Sous différents angles

Il était environ 11h20 et malgré le froid de l'hiver, le soleil était présent et ses pauvres rayons suffisaient à rendre le sourire aux habitants. À peine la température augmentait, les gens sortaient pour se promener et on avait du mal à circuler à pied dans les rues de la ville surtout à l'approche des heures de pointes telle que midi. Il faut dire qu'à peine le soleil refaisait son apparition, les gens en profitaient avant qu'il n'y ait à nouveau de la brume, de la neige et verglas.

Akazome à cette heure-ci était déjà au zoo, son appareil photo en main. Avant, dans sa ville natale, elle ne photographiait que avant la tombée de la nuit et après les cours. Le jeune femme ne voulait pas que sa passion se sache et de toute manière, personne n'aurait cru à son talent car elle n'était qu'une fille à papa, populaire uniquement grâce à l'argent. Elle n'était pas beaucoup dans le coeur des gens d'ailleurs à cause de son sale caractère ... Trop souvent distante, seule, désagréable, elle donne l'impression de ne pas donner de l'importance à l'avis des autres et de ne pas avoir besoin d'amis dans la vie car après tout Madame, elle, elle a l'argent. En réalité, elle en a besoin autant que n'importe qui mais elle préfère se mentir et rester dans son coin. Ici, c'est différent d'avant. Personne ne la connait, ni les rumeurs qui circulaient à son sujet, ni son passé. Désormais, elle pouvait assumer un peu plus ce qui lui tenait à coeur bien que ce n'est pas pour autant qu'elle allait changer son comportement avec les autres. La brunette se promenait entre les différentes allées, cherchant une bonne cible et sous la meilleure prise de vue et il faut dire que le temps était parfait. Le soleil rendait l'atmosphère plus chaleureuse, c'était exactement ce qui lui fallait. Le seul hic, c'était qu'il y avait trop de monde ; beaucoup de familles, de femmes avec leurs enfants, de couples et de groupes d'amis. Il était assez dure de se poser quelque part sans que quelqu'un passe devant ou fasse bouger le model ... Cela exaspérait vraiment Aka qui pensait passer une journée tranquille au zoo sans qu'on la dérange. Heureusement, malgré le monde, il était presque l'heure de manger et tous peu à peu se dirigèrent aux différents stands de bouffes disponibles alors que d'autres privilégiaient le restaurant. Elle saisit alors l'occasion pour prendre le maximum de photos tant que les visiteurs mangeaient et ne l'encombraient plus.

« Oui oui, bouffez comme des vaches et laissez-vous engraisser encore ~ Mais me faites plus chier
... Et par là-bas, y a quelque chose à voir ? »

Tous semblaient ravis d'être ici, autant les visiteurs que les employés qui se faisaient un peu d'argent alors que ces derniers-temps il n'y avait pas vraiment foule dans les zoos, ni dans les parcs d'attractions ... Aka n'avait jamais vraiment aimé ce genres d'endroits surpeuplés au printemps et en été mais elle avait fait une exception aujourd'hui car elle voulait aussi un peu profiter du beau temps et prendre quelques photos ... Pour une fois qu'elle ne connaissait personne et inversement, elle pouvait faire ce qu'elle a toujours voulu mais qu'elle s'est interdis jusqu'à présent pour ne pas renvoyer l'image d'une fille sensible à la nature et à la beauté. Une liberté un peu retrouvée ...

