Bibili..quoi ? [Pv Hiro]

Cela faisait déjà plusieurs semaines que la racaille des U.S.A créchait dans l’académie Keimoo. Il avait déjà pris ses repères, que ce soit au sein de l’académie en elle-même ou de la ville environnante, rencontré des gens, qu’ils soient bizarres, chieurs, junkies… Bref il commençait à s’habituer à la vie nipponne. Pourtant, il restait des zones d’ombres mystérieuses, contrées inexplorées et jamais foulées par le pied de l’Homme, parsemées par-ci par-là dans l’enceinte du bâtiment. Bon, certes, j’exagère un peu puisque notre rouquin avait un plan de l’académie à sa disposition donc elles n’étaient ni ombragées ni mystérieuses, mais c’est pour la dimension mythique du récit.

Tout ça pour dire qu’aujourd’hui il pleuvait. Un vrai temps de chien. Et ça, ça avait le don de briser le moral du jeune homme. Il avait besoin de bouger, de sortir, de se dépenser, de vivre quoi ! Alors quand il pleuvait des cordes comme c’est le cas… il devenait tout amorphe, tout tristounet. Allongé sur son lit, bien au chaud sous les couettes, il écoutait le martèlement des gouttes qui assaillaient le verre fragile des fenêtres de la petite chambre. Ouvrant lentement les yeux, il constata du coin de l’œil qu’une fois de plus, ses colocataires avaient déserté la pièce. Bon, d’un autre côté, il devait être aux alentours de quatorze heure, rien d’étonnant à ça. Il se redressa lentement et se contenta pendant de longues minutes de regarder les sillons que l’eau traçait sur les carreaux, l’air éteint.

Mais il ne fallait pas sombrer dans la mélancolie des jours de pluie ! Regonflé à bloc par une énergie nouvelle, il se leva d’un bond, un regard déterminé scrutant la chambre à la recherche de fringues à se mettre sur le dos. Il n’eut pas le courage de prendre une douche, avec toute cette eau là-dehors, c’aurait été le pompon. De toute façon, il était déjà tout beau tout propre puisqu’il les prenait avant d’aller se coucher, anticipant sa flemme quotidiennement matinale. Il se saisit donc des premières choses qui lui tombèrent sous la main. Un tee shirt ample et plutôt grand, qui lui arrivait pas tout à fait à mi-cuisse, et un jean baggy feraient l’affaire. Que dire de plus ? Le visuel de son tee-shirt était une simple étoile stylisée sur lequel était écrit le chiffre 15, et quand à son jean, il était délavé et déchiré au niveau des genoux. Un serre-poignet décoré de bandes de couleurs vives, une chaîne d’argent autour du cou, une chevalière ornant son annulaire droit, des grosses chaussures de skate, boucles d’oreille en place, et hop, American Stylzzzz !

Ne retouchant pas ses cheveux -la façon anarchique dont ils se dressaient naturellement après une bonne nuit de sommeil lui convenait parfaitement- il quitta la pièce d’un pas nonchalant. Il se promena un peu dans l’académie : il passa au réfectoire piquer un petit encas, fit un petit tour dans le hall, puis à force de flâner dans les couloirs, il se retrouva face à une porte qui donnait sur un lieu inconnu. Vous vous demandiez pourquoi je blablatais sur ça, un peu plus haut, hein ? Et bah la voila, la fameuse porte de l’enfer mystique ! Ouais, bon, enfaite ce n’était que la porte de la bibliothèque. Mais ça, Sora ne s’en informa pas avant de rentrer dans la pièce, puisqu’il n’avait pas cherché à savoir ce que voulaient dire ces kanjis sur ladite porte.
Il se sentait l’âme d’un Christophe Colomb. Il fit quelque pas prudent dans cette terre inconnue, au cas où une infâme amazone lui saute au cou ! Mais alors qu’il s’enfonçait au plus profond de cette jungle amazonienne d’étagères remplies à ras bord, il se rendit compte avec stupeur de deux choses. De l’une, c’était bourré de livres. De deux, il se retrouvait dans un cul de sac. Autrement dit : « Mayday, mayday, Tango Zoulo appelle tour de contrôle, nous nous sommes crashés dans une terre dangereusement hostile, demande l’envoi de secours expressément ! »

D’ailleurs, il se retourna dans un sursaut lorsqu’il entendit des pas s’approchant de lui. Les secours ? Ou une amazone en furie?

[t'imagines que Hiro arrive, torse nu, des lignes sur le visages, avec une lance? ahhhhhh....]

