui étaient les indiens d'Amérique, il ne savait pas vraiment à cause de ses origines et surtout de sa propre expérience, parce qu'il s'est beaucoup intéressé à la culture saami, notamment à une de leurs pratiques musicale, le joik. C'était un chant a cappella, réactualisé par Nils-Aslak Valkeapää. Des chants dont on sentait plus que l'ancienneté. La force. L'envie. La vie, et ses vicissitudes. En quelques minutes, on faisait le tour de la vie, on mourrait, puis on renaissait...

« Non, jamais... » lâcha-t-il enfin.

À vrai dire, il n'en avait même jamais tenu un de sa vie. Les armes n'étaient pas son fort, il savait comment elles marchaient, il savait comment se servir d'un pistolet, il en avait déjà manipulé sur des cibles. Mais il savait aussi qu'au bout, il pouvait y avoir une vie, et il refusait de jouer à Dieu. Il n'était pas la Faucheuse, il n'avait aucun droit de vie ou de mort sur les autres Hommes et il était incapable d'assumer ce genre de responsabilité. Si jamais il devait se battre, il le ferait avec son corps, et non avec une arme, sauf peut-être si on s'attaquait à son pays. Il abandonnerait tout, rejoindrait son armée et irait mourir avec les siens, comme tout patriote se doit de faire.
C'était une question de devoir, et non de plaisir... Et jouer avec une arme, ne lui faisait pas tellement plaisir. Imaginez ce que ça doit être, de sentir une flèche effleurer sa peau, voir sa vie passer sous ses yeux, puis entendre « tire, toi aussi ». Il poussa un long soupir, secouant la tête, contraint de rejeter sa demande.

« Je ne suis pas un amateur d'armes, en fait. »

Autant le dire tout de suite, il n'était pas comme tous les hommes. Sous prétexte qu'on est membré d'une certaine manière, devrait-on commettre les pires erreurs de son espèce et suivre sa cruauté ? Les artistes avaient un cœur de femme, plus grand. Ils étaient sensibles à plus de choses que le commun des mortels, et ils voyaient le monde d'un autre œil. Elle était jeune, peut-être qu'elle en viendrait à critiquer sa virilité, ou encore sa nature d'Homme... C'était son droit. Mais ça ne le ferait probablement pas changer d'avis sur les armes.
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MessageSujet: Re: Baby Carni Bird   Baby Carni Bird EmptySam 11 Fév 2012 - 11:54

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« Jani & Ethel»


A l’évocation du mot « indien » le blondinet paru surprit. Quoi, il n’avait jamais vu d’indien de sa vie ? Ceux qui tranquillement autour d’un feu crépitant se passait le calumet de la paix, qui ne contenait pas que du tabac… Ce mode de vie avait longuement fait rêver Ethel depuis le jour où elle s’était rendue compte que l’occident et même la vie présente ne pourrait répondre à ses rêves d’harmonie et de monde autre. Lorsqu’elle exposait à quelqu’un ses pensées sur un monde aux arbres roses, aux oiseaux multicolores et à d’autres couleurs fantasmagoriques, on la regardait généralement avec un œil étrange. Les gens se satisfaisaient de ce qu’ils avaient toujours eu devant les yeux. Un arbre verdâtre ? Une route sombre et grise ? Pas de quoi les alerter, et leur donner une envie d’ailleurs. La rouquine avait besoin de fermer les yeux et de se promener dans son monde à elle. Les indiens, les Amérindiens plus précisément, par leur culture, la fascinait. On les connaissait dans les ouvrages de bandes dessinées, dans les livres pour enfants, dans les manuels d’histoires. Mais qui pouvait vraiment prétendre connaître cette culture ?

Si enfant, Ethel restait fascinée par des dessins animés tel qu’Alice au Pays des Merveilles, l’un de ses préférés demeurait Pocahontas. Se sentir proche de la nature, parler aux arbres, comprendre ce que le monde naturel pouvait avoir à nous apporter… Tout cela faisait partie de ce que la jeune fille avait toujours soutenu. Le tir à l’arc était d’ailleurs pour elle une des disciplines les plus proches de la nature. Par les matériaux, la nécessité d’être à l’écoute afin de ne blesser personne, l’importance de prendre en considération son environnement direct. Les indiens avaient enseignés cela au peuple présent, du moins ceux qui savaient encore l’écouter. Se transformer en Indiens signifiait donc pour elle se rapprocher de la nature, calmer les ardeurs d’une vie urbaine et comprendre, écouter. Fumer aussi, mais c’était une autre histoire, elle n’obligerait pas le jeune homme à le faire.

« Mais oui, en Indien ! Si seulement tu aimes la nature, évidemment. Je ne te parle pas de se mettre forcément à danser autour d’un feu en poussant des cris étranges – quoi que – mais plus d’écouter la nature et son message pendant quelques minutes. »

Comment ça, elle passait pour une folle ? Certainement, si le garçon en face d’elle était du genre à se sentir mal en présence d’une plante verte, et de détester les balades au grand air. Dans ce cas, elle ne pouvait plus rien pour lui, être aux mains d’un système urbain n’avait rien de grave, certains s’en satisfaisaient après tout. Mais pas elle, Ethel puisait sa folie dans la grandeur de la nature. Sa couleur préférée était le violet, une des plus dures qu’il fut possible de trouver à l’état sauvage. Mais cette rareté en faisait justement sa beauté. Lorsqu’elle trouvait une pensée, ou un crocus. La rouquine ne pouvait que s’émerveiller des heures durant. Tous les instants rares et éphémères que lui offrait la nature ne faisait qu’hisser son rêve à hauteur des nuages et du firmament.

Danser n’était que l’envie qui lui poussait lorsqu’elle tombait sur une clairière qui semblait façonnée pour cela, dormir dans des tipis pour être plus proches de la nature, et chanter des gens étrangers afin de réveiller le monde, de l’encourager à s’introduire dans une ballade nouvelle, un souffle extérieur qui ne pouvait que l’amener à reconsidérer sa présence sur terre. Ce monde était le sien, mais pour y vivre comme elle l’entendait, la rouquine avait besoin de peindre ses rêves sur les autres, sur les paysages. On la traitait de folle, d’extravertie, de différente. Elle avait seulement un monde utopique dans sa tête qui grandissait de jour en jour !

Il ne savait pas tirer à l’arc. Elle ne le blâmerait pas, la jeune fille ne savait pas faire de milliers de choses, et n’appréciait pas d’être jugée pour cela. Si jamais elle ne jouait pas d’un instrument, ce n’était pas par refus, plutôt parce qu’elle avait choisi de mettre sa fougue en autre chose. Cela ne restait qu’une porte ouverte pour plus tard. Mais lui n’aimait pas les armes. Elle se stoppa un instant, un petit sourire contrit au coin des lèvres. L’arc, une arme ? Elle secoua la tête.

« Je n’ai jamais considéré l’Arc comme une arme. Pour moi, tuer quelqu’un avec cela serait la pire des offenses pour cet objet. Il sert plutôt à poser ses peines, ses douleurs, et à tout envoyer à l’extérieur. Pour moi, c’est un peu comme… Pour un musicien qui jouerait de son instrument. Je joue avec mon arc, pour atteindre d’autres dimensions. »


Marquant un temps, elle regarda le jeune homme. Pas sûr qu’elle ne l’ait convaincu, mais s’il ne désirait pas tirer, elle ne l’obligerait pas. Ce n’était déjà pas dans ses principes, et l’arc n’obérait pas si jamais il sentait que la vibration de la main du porteur n’était pas délibérée. Son arc avait une âme, et comme tout être, n’aimait pas obliger à quoi que ce soit. Il en serait troublé et ne tirerait pas droit, ce qui serait mauvais pour tout le monde. Voulant tout de même tirer, Ethel alla rechercher son arc, et une flèche. Pas celle qui avait touché le jeune homme au visage, elle n’était pas de cela. Bandant son arc avec assurance, elle tira d’un coup, sans viser plus d’un quart de seconde. La flèche vibra et alla se ficher en plein centre. Tirer à l’intuition était possible, et certains n’arrivaient après tout qu’à viser la cible par cette technique.

« Tu sais, j’ai fini le dessin de toi. »

C’était une transition étrange, mais comme Ethel en faisait toujours. L’esprit de la jeune fille partait souvent dans des divagations étranges, et elle venait de se souvenir du dessin fait du jeune homme. Des esquisses rapides à l’aquarium, et elle l’avait repris un jour, en feuilletant son carnet. Jani. Elle se souvenait maintenant de son prénom, et de toute la journée avec les poissons. Se tournant avec un grand sourire, elle grimaça d’un air cependant désolé.

« Je ne l’ai pas avec moi, la toile est restée dans ma chambre, c’est dommage, je te l’aurais bien montré, voir offert.»

La plupart de ses dessins, surtout quand ils représentaient une personne précise, Ethel ne les gardaient pas. Pourquoi ? Le dessin était un don de soi, une partie offerte à une surface vierge. Et dans sa générosité propre, elle offrait cela aux gens méritant. Jani méritait-il ce dessin ? Dont la jeune fille était en plus extrêmement fière. Souriant, elle décida d’attendre, et de voir si elle lui proposerait de le revoir pour lui montrer.

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MessageSujet: Re: Baby Carni Bird   Baby Carni Bird EmptyLun 13 Fév 2012 - 16:05

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« Mais oui, en indien ! Si seulement tu aimes la nature, évidemment. Je ne te parle pas de se mettre forcément à danser autour d'un feu en poussant des cris étranges - quoique - mais plus d'écouter la nature et son message pendant quelques minutes. »

Le nordique la fusilla du regard. Sous-entendait-elle qu'il n'était pas un amoureux de la nature, simplement parce qu'il ne voulait pas faire partie de ceux qui ne faisaient que prétendre ? L'Amour était chose bien complexe, nul Homme ne pouvait le définir. Il y avait tellement de manières de se comporter, de l'exprimer, de le vivre et de le partager ! Mais ces accusations furent comme une flèche décochée en plein cœur de celui qui ne faisait pas qu'aimer l'antre de Dame Nature, car il la chérissait, et s'il y avait bien une Reine pour qui il mourrait d'Amour, c'était bien elle... Était-ce aimer que de planter le fer froid d'une arme dans le corps de celui qui nous permettait de vivre ? Était-elle vraiment consciente que ce bois n'était rien qu'un village du territoire de l'Omniprésente. Un village éloigné, entouré de l'Homme et menacé d'être supprimé. Elle avait tout d'une occidentale de la métropole, de ces grandes et glorieuses capitales d'Europe qui avaient abrités les plus grands vivants. Les empereurs français, les rois anglais... Mais aussi le démon, celui qui rasait tout sur son passage. Ce n'était pas Attila - lui-même le craindrait - mais l'allemand qui respirait la haine envers son bouc émissaire. Ces peuples, bien que sages philosophes et maîtres des arts, ne pouvaient pas comprendre la valeur réelle de la Nature.

« Je n'ai jamais considéré l'arc comme une arme. Pour moi, tuer quelqu'un avec cela serait la pire des offenses pour cet objet. Il sert plutôt à poser ses peines, ses douleurs, et à tout envoyer à l'extérieur. Pour moi, c'est un peu comme... Pour un musicien qui jouerait de son instrument. Je joue avec mon arc, pour atteindre d'autres dimensions. »

L'instant qui suivit fut marqué par la note de l'arc, anéantissant le silence pour le remplacer par le sifflement d'une flèche s'en allant contre sa cible, la perçant en plein cœur. Le son qu'elle émit lorsqu'elle s'y enfonça était des plus brutaux. En tendant l'oreille, on pouvait entendre plus, les écorces de l'arbre se briser à cause de l'impact. C'était le gémissement de douleur de la nature... Secouant la tête, il s'avança vers la cible, la saisit et la déposa au sol. Du bout des doigts, il caressa cette écorce brisée. La peau écorchée d'un arbre pourtant encore jeune à côté des anciens qu'il avait côtoyés pour écrire. Jani ferma les yeux, pensif. Ce bois n'était pas celui de la Laponie, celui de la Finlande, celui du grand Nord. Il n'était pas aussi froid, ancien et majestueux. À côté de ce qu'il avait toujours connu, ce piètre lieu n'était qu'un bambin, dépourvu de toute sauvagerie. L'Homme avait encore fait ce qu'il savait faire de mieux, anthropocentrique égoïste qui croyait que les arbres étaient là pour le faire vivre alors qu'ils n'étaient que les prêcheurs du temple qui glorifiait sa Maîtresse. Cette jeune fille était l'exemple parfait de ceux qui ne savaient pas prier correctement. Elle aimait les indiens, elle voulait apprendre à apprécier cette Nature... Mais les indiens avaient besoin de drogue pour être en transe. Les saamis n'avaient qu'à chanter, en tout état de conscience, pour communiquer avec les esprits. Il lui en voulait, mais la prenait en pitié. Elle avait besoin d'ouvrir les yeux, de voir ce que ces lieux, aussi simples étaient-ils, avaient réellement à offrir. Tous bois avaient un cœur, qui était pur, ancien...

« Tu sais, j'ai fini le dessin de toi. Le jeune homme rouvrit les yeux, traîné hors de sa pensée. Je ne l'ai pas avec moi, la toile est restée dans ma chambre, c'est dommage, je te l'aurai bien montrée, voire offerte.

- Elle attendra.
répondit-il sèchement, en se retournant vers l'ignorante. Je dois te montrer quelque chose. »

Il saisit la cible et s'approcha d'Ethel. Du pouce, il essuya une nouvelle fois sa balafre. Il saignait de moins en moins, mais sa peau resterait marquée quelques temps encore. Ce n'était pas profond, il n'aurait pas de cicatrice... On lui ferait juste quelques remarques lorsqu'il retournerait en cours. Arrivé à ses côtés, il plongea un regard ferme dans les yeux juvéniles de l'archère. Il laissait clairement apparaître la déception sur son visage, et l'ouragan dans ses perles bleues ne disaient qu'une chose : « tu n'as rien compris. »

Tenant toujours la cible, il observa le sol avec minutie, y cherchant les traces qu'il avait laissées derrière lui et qui pourraient lui indiquer le chemin vers le cœur de ce bois, là où il avait puisé l'inspiration. Un détail l'amena à descendre sur ses genoux. Il souleva une feuille, l'examina, et en relevant les yeux vers les autres il sourit. Retrouver son chemin ne fut pas aussi long qu'il le pensait. Il se releva. Ils iraient vers le Sud.

« Suis-moi. »

Froid, sec, ferme, et autoritaire d'une certaine manière, Jani ne cherchait pas à se montrer impressionnant ou effrayant. Il voulait voir son dessin - qu'il imaginait déjà comme un chef d'œuvre - mais il y avait un musée à proximité. Une galerie naturelle qui valait le coup d'œil. Ouvrant la marche sans se retourner pour vérifier si elle le suivait, il tendit les oreilles pour essayer d'entendre l'eau ruisseler, retrouver exactement l'endroit où il s'était installé pour poser sur une portée les mots qu'il n'arrivait pas à prononcer. Quelques minutes plus tard, il s'arrêta, souriant, satisfait du bruit qu'il entendait. L'eau chantait en s'écoulant, brisant ainsi le silence entre les deux êtres. Il se retourna, fit face à la demoiselle. Les arbres autour d'eux n'étaient pas comme ceux sur lesquels elle tirait. Ils étaient... Plus grands. Plus sombres. Plus vieux. Leurs écorces étaient marquées sans être brisées. Il s'en approcha, posant sa main contre ce tronc. Ils se rapprochaient du temple.

