₪ Académie Keimoo ₪

In a decade, will you be there ?
 
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 Acide à Faire

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Cammy Logan
♦ Civil - {Pluri-emploi} Itinérante
♦ Civil - {Pluri-emploi} Itinérante
Cammy Logan


Genre : Féminin Poissons Cheval Age : 34
Adresse : Arms of Mother Nature
Compteur 872
Multicompte(s) : Shiki & Erik

KMO
                                   :

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MessageSujet: Acide à Faire   Acide à Faire EmptyVen 7 Jan 2011 - 22:45


Spoiler:



    Elle tomba à genoux, laissant son sac glisser le long de son bras jusqu'à rejoindre le sol.


      Dernières actualités.

    Elle descendit les escaliers, comme chaque matinée à la même heure. Une nouvelle journée commençait. Une journée comme les autres. Depuis plusieurs mois maintenant, elle travaillait dans cette petite auberge. Keimoo, sa famille, elle-même. Elle avait tiré un trait dessus. Les propriétaires de cette sorte de motel, satisfaits de ses services, lui avaient donné cette fois la charge d’entretenir les lieux en leur absence. La jeune Cammy Logan, qu’ils connaissent sous le nom d’Alice Lutwidge, travaillait de façon plus ou moins bénévole pour les Fujimoto. Sa rémunération était tout simplement le logis et le couvert. La jeune australienne acceptait cependant un petit peu de « l’argent de poche » qu’ils tenaient à lui offrir, ainsi elle avait la possibilité d’acheter quelques petits trucs bien pratiques qui lui garantissaient la survie de son anonymat, comme de la coloration capillaire, ainsi qu’un peu de maquillage. Ses cheveux avait considérablement poussé, elle n'avait plus de frange. L'étudiante avait commencé une collection d’objets que les locataires distraits laissaient derrière eux, dans les chambres. Rien de très engageant, puisque l’hôtel en lui-même était très bon marché et ça se remarquait à l’allure générale des locaux. Cammy n’avait pu se faire à la compagnie de quelques rats qui avait osé s’aventurer au sous-sol ainsi qu’en cuisine parfois, aussi elle avait eu l’ingénieuse idée de recueillir un chat pour faire le ménage.
    Cette prise d’initiative avait effrayé les Fujimoto mais ils l’avaient toléré au vu des résultats stupéfiants. Cependant l’animal ne devait en aucun cas quitter la chambre de la demoiselle pour s’aventurer ça et là dans l’hôtel.

    Là où la présence de la jeune fille fit amener la clientèle, et la fidéliser, c’était en matière de cuisine. Dès le matin, elle préparait les repas qui figuraient sur la carte des « saveurs exotiques » du petit restaurant. Elle n’était pas très calée en cuisine Japonaise, en revanche pour les mets d’autres pays, elle savait maîtriser une vingtaine de recettes incontournables. Ainsi des plats comme Paella Royale (Espagne), Porc aigre-douce (Vietnam), Brandade de Morue (France), Caviar d’aubergine (Grèce), Chicken Pie (Grande Bretagne), Carpe farcie (Pologne), Tartare de daurade (Mexique) et bien d’autre encore avait rejoint la carte du menu. Par mesure de précaution, elle n’avait pas préféré mettre les recettes sur lesquelles elle avait déjà travaillé au club de découverte culinaire à Keimoo dont elle était à l'époque, la vice-présidente.
    Le motel se trouvait à une centaine de kilomètres de Keimoo dans un petit hameau non loin d’une source d’eau chaude, la plus proche de Keimoo, mais peu connue. Comme autres commerces, une station service avec sa petite épicerie, une petite ferme à trois kilomètres et ses nombreux champs de céréales et autres légumes en tout genre. Vingt kilomètres au-delà, s’étendait la mer.
    Il n’y avait pas internet, peu de réseau mobile, et la télé cathodique 36cm n’était que rarement allumée. L’animation se résumait en une simple chaine-hifi quelque peu désuète dont les baffles grésillaient légèrement.

    Mais comment cela se passait-il dans la tête de la jeune fille ? Comment vivait-elle le fait d’être séparée de sa famille, de ses études, de ses nombreux livres qu’elle raffole tant ?
    On pouvait dire qu’elle n’y accordait plus vraiment d’importance. Elle ne voulait pas y penser. Loin de Keimoo et de ses habitudes, elle ne voulait plus y retourner. Elle devait réfléchir, mais elle ne s’en sentait pas capable. Sa chambre, maintenue fermée à clé était un vrai champ de bataille. Elle avait besoin de passer ses nerfs sur quelque chose, jusqu’à se sentir apaisée. Ces démences ne l’envahissaient que lorsqu’elle était parfaitement seule dans l’établissement. Et lorsque le désir de destruction se faisait trop pressant en elle, il lui fallait alors quitter les lieux pendant une heure ou deux, généralement à la nuit tombée. Armée d’une pioche, elle foulait la terre ardemment, laissant cette rage indescriptible perforer la terre battue. Le jour qui suivait, elle était généralement aphone.
    Cela faisait un mois qu’elle n’avait pas ressenti cette débâcle intérieure. A plusieurs reprises elle avait voulu remettre sa chambre en état, mais elle savait que de l’ordre dans cette pièce la mettait en colère. Aussi elle s’abstenait.


      6 Janvier 2011.

    Un jour comme les autres. Ou presque. Les Fujimoto s'étaient accordés une semaine de congés, chose rarissime. Exceptionnellement, Cammy avait fait la grasse matinée. Il était 13h. Elle regarda le poste de télévision et, dans un soupir las, l'alluma. C'était les informations. Elle se prépara un café tranquillement puis s'installa sur un tabouret du comptoir du petit restaurant. La main sur le mug, l'autre plaçant une mèche de ses cheveux derrière son oreille ornée d'une petite perle blanche, elle leva les yeux vers le poste. Son regard se figea soudainement. Derrière le présentateur, en medaillon carré, la photo d'une tête qui lui était familière. En sous titre, au bas de l'image: "Mort d'un élève de l'Académie Keimoo".
    Elle se redressa soudainement, renversant son café pour se ruer derrière le comptoir. Balayant tout ce qui se trouvait à portée de main, elle cherchait désespérément la télécommande de l'appareil. Ne la trouvant pas, elle poussa un cri de frustration puis tenta d'atteindre le poste directement. Elle maudit son fichu mètre soixante qui ne lui permettait, du bout de ses doigts, de n'atteindre que le support mural de l'appareil. Elle regarda par terre et vit l'objet tant convoité au milieu des ustensiles qu'elle avait balayés. Se ruant dessus, elle augmenta le son. Pas assez vite. Passage à la nouvelle suivante.
    Ses épaules s'affaissèrent, la télécommande lui glissa des mains. La bouche béante, elle ne réalisait pas encore.
    Février, Mars, Avril 2010 vinrent la frapper de plein fouet. Bientôt un an depuis les premiers évènements, lors de la Saint-Valentin. Une migraine foudroyante, les larmes lui montèrent aux yeux. Elle eut un hoquet.

    Elle ne le connaissait pas. N'avait aucun lien avec lui. Elle ne l'aimait pas.
    Elle le haïssait.


    Elle vit son reflet dans le grand miroir, derrière le comptoir. Ses cheveux noirs. Ces cheveux noirs plutôt. Alice Lutwidge. Qui est-elle ? D'où vient-elle ?
    Elle regarda autour d'elle. Cet endroit lui était inconnu, même si elle savait où elle se trouvait.
    Elle se jeta dans les escaliers, atteignit la salle de bain. Une toilette rapide. Elle s'habilla d'un jean et d'un tee-shirt couleur prune. Elle alla dans sa chambre, fut pris de stupeur comme si elle la voyait pour la première fois. Elle la remit en ordre alors qu'un chat roux passa entre ses jambes. Elle chuta et se cogna l'arrière du crâne sur sa table de chevet. Un livre tomba. Alice aux Pays des Merveilles. Le dernier cadeau de son père. Elle ne l'a ouvert qu'une fois.
    Elle se redressa en se frottant la tête. Portant son attention sur un sac à dos, elle y fourra quelques affaires, rien de ce qu'elle avait trouvé en ces lieux. En gros pas grand chose.

    Elle redescendit et attrapa un bloc note. "Merci de m'avoir ouvert votre porte. Je vous contacterai bientôt. Alice." Elle regarda ce prénom qu'elle avait emprunté trop longtemps, puis le raya. "Cammy Logan."
    Elle ne se cacherait plus.

    Elle n'avait pas d'argent. Elle fit le chemin à pied. Plusieurs jours. Sans manger. Elle avait, avec honte, osé demander à quelques habitants des quelques fermes se trouvant sur son chemin, de l'eau. Des bouteilles lui furent offertes. Elle avait refusé plus.

    Enfin, elle arriva.
    Keimoo.

    Elle pensait à ses parents, à ses amis. Elle n'arrivait pas à se mettre à leur place.
    Elle se dirigea vers le cimetière. C'était la nuit tombée. Il était fermé. Sans réfléchir, elle escalada un arbre proche afin de franchir la muraille. Elle y parvint non sans difficulté, et plusieurs fois, manqua de tomber. Les quelques feuilles qui avaient survécu jusqu'à présent, se perdirent dans ses cheveux. Une branche lui égratigna la peau salie de son visage. Lorsqu'elle fut sur le muret, elle en descendit rapidement, et douloureusement. Elle retint un cri étouffé. Et elle chercha pendant plusieurs minutes, allée par allée. Jusqu'à ce qu'elle la trouve. Pourtant, sa tombe se trouvait loin devant elle. Mais les milliers de fleurs avait attiré son regard.
    A présent face à elle, elle écarta quelques bouquets, précautionneusement.
    Elle manqua d'air. Avec difficulté, elle tenta de reprendre son souffle.



    In
    Loving Memory Of
    SORA KUMORI
    BORN 17TH APRIL 1992
    DIED 5TH JANUARY 2011


    Elle tomba a genoux, laissant son sac glisser le long de son bras jusqu'à rejoindre le sol.

    Elle ne le connaissait pas. N'avait aucun lien avec lui. Elle ne l'aimait pas.
    Elle le haïssait.


    Elle avait souhaité qu'il disparaisse. Elle avait souhaité la disparition de tout ceux qui avait fait d'elle ce qu'elle était devenue. Le pingouin de la Saint Valentin, Le FLPCB, le nouveau Directeur de Keimoo.
    S'il ne s'était pas battu avec l'autre, elle n'aurait pas tenté de les séparer. Elle ne se serait pas pris son coude dans l'estomac, et ainsi....être victime de cette monstrueuse injustice.
    Mais lui, plus que les autres, elle avait souhaité sa disparition. Pire que ça....
    Elle crispa ses doigts sur la terre, récemment retournée.

    - J'AI SOUHAITÉ TA MORT KUMORI !!!!!

    Cette boule dans la gorge grossissait, l'étouffant à nouveau. Sa voix s'estompa...

    - Salaud.... Je l'ai souhaité si fort...

    Elle sanglota. Elle parlait son anglais maternel, ne s'en rendant pas compte. Des plaintes déchirantes s'échappaient de sa gorge. Ses pensées avaient été si égoïstes. Elle avait abandonné ses proches, elle ignorait que sa mère était en dépression, son père avait porté plainte contre l'Académie. Ses amis s'inquiétaient pour elle.
    Mais en cet instant, elle pleurait sur la tombe d'un type qu'elle détestait. Mais qui était aimé. Elle se rendait compte qu'elle avait été stupide. Ridicule. Qu'était sa douleur comparée au sort de la racaille ? Disparaître simplement parce qu'elle s'était faite réprimander injustement ? C'était bien peu de choses !!! Si peu...de choses. Aujourd'hui... Elle...

    Elle était en vie. Lui, non.

    Elle avait préféré fuir. Ne pas faire face. Lâche. Elle aurait très bien pu se contenter d'aller trouver le directeur et s'expliquer. Elle n'y avait même pas songé. Elle n'arrivait même pas à se souvenir de ce qui l'avait poussée à s'exiler. Elle ne se souvenait plus de rien.
    Les larmes coulant à flot, la mémoire lui revint. Ce courrier. Et cette phrase:
    "Vous présenterez vos excuses à l'étudiant que vous avez maltraité : monsieur Sora Kumori. "

    Mais c'était pourtant elle, la victime !!!! Comme elle le haïssait... Elle avait tellement désiré le voir mort.

    Chose faite à présent. Elle regarda la pierre tombale lui faisant face. Puis baissa la tête.

    - Gomen nasai, Kumori. Pardon...

    Ses larmes et ses sanglots redoublèrent. Elle n'était pas responsable.

    - I'm so sorry....

    Mais la culpabilité la rongeait si fort ! Si fort...
    Jamais plus elle n'aurait ce genre de pensées.

    Exténuée par son voyage et éprouvée par tant de sentiments, elle s'endormirait là, devant la stèle, à même le sol. Ses cheveux sales s'éparpillaient autour d'elle, en rayons macabres.







Quelques heures plus tard, elle passa sa main sur son visage en sueur. Ses yeux étaient enflés, rougis, comme le sont ceux qui auraient pleuré des heures durant. Les ouvrant, elle fut soudain surprise par une tête féline, rousse.

- Lewis....

Un ronronnement, et retour à la réalité. Elle se redressa brusquement, les cheveux en bataille et désordonnés de part et d'autre de ses épaules. Elle était dans son lit, dans la même auberge que ces derniers mois.
Un rêve... Un cauchemar ? Peu lui importait. Ce n'était pas qu'un somme d'une nuit.
Elle se lèverait, n'allumerait pas le téléviseur et siroterait son mug de café comme chaque matin. Au retour des Fujimoto, elle leur expliquerait tout, leur montrerait son passeport. Ils l'emmèneraient dans la petite ville la plus proche afin qu'elle puisse se redonner un petit look, une coloration rousse flamboyante... Rien d’exorbitant au vu de leurs finances. Ils auraient réussi à obtenir d'un ami d'un village voisin, une vieille caisse de transport pour Lewis. Cammy ne révélera à personne le rôle qu'auront joué les aubergistes, pour leur éviter tout problème avec les médias.


Fin de journée, Cammy fit ses adieux, remerciant chaleureusement le couple pour leur hospitalité, leur promettant de leur donner de ses nouvelles régulièrement mais aussi d'aller les voir.
Une valise, un sac et la caisse de transport de Lewis, elle entra dans la ville, prenant le chemin de la maison familiale.


Dernière édition par Cammy Logan le Mar 1 Mai 2012 - 22:00, édité 6 fois
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MessageSujet: Re: Acide à Faire   Acide à Faire EmptyLun 17 Jan 2011 - 12:29

[♥]

Depuis quelques jours Dorian tournait en rond dans son appartement. Il n'arrivait plus à prendre des décisions aussi professionnelles qu'auparavant. C'était sûrement sa faute à elle... Elle arrivait là et ne repartait plus, comme une mauvaise herbe qui repousse même si on la coupe. Elle lui hantait l'esprit au fil des jours... Il n'avait pas besoin de ça, et n'en voulait pas.
Verre de Whisky habituel dans la main, il faisait les 100 pas dans son bureau, conscient que la situation ne tournait pas en sa faveur. Il avait besoin de retrouver ses racines, de redevenir l'homme qu'il était en arrivant à Keimoo y'a presque 6 mois. Et pour ça, il n'y avait qu'un seul moyen. Il posa son verre au bord du bureau, ne se souciant pas s'il allait tomber ou pas, c'était Al qui faisait le ménage, pas lui. Même s'il l'appréciait toujours d'autant plus grâçe à cette complicité qui s'était installée entre eux. Là encore, c'était un exemple de faiblesse, il ne voulait pas s'attacher aux gens, il voulait les utiliser et finalement c'était lui qui se retrouvait à avoir envie d'être en leur compagnie... Dorian n'était plus un homme... Une lavette.

