/!\ HOT /!\ Visite indépendante de ma volonté

*Mais comment j'ai fait pour atterrir là?* Cette question, il se la posait souvent ces temps ci. Depuis son arrivée à Keimoo pour être honnête. Les évènements avaient véritablement décidé d'être contre lui depuis son retour au Japon. C'est donc comme ça qu'il se retrouva à sortir de son taxi qui l'avait mené devant cette somptueuse villa. Un bâtiment aux teintes locales mais aux proportions démesurées. Assez pour que notre blondinet resta un instant dans l'embrasure de la porte de la voiture pour contempler les lieux. Ainsi debout, accoudés sur le toit et la portière du véhicule, il regarda le première étage où des domestiques s'affairaient. Courant d'une pièce à l'autre dans les couloirs semi-ouverts encerclant la maison. Il faut dire que si tout Keimoo débarquait, il y avait de quoi faire.

Mais il devait bien y avoir des chanceux qui avaient échappé à cela. Des gens qui avaient su dire « non » quand on leur avait demandé de venir. Or lui, il était là. Un groupe de sa classe l'avait presque supplié de venir. Du coup, il était là, planté près de son taxi. Asuka était partagé entre l'envie de retourner dedans pour repartir et celle de visiter les lieux malgré tout. *Je sens que je vais le regretter* Enfin décidé, Asuka prit la valise que le chauffeur lui tendait et se dirigea vers la porte d'entrée.

Le pire dans cette situation, c'est qu'au final, les espèces de groupies qui lui avaient demandés de venir n'étaient même pas là. À quoi bon le faire venir, en allant jusqu'à lui offrir le billet d'avion, pour finalement le laisser seul. Certes ça l'arrangeait, mais à choisir, peut-être aurait il préféré rentrer chez lui. Quitte à être seul dans une villa, autant que ça soit la sienne et pas celle d'un parfait inconnu. Car c'était bien une chose de sûre. Qu'il soit resté au pensionnat, qu'il soit allé chez lui ou ici : la solitude l'y guettait car ses parents devaient passés le réveillon dans une de leur nombreuses sociétés, sûrement au bout du monde comme chaque année.

À l'entrée, Asuka supposa qu'on venait d'accueillir une autre personne car la porte s'ouvrit dès qu'il eut fait savoir sa présence. Même pas le temps de remettre une mèche en place que la grande porte s'ouvrit sous son nez. Dès lors, un peu confus, il ôta sa main de ses cheveux pour fouiller dans la poche arrière de son jeans. Il en sorti une lettre pliée en quatre qui n'était autre que la copie du mail qu'il avait reçu, afin de la tendre au domestique en face de lui. C'était peut-être ridicule mais il ne voulait pas s'imposer ni faire comme certains qui, si ça se trouve, n'était même pas de Keimoo et qui avait simplement eu vent de l'évènement...

Soupir. Gros soupir. On peut faire plus ? Jacob s’adossa au mur. Une fille lui avait donné rencard, pour lui faire rattraper son cours de mathématiques. Il n’avait pas été malade, il avait séché. Et bien sûr, mademoiselle n’ayant rien de prévu pour son réveillon, lui avait fixé la date du 31 décembre. Ben voyons ! Mais comme il avait vraiment besoin de ce cours, il pouvait bien sacrifier une heure ou deux. Ensuite, il irait au réveillon dans cette villa. Il ne savait pas qui y serait, il s’en moquait. Il comptait juste boire, fumer, boire, fumer et baiser. Il regarda à gauche, puis à droite et grogna. Un coup d’œil à sa montre et il se décolla avec rage du mur. Un peu plus, il aurait pu fusionner avec. Elle était en retard. De cinq minutes, ça peut se comprendre : il suffit que leur montre ne soit pas accordée. Mais il l’attendait depuis une dizaine de minutes. Ce qui était trop long pour l’impatience du russe. Il ouvrit la fenêtre du couloir et huma une grande bouffée d’air frais. Son agacement lui donnait chaud et, par nervosité, il fit craquer tout ce qu’il pouvait. Allez, encore deux petites minutes et il se barrait. C’est alors qu’il la vit au bout du couloir. Elle arrivait d’un pas nonchalant. Il plissa les paupières et inspira un grand coup pour ne pas exploser. Il n’aimait déjà pas les filles, mais alors imaginez ce que ça donne lorsqu’il peut leur reprocher d’avantage que leur corps tout en rondeurs. Il serra le poing quand elle arriva à sa hauteur. Elle osa lui décocher un sourire radieux, s’excusant rapidement et l’invitant à rentrer dans la pièce. Elle ouvrit la pièce et son sourire devint charmeur. Parce qu’en plus, elle lui faisait du rentre-dedans ?! Le blond écarquilla les yeux. Mais déjà, elle avançait dans la salle d’étude vide. Il fulmina et fit volte-face, commençant à parcourir le couloir, furax. Il l’entendit l’appeler, lui demander ce qu’il fabriquait. Il se retourne, continuant de marcher à reculons et leva les deux mains au-dessus de sa tête, les deux majeurs pointés vers le ciel. Il la fusilla du regard et lança un "salope" hargneux. Quoi ! Il n’aime pas les filles ! Et puis, tant pis pour ce fichu cours, il n’en avait plus rien à foutre là.

Jacob dévala les escaliers qui menaient à l’étage inférieur. Il regarda vers la porte d’entrée du grand hall. Et s’y dirigea instinctivement. Il n’était pas habillé super classe, mais il ne voyait pas l’intérêt de se mettre sur son trente-et-un pour voir des gens qui le voyaient tous les jours au l’académie dans des tenues normales. Il sortit en trombe, pour aller sur le trottoir. Il marcha sur quelques rues et héla un taxi. Il avait juste un peu de sous sur lui. Il espérait que ce soit assez pour payer la note. Le chemin ne dura pas plus de dix minutes. Et encore, c’était large comme estimation. Il paya et descendit de la voiture, pour se retrouver en face d’une énorme baraque. Il ne pourrait même pas rêver en habiter de pareille. Ce n’était pas avec les moyens de ces pauvres parents qu’ils allaient pouvoir s’offrir tant de luxe. Et avec son niveau d’étude, il ne fallait pas s’attendre à ce qu’il ait un super boulot payé des tonnes. Il se racla la gorge et avança vers la porte d’entrée.

Il vit un des employés de la villa ouvrir à un autre garçon.. Alors qu’il parcourait l’espace d’un pas rapide, il se stoppa, une jambe en l’air. Il devait avoir l’air con, mais il s’ne foutait. Il savait pertinemment que personne n’allait oser se moquer de lui ou lui faire remarquez l’effet clownesque qu’il offrait. Il passa sa main dans ses cheveux, on ne peut plus décoiffés par l’énervement. Enfin, si, on peut plus : quand il s’envoie en l’air. M’enfin, passons… Il finit par reprendre sa marche, de façon féline. Nouvelle proie ? Allez quoi, on va tenter sa chance. Il se remémora rapidement ce qui pourrait l’empêcher de faire ça et il aperçu l’image d’Alex dans son esprit. Il secoua la tête. La seule chose qu’il n’avait pas le droit de faire, c’était d’embrasser. Mais il pouvait coucher avec n’importe qui, du moment qu’il réservait ses lèvres au beau brun tatoué. Et puis, même si ça pouvait paraître bizarre, il n’avait rien à se reprocher dans ce pacte. Lui n’avait encore mis personne dans son lit depuis son aimé, alors que ce n’était pas le cas de ce dernier. Puis une autre idée lui effleura l’esprit : et si ce mec n’était pas gay ? Jacob effaça tout ces doutes d’un coup, au moment où il posa sa main sur l’épaule du gars qui avait ouvert la porte. Il ne lui sourit pas, ne le regarda même pas dans les yeux, puisque toute son attention était tournée vers l’éphèbe qui poireautait dehors. Il exerça une pression sur la frêle épaule qu’il tenait.

"Je m’en occupe."

Pas de merci, toujours pas de sourire, toujours aucune politesse, en somme. Il voulait juste se débarrasser du boulet de portier et pouvoir être tranquille avec le nouveau venu. Il ne connaissait pas la villa, mais tout ces trucs étaient construits pareil ou presque. Il suffirait juste de trouver la porte pour aller à la piscine couverte. Vive la bourgeoisie gâtée jusqu’à la moelle. Il attendit que l’homme se pousse pour les laisser entrer et fit signe à cet adonis de le suivre. Il pénétra dans le grand hall et haussa les sourcils. C’était sûr maintenant : il ne supportait pas le luxe. Enfin, il ne cracherait pas dessus s’il pouvait se noyer dedans, mais ce n’était pas le cas, alors il décidait de détester ça, parce qu’il ne pourrait jamais rien s’offrir de tel. Il avança encore de quelques pas, en direction des éclats de voix qu’il entendait. Bon, apparemment, les gens étaient bel et bien à l’extérieur. Ils devaient se geler le cul, mais ce n’était qu’un détail. Jacob se tourna vers le beau gosse et lui offrit enfin un sourire. Carnassier. Il noya ses yeux dans les siens et se rapprocha juste un peu de lui. Il espérait que ça aurait le mérite de mettre tout de suite les choses au clair sur ses intentions, la position de sa cuti… Tourner autour du pot n’était pas quelque chose qu’il aimait faire plus que ça – sauf si, bien entendu, les sous-entendus étaient salaces – mais comme il ne connaissait pas les orientations sexuelles de ce gars, il devait d’abord tâter le terrain. Le violer pouvait être une option, mais il aimait que ces partenaires prennent leur pied autant que lui, alors ce n’était pas le bon plan.

Jacob posa sa paume contre la joue du garçon et approcha son visage du sien. Il pivota un peu au dernier moment pour atteindre son oreille. Il prit une voix suave et lui susurra :


Sur ces mots, juste histoire de peser la tension, il mordilla le lobe de l’oreille de son nouvel acolyte et finit par dégager son visage de son cou. Un sourire pervers fendait son visage. Il attendait juste que l’autre lui réponde pour poursuive ou stopper son petit jeu.

Le majordome qui lui ouvrit la porte le regarda à peine avant de scruter le bout de papier plié. Dès lors, soit il était blasé par le nombre de personnes qu'il avait dû accueillir depuis quelques jours, soit son soupir en disait long sur ses pensées. Sans vouloir jouer les psychologues, Asuka pouvait facilement imaginer que cet homme avait quelques aprioris sur la jeunesse actuelle. Et encore plus quand un adolescent débarquait ainsi vêtu. Certes pour le blond ce n'était qu'un jeans et un T-shirt, mais pour les personnes un peu attentives, sa tenue n'avait rien à envier au coût des articles décoratifs ornant les lieux.

Mais ne voulant pas relever le mot – à quoi bon – Asuka préféra détourné la tête, regardant des détails insignifiant sur le seuil comme une plante grimpant le long d'une colonne soutenant le toit du porche, le marbre choisi pour le sol, le style de chapiteau dessiné pour les deux colonnes, ... bref, tout et n'importe quoi pouvant l'empêcher de regarder l'homme sapé en noir et blanc qui semblait prendre son temps pour lire le contenu du mail. C'était à se demander s'il savait lire où s'il n'avait pas besoin d'une paire de lunettes pour comprendre chaque caractère.

C'en devenait intenable. Comptait il le faire poireauter indéfiniment ou espérait il que le blond change d'avis pour rattraper son taxi? Dans les deux cas, ce vieillard avait réussit à ennuyer Asuka qui se surprit à frotter le bout de sa boots sur une tâche au sol. Le domestique parvint même à faire sursauter le blond qui s'était perdu dans ses pensées, quand il lui rendit sa lettre. Mais avant même qu'il eut pu dire quoique ce soit, quelqu'un d'autre débarqua sans crier gare.

Par contre, Asuka ne put voir l'échange silencieux qui se fit entre les deux hommes étant donné qu'il rangeait sagement le bout de papier dans la poche arrière de son jeans usé. Ce n'est qu'en faisant à nouveau face à la porte ouverte qu'il se trouva nez à nez avec un autre jeune homme. Celui qu'il avait détaillé en biais, au travers des mèches en travers de son regard, le temps de mettre la lettre à sa place. Il ne fallait d'ailleurs pas être un expert en analyse pour se rendre compte qu'il n'était pas domestique ici. L'hôte peut-être? Asuka n'en savait strictement rien vu qu'il n'y avait pas eu de signature particulière sur l'invitation. L'empêchant dès lors d'identifier la personne responsable de son calvaire en ces lieux.

Mais qu'à cela ne tienne, Asuka décida de ne pas s'arrêter à cette interrogation et suivit l'autre blond sans broncher. Et pourtant, il y aurait eu de quoi! Notre adolescent se trouvait coincé entre son valet de fortune et le mobilier. Il avait bien tenté de se décaler, de marcher à une distance raisonnable de l'inconnu mais plus il s'écartait, plus l'autre s'approchait. Au point que, pour finir, si Asuka déboitait encore le pas, il allait finir par se prendre les pieds dans une table d'appoint et les sculptures qu'elles supportaient finiraient en mille morceaux sur le carrelage visiblement européen.

C'était à se demander si le couloir n'était pas assez large?! Ils auraient pu débarquer à dix de front sans rien renverser. Or là, les deux blonds marchaient façon collé-serré, en longeant les murs. Ça devenait même mission périlleuse pour Asuka qui devait perpétuellement faire attention à ne rien renverser. Mais pire encore que de devoir éviter chaque œuvre, là, l'inconnu piétinait sans vergogne son espace vital. Trop près, bien trop près à son goût. C'était à tel point qu'une seule pensée lui venait en boucle *comment lui dire de s'écarter un peu sans le vexer*.