Il pleut, ça craint. Ce fut les premières paroles d'Hiro lorsqu'il se réveilla tôt ce matin-là. C'est sombre, c'est moche, ça fait de la bouette partout sur les godasses. M'enfin, ce n'était pas ça qui allait arrêter l'étudiant aujourd'hui. Il avait du pain sur la planche. Bon, c'est sûr le pain était en fait un tout petit bagel, mais il devait tout de même le couper, non? En fait, c'était son pain quotidien: cours, devoir, escrime et même peut-être un peu de musique allait faire sa journée. Maintenant décidé à commencer cette journée sur le bon pied, Hiro se leva d'un bond et, d'un geste vif, prit un polo, une paire de pantalon et des bas propres, et alla manger un petit quelque chose.

La matinée s'est déroulé comme toutes les matinées pluvieuses, c'est à dire, pour aucune véritable raison, plus lente. C'est comme si la pluie ralentissait l'espace temps. Justement, perdu dans ses pensées, Hiro songeait à une théorie semblable qui, psychologiquement parlant avait quand même un certain sens, mais rationnellement, c'était aussi pire que de réellement croire au Giant Spaghetti Monster. Il en arriva à cette conclusion et décida de porter plus son attention à sa Prof de Bio, qui essayait tant bien que mal à montrer à ses étudiants comment fonctionne la respiration cellulaire.

La cloche retentit, le cours était terminé. C'était en fait le seul cour que Hiro avait de la journée, sachant que son autre cour avait été annulé par une raison obscure. Hiro ramassa donc ses affaires, remercia la professeur et retourna dans sa chambre, où il rangea ses affaires dans un coin et se dirigea vers la cafétéria pour manger avant d'aller travailler (car oui, Hiro profite bien évidement de l'absence de son cours pour... faire d'autre travail). Cependant, il prit son temps. Après un repas correct, il prit un thé et profita pour une fois de la pluie et la contemplant d'une grande fenêtre. Ça l'avait son charme, tout de même, la pluie. Bien sûr, c'est plus agréable de l'intérieur que de l'extérieur. Finalement, cela le rendit de bon humeur, regardant la pluie tomber, un thé chaud entre les mains. Celui-ci terminé, Hiro s'étira et décida qu'il était temps de travailler ce petit pain. Il alla donc chercher ses affaires pour aller à un de ses endroits fétiches, la bibliothèque.

Lorsqu'il travaille, Hiro aime le silence. C'est pourquoi il décidait tout le temps de prendre la table la plus éloignée de tous, hors de tout chuchotement et bruits de feuilles en tout genre. L'étudiant bénissait le silence total. L'étudiant travailla une ou deux heures, avant de prendre une pause. Sa pause, comme à son habitude, consistait à flâner dans les immenses couloirs de livres. Évidement, avec le temps, il avait appris à connaître l'immense biblio car cœur, mais des fois il découvrait certaines parties, quelques fois avec plaisir, quelques fois avec dédain, comme si il trouvait une rangée de livre sans importance. Déambulant ainsi dans les couloirs, il se trouva dans un cul de sac, où gisait aussi un drôle de gars, qui avait l'air assez perdu merci. De la manière qu'il regardait les livres, on sentait bien qu'il n'était pas du tout dans son environnement. C'était soit un nouveau perdu, ou bien un mec qui ne savait pas quoi faire de cette journée pluvieuse et qui avait décidé d'aller s'aventurer dans les catacombes de la connaissance. Dans les deux cas, il fallait l'aider. Hiro s'approcha du gars, souriant.

- Dis, t'as besoin d'aide?

Hiro s'abstint d'ajouter '' tu m'as l'air perdu'', car il savait bien que certaines personnes n'aimaient pas vraiment se le faire avouer.

[C’est mon fantasme le plus fou =) ]

Raté. Ce n’était pas une amazone en furie qui venait le chasser de son territoire légitime. Enfin, c’en était pas loin. A voir sa tête, c’était probablement un autochtone de la région. C’est vrai quoi, tout pâlichon, tout pas musclé, y d’vait bien aimer ce genre de trous à rats. Enfin, tout cela n’était que des préjugés sans fondement que Sora s’empressa de refouler dans un coin de sa tête. Lorsque le jeune homme lui adressa la parole, il n’y répondit pas tout de suite. D’un air évasif, d’un geste théâtralement désinvolte, il prit au hasard un de ces horribles bouquins qui trônait sur ces toutes aussi horribles étagères et l’ouvra à la première page que ses doigts agrippèrent. Il s’enquit du contenu d’un air aussi ennuyé et lugubre que s’il s’agissait d’un testament. « Troubles neuropsychologiques… gnagnagna… Amnésie rétrograde… »