« Tu poses tes peines et tes douleurs dans tes flèches, et tu les tires sur ceux qui te font vivre... C'est ainsi que tu aimes la Nature ? En leur infligeant ce que tu ressens ? Il marqua une pause. Regarde, cet arbre. Il est âgé, bien plus que toi. Il est né il y a bien des années, peut-être que tes ancêtres l'ont connu. Il est au-dessus de tout être. Tu es une artiste, tu n'as pas besoin de faire couler son sang... »

Elle voulait jouer aux indiens ? Par ses paroles, il se sentait comme un saami qui montrait à l'Homme du futur la beauté de la Vie, la majesté de la forêt. Le calme s'était emparé de lui. Elle lui avait suggéré d'être à l'écoute de la Nature, et c'était ce qu'il faisait. Il se rapprochait du cœur, du seul endroit où on pouvait entendre les soupirs de l'Omnisciente dans le vent. Ses paroles sages et reposantes, qui dans un murmure froid comme l'aquilon parvenaient à caresser l'âme des vivants. Le finlandais adressa un sourire sincère à la jeune fille. Ils n'avaient pas la même culture, elle lui avait donné un avant-goût du sien et il allait lui faire goûter à ce que ses parents lui avaient inculqué. Il reprit la marche.

« Je côtoie la Nature depuis tout petit, et j'ai grandi à côté d'elle. Ce bois est minuscule à côté de ce que j'ai connu... J'ai marché au milieu d'arbres sauvages, des plus grandes forêts et montagnes de mon pays, j'ai nagé dans l'un des plus grands lacs d'Europe, celui de ma sœur... On m'a amené au cœur de la Nature, j'ai posé ma main contre des arbres qui avaient vu les saamis perdre leur culture. Et jamais nous n'avons cessé de chérir cette Nature... »

Non, jamais. En Finlande, la Nature n'appartenait à personne. Chez eux, chacun était responsable des parcs, tous veillaient à leur conservation et propreté. Leur pays était propre, très écologique, et il n'avait pas eu besoin de sensibilisation comme dans l'Occident pour vouloir préserver le royaume de Dame Nature. Dans le fond, ils étaient ses meilleurs alliés. C'étaient les êtres qui posaient le genoux devant l'esprit de la forêt, qui baissaient la tête et chantaient en son nom. Ils s'étaient libérés de la Russie, mais pas de l'Omniprésente. Même le Seigneur, aussi puissant était-il, n'arrivait pas à la vaincre. Jani s'arrêta enfin, près du fameux ruisseau. L'eau s'y écoulait lentement, perpétuelle. Il se retourna vers Ethel, s'en approcha, lui prit la main et l'approcha doucement de l'eau.

« Regarde, cette pureté. Ces arbres sont probablement les plus vieux de ce bois. Nous sommes au cœur de la forêt, là où on peut écouter au mieux les murmures de la Nature. Ses paroles sacrées. Tu n'as pas besoin de cet arc, pour être en communion avec elle... Marquant une pause, il s'agenouilla, trempa le bout de ses doigts dans l'eau froide. Si tu veux poser tes peines... Verse-les au maître de l'eau, par la sincérité des larmes. »

Détendu, il plongea son regard dans le ruisseau. Il y admira le reflet de la jeune fille, espérant y déceler le même sentiment de communion avec l'Esprit que lui. Était-elle en train de changer, allait-elle voir ce bois à travers ses yeux ? Il le souhaitait, de tout son cœur. Parce que l'être humain devait comprendre qu'il n'était rien, dans ce monde. Un atome à l'échelle de l'Univers, un être parmi tant d'autres qui prétendait tout savoir, et tout avoir.

« C'est ça, aimer la Nature, pour moi... »

Son ton était plus doux, comme si l'Omnipotente le lui avait ordonné. Il n'avait pas su rester hors de ce lieu, ce temple. Il s'était arrêté de prier, mais il était de son devoir d'y revenir, avec celle qui prétendait aimer. Oui... C'était ça, aimer. Être unis. Son regard suivit le courant. Un feuille glissait sur l'eau, innocente. Elle n'avait pas su résister à l'appel de la vie, de son destin... Et il aurait souhaité être à sa place. Il finit par relever la tête, apercevoir un écureuil. La créature était petite, innocente, mais amusante. Ses mouvements étaient toujours saccadés, et on en arrivait à penser qu'elle prenait toujours de nouvelles poses ! Il lui adressa un sourire. L'animal tourna la tête. Il remarqua l'arme. Il s'enfuit. Et Jani poussa un long soupir en se redressant. Il restait silencieux, regardant Ethel. Il n'avait pas le droit de couper la parole de sa Reine, ce serait une offense bien trop grande qui lui vaudrait la peine capitale. Il en était conscient, mais l'acceptait. L'Homme avait peur, mais lui n'éprouvait que du respect...
Il alla poser la cible contre un arbre, un des plus vieux de cette forêt. Il l'admira, mais son instinct le força à tourner la tête vers le cours d'eau. Il y avait un lac au bout, il en était certain. Il avait envie d'y plonger, comme il l'avait tant fait dans le lac Inari. Sentir l'eau froide contre sa peau, son sang chaud essayer de ne pas geler... Nager, ne faire qu'un avec la Nature. C'était comme une façon de communier, manger l'hostie. Un de ses plus grands plaisirs, qui le faisait se sentir libre, dans les bras de sa mer...
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MessageSujet: Re: Baby Carni Bird   Baby Carni Bird EmptyMar 14 Fév 2012 - 16:53

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« Jani & Ethel»


Elle avait certainement cherché le jeune homme, en sous entendant légèrement qu’il pouvait ne pas aimer la nature, ne pas savoir écouter son message. Mais lorsqu’il sembla prendre la peine de l’arbre, caressant l’écorce qu’elle avait entaillé de sa flèche tout en la fusillant du regard, Ethel se contracta, serrant son arc. La rouquine ne dit rien, un regard avait suffi pour voir qu’ils étaient différent, et qu’il était réceptif aux échos de la forêt. Qui irait se perdre au milieu des bois, si ce n’était quelqu’un capable de fermer les yeux et d’entendre le murmure des feuilles ? Un urbain serait allé prendre un bol d’air frais au milieu des pots d’échappements, et en serait sorti satisfait. Mais plus que ça, Jani semblait offensé des propos d’Ethel, comme s’il ne comprenait pas le rapport à la nature qu’elle entretenait. Parce qu’il avait connu le grand air, le chant des arbres, sa façon à elle de le percevoir n’était pas la bonne.

L’observant sans un mot lorsqu’il lui dit de la suivre, puis se baisser comme pour chercher son chemin, Ethel resta stoïque. Qu’il lui montre alors sa propre vision de la nature, alors qu’il croyait qu’elle avait exposé la sienne, quand elle n’avait parlé que de flèches et de traditions. Etait-ce un défi ? La nature était une sorte de refuge pour la jeune fille. Pourtant, il y avait la nature réelle, qu’elle respectait et savait écouter, et la nature qu’elle s’inventait au fond d’elle. Le jardin secret, où on se réfugiait à certains moments ressemblaient pour beaucoup à un lieu significateur, soit où des bons moments avaient été passés, soit qui s’adaptaient au caractère. Le jardin secret d’Ethel, son oasis de nature où elle allait se réfugier lorsque ses yeux étaient clos ressemblaient plus aux jardins suspendus de Babylone, et tout comme eux leur évocation ne résultait que de sa simple imagination.

Elle écouterait Jani, l’écouterait parler de la nature comme d’une amie chère, il avait l’air de vibrer à son écoute, et c’était tout à son honneur. Avec une confiance sûre, la rouquine le suivit dans la forêt, l’envie grandissant de savoir où il allait la mener. Cette forêt était si grande qu’elle aurait pu s’y promener dix ans durant sans y connaitre chaque recoin

« Tu poses tes peines et tes douleurs dans tes flèches, et tu les tires sur ceux qui te font vivre... C'est ainsi que tu aimes la Nature ? En leur infligeant ce que tu ressens ? Regarde, cet arbre. Il est âgé, bien plus que toi. Il est né il y a bien des années, peut-être que tes ancêtres l'ont connu. Il est au-dessus de tout être. Tu es une artiste, tu n'as pas besoin de faire couler son sang... »


Elle était donc, à ses yeux, quelqu’un ne sachant pas respecter un arbre, ne sachant l’écouter que pour le blesser ? La rouquine baissa la tête, touchée au cœur. Voilà l’image qu’elle renvoyait. Levant la tête vers le ciel, qui perçait à travers les branches, elle soupira. Quelques années loin de sa nature natale, enfermée dans une prison dont elle ne prenait même plus conscience l’avait touchée à ce point ? Elle refusait de se considérer comme ces gens qui finissent par aimer leur bourreau, et se satisfaire de quatre murs grillagés. Fermant les yeux et offrant son visage au ciel, elle soupira, apaisée, se tournant ensuite vers Jani.

« C'est ça, aimer la Nature, pour moi... »

Aimer la nature, quelque chose que peu pouvait prétendre réellement, et il était certain que le jeune homme savait de quoi il parlait. Rassurant en un certain point, de s’apercevoir que malgré la première rencontre, elle ne connaissait pas du tout ce garçon – surtout qu’elle ne se rappelait absolument pas de ce qui s’était passé – il semblait au-delà de certaines choses. Posant son arc, et enlevant la cible pour la poser sur le sol, face retournée, elle s’assit sur le lit du ruisseau, observant son propre reflet et celui du jeune homme à quelques centimètres, effleurant la surface sans troubler l’eau endormie.

« Je retire donc ce que j’ai dit, tu connais la nature. Et tu la protèges. »


En refusant de voir les gens se tromper, se fourvoyer sur le message à entendre. Même si du coup il n’avait sur écouter le message de la jeune fille. Les paroles n’étaient jamais qu’un pâle reflet de la réalité, toujours. Avait-il lu dans ses yeux avant de lui confier tout cela ? Il aurait remarqué que son regard vibrait de la même pensée, et que chaque parole qu’il disait n’aurait fait que trahir un silence qui s’imposait. Comme pour l’empêcher de dire quelque chose à nouveau, Ethel posa son doigt sur les lèvres du jeune homme, et leva les yeux vers un arbre, guidant leur regard commun. N’ayant pas été effrayé par la présence des deux jeunes humains, une mère nourrissait ses petits dans un nid, à peine plus haut. Un instant de nature dérobé à la beauté environnante, qui leur était offert. Un sourire apaisé se peignit sur ses lèvres, sans qu’elle ne crut bon d’ajouter quoi que ce soit.

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MessageSujet: Re: Baby Carni Bird   Baby Carni Bird EmptyMer 15 Fév 2012 - 4:00

Baby Carni BirdFeat: Ethel Dawkins
Ethel s'était approchée de l'eau en s'asseyant. Elle semblait entrer dans cette transe naturelle, à la simple écoute des murmures de la Mère dans le vent. Ce ruisseau était comme une source de vie, non pas pour l'Homme, mais pour tout ce qui respirait sur cette Terre. Jani sentait son devoir accompli. Elle était ici, au cœur de la forêt. Elle était en ce temple, et elle ne le profanait pas. Plus aucune menace. Plus aucune humanité. Plus que du naturel.

« Je retire donc ce que j'ai dit, tu connais la Nature. Et tu la protèges. »

Le nordique la regarda, frappé de plein fouet non pas par l'idée d'être juste ou d'avoir raison, mais par la culpabilité. C'étaient ces premiers mots, depuis qu'il avait choisi de lui imposer sa vision de la Nature, son interprétation des paroles de l'Omnisciente. Il avait été choqué, de la voir parler d'écoute de la forêt avec une arme... Il la voyait juste décocher des flèches dans un arbre qui ne faisait autre que lui donner un peu d'air. Il l'avait jugée trop vite, bien trop vite... Comme les occidentaux l'avaient toujours fait, comme les missionnaires, avec les saamis. Un profond sentiment de honte imprégna son âme, et son corps, et peu à peu, son regard se détacha des arbres pour se poser sur la jeune fille. Elle était une adolescente, et elle reconnaissait déjà que d'autres pouvaient avoir « raison ». Elle l'avait écouté, sans lâcher plus qu'un soupir lorsqu'il critiqua ce qui semblait être une passion. Il avait jugé le résultat, mais pas le moment. Il voyait une flèche dans une cible, alors qu'avant, il y avait un être qui, dans le calme absolu, dans un sentiment d'harmonie avec le monde environnant, l'arc, la flèche, sa cible, le vent, le silence, priait. Il n'avait pas respecté ses propres valeurs, il n'avait pas été tolérant, il n'avait pas fait fi de son humanité, parce qu'une flèche avait écorché sa peau. Honteux, il baissa les yeux, inclina la tête.
Malgré son impardonnable cruauté, son esprit trop peu ouvert pour seulement laisser quelqu'un voir ce monde différemment, elle s'approcha de lui. Trop concentré sur son propre ressenti, il ne l'avait ni vue, ni entendue. C'est sentir son index se poser contre ses lèvres, qui lui fit relever la tête pour lui faire face. Leurs regards se croisèrent, pendant un instant de solennité qui lui parut être une éternité. Puis leurs yeux se levèrent vers le ciel, pour admirer cet ancien qui surveillait toute la forêt. Ils virent une mère nourrir ses petits dans un nid. Le temple n'avait été profané. L'écureuil n'avait probablement pas fuit, peut-être avait-il seulement eu envie de les laisser à leur prière. En ce lieu, il n'y avait nulle crainte. La troisième guerre mondiale pouvait éclater, ici, Jani et Ethel seraient en sécurité. L'Omnipotente les protégerait de l'humanité.

Alors qu'un sourire apaisé sembla se dessiner sur les lèvres de la jeune fille, le finlandais ne se sentait pas de la même manière. Il souffrait de son erreur, se blâmait intérieurement de ne pas avoir fait preuve de plus d'ouverture. Indigné, il se força de regarder celle qu'il n'avait pas écoutée droit dans les yeux. Sa blessure n'était rien à côté de ce qu'il s'infligeait, mais il lui fallait assumer ses actes, et ses paroles. Elle était étrangère au monde qu'il avait connu. Elle l'avait vécue d'une autre manière, elle priait à sa façon. Et il l'avait blâmée...

« Je suis désolé, je t'avais mal comprise... » finit-il par lâcher, serein.

Vous savez, il y a différents types d'Hommes. Il y a ceux qui ordonnent, ceux qui agissent. Il y a ceux qui pensent à eux, ceux qui pensent aux autres. Il y a ceux qui dictent la loi, ceux qui l'applique. Jani était né avec ces valeurs, celles du Devoir, et de la Justice. Ses parents avaient toujours voulu qu'il assume ses actes, quels qu’ils soient. Il ne pouvait pas prétendre comprendre quelqu'un qu'il n'avait pas écouté, mais il se devait d'endosser l'entière responsabilité de son erreur, reconnaître les faits. Ne pouvant s'empêcher de détourner le regard, il prit sur lui pour détailler sa pensée.

« J'ai vu une flèche se planter dans une cible, alors que j'aurai dû voir une jeune fille ne faire qu'un avec le silence, le vent, la forêt, son arc et sa flèche. »

Il ne faisait que des suppositions, il partageait son interprétation des choses, mais ce n'était clairement pas suffisant pour prétendre la comprendre. Et il ne le ferait pas. « Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien. », disait Socrate. Et il avait raison. Regardons ce bois ! On pouvait le voir de toutes les manières possibles, et tous les regards seraient acceptés pour la Bienveillante... Parce qu'elle n'était pas l'oppresseur. Certains, comme Jani, voyaient un vieil arbre se dresser avec majesté au cœur d'un lieu sacré. D'autres ne verraient probablement qu'un arbre plus grand, gros, et sombre que les autres. Jani y voyait la vie. D'autres y verraient l'immobilité de quelque chose que l'on prétendait vivante... Il fallait parfois faire preuve de relativisme... Le monde, après tout, ne dépendait que du regard qu'on lui portait.