Cela étant, il aurait suffit à ce type de le regarder ne fusse qu'une fraction de seconde pour comprendre le mal-être d'Asuka. Le pauvre fronçait les sourcils et se retenait tant bien que mal de pousser un profond soupire. Il en était arriver à un point où son désarroi se traduisait en un pincement de lèvres proche de la morsure. Sauf que là, Asuka aurait dû souhaiter autre chose que d'être regarder par son hôte. Sans aucun doute, il ferait plus attention aux vœux qu'il fera à l'avenir. Car lorsqu'il croisa le regard de l'autre blond, son sourire n'annonça rien de bon. Rien du tout. Notre pauvre mannequin dû déglutir en voyant l'air que prenait ce 'prédateur'.

Il avait déjà tout eu mais ça... jamais! Autant vous dire qu'il se stoppa net en voyant le visage de ce garçon en face de lui. Qui s'approchait en plus l'idiot! *recule! Oh qu'est ce que tu fais... recule, recule!* Oui bon, Asuka aurait pu dire ça à haute voix, ça aurait certainement eu plus d'impact mais la stupéfaction le rendait muet. Pas loin d'être de plomb également, pourtant il parvint à faire un pas en arrière. Mais c'était sans compter le meuble – traitre- derrière lui. Asuka était tout bonnement piégé par un éphèbe qui se permettait bien trop à son goût.

Ses yeux s'écarquillèrent quand la main du blond se posa sur sa joue. Mais au lieu de réagir, de le pousser, le bousculer, Asuka restait planté là, le regard envouté par celui de son interlocuteur. Seule sa tête continuait de partir en arrière à défaut de pouvoir faire un pas de plus dans le sens opposé de la marche. Mais c'était peine perdue vu que chaque centimètre gagné était de suite repris par l'envahisseur. La peur se lisait ouvertement dans les yeux de notre blond. Une peur inconnue mêlée d'une incompréhension totale. Car celui-là n'avait pas pris Asuka pour une fille. Ça, il s'en rendit compte quand, blanc comme un linge, il entendit les mots susurrés au creux de son oreille.

Mais la vie reprit possession de son corps quand l'étranger poussa le vice un peu trop loin. Asuka se moqua royalement du vase derrière ainsi que du blond en face de lui. Rien que de sentir les dents de ce dernier sur son oreille le poussa à s'écarter violemment, renversant ainsi le vase et son contenu sur le sol, dans un fracas indescriptible. Asuka avait même failli tomber en se prenant le pieds dans le mobilier pour se dépêtrer de cette emprise et son seul bagage glissa un peu plus loin.

« wow!?! » lança-t-il à mi-voix, le son s'étranglant dans sa gorge.

Pourtant cette réaction vive ne l'empêcha pas de garder son regard posé, voire carrément fixé, sur l'inconnu. Incrédule. Il se fichait éperdument de la teinte que ses joues avaient également prises. D'abord laiteuses, puis rouge vif pour enfin redevenir lentement dorées, comme à l'acoutumé. Et pendant qu'il se frottait l'oreille, il détailla cet individu plus avant. Les sourcils froncés et un rictus démontrant de son sentiment sur le sujet : de la contrariété! Qui était il pour se permettre ça? La réponse ne se trouvait pas dans sa tenue ni son aspect général mais Asuka n'était pas encore assez 'remis' pour ajouter quoique ce soit. Il se contenta donc de le regarder de la tête aux pieds, constatant la réaction de ce type qui avait été la personne la plus directe à son encontre.

Mais il fallait se ressaisir. Et vite. Ce pour quoi un battement de cils, relativement lent, suffit. Asuka inspira profondément puis replanta son regard dans celui du blond. Plus furieux encore. Il venait de se repasser chaque étape, depuis l'invitation à le suivre, jusqu'aux mots susurrés en passant par la traversée du couloir l'un contre l'autre. C'était à se demander comment il n'avait pas réagit plus tôt. Autant vous dire qu'il en voulait autant à ce type qu'à lui-même. Lui qui n'avait pas fait tilt qu'il venait de subir les avances d'un homosexuel! Il n'avait rien contre les gens ayant des préférences sexuelles différentes des siennes – la preuve est qu'il aurait sûrement réagit pareillement envers une fille – mais subir des avances de la sorte : il ne manquait pas de culot celui-là!

« Je crois... »

Première tentative de réplique infructueuse. Asuka dû se racler la gorge pour poursuivre sur un ton assez sec.

« Je crois que je vais trouver ma chambre tout seul, merci. »

C'était, selon lui, la meilleure option. C'est pourquoi il s'empressa de reprendre son sac et de se redresser. Se tenant droit et fier tout en regardant cet individu de haut. Il était on ne peut plus clair qu'il n'avait pas apprécié cette approche et qu'il n'était pas enclin à subir la suite envisagée.

C’était la panique à bord. Enfin, surtout en ce qui concernait l’équipage du navire de l’inconnu. D’un côté, c’était peut-être logique, non ? Lorsque vous voyez un requin foncer sur votre pauvre voilier, déjà château-branlant, vous flippez un peu, quand même. Ou alors, vous êtes complètement taré. Mais ça n’avait pas l’air d’être le cas de ce gamin. Jacob profita du fait que le garçon ne savait plus où se mettre pour l’observer de haut en bas. Il était carrément canon. Il hausse un sourcil et se mordit la lèvre. Déjà une série d’images aussi perverses les unes que les autres défilaient dans son esprit. Il laissa échapper un ricanement. Puis son regard se posa sur le vase qui s’était brisé au sol, alors que l’acolyte prenant la fuite. Il soupira et se gratta la crane. Par sécurité, il tendit l’oreille et pris même la peine de jeter un coup d’œil vers le porte d’entrée. Le majordome ne semblait pas avoir entendu le verre s’éclater. Le russe soupira et commença à pousser les débits sous le meuble, avec son pied. Il n’accordait plus aucune attention à l’éphèbe, même si l’envie ne lui manquait pas. En fait, c’était comme si elle essayait de la bouffer en passant par l’intérieur.

Jacob se tourna vers le jeune homme quand il commença à parler. Il noya ses yeux dans les siens. Son regard était dur, comme s’il lui faisait le reproche silencieux d’être une fillette apeurée, qui plus est qui avait pété un vase dans une villa trop somptueuse pour eux deux, et qui était aussi effarouché qu’une vierge, tellement qu’il n’arrivait pas à parler. Le russe aspira bruyamment de l’air entre ses dents. C’est fou ce qu’on peut trouver comme énergumène dans le monde. Agacé, il remit correctement son sac sur son épaule. Il plissa les paupières et fit un pas sur le côté. Il renifla et replaça encore son sac sur son épaule. Il passa sa langue sur ses lèvres. Bon, pourquoi tant de détails ? Tout simplement, parce qu’il était un peu énervé. Du coup, il fallait qu’il pèse ses mots avant de les cracher à la figure de ce gosse. Il fit maintenant un pas en avant, puis deux. Puis il s’arrêta.



Temps de pause, pendant lequel il jeta un coup d’œil derrière lui, apercevant rapidement le portier, qui n’avait toujours pas quitté sa place. Un vrai chien, bien dressé. Il reporta lentement son attention vers l’adonis et un sourire moqueur ourla ses lèvres.



Autre temps de pause, mais il ne quitta pas les yeux de son acolyte, cette fois-ci. Il s’était comme parlé à lui-même, mais il savait que l’autre avait pu l’entendre facilement.



Ce qui avançait qu’il n’habitait pas ici. Ce qui prévoyait aussi le fait qu’il ne comptait pas s’éterniser.



Jacob passa sa main dans ses cheveux et fronça les sourcils. Il fit un signe à son voisin. Il était toujours sûr de sa logique : toutes les villas sont pareilles. Il fit volte-face et soupira. Bon, okey, ce gars était hétéro. Allez, avec un peu de chance, il pourrait le faire changer de bord. Il l’avait déjà fait. Ou alors, il n’y parviendrait pas, mais il s’amuserait bien et passerait son temps d’une façon un peu moins commune qu’à l’ordinaire.



Il n’essayera plus rien pour… Jusqu’à ce qu’ils arrivent aux chambres. Mais il sentait que ce gamin allait le suivre, même après ce qu’il lui avait fait. Une sorte d’intuition. Ou pas. De toute façon, même s’il se trompait, il pourrait toujours remettre la main dessus un peu plus tard. Cependant, alors qu’il avançait vers les escaliers qui devaient mener aux chambres, il se rendit compte que sa voix avait été douce. Il pensait plus donner un ordre, et ça sonnait mieux comme une demande, quelque chose de rassurant. Il haussa les sourcils, puis son visage redevint neutre. Il jeta juste un coup d’œil par-dessus son épaule, avant de gravir les marches, deux par deux. Il accéléra le rythme et arriver au premier palier et se tourna vers le garçon.



Après tout, c’était vrai. Il était bien trop canon pour ne pas venir accompagner ou encerclé de groupies en furie. Jacob allait ajouter quelque chose, mais il se dit que ce n’était pas encore le moment de suggérer ce qu’il pensait. C’était au risque de perdre tout espoir de ce taper le mannequin. Il attendrait d’avoir pris un peu plus la température. Ou que la sienne soit plus chaude.

Des frissons lui parcoururent l'échine en voyant que si lui était perturbé, l'autre était... satisfait?! Oui, vraiment, il fallait qu'il le fuit comme la peste, sans quoi, il ne donnait pas cher de sa peau. Ce type était, comment dire? Asuka n'arrivait même pas à remettre de l'ordre dans ses pensées après ce qu'il venait de subir. Et ce n'était pas le petit ricanement du blond qui allait l'aider à se rappeler la marche à suivre. On aurait pu lui demander une chose de prime abord élémentaire – comme son nom par exemple – qu'il aurait dû y réfléchir à deux fois. Alors imaginez quand il se retrouva avec la question de son interlocuteur.

Asuka qui venait d'attraper son sac à tâtons, se redressa pour faire à nouveau face à l'homo qui semblait maintenant contrarié. C'était à se demander où allait le monde? C'est bien Asuka qui venait de se faire dragué sans ménagement? Lui qui venait de briser un vase à cause de cet abruti fini qui croyait le blond tout acquis! Lui qui... *Quoi? Mais... mais si. Si j'ai déjà été dragué par un pédé! Oui mais pas comme ça! Pas si directement! Pas comme si je n'étais qu'un bout de chair fraiche dont on peut disposer sans ma permission* Rien que de repenser à ça, il se frotta à nouveau l'oreille, machinalement, en évitant soigneusement d'être sur le chemin de l'autre blond.

Par contre, même s'il voulait éviter tout ce qui pourrait le rapprocher de ce dernier, il joignit son regard au sien pour regarder également en direction du majordome qui semblait se foutre royalement de tout ce qui venait de se passer dans ce coin. Mais bien sûr, l'autre jeune homme ne lui permit pas d'y penser beaucoup plus vu qu'il commençait royalement à le rendre chèvre... Fallait que ça cesse d'ailleurs! Un moment il semble indifférent, l'instant d'après il sourit. Plus ça allait, plus les sourcils d'Asuka se fronçaient. De tous les énergumènes possibles et inimaginables il fallu que ce soit : celui-là! Pas une groupie prête à piailler autour d'Asuka, pas une asociale incapable de dire bonjour, non, lui là! Ce type qui se permettait en plus de faire question – réponse.

Bon, certes, en même temps, Asuka n'avait rien répondu. Il n'allait certainement pas continuer à se montrer telle une jouvencelle. Mais tout de même, était il inscrit « draguez moi » sur son front? C'était exaspérant. Pire encore, alors que tout son être lui répétait inlassablement d'aller voir ailleurs s'il n'y était pas, il restait là à détourner le regard deux secondes pour ensuite replonger ses yeux dans celui de son bourreau du moment. Un regard difficilement soutenable, ce qui relançait la même scène encore et encore. Et que je te regarde 10 secondes, et que je détourne la tête, et que je te re regarde 10 secondes, etc. Jusqu'à ce qu'il lance un sujet qui rattrapa encore une fois toute l'attention d'Asuka.

*Mais tu ne penses qu'à ça? J'ai des doutes que tu ne veuilles pas me violer vu comment t'as entamé la conversation! En tout cas, envie ou pas, je penserais à ne jamais te tourner le dos...* Façon de parler bien sûr, car il était bien décidé à planter cet individu afin de trouver enfin sa chambre. Sauf que l'autre le précéda et l'invita à le suivre... encore. *Oui mais non* Asuka tenta vainement de trouver soutient vers le portier mais celui-ci, enfin sorti de son mutisme, fit un signe de la tête tout en grimaçant au jeune homme, ce qui impliquait qu'il n'aimait pas ces jeunes mais qu'ils étaient sur le bon chemin. *Et merde!*

Asuka roula des yeux alors que ses épaules s'affaissèrent. Il n'avait pas le choix de suivre son guide. Preuve qu'il était visiblement plus débrouillard que notre gaillard qui n'avait d'autre choix que de le suivre. Par contre, pas question de le suivre à la même cadence. Il avait enfin décidé de respecter un certain espace vital et Asuka comptait bien l'agrandir autant que possible. C'est pourquoi il le suivit à distance, en trainant des pieds. Il avait ainsi tout à loisir de regarder chaque cadre qui s'alignait de marche en marche. C'est d'ailleurs l'une de ces peintures que notre blond décida d'admirer quand son interlocuteur reprit la conversation.