Doucement, sa bonne humeur refit surface. Après tout il fallait positiver, il n'y avait pas cour alors elle pouvait porter ses vêtements et non un uniforme et enfin réimposer son propre style. Vu le temps, elle avait opté ce matin pour une tenue simple et mit en avant le côté accessoires, surtout les bijoux. La jeune Endô portait un simple tee-shirt blanc toujours Temps des cerises avec la fameuse cerise sous un gilet de la même marque de couleur grise avec les inscriptions aux dos ainsi que l'un de ses jean favori, c'est-à-dire un Levi's bleu claire délavé avec des trous au niveau des genoux. Aux pieds, sachant qu'elle allait marcher, elle préféra porter une paire de baskets blanches adidas afin d'être le plus à l'aise possible. Et même si le soleil faisait son apparition, il faisait néanmoins froid alors elle mit une grosse doudoune Faith connexion grise pailletée. Pourquoi tant de marques ? La question ne se même pose pas ; de cette manière elle attirait tous les regards tout en restant sobre mis à part ses multiples bijoux un peu partout : deux fins colliers en or l'un plus long que l'autre, des créoles en or comme boucle ... Elle ne voulait pas vraiment s'embêter au niveau de sa coiffure alors elle attacha ses cheveux dans un gros chignon vers le sommet du crane, laissant quelques mèches s'y échappaient pour un effet plus naturel et ébouriffé. Question maquillage, il était un peu plus recherché que le reste ; elle se mit une légère couche de glosse pâle, un peu de fond de teins. Quant à ses yeux, c'est là qu'elle les mit très bien en valeur, elle mit une couche d'eyeliner noir sur la paupière à rat des cils puis du fard à paupière gris pailleté et du blanc vers l'intérieur de l'oeil. À ça, elle mis aussi un coup de crayon sous l'oeil et du mascara.

Akazome déambulait entre les différents enclos des animaux à la recherche d'une bonne image à photographier. Souvent, la jeune femme se baissait pour prendre en photo des fleurs sous quelques rayons de soleil entre deux buissons ... Quand tout à coup, en relevant la tête elle vit un jeune homme assis sur banc, seul ... La prise de vue de loin était parfaite et sa position était excellente ... L'image dans l'appareil renvoyait l'idée d'un garçon rêveur, se laissant distraire par le bruit des animaux et fermant les yeux tout en se reposant afin de profiter du beau temps. Qu'il était beau ainsi ... artistiquement parlant. Enfait, elle ne l'avait pas encore jugé physiquement mais elle se rapprocha de quelques pas discrètement et immortalisa cet instant. Cependant il remarqua la présence d'Endô, une fois la photo prise. Elle ne bougea plus, le regardant droit dans les yeux et attenda une quelconque réaction de sa part.

Endô ne cessa pas de le fixer avec un air d'incompréhension. Qui parlait de panda, ici, à part lui ? Et puis, un panda est plus mignon se dit-elle bien que son interlocuteur n'était pas moche pour autant. La brunette préféra quitter la parcelle d'herbe où elle se trouvait pour aller rejoindre le jeune homme qu'elle venait de flasher d'un pas pas très enthousiaste. Pour une fois qu'elle avait l'occasion de prendre des photos sans qu'on la juge, voilà qu'on l'interrompt mais d'un côté elle n'avait cas pas le photographier. Elle ne devait s'en prendre qu'à elle ... ce qu'elle ne fit pas mais le blâmait de lui avoir adresser la parole. Ne l'avait-il pas vu ? C'était flagrant pourtant ... Ils n'étaient pas de la même classe sociale et avait encore moins le même âge. Il est aveugle ou quoi ?

Une fois arrivée à sa hauteur, sans un mot, elle se posa à quelqu'un du blondinet. Elle n'était pas ravie d'être assise ici avec un inconnu mais s'il n'approuvait pas le fait qu'elle garde la photo et qu'elle n'en faisait qu'à sa tête, comme d'hab, il pourrait porter plainte et c'est la dernière chose qu'elle aimerait. Des problèmes ... Il ne manqueait plus que ça. Elle ralluma son engin et alla dans les photos prises et la dernière en date fut donc la sienne. Elle-même était impressionnée de sa prise de vue. Magnifique, il n'y avait rien d'autre à ajouter ; quelques rayons de soleil qui s'infiltrent entre les arbres dont l'un sous le garçon, la lumière qui éclaire la chevelure blonde qui la rend encore plus claire, le regard vide avec un air absent, rêveur ... Ce n'était pas l'homme en lui-même qu'elle trouvait magique mais l'environnement où il se trouvait à cet instant précis comme s'il n'avait fait qu'un avec la nature.

D'un geste lent, elle lui tendit l'appareil.

- Tu n'as qu'à vérifier par toi-même !