« Dis-moi... il releva les yeux pour poser son regard dans celui Ethel. Dis-moi comment tu aimes la Nature... »

Elle semblait briller, être supérieure à lui. Lorsque l'on venait de choir, on voyait les choses d'un autre angle. Une fois à terre, les gens paraissaient plus grands, et l'on se sentait inférieur... C'était souvent une simple illusion à cause de la position, mais n'était-ce ici pas justifié ? Dans un silence absolu, sans le moindre mot, la moindre critique, sans croiser son regard autrement que par son reflet dans le cours d'eau, elle lui avait fait comprendre qu'il n'avait pas été aussi bon philosophe qu'il aurait aimé être. Un sage se serait ouvert à elle, rapidement, il aurait omit sa propre personne pour découvrir ce que l'autre voyait... Et il n'aurait jamais dû se comporter ainsi. Il se souvenait encore de son attirance pour les poissons, à l'aquarium. Elle aimait la Nature, et la vie. C'était indéniable.
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MessageSujet: Re: Baby Carni Bird   Baby Carni Bird EmptyMer 15 Fév 2012 - 14:09

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« Jani & Ethel»


Etrange sentiment au cœur d’une oasis de paix, Ethel pu lire la culpabilité dans les yeux du jeune homme. Elle fut surprise, voyant que ces paroles avaient plongés Jani dans une profonde délibération personnelle. Qu’avait-elle dit ? Rien qui pourrait sembler volontairement blessant, c’était surement même le contraire. Mais cette appréhension naissante fut bien vite remplacée par la douceur de la nature, et le calme qui y régnait. Elle n’avait rencontré le jeune homme que deux fois, mais la nature, le monde animal et végétal régnait à chacune de ces rencontres. Elle était partout, si on cherchait bien. Une colonie de poisson apaisait bien des cœurs, les arbres fiers et majestueux servaient de dernier refuge à des âmes peinées.

« Je suis désolé, je t'avais mal comprise... »


Elle sourit. Evidemment qu’il l’avait mal comprise, personne ne peut comprendre quelqu’un dès les premiers mots, les premières paroles. Leur différence évidente d’envisager les choses, de voir la nature n’était pas pour autant incompatible. Seul cette grande mère accepte la différence et l’opposition, seule elle les fait se rejoindre et se compléter. Les hommes, dans leur esprit ignorant, condamne la différence, l’abrutisse et cherche une hiérarchie. Les esprits de la nature n’ont aucune hiérarchie, la force de l’eau, la majesté de l’arbre, la force du rocher. Tout cela est élevé au même point.
Etait-ce pour cela, ce regard accusateur envers lui-même, ces yeux qui se culpabiliser ? Il n’avait pas à s’en vouloir, quelqu’un pouvant être comprit au premier regard n’est jamais que trop plat. La leçon était dans la nature même. Au premier abord, que pouvait-on voir ? Des arbres, de l’herbe, un courant d’eau qui circulait en contre-bas. Un silence angoissant, une vie absente. Puis on se posait un instant, on entendait le chant de l’oiseau, le bruit d’un animal filant à travers les feuillages. Une vie naissante, bien réelle. Et cela ne s’arrêtait pas là, il y avait bien d’autres strates. Le murmure invisible du vent sur l’herbe, le chant grandissant d’une fleur qui s’ouvrait l’insecte dormant sous une pierre. La nature était elle-même si grande qu’on ne pouvait la comprendre immédiatement. Et même après de longues années, certains se fourvoyaient encore, et personne ne pourrait découvrir tous ses mystères.

« Dis-moi. Dis-moi comment tu aimes la Nature... »

Ramassant un caillou sur le rivage, elle le regarda. Elle avait entendu Jani, mais semblait chercher dans cette pierre une réponse concrète à sa question. Jamais elle ne s’était demandé comment elle aimait la nature. La Nature était là, point. Amie de fortune, fidèle confidente, grand maitre, la nature était beaucoup trop pour qu’on puisse définir cela par un simple « j’aime la nature ». Aimer, c’est trouver les mots pour, Ethel n’avait jamais su trouver les mots face à l’immensité d’un paysage, qui l’amenait si loin qu’elle en restait sans voix. Posant le caillou, elle en chercha un autre des yeux, prenant une petite pierre ocre, ronde et douce. La faisant tourner dans ses doigts, elle sourit à Jani, répondant à son regard.

« Pour moi, la nature est d’une beauté admirable. Elle se complète et se repousse. Je n’ai jamais autant apprit qu’à ses côtés. Petite, je croyais que c’était moi, qui regardais la nature. Mais j’ai compris plus tard que c’est elle qui m’avait regardée, et imprégnée. Je l’aime comme une muse. »


Une muse… La nature était celle qui lui avait redonné l’inspiration alors qu’elle ne laissait que des toiles vierges depuis des semaines, celle qui lui avait permis de puiser une paix et une grandeur suffisante pour continuer sa passion, imprégner le tissu de ses émotions. Un philosophe, Sénèque dira que tout art est une imitation de la nature. Il n’était pas artiste, et ne pouvait donc pas comprendre. Francis Bacon dira que l’art, c’est l’homme ajouté à la nature. Ce qui est déjà légèrement plus vrai du point de vue d’Ethel. Si les hommes cherchent à imiter la nature, ce ne sera qu’une copie trop pale. Personne ne peut copier la nature, ni même essayer. Selon ses connaissances en matière de peintres ou de philosophes, un seul pouvait vraiment se permettre de coller à la pensée de la rouquine. Paul Gauguin, qui a dit avec justesse que l’artiste ne doit pas copier la nature mais en prendre les éléments et en créer un nouveau. La nature était pour elle une source d’inspiration, le départ de chaque ballade dans son monde.

« Petite, lorsque les autres ne savaient me parler et que je ne savais parler aux autres, je me réfugiais en son sein. C’est elle qui m’a appris l’art et le bonheur. »

Ces souvenirs lointains, ou sa forêt natale, les grandes plaines verdoyantes et la pluie qui imprégnait ses vêtements au quotidien… Son mouton avait longtemps été son seul ami, et la prairie son unique refuge. Ses premiers traits avaient été exécutés sur un parterre boueux, puis dans son esprit grandit par la vision de la nature. Après seulement, elle s’était donnée à l’art.

« Mais je ne crois pas qu’on puisse réellement mettre de mot à l’amour qu’on peut avoir pour la nature. Ce serait la classer au rang de choses appréciables et nommables, et elle est au-dessus de cela. »

Se retournant, elle ponctua sa phrase d’un doux « tu ne crois pas ? », plongeant son regard aussi vert que les feuilles dans celui du jeune homme. Ils étaient à première vue de parfaits opposés. Lui doté d’une calme chevelure blonde, alors que la sienne était une crinière d’une couleur sauvage. Il avait des yeux d’eau, d’une force impénétrable, qui glissait au-dessus de tout. Ses propres yeux étaient peints de la force des végétaux, capable de plier sans se briser, de laisser le vent souffler en leur sein tout en chantant à qui pourrait l’entendre. Il était homme, elle était femme. Parfait exemple de ce que la nature peut créer de magnifique, et de différent. Le Yin et le Yang, le oui et le non, le jour et la nuit.




Dernière édition par Ethel Dawkins le Mer 15 Fév 2012 - 19:10, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Baby Carni Bird   Baby Carni Bird EmptyMer 15 Fév 2012 - 17:38

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La jeune fille sembla ne pas s'attendre une telle question, car elle eut besoin d'en chercher la réponse dans la Nature elle-même. Elle s'abaissa, ramassa un cailloux près du ruisseau. Il la regarda avec patience, comme apaisé de s'être excusé, même si la honte restait en lui. Beaucoup ne se remettraient pas en cause, fermeraient les yeux et tourneraient la page sans avancer... Mais Jani avait une certaine fierté, un certain code. Lorsqu'il ne le respectait pas lui-même, il se blâmait, jusqu'à ce que la page se tourne d'elle-même. Il allait se rattraper, c'était certain. Il la vit changer de pierre, optant pour une autre, plus petite, plus lisse. Elle y cherchait peut-être la clef, mais tous deux savaient très bien que ce monde était bien trop complexe pour être réellement compris. Toutes les réponses avaient une part de vérité.

« Pour moi, la Nature est d'une beauté admirable. Elle se complète et se repousse. Je n'ai jamais autant appris qu'à ses côtés. Petite, je croyais que c'était moi, qui regardais la Nature. Mais j'ai compris plus tard que c'était elle qui m'avait regardée, et imprégnée. Je l'aime comme une muse. »

Juste avant de lui répondre, elle lui avait sourit pour répondre à son regard sincère. Ce geste était empli de chaleur humaine, de bonté et de bienveillance... Mais il n'y prêta guère beaucoup d'attention. Il voulait l'entendre, la comprendre. Il analysa chacun de ses mots, pour essayer de se faire une idée de ce qu'elle pensait, et voyait. Elle avait bercé son enfance, elle avait grandi à ses côtés, et elle lui avait beaucoup appris. En tant qu'artiste, elle l'aimait « comme une muse »... Était-elle inspirée en ces lieux, comme lui, plus tôt ? Dans sa poche, il avait quelques pages de partition, qu'il avait remplies de notes et d'accords pour les poser lorsqu'il rentrerait chez lui, sur un clavier. Il l'avait vue à l'aquarium, et avait parcouru ses nombreux croquis de poissons avant de découvrir son portrait... Alors il la croyait. Mais ce n'était pas la partie intéressante de ses paroles. Une phrase le chiffonnait : « elle se complète et se repousse ». Qu'entendait-elle par là ? L'œuvre de l'Omnipotente était complexe, mais il la voyait comme harmonieuse... Ces animaux, ces bois, ces forêts, tout coexistait. Seul l'Homme semblait s'en être séparé. Était-ce ce qu'elle entendait ? L'être humain, création de la Reine, qui avait souhaité s'en affranchir et qui aujourd'hui essayait d'étaler son empire...

« Petite, lorsque les autres ne savaient me parler et que je ne savais parler aux autres, je me réfugiais en son sein. C'est elle qui m'a appris l'art et le bonheur. »

Sans afficher le moindre sourire, concentré sur ses paroles, il hocha la tête. Il la comprenait mieux que personne, car lui-même ne se confiait que très rarement aux autres. Il préférait prendre sur lui, s'en aller dans la Nature, à laquelle il avait toujours appartenu. Il lui partageait ses mœurs, et elle l'écoutait. Par l'art, il en était arrivé à la louer. Le bonheur, c'était sa sœur et ses parents qui le lui avaient apporté. Cet univers y avait juste grandement contribué. Ici, il avait la paix, l'union, un sentiment d'harmonie... La Bienveillante serrait son cœur dans ses bras invisibles, elle le vidait de ses maux sans lui infliger la moindre peine, puis elle lui murmurait des mots qu'il n'avait jamais su distinguer. Sa langue était unique, très différente de tout ce qu'il avait pu entendre dans le monde des Hommes, mais il en discernait le sens. Peut-être interprétait-il mal ses propos, mais il se voyait à chaque fois réconforté.

« Mais je ne crois pas qu'on puisse mettre de mot à l'Amour que l'on porte à la Nature. Ce serait la classer au rang de chose appréciable et nommable, et elle est au-dessus de cela. »

La Nature était transcendante, à une distance épistémique de l'Homme. Nous ne pouvons la comprendre, nous ne pouvons en parler. On ne pouvait dire ce qu'elle était, mais seulement qu'elle était... Il était tout à fait d'accord, avec ses propos. Aucun mot n'était assez juste pour décrire ce sentiment qui unissait deux vivants, alors comment pouvait-il exprimer celui qui reliait l'âme, entité métaphysique incomprise, et la Surnaturelle ? Ce que l'on pouvait sentir nous trompait souvent, alors comment comprendre ce qui allait au delà des sens ?
Elle se retourna vers lui, ajoutant un « tu ne crois pas ? » auquel il ne sut répondre de suite. Il était perdu dans sa pensée, puis dans le regard émeraude de la jeune fille. Si jeune, si sage... Elle lui inspirait une certaine supériorité. Elle devait avoir le même âge que sa sœur, mais son esprit était avait déjà quelques générations d'avance sur les autres humains. Physiquement, ils étaient des opposés, mais voilà qu'ils se retrouvaient pour la deuxième fois auprès de la Nature. Tous avaient ce point commun, cette même origine... Mais eux, ils l'avaient comprise. Il plongea ses yeux océan dans les siens, tel la pluie déversant ses gouttes sur un trèfle à quatre feuilles. Elle était rare, et précieuse.

« Sans la comprendre, sans la connaître, j'ai foi en l'Inconnue. » dit-il enfin, sur un ton solennel.

Ces paroles avaient multiples sens. Il avait probablement l'air d'un religieux aveuglé par ses convictions, assez pour ne pas voir les évidences qu'on lui imposerait, mais c'était sa pensée la plus profonde, et la plus intime. L'Inconnue... C'était le meilleur terme qui était, pour qualifier cette entité supérieure qui régissait sa vie. Cet être à qui les Hommes faisaient la guerre sans même le savoir, et qui les terrassait à chaque fois qu'ils allaient trop loin. Une éruption, un séisme, un tsunami, une tornade... On voyait les choses du regard de l'opprimé, puis on accusait les cieux de s'abattre sur les nôtres. Mais on continuait d'essayer d'étendre notre Empire sur le Royaume de l'Omnipotente, sans s'imaginer qu'on ne pouvait rien contre elle... Le fidèle ne se réjouissait jamais des pertes que son peuple comptait. Mais il ne les pleurait pas non plus. Il ne cherchait pas à savoir si c'était mérité ou non, mais il gardait la foi malsaine qu'un jour, le déluge s'abattra sur l'Homme, que son Empire en sera dévasté, et que sa Reine reprendra la Terre qui a toujours été sienne.

Sans cesser de soutenir le regard d'Ethel, Jani fit quelques pas vers elle. L'Inconnue, voici donc sa seconde forme. Celle d'une lycéenne aux traits innocents, aux couleurs sauvages et chaudes, opposées au froid de son regard et de sa peau. Tous deux avaient pourtant la peau pâle, immaculée. Ils appartenaient au Nord, à ces nations qui voient la Nature à son état le plus sauvage. Canada, Islande Écosse, Scandinavie... Tous avaient une vision différente, mais proche, du royaume de leur Reine. Il ne la comprenait pas encore, il ne la connaissait pas non plus, mais il en avait envie... Était-elle comme une incarnation de Dame Nature ? Fasciné mais effrayé, il se retint de lui caresser la joue, laissant son regard effleurer les profondeurs de son esprit. Pour la première fois de sa vie, il était trop submergé par ses émotions, pour dire ou faire quoi que ce soit...
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MessageSujet: Re: Baby Carni Bird   Baby Carni Bird EmptyMer 15 Fév 2012 - 19:08

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« Jani & Ethel»


Reprenant sa respiration après ce qu’elle venait de dire, Ethel se tourna un instant vers la nature, respirant longuement. Il l’avait écouté en silence, sans ciller. La rouquine ne cherchait pas raison, pas d’approbation dans le regard du jeune homme. Elle croyait en ce qu’elle disait, tant pis s’il ne pensait pas la même chose. Mais il lui sembla que si, il partageait ses pensées. Rassurant d’une certaine manière, mais elle ne se serait pas arrêtée à cela. Ethel n’avait jamais eu besoin de l’avis des autres pour avancer et se trouver. A vrai dire, c’était même tout l’inverse. Sous le regard des hommes, elle s’était fourvoyée, avait cru prendre le bon chemin quand il n’était éclairé que de lumières factices. Castiel en avait été le parfait exemple. Il avait cru avoir toujours raison, et sa persuasion avait emmené Ethel à se croire autre. Mais la nature la rappelait à son juste devoir.