Il se rua vers son armoire remplie d'archives datant d'avant son arrivée à Keimoo, son parcours à lui et puis de nombreuses recherches sur l'école en elle-même avant d'y mettre les pieds. Il aimait savoir où il allait. Peu de monde méritait sa présence en tant qu'infirmier de luxe, mais Keimoo avait eut son lot de bizarreries qui l'avait intrigué, en éternel curieux...
Les cartons étaient remplis de Dossiers, d'articiles de journaux et aussi de DVD qui contenaient sûrement des vidéos, des journaux télévisés et tout ce qui avait pu être important pour lui et cette ville.
Il commenca par ses dossiers, relatant des exploits de médecine et autres expériences dont il aurait aimé être l'auteur, d'anciennes techniques de son Père pour être un homme parfait. Bref, rien de très intéressant, alors que c'était ces choses là qui avaient bercé toute son enfance, et qui avaient fait de lui l'homme qu'il était devenu aujourd'hui. A savoir, un homme sûr de lui, égocentrique, macho et suffisant. Mais aussi intelligent, charismatique, charmant et surtout professionnel. Il ne pouvait s'empêcher de venir en aide aux autres. Il aurait aimé étudié la psychologie également. Ca lui aurait sûrement été très bénéfique.

Il se pencha ensuite sur les articles dans les journaux et sur les émissions de journaux télévisés. Il en visionna une bonne partie de l'après-midi, et lorsque la nuit tomba, il songea à arrêter. Il se leva pour aller éteindre sa télé mais c'est à ce moment là qu'un des articles attira son attention. Il s'agissait d'un fait qui remontait à environ un an s'il ne se trompait pas, c'était un peu avant son arrivée. Un 'drame' à Keimoo, et surtout une affaire non élucidée : La disparition de Cammy Logan.
Dorian n'avait que très peu d'informations à ce sujet, à part ce qui avait été officiellement dit. D'après les dirigeants de l'établissement et le conseil des élèves, Cammy aurait participé à une bagarre pendant la période du FLPCB, qui était en soi, une grosse vague de terrorisme académique. Dorian ne savait pas trop si cette 'organisation' était dissoute mais même si le règlement était -à son goût aussi- un peu trop strict, il ne remettrait pas en cause les dires de son Directeur. Un minimum de respect s'imposait. Il mit pause sur les quelques images qui défilaient, arrêtant involontairement le DVD sur l'image de la belle rousse qui avait disparue.
Il porta une main à son menton pour tenter de raviver ses souvenirs. Il se rappelait ce moment presque à son arrivée, il avait entendu un groupes de donzelles parler d'un incident qui s'était produit peu après un bal ou quelque chose comme ça... Dorian se mélangeait les pinceaux mais on ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, ça s'était passé avant lui. Sinon, il s'en souviendrait... C'était comme le drame qui était arrivé il y a quelques semaines dans les rues de Keimoo, un élève, Sora Kumori, s'était fait tirer dessus en plein lieu public et se trouvait maintenant à l'hôpital dans un profond coma, entre la vie et la mort.
Il frappa dans ses mains, voilà, c'était ça ! Sora ! Il ne l'avait pas connu, et vu le destin funeste qui l'attendait, il ne regrettait rien. La violence, très peu pour lui. Voilà le lien qui lui manquait. La jeune Cammy s'était mêlée à une bagarre entre Sora Kumori et Brieg Le'Floch, et elle avait été convoquée pour présenter des excuses, et accepter de se soustraire à un suivi psychologique entre autres choses... Et c'est après cette sentence qu'elle avait froidement disparu.
Il recommenca à faire les 100 pas, tout en fermant les yeux. La chevelure rousse flottant devant ses yeux. Où pouvait-elle être cette étudiante maintenant ?

De toute façon, que pouvait-il faire pour elle ? Il reporta son attention sur la télé et fut aussitôt captivé par ce regard de lionne sauvage qu'elle affichait. Elle semblait être de ces filles qui se laissent faire sous aucun prétexte, alors que s'était-il vraiment passé ? Etait-ce la culpabilité de son acte, ou le manque d'envie de se plier au règlement qui l'avait faite partir ? Ou alors, a-elle été kidnappée ?
La curiosité l'emportait, il ne pouvait pas se résoudre à laisser tomber cette histoire maintenant qu'il avait commencé...

... Cammy...

Il se rendait compte encore une fois que sa tentative de redevenir l'homme qu'il était avait échoué. Il était repartit sur une histoire qui le rendrait sûrement encore plus pathétique. Il avait envie de retrouver cette étudiante, non pas pour la gloire que ça pourrait lui apporter mais plutôt pour comprendre, pour savoir. Il avait une soif de connaissance inaltérable. Il n'arrivait jamais à être satisfait.
Et puis si cette histoire pouvait lui enlever "elle" de la tête, alors il se ruerait dedans à pieds joints.

Il soupira, son esprit lui jouait des tours... il avait failli chanceler devant tant de remue ménage. Son bureau ressemblait plus à un champ de bataille qu'à un endroit calme et reposant, ce qu'il était d'habitude...
Il haussa les sourcils, soudain peu motivé pour tout ranger. Ces vieux cartons regorgaient sûrement d'autres articles particulièrement intéressants. Il n'éteignit pas la télé, laissant la rousse en pause dans la pièce. Il prit un manteau, léger, malgré le froid qu'il faisait et sortit. Il avait besoin de prendre l'air...

A peine avait-il fait quelques pas dans son quartier qu'il regrettait déjà de n'avoir prit qu'un petit manteau... Il frissona et mit les mains dans ses poches tout en continuant de marcher... La nuit était bien tombée maintenant, les rues étaient plutôt désertes, pas effrayantes, ni rassurantes, juste désertes.
Les dernières boutiques fermaient sûrement leurs portes, laissant la rue aux mains des Démons de la nuit. Il sortit une clope de la poche intérieure de sa veste et s'arrêta un instant pour l'allumer. Il jeta un rapide coup d'oeil autour de lui et... il crut avoir une hallucination. Il venait d'aperçevoir une chevelure rousse, flamboyante.
Il secoua la tête, non, c'était impossible. Ou bien même si la chevelure était bien rousse, ça pouvait être tellement de filles ! Il fit quelques pas, les sourcils soudain froncés. Ca y est, Cammy avait prit sa place, elle hantait son esprit... Il se retourna un instant, encore curieux de voir qui était vraiment cette fille qu'il venait de voir.
Elle se tenait là, avec une valise, elle ne bougeait pas vraiment. Elle semblait comme stoppée devant la ville. Comme si un mur transparent l'empêchait de traverser... Il pesa le pour et le contre de cette rencontre fortuite. S'il allait la voir et qu'elle n'était pas Cammy, il s'excuserait et puis voilà... mais si c'était elle... que ferait-il ? Il baissa les bras, le destin le lui dira...

Il rebroussa chemin pour avancer jusqu'à elle. Il fit en sorte d'arriver par le côté. D'un pour pouvoir apercevoir son visage avant même d'être juste à côté d'elle et de deux, pour qu'elle le voit et qu'elle ne soit pas effrayée aussitôt.
Les queqlues pas qui les séparaient s'amenuisaient. Dorian essayait de rendre son regard perçant comme l'aigle royal pour distinguer ce visage qui ressemblait de plus en plus à celui de Cammy...
Il se stoppa à peu près à deux mètres d'elle. C'était.... c'était Cammy, il en était persuadé. Son visage avait quelque peu changé, peut-être avait-elle perdu un peu de poids. Mais c'était elle. Il faillit se pincer. Comment était-ce possible ? Il venait à peine de reprendre conscience de son existence et voilà qu'elle se trouvait sous ses yeux, en chair et en os, vivante et apparement en parfaite santé. Il était éberlué.

Il cacha son étonnement, et afficha un sourire victorieux sur son visage. Il ne voulait pas qu'elle pense qu'il était là pour lui faire du mal. Il voulait se faire passer pour un inconnu pour l'instant. Ne pas lui avouer qu'il la connaissait, même par intermédiaire.
Il franchit les 2 derniers mètres qui les séparaient et s'arrêtant juste à côté d'elle, il fit face à la ville lui aussi. Les lumières étaient plutôt jolies mais ça n'attira pas l'oeil de Dorian. Il termina sa clope et tout en remettant les mains dans ses poches, il engagea la conversation, espérant qu'elle ne fuirait pas devant le premier obstacle :

Nostalgie ?... il ne savait pas comment lui faire comprendre qu'il savait, sans lui dire qu'il savait... Ouh lala que les mots étaient durs à trouver, ... la vue est belle d'ici, j'avoue, mais elle est encore plus belle là-bas... Alors tu devrais avancer..., il se tourna vers elle, il allait sauter le pas, se jeter à l'eau et qui vivra verra... Cammy...

Malgré lui, il s'était rangé de son côté. Son visage affichait cette hésitation qui démontrait clairement qu'elle avait été un pion dans cette histoire et non le personnage principal. Que s'était-il vraiment passé ? ça, Dorian espérait qu'elle le lui dirait directement, mais en attendant, il était prêt à l'aider, jusqu'à la découverte de la vérité... et si jamais, il s'avérait qu'il s'était trompé sur elle, et qu'elle avait été l'élément perturbateur de toute cette histoire, il ne la jugerait pas, mais lui demandera de s'en tenir au règlement et aux consignes qui lui avaient été faîtes pour pouvoir enfin retourner à une vie normale...


Dernière édition par Dorian Fatalys le Mer 31 Aoû 2011 - 19:31, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Acide à Faire   Acide à Faire EmptyLun 24 Jan 2011 - 19:12

La ville de Keimoo, telle qu'elle l'apercevait à ce moment là, était exactement comme sur les clichés de certaines cartes postales, ainsi notamment les brochures ayant pour but d'allécher les touristes et futurs hôtes par l'éclatement incandescent d'infinies brochettes de candélabres ornant le dédale de la cité. Le crépuscule était derrière elle à présent, mais elle n'avait pas fait un pas de plus depuis son arrivée. Pire encore, elle avait reculé, la peur s'étant immiscée en elle, au fur et à mesure qu'elle reconnaissait les bâtiments qui s'étalaient de façon insolente à ses pieds.
Keimoo semblait si belle, si attrayante. L'océan, telle une ouverture, offrait un chemin chevrotant jusqu'à la Lune. L'astre à la luminosité secondaire écartait d'un souffle invisible, la brume éparse qui faisait obstacle à ses modestes sillons chatoyants. La plage n'était pas déserte. Le romantisme d'un couple fit détourner le regard de la rouquine vers le paysage guère colossal d'une chaine de montagne peu impressionnante, si on la comparait à celles d'Hokkaido, mais qui en faisait tout de même l'attrait. Sans oublier la forêt qui se tenait à ses chevilles.
Ce n'était pas Adélaïde. Rien à voir avec son Australie natale. Mais elle aimait tant Keimoo que ça lui broyait le coeur de l'avoir fuit. La déchirure était bien plus lancinante dès lors qu'elle pensait à ses parents. La plainte déchirante de son organe vital lui avait fait stopper le mouvement de ses jambes. Comment devait-elle agir ? Elle n'avait plus de téléphone depuis longtemps, elle ne pouvait les prévenir. Le choc allait être si gros...

Un miaulement. Lewis perdait patience. Elle ouvrit la caisse et laissa le félin gambader allègrement. Trop dépendant de son amie à forme humaine il ne se laissa pas dériver trop loin. Un couple passa non loin d'elle, n'accordant à la jeune femme aucune oeillade. Grand bien leur fasse. Cammy glissa une main dans la poche de la veste en cuir noir, empruntée à Yukina. Subtilisée ? Non la rousse n'était pas une voleuse. A l'intérieur de sa menotte, son petit spray d'autodéfense parfumée à la gégène avait encore sa place. Une pensée vola vers Yasuo, ce délinquant avec qui elle avait su obtenir un semblant de conversation malgré les évènement houleux de leur rencontre. Les racailles n'étaient pas forcément de mauvaises gens. Bien qu'elle n'ait jamais revu sa cravate.

Sora. Pourquoi avait-il fallu qu'elle vît cet individu en songe? Il n'était pas vraiment responsable de sa quasi expulsion. Le directeur. L'administration. Le mauvais timing. Ses angoisses. Son obsession de l'avenir. Tout autant de facteurs qu'elle aurait dû maitriser dans un ordre particulier. Son père. Sa mère. Ses amis. Shiki. Lindsey. Elle ne connaissait toujours pas l'identité de l'étrange chapelier de la Saint Valentin. Etait-il encore là quelque part ? Elle jeta un oeil à son sac, orné du norigae en silice. Elle poussa un soupir. Non loin d'elle, un homme passa, elle choisit de ne pas préter attention à sa présence. Elle avait appris qu'il était de mauvaise notoriété que de fixer quelqu'un passant près de vous. Cela pouvait être considéré comme une provocation. Mais il semblerait que Mme Paradoxe ne désirait pas s'en tenir là dans la chicane de vie de l'Australienne puisqu'elle avait décider de laisser le piéton s'immobiliser à ses côtés. Serrant son vaporisateur de secours entre ses doigts, elle coupa sa respiration, fixant un point sans réellement le voir. Son coeur battait si fort qu'il était impossible que l'intrus ne l'entende pas. Une vague odeur de nicotine s'étendait. Elle déglutit.

- "Nostalgie ?"

Que lui voulait-il ? Pourquoi lui parlait-il ? Qu'il s'en aille, qu'il la laisse en paix avec ses craintes et ses remords. Elle commençait à paniquer malgré elle.

- "... la vue est belle d'ici, j'avoue, mais elle est encore plus belle là-bas... Alors tu devrais avancer..."

Point d'air de menace, mais elle était terrorisée. Elle ne connaissait pas cette voix à l'accent étrange. Un froissement de tissu. Du coin de l'oeil, elle le sentait remuer, l'observer.

- "Cammy..."

Elle eut un hoquet de surprise. Parfaitement audible. elle tourna la tête vers l'individu. Une haute taille, le teint laiteux. Il n'était pas Japonais. Elle aurait pu le trouver beau, si elle n'était pas à ce point obsédée par la terreur qui l'avait alors envahie. Les orbites brillantes, scrutant le faciès de l'homme, elle était incapable de prendre la parole. Finalement elle se détourna de lui, plia les jambes pour se saisir de ses affaires. Surprise par la légèreté de la caisse de transport de Lewis, elle se souvint l'avoir laissé caracoler. Elle ne pouvait pas se résoudre à l'abandonner là, aussi elle fit volte face, prenant le chemin inverse.

- Lewis !! Lewis, on y va !

Reconnaisant le timbre de sa maitresse, la grosse boule de poils insolite, également rousse, sortit d'un buisson, un mulot au travers de sa machoîre. Approchant la demoiselle, il déposa son trophée à ses pieds. En bon chasseur, il n'avait laissé aucun sursis à sa victime, pas la moindre étincelle de vie. Les minuscules pattes raidies en témoignaient notamment. Un regret silencieux s'échappa des lèvres de la jeunette, cependant, elle glissa ses doigts au travers de la douceur flamboyante et soyeuse du flanc de l'animal.

- Merci Lewis...

Entre les deux êtres, la confiance et le respect étaient de mise. La femme à la chevelure de feu présenta le coffret de transport à l'animal. Réticent dans un premier temps, il se laissa dominer, et y entra. A l'aide d'un mouchoir qu'elle retira de sa poche, elle se saisit du mulot pour ensuite se soustraire à la vue du chasseur. Elle n'allait pas se débarasser de la minuscule dépouille tout de suite pour ne pas contrarier son ami.
Sans se préoccuper de l'inconnu, elle continua son chemin. Pas d'impolitesse, juste de la prudence.