Le blond ne lui accorda qu'un coup d'œil avant de replonger son regard sur la peinture. C'était une idée fixe chez lui! Qu'est ce qu'on s'en fout s'il était seul ou pas? Mais bon, il persistait alors autant enlever cette épine de son pied. Asuka soupira avant de répondre, détaillant du coin de l'œil le portrait de ce qui devait être un des ancêtres de ses lieux.

« Parce que... »

Il y a mieux, je vous le concède mais les premières réponses qui lui vinrent à l'esprit étaient illogiques. Asuka n'aimait pas la compagnie, or là, il allait en avoir... et même beaucoup. Il avait fait le chemin seul pour éviter les groupies? Pourquoi être venu alors. Le pauvre soupira à nouveau en reprenant la grimpée des escaliers pour rejoindre l'inconnu sur le palier. C'est là que la réponse lui arriva bien que tout aussi insensée, regardant en biais le curieux personnage. Trop curieux pour que les propos d'Asuka soient autres que las.

« Parce que j'avais déjà pas envie de venir alors j'ai retardé l'échéance pour arriver après tout le monde. »

*Et si on pouvait déjà être à la fin de ce weekend, je serai le plus heureux des mecs du coin.* puis, une fois à hauteur de l'autre blond, il le dépassa pour suivre la montée des marches, toujours aussi calmement qu'il ne l'avait fait jusque là. Une main dans sa poche arrière près du papier/invitation et l'autre en revers par-dessus son épaule pour maintenir son sac à poignées sur son dos. À vrai dire, il n'avait qu'une envie, être déjà le dimanche pour redescendre celles-ci et s'en aller loin de ce nid grouillant de casses-pieds. Troubles-fête qui se résumaient actuellement à son acolyte dont il fuyait la vue au maximum, en regardant la dernière marche qui devait enfin donner au couloir des chambres.

Si il y a un bien une réponse que Jacob a toujours détesté c’était bien « parce que ». D’une parce que ce n’était aucunement une réponse. Et deux, et c’était surtout le deux qui comptait, parce qu’elle lui donnait réellement la sensation d’être pris pour un con. Quand ce jeune homme lui servit ces quelques mots, il grogna et leva les yeux au ciel. Il n’allait pas lui casser la gueule pour ça, mais s’il avait été juste un peu plus violent, cela ne l’aurait pas dérangé. Mais l’autre finit par répondre convenablement à sa question. Il n’aimait pas faire la conversation apparemment. Ce type était horrible, ma parole ! Le russe se racle la gorge, mais il ne dit rien. Honnêtement, il n’avait rien à ajouter. Il ne bougea pas d’un pouce quand le garçon le doubla dans les escaliers. Il cligna plusieurs fois des paupières, avant d’hausser les sourcils. Horrible ou alors complètement stupide. Il ne savait pas encore comment définir cet énergumène. Et franchement, il commençait à être dépité. Trop de choses en une soirée. Enfin trop de choses ennuyeuses en une soirée.

Jacob écarta les bras en croix de chaque côté de son corps, avant de les laisser retomber mollement. Ils claquèrent contre ses cuisses en un bruit sourd. Puis il fit volte-face et reprit son ascension de l’escalier. Il sentait que l’autre garçon fuyait son regard. Il était aussi agacé que fier. Un rire bref et moqueur s’échappa de sa gorge, alors qu’il suivait derrière son nouvel acolyte, juste quelques marches plus bas. Il pensa alors que c’était une assez mauvaise idée de tourner le dos à un pervers homosexuel, mais il n’en fit pas la remarque. Parler avec ce type l’avait fatigué et il n’avait qu’une hâte, c’était de fumer un joli bâton de nicotine pour se relaxer. Même si l’effet relaxant était trompeur et s’estompait bien trop vite à son goût. Trouvant le pas un peu lent, le blond finit de gravir l’escalier en avalant les marches deux par deux. Non mais vraiment ! Il soupira et, une fois arrivé sur le palier, il regarda à droite et à gauche. Il se demanda comment la suite des choses allait se passer. Comment les chambres avaient-elles été distribuées ? On allait certainement pas se servir au pif… Il avança vers la porte la plus proche et vit qu’il y avait un petit écriteau dessus. Il y était marqué des noms d’invités. N’accorant plus aucune attention à son voisin, il chercha sur plusieurs portes avant de trouver sa chambre et sans attendre, il s’y engouffra. Il y avait deux noms sur le papier.

La pièce était vide. Par déduction, il comprit que son compagnon de dortoir ne devait pas être encore arrivé. Machinalement, Jacob jeta un coup d’œil à son portable. Vu l’heure qu’il était, cette personne comptait arriver bien tard. A moins qu’elle ne fut autre que ce brun qui le suivait ou qu’il suivait, allez savoir, juste une minute plus tôt. Arquant un sourcil, il regarda en direction de la porte, par-dessus son épaule. Mais il ne s’attarda pas trop, enfin pas assez pour savoir où était le garçon. Il jeta son sac sur le lit le plus proche de lui et alla vers la fenêtre. Il y avait un balcon. Génial ! Il sortit et fouilla dans la poche de son jean. Il en sortit une cigarette et se remit à fouiller pour trouver son briquet. Il se mit à ruminer en voyant qu’il ne l’avait pas sur lui. Il ôta la clope qu’il avait coincé entre ses lèvres et passa une main dans ses cheveux, les ébouriffant au passage. Il se demandait où est-ce qu’il avait bien pu le mettre. Cette petite boîte de gaz ne quittait sa poche que pour incendier le bout de bâton cancérigène. Il se doutait qu’il devait y avoir d’autres fumeurs à cette soirée, mais c’était maintenant qu’il voulait s’encrasser les poumons. Maintenant, seul et tranquille.

[HRP : Désolé pas terrible, mais je ne pouvais pas beaucoup le faire avancer...]

Juste un regard derrière lui pour constater que le claquement sourd était le prélude à l'ascension de l'autre garçon. Une compagnie dans son dos qu'il aurait préférée ne pas avoir, tout du moins, pas juste derrière. Mais bon. En rajouter une couche l'aurait fait passé pour une midinette effarouchée ce qui était encore plus déplaisant. Alors si mater notre blond tentait l'autre énergumène, à sa guise.

Mais malgré tout, Asuka n'était pas à son aise avec ce type derrière lui et ce n'était pas l'envie qui lui manquait de jeter à nouveau un regard en biais derrière lui. Pourtant il s'en défendit bien, exprimant ainsi son mal aise et son agacement dans un profond soupir nasal. Ses dents quant à elles, étaient bien trop serrées pour laisser passer quoi que ce soit...

Dès lors, ce ne fut qu'une fois qu'il vit le pas énergique de son acolyte le dépassant qu'il se sentit enfin nettement mieux. Asuka dut même s'arrêter là où il était pour souffler un bon coup quand l'autre blond disparu dans les couloirs.

*J'ai cru qu'il n'arrêterait pas de me suivre cet abruti. Je le sens mal ce weekend. Vraiment mal*

Tellement mal qu'il dut déposer son sac un instant sur la marche devant lui pour reprendre ses esprits. Et comme à chaque fois qu'il était contrarié, il se frotta l'arrête du nez, tentant de déplisser son front qui allait finir par se rider avant l'âge s'il continuait à froncer les sourcils à la moindre contrariété : ce qui arrivait plus que de raison ces derniers temps. Mais pour être honnête, et parfaitement illogique, Asuka se sentait seul malgré qu'il soit le premier à fuir la compagnie.

C'était peut-être d'ailleurs pour cela qu'il ne savait pas dire non quand on l'invitait quelque part. Un espoir vain de rencontrer quelqu'un de normal – selon son dictionnaire bien sûr. Une personne sensée, ne s'arrêtant pas à son physique, peu importe comment on pouvait le voir. Mais parti comme ce weekend était parti : ce n'était pas encore aujourd'hui qu'il rencontrerait quelqu'un de moins superficiel que le commun des mortels. Une déduction qui lui donnait encore plus envie de rebrousser chemin.

Sauf qu'Asuka n'était pas du genre à fuir devant l'adversité. C'est pourquoi il rouvrit les yeux qui furent aussitôt attirés par un objet métallique au sol, quelques marches plus haut. Un objet perdu qu'il remettrait à un employé de la maison plus tard. Dès lors, Asuka fourra le petit rectangle dans sa poche, recala son sac contre son dos, la main par dessus son épaule, pour finir la grimpée des marches. Comme son prédécesseur sûrement, il jeta un coup d'œil sur la première porte venue pour constater que les chambres étaient assignées. Tantôt pour une personne, tantôt deux, trois... il y avait même l'une d'entre elle qui était pour six filles. Mais sa poisse le poursuivit quand il nota que la sienne serait pour deux. Certes, ça aurait pu être pire mais bon...

Asuka s'attarda sur les prénoms inscrits pour ensuite tourner la clenche. Il venait d'ouvrir là, la porte des Enfers! Dans l'encadrement de la porte du balcon, dans le soleil couchant... bref, dans un décor qui aurait pu être au summum du romantisme, un blond semblait avoir perdu ce qui du coup devenait gênant dans la poche d'Asuka. Ça lui sauta aux yeux que le briquet qu'il avait trouvé quelques minutes plus tôt était celui de son colocataire d'un weekend qui était là : cigarette en main, fouillant ses poches de l'autre.

Mais au lieu de l'interrompre dans ses réflexions à savoir où il aurait pu le mettre, Asuka s'écarta brusquement de la porte, sans lâcher la clenche, pour à nouveau lire l'identité de son voisin de chambre. Ce nom – Jacob Bogdan – lui fila des frissons tout le long de sa colonne vertébrale. *Merde!* Subitement furieux et ne pouvant extérioriser son énervement comme il l'aurait souhaité, il claqua la porte derrière lui à coup de pied pour ensuite éjecter son sac au pied d'une table de chevet.

Et tout aussi sèchement, il sortit le briquet de sa poche pour la lancer à son partenaire d'infortune.

« C'est ça que tu cherches? »

Autant tout le long du chemin qu'ils avaient fait ensemble, Asuka l'avait fuit du regard, autant là, ses yeux ressemblaient à des revolvers fusillant cet importun. Mais pas plus d'une minute, compte tenu que les mimiques, quelles qu'elles soient, du gêneur étaient toujours insoutenables pour notre blond. C'est pourquoi après avoir vidé le chargeur des flingues qui lui servirent un instant, d'yeux, il tiqua pour se laisser tomber sur un lit, les bras sous la nuque et le rictus mauvais aux lèvres.

« tss... »

*C'est pas vrai ça!* Il en avait définitivement marre. Rien ne tournait rond. Lui qui était un asociale se retrouvait populaire de par son style et sa famille plus qu'aisée. Alors qu'il aspirait à un minimum de tranquillité, il se retrouvait apprécié un peu trop à cause de sa carrière de mannequin. Et dans un espoir fou il avait cru qu'il pourrait se reposer lors de ce weekend. C'était visiblement sans compter le sort qui avait décidé de lui mettre ce Jacob entre les pattes. Après ce qu'il avait vu, plus rien ne pouvait être pire quoique... si. À l'instant même où il n'imaginait rien de pire, un mal de tête le gagna à nouveau. Une migraine comme il en avait déjà eu tant d'autres et qui passerait quand il consentirait à prendre une aspirine. Mais pas de suite. Pas maintenant. À défaut, il glissa un de ses bras sur son front, cachant ainsi son regard de la lumière.

[Je me doute... sorry pour le retard u_u]

La porte grinça. Alors ce garçon sur lequel il avait voulu jeter son dévolu, avant de se faire lui-même jeter, n’était autre qu’Asuka. Il est vrai que, en y pensant, le russe avait déjà entendu ce prénom quelque part. Cet inconnu, qui l’était un peu moins maintenant, était un populaire. Ils étaient tous les deux classés dans le même bac. Mais allez savoir pourquoi, Jacob était persuadé que, contrairement à lui, ce mec devait avoir des groupies. Enfin, le mordoré en avait aussi, mais ces dernières avaient peur de lui, alors elles n’osaient pas se montrer à tout va. Il hésita à se retourner, un sourire mauvais aux lèvres, mais il se ravisa, en entendant la porte claquer. Apparemment, son colocataire l’avait mauvaise et ce détail ne pouvait que plaire à l’arrogant. Son sourire resta sur ses lèvres, moqueur et content de lui, mais il ne se tourna pas. Il attendit que son hilarité intérieure se soit légèrement tamisée pour lancer un regard avide et toujours moqueur à son voisin. Il eut tout juste le temps de lever la main au niveau de son épaule pour y réceptionner son briquet. Il avait du le perdre sur le chemin. La question de savoir si son nouvel acolyte l’aurait ramassé sachant que c’était le sien lui effleura l’esprit, mais elle ne s’y attarda pas. Il fit un signe de tête, l’opinant légèrement, montrant sa gratitude passagère et oublia presqu’aussitôt ce service involontaire, pour incendier le bout de son bâton de nicotine.