« Sans la comprendre, sans la connaître, j'ai foi en l'Inconnue. »

Hommes terrifiés par l’inconnu, qui le fuit et essaye de le terrasser. Si Jani était de ceux qui avaient foi en lui, et ne cherchait à l’écraser, elle ne pouvait que sourire, ce qu’elle fit. Longtemps, la rouquine eut peur de l’inconnu, elle ne cherchait pas à le détruire, mais se laissait détruire par lui. Regarder les étoiles la renvoyait à une immensité qui l’avait longtemps terrifiée. Maintenant, elle n’y voyait que les lumières éclairant un ciel sombre. Mais l’inconnu n’était pas pour toujours, et sa valeur changeait à chaque seconde. Il y a peu, cette partie de la forêt lui était inconnue. Elle l’était toujours sous plusieurs strates, mais elle savait maintenant qu’elle existait, et à quoi elle ressemblait

« L’inconnu ne demande qu’à être découvert. T’es-tu déjà demandé où menait cette rivière ? »


Au bout de chaque rivière, il y a une mer. Peut-être que le chemin pour y arriver durait des années, mais c’était une chose dont chaque homme pouvait être sûr. Comme quoi même dans l’inconnu, il y avait des choses rassurantes. Et Ethel se demandait en cet instant quel était les paysages que côtoyait chaque jour l’eau de ce cours, quels arbres et quelles fleurs pouvaient-t-il apercevoir dans leur chemin vers le grand large.

« Tu viens avec moi ? »

En fait, ce n’était pas une question, Ethel avait l’art de poser des questions qui ne demandait aucune réponse négative. Prenant la main du jeune homme d’un air doux, elle regarda où l’eau descendait, et entreprit de continuer son chemin dans cette direction, sans effrayer la nature par son intrusion. Hésitant un instant, elle laissa au final son arc et son carquois où ils étaient, elles les retrouveraient plus tard, pour l’instant ce n’était pas la question. Croyant qu’elle aurait à faire un long chemin pour arriver à autre chose qu’un calme courant, la rivière s’épaissit rapidement, si bien qu’arrivé à un moment ils n’auraient pu la traverser à pieds. Mais ce n’était pas encore suffisant, elle cherchait le lieu où la rivière mourrait en s’écrasant, où elle fusionnait avec une autre, où elle se déchainait. S’arrêtant un instant, elle ferma les yeux, concentrée. Le bruit de la forêt n’était plus le même. Le murmure des arbres, le chant des oiseaux, faisait place à un grondement sourd, un peu plus loin. Un déferlement des éléments, qui montait dans le cœur de la jeune fille par un battement plus fréquent.

Les cailloux remplacèrent l’herbe petit à petit, et le grondement se faisait plus fort. Une cascade ? Ecartant une branche, Ethel recula d’un pas. Ils étaient en haut d’une falaise, et la rivière s’en allait mourir en bas de la montagne, renaissant dans un cours d’eau plus calme à peine quelques mètres plus loin. Ayant grandi dans un terrain totalement plat, Ethel ne connaissait pas réellement les hauteurs, et ne s’était jamais doutée de trouver un tel paysage sur cette forêt. Respirant profondément, elle essaya de combattre le vide qui l’assaillait. Serrant la main du jeune homme, elle tourna la tête, tentant d’empêcher ses jambes de se dérober.


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MessageSujet: Re: Baby Carni Bird   Baby Carni Bird EmptyVen 17 Fév 2012 - 14:40

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« L'Inconnu ne demande qu'à être découvert. T'es-tu déjà demandé où menait cette rivière ?

- Je ne cesse de me poser la question...

- Tu viens avec moi ?

- Allons-y. »


Elle lui prit la main sans lui demander son avis, puis l'entraîna avec elle le long du ruisseau. Ils suivaient le cours de l'eau, avide de savoir. Ils voulaient tous les deux savoir ce qu'était cet(te) Inconnu(e), où ils seraient menés... Et ce ruisseau, qui devint rapidement une rivière trop large pour être traversée, leur semblait être la clef. Il n'avait pu s'empêcher de noter ce tout petit détail, cette différence entre leur vision des choses qui, si elle semblait anodine, pourrait creuser un énorme fossé entre eux. Il avait foi en l'Inconnue, comme une Déesse. Elle, avait foi en l'Inconnu, comme un Dieu. Pourtant, ils savaient pertinemment qu'ils ne pouvaient prétendre savoir s'ils auraient à faire à une Femme ou un Homme, car ils admettaient que cette entité céleste étaient au delà de leur champs de connaissance. Une distance épistémique telle que nul Homme ne pouvait se permettre même d'imaginer de quoi il s'agissait. Souriant à cette différence, il nota aussi dans un coin de sa tête qu'elle était assez en confiance avec la Nature pour lui confier son arc, qu'il ne voyait plus comme une arme. Du moins, pas lorsqu'il était manipulé par la jeune fille. L'arme devenait alors objet de communion, et le tendre était comme réciter sa prière. Ils étaient différents dans les actes et les apparences. Intérieurement, ils étaient les mêmes.

Le guidant, elle s'arrêta un instant. Un peu plus loin, on pouvait apercevoir la Lumière. Quittaient-ils la forêt ? Il s'approcha légèrement, hésitant à lui demander ce qui n'allait pas, mais par-dessus son épaule, il remarqua ses traits reposés et concentrés. Un bruit autre que le chant des oiseaux se faisait entendre au loin, comme un grondement sourd. Inutile d'avancer pour comprendre que c'était celui de l'eau qui s'écoulait avec virulence, probablement du haut d'une falaise... Ils reprirent leur marche, d'un pas plus hésitant malgré leur foi grandissante. Les pierres remplacèrent l'herbe, la lumière se fit plus claire, et ils purent bientôt observer le ciel s'étendre devant eux à travers les branches. Ethel semblait avancer, regarder devant elle. Le finlandais, lui, ne prêtait pas attention aux alentours, il la regardait elle en se demandant à quoi elle pensait. Depuis que le grondement était audible, elle semblait différente.

Puis elle s'arrêta. La clarté avait remplacé les ténèbres des bois. Aveuglés par un rayon de Soleil, elle fit un pas de trop. Un rocher se décrocha, craquant avant de déferler la pente pour terminer sa chute dans un lourd « plouf ». À côté d'eux, la rivière s'était transformée en cascade, large. Bien que peu haute à côté du Niagara, elle restait assez impressionnante. Il valait mieux ne pas avoir le vertige... La jeune fille recula d'un pas, et détourna le regard en serrant sa main. Serait-ce la peur, qui l'empêchait d'admirer ce nouveau paysage qui s'offrait à eux ? La rivière, en bas, s'élargissait paisiblement, elle semblait profonde. Serein, il l'amena contre lui et posa son autre main derrière sa tête pour la rassurer.

« Ça va aller ? » demanda-t-il d'un ton calme, comme si ce spectacle impressionnant ne lui faisait rien.

Pourtant, il ne connaissait pas les grandes cascades... Il avait été jusqu'à la plus large de Finlande, la Pihtsuköngäs. Haute de moins de vingt mètres, elle était sauvage et l'eau y déferlait avec violence. Il s'en souvenait comme si c'était hier... Il avait eu la même réaction qu'Ethel. Un pas de recul, effrayé. Puis il s'était avancé, avait plongé son regard dans l'eau et avait admiré ce que la Nature lui offrait de voir, l'eau qui tombait d'un rocher géant pour s'écraser dans une rivière calme. Ici aussi, un nuage brumeux naissait de la rencontre des deux eaux. Ils devaient être à un peu plus d'une trentaine de mètres du sol... La rupture semblait être nette. Contrairement à ce qu'il avait toujours connu, l'eau ne descendait pas en escaliers, elle ne rencontrait pas de nouvelles pierres avant l'eau. Elle s'écoulait calmement, douce. Elle n'avait rien de sauvage, si ce n'était le bruit de sa chute...

« Jusqu'où va ta foi, Ethel ? » dit-il dans un murmure en lâchant sa main, pour s'approcher du bord de la falaise.

Il baissa les yeux, regarda la chute, l'eau et sa rencontre avec l'autre bout de la rivière. D'abord pris d'admiration, il se recula ensuite, retira sa veste et la jeta vers les arbres derrière eux. Il ouvrit sa chemise, calme, en cherchant du regard une pierre assez large. Au bord de l'eau, rien, mais à l'intérieur... Chemise ouverte, il s'accroupit près de la rivière avant sa rupture, et plongea son bras dans l'eau. Constatant à quel point elle était froide, il lâcha un « hola ! » en riant. Sa main se posa sur une pierre large, sous laquelle il glissa sa main avant de la soulever, et la poser au sol. Un genoux à terre, il finit de retirer sa chemise, blanche, qu'il enroula autour de la pierre, tâchant de faire un nœud solide et de laisser beaucoup de tissu libre. Fier de lui, il souleva son œuvre et s'approcha du bord de la falaise. Il regarda une dernière fois son vêtement, puis le jeta dans l'eau en contrebas. La chute ne fut pas bien longue, un nouveau « plouf » se fit entendre et il constata avec émerveillement qu'il ne voyait plus du tout son tissu. Concluant de cette médiocre expérience que la rivière plus bas était assez profonde, il se retourna en souriant vers Ethel.

« "Don't remember where I was... I realized life was a game." »

À tout le monde, Megadeth, des paroles qui avaient profondément marqué sa vie. Life is a game, se répéta-t-il intérieurement en s'avançant vers la jeune fille, pour lui prendre la main. Elle avait peur, mais il n'y avait aucune raison de craindre une telle beauté. Mimant une valse en l'amenant à lui, il fit trois pas en rythme en s'approchant du vide. Il tourna le dos à la rupture, posa une main derrière la tête d'Ethel et de l'autre la serra contre lui.

« N'aie pas peur de l'Inconnue... » chuchota-t-il, sûr de lui, avant de prendre appui contre le bord du roc, et de jeter les deux corps dans le vide d'une forte poussée.

La chute sembla durer une éternité. Les deux êtres s'étaient retrouvés assez rapidement la tête vers le sol. S'il avait mal calculé son saut... Ils s'écraseraient à côté de l'eau. Et même s'ils avaient de la chance, il n'était pas garanti que l'eau soit aussi profonde qu'il se l'imaginait. Il y avait sérieusement de quoi avoir peur, et n'importe qui le considérerait comme un fou, la jeune fille la première. Il la serrait d'un air protecteur contre lui, tâchant de rester chaleureux, pour faire face aux pires scénarios imaginables... Puis les corps rencontrèrent celui de la vie. Ils percèrent d'abord la brume, des gouttes glaciales glissant contre leur peau...
À peine sa tête toucha l'eau que Jani usa de ses forces pour effectuer une roulade, glissant comme après un plongeon. Il frôla le fond de son dos, qui y laissa une griffure. Seconde plaie... Mais étant sous la jeune fille, il lui évita le même sort. Il se releva enfin, trempé, et aida l'archère à en faire de même. Il la regarda, souriant, droit dans les yeux, sans même chercher à regarder son corps trempé. Sa chevelure de feu s'était assombrie, lui donnant des airs moins vifs, plus calmes. Elle lui en voulait probablement, mais elle n'oublierait jamais cette expérience... Lui non plus. Calme, il attendit.
© Jani Lumisielu
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MessageSujet: Re: Baby Carni Bird   Baby Carni Bird EmptyVen 17 Fév 2012 - 15:28

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« Jani & Ethel»


Frissonnant d’une sensation qu’elle n’avait jamais ressentie, Ethel tenta de combattre le vertige qui s’emparait de son esprit. Ne pas se laisser envahir par cette sensation… La nature était toujours là, nullement agressive. Aucune raison d’avoir peur. Répondant d’un simple signe de tête à la question du jeune homme, elle inspira longuement. Oui, ça allait. S’approchant du bord – sans lâcher la main de Jani – elle regarda en bas, admirant la force avec laquelle l’eau s’écrasait puis repartait dans un cours tranquille vers d’autres horizons. Une eau finissant si calme ne pouvait la terrifier. Et puis, elle n’allait pas tomber, et aucun idiot n’apparaitrait soudainement pour les pousser.

« Jusqu'où va ta foi, Ethel ? »

Surprise, elle se tourna vers lui. Sa foi ? Sa foi en la nature, surement, mais que venait-elle faire là-dedans ? Y voyant un certain rapport avec la cascade et le vertige, elle regarda le paysage entier. Sa foi… A vrai dire, elle n’en savait rien. On ne peut dire cela que lorsqu’on en a atteint les limites, chose qui n’était jamais arrivé pour la rouquine. Gainsbourg disait « Je connais mes limites, c’est pourquoi je vais au-delà ». Sauf que la foi d’Ethel n’avait pour l’instant éprouvé aucune limite. Ou peut être juste en cet instant. Elle faisait confiance en la nature, mais si on lui demandait par exemple de sauter, elle y réfléchirait à deux fois. Pas par manque de confiance envers cette grande mère qui les gouvernait, mais juste par peur de mourir empalée sur un rocher. Il y a mort plus glorieuse.

Soudain, Jani enleva sa chemise. Tout d’abord surprise, la rouquine ne laissa faire, interdite. Il ne faisait pas chaud pourtant, du moins le soleil n’était pas assez harassant pour que la jeune fille ressente le besoin personnel d’enlever tous ses vêtements. L’observant tandis qu’il l’enroulait autour d’une pierre, ayant très satisfait de lui, elle ouvrit grand les yeux en le voyant la jeter dans la cascade. Une offrande ? Tant qu’elle était en coton, ça pouvait se justifier. Si elle n’était pas le prochain sacrifice pour mère nature, cela lui allait. Ce n’était pas parce qu’elle aimait les moutons qu’elle voulait ressembler à l’un d’eux et se faire égorger sur une pierre pour remercier on ne sait qui !

« N'aie pas peur de l'Inconnue... »


Il l’avait prise dans ses bras, comme pour l’attirer dans une dangereuse étreinte. Surprise, elle murmura un « Je n’ai pas peur. ». Mais c’était avant de savoir à quoi l’engageait ces paroles. Le voyant prendre appui sur le rocher, l’appréhension commença à monter, plus encore lorsqu’il exécuta une poussée vers… Le vide. S’accrochant à lui par surprise, elle ne ferma pas les yeux, surement pas. Dévorant le paysage qui défilait à toute vitesse, elle savoura ce qui était peut être ses dernières secondes de vie. Un suicide ? Une offrande ? Une simple folie ? Une manière de dominer sa peur, et d’aller au-delà. Le meilleur moyen de se défaire d’une peur était de s’y confronter une bonne fois pour toute. Ethel avait peur du vide, Jani s’était assuré de l’y emmener.

L’eau les rencontra violemment, sans qu’elle ne puisse savoir si c’était eux qui venaient à la matière ou l’inverse. Elle n’était plus en état de penser de la sorte. S’enfonçant dans l’eau, elle se rendit compte qu’elle n’avait pas pris la peine de respirer pendant toute la durée de la chute, trop occupée à s’enfuir vers l’écume furieuse. Le sol se fit sentir par l’intermédiaire du jeune homme, et Ethel battit des pieds pour remonter à la surface. Le contact avec l’air fut puissant, la rouquine emplit ses poumons d’un oxygène salvateur.