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MessageSujet: Re: Acide à Faire   Acide à Faire EmptyMar 1 Fév 2011 - 10:39

Sur le coup, il eût l'impression que la scène était en pause. Il venait à peine de prononcer ces paroles que le temps s'était arrêté pour eux. Cammy ne bougeait pas, elle semblait comme pétrifiée. Quant à Dorian, il n'osait pas remuer le moindre petit doigt non plus, persuadé que le moindre mouvement serait fatal et provoquerait la fuite de la demoiselle crinière de feu. Son estomac était noué, comme s'il avait quelque chose à se reprocher. Aurait-il dû passer son chemin et l'ignorer ? Peut-être qu'il l'avait empêché de faire son come-back en bonne et dûe forme et qu'elle allait de nouveau repartir quelque part où personne ne la trouverait... mais Dorian n'aurait pas pu se regarder une fois encore dans la glace, sachant qu'elle avait été si près de lui, dans la rue, immobile comme un piquet de grève et le regard éteint comme celui de la faucheuse. Même si elle n'avait pas donner d'oeillade significative pour qu'il vienne l'aider, il s'était senti invité par l'attitude de la jeune fille. Mais vu son mutisme actuel, il semblerait qu'il se soit trompé.
Dorian jeta un coup d'oeil curieux vers elle, sans toutefois tourner la tête, la laissant profiter d'un minimum d'intimité et d'espace vital. En posant les yeux sur elle, Dorian crut la voir trembler, ou alors c'était une illusion d'optique. Quoiqu'il en soit, elle adoptait désormais l'attitude de queqlu'un qui était traqué. Malgré lui, Dorian afficha un léger sourire, il avait même la capacité de passer pour un pervers sexuel dans ce pays, décidemment, tout lui allait comme un gant.

Et puis la demoiselle bougea. Dorian vit la scène au ralenti. Le visage de Cammy se modifia pour afficher une expression inquiète, et ses pieds avancèrent l'un après l'autre dans le noir le plus complet. Elle fuyait. Dorian ne pouvait pas bouger, il ne pouvait pas la retenir. Qui était-il pour elle ? Si elle n'avait pas envie de faire l'effort de s'intégrer de nouveau, personne ne pourrait le faire à sa place.
Dorian écrasa sa clope, d'un calme monumental alors qu'en lui, tout n'était que rage et déception. Elle s'en allait, après avoir récupéré son chat qui avait l'air d'être bête comme ses pieds. Il n'avait pas l'intention de la suivre. Il restait là, immobile comme un con à son tour, fixant ses yeux dans le dos de plus en plus petit de la disparue Cammy. Il haussa les épaules.

Tant pis.

Il abandonnait, n'aimant pas les victoires difficiles. Il aimait que les choses soient claires et simples dès le début. Il n'était pas courageux, feinéant et baissait vite les bras. Seule la passion pouvait le faire tenir et espérer davantage. Mais là, devant une inconnue, qui plus est élève à l'Académie Keimoo, que pouvait-il espérer ? Qu'elle soit reconnaissante ? Qu'elle lui dise 'Merci' ? Mais pourquoi ? Il ne ferait rien pour elle. Il avait juste eut envie de lui faire comprendre qu'elle était la bienvenue, peu importe les actes qu'elle avait commis. Mais Cammy ne semblait pas avoir besoin de l'aide d'une autre personne, elle avait sûrement assez de démons intérieurs à gérer.
Les pas de Dorian le portait dans la direction opposée à celle que Cammy avait prise. Elle partait vers Keimoo, tandis que lui s'enfonçait dans les rues sinueuses de quartier voisin. Il allait encore se retrouver dans un coin perdu, et se ferait casser la gueule lorsqu'il demanderait son chemin. A croire que sa mésaventure avec Akim n'avait pas suffit. Il soupira en rigolant, sa vie était plutôt mouvementée depuis quelques semaines. Tout changeait autour de lui... et en lui.

Dorian avait beau essayer de faire comme si la situation ne le concernait plus, il était hanté par la curiosité. Cammy s'en allait avec ses secrets, qu'elle emporterait dans la tombe et Dorian ne les saura jamais. Il ne pouvait pas laisser faire une chose pareille ! Il s'était déjà beaucoup trop impliqué ! Elle devait le soulager de ses souffrances. On ne laisse pas un homme dans cet état là. Il s'arrêta, prit entre deux feux. S'il la poursuivait, elle risquait de crier 'Au Secours' et Dorian serait bien emmerdé, mais s'il ne le faisait pas, qu'adviendrait-il d'elle ?
Il jura en tapant du pied. Il ressortit les mains de ses poches et en passa une dans ses cheveux, il n'arrivait pas à prendre de décision. Il se retourna... elle n'était déjà plus là.

Et merde !

Soudaine passion qui l'emportait ? Dorian se laissa submerger par sa curiosité et son désir insensé de justice. Il lâcha toute sa stature d'homme parfait et se mit à courir. Vers elle. Il courait comme s'il venait tout juste de la perdre. Il courait comme si la mort le poursuivait. Tout son organisme s'accélera pour faire place à cette nouvelle activité peu commune chez notre infirmier. Il n'était pas du genre sportif.
Les pavés défilaient sous ses pieds mais il avait l'impression d'avancer dans le vide. Les lumières de la ville reculaient de plus en plus et Cammy était toujours introuvable. Bon sang ! Où pouvait-elle bien être partie ? S'était-elle cachée ? Elle devait sûrement bien rigoler de voir le fou devenir encore plus cinglé.
Il bouscula 2 ou 3 personnes sans s'excuser dans sa course infernale. Il en avait bien rien à faire de ces gens là. Et d'elle aussi d'ailleurs. Alors pourquoi la rattraper ? Il préféra ne pas se poser la question, il voulait juste ... la retenir.

Enfin il l'aperçut, elle était là, marchant plutôt rapidement comme pour échapper à son bourreau. Dorian calma sa course. Il avait l'impression que son coeur allait exploser dans sa poitrine tellement la douleur était forte. Il respirait avec difficulité mais continuait de marcher derrière elle, plus vite, et encore plus vite, jusqu'à atteindre son bras, qu'il saisit, sans violence. Elle était mince et sa main eut rapidement fait le tour.

Attends Cammy !

Il la stoppa. Il lâcha son bras pour lui montrer qu'il n'était pas là pour l'emmerder, il voulait simplement lui parler. Il expira une dernière fois histoire de retrouver un minimum d'oxygène pour vivre. Il s'arqua pour poser ses deux mains à plat sur ses genoux, elle avait eut raison de lui. Il releva juste la tête et tout en plissant les yeux pour palier à la douleur de ses poumons, il lança, taquin :

Tu m'as fais courir !

La demoiselle n'avait pas l'attitude ni le visage de quelqu'un qui souriait facilement mais peu importait, il disait ce qu'il avait envie de dire, qu'elle le prenne bien ou mal.
Il soupira une dernière fois et se releva, se retrouvant de nouveau bien plus grand qu'elle. Il fixa les yeux dans les siens, pouvant cette fois dévisager la donzelle sans gêne. Elle était bien jolie. Son visage était un peu renfermé et dur mais un sourire l'illuminerait certainement. Elle était vraiment pâle et maigre. Son régime de disparue ne lui avait pas apporté grand chose. Et puis pourquoi était-elle revenue d'un coup ?

Ecoute, je suis pas là pour te juger. Si je sais qui tu es, c'est parce que je travaille à l'Académie. Mais je ne te connais pas personnellement... tout ça s'est passé avant mon arrivée. bien qu'il s'était renseigné sur elle, sans connaissance de cause et qu'il était au courant de la version officielle des choses alors si y'a bien une personne ici qui pourrait écouter TA version des faits, c'est bien moi.

Il marqua un temps d'arrêt. Sa dernière phrase faisait légèrement prétentieuse. Mais bon, Dorian était comme ça alors ça ne le choquait pas. Cependant, elle pourrait sûrement être tentée de dire qu'elle n'en avait rien à faire de lui et qu'elle ne voyait pas l'intérêt de tout lui raconter. Elle aurait raison. Mais après une telle absence, elle devait avoir envie de parler, de se sentir écoutée et sûrement aidée. Même si Dorian n'était pas le plus gentlemen des hommes sur cette planète, il ne laisserait pas non plus quelqu'un dans la merde. Ou alors, un jour où il serait vraiment de mauvaise humeur.

De plus... il me semble que t'as pas spécialement d'endroit où loger. J'habite à quelques pas d'ici, tu peux venir chez moi, si tu veux. Mais, je ne te force en rien.

Il insista sur le fait qu'elle était maître de son destin et que ce n'était qu'une invitation. Il ne voulait pas se retrouver avec une nouvelle Irydessa en puissance sur les bras. La balle était dans son camp, à elle de la lancer où elle voulait.
Sachant qu'en plus, si elle venait chez lui... Lewis aurait un autre petit animal pour s'amuser...


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MessageSujet: Re: Acide à Faire   Acide à Faire EmptyLun 21 Fév 2011 - 18:57

Comment se pouvait-il qu'une personne qu'elle n'avait jamais vue pouvait connaitre son prénom ? D'ailleurs, cet homme avait un sacré toupet d'être si familier avec elle. Il s'était exprimé en japonais, il ne pouvait pas ne pas être au courant de l'étiquette. Elle s'était éloignée avec réserve. Elle ne pouvait pas se mettre à courir, elle était bien trop chargée. Malgré sa terreur, elle avait encore eu le réflexe de réfléchir. Si elle avait pris ses jambes à son cou, le type l'aurait probablement coursée. En agissant ainsi elle comptait sur l'éventualité que l'homme penserait qu'il s'était fourvoyé quant à l'identité de la demoiselle. Mais c'était trop gros, et elle le savait.

Elle s'arrêta quelques instants pour chercher un objet dans son sac. Son spray d'auto-défense. Elle n'avait jusqu'à présent jamais eu l'occasion de l'utiliser, mais à plusieurs reprises elle s'était sentie le besoin de l'aggripper dans sa petite main. Reprenant sa marche, elle hâta le pas, ne réfléchissant pas au chemin qu'elle empruntait. L'heure était tardive, les rue étaient quasiment désertes. Ça ne la rassurait pas. Elle qui pensait pouvoir rentrer à son rythme, lentement... Fallait-il toujours qu'il lui arrivât quelque chose ? La poisse était-elle définitivement de son coté ? Elle se pressa pour se retrouver dans une rue étrangement bien empruntée par une petite foule. La sortie de la dernière séance du cinéma de la ville à en croire les propos qu'elle distinguait de la bouche des passants en les croisant. "Miyasaki est un Dieu ! C'est toujours pareil, je ressors de la salle avec une féerie dans le corps". Kari-gurashi no Arietti semblait encore en salle. Avec un peu de chance, peut-être aurait-elle l'occasion de le voir.

Hayao Miyazaki. Elle avait toujours été fan de ces oeuvres. Elles les avaient presque toutes vues. Sa préférence allait évidemment pour Tonari no Totoro. Que ne donnerait-elle pas pour être l'héroïne d'une histoire similaire ! Au lieu de ça, elle avait plutôt l'impression de jouer le rôle d'une figurante dans un film dramatique de série B, où elle n'apparaîtrait qu'une petite minute avant de se faire massacrer par un homme trop charmant au premier abord pour être dangereux. Elle fit halte un instant, jetant une oeillade par dessus son épaule. Autant profiter de la foule pour ralentir. Elle était un peu essouflée. Lewis s'agitait dans sa caisse. Elle releva le vieux panier transporteur à hauteur des yeux afin de lui parler.

- Excuse-moi de te secouer ainsi mon bébé, il n'y en a plus pour très longtemps...

"J'espère", finit-elle de murmurer tout en rabaissant le bras. Elle se remit en route, un frisson lui parcourant l'échine. Elle se sentait comme traquée. Pourquoi cette paranoïa s'insinuant en elle au fur et à mesure que le temps s'écoulait ? Etait-ce parce qu'elle venait d'apercevoir sur la porte d'un commerce sa photo avec son nom juste en dessous ?
Ça lui faisait bizarre de se voir ainsi placardée... "Récompense pour la moindre information utile". Le papier avait vécu, étant déchiré, corné par endroits. Alors qu'elle fuyait elle ne savait quoi, elle tenta de remonter le temps dans son esprit, lorsqu'elle avait quitté Keimoo. Mais... le néant total. elle n'avait absolument aucun souvenir de la façon dont ça s'était déroulé. Le dernier en date était cette horrible lettre qu'elle déchirait, dans sa chambre universitaire. Sa chambre... aurait-elle le droit de revenir à l'université ? Elle pourrait refaire sa première année. Mais le Directeur le permettrait-il ? Ses parents... Son père. Il allait probablement lui en vouloir. Sa mère aussi. Elle laissa involontairement échapper une larme. Puis une autre. Mais ça n'était pas le moment ! Elle accéléra le pas...

" Attends Cammy ! "

Lorsqu'on lui agrippa le poignet. Elle n'eut pas la force de crier, et pour son plus grand désarroi, lacha sa bombe lacrymogène qui roula sur le sol incliné. Bouche bée, elle regarda l'objet de survie s'éloigner d'elle, puis se retrouver propulsé quelques mètres plus loin encore par un passant, tandis que le type tentait de reprendre sa respiration. Désespérée, elle jeta un coup d'oeil alentour. Quelqu'un...n'importe qui...

"Tu m'as fait courir !"

Mais la personne la plus proche s'éloignait trop rapidement, après avoir shooté dans son seul allié. Elle regarda son pseudo-agresseur, bien trop en réserve d'ailleurs. Lorsqu'il se redressa, Cammy fut contrainte de lever les yeux. Dans un pays où la taille moyenne tournait autour du mètre soixante-dix, elle avait rarement eu l'occasion de faire face à une si grande personne. Qu'à cela ne tienne, si elle avait su intimider Yasuo un an plus tôt, pourtant bien plus costaud que son actuel vis-à-vis, ce n'était pas cette grande asperge en manque de souffle qui allait l'impressioner. Même si....elle l'était tout de même. Il lui fallait se ressaisir, elle avait assez fui. Assez de jouer les victimes ! Tôt ou tard, il lui allait lui falloir assumer ses actes, autant commencer tout de suite.
L'inconnu lui ôta la dernière pellicule d'effroi de son être en lui expliquant d'où, ou plutôt, de quelle façon il la connaissait. Alors ainsi c'était un membre du personnel. Elle expira en fermant brièvement les yeux, de soulagement. Cependant, elle resta méfiante. Il était facile pour n'importe qui de se faire passer pour un employé de l'Académie.

Elle haussa un sourcil lorsque l'homme lui fit part de son désir de connaître la version des faits de l'Australienne. Il avait dit cela avec un accent détaché qui lui rappelait certains élèves, populaires, qu'elle avait rencontrés par le biais de Shiki. Un air suffisant et hautain, imbu. Encore un qui devait se croire sorti de la cuisse de Jupiter. Personnel ou pas, ce n'était pas une attitude à avoir lorsqu'on se retrouvait face à une jeune fille.
Cependant... elle avait un grand besoin de tout lâcher, avant de se retrouver face à ses parents. Elle voulait aussi savoir ce qu'il s'était passé à Keimoo depuis son absence.elle se cherchait des excuses pour retarder l'inéluctable. Elle évita le regard du brun, comme pour chercher un autre moyen de fuir, de ne pas faire face à cette cruelle réalité. C'est alors qu'il lui fit un improbable proposition. Culottée, mal placée. Elle ne conaissait même pas son nom, n'avait même pas ouvert la bouche qu'il l'invitait chez lui ? Mais pour qui se prenait-il ? Réalisait-il qu'il l'avait accostée, puis poursuivie, au mileu de la nuit ? Même s'il était réellement membre du personnel de l'Académie, qui serait à ce point stupide pour accepter de suivre un inconnu chez lui ?
Elle redressa les épaules et planta ses noisettes dans ses yeux. Impudente.

- Qui que vous soyez, vous êtes bien maladroit, Monsieur. Croyez-vous vraiment que je vais vous suivre ? Je ne suis pas idiote. Il y a des avis de recherche dans la ville. Il ne serait pas surprenant que vous cherchiez à me ramener auprès de mon père pour recevoir une éventuelle récompense. A moins que vous ne cherchez à m'attirer dans votre lit ? Le fait que je revienne de moi-même démontre qu'il y a une raison à mon absence. En vous proposant de connaitre ma, je vous cite, "version des faits", vous entretenez l'espoir de me voir vous faire confiance, et me libérer auprès de vous. Peut-être que vous frapperez à ce moment là. Dire que vous êtes du personnel ne vous facilite pas la tâche, puisque c'est à cause du personnel de Keimoo que tout ça est arrivé. Si l'administration avait seulemlent eu l'idée de me recevoir...