Jacob tira une bouffée de cet air saturé de toxine et retint son souffle quelques secondes. Le temps qu’il prit pour dévisager son voisin, avant de la déshabiller totalement des yeux. Une série d’évènements pervers se déroula dans la petite cervelle toute aussi perverse du jeune homme. Il expira. Pourtant, il fit un effort subtil pour que son visage n’en dévoile rien. Si ce n’est qu’il se mordit méticuleusement la lèvre inférieure. Son regard suivit la chute de ce corps, ressemblant à une enveloppe corporelle vide l’espace de quelques secondes, puis il aspira une nouvelle bouffée de sa cigarette, plissant légèrement les paupières. Il fixa ses yeux sur la porte. Ce visage lui disait quelque chose maintenant. Plus connu que d’être simple populaire d’une académie, vous voyez. Quelque chose de plus… Grand public. Enfin, il ne serait définir comment, mais ce souvenir taraudait ses pensées. Du coin de l’œil, il vit que le gamin qui lui tenait lieu de compagnon de cellule pour ce week-end cachait son regard de la lumière. Il riva le sien sur l’ampoule et, poussé par un instinct sourd, il tira une dernière bouffée de sa clope, avant de la jeter dans le cendrier du balcon, et il s’avança vers l’interrupteur. Il éteignit tout, seule la lumière naturelle de plus en plus tamisée éclairait la pièce. Il soupira et resta là quelques secondes, les doigts toujours posés sur le petit bouton sur le mur.

Sans qu’il ne s’en rendre compte, son esprit s’égara. L’image d’Alex se peint dans sa mémoire. Pourtant, les traits de son aimé commençait à s’estomper, il n’était plus aussi nets qu’au début. Jacob n’osait même plus savoir depuis combien de temps il ne l’avait pas vu. Il ne comptait plus les jours, les semaines et mêmes les mois sans lui. Au début, il s’était essentiellement trainé, telle une âme en peine. Mais maintenant, et cela le rassurait beaucoup, il reprenait du poil de la bête. Avant, il était terne, il errait, enchainé à sa peine sourde et secrète, dans les bars, les café. Maintenant, il visait quelques cibles potentielles. Il avait même eu de nouvelles aventures avec quelques amants de passage. Mais, alors qu’il pouvait revoir plusieurs fois une même personne, maintenant, il ne se contentait que d’une seule et unique fois. Après, on appelle cela une relation. Et la seule qu’il avait voulu dans sa vie, c’était celle avec ce brun. Cet éphèbe porté disparu. Il contracta les mâchoires, quand il sentit cette boule dans sa gorge et les nœuds dans son estomac. Il sortit rapidement de sa transe et fit volte-face. D’une démarche féline, chassant la silhouette et la voix du tatoué de son esprit, il avança vers le lit. Il était mannequin. Voilà d’où il connaissait Asuka. Ce gars était mannequin. Alors, qu’est-ce qu’un corps comme le sien pouvait avoir de plus que celui du russe pour être photographié sous toutes les coutures ou presque, hein ?

Un sourire malsain ourla les lèvres du blond et il se pencha sur son colocataire. Il riva ses yeux sur lui. Son visage redevint neutre par à-coups. Quand il ne fut impossible d’y lire n’importe quelle expression, comme à son habitude, Jacob le rapprocha un peu plus de celui de son vis-à-vis. Il n’était pas à une distance dangereuse. Ni pour lui, ni pour cet adonis. Il s’était juste penché un peu plus. Histoire de…

"Tu n’as pas l’air d’être de ce bord, certes. Mais j’ai l’envie folle de te faire virer ta cuti."

Il eut un rire bref, puis il se redressa et s’éloigna de nouveau vers le balcon.

"Oui, je suis un obsédé."

Cette fois-ci, il éclata de rire, pour lui-même. S’en suivit que, comme découragé d’il ne saurait dire quoi, il s’appuya face à la rambarde, accoudé au béton froid et vieilli par les soins de Mère Nature. Il laissa son regard vagabondé sur l’horizon. Ils avaient de la chance : leur balcon donnait côté jardin. Et, apparemment, il ne devait rien s’y passer. Tout était calme. Dans un soupir qu’il tenta d’étouffer, il laissa sa tête retomber contre sa poitrine. Ok, il avait été pris réellement de l’envie de faire des choses peu catholiques à son voisin, mais forcer – chose qui était son passe-temps autrefois – ne lui disait plus rien. En silence, il commença à maudire son âme-sœur. Et puis merde à la fin. Il ne vallait mieux pas que ce mec s’avance vers lui. C’était décidé : s’il venait par-là, il le plaquait à la première surface qu’il trouvait et le violait. Allez quoi ! Il n’allait pas se laisser aller pour si peu. Si peu, et déjà tant.

L'étau se resserrait sur ses tempes. Cette migraine semblait aussi bien implantée que son voisin de chambré. *Quelle veine!* Et pire encore que de ne pas trouver comment calmer ce tourment, savoir l'autre tout proche le laissait à cran, tendu. On aurait pu l'allonger sur deux tabourets, l'un sous sa tête et l'autre sous ses pieds, qu'il aurait pu faire office de table stable tant son corps était droit et raide. Même le confort indéniable du lit sur lequel il s'était affalé ne le détendait pas. Il aurait été allongé par terre que ça aurait été du pareil au même.

Toutefois, son colocataire d'un weekend lui procura un peu de bien-être... avant la tempête! En effet, l'agression de l'éclairage artificiel s'arrêta net. Et le petit clic de l'interrupteur attesta que ce n'était pas une panne. Jacob avait donc penser à bien faire pour changer. Ce qui ne modifiait en rien les aprioris d'Asuka. Que du contraire, bien qu'il ne parvenait pas à oublier sa présence, l'entendre fumer, marcher, l'écouter agir dans la pièce: tout ça augmentait son aversion à son encontre. Puis il marcha encore, lentement. Le blond pouvait l'entendre... respirer.

Ça, ce n'était pas normal. Asuka déglutit difficilement en se rendant compte que non loin de lui, le pervers de service devait le regarder. Dès lors, si vous savez qu'on voit toute sa vie défiler quand on est sur le point de mourir, autant vous dire que notre blond imagina tout son viol rien qu'en écoutant l'autre parler. Il s'agissait là de flash interminables, de quoi augmenter la migraine déjà bien présente.

Au départ, il revit sa rencontre avec lui. Sa façon trop collante de marcher, ses commentaires, son comportement. Puis maintenant : cette voix. Ces mots qui résonnaient encore et encore alors que d'autres images, parfaitement imaginées, assaillaient l'esprit du mannequin. Ses vêtements se déchirant sous la poigne de Jacob. Ce dernier emprisonnant le corps d'Asuka. Ses mains frôlant la peau frissonnante du blond qui tétanisé, ne parvenait pas à se débattre d'avantage. Ses lèvres, sa langue aussi... comme quoi l'esprit du jeune homme était plus fertile qu'il ne l'aurait cru. Mais par chance, son bourreau s'éloigna avant qu'il n'eut pu imaginer d'avantage.

Même si cela n'avait duré qu'une fraction de seconde, le corps d'Asuka était endolori comme s'il avait fait trois heures de sport. Au lieu de ça, il ne venait que de subir un dixième de minutes de stress un peu trop intense. Assez pour qu'il ait arrêté de respirer pendant cet instant. Assez pour qu'il ait délibérément omis d'ôter son bras de son regard. Dieu sait ce que Jacob aurait pu y lire! Pire encore : qu'est ce qu'il aurait pu comprendre en regardant dans l'âme d'Asuka? Rien que l'entendre rire suffit à lui donner raison sur ce point. Même sans ça, il parvenait à avoir un rire indescriptible alors imaginer avec...

Puis, telle la cavalerie qui arrive toujours en retard, il se redressa d'un bond sur le lit. Un geste automatique comme s'il venait de faire un mauvais rêve. Comme si réellement son acolyte était toujours près de lui. Au lieu de ça, ce dernier était retourné sagement sur le balcon. Quand Asuka le vit en biais, il semblait si inoffensif. Si différent du pervers qui venait encore de lui lancer des propos salaces à la figure. C'était d'ailleurs la première fois depuis leur rencontre au pas de la porte qu'Asuka pu le regarder avec minutie.

Il était plutôt beau garçon – en toute objectivité – alors quel était l'intérêt de vouloir sauter sur tout ce qui bougeait? Comment se faisait il d'ailleurs qu'avec un tempérament de feu tel que le sien, il soit venu seul? Pas même une seule groupie à l'horizon... bon certes, il montrait bien son intérêt pour la gente masculine mais tout de même, un type pareil : on l'imagine mal en compagnie de madame solitude. Quoique bon... quand on voit Asuka, on ne peut pas forcément dire mieux. Il ne manquerait plus que lui aussi fasse partie des populaires. Mais là n'était pas la question. Ce petit intermède eut malgré tout pour effet de le détendre... un peu. Juste le temps de regarder la pièce s'assombrissant d'avantage avant de reporter son attention sur son voisin.

« Du bluffe... »

Il parla à mi-voix au bout de quelques minutes. Il se parlait plus à lui-même qu'envers Jacob mais c'était peut-être audible. En vérité, Asuka s'en fichait un peu. Il essayait de faire abstraction de sa présence. Comme si une barrière invisible séparait le balcon du reste de la chambre. Comme si tout d'un coup, plus rien ne pouvait lui arriver car : c'était du bluffe. C'était là, la seule conclusion qu'il avait trouvé. C'était un genre que ce type se donnait. Une carapace de pervers insatiable qui ressemblait à celle qu'Asuka affichait lui-même, dans un autre registre. L'un ayant choisi l'abordage droit au but pour faire fuir les autres tandis que le second avait une technique moins efficace mais qui n'allait pas à l'encontre des convictions du blond.

En tout cas, cette idée défroissa enfin ses muscles. Tout son être se détendit au point qu'il dû passer une main dans sa nuque jusqu'au dessus de ses omoplates pour remettre de l'ordre dans l'ensemble de nœuds qui avaient été formés sur chacune de ses articulations. Sa respiration également se fit plus calme, plus posée au point qu'un soupir s'échappa de ses lèvres alors qu'il faisait tourner sa tête, les yeux fermés.

Il fallait maintenant faire bon gré – mal gré. Vu que cette illumination avait germé dans l'esprit d'Asuka, il n'y avait plus de raison de craindre les menaces de Jacob. Il avait tenté de mettre notre blond à bout de nerfs, il avait réussi et maintenant, il était sagement au meilleur endroit de la pièce durant ce soir couchant : sur le balcon.

L'air tiède de cette fin de journée entrait légèrement dans la pièce, attirant l'adolescent comme les sirènes envoutaient Ulysse. C'est ainsi que sans plus aucune appréhension à l'encontre de son compagnon de chambre, il quitta son lit, ôta enfin ses chaussures qui étouffaient ses pieds pour se diriger à pas de loup vers le balcon. Oui mais voilà : la porte donnant à l'extérieur n'était pas du genre « grand passage » et même si l'un comme l'autre était relativement fins, Asuka avait le choix entre

1°) Frôler l'encadrement de la porte au risque d'embarquer avec lui la poussière de béton
2°) Bousculer Jacob qui n'était pas le genre de personne qu'on veut embêter de la sorte

Alors tant qu'à faire, autant la jouer courtois.

« Tu permets? »

*Que je passe* s'entend. Bien sûr. Toutefois, bien qu'il avait pris une certaine assurance depuis cette idée fixe que Jacob bluffait, il était encore impossible pour lui de le regarder. Ce dernier avait réussi à le perturber avec ses regards et ses mimiques. Donc comme une demoiselle prude, cette question sortit alors qu'il tourna la tête dans la direction opposée, regardant le plus loin possible en tentant, vainement sûrement, de ne pas montrer que les manières du jeune homme était encore la dernière chose à le laisser mal à l'aise.

Genre. Jacob ? Bluffer ? Non. A vrai dire, ce n’était même pas du tout sa spécialité. Il aimait le rentre-dedans et détestait intimider sans ne jamais rien oser faire. Certes, il l’avait déjà fait. Pleins de fois, en fait. Mais, toujours, il avait finit par mettre ses menaces à exécution. Il aspira bruyamment de l’air entre ses dents, mais ne bougea pas, ni ne dit rien. Il avait capté les mots plus qu’autre chose et ne voyait aucune utilité à s’attarder dessus. Justement, ce serait beaucoup plus drôle si cette brebis se jetait gaiement dans sa gueule, se complaisant dans l’idée qu’il bluffait. Le russe sourit. Ce qu’il n’entendit pas, ce fut le gamin qui avançait derrière lui. A croire qu’il avait voulu dissimuler sa présence aux oreilles du loup. Quant il entendit sa voix s’élever derrière son dos, un long frisson électrisa son échine et il tourna rapidement la tête vers lui. Il écarquilla les yeux quand il vit que l’autre n’osait pas le regarder. Quoi ? Il lui avait fait si peur que ça. Ce type était bien trop prude. Il fallait qu’il se dévergonde un peu. Un peu beaucoup, au point même où il en était !

Le blond afficha un sourire pervers à l’insu de son vis-à-vis, qui ne levait pas les yeux vers lui. Lentement, il céda un peu de place, pour qu’il puisse passer, plus à son aise. Il attendit que ce dernier soit sur le balcon pour s’avancer vers lui. Il ne le toucha pas, se contentant de se poster à ses côtés. Pas trop loin, mais pas collé non plus. Il resta muet un instant. Puis, comme inconsciemment, il tourna la tête vers son voisin et darda son regard froid et distant sur lui. Il avait perdu son sourire mauvais, son visage étant redevenu tout ce qu’il peut y avoir de plus neutre et placide. Il pourrait lui sauter dessus, quitte à le violer. Après tout, ils ne se connaissaient pas. Jacob n’avait aucune attache pour lui. Il le trouvait simplement bandant. Le peu de conversation qu’ils avaient mené jusque-là ne faisait pas d’eux des amis, ni même des connaissances. En réalité, il avait juste une profonde envie de se le faire. Le tout mêlé à une flemme sans bornes.