Une rapide vérification interne, tous ses membres étaient en état, et elle était manifestement en vie, puisqu’elle pouvait observer le petit sourire heureux du blond face à elle. C’était déjà un bon point, même si il était évident qu’au moment de la chute, Jani était aussi peu sûr qu’elle du résultat. Regardant le haut de la cascade, elle inspira longuement. C’était foutrement haut. Ils avaient vraiment plongé de si loin ? La nature était plus complaisante que certains se bornaient à le dire. C’était foutrement haut.

Explosion.

Ethel sauta sur Jani, brisant sans remords le calme du retour à la vie. Sans aucune exagération, elle avait eu la peur de sa vie, et aussi agréable que cela puisse être, la jeune fille n’avait pas prévue une mort comme ça, et n’aurait pas appréciée d’être poussée au ciel par un petit blond qui voulait tester ses limites.

« Jani ! T’es complètement taré ! T’as vu la hauteur ! J’ai eu sacrément peur ! Tu… »

Elle se tut, le regardant avec un calme étrange. Bien sûr qu’il avait vu la hauteur, et oui, il était taré. Mais c’était ça qui avait donné toute l’adrénaline à la chose. A présent, il était presque certain que le vertige d’Ethel avait disparu. Une cascade déchaînée ne cachait qu’une rivière calme et placide. Lâchant Jani et se laissant tomber en arrière, elle flotta un instant sur l’eau, regardant le ciel. Puis éclata de rire. Un enchevêtrement de réactions caractéristique de la jeune fille. Qui finissait toujours par une seule chose : Elle se calma, et ferma les yeux en souriant, se laissant flotter dans l’eau sans rien ajouter.


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MessageSujet: Re: Baby Carni Bird   Baby Carni Bird EmptyVen 17 Fév 2012 - 16:53

Baby Carni BirdFeat: Ethel Dawkins
Aucune crainte. S'abandonner avec confiance au vide et à l'avenir qu'ils avaient choisi d'affronter... Dame Nature les tuerait pour leur témérité, ou les remercierait de leur foi en lui ouvrant les bras de la vie. Et ils y avaient plongé. Ethel s'en tira avec le pardon, Jani avec une griffure dans le dos... Ce n'est que lorsque sa peau commença à sécher, au vent, qu'il la sentit ouverte. Il observa la jeune fille, calme, prêt à assumer tous les reproches qu'elle pourrait lui faire sur son attitude et le risque qu'il l'avait forcée à prendre. C'était le moins qu'il pouvait faire, non, c'en était même son devoir... Il n'avait pas à mettre sa foi à l'épreuve ainsi. Et si sa blessure lui venait de sa Reine, ce serait probablement sa sentence. Elle regardait le haut de la falaise. C'était comme s'ils avaient sauté d'un immeuble... Sans même la voir se rapprocher, il la sentit tout contre lui. Le contact n'était pas chaud, mais glacial, empli de reproches.

« Jani ! T'es complètement taré ! T'as vu la hauteur ! J'ai sacrément eu peur ! Tu... »

Le nordique la regarda sans rien dire, impénétrable. Son sourire s'estompa cependant. Elle avait raison, il n'avait pas à la forcer à faire ce genre de choses. Il avait mis sa vie en danger, il en assumait l'entière responsabilité. Mais dans les faits, il lui avait offert une expérience qu'elle n'était pas prête d'oublier, un plongeon bravant toute peur. Sans lui, elle ne l'aurait pas fait, et si jamais elle s'était lancée... Elle serait probablement blessée comme lui l'était. Ce n'était qu'une entaille, pas bien profonde. Il en avait connu d'autres, des griffures, et aussi longue soit-elle, sa vie n'était pas menacée.
Elle le lâcha et se laissa glisser dans l'eau, les yeux perdus dans le ciel. Elle demeura ainsi un instant, s'éloignant un peu de lui, qui la regardait, silencieux. Puis elle rit. Peu importe qu'elle lui en veuille ou non... Elle avait vaincu ses peurs. Le vertige... Elle l'avait affronté, il l'avait vue fixer le sol qui se rapprochait à une vitesse phénoménale. Il l'avait aidée, dans le fond, et ce malgré ses méthodes immorales. Calmée, elle se laissa flotter sans rien ajouter.

Le jeune homme la contempla un instant, puis repéra le tissu de sa chemise. Son expérience était folle, idiote, et peu crédible, mais elle avait fonctionné. Il sourit plongea de nouveau son bras dans l'eau et en tira son vêtement avant de s'éloigner sur le rivage. Il sortit de l'eau, doucement, trempé. C'était l'hiver, et si le froid du Japon était doux à côté de celui de la Laponie, il savait à quel point il était facile pour un petit Homme d'attraper froid à cause de vêtements mouillés. Il défit le nœud de sa chemise, reposa la pierre dans l'eau et étala son vêtement devant lui. Aux extrémités, il éparpilla quelques cailloux pour s'assurer qu'il ne s'envole pas. Il poussa un soupir et se retourna vers l'eau. Ethel y était encore, elle semblait ne pas prêter attention à lui, mais à vrai dire, il n'en savait rien. Elle était loin, et avec la brume qui s'élevait, il était incapable de voir si elle regardait celui qui l'avait poussée à se jeter dans le vide. Haussant les épaules, il se retourna et effectua une génuflexion pour retirer ses chaussures de marche, et les vider. Il les posa à côté de sa chemise. Ses chaussettes les rejoignirent aussitôt. Jetant un dernier regard à l'adolescente avant de déboucler sa ceinture, il ôta son pantalon, ne gardant que son boxer sur lui.

Fier de lui, il se retourna et avança dans la rivière jusqu'à son milieu, où elle était assez profonde pour qu'on puisse y nager. Prenant une profonde inspiration, il courba son corps et se glissa dans l'eau. Il nagea au fond jusqu'à la jeune fille, son torse frôlant quelques galets. D'une lenteur et d'une aise semblable à celle d'un poisson, il la contourna avant de sortir de l'eau tout en douceur en face d'elle, pour ne pas trop la surprendre. Affichant un sourire apaisé et désolé pour ce qu'il avait fait, il posa ses deux perles bleues comme le liquide dans lequel ils baignaient dans ses émeraudes.

« Désolé pour tout ça. » déclara-t-il d'un ton serein.

En fait, il ne voulait pas de pardon. Il avait juste besoin de lui faire savoir qu'il ne restait pas indifférent à son acte. Le pardon des autres... Ça ne l'avait jamais intéressé. Qu'était-ce ? Une façon de fermer les yeux sur ce qui avait été commis ? Jani était prêt à tout assumer jusqu'au bout, à reconnaître ses erreurs et à en accepter les conséquences. C'était ainsi que le monde tournait, sans quoi il n'y avait plus de justice... Et ça, le finlandais y comptait. Inclinant la tête comme pour lui signifier qu'il n'avait pas besoin de plus, il désigna de son index le T-shirt noir humide qu'elle portait.

« Tu devrais retirer tes vêtements, tu vas attraper froid, sinon. lui conseilla-t-il sur un ton presque paternel, le même qu'il prenait lorsqu'il s'adressait à Inari pour lui éviter de faire des erreurs idiotes. Ce n'est qu'en repensant à ce qu'il venait de dire qu'il comprit qu'elle pourrait mal le prendre. Garde tes sous-vêtements, il faut juste que le reste sèche... »

Sans rien ajouter, il haussa les épaules et replongea pour s'éloigner vers la chute. Sentant l'eau vibrer au-dessus de sa tête, il se redressa de tout son long, debout, sous la chute. L'eau coulait sur lui doucement, froide, mais son corps ne frissonnait pas. Il était apaisé, et si le calme des bois le berçait, le contact glacial de la vie avec sa peau le fit entrer en transe. Les yeux clos, le monde environnant ne comptait plus. Il inclina la tête, concentré sur ses sens. Des mèches blondes tombaient sur son visage, le froid essayait de pénétrer sa peau, mais son sang chaud y résistait. Son corps était gelé, mais son cœur et son âme brûlaient de passion. Une passion vouée à une art, et une Reine. Cette Muse qui l'invitait déjà à s'emparer de ses partitions, pour y poser quelques notes, les dédier à la harpe. Oui... Tout en lenteur... Cet instrument saurait parfaitement représenter les gouttes qui déferlaient sur son visage. Mais les cordes frottées ne seraient-elles pas mieux pour exprimer la continuité de ce flux de vie qui coulait sur lui ?
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MessageSujet: Re: Baby Carni Bird   Baby Carni Bird EmptyVen 17 Fév 2012 - 17:30

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« Jani & Ethel»


Une fois apaisée, la peur étant retombée, ainsi que l’énervement d’un tel acte, Ethel se laissa aller, fermant les yeux et flottant. Le froid pénétrait ses vêtements lentement, mais elle s’en fichait. Cette sensation n’avait jamais été mauvaise, à l’égal de la pluie qui l’imprégnait lorsqu’elle marchait des heures dans la campagne. L’enfance forge bien des défenses, et la rouquine n’avait été que rarement malade après un contact avec de l’eau froide. Le ciel veillait à présent sur elle, son grand défenseur et son plus cher ami. Qui d’autre pouvait prétendre avoir toujours été là pour elle ? Les nuages et les étoiles étaient ses amis les plus chers, à la fois présent et si lointain. La distance n’était pas la barrière d’un tel amour, et celui qu’elle portait au firmament dépassait tout ce qui existait. Tantôt bleu, calme, tantôt noir et déchainé. Des fois orange, violet, rose, souvent de la même couleur que les flots. Cette immensité était son dernier refuge.

« Désolé pour tout ça. »

Surprise, elle leva la tête. Apercevant les vêtements de Jani posés un peu plus loin, elle ne s’était même pas rendu compte qu’il était allé sur le rivage. De quoi s’excusait-il ? Ils étaient en vie, et plus proche de la nature que jamais aujourd’hui. Ils avaient plongés en son sein, lui laissant le soin de les accueillir avec bienveillance. Oui, elle avait eu peur, mais passé les sentiments purement conflictuels, elle avait bien vu qu’il y avait autre chose. Une peur surmontée, une osmose dangereuse. Elle devait plutôt le remercier. Ce qu’elle fit, murmurant un « Merci » sans l’accompagner d’un pardon, il n’en avait pas besoin.

« Tu devrais retirer tes vêtements, tu vas attraper froid, sinon. Garde tes sous-vêtements, il faut juste que le reste sèche... »

Elle rigola. Il avait malheureusement raison. Quel que fut le point où elle aimait la nature, il ne valait mieux pas qu’elle tombe malade. Regardant ses vêtements, elle toucha son bonnet, qui ne l’avait pas quitté. Elle ne se sentait plus tellement Panda. Eux grimpaient aux arbres, elle plongeait au-delà des cascades. Et elle n’aimait pas les feuilles d’Eucalyptus. Sa folie revenait peu à peu, ainsi que les débats idiots avec elle-même. Rassurée, Ethel était toujours elle-même, malgré les peurs et les peines.

« Oui, tu as raison ! »

Le regardant replonger, elle sourit et se redressa, nageant doucement jusqu’à la rive. Juste avant de sortir, elle prit une grande inspiration, restant sous l’eau autant qu’elle le pouvait avant de manquer d’air, et sortit doucement, pas à pas. S’asseyant, elle regarda les vêtements de Jani, puis le jeune homme à la cascade. Avec du recul, la scène pouvait paraître étrange. C’était souvent dans les films qu’on voyait deux jeunes gens près d’une cascade, mais la plupart du temps, c’était en été. Inutile de se demander pourquoi. La seule chose qui expliquait cela était bien entendu la nature. Elle rendait les gens plus humains, plus sensibles. Tellement que personne en cet instant ne s’interrogeait sur sa présence. Habituellement, Ethel aurait refusé de se mettre en sous-vêtements ainsi. Elle restait timide et pudique. Mais qui pouvait bien juger ou regarder à mal ?

Enlevant son t-shirt, l’étendant avec précaution, elle fit de même pour sa jupe, secouant ses chaussures afin de ne pas avoir les pieds trempés en les remettants. Restant ainsi un instant, elle se regarda. Si elle avait mis du Panda au-dessus, ses sous-vêtements étaient noirs, à l’effigie d’un pingouin… Tant pis, les pingouins sont tout aussi mignons. Même si en voir un en cet instant révèlerait un froid un peu plus conséquent. Souriant, elle se demanda si elle allait sécher et partir, ou nager un peu. Le choix était en fait vite fait.

Frissonnant en se relevant, elle s’approcha de l’eau. Maintenant habituée, elle ne paraissait plus si froide que ça. L’océan de printemps, lorsqu’elle allait jouer avec ses cousins, n’était pas plus chaud, et elle y passait souvent des heures, jusqu’à avoir les lèvres violettes et le bout des doigts bleus. La clarté de l’eau ici la rendait plus supportable, et elle pouvait s’y enfoncer sans être grignotée par le sel. Plongeant, elle ouvrit les yeux et regarda autour d’elle, souriant à la faune aquatique. Un poisson fila sous son corps, surement effrayé par la présence de la jeune fille. Se redressant, elle regarda Jani, toujours un peu plus loin.

Il était dos à elle, laissant l’eau de la cascade apprécier ses membres. Remarquant une longue enfilade dans le dos du jeune homme, elle fronça les sourcils. Il s’était fait ça en chutant ? Décidément, elle était la cause d’un bon nombre de blessure aujourd’hui. Il lui avait surement évité le même sort, prenant les cailloux pour elle. S’approchant de lui, en douceur, elle toucha son dos sans l’effrayer, ne voulant pas s’introduire dans ses pensées.

« Je suis désolée pour ça, Tu auras pris nombre de coupure aujourd’hui ! »


Elle se demandait ce qui était le pire. Sentir une flèche frôler sa peau et la déchirer, ou ne se tirer d’une chute de plusieurs dizaines de mètres qu’avec une enfilade dans le dos. Au moins, il avait senti le sol venir. La flèche peut être moins. Caressant le dos de Jani, sans toucher sa blessure de trop, elle se mordit la lèvre.