Elle ne réalisa pas qu'elle commençait peu à peu à faire le contraire de ce qu'elle voulait. Oui, elle avait besoin de se libérer, elle était faible. Si faible que n'importe qui pouvait en profiter. Pauvre stupide victime à deux sous... Pathétique.

- Elle aurait peut-être compris que je n'atait absolument pour rien dans cette stupide rebellion... J'ai seulement voulu séparer Kumori et LeFloch... Je ne suis pas une droguée, je ne consomme pas d'alcool.. et...

Les larmes s'étaient de nouveau échappées d'elle à son insu. Elle ne remarquait pas qu'elle avait baissé la tête. Elle retraçait tout dans sa mémoire. Le pingouin de la Saint Valentin, le chapelier, le lit d'infirmerie... Les rangs lors de l'hymne bafoué, la bagarre, le panneau d'affichage, le bureau d'administration, sa chambre...en pagaille.

- Qu'est-ce que j'ai fait ? Je...je suis innocente.

La tombe de Kumori, dans son rêve.

- Je suis innocente.

Elle baissa totalement les armes et se retrouva à genoux, au milieu de ce trottoir. Elle lâcha la caisse de Lewis, la sangle de son sac gisant au sol glissa le long de son bras. Elle porta ses mains à son visage inondé, cachant cette face impuissante, incapable de faire preuve de résistance face à un inconnu qui pouvait dès à present l'assommer et faire ce qu'il voulait d'elle.


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MessageSujet: Re: Acide à Faire   Acide à Faire EmptyDim 6 Mar 2011 - 17:36

La petite bombe lacrymogène roulait encore au gré des coups de pieds des passants indifférents alors qu'entre Dorian et Cammy, tout avait déjà changé. Presque trop vite et de façon trop brutale.
Lorsque la jeune lionne avait posé son regard rebelle et agressif sur lui, il avait tout de suite repensé à ses paroles et à la façon dont une jeune fille inconnue les interpréterait. C’en fut presque risible. Malgré lui et malgré l’expérience qu’il avait vécu avec la ‘regrettée’ Irydessa Plessis machin chose, grande mannequin inconnue et bourgeoise, il ne pouvait s’empêcher de refaire les mêmes erreurs. A croire qu’il n’avait rien apprit. Pourtant, s’il avait vraiment voulu attirer Irydessa dans son lit au début de leur rencontre, il en était totalement l’inverse pour Cammy. Loin de là étaient ses intentions mais il reconnaissait que la formulation était plus que maladroite. La jeune femme fougueuse ne se fit d’ailleurs pas priver pour le lui faire remarquer. Hélas. Ayant soudain prit la parole de son plein gré, elle en profita pour s’étendre dans un monologue des plus libérateurs, un véritable Mea Culpa d’innocente.
Elle avait une jolie voix, Dorian n’avait pas envie de l’interrompre, par peur de l’arrêter définitivement. Il voulait profiter de ce moment de confession un peu désespérée fallait l’avouer. Il n’avait pas eu à insister grandement pour obtenir quelque chose, ce qui prouvait qu’elle en avait gros sur le cœur et qu’elle se serait bien confiée à n’importe qui capable de l’écouter. Cependant, elle faisait fausse route par endroits :

► Premièrement, Dorian n’avait pas du tout fait attention à la récompense. Il était riche à ne plus savoir que faire de son argent et n’en avait que faire que ses parents la cherchent à tout va. Il n’était pas du genre super héros qui cherche à obtenir la gratitude de son public. Selon lui, si elle et ses parents avaient été en parfaite harmonie avant ce « drame », elle n’aurait pas cherché à les fuir sans leur donner de nouvelles. Donc il se voyait mal la ramener contre son gré à quelqu’un qui n’avait pas déployé des sommes colossales pour rechercher sa fille au-delà des frontières Nippones. Il n’en valait pas la peine. Et il ne se donnerait pas cette peine. Trop de travail pour lui. Donc là vraiment, elle se trompait à plates coutures.

► Deuxièmement, d’accord Dorian faisait partie Personnel de l’Académie, mais pour sa propre auto-défense personnelle et pour ne pas salir son égo surdimensionné, il se plaisait à dire que tout ça s’était passé bien avant son arrivée et donc que même s’il avait voulu intervenir dans ce néfaste passage de sa vie, il n’en avait pas eu les moyens. Est-ce qu’il aurait été contre la volonté du Conseil Administratif ? Est-ce qu’il aurait prit la défense de cette jeune fille alors que tout semblait aller contre elle ? Aucune idée, et on ne le saura jamais. Mais il ne fallait pas mettre tout le monde dans le même panier. Lui, il était nouveau et il ne ferait pas la même erreur que les anciens acteurs du conflit (élèves et personnel compris). S’il était là aujourd’hui, dans la rue, en pleine nuit, à lui témoigner de l’empathie et un minimum d’attention pour écouter son histoire, c’était déjà qu’il envisageait son innocence.

D’ailleurs, lorsqu’elle prononça qu’elle était innocente, Dorian ne fut pas surprit. Il n’en avait jamais douté au fond de lui et il l’aurait deviné rien qu’en l’observant. Sûrement son instinct.
Elle pleura. Faible petite brebis galeuse qui revient près des siens après avoir fui le pâturage. Il leva les yeux au Ciel, priant pour qu’aucun des nombreux passants qui passaient à quelques mètres d’eux ne prennent cette scène mélodramatique au sérieux et qu’il ne vienne foute sa merde en faisant de nouveau passer Dorian pour un dangereux psychopathe en liberté. Dorian l’écouta lâcher prise et la vit tomber à genoux, baissant les bras et sa garde par la même occasion et lui laissant libre cours pour faire ce qu’il voulait d’elle. Heureusement qu’il n’était pas quelqu’un de malsain. Il soupira discrètement et s’accroupit à côté d’elle pour essayer de remettre les choses au même niveau. A cet instant précis, il ne savait pas vraiment quoi faire. Il n’était pas bon pour réconforter les gens et il n’avait pas envie de le faire de toute façon. Il n’aimait pas les gens trop faibles, il avait envie de les secouer et de leur montrer qu’on est tous que des hommes sur cette foutue planète et qu’il fallait juste trouver sa place. Mais bon, un discours moralisateur agressif n’était pas toujours une bonne solution anti-dépression.
Peut-être aurait-il dû poser sa main sur sa frêle épaule pour lui montrer qu’il était là pour la soutenir, mais vu sa réaction de tout à l’heure, il était presque sûr qu’elle le prendrait comme le premier geste d’une attaque sexuelle imminente. Alors il resta sans rien dire pour le moment, repensant à ce qu’elle avait dit et essayant de comprendre ce qui avait bien pu se passer. Elle avait tenté de séparer deux garçons, Sora Kumori qui était donc à l’Hôpital actuellement dans un coma quasi-irréversible et LeFloch, sûrement Brieg LeFloch, mais Dorian ne le connaissait pas. Embringuée dans cette histoire, la voilà tenue pour responsable. Etrange. S’il ne s’était passé ‘que’ ça, pourquoi l’Administration aurait été si dure avec elle ? Il y avait autre chose. Peut-être que le Conseil avait reçu un pot de vin de la part des deux autres élèves, laissant Cammy seule au monde pour accuser les responsabilités qui l’incombait… C’était louche toute cette histoire. Vraiment trop louche.
Quoiqu’il en soit, à l’heure actuelle, et même sans preuves officielles, à part un témoignage larmoyant de la concernée, il adhérait à la cause presque perdue de Cammy et se rangeait de son côté. Le Défi était largement plus dur à relever et donc plus intéressant.

Je te crois. osa-t-il dire en espérant lui ôter la dernière peur enfouie en elle à son sujet. Il n’était pas là pour lui faire du tort et encore moins du mal. Dorian était peut-être un égocentrique macho et peu enclin au tact envers les femmes et les ados en crise, mais il n’était pas homme mauvais. Cependant… il faut que je mette au clair certains points. dit-il en se redressant et en esquissant un sourire compatissant, bien qu’elle ne le verrait sûrement pas vu qu’elle avait le visage toujours enfoui dans ses mains remplies de larmes. En tant que personnel de l’Académie Keimoo, j’aurais pu me ranger derrière leurs idées et ne pas t’accorder le bénéfice du doute Cammy, alors je te serais vraiment reconnaissant de faire pareil. Laisses-moi te prouver que tout le personnel n’est pas ‘corrompu’ et que je cherche vraiment à tirer le faux du vrai dans cette histoire. Ensuite, ma proposition était purement indécente, je le reconnais. Je ne m’excuserais pas parce que c’est pas dans mes attributions mais sache que l’intention n’était pas de t’attirer chez moi pour faire je ne sais quelle chose obscène, je ne suis pas attirée par les ados maigrichonnes et mal dans leur peau.

Il éclata de rire intérieurement. Il se mentait à lui-même. Cette description, c’était Yume tout craché et ça ne l’avait pas empêché de ‘craquer’ pour elle. Sa petite protégée était plus que maigrichonne et elle était arrivée dans son cabinet avec autant de problèmes que de bleus. Cependant, elle était unique et sensiblement différente. Bref, lorsqu’il disait à Cammy qu’il ne la voyait pas comme une femme qui pourrait faire partie de sa vie amoureuse, il disait vrai. Il souhaitait avoir, avec elle, une relation des plus platoniques, se limitant au simple « personnel – élève ». Il se gratta le menton, imitant le geste d’un vieil homme qui gratte une barbe imaginaire.

Je voulais simplement être… sympathique. Mais là encore, on dirait que c’est pas dans mes cordes.ironisa-t-il tout en se permettant un petit rire un peu masqué pour ne pas qu’elle sente humiliée. Dorian, le grand méchant infirmier Dorian Fatalys, se retrouvait à prendre les gens avec des pincettes pour ne pas les effrayer. Ce n’était pas lui ça, en effet, mais chaque personne était unique et méritait une attention toute différente ; donc il adaptait son comportement et ses paroles à la personne concernée. Si je te proposais de manger un morceau dans ce petit bouiboui juste là, tu serais terrorisée et refuserait aussi catégoriquement ?

Il ne voulait pas la forcer à accepter là non plus, mais il aurait bien aimé qu’elle le fasse quand même, parce que malgré un fort besoin d’attention, Dorian n’aimait pas être le centre du monde lorsqu’il s’agissait de lui ET d’une fille en pleurs sur le trottoir. Il aurait aimé qu’elle se calme, qu’elle se reprenne en mains et qu’ils parlent de tout ça calmement autour d’un petit quelque chose à grignoter dans ce ‘restaurant’ à deux pas d’eux, avec quelques clients à l’air stone. Dorian se ferait même un plaisir de payer pour lui prouver que l’argent chez lui n’est pas un problème et qu’il ne la ramènerait pas chez ses parents, dont il ignorait complètement l’existence y’a encore 1h.
Tentant de la secouer un peu pour qu’elle se bouge, (moralement parlant), il se rapprocha d’elle et tiqua :

C’est franchement pas avec une attitude comme ça que tu vas leur montrer de quel bois tu te chauffes. Ta motivation semble perdue au fin fond de nulle part. Ressaisis-toi Cammy et montres-moi qu’une partie de toi vaut la peine que j’affronte le Conseil Administratif pour toi… et avec toi.

Et si Cammy se demandait logiquement pourquoi il ferait ça pour elle, Dorian répondrait simplement... Par curiosité.


Dernière édition par Dorian Fatalys le Mer 31 Aoû 2011 - 19:35, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Acide à Faire   Acide à Faire EmptyVen 25 Mar 2011 - 9:04

C'était chose étrange de se retrouver à genoux sur le macadam devant un inconnu, au milieu de la rue. Imaginez vous: vous venez de visionner la dernière séance dans votre cinéma de quartier et vous croisez une jeune fille en larmes, à genoux face à un type à la mine aussi engageante qu'un psychopathe, filiforme et bien plus grand que la normale. Comment réagissez-vous ? Cammy ne saurait pas le dire parce qu'à ses yeux en cet instant, elle était seule dans un désert, face à une oasis. Autour d'elle du sable à perte de vue. Elle possède pourtant une boussole, et le chemin tout tracé vers son village. Le soleil agressif a presque raison d'elle, mais il lui faut faire encore des efforts pour accéder aux bras accueillants qui ne réclament que son retour parmi les siens. Mais cette oasis est venue à elle pour lui permettre de se reposer, de prendre des forces avant les retrouvailles. Un haut cactus se penche vers elle, lui offrant l'ombre qu'elle apprécie, qui la soulage. Il est tentant, mais... n'est-il pas un mirage ? Elle tente de lui résister...mais est bien trop faible.

- Je te crois.

Un murmure agréable, désaltère sa soif de soutien. C'est tout ce qu'elle demande, qu'on la croit. Le cactus est gorgé d'eau...mais également recouvert d'épines. "Je ne suis pas attiré par les ados maigrichonnes et mal dans leur peau" ne manque-t-il pas de préciser un peu trop durement.
La fierté de la demoiselle en prend un coup. A cette piqûre elle ôte sa main. Ses larmes cessent de couler, elle a un hoquet de surprise. Elle redresse le visage vers cette plante tropicale..trop piquante.

Au moins, Cammy réagissait. Et puis, même si cet homme n'avait pas toute la délicatesse d'un gentleman, il se rangeait malgré tout de son côté. Et ce, un peu à l'aveugle.
Elle n'avait pas bougé d'un poil et fixait le bitume, essayant de recoller les morceaux des évènements passés, brisés. En réalité là maintenant, elle se sentait surtout ridicule. Cet homme se dressait fier comme un coq face à elle qui n'avait que ses yeux pour pleurer. Quel étrange tableau. A l'évocation d'un casse-croûte, son ventre émit un gargouillis. Elle avait l'impression que son organisme se réveillait des suites d'une longue hibernation. Elle sentait son estomac, particulièrement vide. Elle n'avait pas eu d'appétit depuis son...réveil, de nombreuses heures plutôt. Son organe se dénouait pour remonter jusqu'à sa gorge. Elle avait une faim de loup. Elle tourna la tête vers le snack, qui ne lui disait rien qui vaille. Le fin palais, le cordon bleu qu'elle était lui tirait la sonette d'alarme. Un nid à bactéries, cachant probablement rats et cafards avait des chances de recracher un de ses clients les pieds devant. Malgré tout, par expérience, elle n'avait probablement rien à craindre: elle s'était déjà restaurée dans des gargotes qui l'avaient certes rendue un peu malade, mais sans pourtant lui faire passer l'arme à gauche. Ainsi, elle devait se rendre à l'évidence que l'invitation de cet homme antipathique était alléchante.

Elle poussa un soupir quasi inaudible. Du plat de la main, essuya ses larmes presque sans délicatesse. Elle hésitait. Cammy Logan, méfiante de nature, celle là même qui acccordait toujours un accueil des plus froids, malgré un regard et une chevelure de braise, à quiconque le croisait, ne pouvait se permettre de se jeter dans la gueule de loup. C'était trop facile.
Mais, avait-elle seulement le choix ?

Toutefois, à la dernière phrase de l'inconnu, elle eut l'impression qu'il lui avait secoué les bretelles. Comment pouvait-il connaitre son caractère d'antan ? La petite Australienne sévère et droite dans ses bottes avait depuis plusieurs mois laissé place à une loque quasi dépressive, geignant dès que l'occasion se présentait. Actuellement, c'était plutôt cette dernière description qui transparaissait aux yeux de chacun. Surtout si ce mec avait fait son premier pas dans l'Académie bien après la disparition de la rouquine.

La petite Intello en conclut donc qu'il bluffait. Qu'il devinait.
Ou qu'il la manipulait tel un marionnettiste.

Elle se redressa, se remit sur pied puis respira un bon coup, les yeux toujours rivés sur le sol. Elle ne se ferait plus manipuler par qui que ce soit. Elle essuya ses vêtements de façon nonchalante, pour ensuite planter ses iris droit dans celles de l'inconnu. Elle les fixa sans ciller, avec une dureté qui caractérisait parfaitement l'étudiante à une époque qu'elle pensait révolue depuis longtemps. Auprès de lui, elle ne voulait pas avoir l'air d'une victime, elle ne lui offrirait pas la possibilité de flatter son égo même si elle se sentait proche de la crise de nerfs Elle se contrôlerait . Elle ne veut pas de son aide.