Alex’. Le nom qui hantait son esprit. Tout ce qu’il espérait c’était que ce mec sorte de son cœur. il savait maintenant qu’il ne le reverrait pas. Et même si cette intuition s’avérait fausse, il aurait trop envie de le tuer sur place pour ne serait-ce que penser à lui pardonner sa longue – bien trop longue – absence. De toute façon, il avait déjà brisé la promesse. Il s’était tué à la respecter pourtant. Coucher était toléré, mais il devait lui réserver ses lèvres. Des paroles bien belles. Et assez cruelles. Il soupira et détacha enfin son regard perdu dans le vague du visage d’Asuka. Tant pis pour eux. Tant pis pour Alex’, tant pis pour Asuka. Et puis, avouons-le, tant pis pour le russe.

Lentement, puisque le viol ou encore forcer quelqu’un n’était plus vraiment son jeu favori, il se recula, entrainant le garçon par le bras. Il se colla à lui, sans chercher à l’emprisonner pour autant. S’il voulait partir, il pouvait. Après tout, il n’était pas sa propriété. Et Jacob ne savait même pas si avoir une aventure avec un autre homme pouvait l’intéresser. Peut-être ni avait-il jamais pensé. Peut-être même trouvait-il cela abjecte et contre-nature. Mais, là, il s’en fichait. Il demandait comme une permission, une supplication. Il se trouvait trop doux, mais il ne pouvait se résigner à être plus mauvais, comme il adorait pourtant l’être. Pervers et débauché était ses principaux critères. Là, il approchait de la tendresse. Un nouveau frisson captura sa peau. Juste avant qu’il ne s’empare du menton d’Asuka, le bloquant doucement entre son pouce et son index plié, pour l’obliger à la regarder droit dans les yeux.

Jacob approcha son visage du sien et, lorsqu’il atteint son oreille, il se contenta de murmurer :


Il se redressa et, cette fois-ci, il vola les lèvres du garçon, réclamant lentement leur ouverture avec sa langue. En attente d’une réponse de leur part, il ne put retenir ses mains. L’une glissant prudemment sous le haut du gamin et venant se placer sur ses reins, le collant encore plus au corps de Jacob. Il commençait à se réchauffer doucement, alors que son souffle se déguisait encore en une fumée dense et volatile, victime du froid. Son autre main, plus taquine, se glissa jusqu’à son aine, se logeant entre leur deux corps, avant de commencer de lents aller-retour sur cette peau encore inconnue. Ne pouvant rester en place, le blond finit par glisser un doigt fin et long sous l’élastique même du sous-vêtement. Puis, arrivé là, tout se stoppa.

Jacob rouvrit les yeux et fit un pas en arrière. Baiser échangé, un peu de sentiments de son désir transmis et le voilà parti. Comme une sorte de réflexe, le russe porte ses deux mains tendues de chaque coté de son visage, comme braqué par une arme. Il noie alors ses yeux dans ceux d’Asuka et sourit faiblement.


Il marqua une pause. Ses bras se baissèrent, retombant mollement le long de son corps.


Il haussa les épaules et rentra dans la chambre, comme pour se réfugier. Il regarda les deux lits et se laissa tomber sur celui qui était libre tout à l’heure.

Lâche ? Allez savoir. Juste que là, cet Asuka semblait trop chétif pour subir ça. Jacob redoutait presque de le voir verser une larme entre deux gémissements de douleur. Il ferma les yeux et contracta les mâchoires, allongé sur le dos.

Quelle surprise. Jacob le laissa passer sans broncher. Sans aucune raillerie. Sans aucun commentaire sur la remarque qu'il aurait pu surprendre. Ce qui ne faisait que conforter Asuka dans l'idée qu'il avait bluffé jusque là. Qu'enfin, ce garçon allait se montrer 'normal'. Et si conversation il devait y avoir – chose qui n'était pas nécessaire – elle serait certainement des plus banales. Alors pourquoi se tracasser d'avantage? Dans cette optique, le blond s'appuya sur le rebord du balcon, les bras tendu de part et d'autre de son corps. Son regard se perdit alors au loin, non plus pour fuir les yeux du russe mais pour admirer le paysage.

Le blond se surprit même à sourire en regardant un match de foot qui semblait se tenir à quelques kilomètres. Aux cris qu'on pouvait à peine entendre, ça devait être de tout jeunes gamins. Plus à droite, la forêt s'étendait à perte de vue et à gauche... Jacob. Difficile de regarder de ce côté là si ce n'est une œillade en coin. Ce fut suffisant pour croiser le visage du jeune homme qui semblait perdu dans ses pensées alors autant ne pas le déranger. Si Asuka avait su... Pour une fois, depuis leur rencontre, que son colocataire se montrait un tant soi peu civilisé et humain, voilà qu'il ne trouva rien de mieux que de profiter de l'inconscience d'Asuka.

En effet, ce dernier avait repris sa contemplation de l'horizon quand il se retrouva en train de faire un quart de tour en direction du russe. Et avant même de pouvoir dire 'quoi, qu'est-ce ou mais', il l'avait presque dans les bras. Où était donc parti le semblant d'être indifférent qui était apparu deux secondes plus tôt? Pourquoi maintenant Asuka devait il se retrouver avec ce type tout contre lui? Encore une fois sa respiration se fit plus lente alors qu'il était persuadé que son cœur devait tenter de battre un record mondial de pulsation à la seconde.

*Mais bouge bordel! Dégage-le de là!!* Autant essayer de ramasser de l'eau avec une passoire. Asuka avait beau se sermonner, il n'était pas capable de bouger ne fusse que le petit doigt. Il regardait juste derrière Jacob, paysage qu'il n'avait pas su voir plus tôt et dont il n'était même pas capable d'apprécier la splendeur à cet instant. Comment voulez vous d'ailleurs? Il était pétrifié par ce qui venait d'arriver... par ce qui se produisait à l'instant. Même quand le blond lui prit le menton pour le regarder dans les yeux, il ne le voyait pas. Il avait bien le regard plongé dans le sien mais son esprit semblait se concentré uniquement dans ses tempes, lui intimant de bouger, de réagir mais rien n'y faisait, Asuka était pétrifié face à Jacob.

Seuls ses mots semblèrent lui décocher un semblant de vie, lui faisant écarquiller les yeux en apprenant qu'il n'avait fait que se leurrer pour pouvoir coexister l'espace d'un weekend avec cet individu. Une supercherie que le russe ne manqua pas de piétiner en lui assurant ne pas bluffer. Comme si c'était suffisant. Il fallut en plus qu'il joigne l'acte à la parole. C'est ainsi que le mannequin finit avec les lèvres de son colocataire sur les siennes. Pire encore, il se surprit même à le laisser faire. Cédant à chacun de ses ordres muets. Sans même s'en rendre compte, Asuka avait même fermé les yeux. À vrai dire, seuls les jeux de mains de son bourreau le dérangeaient. C'est pourquoi il frémit avant de plaquer sa main sur le torse de Jacob.

Mais il ne fut pas capable de le bousculer. Tout au plus l'éloigna-t-il un peu de lui. Refusant de sentir d'avantage la chaleur de leurs deux corps l'un contre l'autre. Puis, quand les coquineries de son partenaire commencèrent à être trop poussées, il l'éloigna encore d'avantage. Un mouvement ferme qui fut accompagné du recul délibéré de Jacob. Leurs lèvres, dernières parties de leurs corps encore en contact, se séparèrent également laissant l'adolescent perplexe par rapport à ce qui venait de se produire. Il se mit alors à trembler. De froid? De nervosité? De haine? D'inquiétude? Tout ça et plus encore très certainement car Asuka n'y comprenait rien.

Pourquoi l'avait il laissé faire? Pourquoi n'avait il pas broncher? Pourquoi s'était il laissé embrasser? Tant de pourquoi dont il n'avait aucune réponse. Tant de doutes qui ne concernaient pas spécialement son vis-à-vis mais bien lui-même! Il était partagé entre l'incompréhension quant à sa réaction... ou plutôt son manque de réaction et le fait certain que, bien qu'agréable, ce baiser le dégoûtait au plus haut point! C'est pourquoi il s'en voulait plus à lui qu'au fanfaron en face de lui qui jouait maintenant les repentis. Celui-ci qui finalement bluffait malgré tout.

C'en était un peu trop pour Asuka qui, pour la première fois, osa poser son regard sur son colocataire. Au travers de sa frange, il lança toute sa haine envers Jacob qui se riait de la situation. Et plus ce dernier semblait prendre ce baiser pour un jeu sans intérêt, plus le blond sentait la colère l'envahir au point que ses muscles se contractèrent. Ses mains jusque là ouvertes le long de son corps, se resserrèrent petit à petit jusqu'à que ses poings soient fermement serrés. Il regarda alors Jacob quitter le balcon pour s'allonger. Tranquillement. Comme si de rien n'était.

Affaire classée.

Pas pour tout le monde! Asuka ne pouvait contenir sa rage d'avantage. Il était d'ailleurs hors de question que les murs de la maison en pâtissent. Il entra alors d'un pas énergique dans la chambre pour attraper Jacob par le t-shirt, décollant son buste de sa couche. Il l'avait agrippé par le col fermement et sans plus attendre, il lui flanqua son autre poing en pleine figure pour ensuite laisser cet importun retomber dans ses draps. Asuka se redressa alors de toute sa hauteur, recula assez pour finir au centre de la pièce et pointa son index accusateur vers son vis-à-vis. Si jusque là il avait soigneusement éviter son regard, à présent ce n'était même plus envisageable. Il voulait que Jacob voit toute la haine qu'il avait dans les yeux.

« Bakayaro! Ne recommence jamais ça! »

Là, il y avait intérêt que les murs soient épais car Asuka ne se soucia pas du volume. Il venait de hurler tout son venin qui pourtant, ne se résumait qu'à cette phrase. Mais ça n'empêchait pas que sa colère soit encore bien présente. Crispant chacun de ses traits. Rendant sa respiration profonde et serrant sa mâchoire au point qu'on pouvait voir ses maxillaires se mouvoir sous ses joues. Il n'aurait pas fallu grand chose pour que ses poings, toujours fermement serrés, ne partent à nouveau.

Le temps d’ouvrir les yeux que Jacob se sentit décoller du matelas. Les yeux écarquillés, il les riva dans ceux de son vis-à-vis, ne réalisant son poing que lorsqu’il s’abattit sur son visage. Il retomba alors mollement sur le lit, posant instinctivement sa main sur sa joue en feu. Il se redressa brutalement sur son séant, avant de devoir fermer les yeux et de reprendre une respiration plus lente, pris de vertige. Le choc avait été violent. Il descendit sa main jusqu’à poser ses doigt à la commissure de ses lèvres. Il saignait. Pire, il pissait le sang. Heureusement, à première vue, le nez n’avait pas été la cible principale et il était épargné. Mais il aurait une croute et peut-être même une cicatrice au coin de sa bouche pour un moment. Il lança un regard noir au doigt inquisiteur duquel son voisin le pointait. Il fronça les sourcils remontant son bras. Il ne l’écouta pas. Il s’en fichait totalement. Ce gars venait de le frapper ! Et au visage en plus. Il inspira et lécha ses doigts avant de passer sa langue sur la blessure, ne quittant pas le gamin des yeux.

"Ta gueule. Tu n’as pas protesté à mon baiser."

Il parlait d’une voix rauque, énervé par le coup et encore affaibli par le vertige. Il se leva lentement, ne prenant aucun risque inutile. Ses yeux passèrent rapidement sur les poings encore serrés de son vis-à-vis et il préféra garder ses distances. Du moins, jusqu’à ce qu’il estime que l’autre avait suffisamment baissé sa garde. Il jeta un coup à son reflet dans la vitre de la fenêtre et soupira. Au fond de lui il bouillait, mais en surface il restait calme. Ce qui était mauvais signe. Pourtant, il ne pouvait pas réellement en vouloir à ce gosse. Il l’avait violé… Buccalement. A cette pensée, un sourire moqueur ourla ses lèvres. Puis, il grogne, fronçant de nouveau les sourcils : la blessure était plus profonde qu’il ne l’avait pensé aux premiers abords. En plus, l’ankylosement du choc ne faisait plus effet, il commençait à sentir vraiment les répercussions de ce coup de poing.

"Tu es furieux parce que je t’es embrassé ? Ou parce que je me suis arrêté ?

Il eut un rire bref et son regard devint plus provocateur. Ils allaient peut-être finir par se battre ? Il n’en savait rien. Tout dépendait des réactions de son voisin. Il savait juste qu’une fois absolument énervé, il ne pourrait plus se contenir. Et si l’envie lui prenait d’abuser de son petit collègue, il le ferait. Puisqu’à ces moments-là, ses moments de colère, voire de rage, il n’était plus question de remords. Aucun regret. Et ce n’était pas son entre-jambe qui allait être contre cette optique. Jacob plissa légèrement et rapidement les paupières, avant de redevenir plus neutre.

"Je te signale que tu as répondu. Je n’ai pas forcé tes lèvres à s’ouvrir."

