Tout seul sous la neige [PV Han Yun-Jin]

Le Week-end, enfin, depuis lundi dernier je n'attends que ça. Tous ces cours sont d'une longueur, j'ai l'impression que c'est trop pour ma petite tête. Etrangement Onee-chan n'as pas l'air de s'en plaindre, bien au contraire. Peut-être que ça lui fait du bien d'être entouré d'autre personne plutôt que d'être toute seule à la maison. Elle a mêmedemandé à rester à l'académie plutôt que de rentrer à la maison avec moi, du coup je suis obligé de faire la route tout seul, sous la neige qui tombe à gros flocons en cette journée de février, une des plus froides de l'année. A peinesortie de l'immense bâtiment principal je me mets à courir vers les grilles d'entrée, je suis en retard. Je ne pense pas que Hishori m'attende longtemps à l'entrée si je ne me dépêche pas. Il est toujours pressé et comme Papa est en voyage c'est lui qui vient me chercher, déjà qu'il va râler parce que Mitsu ne vient pas avec nous... Hiroshi ne sais pas prendre son temps, si ça ne tenait qu'à lui il ne viendrait même pas, mais comme il veut se faire bien voir par Papa et Maman il n'a pas trop le choix, alors il s'occupe de Mitsu et moi, même si je pense que je vais devoir me débrouiller tout seul jusqu'à ce que Maman et Papa reviennent...

Arrivé à la grille je regarde à droite et à gauche, pas de voiture avec l'emblème de ma famille, je regarde quand même au cas où il aurait pris sa voiture personnelle, mais non même pas, il est déjà partit, peut-être même qu'il n'est pas venu, ça lui ressemblerait bien. Il va prétexter qu'il n'avait pas le temps, qu'il a envoyé un domestique et que c'est moi qui n'ai pas été assez malin pour le voir, comme il fait à chaque fois. Ce n'est vraiment pas juste, je ne sais pas ce que je lui ai fait pour qu'il soit aussi méchant avec moi, Aniki n'était pas comme ça lui, il était toujours gentil et souriant, pas comme Hiroshi qui passe son temps à se plaindre de moi et Mitsu. Je décide d'attendre quand même, au cas où il viendrait. Trouvant un petit recoin abrité je décide de m'asseoir. Le froid pénètre presque mes os, je n'aurais peut-être pas dû mettre un short aujourd'hui, ce n'était pas le bon moment je pense. J'ai beau avoir un poncho qui tombe jusqu'à mes genoux ce n'est pas assez pour me protéger efficacement du froid. je réajuste mon bonnet sur ma tête et décide de regarder les passants, histoire de passer un peu le temps. Les gens ont tendance à ne pas me regarder en dehors de l'école. Dans cette académie on me regarde toujours de travers, j'imagine que c'est parce que je suis pas vraiment comme les autres garçons dans mon âge. Mais puisque moi ça me dérange pas, je ne sais pas pourquoi ça dérange les autres, mais toujours est-il que ça les dérange. Mais dans la rue j'ai l'impression d'être normal, c'est quelque chose que je ne ressens nulle part ailleurs, pas même à la maison. Parce que dehors je n'ai pas l'impression qu'on me juge ou qu'on me regarde étrangement.

Voilà prêt d'une demie heure que j'attends, aucun des surveillants de l'école n'a vu de voiture avec les emblèmes de ma famille, il n'est donc même pas venu me chercher, pas vraiment une surprise. Je ne sais pas vraiment quoi faire, la maison est assez loin de l'école à pied et je n'ai pas de sous sur moi pour payer les transports en commun. Je rentrerais bien à L'académie pour parler à Mitsu de toute cette histoire, ou au moins pour appeler Hishori pour qu'il vienne, mais les grilles sont fermées maintenant... et dire que j'attendais ce week-end avec impatience, il commence plutôt mal... Je décide d'attendre encore, Hishori ne pourra pas me laisser comme ça éternellement, il va bien finir par venir, du moins j'espère. Je sers fort Mr Bunny contre moi. S'en même m'en rendre compte je me mets à pleurer.