- Ok, j'accepte votre invitation.

Elle n'était pas une simple adolescente. A 21 ans, elle était devenue une femme au parcours difficile et elle tâcherait de lui faire comprendre. S'il avait voulu la provoquer, c'était réussi. S'il avait voulu se montrer sympathique, il s'était royalement planté.

Pour l'heure, elle voulait tater le terrain. Prendre quelque repère avant de rejoindre les siens. Elle avait toute la nuit pour ça. Peut-être qu'ensuite elle se sentirait suffisamment en confiance pour faire face à ses parents, Seth et Wade Logan.
Elle détourna son regard de l'homme, puis ouvrit la cage de Lewis. Ce dernier courut à vive allure vers un square non loin de là. Elle referma la caisse, attrapa la sangle de son sac de voyage et tourna les talons. D'un pas assuré, la tête droite, elle se dirigea vers le snack-bar.


Dernière édition par Cammy Logan le Mar 1 Mai 2012 - 21:11, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Acide à Faire   Acide à Faire EmptyDim 10 Avr 2011 - 15:03

Hé bien, hé bien ! Que de remue ménage finalement. A force d'insister pour qu'elle se réveille et qu'elle décide de ne plus être une victime passive et horriblement inintéressante, les choses prenaient enfin forme. En effet, Dorian ne connaissait pas Cammy, ni aujourd'hui, ni hier et sûrement même, ni demain. Au vu de son caractère bien trempé, de sa chevelure de feu et de son regard à faire fondre le plus solide des métaux, il était clair que elle et Dorian ne s'entendraient jamais. Ils avaient chacun une personnalité dominante et seraient en perpétuel conflit pour gagner du terrain sur l'espace vital de l'autre. Une vraie guerre d'adolescents à laquelle Dorian ne souhaitait pas participer le moins du monde. Si Cammy arrivait à reprendre du poil de la bête et assez de force pour aller taper du poing sur le bureau du Directeur toute seule, alors qu'il en soit ainsi, Dorian ne lui courrait pas après, loin de là mais il serait satisfait d'avoir joué son rôle dans cette rébellion scolaire.

En attendant, la Demoiselle ressemblait plus à un SDF du coin de la rue qu'à une icône de révolution d'étudiants. Et si y'a bien quelque chose qui permet de se sentir repu et apaisé, c'est de la bouffe.
Dorian non plus n'était pas vraiment tenté d'aller se sustenter dans un taudis aussi peu entretenu et qui respirait le manque d'hygiène alimentaire à des kilomètres mais elle était responsable de cette situation. Elle n'avait pas voulu aller chez lui, il ne lui en voulait pas puisque d'après sa formulation, il n'y aurait pas été lui-même. Il se retint une nouvelle fois de rigoler, vraiment, il était trop fort.
Le chat partit en courant, tant mieux, saloperie de bestiole. Dorian pensa d'ailleurs au sien qu'il avait laissé enfermé dans le placard, depuis un certain nombres de jours... mmh, il soupçonnait Al' de le libérer, de lui donner à manger, de le laver et de le caresser avant de le remettre dans le placard pour éviter les foudres de son maître incontesté et incontestable.
Bref, ils se dirigèrent donc ensemble vers le petit restaurant pittoresque et s'assirent à une table plutôt reculée, mais qui donnait sur l'extérieur. Une respiration prolongée des huiles qui émanaient de ce boui-boui risquerait de provoquer des attaques cardiaques à nos protagonistes. Dorian commanda un hot-dog, sauce mayo ketchup et quelques frites, ainsi qu'un coca (vive les Américains), et laissa Cammy choisir ce qu'elle voulait, il ne prendrait pas le risque de commencer la guerre sur ce point inutile. Autant qu'elle prenne ses décisions toute seule.

Attendant son plateau, il eut envie de s'attarder à la harceler de questions pour savoir tout sur elle, sur sa personnalité, ce qu'elle allait faire, mais se mettant un minimum à sa place, il était plutôt logique qu'elle ne désirerait pas se dévoiler complètement à un homme sur qui elle peinait à poser les yeux tellement son caractère était trempé. Elle était trop fougueuse pour être féminine. C'était le genre de femme qui faisait fuir les hommes, et qui rendaient les plus durs aussi dociles que des nounours. Vraiment aucune classe. Dorian se contenta d'un sourire mesquin et supérieur et retira ses coudes de la table lorsque le plateau arriva. Il se frotta les mains et ne prononça aucune formule de politesse ou quoique ce soit avant de commencer à manger. Il était égyptien, pas japonais et les coutumes d'ici, lui, il s'en fichait royalement.
Après avoir dévoré la moitié de son repas sans dire un mot, Dorian se recula sur sa chaise et but quelques gorgées de son coca, ce qui eut pour effet de lui arracher quelques grimaces et de rendre ses yeux pétillants. Il reposa la canette sur la table et tout en reposant ses coudes autour du plateau pour joindre ses deux mains sous son menton, il changea de méthode. Il la fixa et recommença :

Tu étais partie où alors pendant tout ce temps ?

Ca n'avait aucun intérêt de le savoir c'est sûr et elle n'avait aucune raison de partager ce détail avec lui mais, ils étaient là pour discuter non ? Cammy devait avoir comprit depuis le temps qu'il n'était pas là pour lui faire du tort et qu'elle pouvait se confier à lui autant qu'elle le voudrait. Dorian savait être une tombe quand il devait l'être et il savait qu'une gamine à la tête dure comme Cammy ne se laisserait pas facilement amadouer. C'est pour cela, qu'il faisait la converastion, simplement. Si elle répondait, tant mieux, sinon tant pis. Ils mangeraient, se diraient au revoir et Dorian s'en retournerait à sa vie de tous les jours en espérant que Cammy ne se jetterait pas du premier pont qu'elle croiserait. Elle détenait la clé de son futur, la clé de son innocence. A elle de faire les bons choix et de parler aux bonnes personnes. Dorian n'était peut-être pas quelqu'un de stable mais il pourrait toujours appuyer sa démarche après de la Direction en tant que Personne responsable de l'Académie... ou pas.

Si tes parents ont mis une récompense sur ta tête, pourquoi tu n'es pas retournée les voir eux plutôt que d'arriver en ville et de pas savoir dans quelle direction aller ?

Elle était difficile à comprendre cette donzelle. Elle semblait extrêmement mature et en même temps, tout à fait fragile. Le comble de l'enfant sûrement. Parce que oui elle avait beau avoir 21 ans, elle était encore une jeune adulte... et une jeune adulte, au moindre problème... et ben ça baisse les bras... et heureusement que y'a des gens comme Dorian pour les remonter. Modestie, quand tu nous tiens.
Il faisait nuit dehors et il devait sûrement être tard, aux alentours de minuit quelque chose comme ça. Dorian n'avait pas la fibre paternelle mais il ne pouvait pas s'empêcher de penser à des détails comme où allait-t-elle dormir cette nuit ? Peut-être qu'elle avait envisagé de payer une chambre d'hôtel pour la nuit mais pourquoi ne pas retourner chez ses parents ? Serait-ce qu'ils étaient dans le coup eux aussi ? Dorian aurait bien aimé comprendre pourquoi il y avait ce tel malaise entre Cammy et ses parents.

Que comptes-tu faire pendant les prochains jours ? Tu vas retourner à l'Académie dès demain ?

Ca Dorian en doutait. Lui, à sa place, il n'y serait pas retourné avant d'avoir monté un dossier méga béton et d'aller directement le poser sous le nez du Dirlo pour se faire innocenter et punir les vrais coupables. Cette affaire était loin d'être le crime du siècle mais dans une vie d'étudiants riches et sans histoires, un tel scandale prenait une ampleur pharaonique et Cammy était vite devenue le vilain petit Canard que personne ne voulait voir. Son appréhension devait être à la hauteur de ses doutes et il lui serait sûrement difficile de retourner là-bas en pleine possession de ses moyens. Et si elle, elle n'en avait pas conscience... alors Dorian se fera un plaisir de lui dire... parce que la sympathie et les mots doux... il connait pas.


Dernière édition par Dorian Fatalys le Mer 31 Aoû 2011 - 19:37, édité 1 fois
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Cammy Logan
♦ Civil - {Pluri-emploi} Itinérante
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Cammy Logan


Genre : Féminin Poissons Cheval Age : 34
Adresse : Arms of Mother Nature
Compteur 872
Multicompte(s) : Shiki & Erik

KMO
                                   :

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MessageSujet: Re: Acide à Faire   Acide à Faire EmptyVen 22 Avr 2011 - 11:54

Lorsqu'elle poussa la porte du fast-food, Cammy fut prise d'un léger haut-le-coeur. L'air ambiant sentait la graisse à frire trop cuite, malgré la faible activité en cette heure si tardive. Les néons au dessus du bâtiment clignotant avec maladresse 24h/24, démontraient une activité continue. Encore une forme de courage prenant vie dans les veines de l'Intello-gourmet. Lorsqu'elle avait quitté Keimoo, tout ceci n'avait plus d'importance. Elle se fichait éperdument de tomber malade, cependant, elle avait tenu le coup. Son corps arrivait maintenant à supporter la plus infecte des nourritures...ou presque. Mais au bout de plusieurs mois à cuisiner elle-même de bons petits plats dans l'auberge des Fujimoto, elle avait oublié à quel point les odeurs pestilentielles de gras, de déchets mal isolés, de carrelages lavés à l'eau sale pouvaient être nauséeux.
Cherchant du regard la table qui pourrait-être la mieux située, elle fut ravie d'en trouver une qui donnait sur l'extérieur. Sur la pointe des pieds, et bien qu'avec difficulté, elle ouvrit une fenêtre, à soufflet, à son grand désespoir. Elle avait espéré pouvoir l'ouvrir un peu plus largement, mais ce type de fenetre ne le permettait pas. Depuis son comptoir, le gérant observait la jeune femme d'un mauvais oeil.

Il faisait chaud dans ce restaurant. Trop. Cammy, sans dire un mot, enleva sa veste de cuir noire et sa fine écharpe prune. Elle révéla ainsi un tee-shirt type marinière aux couleurs pastelles, à manches longues et au col bateau, mettant en valeur son cou long et blanc. Assorti au jean qu'elle portait, on pouvait avoir aisément l'impression qu'une autre personne se cachait sous cette veste farouche respirant l'indiscipline.
La rouquine s'installa sur la banquette, jetant un oeil désapprobateur sur la table qui s'était vu orner d'une nappe de papier rouge sur laquelle ses serviettes jetables rouge et blanc à carreaux reposaient. Très clichés. Tout rappelait les restoroutes des départementales américaines dans les années 60. Le responsable était peut-être occidental ? Lorsqu'il arriva à leur niveau, Cammy constata que non. Bien au contraire. Un Japonais à la mine déconfite, le fameux bandeau autour de la tête, des mêches grisonnantes sur les tempes, il avait la cinquantaine bien entamée. L'inconnu qui accompagnait Cammy prit la parole pour passer sa commande passant en revue brievement la liste des mets sur la carte. Toutefois, il n'avait pas hésité, comme s'il était déjà venu plusieurs fois par le passé. Il avait toujours le même air de celui qui n'aime personne, dur, froid. Misanthrope. Pourquoi était-il venu lui parler ? Pourquoi, malgré l'allure qu'il se donnait, voulait-il lui veniur en aide ? Elle ne savait pas quoi penser de lui. Vraiment étrange. Elle l'observa un peu plus en détail, rapidement, tout en faisant mine de consulter la carte. Avec la lumière ambiante, elle pouvait distinguer chez lui un certain...charme qui contrastait trop avec son attitude. Croisant soudainement son regard, elle se reconcentra sur le menu.
Eurk. Les plats avaient tous l'air aussi repoussants les uns que les autres. cependant quelque chose attira enfin son intérêt.

- Une salade variée et une eau plate, s'il vous plait. Mais...

Un peu honteuse de solliciter une telle fantaisie, elle piqua un fard. Relevant son regard vers le Japonais, elle laissa sa voix légèrement trembler.

- Pourriez-vous... ne pas la préparer ? Laisser les ingrédients dans un plat à part, de même pour l'assaisonnement ?

Le gérant pris un air sévère, pour ensuite noter les recommandations avec emportement sur son calepin avant de tourner les talons devant une Cammy qui ne savait plus où se mettre. Elle devait tenter. Voir l'ensemble des ingrédients dans leur état général avant de les consommer. La peur qu'elle avait ressentie un an plus tôt après le bal de la Saint Valentin refaisait lentement surface. A croire que ce genre d'incident ne pouvait survenir que dans la ville de Keimoo. Cette ville lui avait causé bien des malheurs. Droguée, dupée, jugée...elle n'avait pas, elle n'avait plus confiance.

Lorsque les plats furent servis, Cammy étudia son assiette, tandis que son vis-à-vis se jetait presque sur son hotdog, sans prononcer la moindre formule de politesse ni même adopter un comportement poli. Wade avait enseigné à sa fille dès qu'elle était en âge de manger seule, qu'il ne fallait pas poser les coudes sur la table en mangeant, que c'était la bouche qui allait à la fourchette et non l'inverse, et qu'il ne fallait pas se tenir à "trois kilomètres" de la table. La banquette sur laquelle elle était installée n'était pas bien située, surtout qu'elle n'avait pas de longues jambes. Elle dût donc se rapprocher de la table en positionnant son arrière-train sur le rebord du siège. Très inconfortable position, donc.
Elle leva les yeux de son assiette lorsque l'homme lui posa une autre question. Première fois qu'il s'adressait à elle depuis leur entrée dans le snack. L'Australienne constata qu'il avait déjà avalé la moitié de son sandwich. Très élégant, vraiment. Elle se retint de pousser un soupir las devant un tel manque de tenue.

Elle ne répondit pas à sa question tout de suite, car il en avait enchainé une deuxième. Puis une troisième et une quatrième. Pendant ce temps, elle finissait de considérer l'état des ingrédients de son assiette, réalisant après mûre observation qu'ils semblaient comestibles. De son sac, elle sortit une petite bouteille de solution hydroalcoolique et s'en frictionna les menottes. Avec une vitesse insoupçonnée, elle maria l'ensemble des légumes, dans un ordre bien défini. Tomates, chou, tofu, salade, herbes et condiments, puis une lichette d'huile et de vinaigre. En moins d'une minute, elle avait devant les yeux une composition élégante et attrayante. Elle tendit la main vers sa bouteille d'eau, rassurée d'entendre le craquement du bouchon lors de son ouverture. Remarquant une petite trace sur le verre, elle ne le remplit pas, le mettant bien plus de côté pour montrer qu'elle n'allait pas l'utiliser. Paranoïaque ? Oui, et elle le savait. Elle ne l'était pas avant.
Alors effectivement, boire son eau à la bouteille n'était pas très classe, mais c'était une question de sécurité. Même si rien ne lui disait que son assiette était propre. Au moins, les couverts jetables étaient scellés dans leur emballage plastique. Prenant le petit sachet dans sa main, elle l'observa quelques secondes comme si elle en découvrait pour la première fois, tandis que l'autre lui faisait subir son interrogatoire. Des couverts sous-vide... Les pupilles noires de la demoiselle s'étendirent, mordant sur le brun-noisette de ses iris, témoin d'une pensée fortement présente. Excellent. Dès qu'elle en aurait l'occasion, elle s'assurerait d'avoir toujours un paquet similaire dans son sac. Ainsi quel que soit le lieu ou elle se restaurerait, elle aurait toujours des couverts stériles à disposition.

L'homme avait cessé de la questionner. Ayant conscience qu'elle ne lui avait pas accordé de regard - voire d'attention - pendant ce temps, elle reporta son regard sur lui. Elle n'avait toujours pas touché à son repas et à vrai dire, n'était pas pressée de le faire.

- Vous avez fini ?

