Quoi d'neuf Docteur ? [PV]

C’était tout un art. Bien évidemment, le jeu de la vie n’était pas simple. Il n’y avait pas le mode « pause », on ne pouvait pas enregistrer sa partie, et encore moins la charger. Ce qui est fait est fait, et savoir transformer la contrainte du quotidien en jeu amusant, oui, c’était tout un art. Il fallait de l’imagination, de la finesse, de l’audace. Combattre la déprime, l’ennui. Il fallait être irréprochable. Tout prendre comme éphémère, c’était un boulot d’haleine, inaccessible au premier idiot qui passe. Ce n’était assurément pas donné à tout le monde, de pouvoir considérer les masses comme de stupides jouets, de pouvoir répondre aux malheureux que non, on n’avait jamais déprimé et pleuré, et que oui, les chialeurs étaient vraiment des emmerdeurs assez stupides pour se laisser emporter par les évènements. Quelle idiotie. Craquer de la sorte. Que c’était laid. Traitez la d’insensible, traitez la de pourrie gâtée, traitez la d’ignorante. Dites qu’elle est une pourriture, qu’elle est mauvaise, car Tenma se moque de la condition humaine, et Tenma se moque de la souffrance dans le monde et des pauvres petits africains affamés. Et surtout, ma petite, Tenma se fiche de tes élans d’adversité et de chagrin. Elle n’est pas ton amie, retiens-le.

- Ces hommes t’auraient violée, tuée, rien n’aurait changé pour moi. Ne te plains pas pour un coup, et un porte-monnaie perdu.
- Je croyais que…

Tu crois mal. Notre Pompom n’était pas agressive. Après tout, elle récoltait ce qu’elle avait semé. Cette pauvre fille la prenait vraiment pour sa meilleure pote. C’était écoeurant, mais elle ne l’avait jamais contredis. Elle s’appelait Naru. Naru-chan. Une employée du cosplay café, qui se croyait privilégiée dans le cœur de sa Aoki-san. Aoki-san qui la supportait de moins en moins. Ce fut amusant, le temps que cela aura duré, lorsque la petite lycéenne suivait le jeu. Mais elle se plaignait de plus en plus, mettait son nez où il ne fallait pas, et parce qu’elle s’était bêtement faite agressée, elle était venue chialer sur l’épaule de son « amie ». Grossière erreur.
Notre étudiante de Keimoo se laissa pouffer de rire. C’était si dégoûtant. Et drôle à la fois. Vraiment, que croyait donc cette gosse ? D’un ennui… à s’en tailler les veines, n’est-ce pas ? Elle ne la laissa pas terminer sa phrase, pour se lever de sa chaise et sortir. Coup de tête. Le patron du LuXure’s Café voulu la retenir, mais rien n’y fit. Elle prenait sa pause et ce n’était sûrement pas ce monsieur qui l’en empêcherait. Quand à Naru-chan… et bien, qu’elle aille au diable. Tenma ne s’en préoccupait pas tant, pour ne pas dire que toute cette histoire ne la laissait qu’un chouia irrité. Culpabilité ? Pourquoi se sentirait-elle mal, pour avoir tout simplement dit la vérité ? Que vous êtes mauvais. Ce n’est pas bien, de mentir.

A peine la porte d’entrée fut franchie, que la maid toujours en uniforme n’y pensait plus. Quelque chose de bien plus important était déjà prévue, depuis un moment. Elle avait vu ce petit costume dans une boutique de cosplay. Un grand classique, le costume de lapine. Les bas résilles, le corps du costume équipé d’un beau décolleté, un peu en forme de maillot de bain, sans oublier les oreilles et la queue en pompon. Un joli cosplay, qu’elle avait déjà repéré depuis un bail. Il fallait savoir que Pâques approchait. Et ce costume devait être un… cadeau, à une certaine personne que l’on connaît tous. Et elle le voulait vraiment, parce que ce serait drôle. Mais du genre, vraiment drôle. C’était pourquoi elle adorait tant son Avatar. Parce que sa compagnie était toujours amusante, qu’il jouait tout autant qu’elle avec une originalité plaisante, et qu’il ne venait pas chialer sur son épaule comme le faisait Naru-chan. Tenma pensait… qu’ils étaient tout deux de la même trempe, et c’était ça, qui lui plaisait. Elle avait, de plus, une vengeance à mener à bien. Mais soit.

La Pompom se rendit alors au magasin qui abritait la petite merveille. Bien évidemment, elle était encore en uniforme, donc, en soubrette. Après tout, elle aimait ces vêtements. Elle arriva à l’intérieur, tranquillement. Le plus sereinement du monde, n’est-ce pas ? Elle savait exactement où elle devait aller. Le rayon, l’endroit exact. Bien évidemment, elle connaissait déjà ce magasin par cœur. Un petit commerce, assez peu visible, dans le centre ville, mais un très bon commerce qui vendait de très bons costumes. Bien évidemment, en tant que couturière, elle s’y connaissait. Aussi n’était-elle pas surprise de voir que parfois, certains remarquaient cette boutique. Elle aimait. Les gens achetaient, augmentaient le capital de l’endroit, et permettaient la fabrication de meilleurs uniformes. Cependant, ce qu’elle n’appréciait pas, c’était de se faire prendre sous le nez ce qu’elle voulait. Enfin. « N’appréciait pas » était une bien belle expression. Il était difficile de croire qu’elle n’appréciait pas certaines choses, avec ses réactions et expressions si bien contrôlées. Ais tout cela,a ce n’était pas bien grave.

Au début, elle n’avait pas bien regardé. Sinon, elle aurait reconnue une mannequin d’office. Il s’agissait de Tenma Aoki. Le mannequinât et les corps de rêves de jolies demoiselles étaient quelques uns des sujets qu’elle affectionnait. Mais de toute manière, sexy ou pas sexy, ce costume était à elle. Enfin non, pas encore. Et lorsque l’on y repensait bien, elle n’avait pas spécifiquement besoin de celui-là, étant donné qu’elle en avait d’autres chez elle. Mais quoique l’on en dise, quelque chose c’était allumé. Une petite lumière qui clignote, accompagnée par une voix toujours aussi féminine et sensuelle qui répétait au rythme des flashs : « Alerte ». Alors voir qu’elle était en train de se faire voler son presque-bien la fit réagir. Et pour liquider la concurrence… il n’y avait rien de plus simple. La japonaise s’approcha de l’adversaire, et tira tout bonnement sur ses vêtements, afin qu’elle se retourne.

- Excusez-moi…

Le tout s’enchaîna assez vite. Après avoir occupé l’esprit de la concurrente, en une fraction de seconde, la Pompom étira le bras pour s’emparer du costume protégé par un film plastique. C’était le dernier. Le dernier des derniers sur l’étagère. Et une fois ce dernier à la main, elle afficha un grand sourire pour sa nouvelle amie, et sa bien belle amie, d’ailleurs.

- Merci.

Elle fit donc volte face, pour allez payer le prix à la caisse, et officialiser son union à cet objet. Fantastique.