La nuit commence à tomber, c'est vrai qu'elle tombe vite en hiver. J'avais oublié à quel point il pouvait faire nuit tôt en cette période de l'année. Hishori n'est toujours pas arrivé, je ne sais pas trop ce que je vais faire. Je pourrais certes rentrer à pied, mais en pleine nuit et tout seul ce n'est peut-être pas une bonne idée et ça donnera à Hishori une raison de plus pour me gronder. D'un autre côté si je reste là il va dire que j'ai 16 ans et que je suis grand maintenant, assez pour rentrer tout seul. Donc dans tous les cas je me ferais gronder et c'est justement ce choix qui fait que je ne sais plus quoi faire, à part attendre ici. Mais je ne peux pas passer la nuit là, si Papa et Maman ne m'ont pas au téléphone ce soir ils vont s'inquiéter et moi je vais avoir très froid...

Tout à coup je sens que quelqu'un touche mes épaules, immédiatement je sursaute, tentant tant bien que mal de cacher mon visage en larme. Juste après, il relève mon menton, un peu comme Aniki faisait quand il voulait me consoler. Au contact de cette main sur mon visage je perds toute méfiance, comme rassuré par ce contact qui m'évoque tant de bon souvenir, les souvenirs heureux de l'époque où Aniki était encore en vie. Je sais que ce n'est pas bien de me laisser aller comme ça, il y a des gens méchants dans les rues. Maman m'a souvent répété que je ne devais pas parler aux inconnus et tout ce genre de choses, mais là entre le froid, Hishori qui n'arrive pas et ce contact, je n'arrive pas à garder la tête froide. Je me laisse donc faire, dévoilant mon visage couvert de larmes. Alors que j'essuie je découvre un visage, c'est celui d'un garçon. Il a les cheveux noirs, mais entre mes larmes et la pénombre ambiante c'est la seule chose que je saurais dire à propos de lui. Il se plaint de ma tenue, visiblement lui aussi pense que le short en plein hiver ce n'était pas une bonne idée. Mais pour une fois que je pouvais m'habiller comme je le voulais sans avoir à porter l'uniforme de l'école... et puis après tout je ne pensais pas rester comme ça dehors. Toutefois, je ne dis rien de ce que je pense, visiblement il se parlait à lui-même, il n'attendait pas une réponse de ma part. La vraie question est arrivée après.

Il me demande d'arrêter de pleurer, chose que j'arrive plus ou moins à faire. Avant qu'il n'arrive je n'étais pas vraiment conscient que je pleurais, je pensais juste que je me plaignais, pas que des larmes coulaient. Ce n'était pas ce genre de pleurs qu'on ne peut pas arrêter. Et puis il a raison, je ne suis plus tout seul maintenant, puisqu'il est là, même si je sais que je dois faire attention. Je considère toujours au départ que les grands sont méchants et donc qu'il faut se méfier, c'est pour ça que je ne veux pas devenir grand. Et lui n'échappe pas à la règle. Mais à la lumière d'un des lampadaire je le vois sourire, un sourire qui ne peut pas être faux, du moins j'image. Il me demande si je suis perdu. C'est vrai, est-ce qu'on peut considérer que je suis perdu ? D'un côté je sais où je suis et je sais où est ma maison, mais en même temps je n'oserais jamais m'y rendre tout seul... la voix encore pleine de sanglots je prends la parole

« euh... non je suis pas perdu... j'attends mon grand-frère, il devait venir me chercher à la sortie de l'école... »

ma timidité maladive me force à détourner les yeux de ce garçon qui n'a pas l'air d'avoir de mauvaises intentions. D'un seul coup il me fait un peu peur, pas tant parce qu'il pourrait me faire du mal, mais plus à cause de ce qu'il pourrait penser de moi. C'est vrai après tout je suis devant une école pour grand et la plupart des autres élèves savent rentrer chez eux tout seul en cas de pépins, mais moi j'en suis même pas capable, je suis là à attendre. Je replonge ma tête contre mes genoux et contre Mr Bunny. Je sens le sang monter au visage, comme pris de honte d'avoir pleuré comme ça devant tout le monde.