Il était fier. Il fallait avouer qu’il avait juste demandé à ce qu’il lui cède le passage. S’il n’avait vraiment pas voulu, il suffisait qu’il serre les dents ou qu’il le morde. Mais non, il s’était laissé embarquer dans cet échange. Donc le russe n’était pas le seul fautif. Donc le coup de poing n’était pas légitime du tout. Et il avait tout à fait le droit de lui en foutre une aussi. Même s’il irait beaucoup plus fort, par instinct de vengeance. Il ouvrit la bouche pour ajouter que si seules ses mains avaient dérangées son acolyte, il était tout à fait capable de s’occuper de lui, simplement avec ses lèvres, ses dents et sa langue. Mais il se retint. Il se contenta de sourire – faiblement – marquant ses lèvres de sa perversité. Il finit par hausser les épaules et lâcher son voisin du regard. Il regarda ses mains, puis leva de nouveau ses doigts sur sa lèvre. Elle avait enflé. Il aspire bruyamment de l’air entre ses dents, montrant son fort mécontentement. Il pensa alors à aller chercher des glaçons. Mais il n’avait aucune idée d’où pouvait être les cuisines. Il allait donc devoir demander. Ce qui était susceptible d’enclencher un véritable passage au détecteur de mensonges pour savoir comment cela lui était arrivé. Il se mordit la langue distraitement, un peu perdu dans ses pensées, puis il alla cherche des cachets dans son sac. Il prit un médicament pour la tête et des granulés homéopathiques pour cette blessure de guerre. Il jeta un coup d’œil à son portable, remarquant l’heure.

Jacob estima qu’il avait assez ignoré ce garçon et il reporta son attention sur lui. Ses yeux se dardèrent sur son visage, avant de se planter soudainement dans les siens. Il renifla. Lentement, il se posta face à ce nouvel acolyte – qui n’en était peut-être pas vraiment un, au final – sans pour autant le toucher. Il alla jusqu’à mettre les mains dans ses poches, pour lui prouver sa bonne foi. Un faible sourire pervers étira à nouveau ses lèvres.

"Tu ne veux vraiment pas essayer avec un homme ?"

Il marqua un temps de pause, perdant son sourire.

"Je ne le crierai pas sur les toits…"

« Ta gueule. Tu n'as pas protesté à mon baiser. »

Bon point. Certes pas celui qui permettrait à Asuka de se calmer mais Jacob n'avait pas tord. Le blond n'avait pas réagit. Il s'était laissé faire. Pourquoi? Telle était la question. Une chose était certaine, il le regrettait. Peut-être que le Russe avait un seconde d'avance sur Asuka dans les actions, peut-être qu'Asuka l'aurait remballé la seconde d'après en pestant sur ce qui venait d'arriver. Peut-être... peut-être... l'heure n'était plus à se poser des questions. Asuka savait qu'il regrettait de n'avoir pas réagit et ce qui comptait, c'était d'éviter que ça se reproduise.

Encore fallait il que Jacob arrête deux secondes de chercher Asuka en lui rappelant l'indubitable réalité. Oui, il avait eu un moment de faiblesse. Pas un désir inconscient à assouvir mais un moment de surprise où on fait n'importe quoi. Et ce « n'importe quoi » c'était ce baiser inavouable. Cet acte qui le rendait malade. Qui lui donnait envie de courir dans la salle de bain pour en effacer toute trace. Qui lui faisait serrer son poing un peu plus à chaque seconde. Chaque fois que Jacob en rajoutait une couche.

Il était tellement à bout de nerfs que son corps se remit à trembler. Semblables à des frissonnements dus à ses muscles qui se tendaient de plus en plus au fur et à mesure que le temps passait. Pourtant, tant que Jacob énumérait la vérité, Asuka ne bougeait pas. Ne bronchait pas. Il était forcé de reconnaître que chaque mot de l'Européen était vrai. Autant dire qu'il l'avait mauvaise envers lui-même. C'est pourquoi il se renferma près de son réel ennemi du jour. Il ferma les yeux et baissa la tête. Faisant ainsi une introspection.

Fut elle respectée par Jacob? Peut-être car ce dernier se tut. Le temps pour Asuka de tenter de se détendre. Ce qui fonctionna... un peu. Ses épaules se baissèrent et quelques spasmes dans son dos permirent à sa colonne vertébrale d'être plus libre. Même le sang dans ses doigts parvint plus facilement à circuler quand il décrispa sa poigne. Même sa respiration semblait vouloir reprendre un rythme calme. Comme après un effort où notre souffle reprend tout doucement son allure sans pour autant être tout à fait normale.

Ce n'est qu'un bruissement dans un sac qui lui rouvrit les yeux. Il regarda alors en coin Jacob qui trifouillait dans ses affaires. Cherchant un médoc de toute évidence. Il faut dire qu'Asuka ne s'était pas ménagé. En y repensant, il sentait encore l'irritation sur les jointures de son poing. Une main dont il fit bouger les doigts, toujours recroquevillés sur sa paume, pour la dégourdir. En y jetant un coup d'œil d'ailleurs, Asuka nota qu'elle était un peu rougie. Une teinte qui s'obscurcit quand l'ombre de Jacob la surplomba. Il avait donc osé! Il était là, à nouveau debout devant le mannequin.

Autant dire que tous ses efforts pour se détendre s'envolèrent comme un château de paille quand leurs regards se croisèrent à nouveau. Le rictus à nouveau mauvais sur les lèvres, Asuka n'y tint plus. Jacob en avait trop dit et toute la rage du blond jaillit à nouveau pour empoigné son vis-à-vis qui faisait mine de bonne foi. Il le tenait à nouveau par le col, à deux mains cette fois ci, et le visage à quelques millimètres de celui du Russe.

« Arrête ça! Y a strictement rien à crier sur les toits car je ne veux rien avoir à faire ni avec toi ni avec personne! »

Plutôt bavard sur ce coup ci. Asuka qui restait d'ordinaire silencieux ne pouvait s'empêcher de cracher tout son venin. Il venait d'en subir plus que ce qu'il ne pouvait en encaisser. Son ton en devenait de plus en plus cinglant à l'encontre de Jacob.

« J me cherche pas d'excuse pour tout à l'heure puis de toute façon, ça ne veut rien dire. C'est arrivé mais c'était la première et dernière fois. Alors si franchement tu veux tirer ton coup, va voir ailleurs. Vu ta gueule, tu ne devrais pas avoir de mal à trouver un pigeon mais en ce qui me concerne, oublie moi si tu ne veux pas que je te refasse le portrait et que personne ne veuillent plus de toi... »

Oui bon, là, il y allait un peu fort. D'autant qu'il savait pertinemment qu'il risquait de finir lui-même en piteux état s'ils devaient en venir aux mains. Asuka n'était pas idiot au point de se croire supérieur en force aux autres. Vu son gabarit, il était même loin du compte et Jacob pourrait peut-être bien le retourner comme une crêpe. Mais dans ce genre de situation, le blond ne se maîtrisait plus et ses actes et paroles dépassaient souvent sa pensée. Du coup, quand c'était fait, c'était trop tard pour revenir en arrière.

Asuka se contenta donc de relâcher violemment Jacob sans pour autant arrêter de soutenir son regard. Ne bougeant pas d'un pouce. Seuls peut-être son visage se trouvait moins proche de son vis-à-vis, transformant les millimètres qui les séparaient en centimètres. À présent, soit Jacob le laissait en plan, soit ils finiraient dans un sale état tous les deux. Mais au point où les choses étaient, Asuka s'en fichait. Il maudissait cet être abjecte en face de lui et toutes réponses lui conviendrait, aussi douloureuse fussent elles.

C’était qu’il en avait à revendre de la colère ce petit mannequin. Quand il empoigna de nouveau Jacob par le col, ce dernier ne put retenir un rire bref et moqueur. Un sourire tout aussi critique ornait ses lèvres, avant d’être changé en une grimace enfantine face à la douleur de la lèvre. Il commençait à s’y faire, mais le mal était encore là. Il dardait toujours son regard dans le sien, le provoquant un peu plus à chaque seconde. Il l’écoutait poliment, mais il s’en foutait royalement. Du Jacob tout craché. Il aurait encore eu des sentiments pour ce beau brun d’il y a quelques mois, il n’aurait jamais cherché à ennuyer ce pauvre gosse en face de lui. Mais comme Alex s’était fait la malle sans donner aucune nouvelle depuis, il fallait bien qu’il l’oublie d’une façon ou d’une autre. Et l’idée de se farcir un beau gosse ne lui déplaisait pas, loin de là. Il ne se cherchait pas d’excuses ? C’était pour ça qu’il en donnait tout un tas dérisoire juste après ? Nouveau rire de la part du russe. Toujours aussi moqueur et provocateur à la fois. Et les menaces qui suivirent ne firent que le contenter davantage sur sa position. C’était décidé, il allait se la taper. Son bas-ventre commençait déjà à être excité rien qu’aux images perverses qui défilaient dans son esprit tordu. Il le voyait déjà en train de serrer les dents, les yeux embués, tenter de cracher encore sa rage. Et puis, il essayait d’imaginer sa voix quand il gémirait. Son sourire devint pervers.

Quand Asuka le relâcha, il ne bougea pas non plus. Puis il laissa échapper un soupir, baissant la tête, pour la secouer lentement de gauche à droite. Il passa une main dans ses cheveux, le repoussant vainement vers l’arrière. Il donnait l’illusion qu’il allait abandonner. Puis, rapidement, son poing frappa le mannequin dans le ventre. Il se décala sur le côté et attrapa sa nuque de la même main vengeresse. Il le poussa, jusqu’à le coller au mur, les doigts s’enfonçant dans sa peau. Une fois le gamin plaqué au mur, il attrapa ses poignets, les tenants fermement dans chacune de ses mains, positionnés dans le dos du gamin. Il colla son entre-jambe à ses fesses et glissa sa bouche près de son oreille. D’une voix suave, il articula entre ses lèvres toujours étirées d’un sourire goguenard :

"Je t’aurai laissé partir. Mais les menaces m’excitent."

Il rit brièvement. Il prit ses deux poignets dans une main. Celle qui se trouvait enfin libre dégagea les cheveux d’Asuka qui gênait le russe. Il respirait lentement contre son oreille. Puis, elle descendit un moment le long de son dos, avant de se glisser sur son torse. Il passa sa langue sur son oreille, avant de la mordiller rapidement. Sa main continua sa descente, atteignant son entre-jambe, sur laquelle elle se plaqua complètement. Jacob fit un mouvement de bassin loquace, faisant certainement comprendre à l’autre étudiant que, réellement, il était excité. Patiemment, il détachait son pantalon, le tenant toujours aussi fermement contre le mur. Il glissa ses doigts sur le sous-vêtement, massant soigneusement ce qu’il tenait au creux de sa paume. Puis, lentement il les passa sous l’élastique du tissu, pour un contact plus direct. Il passa un doigt tout le long, avant d’aller caresser son gland.

"Mens-moi en disant que tu n’aimes pas."

Il rit, sadique. Se débarrassant tranquillement des habits qui le gênaient sur Asuka, il finit par prendre son sexe en main et il commença de lents va-et-vient sur toute la longueur. Parfois, il ne s’attardait que sur le gland, parfois il ne faisait que s’occuper de ses bourses. Il souriait, triomphant, à toutes les réactions du jeune homme.

[HRP : Pourri, désolée. Dis-moi si ça te va pas ^^]

Chose à retenir: jamais baisser sa garde avec Jacob! Alors qu'Asuka pensait le danger enfin parti, pensant que ses menaces avaient été prises au sérieux, le blond fini avec une violente douleur au ventre. Et avant même de pouvoir réagir, avant même de pouvoir riposter comme cela le démangeait, il était contre le mur. Asuka n'eut le temps que de se relever un peu. Mais Jacob avait déjà entreprit ses manœuvres. Dès lors, il était impossible de savoir si les grimaces qui se peignaient sur le visage du mannequin étaient dues à son visage collé de force au mur ou si elles étaient la juste réaction aux agissements du Russe.

« Lâche moi! »

C'est tout ce qu'Asuka savait répéter de plus en plus fort en tentant de défaire l'emprise du blond sur ses bras. Mais il était indéniable qu'il était en mauvaise posture. D'autant plus quand la main coquine du Russe s'abandonna sur son entrejambe. C'était plus que ce qu'Asuka ne pouvait le supporter. Le dégoût le força à fermer les yeux, fronçant les sourcils sous les gestes experts de son partenaire d'infortune. Asuka voulait que ça cesse mais ce n'étaient pas ses simples mouvements d'épaules qui viendraient à bout de son bourreau. Tout au plus permettaient ils une pause entre deux caresses avant qu'elles ne reprennent de plus belle. Un supplice physiquement excitant mais moralement répugnant.

« Arrête ça! »

Le mannequin grommelait entre ses dents, refusant toujours de regarder le visage de celui qu'il pouvait voir en biais. Son membre le trahissait déjà bien assez en réagissant favorablement aux manipulations de Jacob. Dès lors, quoiqu'il eut pu dire, ça aurait paru faux à son sensuel agresseur. Lui dire que ça le déplaisait pouvait paraître mensonger compte tenu que son membre était titillé à l'idée de se redresser. Pourtant il voulait que cela s'arrête. Il fallait que ça s'arrête. Il ne voulait plus ressentir les tremblements qui accompagnaient ses émotions contradictoires. Cette envie de résister à celle de son corps qui voulait s'abandonner à l'autre. Il en arrivait à un stade où il ignorait si l'air filtrant aux travers de ses lèvres étaient des souffles d'excitation montante ou si c'était uniquement ses nerfs qu'il tentait de contenir avant d'exploser.