Elle poussa un soupir. Elle n'aimait pas être impolie ou hostile, mais elle estimait qu'elle n'avait pas à faire d'effort face à un adulte qui manquait à ce point de savoir vivre et surtout de diplomatie. Elle ne pouvait pas lui faire remarquer ses manière rustres, puisqu'il était son aîné. Elle s'apprêtait à prononcer des excuses, mais n'en fit rien. Pour une fois, il lui fallait tenir tête à quelqu'un de supérieur à elle sans quoi, elle se ferait écraser par l'administration. En effet, elle devait se prendre en main, même si en face d'elle, l'homme ne cherchait qu'à l'aider. Mais si pour se faire aider, elle était obligée d'accepter son comportement dédaigneux, elle préfèrerait mille fois se débrouiller toute seule. Ou bien faire machine arrière.

- Savez-vous au moins pourquoi je suis partie ?

Avant même qu'il ne réponde, elle répondit elle-même à la question, ses yeux plantés dans les siens, avec détermination.

- Evidemment non. Moi-même je ne sais pas. Mais je sais que cet exil m'a été bénéfique. J'ai côtoyé des personnes généreuses, qui malgré le peu de moyens qu'elles avaient, m'ont ouvert leur porte, et leur coeur. Elles ne m'ont pas posé de questions indiscrètes, m'ont offert leur toit et un peu à manger. Je leur ai caché mon nom, ma vie. Et aujourd'hui, lorsque je me suis rendue compte que ma place n'était pas auprès d'eux, malgré mon mensonge de plusieurs mois... ils se sont arrangés pour me ramener, sans me juger.
Sans. Me. Juger.


Elle accentua et articula parfaitement ces trois mots.
Ça lui faisait un bien fou de s'ouvrir. Elle s'arrangeait toutefois pour ne pas en dire trop, notamment concernant l'identité des Fujimoto. Elle vener de réaliser que malgré les difficultés, elle avait passé des moments précieux avec eux. Ils l'avaient "sauvée".
Fianalement, elle détourna son regard vers son assiette, et après avoir craqué l'emballage des couverts, piqua de sa fourchette une petite rondelle de tomate.

- J'ignorais qu'il y avait une récompense pour qui me retrouverait. Et ce n'est pas que je ne savait pas où aller. Il fallait juste que je me prépare à remettre un pied dans cet enfer. Je meurs d'envie de revoir mes parents, mais je crains de ne pas savoir faire face à leur réaction. Vous savez... il n'ont que moi. Et pourtant, j'ai une soeur aînée.

Elle n'avait jamais parlé à quiconque de Lydia. Cela faisait même plusieurs années qu'elle n'avait pas parlée d'elle, pas même avec Wade et Seth. Mais il lui fallait en parler maintenant, ainsi elle se convaincait elle-même qu'elle devait revenir auprès ses siens. C'est là qu'était sa place.

- Elle est partie il y a 10 ans, à sa majorité. Nous n'avons plus eu de nouvelles depuis. Et je ne veux pas me rabaisser à son niveau. Mes parents ont terriblement souffert de son absence. Je m'en veux terriblement de leur faire subir la même chose.

Elle prit quelques bouchées de son repas, le silence s'instaura avec délice. Elle prit une gorgée d'eau, et regarda à travers la fenêtre. Le regard vague, elle leva les yeux vers le ciel sombre, jusqu'à la lune croissante. Elle avait envie de se balader un peu. La nuit est son amie. Elle appuya sa tête sur sa main. Elle s'était calmée. Ses traits s'était adoucis. Ni colère, ni tristesse, ni défi. Plus de désorientation. Un peu de douceur peut-être. Sans se détourner de sa contemplation de la voute céleste, au delà de son reflet sur la vitre, elle finit en posant une question.

- C'est quoi votre nom ?

Question pertinente. Mais il fallait enterrer cette hache de guerre qui ne demandait qu'à sortir. Elle avait eu trop d'ennuis. Et en aurait d'autres dans les prochains jours. Inutile d'aller en chercher là où elle pouvait l'éviter.


Dernière édition par Cammy Logan le Mar 24 Avr 2012 - 0:48, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Acide à Faire   Acide à Faire EmptyVen 27 Mai 2011 - 19:19

Malgré ses manières parfois bourrues qui pourraient laisser penser ses convives qu'il était mal élevé et suffisant, Dorian était issue d'une famille extrêmement bourgeoise et avait été élevé à coups de triques pour bien se tenir et bien étudier pendant que la plupart des gamins de son âge s'amusaient dehors, profitant de leur jeunesse irrécupérable. Ainsi, lorsqu'il se comportait comme un malotru à l'heure actuelle, et pendant les 3/4 du temps de sa nouvelle vie, c'était sûrement pour faire affront à cette rancoeur qu'il éprouvait depuis sa plus tendre enfance. Son instinct lui disait de tenir la porte aux dames avant d'entrer dans un magasin, de se présenter, d'être courtois, de s'essuyer la bouche avec le coin d'une serviette, mais il n'avait guère envie de ressembler à ce pingouin en costume cravate qui court les rues, il voulait être lui-même et faisait donc tout l'inverse... quite à se dégoûter lui-même.
Et en effet, malgré qu'il ait commencé à mordre dans son sandwich appétissant avant même que Cammy ait été servie, il s'accorda quelques instants qui furent sûrement de simples secondes pour étudier son attitude. Elle ressemblait à une de ces dindes de Noël. Le met de luxe de l'année, garnie d'une succulente farce. Elle était un met délicieux. Ne voyez pas là les pensées perverses d'un psychopathe en cavale, non non, rien de cela. Il voulait juste dire qu'elle était extrêmement bourgeoise et fleur bleue dans son attitude. Sa façon de s'habiller, sa coiffure, son maquillage... c'était tout un ensemble. Il la revoyait encore ouvrir délicatement la fenêtre en arrivant, s'asseoir sur le bout de son fessier et être à la limite du malaise rien qu'en reniflant les odeurs d'ici. On aurait dit une poupée de porcelaine.

Il eut cette intense révélation lorsqu'elle commanda une petite salade verte, du genre de celles qui ne vous remplissent absolument pas l'estomac, et qu'elle devint rouge écrevisse lorsqu'elle demanda une 'faveur' au pseudo-propriétaire du restaurant. Incroyable.
Sur le coup, il en arrêta de mordre dans son sandwich. Il eut un bref éclair de lucidité qui lui passa devant les yeux et son instinct vint tirer la sonnette d'alarme : "Attention, cette demoiselle n'est pas Cammy Logan !". Et c'est vrai que là tout de suite, il avait des doutes. Où était passé la petite rebelle qui osait s'interposer entre deux molosses juste pour éviter qu'ils se battent ? Où était cette fougueuse jeune femme dont parlait les étudiants de Keimoo ? Il était clair que ce n'était pas cette dinde farcie qu'il avait en face de lui.
Et c'était pas fini. Elle se désinfectait les mains, préparait sa bouffe avec minutie, utilisait des couverts jetables et buvait à la bouteille. Dorian avait très envie d'être sarcastique sur le coup. Mais il se gardait ces bonnes vieilles boutades pour plus tard. Tout ce comportement devait avoir une cause... espérons pour elle.

Mmh... et bien... oui.

Il venait tout juste de remarquer qu'il avait parlé tout seul pendant plusieurs minutes et qu'elle avait profité de cet instant pour préparer ce truc immonde qu'elle se réservait. Elle semblait presque agacée de devoir subir un tel interrogatoire. Mais c'était bien là le déroulement logique des choses. Il ne pouvait pas l'aider s'il ne savait pas ce qu'elle pensait des évènements.
Ainsi elle était partie se terrer dans un trou au fin fond du farwest pour être tranquille ? Mouais... solution comme une autre. Mais à durée déterminée. Suffit qu'elle se lève un matin pour qu'elle ait envie de retourner à sa vie d'avant.
Dorian se senti trop visé lorsqu'elle parla de jugement hâtif et de questions indiscrètes. Il ne releva cependant pas la remarque, puisqu'il était d'accord avec elle. Oui, il la jugeait et même à l'instant même, il se demandait encore ce qu'il pourrait bien faire vu l'état paranoïaque dans lequel elle avait atterri.

Je veux bien croire que le retour à la réalité doit être... perturbant. Mais c'est sûrement la 1ère étape à franchir. Avant d'affronter tes démons, essaye déjà de faire face à tes parents. Tu as peur de leur réaction, soit. Mais imagine l'inquiétude dans laquelle ils se trouvent actuellement ! Persuadés d'avoir 'égaré' leur seconde fille, alors qu'elle est tranquillement en train de manger une salade pour anorexique dans un restaurant miteux à l'autre bout de la ville ? glissa-t-il tout en faisant un geste apaisant au patron du restaurant qui commençait à en avoir assez de ces deux touristes qui venaient ici que pour critiquer.
Il s'en retourna aussitôt dans ses cuisines pour grommeler sur ses apprentis. Dorian ne lui prêta guère plus d'attention.

Pourquoi votre soeur est-elle partie ? Je ne suis pas psy mais tout acte à une cause.... Il n'en avait que faire de sa soeur, elle n'était pas son problème, ni sa solution mais vu le lien de parenté, peut-être qu'il pourrait en savoir plus sur l'entourage de Cammy et sur ce qui aurait pu la faire partir sans se retourner. Si rien ne vous retient à un endroit, vous n'aurez aucun mal à en partir. Cammy semblait attristée d'avoir fait souffrir ses parents mais si elle avait vraiment été proche d'eux, elle n'aurait pas pu partir comme une sauvage, ou alors pas si longtemps. Son affection et son désespoir n'était pas aussi fort qu'elle voulait bien le dire... selon Dorian.
Il en profita pour terminer son sandwich et senti que c'était le moment de sortir ses taquineries vaseuses. D'ailleurs, en parlant d'acte cause à effet... votre comportement paranoïaque est sûrement dû à un évènement tragique non ? Vous savez que de nous deux, vous êtes sûrement celle qui mettez les gens le plus mal à l'aise ? Moi, je passe inaperçu mais vos mimiques et simagrées sont de vrais aiguilles plantées dans le bras de ce cher commerçant ! Finalement, je suis ravi de ne pas vous avoir emmenée chez moi... déjà, je n'ai rien de cet assortiment immonde que vous comptez dévorer et puis vous n'auriez même pas pu entrer avant de tout nettoyer au peigne fin, je suppose ?

Dorian... Dorian... Pourquoi es-tu aussi chiant ? Cammy se confie, elle se livre, elle s'ouvre enfin à lui, et tout ce qu'il trouve à dire, c'est des critiques négatives. Il faut comprendre que Dorian n'est pas le genre d'homme à réconforter les gens et à dire les choses pour qu'elles aillent dans le même sens que les autres. Lui, il dit ce qu'il voit, qu'il soit d'accord ou non, il le dit. Le comportement de Cammy est inquiétant, il veut savoir pourquoi, tout simplement. Si elle n'est pas à même de lui en parler, alors c'est qu'elle sera qu'une gamine susceptible et qui fait des choses juste pour attirer l'attention sur elle... sinon, elle aura une excuse valable à lui fournir.

Sandwich terminé, Dorian se sentit repu. Il n'avait pas envie de dévoiler son prénom rien que pour l'embêter et pour lui faire croire que la confidence n'allait que dans un sens et qu'elle s'était faîte avoir mais il jouerait trop avec le feu en agissant ainsi alors, tout en allumant une clope à l'intérieur du restaurant en espérant ne pas être vu et déranger la demoiselle ici présente, il lui répondit, tel un pacha sur son coussin de soie :

Dorian. Ravi de te rencontrer Cammy.

C'était un peu tard pour les présentations, mais peu importe.
Même en étant pas fan des relations sociales, Dorian pouvait aisément deviner que l'échange était ce qu'il y a de plus juste entre deux êtres et s'il voulait que Cammy se dévoile corps et âme (littéralement parlant), il se devait de se donner à tour de rôle, la parole. Hélas, la vie de Dorian n'avait rien de mouvementé et il n'avait jamais eu de choses palpitantes à raconter. Devait-il mentir ? De toute façon, elle n'aurait aucune chance de découvrir la vérité, vu ses origines. Mmh, mais il risquait de s'emmêler les pinceaux à force de jouer sur le fil du rasoir. La meilleure des solutions était de dire la vérité, même inintéressante.

Moi-même, j'ai quitté ma famille. Il n'avait pas envie d'en expliquer les raisons, mais juste de le lui faire savoir. Il changea habilement de sujet. Je suis égyptien au cas où tu n'aurais pas remarqué ce léger accent qui me rend si charmant. dit-il en lui envoyant un clin d'oeil taquin. J'en profite pour te demander de pardonner mes éventuelles fautes de japonais. Cette langue est une barbarie. Bref. Je ne regrette pas d'être parti contrairement à toi. Alors... tout n'est pas perdu. Pour toi... il y a encore un espoir... quelque part.

Et il ponctua cette phrase mesquinement cynique ad'un large sourire tout en se reculant son siège et en tirant une nouvelle fois sur sa cigarette avant de lâcher l'épaisse fumée vers le plafond, rendant l'atmosphère aussi électrique que dans les bons vieux films des années 60 en noir et blanc. Vive les costumes striés et les chaussures cirées.


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MessageSujet: Re: Acide à Faire   Acide à Faire EmptyDim 31 Juil 2011 - 22:02

La nuit devenait de plus en plus sombre. Les étoiles se montraient invisibles si on tentait de les observer de la ville. Pas une fois elle avait tenté de les mirer lorsqu'elle s'était exilée. Pourtant, elles étaient une source d'inspiration, une excellente manière de se ressourcer, de se remettre en paix avec soi-même. Surtout qu'au Japon, elle avait le privilège de faire la connaissance avec certaines constellations qu'elle ne pouvait voir depuis l'hémisphère Sud. Même si elle l'avait pris l'habitude de reconnaitre les constellations majeures, Cassiopée en forme de W et le chariot de la Grande Ourse, elle ne s'en lassait pas. Ça lui changeait de la constallation du Centaure ou encore celle de la Croix du Sud. Avec Orion, qu'elle connaissait déjà, elle avait la sensation d'être partout chez elle, car le célèbre chasseur et sa fameuse ceinture était visible autant sur le ciel boréal qu'austral.

De là où elle se tenait, elle ne voyait que la Lune...ainsi que le reflet du luminaire sur la vitre. Ainsi que son propre visage. Tournant le regard vers l'autre motié de la fenêtre, elle pouvait observer le brun, sans se sentir gênée. Face à lui, elle avait tendance à détourner les yeux parce qu'en réalité, elle était forcée de reconnaitre que son étrange regard scrutateur était parfaitement déstabilisant. Tout comme ses manières d'ailleurs. C'est pourquoi elle prit avec un grand étonnement le fait que ça serait elle et non lui, qui puisse mettre les gens mal à l'aise. Qu'il y avait-il de dérangeant à prendre un maximum de précaution dans un boui-boui comme celui où ils se trouvaient en ce moment ? Et puis, il avait osé dire que sa préparation était immonde ? Elle ferma les yeux un instant tout en tentant de prendre une gosse inspiration afin de ne pas lui cracher à la figure que ça n'était pas elle qui finirait par passer l'arme à gauche pour avoir obstrué ses artères de cet amas de graisse immonde qu'il venait d'ingurgiter. Ne savait-il pas que la nourriture Japoanaise était la plus saine au monde ? Sa petite salade n'aurait choqué personne, d'ailleurs, l'entourage de la jeune femme avait toujours apprécié ses petits plats. C'est comme ça qu'elle était devenue la vice présidente du club culinaire, élue à l'unanimité. Et c'était aussi grâce à ses talents de cordon bleu qu'elle avait attiré plus de clientèle à l'auberge des Fujimoto. Non, elle ne devait pas se laisser emporter par les provocations ridicules de cet énergumène. C'était lui, le mec étrange, pas elle. Pas elle. Elle avait décidé de garder le silence jusqu'à ce qu'il change de ton. Il était inutile de répondre à ses provocations qui n'engendreraient que plus de conflit.