Ah. C’est tout ce qui s’échappa des lèvres du rouquin lorsqu’il clappa sèchement ce monstrueux ouvrage avant de le balancer par-dessus son épaule d’un mouvement d’une insouciance presque indécente. Pas intéressant, trop compliqué pour sa petite cervelle de moineau. Et puis, qu’est ce qu’il avait à la fin, il était maudit ou quoi ? Y’avait déjà eu cette pédale de populaire, mais maintenant même ces foutus livres lui rappelaient son instabilité psychologique. Tiens, d’ailleurs en parlant de ça il faudrait penser à fixer ce petit problème. Mais bon, ce n’était pas encore d’actualité, comme il ne savait pas si le p’tit bourge s’était remis de ses blessures. Ben oui, avant de lui passer un tabac de nouveau, il fallait attendre qu’il soit en pleine forme, ce ne serait pas amusant sinon.

Enfin, on s’égare, on s’égare… Son regard se posa sur le blondinet qui l’avait accosté. Il le détailla d’un bref coup d’œil, puis, faisant toujours preuve de cette espèce de décontraction stoïque, il entreprit de lui répondre.

« De l’aide… Oui… Qu’est ce que je fiche dans cette…bibili… bilibi… thèque, moi, déjà ? Quoiqu’il en soit, tu tombes bien. Fais moi sortir d’ici, je vais finir par faire une crise de claustrophobie, autant de bouquins en si peu d’espace, ça m’oppresse. »

Bien sûr, ces derniers propos étaient ironiques. Il était certes un peu dérangé, mais n’avait jamais été sujet à la claustrophobie jusqu'à ce jour. Enfin, s’il trouvait le moyen de se paumer dans ce labyrinthe bibliothétique, il en deviendrait certainement fou. C’est pourquoi il ne laissa pas de répit à son sauveteur avant de l’empoigner par l’épaule en le forçant à faire demi-tour, après quoi il le poussa jusqu’à apercevoir un premier croisement à travers ces étagères qui le retenaient prisonnier dans ce dédalle de livres.

Alors que notre racaille s’avançait prudemment dans les dédalles de la bibliothèque, poussant devant lui celui qui était sensé lui servir de guide dans cette jungle dont la végétation était plus que douteuse –rien qu’à voir la forme de leurs feuilles, on se doutait qu’il y avait anguille sous roche-, le bouclier humain qu’il brandissait de la sorte (au cas où des aborigènes sanguinaires leur tombent dessus au prochain croisement) se retourna contre son utilisateur.

Le dit bouclier humain se dressa contre Sora de toute sa hauteur, lui faisant face avec un air colérique et irrité. Première erreur. Mais il ne s’arrêta pas là pour autant, le bougre : il intima au rouquin de le lâcher. Deuxième erreur. Le rouquin en question n’aimait ni qu’on lui tienne tête, ni qu’on le regarde avec une expression aussi furieuse –il y voyait dedans une sorte de défi-, ni qu’on lui donne des ordres. Avec toutes ces infractions à ton actif, ton compte est bon mon gaillard !

Sora, qui affichait jusque là une expression presque insolemment décontracté, mais qui restait tout de même pas si inamicale que ça, changea du tout au tout. Sa mâchoire se crispa en une grimace qui n’évoquait rien de bon et ses yeux topaze se teintèrent de colère, ce qui lui donnait un air des plus agressifs et dangereux. D’un geste vif et brutal, il introduisit sa main entre les livres d’une étagère prise au hasard, dans un trou probablement formé par l’absence d’ouvrage à leurs emplacements habituels. Et là, zou. Dans un geste rageur mais néanmoins puissant, il envoya valdinguer avec violence toute la rangée qui s’envola dans un bruissement monstrueux de feuilles, avant de retomber aux pieds des deux adolescents dans un état qui faisait pitié à voir. Capricieux, vous dites ?

« J’me sens un peu mollasson aujourd’hui, alors je vais te laisser une petite chance pour te rattraper, mhh? »

Le délinquant juvénile avait bien remarqué l’air outré du jeune homme lorsqu’il avait balancé avec dédain le premier livre. C’est donc avec plaisir qu’il avait délogé de leur trône tous ces ouvrages qui gisaient désormais sur le sol, visiblement agonisants sous le choc -ou sous le poids de l'âge- . Et c’est également avec plaisir que, par pure provocation, il posa un pied triomphant sur le monticule que formaient ces vils ennemis vaincus, avant de se pencher vers cette mauvaise graine qu’était ce petit insolent de blondinet. Surplombant son adversaire de la sorte, les mains dans les poches d’un air digne d’un yakuza en rogne, un sourire horriblement carnassier étirant ses lèvres, il y avait de quoi être intimidé.