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MessageSujet: Re: Baby Carni Bird   Baby Carni Bird EmptyVen 17 Fév 2012 - 18:33

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Jani voyait déjà en lui la portée se remplir, de nombreuses notes, tout un orchestre. L'instrumentation avait toujours été son point faible en musique, et il perdait beaucoup de temps à chercher quels instruments exprimeraient aux mieux son ressenti. Romantique, il avait développé une pensée qui lui était propre, celle de personnifier tout un orchestre. Il voulait raconter des histoires dans une langue que l'on ne pouvait comprendre, mais que l'on pouvait sentir. Les harmonies créaient des sentiments. Les mélodies devenaient des phrases. Et les instruments, les uns après les autres, s'assimilaient à des personnages. Il était de ces musiciens qui voulaient raconter une histoire que personne ne disait plus. Celui des mondes oubliés. Des mots interdits.
Dans le fond, il ne savait pas ce qu'il voulait faire, ni ce qu'il devait accomplir. Il savait qu'il était inspiré, et si une portée s'écrivait dans un genre, le sentiment dont il s'était imprégné était si complexe que chaque pupitre en exprimait un différent. Des violoncelles exprimant le flux perpétuel qui descendait le long de son corps, des violons, mélodieux, et rapides, deux pupitres jouant en harmonie pour renforcer le sentiment d'omniprésence qui dominait la Nature. Des cuivres, pour chanter la gloire de son Empire et la fin du règne de l'Homme. Des bois pour jouer la liberté fugace et la légèreté de cette beauté... Parce que non, la Nature n'est pas forte comme un char. Ce n'est pas un canon, elle n'a pas le pouvoir destructeur des machines. Une tornade n'est que souffle, qu'air. Légère, elle emporte tout sur son passage. Une éruption est lourde, forte, mais elle brûle de passion. Un tsunami est dévastateur, mais l'eau ne s'en va jamais. Elle est éternelle, ce n'est que l'océan qui s'étire sur les terres, avant de rappeler ses bras.
L'Homme ne connaissait que la puissance du Feu. Il savait survivre par l'eau, tirer son énergie de l'air et puiser ses richesses des entrailles de la Terre, mais jamais il n'avait su en faire des armes. Il se battait par des explosions, et parce que la Nature est indomptable, il utilisait la chimie. Une bombe nucléaire était dévastatrice, mais elle n'avait rien de naturel. Nous n'avons cessé d'essayer de la dominer, mais la Reine affirmait sans cesse son trône et nous amenait aujourd'hui à faire face à la triste réalité de ce monde : à force de la provoquer, elle a fini par s'énerver. Les catastrophes sont plus fréquentes et nos aménagements y participent beaucoup. Des volcans se réveillent, et notre planète continue de tourner. Quelques plaques bougent, une ville se voit inondée. Les quatre éléments sont indomptables, ils sont les chevaliers les plus fidèles de la Reine, les généraux qui mèneront l'être humain à sa fin, quitte à rendre notre vie impossible. Lorsque ça arrivera...

« Je suis désolée pour ça. Tu auras pris nombre de coupures aujourd'hui ! »

Une douce caresse parcouru sa plaie, dans son dos. Elle avait probablement saigné quelque peu, mais le fluide qui se versait sur lui l'avait calmée. Il ouvrit les yeux d'un coup, sursautant presque. S'il ne savait pas qu'ils étaient seuls, il se serait retourné vivement et aurait cherché à descendre la personne qui le menaçait. L'Inconnue ne l'effrayait pas, mais lorsqu'un inconnu s'approchait de trop, il était naturel de chercher à s'en défendre. Seulement, cet effleurement le calma autant que la Nature. Il baissa les yeux sans chercher à regarder l'adolescente. Si elle touchait à sa blessure, il l'aurait fait s'arrêter, mais elle la contournait, douce. Et il demeura silencieux un instant, gêné par ses paroles, et son geste.

« Tu n'as pas à t'excuser... » dit-il doucement, en fermant les yeux.

Cette blessure... Il l'avait méritée. Il avait forcé quelqu'un à affronter ses peurs, il s'était pris pour sa Déesse et avait mis sa foi à l'épreuve, il avait joué avec sa vie comme il le faisait avec la sienne, comme si elle lui appartenait. Il avait cherché à la protéger, lors de la chute et lors du plongeon, lui éviter une rencontre trop brutale avec le fond de la rivière, et ça lui avait valu sa plaie. Elle n'était pas profonde, et bien qu'écorché, il n'avait pas souffert. Et la Bienveillante veillait sur celui qu'elle avait puni, car sa foi n'avait pas été atteinte, car il assumait et acceptait toute sentence. S'il avait été croyant, il serait probablement devenu un saint dont on parlerait quelques siècles plus tard...

« Tu n'y es pour rien. »

Ces mots concluaient le cheminement de sa pensée, de son raisonnement. Il s'assumait, il le ferait jusqu'au bout, et il refusait catégoriquement que quelqu'un porte avec lui ses erreurs. C'étaient ses choix, et si le scénario aurait pu être des pires, le déroulement des choses le rendait assez fier de son acte. C'était immoral. Mais ce lieu n'était-il pas magnifique ? Ne valait-il pas la peine de prendre ce risque ? C'est en y songeant qu'il se dit qu'il était seul à profiter de la douceur de cette cascade et de ces caresses. Ce n'était pas juste.

« Viens... »

Sans lui laisser le temps de réagir à son murmure, Jani se retourna vers la demoiselle, posa ses mains sur ses épaules et se glissa derrière elle, la poussant sous la cascade en douceur. Gardant quelques distances pour ne pas être trop près d'elle, il fit glisser ses doigts sur son cou avec fermeté pour lui masser la nuque. Ils commencèrent leurs aller-retours avec lenteurs, pour lui réchauffer la peau et les muscles et ainsi mieux la masser. Levant les yeux pour regarder la cascade et non la demoiselle qu'il aidait à se relaxer, il poussa un soupir, pensif. Il y avait laissé sa veste, elle y avait laissé son équipement.

« Ça va être compliqué de remonter là-haut. » lâcha-t-il avant de rire, moqueur. Il ne se souciait pas vraiment de tout ça. Ils contourneraient, trouveraient un chemin, ou escaladeraient. Mais avant tout... Carpe Diem.
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MessageSujet: Re: Baby Carni Bird   Baby Carni Bird EmptyVen 17 Fév 2012 - 19:22

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« Jani & Ethel»


Sentant qu’elle l’avait interrompu dans ses pensées, Ethel se recula de manière infime, pour ne pas troubler plus le jeune homme. Souriant en baissant la tête, elle ferma un instant les yeux d’un air apaisée. D’en bas, le grondement de la falaise était très différent. Plus doux, semblant moins dangereux. Peut-être était-ce juste parce qu’après l’avoir affronté, toute peur semble moindre. Elle ne referait pas ça de sitôt, consciente de la chance qu’ils avaient eu de s’en sortir avec seulement une égratignure dans le dos d’un des deux. Mais la chute avait été une expérience unique, qui l’avait confronté à ce qu’elle ne savait même pas comme réel une minute avant. Sitôt découvert, le vertige avait été aboli. Si tous les hommes pouvaient en faire autant, le monde serait peut être meilleur. Le peurs étaient le commencement même de la perversion de l’humain. Incapable de les combattre, il se retournait sur des choses innocentes.

« Tu n'as pas à t'excuser... »

Non, elle n’avait pas à le faire. Elle n’était pas véritablement responsable de cela. Jani seul pouvait se blâmer de la punition des rochers. Et il était évident qu’il ne le ferait pas, puisque cela n’était pas utile. Si jamais la rouquine s’était fracassé la tête contre un rocher, il aurait peut-être eu plus de raison de s’en vouloir. Mais ils étaient là, appréciant en harmonie une nature toujours plus ouverte à eux. Étaient-ils plus humains que d’habitude, ou justement s’écartaient-ils de cette nature même ? Ethel n’en avait que faire, elle était bien en ce moment, et c’était au fond tout ce qui comptait.

Le laissant la prendre par les épaules, pour l’attirer doucement sous la cascade, Ethel leva légèrement la tête pour sentir les gouttes froides perler sur son buste et glisser le long de ses cheveux. Le contact était plus frais que celui de la rivière même. L’eau était battue en permanence, et n’avait le temps de se réchauffer lascivement au contact du soleil. Frissonnant, elle ne se retira pas, savourant la morsure froide sur sa peau. Sentant les mains sur jeune homme se glisser dans son cou, elle se tendit un instant, surprise. Relâchant la pression, elle sourit. Jani, tu m’emmènes à la mort, et tu me détends ensuite ? C’était peut-être le travail des anges, après avoir regardé la mort d’un humain comme à la télévision, ils les détendaient. Mais les mains étaient un peu trop réelles pour appartenir à un séraphin.

« Ça va être compliqué de remonter là-haut. »

Levant la tête, elle observa le haut de la falaise, détournant le regard au bout d’un instant. C’était quand même haut. Oui, ils avaient en effet laissé leurs affaires. Elle son arc, celui que son père lui avait taillé, et lui sa veste. Elle sourit. Après tout, elle pouvait bien laisser son arc. Le temps était peut être venu de se séparer ce celui que son père lui avait offert il y a plusieurs années. La jeune fille savait les tailler, ainsi que les flèches. Pour garder une trace de ses parents, elle avait repris celui-là, le dernier que son père lui ait fabriqué. Si elle devait le retrouver, elle tomberait dessus en le cherchant. Ce n’était pas le questionnement qu’elle se posait en cet instant. Haussant les épaules, elle sourit à nouveau.

« Nos affaires sont entre de bonnes mains, en ce moment. Et il existe d’autres chemins de retour. »


En réalité, elle n’en savait pas grand-chose. Dotée d’un excellent sens de l’orientation, la jeune fille savait que Keimoo était à gauche. A une heure de marche tout au plus, même en partant de là. La forêt finit toujours par rendre son chemin aux curieux qui la parcourent, même après plusieurs années de vadrouille. Mais peut être que le jeune homme tenait à sa veste… Tant pis, il avait toute la vie pour la récupérer.

Ouvrant les yeux à nouveau, elle regarda derrière la cascade. A l’égal de ces films ou ces histoires fantastiques, une petite grotte était nichée dans la pierre. Un génie se trouvait-il à l’intérieur ? Voilà qui réjouissait l’imaginaire foisonnant de la petite rouquine. Se tournant en regardant Jani avec des étoiles dans les yeux, elle lui prit la main encore une fois, sans même lui demander son avis, et se dirigea vers cette grotte. Il n’y avait qu’un mètre ou deux à escalader, et lâchant la main du jeune homme, l’habile jeune fille grimpa en deux temps trois mouvements. A un instant, elle faillit glisser contre la pierre mouillée, mais se rattrapa et se hissa sur ses bras pour pénétrer dans la grotte.

Le résultat était à la hauteur de ses espérances. Une petite niche au cœur de la montagne, ou la végétation avait poussé en totale autonomie. Une mousse délicate vint reposer ses pieds, montant sur la pierre et le haut de la grotte, dans une sorte d’alcôve végétale. Loin de s’être offusquée de leur brusque introduction dans son monde aquatique, la nature leur offrait comme cadeau un splendide lieu de repli. La cachette qu'Ethel avait toujours rêvé de découvrir, semblable à une chambre de fée.

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MessageSujet: Re: Baby Carni Bird   Baby Carni Bird EmptySam 18 Fév 2012 - 0:39

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Entreprendre un massage après tout ça était peut-être un peu trop, mais leur relation était particulière. Ils ne connaissaient que leur prénom, et peut-être leur apparence, même s'ils avaient eu du mal à se reconnaître plus tôt dans la journée. Ils avaient l'air de parfaits opposés : il était un homme, elle une femme, il était d'un blond doux, elle d'un roux ardent, il avait des yeux couleur océan, elle celui des feuilles... Et ça allait au delà du physique, car ils avaient une manière bien différente d'approcher leur monde, et malgré ces différences, leur vision de la Nature se rejoignait dans les points principaux. Dans le fond, ils voulaient et voyaient la même chose, mais leurs procédés étaient opposés. Leurs divergences les avaient un peu gênées au début. Ils semblaient même en froid, car ils gardaient à l'égard de l'autre un silence profond pour l'écouter et le comprendre. Puis ils s'étaient écoutés, et au moment où elle avait confiance en lui... Il en avait abusé, pour pousser sa foi à bout, se jeter dans le vide avec elle. Pour n'importe qui, cela aurait été suffisant pour briser toute confiance. Mais elle, non... Elle avait commencé par lui faire des reproches, elle semblait lui en vouloir, mais le monde que les risques l'avaient amenée à découvrir était tel qu'elle n'y arrivait plus. Cette chute, si haute, malgré son grondement effarant, avait perdu toute sa monstruosité aux yeux des deux êtres. Et c'était ce lieu qui avait posé une nouvelle confiance entre eux. Il l'avait laissée le toucher, elle en faisait de même. Ils s'étaient dévêtis, mais demeuraient sans désir. Était-ce aveugle de leur part ?

Qu'importe. Jani appuya son massage et tâcha de faire de son mieux pour aider Ethel à profiter de cette chute un maximum. Il voulait qu'elle se détende, qu'elle laisse l'eau froide pénétrer sa peau et s'écouler non plus contre un corps, mais contre une âme. Il voulait qu'elle se concentre... Mais la gêne s'empara de lui. Il massait une demoiselle plus jeune que lui, quasiment nue, à son insu, sous une cascade. Pour surmonter ce sentiment, il essaya de penser à autre chose, leva la tête, vit le sommet de cette falaise, celle d'où ils venaient. Il pensa à leurs affaires, répéta à haute voix qu'il serait dur pour eux d'y retourner, avant de rire de leur situation. À ses mots, elle leva la tête, et sourit. C'est alors qu'il comprit qu'il l'empêchait par sa présence d'entrer en transe, de communier. Non... Il aurait pu être un bon compagnon, se contenter de la masser dans un silence profond. Il aurait pu. Mais il ne l'avait pas fait, et il était trop tard pour s'en blâmer.

« Nos affaires sont entre de bonnes mains, en ce moment. Et il existe d'autres chemins de retour.

- Toujours. »


Entre de bonnes mains... Elles étaient surtout perdues au cœur de la forêt, là où il avait puisé l'inspiration. Si jamais il ne retrouvait pas sa veste, ce serait dommage pour sa composition. Le matériel ne valait pas grand chose, en soi, il pouvait toujours le racheter, mais les idées qu'il avait notées, elles avaient une toute autre valeur. Il ne pourrait jamais réécrire deux fois la même chanson, note pour note, même avec la même idée. L'ambiance serait différente, il aurait pris de la maturité, il aurait vécu d'autres choses entre-temps... Mais il avait au moins pu se ressourcer, et ça, c'était important.

Il allait commencer à masser ses épaules lorsque la jeune fille se retourna, le regard brillant plus que d'habitude. Parler d'habitude alors qu'il ne la connaissait pas, quelle ironie ! Elle ne le laissa pas s'interroger sur la question, préférant lui prendre les mains pour l'entraîner avec elle derrière la cascade. Franchissant le mur d'eau, il découvrit avec stupéfaction une grotte qu'il aurait pu voir plus tôt, s'il n'avait pas fermé les yeux pour méditer. Elle le laissa derrière et y grimpa, manquant de sa casser la figure à cause de la mousse. C'est en la regardant faire que le nordique réalisa qu'elle était en sous-vêtements, comme il le lui avait conseillé plus tôt. Son corps était formé, plaisant à regarder... Puis il disparut. Il secoua la tête pour chasser ces idées, et entreprit de grimper à son tour pour la rejoindre.
En face de la roche, il hésita. Il pourrait très bien la laisser seule un instant, profiter de cette antre en toute tranquillité. Il n'aurait alors qu'à retourner sous la cascade, méditer en paix. Ce serait bon pour eux deux, mais le problème était qu'ils étaient venus jusqu'ici ensemble. Où était l'intérêt d'être avec quelqu'un, pour tout faire de son côté comme si l'autre n'existait pas ? D'un bond, il s'agrippa au sol de la grotte, et usa de la force de ses bras pour se relever en poussant un léger grognement dû à l'effort. Se redressant, il fut pris d'étonnement. La grotte était comme une petite pièce meublée par la végétation. Les parois étaient creusées sauvagement, il y avait de la mousse au sol et quelques plantes s'élevaient contre la pierre, fièrement. Il y avait une faible lumière, qui variait sans cesse. Elle leur venait du ciel, bien sûr, et était filtrée par l'eau de la cascade. Le grondement y sonnait différemment, plus sourd, comme s'il laissait de la place pour les autres bruits. Au bout, Ethel, en face d'un lit végétal. Il la fixa, partagé entre le déni et l'admiration.

« Ça valait bien un plongeon. » dit-il en rejoignant la jeune fille d'un pas calme.