Mais alors que d'autres – consentants à cette situation – seraient arrivés à une apogée des préliminaires, Asuka bouillonnait d'excitations. Celles qui empourprent les joues pour des raisons différentes, celles qui rendent le souffle court, celles qui font perdre tout contrôle... la colère et le sexe! Mais celle de dégoût dépassait tout le reste. Sentir ainsi le bas-ventre, encore vêtu, de Jacob contre sa peau, savoir que chaque caresse qu'il subissait excitaient tout autant l'autre... c'était trop pour ses nerfs.

C'est ainsi qu'il poussa un profond cri de colère tout en réussissant enfin à se décoller du mur. De toute sa hargne, Asuka recula, de plus en plus vite pour que leurs deux corps arrivent au premier impact. Un meuble qu'ils percutèrent à toute vitesse. Un choc brutal qui lui permit juste de défaire l'emprise que Jacob avait sur lui. Mais pas assez pour effacer les traces de ce qu'il venait de subir. Son corps, encore à fleur de peau, retomba au sol, le torse à quelques dizaines de centimètres du sol, soutenu par ses bras tendus, paumes contre terre.

Son souffle était haletant. La vue de son membre raidit par les caresses lui était insupportable et s'il n'était pas encore sous le 'choc' de ce qu'il venait de subir, il serait déjà debout à cogner Jacob pour ce qu'il venait de faire. *Ce... type* l'œil mauvais et le rictus menaçant au coin des lèvres, Asuka détourna la tête à la recherche de celui qu'il avait plaqué de toutes ses forces contre l'une des gardes-robes de la pièce. Le blond ignorait l'effet de l'impact sur le Russe. Impossible pour lui de savoir la puissance qu'il y avait mis. Il savait juste qu'il avait réussi à se défaire de son emprise. C'était tout ce qui comptait de prime abord. Mais après... sa rage l'avait aveuglé. Et si sa rapide marche arrière n'avait été qu'une surprise pour Jacob? Et si le choc avec le meuble ne l'avait pas secoué suffisamment? Et si... Toujours à terre, Asuka releva le visage tout en redressant le buste. Le regard glissant sur Jacob de bas en haut, le détaillant alors qu'il était toujours adossé au meuble.

Et si... ce n'était qu'une entracte à cette agression sexuelle?

Et bien, ce n’était pas trop tôt. Bien que Jacob bloque des poignets et le tienne contre le mur, il s’étonnait que le mannequin n’essaye tout de même pas de le repousser. Il était plutôt docile, dans les premiers moments. Son corps trahissait son dégoût. Pas la peine d’être un expert pour savoir que ce que vous faîtes plait à la victime, surtout quand vous sentez son sexe gonfler entre vos doigts, sous votre voix et vos caresses. Il ferma les yeux, sous le choc de l’armoire dans son dos. Il lâcha Asuka, plus par réflexe de ne pas lui faire mal, que par la douleur qui lui ceignait les muscles. Il grogna légèrement, ne le quittant pas des yeux. Le voir dans cette position n’arrangeait rien à sa libido, bien au contraire ! En plus, le regard hargneux qu’il lui offrait ne fit que l’exciter encore plus. Un sourire mauvais déroba ses lèvres, alors qu’il se décollait du meuble. Il passa sa langue ses lèvres, muet, les yeux baissés sur le sol. Lentement, il reporta son regard sur sa proie de la soirée, un air grave peint sur son visage.

Tout aussi lentement, le russe se rapprocha de lui, avant de fondre comme un rapace, le saisissant par les épaules, pour le trainer et le jeter sur le lit. Sans lui laisser le temps de faire quoi que ce soit, il le retourna, face contre le matelas. Il se mit à califourchon sur son corps, avant de glisser ses lèvres près de son oreille. Par réflexe, pour se protéger du moindre coup, il posa une main sur son crane, bloquant la tête d’Asuka. De cette même voix sensuelle que précédemment, il murmura :

"Arrête de te voiler la face."

Sans attendre, il se relève juste assez, pour pouvoir baisser le pantalon de l’autre étudiant, emportant aussi son sous-vêtement. Ne pouvant pas vraiment être libre de ses mouvements, il lâche son crane, pour appuyer prendre ses poignets et les bloquer une nouvelle fois dans son dos. C’est avec regret qu’il commence à se dire qu’il devrait toujours se promener avec des menottes. Petit rire bref, avant de lécher un doigt, puis de titiller l’entrée de la cavité du garçon. Son sourire mauvais trône toujours sur ses lèvres. Lentement, il enfonce ce doigt pervers dans l’intimité du mannequin, commençant de légers va-et-vient, histoire de l’habituer à ce nouveau contact. Puis, comme changeant rapidement de personnalité, il enfonce en lui un second doigt, de façon plus douloureuse. Une envie subite de le faire crier un peu le prend et il entame des mouvements de pénétration moins doux, mais toujours aussi sexuels. Hors de question non plus de le violer vraiment. Il y a bien un moment où il va se rendre compte qu’il aime tout ce que Jacob lui fait…

Comme par esprit d’appartenance, le russe se penche un peu sur son corps, glissant ses lèvres dans sa nuque, allant suçoter le lobe de son oreille. Puis, il le marque au cou, violaçant sa peau d’un suçon magnifique. Enfin magnifique à ses yeux. Alors que ses doigts continuent de bouger en lui, il en profite pour faire sentir à ce gamin toute l’excitation qui l’enserre dans son jean.

Une fois les idées bien remises en place, Asuka se releva du sol. Grave erreur, énorme erreur! Les dents serrées tout comme les jointures de ses doigts qui blanchissaient sous la contraction de ses mains, Asuka était presque redressé quand Jacob fondit sur lui. La métaphore du rapace sur sa proie n'a jamais été si juste. Asuka était tel le lièvre sans défense quand on le prive de ses pattes. Or, c'était ce que le blond faisait, d'ordinaire, le mieux: fuir! Sachant son infériorité physique, il préférait toujours prendre ses jambes à son cou plutôt que de devoir finir avec une tête au carré. Certes, ça arrivait parfois – surtout quand la personne qu'on défend est teigneuse – mais dans le meilleur des cas, Asuka finissait avec une ou deux égratignures et arrivait l'instant de la fuite. À moins d'avoir de quoi riposter : une barre, une batte de base-ball, ... un objet contondant en somme. Mais là, rien!

Dès lors, sans avoir pu crier « ouf », le mannequin était face contre... non enfui, dans un oreiller. Pire que d'être contre le mur un peu plus tôt, Asuka était maintenant sous Jacob, dans l'incapacité – presque totale – de bouger. La seule chose qu'il put faire fut de détourner la tête afin de ne pas finir asphyxié, ce qui, au final, aurait peut-être été préférable... la main de Jacob vint se plaquer sur sa joue, l'empêchant de bouger complètement. Toutefois, rien que la phrase de son bourreau lui donna l'énergie de décoller légèrement son visage de l'oreiller. Bien qu'il y avait mis toute sa force et sa haine, c'est à peine s'il put sentir le coton du coussin quitter sa peau pour y retourner illico presto sous la pression. C'est à cet instant que le mannequin se sentit perdu. À cet instant seulement, il se demandait s'il y avait une solution pour quitter cette situation délicate.

Tout dans l'attitude de Jacob dénotait d'une certaine habitude, il savait comment se mettre pour réussir à ôter les habits du blond sans que celui-ci puisse y faire grand chose. En moins de temps qu'il faut pour le dire, Asuka avait le pantalon sur les mollets et toujours cette impossibilité de riposter. Ça le rendait fou de rage. Mais Jacob s'en fichait royalement. Asuka grognait des « arrête » incessants mais le russe continuait et ce n'est qu'en le voyant lécher son doigt avec malice que la victime comprit que ce calvaire qu'il venait de subir n'était que... le début!

« Non!! »

Trop tard, Asuka se mordit les lèvres en sentant le doigt de son rival. Même si c'était fait avec une certaine tendresse pour commencer, le blond désapprouvait ce qu'il se passait. Et il ne manquait pas de le montrer autant que faire ce peut. En effet, quand on a quelqu'un sur le dos, qu'on s'enfonce dans un matelas moelleux à chaque mouvement, il est assez dur de pouvoir faire quelque chose de bien explicite. De plus, plus Asuka remuait pour se dégager de cette mauvaise posture, plus il sentait la pression que Jacob appliquait entre ses omoplates, serrant toujours un peu plus sa peau là où ses mains étaient maintenues. Cette posture rendait l'européen plus lourd qu'il n'y paraissait, tellement lourd que chaque tentative de se défaire de son emprise devait ressembler à une chatouille. Mais l'énergie du désespoir était telle pour Asuka, que ce dernier continuait de se débattre sans réel succès.

Le pire était peut-être de devoir serrer les fesses. Tenter de se retenir quand on a une envie pressante mais que les WC sont occupés est une chose, tenter d'éviter qu'un corps étranger n'y entre en était une autre. D'autant que la force mentale exercée dans le premier cas était purement et simplement inutile dans la situation actuelle. Ce qui rendait l'acte encore plus douloureux. Asuka eut une envie de mourir quand son bourreau pris sa vigueur à deux doigts... comme si un ne suffisait pas! Mais au lieu de lui donner la satisfaction de crier de douleur – ce qui le démangeait plus qu'on ne peut l'imaginer – Asuka serra les dents, les faisant même grincer par moment... Sa respiration s'accéléra encore une fois et son souffle filtrait à grands coups entre ses dents toujours serrées comme si elles tentaient de faire rentrer leurs opposées dans la gencive.

*bordel... arrête... arrête ça... * même les pensées du blond suivaient le rythme de sa respiration saccadée, impossible pour lui de se concentrer... sur quoi d'ailleurs? Tous ses faits et gestes étaient dictés par le désespoir... le rêve visiblement utopique que Jacob fasse comme avec ce baiser échangé plus tôt: qu'il se dise que finalement, il en avait marre. Mais apparemment non. Alors que le blond serrait ses paupières aussi fort que ses dents, empêchant ainsi de voir l'horrible réalité et retenir des larmes de couler, Jacob pencha son visage machiavélique dans sa nuque. Il sentit ses lèvres sur sa peau tendue, ce qui crispa ses lèvres dans un rictus de dégoût le plus total. Dans un ultime effort toujours des plus inutiles, il tenta de bouger les jambes mais il parvenait à peine à faire quelques remous qui, dans une piscine, ne l'auraient fait bouger que de quelques centimètres. Il faut dire que Jacob pesait, dans cette posture, comme un âne mort... C'est en sentant le suçon naître dans son cou qu'il réussit à marmonner.

« Co... connard. »

Lentement, ses yeux s'ouvrirent pour oser regarder la partie visible du visage de son tortionnaire. Il savait plus ou moins à quoi s'attendre, un visage satisfait de ce qu'il faisait, ce qui dégoûtait d'avantage le mannequin qui était comme une marionnette de chiffon entre ses mains. Toute tentative de se dépétrer de là était vaine bien qu'il avait tout tenté et que là encore, il avait certains soubressauts qui laissaient présager qu'il voulait encore fuir cette position...

« Tu... tu m' ... dégoûtes! SSSS » Asuka persifflait quand Jacob y allait un peu trop fort. De l'air filtrant entre ses dents toujours serrées, toujours de plus en plus fort sous la douleur. « non... tu m' fais... pitié... SSS »

Oui bon, des deux, c'était quand même lui le plus pitoyable. Ça, il n'était pas idiot au point de ne pas le remarquer lui-même. Mais il espérait, dans un acte ultime, que ça intriguerait un peu Jacob, de quoi ralentir sa cadence et permettre à Asuka de poursuivre, ce qu'il tenta malgré le choix de son tortionnaire.

« Incapable de... de trouver un... un type consentant. Pathétique. »

Malgré la situation loin d'être drôle, Asuka étira la commissure de ses lèvres, du côté de son visage qui était vers le haut. Mais même un myope à 10 mètres d'eux sans ses lunettes aurait pu voir que ce sourire était juste une provocation mal placée, que rien n'était jouissif pour Asuka qui jouait véritablement le tout pour le tout dans cette réplique. Il appliquait une citation qui disait « aux maux désespérés, il faut des remèdes désespérés ou il n'en faut pas du tout. » Lui avait opté pour un pseudo remède désespéré.

« Vas-y... si ça t'éclate... si t'aimes baiser... une loque. »

Sur cette dernière tirade, Asuka se laissa aller à contre cœur. Il referma les yeux et stoppa toute tentative d'y échapper. Seules ses dents restaient immuablement serrées tout comme ses paupières qui se plissaient de plus en plus sur l'effort qu'il effectuait à les garder désespérément closes. Essayant ainsi – sans résultat – de s'isoler de cette chambre, de pouvoir divaguer vers un pseudo rêve loin de ce cauchemar bien réel. Mais sous les agissements de Jacob, il ne put retenir alors une larme de rouler sur son visage...

Un long frisson dévale son échine quand il entend le gamin l’insulter. Frisson de dégoût ou d’excitation, il ne saurait le dire. Il sent le regard de l’autre chercher à le voir et il ne voile absolument pas sa mine réjouit, entièrement satisfait de ce qu’il lui fait vivre. L’horreur et, certainement bientôt, le plaisir. Car, certes, c’est un drame de se faire prendre par quelqu’un alors qu’on serre les fesses, mais il ne faut pas nier qu’on peut quand même y prendre son pied. Jacob tilt juste à ce moment, et seulement maintenant, qu’il s’apprête à violer carrément quelqu’un. Il se redresse, continuant de peser de tout son poids sur le mannequin, s’offrant un instant d’hésitation. Savoir à quoi il en était réduit depuis le départ de son brun, lui file la gerbe. Mais il ne pensait pas aller jusqu’à abuser d’une personne non consentante. Il lui arrive de forcer les autres, mais ils finissent toujours par céder à un moment ou à un autre. Pour Asuka, il se débat encore et encore, avec une énergie du désespoir telle que ça pourrait presqu’attendrir le russe.