Alors même qu'elle allait se demander quand il allait répondre à sa question principale, il le fit. Avec des manières quelque peu hypocrites. Pas un seul instant elle ne l'imaginait "ravi" de se tenir en sa présence, sinon, il serait bien plus poli. Maintenant, quelque chose la chiffonait. Il portait un prénom anglophone mais n'en avait ni l'allure, ni l'accent. Une fantaisie de ses géniteurs ? Peu lui importait dans le fond. En revanche, elle avait une drôle de sensation quant à l'évocation de ce prénom, célèbre par l'oeuvre d'Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray. Tout comme le personnage, il avait les traits élégants. Mais avait-il ce mauvais fond enfoui en lui ? Celui d'un homme dénué de sentiments, perfide et mesquin, dont l'âme infâme se redessinait de façon hideuse au fil du temps, dans les traits du portrait inconstant, changeant, peint par son ami Basil ? L'imagination débordante de l'Australienne se perdit à nouveau au delà de cette fenêtre partiellement ouverte. Elle avait interprété, cinq ans plus tôt, le rôle de Sibyl Vane, la compagne - comédienne - de Dorian Gray. Déconcentrée par l'influence de ses sentiments, le jeu de Sibyl était devenu tellement mauvais que son fiancé, humilié, avait fini par la quitter avec toute la cruauté dont il était capable. Complètement anéantie, Sibyl avait mis fin à ses jours.
Ce rôle avait hautement perturbée Cammy, au point de craindre de tomber amoureuse à son tour. Mais pour que cela arrivât il fallait encore qu'elle s'intéressât aux garçons. Mais elle n'avait pas le temps pour ces futilités. Si bien qu'elle s'était vite remise de l'interprétation de ce personnage torturé.

Elle avait à peine entendu les mots que Dorian avait prononcés. Du moins, elle fit fi de leur sens. S'écartant de sa proximité avec l'extérieur, elle se concentra à nouveau sur son repas lorsque son estomac lui envoya un message de détresse inaudible. En fin de compte, les ingrédients étaient d'assez bonne qualité. Elle dégusta ainsi quelques morceaux de tofu, bien qu'elle ne raffolait pas de cette sorte de fromage végétal. Puis elle se décida enfin à reprendre la parole. Dorian lui avait posé trop de questions sans aucun lien entre elles, alors elle les éluda. Peut-être y répondrait-elle à d'autres moments, plus propices. Notamment celle qui concernait le départ de sa soeur.

- Vous savez, votre prénom est d'origine grecque. "Doron", qui signifie "le don", à l'instar de celui de cette jeune femme qui, par sa bêtise, ne laissa aux humains que l'espoir. Si vous étiez une femme, le prénom qui vous irait serait "Pandore".

Proprement, elle prit plusieurs bouchées de sa salade avec délice. Après en avoir avalé une énième, elle prit une gorgée d'eau.

- Et vous aussi, vous parlez d'espoir. Mais espérer ne suffit pas. Je ne peux pas me permettre de me contenter que de ça. J'agirai de manière à ce que Keimoo n'ait pas le choix que de croire en mon innocence, même si pour cela il me faille prendre des risques. Il faut juste que je trouve le moyen d'y parvenir.

Elle n'était pas lunatique, mais avait beaucoup de mal à mettre de l'ordre dans ses pensées et idées. Cammy avait toujours fait des pieds et des mains pour toujours parvenir, non pas à ses fins, mais à ses idéaux, ses rêves. Il lui fallait juste trouver la manière pour elle de retirer cette grosse écharde du pied, ancrée de plusieurs centimètres. En effet elle se méfiait du monde qui l'entourait, allant jusqu'à la paranoïa dès que on lui offrait à boire ou à manger. Mais elle avait un objectif et malgré les contraintes, elle ferait tout pour y parvenir. Elle leva son regard qui, alors que l'instant d'avant était empli de détermination, présentait à présent une lueur de tourment.

- Lors du bal de la Saint Valentin, en 2010, qui allait être l'alpha des turbulences rebelles de Keimoo, on m'a empoisonnée. Parce que je considère cette drogue qu'on a mise dans le cocktail que j'ai consommé ce soir là, comme un poison. On m'a amenée au centre de secours mais j'ai refusé d'être hospitalisée pour ne pas inquiéter mes parents qui y travaillent. J'ai passé un certains temps à l'infirmerie de Keimoo. S'il y a bien un endroit où je ne remettrais jamais les pieds si je réintégrais l'université, c'est bien l'infirmerie. Ses plafonds me sont trop familiers, notamment après m'être pris ce coup de coude par Kumori.

Elle termina son assiette alors qu'une question lui trottait en tête à présent. Ce Dorian lui avait dit qu'il faisait parti du personnel de l'académie, mais il ne lui avait pas précisé quel poste il occupait. N'ayant pas envie de la laisser trainer dans son esprit, elle se hâta de lui demander.

- Au fait, Dorian - qu'elle prononça avec l'accent de "chez elle" -, quelle est la matière que vous enseignez ? L'arabe ? A vrai dire, j'ai un peu de mal à vous imaginer professeur.

Petit sourire sarcastique, elle avait aussi envie de se montrer moqueuse. Pourquoi Dorian serait-il le seul à tourner en ridicule son entourage ?

- Les élèves doivent être nombreux à sécher vos cours, nan ?

Elle poussa un petit rire qui se révéla être plus attendrissant que vexant. Mais lorsqu'elle se rendrait compte qu'elle s'était fourvoyée, c'est elle qui rirait en dernier.




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MessageSujet: Re: Acide à Faire   Acide à Faire EmptyLun 9 Jan 2012 - 1:25

Le don ? Vraiment ? Ce prénom me paraît encore plus dénué de sens aujourd'hui que lorsque je l'ai choisi ! Il marqua un léger temps d'arrêt, venant de se rendre compte de la discrète petite gaffe qu'il venait de faire. Depuis quand un bébé pouvait-il choisir son prénom ?
Si l'intellectuelle Cammy remarquait cet insignifiant détail, il serait intéressant de voir qu'elle serait sa prochaine réaction. Garderait-elle cette présence d'esprit qui la pousse à être si respectueuse de la vie privée des autres ou profiterait-elle de cette occasion pour satisfaire sa curiosité d'étudiante pour déstabiliser cet infirmier qui se disait infaillible ? Quoiqu'il en soit, il préféra ne pas laisser passer trop de temps après sa réponse, pour éviter de lui laisser le temps de réfléchir et ton prénom Cammy ? En connais-tu la signification ? C'est de quelle origine ça d'abord ?

Il alluma une énième cigarette, sans se soucier de l'air pollué qu'il envoyait à sa convive. Il l'écouta narrer ses histoires de gamines insouciantes qui n'a que de simples soucis qui lui pourrissent la vie. Il soupira d’agacement et de soulagement lorsqu'elle arriva à la fin de son histoire. Décidément, Valentine devait être débordé si l'Académie recelait d'autant de personnalités névrosées et psychotiques que cette cinglée de Logan. Elle avait fait une montagne d'une toute petite blague de mollusques barbares ? C'était rien que pour ça qu'elle s'était exilée si longtemps ? La vie lui réservait bien d'autres surprises. Et ... c'est tout ? Sérieusement ? Je pensais faire une bonne action en m'intéressant à ton cas et en sauvant une âme perdue, mais là vraiment, je crois que je dépassé mon seuil de tolérance. Un petit con t'a droguée, ok c'est moche mais t'es pas la première, tu seras pas non plus la dernière tant qu'il y aura de naïves gamines pour boire dans n'importe quel verre à sa disposition. Il en profita pour vider d'un trait ce qu'il trouva sur la table, pour montrer Ô combien par moments ses paroles blessantes ne devaient pas être prises au sérieux. Dorian joyeux ? Ca n'existait pas. Il était simplement franc, et avide de bagarres linguistiques. Il aimait les gens à fort caractère et qui ne se laissaient pas marcher sur les pieds par de simples broutilles. En fait, ce qu'il voulait, c'était qu'elle se rebelle, qu'elle tape du point sur la table en lui disant que Bon Dieu il avait raison et qu'elle avait été trop bête de se barrer comme une lâche ! Elle allait réparer son erreur et casser la gueule à ce Kumori avant de se trouver un beau mâle pour vivre une vie heureuse et comblée ! Voilà ce qu'il voulait ! Quand on veut quelque chose, il faut se battre pour l'avoir Logan. Sinon la vie, elle serait trop facile, et vraiment monotone. Je te souhaite plein d'emmerdes bien pires que ce que t'as vécu. Et puis dans quelques temps... celle-là... tu en riras de bon coeur avec moi.

Elle changea habilement de sujet pour rendre la conversation moins sérieuse et plus détendue. Pourquoi pas après tout, elle en avait peut-être marre de ressasser sans arrêt ce qui lui était arrivé. Il se recula sur sa chaise et croisa les bras derrière son crâne. Il était à son aise et esquissa même un sourire comblé quand elle lui demanda la matière qu'il enseignait. Le moment était crucial vraiment, il se délectait déjà de la tête qu'elle allait faire quand elle saurait qu'il est infirmier. Le sort s'acharnait sur elle, mais si elle prenait la mouche pour un si petit détail, alors c'est qu'elle n'était encore qu'une ignoble écervelée avec le courage d'un ouistiti en cage. Bref, une ratée. L'arabe est une langue trop sage et complexe pour cette bande de petits sauvageons qui se promènent à l'Académie. Ils ne sont pas un Peuple encore assez évolué pour partager cette connaissance avec moi. Mon discours ne te rappelle pas un certain tyran allemand ? Rassures-toi, je ne vais pas les exterminer dans des camps de concentration. Je n'ai rien contre eux... à tel point que je suis même venu ici... les soigner. Il marqua un temps d'arrêt. Avec cette tournure de phrase, il n'était pas sûr qu'elle ait déjà compris sa fonction première. Il remplit son verre en plastique d'eau fraîche et en but une minuscule gorgée avant de reprendre, laissant là tout le suspens désiré. Alors non, figures-toi que personne ne sèche mes cours puisque ce sont les élèves qui viennent me consulter. Je suis infirmier Cammy.

La révélation eut l'effet d'une bombe dans une piscine. Un petit plouf suivi d'une grande vague. Un ange passa, discret mais là quand même. Il prit son verre d'eau dans sa main et se sentit l'envie irrésistible de tenter une expérience qui ne plaira assurément pas à la demoiselle. Mais n'avait-elle pas parler de risque et de prendre son courage à deux mains pour aller faire éclater la vérité ? Elle était encore trop dépendante de ses émotions et elle risquait de s'emporter à juste titre mais en se mettant les autorités compétentes à dos. Elle avait donc besoin d'abord de forger son caractère et de contrôler au mieux ses émotions. Regardes-moi Cammy et jures-moi de devenir une gamine bien plus mature que tu n'es actuellement, sinon t'arriveras à rien et tu reviendras à l'infirmerie dans les mêmes circonstances que celles qui t'ont fait quitter l'Académie il y'a quelques temps. Ne me vois pas comme un ennemi mais plutôt comme quelqu'un qui a vécu des choses bien plus difficiles et qui peut t'aider à te ... contrôler.
Il ne perdit pas une seconde supplémentaire et lui balança le reste de son verre d'eau au visage.
Pour tout avouer, même une femme absolument mature et calme aurait très mal réagi mais il piégeait Cammy d'une certaine façon pour qu'il puisse l'utiliser comme un nouveau petit jouet. Elle était rigolote et trop fragile pour l'instant. Il avait envie de voir quel magnifique phénix elle pourrait devenir si elle y mettait du sien. L'année dernière, comment aurais-tu réagi ? Et aujourd'hui... te sens-tu plus apte à gérer la situation ? ... Dorian avait sûrement été psychologue dans une autre vie. C'était assurément la clé de cette haine amicale qu'il nourrissait pour le dit Valentine.
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MessageSujet: Re: Acide à Faire   Acide à Faire EmptyMar 1 Mai 2012 - 21:41

Dorian, un étrange énergumène. Il va de soi que Cammy allait le détester pour un bon moment. Si elle n'était pas dans un tel état d'abandon et en pleine confrontation à la fois avec elle même, il y avait fort à parier qu'elle aurait fui cet individu depuis le départ.
Pour l'heure, elle oublia complètement ce qu'elle venait de relever d'étrange quant aux propos de l'infirmier. L'eau ruisselait de part et d'autre de son minois ainsi de quelques mèches qui parsemaient ça et là le contour de son visage. Le regard fixé vers l'homme qui lui faisait face, ses pupilles se dilatèrent. Elle ne le voyait plus, pas même le décor. Dans sa poitrine, c'était l'hécatombe. Un véritable champ de bataille animait ses pensées, laissant le chaos total emplir ton son être. En apparence, rien. Le néant total. Le temps s'était arrêté.

Et si on tournait le remontoir de ces derniers instants ?


Le don ? Vraiment ? Ce prénom me paraît encore plus dénué de sens aujourd'hui que lorsque je l'ai choisi ! Evidemment qu'elle avait relevé ces derniers mots ! Un petit froncement de sourcils en témoignait mais l'impertinent ne se laissa pas démonter et tendit le témoin à Cammy. Cette dernière fit le choix de ne pas répondre. D'un côté pour ne pas se montrer impolie et ainsi ne pas jouer le jeu de qui provoquera plus l'autre, mais également pour lui faire entendre, sans les mots, qu'elle ne jouerait pas le jeu du 'fait comme si tu n'avais rien remarqué'. Cette phrase, elle s'en souviendrait, et peut-être en userait-elle le moment voulu. Non pas pour du chantage, ou quelque pression que ce soit, mais plutôt pour lui faire comprendre qu'elle n'était pas une imbécile. Elle était bien plus fûtée que ça. Ainsi "monsieur le grand dur" ne jouait pas franc-jeu ? Non pas qu'elle s'intéressât vraiment à lui, mais il semblait culotté de jouer les moralisateurs comme on n'est pas fichu d'être honnête, objectif et surtout... respectueux des autres.


Déjà, Cammy avait moyennement accepté le fait qu'il consomme une cigarette sans prendre le soin de lui demander si ça la dérangeait. Il était évident que ce fut le cas, mais ne réagit pas pour autant lorsqu'il lui envoya ses bouffées toxiques en plein dans les narines. Qu'il se ruine la santé, l'Australienne n'en avait cure. A coup sûr, il se fichait royalement de celle des autres, ce qui n'était guère encourageant. A ce niveau là, ce n'était même plus de l'égoisme, mais bel et bien du "foutage de gueule". Colère ? De l'eau qui bout. Et ça souffle, ça s'impatiente. Mais Cammy va jusqu'au bout car c'est ainsi qu'il lui fallait commencer. Par le commencement, tout simplement. Les souvenirs étaient lourds et il était pénible pour elle d'en reparler alors qu'elle les avait fui en quittant la ville. Et ... c'est tout ? Sérieusement ? Je pensais faire une bonne action en m'intéressant à ton cas et en sauvant une âme perdue, mais là vraiment, je crois que je dépassé mon seuil de tolérance. Un petit con t'a droguée, ok c'est moche mais t'es pas la première, tu seras pas non plus la dernière tant qu'il y aura de naïves gamines pour boire dans n'importe quel verre à sa disposition. "C'est tout ??" Se moquait-il d'elle ? Définitivement, ça n'en avait pas que l'air. Seuil de tolérance... si vraiment il voulait faire une bonne action, il s'y prenait mal. Ironie, ironie. Si un jour elle en avait la possibilité, elle ne se sentirait pas coupable à l'idée de lui mettre un puissant laxatif dans son café. Quand on veut quelque chose, il faut se battre pour l'avoir Logan. Sinon la vie, elle serait trop facile, et vraiment monotone. Je te souhaite plein d'emmerdes bien pires que ce que t'as vécu. Et puis dans quelques temps... celle-là... tu en riras de bon coeur avec moi. C'en était trop, elle n'aborderait plus le sujet en sa présence. Plus du tout même. A personne. Elle s'était sentie nulle, humiliée, stupide. Pour ne pas perdre son sang froid devant tant de ridicule, elle avait alors piqué une feuille de salade, puis une tomate qu'elle avait fait tourner dans sa modeste petite assiette. Puis elle avait fini son repas, sans prononcer d'autre mot, histoire de calmer ce feu qui la consumait bien plus rapidement que cette cigarette insolente entre les lèvres de Dorian. La fourchette relachée négligemment, elle mourait d'envie de quitter les lieux et de ne plus avoir à revoir la face de ce malotru. Mais peut-être était-ce ce qu'il désirait. Déchirée par tant de torture intérieure, et toujours sur le coup de l'émotion, elle décida malgré tout de faire autrement, c'était donc pour cela qu'elle avait abordé un autre sujet.