Il allait exploser son quota mensuel de fracassage d’innocents sans défense, à ce rythme là !

La peur. Oui, c’était clairement de la peur qui s’imposait sur les traits du blondinet. Une fois de plus, un sourire carnassier, dévoilant toute la blancheur éclatante de ses dents (Colgaaaate !) vint s’adjoindre à l’expression sadique du jeune homme. Il jubilait. Semer une telle terreur dans l’esprit de sa proie, quoi de plus jouissif pour un prédateur ?

L’adolescent toisait de toute sa hauteur son gibier. Vous savez, de ce regard cruel, avide et assoiffé de sang, typique chez les bêtes sauvages et primitives, celui qui dit explicitement « toi, je vais te bouffer tout cru, gniark gniark ». Vous saviez que le pouvoir appelle le pouvoir ? Et que celui qui possède le pouvoir est tenté d’en abuser ? Hé bien voilà la personnification de ces expressions, en chair et en os, sous vos yeux ébahis –et accessoirement horrifiés- !

Avoir une telle influence sur sa future victime faisait naître chez Sora un sentiment de puissance, de supériorité, qui ne faisait qu’accentuer son adrénaline destructrice. Ce qui, bien évidemment, n’annonçait rien de bon pour cette espèce rat de bibliothèque. D’ailleurs, il n’avait vraiment rien compris, celui-là. Sa situation était déjà critique, et il persistait à aggraver son cas, en arborant une expression colérique et méprisante. C’était beaucoup moins plaisant que son air désespéré de petite souris acculée par le vilain chat. Bah, encore un de ces jeunes mal dans sa peau et suicidaire, sans doute !

Enfin bon. Malheureusement pour la brute, il avait répondu à sa question. Et puis comme il lui avait gentiment laissé une chance de s’en tirer, ce petit rat ne l’a pas laissée filer… Même si la tentation est forte, le rouquin se devait de résister à ses pulsions meurtrières. Du moins, jusqu'à ce que sa proie commette une autre erreur, qui, celle-ci, lui serait fatale. Et pour pousser un homme à bout, quoi de mieux qu’une petite provocation dans les règles de l’art ?

Vous connaissez Napoléon ? Vous savez, on dit de lui que pour féliciter ses hommes, il leur tiraillait le lob de l’oreille et leur adressait une petite tape sur la joue. Hé bien voilà, avec le même air impérialiste et hautain, l’empereur des barbares (Mais non, pas Conan !) imita le grand petit homme.
Il lâcha même un petit « Brave bête. » avec un sourire en coin.

Puis il se mit à marcher paisiblement dans la direction que lui avait indiqué le blondinet, comme si de rien n’était. Ah, si, il s’était retourné, tout de même. Mais il ne s’était pas arrêté pour autant, continuant sur sa lancée.

« Oh, et fais moi le plaisir de nettoyer tout ce bordel, ça fais désordre dans une bibliothèque aussi bien tenue. »

Claquant des doigts d’un air autoritaire, il estimait probablement ce geste comme la confirmation de l’ordre précédemment donné. Exécution, soldat !

[oooh le méchant!]

C'est avec horreur que Hiro réalisa que le gars devant lui profitait énormément de la situation. Ça se voyait dans son sourire, un sourire qui tue, un sourire d'un tueur passionné, d'un gars qui prend plaisir dans les choses malsaines. Il avait sûrement beaucoup d'expérience, à en voir la jouissance qu'il pouvait exprimer par ce sourire. Cela donna des frissons dans le dos de l'étudiant: il savait comment faire pour maîtriser la situation, pour montrer qu'il était le plus fort, le plus dominant. Mais, c'est aussi avec colère qui réalisa en même temps qu'il n'était pas le premier, que bien d'autres ont passés avant lui. D'autre pauvres personnes qui ne faisaient que se promener gaiement dans une bibliothèque (d'accord, pas une bibliothèque, parce que la Brute n'y était jamais allé... disons dans les coins de l'école ou il y a peu de personnes qui passent) ne demandant de mal à personne: seulement profiter de la vie.