Quand la voix de son acolyte de fortune s’élève de nouveau, étouffée par la haine qu’il doit ressentir pour lui, tous les doutes de Jacob s’effacent en un clin d’œil. Il reporte son attention sur lui, un sourire malsain renaissant sur ses lèvres. Un nouveau frisson le parcourt mais, cette fois, moins électrique, plus famélique. Si dégoût et pitié est ce qu’il inspire à ce type, il faut avouer que lui ne ressent qu’envie et excitation. Et c’est pour ça qu’il se fout royalement de ce que l’autre peut penser de lui et éprouver dans cette situation. Monsieur mise sur la satisfaction de son nombril, non sur les désirs de son voisin, un étage en-dessous. Il commence à y aller plus fort et plus loin. Ses doigts commencent à prendre une cadence plus farouche, alors qu’il se demande Asuka va réussir à trouver son souffle pour continuer de l’insulter et de tenter de le diminuer. Ce qui ne fait rien d’autre que l’effet inverse quand il parle de nouveau, sifflant encore entre ses dents. Le russe ne saurait dire si c’est dû à la rage qu’il doit éprouver ou à la douleur ou toute autre chose, mais ça lui va tellement bien.

Et il sourit. Jacob arque un sourcil lorsqu’il voit la provocation s’emparer des lèvres de sa victime. Comme quoi, il ne doit pas être assez décisif dans ses gestes. Peut-être que ce vaurien attend autre chose. Même si le russe sait parfaitement que tout ce qu’il veut c’est le rabaisser pour l’atteindre dans sa fierté, il s’en moque. Il veut juste tirer son cou. Alors qu’il se mette à l’insulter, à le supplier, à lui promettre monts et merveilles, il s’en tamponne. Tout ce qu’il veut c’est le sauter. Même s’il faut avouer qu’il commence à sérieusement le faire chier et à bien entamer son égo. Une dernière tirade et Asuka renonça à continuer de dépeindre ce qu’il pensait de son bourreau. Ce dernier le regarde alors et aperçoit la larme qui coule sur son visage.

Jacob soupire et lève les yeux au ciel, perdant son sourire. Là, ça en devient pathétique. Autant lui, sur son piédestal, qui n’est rien d’autre que le corps vendu par Asuka, se sent bien, autant l’autre, en-dessous, la loque – comme il le dit si bien – est vraiment minable. Au final, ce n’est pas de baiser un truc comme ça qui le fait chier, mais simplement le fait qu’il se résigne si vite, qu’il abandonne si tôt. Ce n’est pas le russe que ça aurait dérangé qu’il persifle encore quelques doux noms d’oiseaux. Il se penche vers lui, dégageant lentement la main qui le bloque, pour défaire son jean et le descendre au niveau de ses genoux, entrainant son boxer dans le même mouvement. Il se penche à l’oreille du mannequin et, reprenant un petit sourire pervers, il souffle d’une voix rauque :

"Que tu sois une loque ou non, je te prendrai quand même, ça m’est totalement égal."

Il marque un temps de pause, pendant lequel il passe sa langue sur son oreille, jouant avec. Entre temps, maintenant nu, il repose sa main pour bloquer de nouveau sa victime. Les doigts qui le pénètrent arrêtent alors leur mouvement de va-et-vient, se contentant de bouger lascivement. Son sourire s’élargit.

"J’ai trop de personnes consentantes, un peu de résistance ne peut pas faire de mal."

Il lâche un rire bref et dénué de joie, avant de se redresser. Il retire alors ses doigts de son intimité et se positionne mieux, de façon à placer son sexe juste à l’entrée de sa cavité. Il appuie un peu plus sur la main qui bloque Asuka, pour être sûr qu’il ne puisse pas partir, s’il se remettait à se débattre. Il serait réellement frustré qu’il lui échappe à ce moment-là. Il attend juste assez pour que l’autre réalise que c’est vraiment la fin, qu’il ne peut plus rien faire, mis à part hurler à plein poumon pour espérer qu’un invité vienne les voir. Mais, Jacob reste persuadé que personne de viendra les déranger : la musique résonne de la salle où tous les invités sont réunis, la fête bat son plein. Moins deux personnes, en tout cas.

Jacob lâche un soupire d’aise à mesure qu’il s’enfonce dans l’intimité de son amant forcé. Il se mord la lèvre, pour rester calme et ne pas non plus lui provoquer une douleur atroce. Malgré le fait qu’il abuse de lui contre toute volonté, il n’a pas non plus envie de le déchirer. Son but n’est pas de le faire gueuler de douleur, simplement de plaisir. Alors, oui, ce n’est pas très agréable quand on est puceau, mais mieux il s’y prendra, plus vite l’autre oubliera un peu le mal. Il attend juste un peu, le temps que le mannequin s’habitue à cette intrusion – si tant est qu’il s’y habitue – et surtout le temps que le russe se fasse au fait qu’il soit si étroit. Il ferme les yeux un instant, avant de les rouvrir lentement. Il voit la trace de la larme sur la joue de l’autre, mais ne change toujours pas d’avis. De toute façon, maintenant, il est vraiment trop tard pour revenir en arrière.

Le russe se penche un peu sur le corps d’Asuka et commence alors de légers mouvements de va-et-vient. Il fait bouger ses reins lentement d’abord, sans trop aller en lui. Après quelques minutes, il commence les choses plus sérieuses. Il se fait progressivement plus rapide, allant à chaque coup de bassin un peu plus profondément dans l’intimité de l’autre étudiant. Sa respiration commence à se saccader, devenant un peu sifflante, alors que son corps s’embrase juste un peu plus à chaque geste. De sa main libre, il remonte un peu les hanches du mannequin, pour aller plus facilement en lui, enlevant alors un peu de sa douleur et y ajoutant plus de plaisir. Il descend ensuite sa main sur son sexe, pour reprendre sa masturbation, au rythme de son bassin.

Il a beau être un salaud, il faut avouer qu’il pourrait être pire. Son truc, c’est quand même quand il y a un peu plus de fougue dans tout ça. La tendresse n’est pas son fort. Alors, certes, il viole ce type, mais il pourrait ne penser absolument qu’à lui et son nombril et le saccager – dans tous les sens (du terme). Jacob se fait encore un peu plus rapide, allant un peu plus loin. Il arque alors un sourcil pour voir un peu plus les réactions de son voisin. Savoir s’il continue de nier qu’il peut aimer ça ou s’il se laisse aller.

Asuka aurait voulu être à mille lieux de là. Pourquoi avait il accepté de venir dans cette villa? Pourquoi n'avait il pas tenu bon quand on l'avait presque harcelé pour venir? *Bordel mais que ça s'arrête!* Il voulait hurlé le fond de sa pensée mais le blond savait pertinemment que seul un râle de rage ne parviendrait à se former dans sa gorge s'il venait à dé-serrer les dents. Alors il les tenait définitivement plus closes que jamais. Il avait mal, il souffrait et rien ne pourrait changer la donne. Jacob avait été clair. Même ses lèvres sur son oreille, il n'avait pu l'éviter. Ainsi coincé sur le lit, il ne pouvait que laisser faire. Être la victime et le spectateur impuissant du viol qu'il subissait. Puis plus rien. Un moment de calme. Mais au train où allaient les choses, Asuka savait aussi bien que son bourreau que rien n'était fini, ça ne faisait que commencer.

« Sale bâtard... » murmura-t-il dans un rictus proche du sourire en coin.

Puis Jacob changea d'arme. Celle que le mannequin redoutait se présentait à lui. Le pénétrait. Lui faisait encore plus mal que les doigts juste avant. Asuka était blessé tant dans sa chair que dans son âme. Et plus encore que de détester le Russe, Asuka se détestait. Il était là, comme la loque qu'il avait promis être. Car de toute façon, il ne pouvait rien faire. Bouger était presque impossible. Au sol, peut-être aurait-ce été différent. Mais sur un lit. Sur ce matelas moelleux, chaque mouvement s'enlisait pour perdre de sa puissance. Pas ceux de Jacob en tout cas. Alors il avait baissé les bras. Mais dans sa tête, rien n'était fini. Il fallait s'échapper de cette tourmente. Si pas physiquement, alors au moins mentalement. Encore fallait il que Jacob le laisse faire.

Les lèvres du blond avaient fini par se ourler, laissant voir ses dents serrées les unes contre les autres, forçant pour ne pas laisser échapper plus que les sifflements qui étaient aussi inévitables que ce qui se produisait dans cette pièce. Et dire qu'en bas, dans le living, une fête avait commencé. *Quand?* Un instant, Asuka s'échappa pour se poser cette stupide question. À vrai dire, tout tournait dans sa tête. Les agissements de Jacob. Ceux qu'il avait eu avant. Quand ils n'étaient encore que dans la chambre. Ce putain de baiser qu'il n'avait pas évité. Au contraire, il avait laissé là une porte ouverte à ce qui se passait à présent. Ça revenait à dire que le mannequin était responsable. Qu'il n'avait pas à se plaindre de ce qui lui arrivait.

Puis ces gens en-bas. Ne pouvaient-ils pas se douter du drame qui se passait dans cette chambre plongée de plus en plus dans l'obscurité? Personne ne pouvait venir voir ce que ces deux blonds fichaient là? Ne voyaient ils pas qu'il manquaient deux adolescents à la fête? Non, bien sûr que non. Ils riaient. Ils s'amusaient. Ça filait l'envie de gerber au blond. Lui souffrait le martyr et eux, ils ne pensaient qu'à prendre du bon temps. Dans sa flopée de pensées sans rapport les unes avec les autres, Asuka s'imagina le visage de ses personnes. Leurs tenues. Puis leurs visages. Hilares. Tous se tournaient vers lui pour rire de son sort.

L'esprit d'Asuka avait donc réussi à s'évader. Mais pour quoi? Pour ça? C'était insensé. C'était pire que ce qu'il espérait. Elle était loin cette liberté qu'il avait espéré entrevoir en décidant de rendre les armes. Au lieu de ça, il se retrouvait quand même à sentir la douleur dans son être et son orgueil en prenait un coup en imaginant que les convives de la maison étaient en train de se foutre de sa gueule. Pourtant il ne bougeait pas. Il n'était plus maître de son corps. Il était devenu le pantin du Russe. Ce connard qui laissait sa marque partout. Dans sa nuque plus tôt. Sur son membre encore maintenant. Sur sa peau. Partout. Il sentait la moiteur les gagner tous les deux. Leurs transpirations se mêlant l'une à l'autre.

C'était dégoûtant. Ça l'écœurait. L'envie de vomir s'accentuait encore et encore. Ça formait une boule dans sa gorge. À moins que ça soit toute cette haine refoulée qui avait décidé de s'y loger? Chaque à-coup de Jacob se cadençait sur le battement de cœur du blond. Il pouvait l'entendre comme si son cœur était remonté dans ses tempes. Le son s'amplifiait. Couvrant bientôt les rires et la musique au rez-de-chaussée. Des perles de sueurs se formaient sur son front, sur l'ourlet de sa lèvre supérieure. Sa peau était entièrement moite. À en juger par les doigts de Jacob toujours autour de ses poignets, ça devait être pareil pour lui. Puis une goutte de sueur glissa de sa tempe à sa joue, se mêlant à ses larmes.

Avec tout ça, il ne s'était pas vraiment rendu compte qu'il avait continué de pleurer. *Pathétique* en s'en rendant compte, c'est tout ce qu'il avait eu à l'esprit. Un mot qui avait jailli hors de ses pensées confuses. Arrivait-il seulement à avoir encore des idées cohérentes depuis tout à l'heure? Comme si son imagination n'avait déjà pas été assez torturée, voilà qu'il revoyait le pauvre gosse qu'il était avant. Cette petite lopette qu'il avait été gamin. Ce mioche pas foutu de bouger, de réagir. Celui qui préférait pleurer plutôt que de se défendre. Alors en fait il n'avait pas réussi à changer. Il était resté ce petit crétin sans défense.

« ARRETE!!!!! » Asuka avait hurlé de toute ses forces. « arrête... arrête... arrête... arrête... »

Il continua en marmonnant. Chaque va-et-vient du Russe était suivi de ces simples murmures. Bien qu'à force, Asuka parlait plus vite que les mouvements de Jacob. Il voulait que ça stoppe. Qu'il en finisse. Mais à défaut de pouvoir bouger, il n'avait trouvé que ça. Pouvait-ton dire « trouver »? C'était sorti tout seul. Ça continuait encore. Inconsciemment, le blond ne pouvait empêcher ses mots de se répéter, encore et encore, toujours plus vite. Autant que son épuisement tant morale que physique le lui permettait tandis que de la tête, il faisait non. Les yeux toujours clos, les larmes ruisselants sur ses joues, il remuait la tête autant que sa position le lui permettait. Mais ça faisait trop mal. Dans son âme, dans sa chair, tout n'était que douleur. Alors tant pis pour la fierté, tant pis s'il devait redevenir comme le gamin qu'il était avant: Asuka pleurait en suppliant que sa torture s'achève...