Pas très amical aux premiers abords et elle ne risquait pas de le devenir, même avec le temps. C'était le genre de fille à snober tout le monde et à prendre de haut. Néanmoins, lorsque l'on connait son caractère explosif et que l'on voit ses clichés, on pourrait penser qu'il est impossible que cela puisse être Akazome l'auteur. C'est d'ailleurs l'une des raison qui poussa la jeune femme à ne jamais dévoiler sa passion au grand jour dans sa ville natale. Personne ne la comprendrait. Et ceux qui y arriveraient, risqueraient de l'apprécier par la suite mais cela est inconcevable. En attendant, elle prit son mal en patience et essayait de déchiffrer une quelconque réaction de sa part car il était l'un des premier à qui elle montrait ses photos ...

Au même moment, avant que le garçon lui réponde, un ballon vient heurter l'appareil photo dans les mains du jeune homme. IMMPOSSSIBLE ! Il tomba au sol. Bouche bée, voilà le mot pour décrire l'expression d'Aka. Comment cela pouvait-il arriver ? Tout était perdu ... Et bien qu'il n'y avait pas tant de clichés que ça dessus, il était neuf ... Mais surtout très chère. Quel était le sal gosse qui venait de faire ça ? Un petit brun s'approcha en courant en tenant la main de sa mère. La brune n'osa même pas se relever du banc pour le prendre en main et vérifier qu'il soit bel et bien cassé ou non. Elle était prête à exploser et à aboyer sur tout le monde. Une colère noire l'envahissait de plus en plus mais elle tentait pour le moment de faire du selfcontrol mais c'était vraiment dure à gérer pour une fille qui dit toujours bien haut tout ce qu'elle pense. Quant à la mère du fautif, elle avait une expression à la fois désolée et paniquée.

- Excusez le, il ne la pas fait exprès ... Vous comprenez ... les jeunes ... S'il y a quoi que ce soit de casser, je vous le repayerai !

Mais à ces mots, un fou rire prit la belle petite Endô. Un fou rire incontrôlable mais surtout noir ... comme si elle pouvait se le payer. C'était le comble du ridicule, même avec un mois de salaire elle ne pourrait pas le payer. La blague ... Elle la prend pour qui, pensa-t-elle. Ce n'était pas n'importe quoi, encore moins de la merde, et elle-même n'était pas n'importe qui. C'était incensée ... Désormais, il était impossible de la retenir et elle faisait abstraction de la présence du blondinet qu'elle avait totalement oublié suite aux évènements. D'un bond, elle se leva, face à la mère de famille et d'un ton sec, elle lui répondit :

- Franchement non je comprend pas ! Vous croyez vraiment pouvoir me le repayer ? Il vous faudrait des mois pour le pouvoir ! Et ne me sortez pas la blague sur les jeunes parce qu'honnêtement, je m'en tappe. Vous aviez qu'à le tenir en laisse.

Elle était peut-être grossière et alors ? Imaginons que son père n'ait plus d'argent et qu'il ait mis ses dernières économies dans cet appareil pour sa fille ... Ce serait beaucoup plus triste mais sous prétext qu'elle a la tête et le style d'une fille de bourge, il n'y avait pas de quoi faire tout un foin ? Si, justement. Quand au garçon, elle ne le calculait même plus. Elle ne l'avait toujours pas pris en main pour voir s'il s'allumait ou pas car elle avait trop peur d'avoir perdu son cliché favori ... Comment peut-on être aussi irresponsable de ses enfants ? Et même s'il n'était pas mort et qu'il se réallumait, il était tout de même rayé. Au fond, ce n'était même pas une question d'argent car ça, c'était une excuse pour ne pas avoir l'air trop sentimental car même si elle ne l'avouera pas, cet engin a une grande valeur à ses yeux. C'est en quelque sorte son trésor ... la seule chose qui lui tiend vraiment à coeur ... Et on vient de lui abimer. C'est limite si Akazome ne se mordait pas la langue pour se taire et ne pas les massacrer.

Quoi qu'il arrive, ces mots étaient justifiés et elle ne s'excusera pas de s'être emportée.