Le gars passa à côté de lui. Naïvement, Hiro pensa qu'il allait passer à côté de lui, sans grande confrontation, à part peut-être un coup d'épaule à épaule pour signifier qu'il avait gagné, mais non. D'un geste digne du grand mère (ou d'une tante, cela dépend des gens), qui vient de revoir son petit fils/neveu qu'il n'avait pas vu depuis des siècles, il le prit par l'oreille et lui donna des petites tapes (petites tapes? en douceur? pas de baffes?) sur la joue. Ça, se fut l'humiliation, le pic du Mont Humiliare. Si le gars n'avait pas continué sa route pour enfin sortir de la bibliothèque, il aurait vu que l'étudiant était devenu aussi rouge que ses propres cheveux. Il était, évidement, très fâché. Les yeux grand grand ouvert, regardant dans le vide et le fixant, il serra ses poings. Ses bras étaient allongés le long de son corps, et ses pains pressaient le haut de ses pantalons. Une petite goute de sueur glissa le long de son front, pour terminer son périple sur le bout de son nez pointu. Hiro réalisa ce qu'il venait de se passer, et une grande colère s'empara de lui. Le ''brave bête'' fit casser le tout, et mit une deuxième cerise sur le sundae qui était devenu une grosse gibelotte mollassonne.

Sans vraiment réagis à ses actes, Hiro s'accroupit rapidement pour agripper le premier livre à terre qui lui parvint dans la main. D'un geste vif et totalement pulsionnel, Hiro se retourna vers la Brute et lui lança son livre. Malheureusement (ou heureusement, cela dépend de la personne: c'est assez positif qu'il l'ait raté car, pour le présent, l'action aurait été simplement excellent, mais quand on regarde l'acte dans le futur, le rouquin n'aurait sûrement pas apprécié avoir une bosse en arrière de la tête), le livre passa tout près de la tête de la Brute: à à peine quelques centimètres de son oreille gauche. Le livre termina ensuite sa chute en oblique, pour terminer sur le sol, un peu plus loin.

** eh............ mer............de**

Hiro réalisa ses deux erreurs, mais bien trop tard. De un, il avait à son tour lancé un livre innocent, et était devenu aussi une brute sans cervelle, comme le rouquin. De deux, il venait, tout simplement, de signer son arrêt mort. D'un geste de panique, Hiro essaya de trouver une sortie derrière lui, jusqu'à temps qu'il réalise une deuxième fois qu'il est dans un cul-de-sac. Pas de chance? Évidement, il pleut. Hiro se retourna lentement vers la Brute, attendant, de nouveau, le pire. Seulement, cette fois-ci, il était prêt. Il savait qu'il avait fait un pas de trop, encore une fois. C'est la faute de sa curiosité? Peut-être bien. Mais, là, il donnait littéralement son corps pour sa science.
Pris de panique, Hiro essayait tout de même de se concentrer, défiant sans vraiment le remarquer le rouquin devant lui.
D'un coin de l'oeil, il pouvait voir la Mort, une faux dans une main et un contrat dans l'autre. Sur son oreille, il y avait un stylo rouge sang, et la créature arborait un énorme sourire, bien excité de voir ce qui allait arriver.

Allons bon. Un livre qui vole de ses propres ailes toutes feuillues, c’est nouveau, ça. Soit, admettons. Mais qu’en plus sa maîtrise aérienne soit dangereuse pour autrui, là, non, il faut sévir. A commencer par mener l’enquête sur l’identité de ce pilote du dimanche. Heureusement, il n’y avait pas besoin d’avoir fait polytechnique pour découvrir le pot-aux-roses. L’adolescent fit subitement volte-face et repartit sur ses pas : poings serrés, démarche assurée et déterminée, un regard flamboyant à la fois de colère et d’amusement… Généralement, c’est à ce moment là que ses adversaires prennent leurs jambes à leur cou. Sauf que là, pas de pot, il n’y avait aucun espoir d’échappatoire pour le petit blond. Ô rage ! Ô désespoir ! Ô couloirs ennemis ! N’ai-je donc tant vécu que pour finir ainsi ?
Heum, heum, bref. Il était fait comme un rat (de bibliothèque, of course).

Le criminel en herbe s’avançait lentement vers sa future victime. Histoire de faire monter le suspense, l’angoisse, la peur, tout ça tout ça, quoi. Oui oui, tout sadique qu’il est, il se délectait littéralement de pouvoir provoquer de telles émotions chez ses proies. Vous savez, c’est un peu comme les chocolats fourrés au caramel… Au premier abord, on croque dans la couche de chocolat : aussi noir que les intentions de Sora, aussi amer que les ressentis de son gibier, aussi craquant que le plaisir que provoquaient celles-ci chez le tortionnaire. Puis vient le caramel fondant : aussi malléable qu’un corps brisé, aussi doux que la pitié qu’il inspirait, et aussi collant qu’une victime à l’agonie qui s’accroche à la vie de toutes ses forces.