Il se tint à côté d'elle quelques instants, le regard posé sur l'alcôve végétal en face d'eux. Un lit de mousse, de feuilles, de plantes, de fleurs... Qu'était-ce ? La saison des amours ? Jani haussa finalement les épaules et s'y assit, levant les yeux vers l'adolescente en se retenant de le baisser. Nonchalant, son sourire devint rapidement plus sincère et révélateur. Son regard se posa sur ces plantes, vertes comme les yeux d'Ethel, puis il s'étendit de tout son long dessus. Allongé sur le dos, il posa ses mains derrière sa tête et regarda le plafond. En Finlande, il verrait des stalactites de glace. Ici, il ne faisait pas assez froid pour qu'ils se forment, et la grotte n'était pas non plus assez humide pour qu'il puisse y avoir une seule possibilité qu'une minuscule cône se forme...

« C'est que Dame Nature a de bons lits ! » lâcha-t-il enfin, amusé, en plongeant ses perles bleues dans les émeraudes de l'adolescente.
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MessageSujet: Re: Baby Carni Bird   Baby Carni Bird EmptySam 18 Fév 2012 - 12:37

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« Jani & Ethel»


La nature était réellement surprenante. Lorsqu’on croyait être arrivé au bout de ses surprises, avec la découverte d’une clairière, la remontée d’une rivière, l’affrontement d’une cascade, elle offrait un lieu de repli, calme et paisible. Généreuse. Observant ce lieu un instant, en oubliant presque la présence de Jani en bas, Ethel ferma les yeux et inspira profondément, s’imprégnant de l’essence de ce nouveau lieu. Il était pratiquement certain qu’aucun humain ne l’avait jamais foulé, il serait différent, moins pur. Ils le profanaient donc d’une certaine manière, mais si la nature les acceptaient, après tout ça, c’était qu’ils n’étaient pas juste des opportuns dérangeants. Caressant la pierre des murs, elle remercia sa Dame par la pensée.

Jani arriva peut après la prière silencieuse d’Ethel. Se tournant vers lui du bout de la grotte, elle lui sourit. S’approchant d’elle, il se tint à ses côtés. Oui, cela valait bien un plongeon. Elle n’avait plus peur du tout à présent, et même l’appréhension d’après coup avait disparue, absorbée par le calme de la grotte. Après tout, elle n’aurait jamais connue cette grotte autrement. Il fallait oser, c’était peut-être la leçon de ce jour. Les téméraires ne sont pas punis par mère Nature, c’est la société qui s’occupe d’eux. Toujours prudente, la jeune fille restait à l’orée de la forêt, dans la sûreté. Le blondinet l’avait amené en son cœur, encore plus loin. Sa foi avait été mise à l’épreuve, mais cela n’avait fait au final que la renforcer.

« C'est que Dame Nature a de bons lits ! »

Il s’était allongé, se délectant du cadeau de leur mère. Hésitant à en faire de même, Ethel le regarda. Ils se faisaient étrangement confiance, sans même se connaître. Jamais auparavant, elle n’avait fait confiance à un inconnu de la sorte. Il fallait croire que frôler la mort à deux rapprochait d’une certaine manière. La rouquine s’assit non loin du jeune homme, observant une fleur qui poussait sur la roche d’un air absent. Fascinant, elle avait réussi à pousser malgré l’absence de terre, se satisfaisant de l’humidité ambiante. Survivre, pour se perpétuer. Une chose que les hommes peinaient à faire dans certaines circonstances. Loin de leur confort habituel, ils étaient désarmés, et pouvait s’éteindre en un rien de temps.

Soupirant, elle se retourna vers Jani, l’observant. En le dessinant, elle avait observé des traits occidentaux, bien loin de ceux des nippons. Un blond du nord, renforcé par sa peau claire et ses yeux pâles. Mais elle n’aurait pu dire de quel pays il était originaire. Il y avait nombre d’étranger à Keimoo, cela dû à l’Académie, surement. La nature où il avait grandi devait être très différente de son Angleterre natale, ce qui expliquait surement leur différente approche.

« Jani, elle ressemble à quoi, ta nature natale ? »

Surement très différente de ses collines verdoyantes où les moutons grandissaient en paix, de ses grandes étendues herbeuses ou la pluie tombait souvent. Impossible de dire à quel point elle aimait la simple évocation de ces espaces où elle avait grandi. Toutes ces fois où elle avait enfilé un ciré et des bottes, sortit son mouton adoré et était partie dans la forêt ou dans les collines, pour de longues heures. Les gens s’étonnaient toujours de la voir en compagnie d’un mouton, mais elle s’en fichait, ils faisaient la paire, et il était plus doux qu’un chien. Même aujourd’hui, il lui manquait affreusement. Elle toucha son pendentif en or, à l’effigie d’un mouton. Un jour, elle retournerait là-bas.

Mais pour l’instant, elle était dans un autre univers, un autre pays, une autre nature. Tout cela se côtoyait d’une certaine manière. Aucun univers n’est parfaitement défini, tous se complètent, se rejoignent en certains points. Les arcs-en-ciel étaient bien les ponts entre la terre et le ciel, il en était de même pour les univers, mentaux ou naturels. Il suffisait de savoir ou le pont se situait, et de ne pas avoir peur de le franchir. S’allongeant, elle jeta un regard sur le jeune homme, se reportant ensuite sur le plafond de la grotte. Tout était si… irréel qu’elle s’en sentait pratiquement mal. Il fallait quelque chose pour la remettre dans la réalité, quelque chose qui lui fasse sentir qu’elle était encore de ce monde, et non totalement imprégnée de la Nature au point de ne plus pouvoir en revenir.


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MessageSujet: Re: Baby Carni Bird   Baby Carni Bird EmptyDim 4 Mar 2012 - 1:42

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La foi, non, la ferveur, résistait à toute épreuve. On la disait aveugle, mais en décidant de ne pas fermer les yeux pour voir ce que l'Inconnue avait encore à leur montré, les deux enfants purent apprendre beaucoup sur le monde, et la philosophie. Nous n'étions rien à côté de la Nature, et elle avait toujours un refuge à offrir à ceux qui la soutenaient. Ça avait plus l'air d'une alliance que d'un amour bienveillant, mais ils ne pouvaient que s'en contenter : la Reine les avait guidés à son jardin d'Eden, et probablement personne ne soupçonnerait son existence. Le mythe voulait qu'il fusse Adam, et qu'elle fusse Ève, mais il n'y avait ni serpent, ni pomme, ni nudité...

La jeune fille ne tarda guère à rejoindre Jani sur le lit. Il était allongé, sans gêne. Elle, assise à ses côtés. Elle semblait admirer une fleur qui poussait sur la roche. Il la regardait, elle, se demandant si l'Omnisciente voulait quelque chose d'eux. N'importe quel sceptique athée, monothéiste ou polythéiste trouverait cette idée absurde, car : de une, il n'avaient aucune évidence suffisamment concrète de son existence ; de deux, si l'on voulait quelque chose d'eux, les ordres viendraient du Seigneur ; de trois, Aphrodite les aurait laissé sous la cascade au lieu de les attirer dans une grotte. Ces êtres dont la pensée était bridée par les discours fanatiques de quelques convoiteurs ne pouvaient regarder les choses naturellement. Le finlandais avait appris sans l'aide de personne à ne plus écouter que son corps, mais aussi son cœur. Ce dernier ne battait pas que pour faire vivre ce petit corps, mais aussi par amour envers ces lieux. Et il n'était pas animé par un instinct primitif de survie...
Puis Ethel se retourna vers lui, pour lui demander à quoi ressemblait la Nature d'où il venait. La Finlande était un pays des plus naturels, plus de 80% de sa surface était boisée et le tiers était entretenu par les habitants. Son peuple était écologiste depuis la nuit des temps, et les plus jeunes apprenaient très tôt à entretenir ses forêts. Le finlandais se souvenait de tout ce que ses parents leur avaient inculqués, à Inari et lui. Souriant, il se redressa pour s'asseoir, jambes croisées, à côté de l'adolescente.

« Je suis né dans le Nord de la Finlande, dans une région appelée la Laponie... Elle appartenait à un peuple très proche de la Nature, les Saamis. Aujourd'hui encore, ils ont un statut particulier dans toute la Scandinavie, et nous éprouvons un profond respect pour eux. Il marqua une courte pause, ne sachant comment continuer. Chez nous, reprit-t-il tout est marqué par la Nature. Nous vivons à son rythme. Le temps n'a pas la même valeur qu'ici : de fin-novembre à mi-janvier, le Soleil ne se montre pas ; c'est le Kaamos. Et de mi-mai à fin-juillet, le Soleil ne se couche plus ; c'est le Keskiyön Aurinko. Nos hiver sont très froids, et nos étés très chauds... »

Songeant à sa terre natale, il ferma les yeux un instant. Ce froid, pendant la nuit polaire, pouvait atteindre les -40ºC, et très peu de personnes arrivaient à le supporter. Jani était né dans cette nuit, il était le Lunaire. Inari, elle, était née en bonne Solaire, fin du jour polaire. Deux contraires dont les oppositions n'empêchaient pas l'amour. Depuis sa naissance, elle était omniprésente dans son cœur... Il rouvrit ses paupières pour observer la jeune fille à ses côtés. Physiquement, elle était loin de sa Prinsessa, mais leur attitude se rejoignait assez. Elles devaient avoir le même âge, et le même côté enfantin qui jouait un rôle important dans leur charme espiègle.

« D'où je viens, la mer n'est pas loin. En hiver, tout est enneigé, et les lacs sont gelés. Nos arbres sont des pins, des épicéas et des bouleaux, plus ou moins gros et grands... Mais lorsque l'on marche dans les bois,que l'on se rapproche du cœur de la forêt, tout devient si grand ! J'ai vu des arbres hauts de plus de cinquante mètres, se dressant fièrement à côté de leurs confrères... En hiver, les couleurs sont très froides mais la Nature n'est pas pour autant morte : on croise souvent des rennes sauvages ou élevés par les Saamis, des ours, des loups, des renards, parfois même des gloutons... Ce dernier animal l'avait marqué par sa cruauté, même s'il savait qu'il ne faisait que se comporter naturellement. Il revit au fond de lui l'image du renne blessé, ferma les yeux, poussa un soupir avant de déglutir sa salive et son souvenir. En été, la neige fond, et le paysage change. Des fleurs qu'on ne voit que chez nous et dont beaucoup redoutent encore l'existence poussent : ce sont des Tunturikeulankärki, des Lapinkuusio, des Uuvana. Elles sont d'une beauté rare et sauvage... Les Tunturikeulankärki ont une plusieurs têtes, qui ont chacune des pétales rosés ou violacés et allongés. »

Malheureusement pour Ethel, le finlandais ne connaissait pas le nom japonais de ces trois fleurs : l'Oxytropis de Laponie, la Pédiculaire de Laponie et la Diapensie de Laponie. À vrai dire, il ne se doutait même pas que des plantes existant uniquement en Finlande puisse avoir un nom dans une autre langue ! Il pourrait lui en parler pendant des heures durant, de la Nature qui l'a accompagné jusqu'à ce qu'il devienne adulte, car elle restait en sa mémoire comme un souvenir frais, celui d'une année qui n'était qu'un hier.

« Mais notre Nature ne se limite pas qu'à la faune et la flore... Notre ciel est aussi bien différent de celui de la plupart des pays. Pendant le Kaamos, on peut observer les aurores boréales. Avant même que nos rues soient éclairées par des lampadaires, notre ciel l'était par ces lueurs... lui décochant un sourire sincère en soutenant son regard de ses perles bleues, il conclut. C'est avec cette Nature que j'ai été éduqué. »

Il resta quelques instants sans bouger, se contentant de regarder celle qui lui semblait être comme lui, une occidentale, même si elle ne semblait pas non plus être scandinave. Baissant les yeux, il remarqua son pendentif en or, représentant ce qui lui paraissait être un mouton. Elle avait un accent plus parfait que le sien, cela devait donc faire un moment qu'elle vivait au Japon... Son nom était très anglo-saxon. Quelque chose lui échappait...

« Et toi, alors ? Elle ressemble à quoi, ta Nature natale ? »
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MessageSujet: Re: Baby Carni Bird   Baby Carni Bird EmptyDim 11 Mar 2012 - 15:23

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« Jani & Ethel»


Il était toujours fascinant de voir quelqu’un parler du pays où il était né. Dans les yeux du jeune homme, la rouquine avait pu apercevoir les étendues diaphanes, les arbres titanesques recouverts d’une robe de chambre glacée, la douce danse des aurores… Depuis combien de temps habitait-il au Japon ? Etant donné son accent encore légèrement nordique, les étoiles immenses et fraiches dans ses yeux, elle aurait parié sur un temps court, peut être deux ans ou moins. Jani s’étant relevé au milieu de ses paroles, elle plongea un peu plus profondément son regard dans le sien, cherchant à y trouver les souffles de la Laponie.

Et son pays à elle ? Celui qui flottait dans son cœur depuis sa naissance, et qui n’avait jamais quitté ses pensées. Dès que Jani posa sa question, elle porta sa main à son cou, où était attaché son pendentif en forme de mouton. Au dos était gravé le nom du meilleur ami qu’elle n’ait pu prétendre avoir, et tant pis s’il ne s’agissait que d’un bovidé à poil doux. C’était le souvenir le plus cher qu’elle ait. Parce qu’il englobait dans sa totalité tout ce qui avait pu la faire sourire. Des balades en forêt à ses premiers essais de peinture, il avait toujours été là, n’ayant même pas besoin de parler pour rassurer la jeune fille. Certes, elle avait grandi avec un mouton, mais personne n’avait jamais trouvé cela mal. Ses parents avaient toujours porté sur elle un œil bienveillant, et su être là lorsqu’il le fallait. Du moins lorsqu’elle était en Angleterre.

« J’ai eu la chance de grandir dans le Nord-Ouest de l’Angleterre, juste à côté de Daresbury. Un comté nommé Cheshire, juste à côté de la mer. Un endroit sans aucun doute très différent de la Laponie. Pas de grand froid ou de lacs verglacés, ni même d’aurore boréales. Ce sont plus des plaines verdoyantes à perte de vue… »

Il avait tout de même grandit dans le Nord, comme elle. Même si son Nord à lui était par rapport au monde, et le sien par rapport à un seul pays. Lorsqu’elle évoquait le Nord de l’Angleterre, la plupart des gens avaient dans les yeux et dans l’esprit des grands complexes industriels, alors que son comté était tout autre. Très rural et traditionnel, il était baigné d’autant de pluie que les autres, ce genre de climat où quinze degré peut ressembler à une canicule.
S’allongeant doucement sur la mousse, elle porta son regard sur le plafond de pierre qui fermait l’alcôve où ils s’étaient couchés. Assez claustrophobe et agoraphobe lorsque l’espace venait réellement à manquer, Ethel n’avait jamais ressenti cela pour les habitacles naturels. La jeune fille s’y sentait bien trop à l’abri pour pouvoir en avoir peur.