« mais ma Maman m'a dit que je ne devais pas parler aux inconnus... »

à vrai dire j'aimerais qu'il reste, je veux pas être tout seul en pleine nuit, mais en même temps j'ai peur qu'il reste, qu'il me juge. J'ai l'impression que j'ai toujours un choix à faire : grandir ou rester petit, aller vers les autres ou rester tout seul, j'ai toujours un choix à faire...

D'une voix étranglée, Yun-Jin eut enfin sa réponse. Mais plus que les mots, ce fut le son émis qui l'interpella.

« Euh... non je suis pas perdu... j'attends mon grand-frère, il devait venir me chercher à la sortie de l'école... »

Il s'attendait à quelque chose de plus … enfantin. Il bugge pendant deux secondes, durant lesquelles son sourire reste figé. Il percute alors ce que vient de lui dire celui qu'il a pris pour plus jeune encore. À ... À la sortie de l'école? Yun-Jin relève la tête vers le portail, apercevant clairement les hauts de Keimoo dans la nuit enneigée. Est-ce qu'il veut dire qu'il étudie à Keimoo ? Diantre. Diantre, diantre, diantre. Un surdoué? Ou bien est-ce qu'il ne fait pas son âge? Il s'habille pourtant comme un enfant...

Le dit enfant enfouit sa tête dans ses genoux. Et contre ce lapin. Est-ce qu'un surdoué, même jeune, garde son lapin avec lui? Yun-Jin se relève, un peu prit de court par ces questions. Bon. Jeune ou pas, le petit blond est en short, dehors, par moins de zéro. Ni une ni deux, Yun-Jin pose son sac à terre ( dans la neige, parfaitement ), et enlève son manteau. La morsure du froid vient lui chatouiller les côtes, mais il s'en fiche. Son bonnet lui tient la tête au chaud, l'écharpe garde le cou, et les gants s'occupent des mains. L'essentiel.

« Mais ma Maman m'a dit que je ne devais pas parler aux inconnus... », ajoute le blondinet alors que Yun-Jin se bat avec sa manche qui ne veut pas laisser son poignet.

- Et elle a bien raison. Pour n'importe qui, la nuit c'est dangereux.

Enfin, la manche cède. Yun-Jin tâte le poncho, il est humide. Son propriétaire devait avoir passé trop de temps sous la neige. Coinçant son manteau entre ses jambes pour ne pas le poser par terre, Yun-Jin l'incite à se mettre debout et à lever les bras.

- Je vais t'enlever ton poncho, sinon tu vas attraper froid. Non mais vraiment …

Yun-Jin pense à ce soit-disant grand frère. Quel genre de grand frère laisse son cadet seul ? Quel genre de grand frère OUBLIE son petit frère ? Il est plus que tard, quelqu'un aurait du se rendre compte de l'absence du gosse. Une fois le poncho enlevé, Yun-Jin lui met sa parka. Elle est trop grande bien évidemment, mais au moins il aurait chaud. Il l'aide à bien passer les bras dans les manches, retournant le bout autant de fois qu'il le faut.

- Bon. Voilà qui est mieux.

Le poncho finit roulé dans un coin. La parka descend plus loin que lui, ce qui satisfait le coréen. Étant fils unique, Yun-Jin n'a évidemment aucune expérience de grand frère ou même de petit frère. Mais pas besoin d'être issu d'une famille nombreuse pour avoir du bon sens. De nouveau, il s'accroupit.

- Tu sais par où aller pour retourner chez toi ?