Miam, miam, miam…

Consciencieusement, il fit craquer ses doigts, un à un. En guise d’échauffement. Et puis il faut dire que ça avait le don de mettre encore plus de pression sur ses opposants. Généralement, c’est à ce moment-là qu’on commence à sentir les doigts crochus de la mort vous agripper perfidement, vous trainant inexorablement dans les profondeurs des ténèbres avec un ricanement démoniaque. A en juger par l’air paniqué du blondinet, c’était précisément le genre d’hallucinations sournoises dont il était victime.

Et pourtant.
Et pourtant, il y avait un petit quelque chose dans son attitude, un je-ne-sais-quoi qui ressemblait fortement à du défi. Il fallait être fou pour exciter encore plus un taureau déjà à bout de nerfs, lorsqu’on est le seul torero de l’arène, tout de rouge vêtu, et sans aucune arme de surcroit. Mais bizarrement ce genre de folie inconsciente avait tendance à plaire à la racaille. Oh, il voyait toujours ça comme une provocation, et ne prendrait bien entendu que plus de plaisir à mettre ce blondinet en pièces. Mais ce dernier rempart, plus symbolique qu’autre chose, ultime acte d’héroïsme de la part d’un chevalier vaincu, avait de quoi forger le respect. (Ou pas)

« Comme c’est dommage… Dire que je t’avais laissé une chance ! Tu ne peux t’en prendre qu’à toi, hein ? Tu l’as cherché. Mais tu as du cran, j’le r ‘connais. Ca me plait. Mais malheureusement pour toi, ça ne va rien changer à ton destin… Alors, vas-tu mieux t’en tirer que mon précédent souffre-douleur, qui a finit à l’hôpital avec les côtes cassées ? »

Depuis le temps, il était arrivé à sa hauteur et l’avait saisi par le col d’une poigne de fer, le portant de la sorte à bout de bras en le soulevant d’une bonne vingtaine de centimètres du sol. Alors qu’il achevait ces quelques phrases avec un air diaboliquement malsain, il avait placé son autre bras dans la positon la plus aérodynamique ; plié comme il faut, poing serré… Prêt à servir, le premier coup partirait comme une fusée.

Certes, la situation n’était pas la plus confortable, ni pour le chat, ni pour la souris. Mais que voulez vous ? Sora a-do-rait intimider les gens. Bon, le petit tour du matte-comme-je-te-soulève-comme-si-t’étais-en-marshmallow était certes classique et avait été maintes et maintes fois revisité. Mais il faisait toujours son petit effet.

Ah là là… Le blondinet était tellement perturbé qu’il en perdait son latin… Enfin, son japonais. D’ailleurs, il était moins malin qu’il n’en avait l’air. Quoi, vous ne savez pas que regarder une bête sauvage fixement dans les yeux était la pire des choses à faire ? Si vous opérez de la sorte, elle va le percevoir comme un défi, ou pire, comme une agression… Surtout si elle est déjà au taquet à la base.
Bref, tout ça pour dire que c’est la fin des haricots, les carottes sont cuites, et tout le tralala. D’un autre côté, faut-il être fou pour exciter un dangereux prédateur de la sorte, que cela soit voulu ou non. Ca revient un peu à creuser soi-même sa tombe, non ?

Méticuleusement, la racaille définissait le point d’impact le plus optimal. Il constata au passage que sa future victime se protégeait le ventre en faisant barrage de ses bras. Très bien, ce serait donc là qu’il frapperait. Quoi de mieux pour briser le moral à son adversaire que de lui montrer que toutes ses tactiques sont veines ? Le blondinet avait donc opté pour la défense, probablement assez clairvoyant pour se rendre compte que toute tentative de rébellion serait futile. En réalité, il serait plus juste de dire que toute tentative serait vaine, quelle qu’elle soit. Mais ainsi soit-il. La brute outrepasserait cette défense en la faisant voler en éclat d’un seul coup, histoire de rajouter une petite couche d’humiliation à tout ça.