« Mais je suis née juste à côté d’une grande forêt, honnêtement la plus belle qui m’ait été donné de voir dans ma vie. Des arbres bas, aux grandes feuilles, des pierres pleines de mousses à chaque détour. Plus intimiste et chaleureux qu’ici, malgré la pluie qui tombe souvent. Je ne me suis jamais réellement intéressé au nom exact des plantes et arbres, les seuls noms que je leur donne sont ceux que mon esprit a inventé. »


Fermant les yeux un instant, elle se plongea dans les délicieux souvenirs de son enfance. Beaucoup étaient voilés par les années passées, après tout, elle aurait pu dernièrement souffler les dix bougies de sa présence au pays du soleil levant. Même si elle retournait chez sa Grand-mère plus de trois fois par an, et que ses parents possédaient toujours le même terrain avec sa maison natale, quelque chose était brisé dans son univers idyllique. Comme une espèce de mélancolie languissante. Elle n’était pas japonaise, cette certitude renforcée par ses cheveux roux et ses yeux clairs, mais elle n’était plus totalement Anglaise, trop imprégnée d’une autre culture pour se reconnaitre entièrement dans celle où elle était née. Le problème que rencontrait beaucoup des gens ayant la double nationalité, et qui perdaient de vue le pays le plus cher à leur cœur. La rouquine n’était même plus sûre de pouvoir tenir une conversation avec un véritable anglais pendant plus de quelques minutes. Dans sa maison Japonaise, l’Anglais était la langue « officielle », mais elle avait tout de même perdu énormément.
Se tournant face à Jani, elle le regarda dans les yeux, la mine triste.

« Des fois, tout cela me manque, j’ai l’impression de ne plus y appartenir, cela fait pratiquement dix ans que je n’y habite plus… Mais je n’ai rien oublié. »


Bien sûr, cela ne voulait rien dire, mais il vibrait au fond d’elle une partie immense qui voulait retourner là-bas. Cette partie engloutissait toutes les autres, mais la voix de la raison lui montrait bien qu’elle se devait de rester encore un an, au moins. Le Japon était un pays magnifique, mais il n’y avait pas assez de moutons, de fleur telle que les chardons où les roses. Pourtant, si elle n’avait pas séjourné en Angleterre pour une période supérieure à deux mois depuis son départ, son imaginaire refusait d’oublier. Tous ces contes d’enfance, ces animaux qu’elle côtoyait et ces grands arbres restaient imprimés pas seulement dans son esprit, mais dans son cœur. Comme un amour incapable de mourir, éternel.


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MessageSujet: Re: Baby Carni Bird   Baby Carni Bird EmptyVen 16 Mar 2012 - 1:15

Baby Carni BirdFeat: Ethel Dawkins
La jeune fille avait écouté sa tirade sans prononcer le moindre mot, et dans le plus grand des respects, le finlandais en fit de même lorsqu'elle lui expliqua d'où elle venait. Anglaise, du Nord, un milieu qu'il croyait très industrialisé... Mais apparemment, elle avait grandi à la campagne. Si de la Nature, il connaissait la sauvagerie, le froid, le temps qui change, elle, elle connaissait la pluie. Probablement mieux que personne, mais mieux valait ne pas se fier à se cliché : il ne pleuvait pas qu'en Angleterre, et avec le réchauffement climatique, il avait entendu dire que leur météo s'améliorait. Lui prêtant la plus grande attention que possible, il ne put s'empêcher de regarder une nouvelle fois son pendentif à l'effigie d'un mouton. Elle y était sentimentalement très attachée. Un cadeau ? Un héritage ? À défaut de ne pas savoir, il évita de spéculer intérieurement à son sujet et continua de la suivre. Dans sa tirade, il s'était redressé. Elle venait de s'allonger, et regardait le même plafond qu'il admirait lorsqu'il était dans la même position qu'elle. Sa façon de lui parler de sa Nature, des arbres qui l'avaient accompagnée dans son enfance, lui rappela une fois encore qu'il avait eu tort sur son jugement, là-haut. Elle en était très proche, entretenait une relation intime avec eux. Non ! Pas intime à ce point ! Au vu de son attitude, elle ne semblait même pas s'inquiéter pour les troncs, ou les branches, ou tout autre symbole phallique. Non, elle lui semblait tout à fait chaste, innocente, mais surtout pure. Un cœur profond, doux, mais probablement fragile. Une folie intrigante. Elle avait ce petit quelque chose qui devait en rendre fou plus d'un... Ses pensées le firent sourire, mais il ne nota pas qu'elle avait fermé les yeux et réfléchit. Il la vit juste se retourner vers lui, la mine triste. Son regard plongé dans le sien, il fit de son mieux pour ne pas perdre son sourire. Il était heureux, et s'il partageait sans la comprendre son chagrin, il était plus doux d'offrir un sourire que des larmes.

« Des fois, tout me manque, j'ai l'impression de ne plus y appartenir, cela fait pratiquement dix ans que je n'y habite plus... Mais je n'ai rien oublié.

Jani amena sa main lui caresser sa joue en rendant son sourire aussi réconfortant que possible.

- Un jour, alors que je doutais du chemin que je prenais, une petite mais sage fille m'a dit : "Si tu ne sais pas où tu vas, souviens-toi d'où tu viens". »

Un an plus tard, il quittait son pays, suivant un chemin brumeux sans savoir où il allait, retenant simplement qu'il était de la Finlande. Jamais il ne pourrait oublier sa patrie, et par ses souvenirs, ses terres enneigées étaient toutes sacrées. Que la guerre soit déclarée, que les suédois ou les russes essaient de s'en emparer, il irait lui-même leur barrer la route ! Un pays aussi jeune, aussi libre, aussi méritant... Personne n'avait le droit d'oser même imaginer le souiller. Comme bien des hommes, il y laisserait sa vie s'il le fallait... Ces arbres, ces sourires, ses premières notes, sa Solaire, son père et sa mère, Inari... À sa pensée, à son songe, à son rêve, à son fantasme, il poussa un soupir en fermant les yeux. Bien des choses lui manquaient. Il ne savait toujours pas où il allait, et la partition qu'il avait remplie plus tôt dans la matinée était restée là-haut avec sa veste. Il ne la retrouverait probablement pas, et son humeur avait complètement changé depuis le temps. Du calme bercé par des notes tombant comme une douce pluie, il était passé à un sentiment d'harmonie parfaite, de consonance avec la Nature. Le vent. L'eau. Ethel...
Sa peau était douce, ses joues roses mais froides à cause de l'eau. Son regard d'émeraude semblait aussi profond que celui qui lui servait d'océan. Leurs yeux étaient comme des symboles de leurs origines. Il achevait seulement sa caresse, ses doigts glissant le long de sa mâchoire. Différente, elle lui semblait familière, et quelque chose en elle lui renvoyait qu'il la connaissait depuis toujours. Elle avait des traits communs avec bien des éléments de son passé, des demoiselles, elle... Il secoua la tête, chassant ses pensées. Elle la lui rappelait. Bien trop. Mais elle en était aussi bien trop différente. Seuls sa présence et son état se ressemblaient...

« Dix ans... Ça n'en fait qu'un peu plus d'un pour moi, et tout me manque déjà. Tout m'a toujours manqué. Les amis, les sourires, la langue... Soupirant, il s'allongea à son tour à côté d'elle, la tête face au plafond. Dix ans ! Mais comment tu tiens ça ? Je ne le pourrai pas... »

Cela faisait tout de même un peu plus d'un an qu'il était loin de ses amis, loin de sa famille, loin de sa Solaire. Et Ivanna... Repensant à toutes ces personnes, non, il ne tenait pas. Son attitude... Était-ce une compensation ? Le corps procurait beaucoup de plaisir, il avait toujours été ainsi, mais l'éthique le bloquait pour bien des choses ! Il ferma les yeux. Il craquait plusieurs fois par semaines, loin de sa petite sœur. Il avait besoin d'elle. Elle avait besoin de lui. L'amour ambiguë de la fraternité était difficile à supporter et à retenir lorsque les cœurs se rapprochaient. Les cœurs... Les corps... Il rouvrit les yeux, embarrassé par la pensée qui l'eut chauffé en espérant ne rien laisser transparaître. Il rougit peut-être légèrement, mais innocente comme elle était, elle ne le remarquerait pas. Se contentant de cette idée et comme pour la confirmer, il se tourna sur le côté, soutenant sa tête d'une main, et la regarda, souriant, sincère et malicieux à la foi.

« Tu voudrais y retourner ? Pour des endroits comme celui-là, rester ne me dérangerait pas... »

Demi-mensonge. Il souriait, il appréciait, mais la Nature avec laquelle il a grandit était celle qui lui plaisait le plus, il le savait. La caverne... Ah ! Elle ne lui donnait pas l'envie de s'y abandonner. Mais...
© Jani Lumisielu
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Ethel Dawkins
♦ Civil - Œnologue
Ethel Dawkins


Genre : Féminin Verseau Coq Age : 30
Adresse : Quartier Hiryuu, Immeuble Sakura, Appt 33
Compteur 443

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                                   :

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MessageSujet: Re: Baby Carni Bird   Baby Carni Bird EmptySam 17 Mar 2012 - 15:24

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« Jani & Ethel»


Elle avait souvent comparé l’Angleterre au pays de ses rêves enfantins. Même si elle n’était pas devenue une adolescente dès son arrivée au Japon, son pays natal gardait tous les bonheurs de l’enfance, et tous les rêves roses. C’est au pays du soleil Levant qu’elle avait commencé à faire n’importe quoi, à chercher à voler toujours plus haut, peut-être pour retrouver cet état d’ébahissement naïf qu’elle côtoyait auparavant. Lorsqu’elle partait en vacances, elle ne touchait pas à la drogue, ne parlait pas de ce qui lui faisait mal, ignorait ceux qui pouvait lui donner des mauvais conseils. Elle avait surement était obligée de grandir bien plus vite au Japon qu’elle n’aurait dû le faire en Angleterre. Sans savoir si c’était un mal, elle avait perdu dès sa huitième année une partie de son innocence. Ses vêtements, son attitude, ses expressions, n’étaient qu’une quête désespérée vers les heures ensoleillées de l’enfance. Se souvenir d’où elle venait ? Si seulement les souvenirs étaient aussi faciles que cela à attraper. Tels les lutins qu’elle chassait innocemment lors de sa jeunesse, les souvenirs étaient des êtres fuyants, dont on finissait par se demander l’existence réelle. Se souvenir d’où elle venait. Se souvenir de ce à quoi elle appartenait réellement. Elle n’était pas des cerisiers en fleurs ou du Fuji-Yama. Elle était collines brumeuses et des grandes forêts moussues. Et surtout, elle était un mouton, si si.

« Dix ans... Ça n'en fait qu'un peu plus d'un pour moi, et tout me manque déjà. Tout m'a toujours manqué. Les amis, les sourires, la langue... Dix ans ! Mais comment tu tiens ça ? Je ne le pourrai pas... »

Elle soupira. La question était souvent revenue dans son esprit. A vrai dire, sans Castiel, elle aurait surement tout détruit pour y retourner, ou tout oublié… Un Anglais tombé du ciel, qui avait subi la même déterritorialisation qu’elle. Mais en prétendant l’aider, il l’avait enfoncé. Et elle continuait à le croire aveuglement. Tout lui manquait également. Elle parlait la langue chaque jour, mais ce n’était pas aussi réel. Si elle sortait de sa maison, le monde entier semblait parler Japonais, et ne pas la comprendre si elle ouvrait la bouche en usant de son langage natal. Ses amis étaient vite réglés, elle n’en avait eu aucun. La vieille voisine avec qui elle prenait le thé – morte depuis des années – le bucheron bougon qu’elle avait appris à apprivoiser et désarmer par son sourire. C’était à peu près tous les sourires qu’elle avait su récolter. Par les enfants de son âge, elle avait eu les coups et les rires moqueurs, les insultes et les menaces. Tout cela lui manquait réellement ? Seule la nature et les animaux restaient réellement des mesures à sourire.

« Une seule année est déjà énorme, je me rappelle en avoir souffert dès les premières heures. Mais ce ne sont pas véritablement les contacts humains que j’ai pu avoir qui me manque, ils étaient trop peu nombreux. Seul la Nature et les moutons restent des vides dans mon cœur. »


Les moutons. Etonnamment, la plupart de ses pensées revenait pour eux ces dernières heures. Elle qui tentait de les laisser de côté, faute de ne pas pouvoir en voir au Japon. Plus que son propre mouton, la race entière lui manquait. Leurs cris adorables, leur laine douce dans laquelle elle se perdait. Beaucoup prétendaient que cette race n’était pas affective, mais ils avaient torts. Car ils étaient assez neutre pour l’avoir écouté dans flancher, et pour l’avoir laissé se blottir contre eux lorsqu’elle était en larmes. Sa mère était toujours trop pressée, son père trop absent. Quand la maison était vide de bruit et de présence, quand même le vent n’arrivait plus à entendre ses larmes, elle sortait marcher, pendant des heures – personne ne s’était inquiété de son absence – et cherchait des moutons. Depuis son arrivée au Japon, elle avait toujours cherché en vain.


« Tu voudrais y retourner ? Pour des endroits comme celui-là, rester ne me dérangerait pas... »


Y retourner… N’importe quel lieu du monde, n’importe quelle personne, ne vaudrait son pays natal. Il était certain que le Paradis même n’avait pas ce goût de repos et d’apaisement. Le Cheshire, Daresbury, était les seules évocations qui pouvaient rendre le sourire à son cœur meurtrit. Même la plus belle cascade japonaise, la caverne la plus tranquille, lui donnait envie de se retrouver dans les bras de son pays natal. Il était loin, mais hantait ses pensées chaque jour. Savoir qu’elle le retrouverait, qu’importe le nombre de jours ou de mois, était matière à sourire, et à se lever chaque jour. Sa mère s’était excusée un jour de l’en avoir séparé, elle n’avait rien répondu, car elle savait bien que ses deux parents se plaisaient comme jamais au Japon. Elle ne pouvait les blâmer pour cela, ils avaient vécu la vie qui leur plaisait en Angleterre, et finirait maintenant leurs jours à l’endroit qu’ils avaient choisi. La rouquine avait un jour découvert que le travail qu’on avait proposé à sa mère était initialement en Angleterre, et qu’elle avait préféré une autre offre au Japon. Si elle n’avait pas pensé à sa fille en changeant de pays, elle ne pouvait lui en vouloir, elle avait vécu la vie qu’elle avait choisie, et c’était tant mieux pour elle, pour eux.

« Même pour des endroits comme celui-ci, je veux rentrer. Et je sais que je le ferais ! Et ce n’est pas pour courir après un passé lointain. »

Pourtant, elle appréciait cet instant comme il était. Qu’importe si elle ne retrouvait jamais cet endroit, si elle ne revoyait jamais Jani. Cette après-midi avait été belle et jamais elle ne le nierait. Seulement, si elle avait dû choisir, elle ne serait pas là. La rouquine savait profiter du temps présent. Seized the day. Et elle mettait souvent cela en pratique. Quand elle le pouvait tout du moins. Souriant doucement, elle regarda Jani dans les yeux. N’importe quelle fille aurait surement ressenti de la pudeur, mais il fallait pour cela avoir idée de ce que son dénudement représentait. Elle n’était qu’une enfant en petite culotte, et ne pouvait penser comme les autres adolescentes de son âge.

« Pourquoi n’y retourne-tu pas, alors ? »

Qu’est-ce qui peux retenir un homme si loin de sa terre natale, quand il y semble si attaché ? C’était la question qui venait de s’imposer à l’esprit d’Ethel. Pour elle, la réponse était peut-être la lâcheté, et la peur. Elle s’excusait elle-même en se disant qu’elle était trop jeune, et qu’elle devait finir au moins le lycée. Avec un peu plus de couilles, elle serait allée habiter chez sa Grand-mère, elle se serait inscrite en lycée Anglais. Mais elle restait ci, à regretter son passé et à s’en suffire. Pour ces instants volés en forêt, elle ne regrettait plus d’être ici. Mais la routine et les jours s’alignaient, sans même que ses parents ne soient là pour justifier sa séparation.







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