« Oui. »

-Parfait.

Tendant la main, il attrape le poncho qu'il fait rentrer du mieux qu'il peut dans sa poche de devant, heureusement vide, rallonge la lanière de son sac bandoulière et se la passe sur l'épaule. Une fois fait, toujours accroupi, il fait un demi-tour, lui présentant son dos.

- Grimpe. Je te ramène chez toi.

Le garçon me fait me lever, au début je ne comprends pas bien ce qu’il a en tête, mais engourdie par le froid je me laisse faire alors qu’il m’enlève mon poncho. Paradoxalement sans mon poncho j’ai nettement moins froid, je ne m’étais même pas rendu compte qu’il était complètement humide. La neige et la laine ça fait pas bon ménage il faut croire. Il m’enfile sa parka qu’il a enlevée pendant que je ne regardais pas. Je me demande pourquoi il fait ça, est-ce par pure gentillesse ou par simple bon sens ? Je ne sais pas vraiment. Toujours est-il que c’est un geste très gentil, un geste qui me touche.

« - Bon. Voilà qui est mieux. »

D’un geste de la tête je le remercie. Je n’ose même pas lui parler, un peu intimidé par ce grand garçon qui semble si gentil, ce garçon qui fait attention à moi là ou même Hishori m’a laissé tomber. Je baisse les yeux pour ne plus voirs son visage, ma timidité m’empéche de le regarder directement dans les yeux, pourtant il n’a pas l’air méchant, c’est l’un des seuls grand que je connait qui est vraiment gentil avec moi depuis longtemps, en même temps il ne sais rien de moi, il doit surement me prendre pour un petit garçon comme les autres, et c’est pour ça qu’il ne me juge pas. Mais je ne peux pas le regarder pour autant. Malheureusement pour moi il s’accroupit à nouveau. Affrontant ma timidité maladive je tente de le regarder dans les yeux alors qu’il commence à me parler.

« - Tu sais par où aller pour retourner chez toi ? »

C’est bien là le problème, je sais où j’habite, je sais comment y aller, la route n’est pas compliquée, mais je n’ose pas y aller, par peur de la nuit. Je suis un froussard, je le reconnais, mais la nuit me fait tellement peur que je ne pourrais pas même faire un pas tout seul. Peut-être parce que Aniki est mort en pleine nuit. Moi j’étais dans l’avions avec Papa, on revenait de voyage, mais peut-être que ça m’a touché plus que je croyais. Toujours est-il que maintenant je n’ose plus faire un pas dehors quand le soleil est couché. Mais là c’est différents, car je ne suis pas tout seul, ce garçon est là, et il ne me veux pas de mal, au contraire, alors je n’ai pas peur, ou disons moins peur. D’ailleur je ne doit pas avoir peur, je suis un grand garçon. Malgrés tout je n’ose rien dire, d’une voix tremblante la seul chose que je parvient à prononcer est une petit « oui » étouffé. Peu après le grand garçon me montre son dos. Je ne comprend pas vraiment où il veux en venir. Sa phrase suivante m’éclaire immediatement.

« - Grimpe. Je te ramène chez toi.»

C’était pour ça qu’il me montrait son dos… c’est une idée en peu bizzare je trouve, d’accord je suis encore petit, au moins dans ma tête, mais je suis quand même pas un bébé, je sais marcher. J’hésite à faire ce qu’il me dit. C’est vrai que ça serait l’occasion de rentrer facilement chez moi sans trop d’embrouille, mais que dirait Hishiro si il me voyait arriver sur le dos d’un incconu ? je risquerait de me farie gronder, même si dans tous les cas je risque de me faire disputer, mais là ça serait pire encore… En plus je ne sais rien de ce garçon, peut-être qu’il n’est pas aussi gentils qu’il n’y parait. Après avoir rammassé Mr Bunny que j’avais laissé par terre pendant que le garçon me mettait sa parka, je m’approche de lui, toujours sans le regarder, remuant le pied nerveusement