Poing serré, le coup était près à partir, tout chargé d’une violente énergie qu’il était. Patient, Sora se délectait de ces derniers instants durant lesquels son nouveau jouet demeurait encore intact. C’est vrai quoi, il faut en profiter, l’inscrire dans sa mémoire pour toujours, au cas où il s’en tirerait avec des séquelles indélébiles ! On ne sait jamais…
Le rouquin desserra lentement sa prise, fin prêt à infliger le premier coup d’une longue série à l’impétueux rat de bibliothèque. Mais là, c’est le drame. Un flash de lumière déchirant la pénombre de cette après-midi pluvieuse se matérialisa en un éclair destructeur qui frappa terre, au loin. Sursautant, la racaille lâcha complètement prise et tourna le regard machinalement vers la fenêtre la plus proche. Puis vint le bruit assourdissant d’un coup de tonnerre qui résonna dans les murs de la bibliothèque d’une telle intensité que l’adolescent aurait juré qu’ils s’étaient mis à trembler l’espace d’un instant.

A la vue d’un tel spectacle, une grimace inquiète vint effacer son sourire carnassier. Foncièrement, Sora n’avait jamais eu vraiment peur de l’orage. Mais ce courroux céleste le rendait toujours excessivement nerveux. A tel point qu’il avait d’ailleurs complètement oublié l’autre garçon. Enfin, jusqu'à ce qu’il détourne son regard de la fenêtre, bien entendu. Quand on est nerveux, le meilleur moyen d’évacuer toute sa crispation était de se défouler, non ? Bien entendu, bien entendu… Alors il fera ça vite et bien, puis il retournera se coucher. Oui, voilà un plan qui sonnait parfaitement aux oreilles du rouquin. Ah, il avait de la chance qu’il soit pressé, ce petit rat. Ca lui évitera bien des souffrances et des humiliations inutiles !

Ah… Mais… Où est-il, d’ailleurs ?

Spoiler:

Spoiler:

Le cœur de Hiro battait à toute allure. L'impact était tout près, il le sentait (oui oui, il sentait par un étrange mélange composé entre autre de sang et de sueur, parfum que je ne recommande pas nécessairement). Il savait, savait plus que tout au monde qu'il ne faut jamais regarder une bête dans les yeux, mais c'était bien trop tentant. C'était tout de même intéressant et intriguant de voir les yeux d'un tueur. Ils sont différents des yeux ordinaires: ils sont injecté de rouge et ... il y a... une espèce de lueur sombre à travers leur pupille. Ça na pas de sens? Tant pis, Hiro peut bien penser ce qu'il veut, dans la situation qu'il est...
La Brute le scrutait du regard. Définitivement, il cherchait le point d'impact profitant d'un maximum d'inertie et donc d'un plus grand dégagement de force (malgré la friction exercé par l'air qui doit bien enlever quelque millijoules d'énergie, et aussi malgré la gravité qui est perpendiculaire à l'angle de la future frappe). L'étudiant nota rapidement l'intérêt du rouquin pour son thorax, que Hiro essayait tant bien que mal de défendre. Il savait que la protection n'était pas à 100%, mais c'était déjà mieux qu'un gros impact direct sur le cœur. Pour faire changement, celui-ci jubilait. Hiro soupira intérieurement. Il en avait marre de cette situation. Il voulait en finir au plus vite. Il avait presque le goût de dire à la brute ''Allez, finissons-en, frappe-moi et barres-toi!''. Mais, comme Hiro était une personne qui croyait qu'une situation pouvait changer jusqu'au dernier instant.

Il patienta.

Le rouquin avait desserré sa prise, signe qu'il allait finalement passer à l'acte. Comme réflexe de défense, Hiro crispa ses abdominaux (quoi, il en a? Ah ben oui, un tout petit peu, mais s'en est...). Soudainement, l'éclair. L'éclair divine qui allait faire changer le cours des choses. Car oui, celle lumière fit sursauter la grosse Brute, ce qui lui fit lâcher sa prise et, comme hypnotisé, il se tourna vers la fenêtre. Hiro avait tombé sur ses fesses, à terre. S'en suit d'un gros BAAAAAAAAAAAAAAAAAAAM qui fit sursauter à son tour l'étudiant. Ce gros bruit redonna les esprits à Hiro, qui réalisa qu'il n'était plus sous l'emprise de la Brute.[i]

** Là, on ne niaise plus! Fini le baragouinage, je me pousse!!!! **


[i]La Brute regardait encore dehors, c'était le moment. Rapidement et furtivement, Hiro se leva d'un bond et, toujours en regardant le rouquin, quitta le couloir en cul de sac. Lorsqu'il ne pouvait plus voir celui-ci dans son champ de vision, l'étudiant partit à la course. Vers où? Peu importe, vraiment. Tant qu'il pouvait être loin de ce qui venait de se passer, de ce sourire carnassier, de cette maudite bibliothèque. Soudainement, il réalisa que ses affaires étaient encore dans la biblio. Hiro ne s'en fit pas, il alla les chercher plus tard. Pour l'instant, il fallait penser à sa vie...