« C’est que… mon grand frère risque de ne pas apprecier si il me voix rentrer avec un inconnu… et comme Papa et Maman sont en voyage pour leur travail… »

Si Hishori n’avait pas été là, je n’aurais pas hésité une seconde, seulement voilà c’est mon grand frère, et c’est lui qui s’occupe de moi quand Papa et Maman sont parti, je n’ai pas mon mot à dire dans cette histoire…

Voilà un cruel dilemme, suivre le dénommé Yun-Jin ou non ? Là était toute la question. Dans tous les cas je me ferais gronder par Hishorialors quitte à tout perdre je devrais peut-être demander à Yun-Jin de m'accompagner, je n'ai rien à perdre. L'ennui c'est que je ne veux pas que lui ai des ennuis à cause de moi, ça m'embêterait encore plus que de rester tout seul. C'est ça le vrai problème et comme je connais Hishori il ne va pas remercier Yun-Jin de m'avoir raccompagné... je baisse les yeux au sol. Deux larmichettes tombées de mes yeux tombent sur la neige, laissant deux traces sombres sur le blanc immaculé de la rue gelée. Je sers fort Mr Bunny contre moi. Si Akemi avait été là je n'aurais pas eu aussi peur, mais il n'est pas là. Sans lui je suis perdu, je ne sais pas quoi faire...essuyant les larmes qui commencent à redoubler sur mes joue je reprends la parole

« c'est que... j'ai peur tout seul... mais... »

Dans un élan de tendresse incontrôlé je prends Yun-Jin dans mes bras. La différence de taille entre nous se fait clairement sentir, c'est la première fois que je me sens aussi petit par rapport à quelqu'un, peut-être parce que d'habitude je n'ai pas l'occasion d'y porter attention. Je ressens à nouveau l'envie de pleurer qui me gagne, mais je me retiens, je ne dois pas pleurer, pas encore, je suis un grand garçon maintenant. Les grands garçons ne doivent pas pleurer. Pour tenter de calmer cette envie de pleurer je décide de me concentrer sur des souvenirs heureux, le temps passé avec Akemi, nos retrouvailles avec Mitsu, mon arrivée à l'école. Tous ces souvenirs joyeux parviennent à me calmer un peu, du moins assez pour que je parvienne à reprendre le contrôle pour terminer ma phrase. Je baisse les yeux au sol alors que je lâche Yun-Jin, complètement rouge de honte. J'imagine aisément que mes yeux sont totalement rouges à cause de mes pleurs incessants, mais je m'en fiche, tout ce que je veux maintenant c'est rentrer à la maison.

« ... mais je veux pas que tu te fasses embêter par Hishori par ma faute... »

Car d'une certaine manière c'est de ma faute, si j'étais devenu grand comme les autres garçons ça serait pas arrivé, j'aurais pu rentrer à la maison tout seul comme font les autres de mon âge. Mais au lieu de ça je suis resté un petit garçon qui a peur dès qu'il est tout seul, donc oui c'est un peu ma faute... c'est ma faute car c'est moi qui ai choisi de ne pas grandir, de rester petit, pour ne pas finir comme Aniki ou Hishori... mais maintenant je n'ai plus le choix, je ne peux plus grandir, c'est trop tard... Serrant une nouvelle fois Mr Bunny contre moi je dis tout bas, d'une voix à peine audible

« scusami Yun-Jin, désolé de ne pas être comme les autres enfants de mon âge... »

- Tu as quel âge ? … Enfin je dis ça, mais en fait peu importe.

« Heu... Je... je suis élève ici...

Du doigt je lui montre l'Académie Keimoo. Bien que ça ne réponde pas vraiment à la question, j'hésite à en dire plus à mon sujet, de peur d'être mal jugé, surtout après tout ce qui vient de se passer... En effet, le grand a beau dire que ça lui importe peu, rien ne me dit qu'il comprendra ce que je suis, qu'il comprendra que je ne suis pas un enfant normal. Déjà ma présence à l'académie doit lui sembler bizarre, puisqu'il me voit comme je suis dans ma tête, comme un enfant. Mais si en plus je lui dis que je n'en suis pas un, il va me trouver encore plus bizarre. Or moi je n'en peux plus qu'on me trouve bizarre... Après avoir un peu ajusté mes cheveux pour être un peu présentable je soupire. Il faut bien que je lui dise la vérité, il me propose de me ramener chez moi, je ne peux pas lui mentir. Mais peut-être qu'après il refusera de m'aider, prétextant que je suis assez grand pour me débrouiller tout seul. Que faire ? Mentir ou dire la vérité ? Aniki... qu'est-ce que tu ferais, toi, à ma place ? Non. Pour toi la question ne se poserait même pas. Tu as toujours été la fierté de Papa et Maman, alors que moi, moi je ne suis rien de tout ça... Après quelques minutes à être perdu dans mes pensées je me rappelle de la situation, je suis dehors, devant l'école, avec Yun-jin. Je secoue la tête pour chasser toutes ces idées noires de mon petit crâne. Apparemment le grand a parlé pendant que je pensais, mais je n'ai pas vraiment porté attention à ce qu'il disait, je n'ai entendu que la toute fin :

- Rien n’est jamais grave dans la vie, tant que toi-même tu vis bien avec. Et grandir trop vite n’a jamais apporté que des problèmes aux adultes, crois-moi.

Alors qu'il prononce ces mots mon sang en fait qu'un tour, aurait-il tout compris ? Visiblement non, puisque tout de suite après il sèche une larme qui continuait à couler de mes joues avant de demander mon nom. Je soupire, un soupire de soulagement cette fois, il n'a pas deviné, du moins, pas encore...

« moi c'est Kuragari... Kuragari Yamada... je suis en troisième année ici avec ma soeur... »

Je ne vais pas lui dire. Je ne le verrai plus après, alors pourquoi prendre le risque de m'en prendre plein la figure alors que plus jamais je ne le reverrai ? La soirée est déjà assez horrible pour nous deux, je ne vais pas en rajouter inutilement, ça serait trop bête. Je prends la main de Yun-jin dans la mienne, pour lui indiquer le chemin qui mène chez moi. Avec quelqu'un à mes côtés la nuit me fait beaucoup moins peur, bien que les ombres continuent encore de m'effrayer un peu, je sais qu'avec Yun-jin avec moi je ne crains rien, ou si peu. Après quelques minutes de marches, à mi-parcourt, je m'arrête. N'osant pas regarder Yun-jin et lâchant sa main je reprends la parole.

« Je... Je dois t'avouer quelque chose... »

Je soupire, j'ai l'impression de jouer un rôle, chose que je n'aime pas. Certes j'ai toujours rêvé qu'on me traite comme un enfant, d'en rester un pour toujours. Mais je ne veux pas que les personnes qui me traitent comme un enfant pense que j'en suis vraiment un, sinon c'est un mensonge, et ce n'est pas bien de mentir. Il faut que je le dise à Yun jin, c'est à lui de décider comment il doit se comporter avec moi. Mais pour ça il faut qu'il sache à qui il a à faire.

« Voilà... quand je t'ai dis que j'étais désolé de ne pas être comme les autres, c'est parce que... »

Courage Kura, courage ! Tant pis si je prends le risque de me retrouver à nouveau tout seul. Maman dit toujours que la vérité est plus importante que tout et qu'elle résout tous les problèmes...

« En... En realité j'ai 17 ans... mais je... comment dire... dans ma tête je suis resté un petit garçon... »

Sur cette déclaration fracassante je tourne le dos à Yun Jin, effrayé par avance de la réaction qu'il va avoir. Positive ou négative peu importe pour le moment, j'ai peur... J'ai peur...