[fin ^^ sauf si tu veux ajouter un mot final]

Même en ayant beau regarder de tous les côtés, il n’y avait plus rien dans cette partie de la bibliothèque. Plus rien d’autre que le tonnerre grondant et notre petit rouquin, tout penaud d’avoir laissé sa proie s’échapper. Il n’avait plus qu’à quitter le lieu du crime qui n’avait d’ailleurs pas été commis. Il jeta un dernier regard autour de lui, l’air vexé. Il n’y avait vraiment plus aucune trace du blondinet. Ah, si, il restait quelques unes de ses affaires, probablement perdues au cours de leur petit accrochage. En toute logique, il devrait revenir les chercher sous peu, oui, c’est évident. L’idée d’attendre son gibier, embusqué tel le vil prédateur que l’ado un peu psycho était, lui effleura l’esprit. Pourtant, il n’en fit rien. Il n’avait aucune envie d’attendre ici des heures pour un insecte dans son genre. Pis y’a ce tonnerre qui n’arrêtait pas de résonner dans l’enceinte du bâtiment, et ces éclairs qui déchiraient le ciel assombri. Pis finalement, après tout, peut être qu’il ne méritait pas le sort que lui réservait Sora. Il sourit bêtement en se grattant la tête.

Ah, il était toujours comme ça. Dans le feu de l’action, son sang chaud bouillant domine. Et puis après, une fois qu’il a retrouvé son sang froid, il se met un peu à réfléchir, à se dire que finalement, c’était stupide d’avoir fracassé truc ou muche pour une raison aussi anodine. Mais ce n’est pas pour autant qu’il en éprouverait du remord. Ce qui est fait est fait. Si on passe son temps à se focaliser sur le passé, on finit par perdre de vue le présent. J’aurais pu dire l’avenir, mais le rouquin fait partie des gens qui vivent au jour le jour, profitant de chaque minute de sa courte vie comme si c’était les dernières. Et puis il faut avouer qu’avec son caractère de cochon et ses tendances sanguinaires, son futur restait des plus troubles. Alors pour éviter de réfléchir et de s’inquiéter pour rien, il préférait tout simplement ne pas y penser. C’était d’ailleurs comme ça qu’il réglait la majeure partie de ses petits soucis de lycéens. Enfin, quand ce n’était pas par les poings, bien entendu.

Il tourna le dos à l’impasse qui l’aurait condamné à errer à jamais dans les couloirs de la bibliothèque, si par malheur le blondinet ne lui avait pas indiqué la marche à suivre pour s’en sortir. La marche à suivre… La marche à suivre… Encore faut-il s’en souvenir. C’est jamais évident de retenir des choses dont on se fiche éperdument. Bon, d’accord, il n’était pas sensé s’en ficher, mais à ses yeux, il lui paraissait évident que le rat de biblio lui aurait servit de guide dans ce dédalle infernal. Et bah non, manque de pot. Tant pis, il ne pouvait s’en prendre qu’a lui. Ou plutôt non, il rejeta la faute sur cette crapule qui lui avait filé entre les doigts, puisque c’est toujours plus facile d’accuser les autres plutôt que de reconnaître ses propres torts.

Dans un ultime effort intense, il parvint à se souvenir des paroles de ce freluquet. Le délinquant en herbe ne se retourna même pas pour farfouiller dans les affaires qu’il avait abandonnées. Pas que ça à faire. Voilà, Sora était retourné à son état habituel : c'est-à-dire l’indifférence la plus totale. Oui, il avait faillit lui refaire le portrait. Mais maintenant, il se fichait royalement du personnage. Sa capacité effacer de sa mémoire ses actes les plus dangereux pour autrui ou même pour lui-même était impressionnante. Cette faculté était d’autant plus aisée de par sa notion floue du bien et du mal. Vous savez, le jugement entre le bien et le mal diffère selon les personnes. A ses yeux, ses actes ne sont ni graves ni foncièrement mauvais. Alors que les autres en seraient choqués pour leur restant de leur vie (J’exagère si peu !), chez l’adolescent, c’est oublié en deux jours. A coup sûr, même s’il se retrouvait de nouveau face à face avec le blondinet, il agirait comme s’il ne s’était jamais rien passé. Pour peu qu’il se souvienne de sa tronche, du moins.

Bref. Ce couloir, et la deuxième à droite, hein ?