Elle l'avait regardé se mettre dans une position qui semblait lui être confortable, comme s'il était chez lui. Cependant, il y avait eu quelque chose d'étrange dans l'air, comme si chaque réaction qu'il avait manifesté manquait de... naturel. Ses phrases changeaient régulièrement de sonorité, d'accent. Les expressions de son visage variaient régulièrement comme s'il était le jeu d'un acteur en plein essai. Lunatique. Devait-elle prendre au premier degré tout ce qu'il lui disait ? Et s'il ne faisait que joujou avec elle ? Qu'est-ce qui prouvait que Dorian éprouvait de l'intérêt pour elle ? En réalité, de son côté, elle avait espéré croiser quelqu'un qui lui tende la main. Au lieu de ça, elle avait rencontré un être des plus étranges.
Elle était mal à l'aise. Et le sourire de l'homme n'aidait pas. Les propos qui avaient suivi n'était que pure provocation et il en fallait plus que ça pour choquer la demoiselle. Personne ne sèche mes cours puisque ce sont les élèves qui viennent me consulter. Je suis infirmier Cammy. Là. On y était. "Je suis infirmier, Cammy." La nommée l'avait alors fixé, incrédule. N'était-ce là qu'une coïncidence ? En même temps, elle aurait eu tout le loisir de le constater. Alors soit elle ne crût pas en ses paroles, soit le contraire. Dans le doute, elle avait choisi cette option tout en repensant à ce qu'elle avait dit plus tôt. "Ca t'apprendra à avoir la langue trop pendue, idiote." Elle avait alors tourné la tête vers la fenêtre en étirant un sourire, un peu embarassée. Tant pis, ce qui avait été dit ne pouvait pas être retiré. Alors autant assumer. Mais alors, quelle stupide sensation !


Le temps se faisait long. Elle avait alors remonté une mèche de cheveux qui lui était tombée devant les yeux. Elle ne trouvait plus les mots. N'avait plus rien à dire, ne désirait plus prendre la parole. Complètement ratatinée par l'infirmier, il lui fallait prendre congé au plus vite. Elle n'avait alors que trop trainé. Quelques mois après l'exil, sa conscience ayant enfin daigné lui faire ouvrir les yeux, la faisant sortir de ce cocon, cette carapace protectrice qui s'était invitée d'elle même dans sa chambre lorsqu'elle avait fui l'Académie, Cammy aspirait enfin à revoir sa famille. Etrangement, elle s'en sentait la force. Dorian avait du y être pour quelque chose. Et lorsqu'il la pria de changer, elle n'aurait jamais cru que tout basculerait à ce moment. Elle avait alors tourné le visage vers lui et....

________

Ploc. Ploc. Ploc.
Les gouttes tombaient.
Ploc. Ploc. Ploc.
Elle s'était levée. Lentement. Avait attrapé son sac et lentement s'était dirigée vers la sortie sans dire un mot. La besace au bout du bras droit, elle le lâcha tandis que ça main gauche, tremblante, reposait sur la poignée. Qu'elle lâcha également. Resserant les doigts, elle ferma les paupières puis brusquement fit demi-tour et retourna auprès de Dorian. Elle ne réfléchit pas. Tout se déroula très vite jusqu'à ce qu'un claquement hautement reconnaissable se fit entendre. Puis des paroles partiellement saturées, mais suffisamment compréhensible.

- Imbécile.

Froide comme l'azote. Elle sentait la douleur sur ses doigts, sa paume. Elle s'efforçait de contenir sa colère, mais il était évident que le regard qu'elle lançait alors à Dorian n'était pas des plus tendres.

- Je tiendrai parole. Plus jamais je ne mettrai les pieds dans cette infirmerie. Et ce ne sont pas là des propos futiles, Dorian... ou peu importe ton nom.

Sur ces derniers mots, lourds de sous-entendus, elle détacha son regard enflammé et repartit chercher ses modestes biens qu'elle avait failli oublier quelques instants plus tôt puis se dirigea vers la porte qu'elle franchit aussitôt, une brise glaciale frappant son visage encore humide en cette nuit hivernale.

- Lewis !

Elle l'appela ainsi pendant quelques instants jusqu'à ce que l'animal apparut. Elle alla à sa rencontre ouvrit le panier de transport et une fois l'animal à l'intérieur, elle longea la route principale vers le quartier Bougu. Elle avait déjà fréquenté le Neverwhere, elle espérait qu'il acceptaient les animaux. Sinon, ça serait le commissariat directement. Il y avait mieux comme retour, mais au moins, elle serait en meilleure compagnie que précédemment.
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MessageSujet: Re: Acide à Faire   Acide à Faire EmptyJeu 5 Juil 2012 - 22:54

- Non mais tu as vu la gifle qu'il s'est prit ? Qu'est-ce qu'il a bien pu lui faire à cette fille !
- Le goujat !

Allez, allez, allons-y gaiement. Dorian se prenait la gifle alors forcément, c'était lui qui avait le mauvais rôle dans l'histoire mais quelle injustice. Après tout, si c'était lui qui avait giflé Cammy, comment auraient-il réagi ? En le traitant d'homme malfaisant et violent avec les "femelles". Alors l'homme avait toujours tort ? La femme ne pouvait-elle pas faire partie de ces êtres abominables qui oublient le savoir-vivre et les bases de l'éducation pour s’accommoder à de basses besognes ? Si bien sûr, mais dans une société construite sur ce modèle précis, il semblait évident que les moeurs n'étaient pas prêtes de changer... et c'était pas Dorian qui allait les faire évoluer avec son comportement des plus grotesques.

Il était resté un instant inerte après le geste de Cammy. Il ne s'était pas attendu à un contact physique ou du moins, pas de ce genre là. Il pensait qu'elle se serait mise à hurler, à balancer tout ce qui lui passait sous les doigts avant de l'incendier de bêtises et de se calmer comme font tous les adolescents en crise. Et ce serait là qu'il serait intervenu avec une phrase bateau construite depuis des heures telle que "Ça y est ? Tu te sens mieux ?" et elle aurait sourit, soulagée, elle lui serait tombée dans les bras et ils seraient partis en sifflotant vers un avenir radieux peuplé de beaux enfants, heureux pour toujours. Mais la vision de Dorian avait pris un beau coup dans l'aile... ou sur la joue peu importe.

Doux rêve éphémère, cruel retour à la réalité.

Esquissant une moue dubitative avant de se dire qu'il était temps de réagir, Dorian se redressa de toute sa hauteur en laissant tomber sa serviette sur le sol. Il laissa un sourire professionnel et maquillé se dessiner sur sa joue endolorie et il dit à haute voix pour contenter les plus avides de potins croustillants :

- Je n'aurais pas dû la quitter de cette façon ! Quel malotru, je fais ! Encore une femme bafouée et humiliée. Je m'en vais de ce pas rattraper toute l'erreur humaine, rassurez-vous.

Ironie, belle ironie, berce-moi encore de tes murmures si troublants.

La foule -qui se composait d'un couple de vieillards sûrement aux portes de la défunte- sembla encore plus offusquée qu'auparavant et c'était bien le but recherché.
Dorian n'y prêta pas plus attention. Il sortit son portefeuille et paya au Yen près le commerçant qui le regardait d'un oeil plus que mauvais. L'infirmier n'en avait que faire. Là tout de suite, il ne pensait plus qu'à elle. La claque l'avait troublé, pas physiquement même s'il avouait ne pas apprécier le courage mal placé de la donzelle parce qu'il détestait se sentir rabaissé par une femme... rousse qui plus est, mais de façon plus... psychologique. Elle était blessée. Réellement blessée.

Il sortit rapidement et se mit à courir sur le chemin qu'elle avait emprunté. Il devait la rattraper, il se devait de la comprendre. Quelle partie de son crâne avait refusé de la croire et de se mettre à sa place ? C'était qu'une enfant lorsqu'il lui était arrivé ses choses, même si elle dirait sûrement le contraire. Il n'y avait pas de mal à être traitée d'enfant. C'était d'une façon protectrice qu'il le disait, pas humiliante.
Son pouls s'accélérait à mesure que ses pas le portait sur le trottoir du quartier poisseux vers lequel il se dirigeait. Ses cheveux ondulaient aux mouvements de ses larges épaules, il n'avait pas couru depuis des années et il était assez soulagé de constater qu'il tenait encore bon malgré le temps qui l'emportait inexorablement. Il s'arrêta, brutalement. Elle était là, à quelques mètres de lui. Elle marchait furieusement. Sa chevelure rousse semblait fondre sur elle comme pour l'envelopper d'une infinie douceur. Elle resplendissait dans ce quartier fade et sombre qu'elle arpentait.
Il faillit l'appeler mais il n'en fit rien. Si elle se retournait pour constater que ce n'était "que" lui, elle fuirait de plus belle. Il avait joué la mauvaise carte avec elle, et il s'en voulait légèrement mais trop peu encore pour l'avouer publiquement. Pourtant, c'était bien ça qu'elle devait attendre, des excuses.

Mais merde Cammy, petite gamine écervelée, tu ne comprends donc rien à ma façon de voir les choses ? dit-il pour lui-même en s'énervant tout seul derrière son ombre. Elle lui tapait sur le système et en même temps, il l'admirait. Elle était la seule pour l'instant à lui avoir tenu tête à ce point. La foudre qui pétillait dans ses yeux la rendait plus belle que jamais, un vrai phénix à l'état pur, une rare splendeur. Mais bien trop caractérielle ! Une vraie gamine pourrie gâtée, vraiment ! Une intello coincée et prétentieuse, voilà ce qu'elle était... Une femme fatale et resplendissante, une vraie petite oeuvre d'art.
Il sourit, plus détendu. Finalement, c'était juste ça... Le pourquoi du comment. S'il avait été odieux et désagréablement hautain avec elle, c'était juste pour l'impressionner. Elle lui plaisait. Pas pour la posséder ou pour la faire sienne, non. Elle l'intriguait, il était curieux de la connaître, de l'étudier comme un phénomène de foire, de la découvrir de façon unique et personnelle, de percer cette carapace si infaillible qu'elle s'était construite. Pour lui, elle représentait un défi, tout simplement.

Conscient du point sur lequel il venait de mettre le doigt, Dorian se sentit soudain beaucoup plus confiant pour mettre carte sur table, il suffirait de lui avouer la vérité et elle se sentirait tellement flattée qu'elle en oublierait sa rancœur pour exalter cette nouvelle victoire sur l'homme au point de lui pardonner ses méfaits. Enfin... peut-être.
Il s'avança sérieusement pour la rejoindre lorsque ses sourcils se froncèrent. Quelque chose n'allait pas. La rousse n'était plus seule. Un homme l'accompagnait. Mais pas le genre d'homme qui vous rende fière ou rassurée... plutôt ce genre abjecte et puant qui vous effraie et vous met mal à l'aise. Elle était emmerdée par un vieux con, littéralement.

Ni une, ni deux, Dorian se sentit devenir fou. Comment pouvait-on tâcher de ses mains sales une petite robe de soie blanche comme elle ? Cammy, c'était un diamant, indestructible mais tellement fragile et attirant qu'elle devenait vite la cible de toute convoitise mal placée.
Il ne perdit pas un instant et se rua sur l'homme qui commençait à prendre ses aises avec la demoiselle en lui demandant impoliment de lui donner des sous. Dorian arriva sur lui comme un aigle sur sa proie facile et de son regard noir des jours de colère, il gueula, poings saillants :

- Laisse-la tranquille, pauvre merde ! et son poing heurta la face sale et nasillarde du clochard qui s'en était prit à plus faible que lui. Son corps partit épouser le sol dans un souffle de douleur à peine esquissée. Il ne se releva pas mais pimenta sa chute de jurons tous plus imprononçables les uns que les autres.
Dorian oublia tout de suite le malotru pour se concentrer de nouveau sur Cammy. Là, dans cette situation, il ne faisait plus semblant. Ca va, tu n'as rien ? Il t'a pas fait mal ? lui demanda-t-il en inspectant son visage avec ses mains. Il oublia un instant que la donzelle était une princesse née dans un champ de pétales de rose et qu'elle s'offusquerait sûrement de contact non désiré, mais il n'avait pas demandé de gifle lui, et pourtant il en avait eu une. Il fut rassurée de voir qu'elle allait bien et que l'étincelle était toujours présente dans son regard.

Il recula et mit les mains dans ses poches. Il sentit que son poing était douloureux lorsqu'il le glissa dans l'ouverture de son jean mais au diable les gémissements, après tout, il était un homme ! Il baissa les yeux un instant, conscient du fait qu'il était en tort dans l'histoire et qu'en l'occurrence, c'était à lui de faire un pas vers elle.

Ecoute Cammy, je suis désolé. J'aurais pas dû te balancer ce verre d'eau à la figure mais... je ne te voulais pas de mal, je veux juste que tu comprennes qu'on ne vit pas dans un monde de bisounours, tu vois ? Il ne pouvait pas s'empêcher de tout ramener à lui. Alors qu'il s'excusait, il essayait encore d'imposer son point de vue et faire comprendre à la rousse qu'il avait eut raison et elle tort, mais c'était pas le but. Il devait oublier qu'il était Dorian l'homme fort qui avait vécu sans sa mère et qui avait dû se débrouiller seul sous les coups de fouet de son Père. Il devait penser de façon plus féminine, plus... douce. Je... j'ai pas su réagir comme il le fallait. Je sais pas ce que tu as traversé vraiment. Désolé si j'ai paru insensible à ce qui t'es arrivé. Ce n'est pas le cas et c'est la raison de ma présence ici. Je veux t'aider.

Là. Là c'était clair.
Tout était dit. C'était comme une main tendue vers elle. A elle de voir si elle voulait la saisir ou si elle préférait continuer seule. Malgré son naturel dédaigneux et machiste, l'infirmier était prêt à prendre des pincettes et à se comporter en gentleman si c'était ce qu'elle attendait de lui. Un Dorian qui se plie aux exigences d'une femme, même petite, ça relevait d'un miracle... A prendre ou à laisser...
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MessageSujet: Re: Acide à Faire   Acide à Faire EmptyVen 6 Juil 2012 - 17:08

Bien qu'elle fût chargée comme un mulet et que ses jambes, très petites, temblotaient à chaque pas qu'elle faisait, Cammy avançait d'un pas vif vers le quartier sordide qui allait être, elle l'espérait, le repère de son logis l'espace d'une nuit. Elle oubliait que le quartier était mal famé. Tout ce qu'elle voulait, c'était s'isoler et se retrouver le plus loin possible du crétin qui avait osé jouer le rôle de la brute à l'instar du second rôle d'un mauvais film produit en Europe de l'Est, histoire de remplir un peu le compte d'une ancienne Star au bord de la dépression, qui tombait peu à peu dans l'oubli. En somme, une présence inutile à éradiquer au plus vite de sa mémoire. Mais le souci avec Cammy était qu'elle prenait tout à coeur, et ce, de façon exacerbée. Chaque avis, chaque jugement reposait sur ses épaules et ceci la guidait sur ses prochains pas, ses futurs choix tout en la ratatinant, comme une fine lame entre le marteau et l'enclume. Sa rencontre avec Dorian aurait pour conséquence de ne plus accepter de se faire aborder par un inconnu, aussi charmant pusse-t-il être. Surtout lorsqu'il n'y avait personne à proximité et qu'il faisait nuit noire. Et puis, quelle idée d'avoir accepté de grignoter un petit quelque chose dans une aire qui semblait plus que douteuse !
La rue principale rétrécissait, et le dédale des rues sombres se développait de façon inquiétante. Etait-elle vraiment venue ici ? Elle en était sûre mais n'avait aucun souvenir du chemin a prendre. Chaque ruelle qu'elle empruntait était accompagnée de murmures de poivrots couchant à même le sol dans des abris de fortune constitués de cartons et duvets éffilochés. Rebroussant chemin, elle reprit l'artère principale, sa fureur s'envolant assez vite pour laisser place à un certain malaise, se métamorphosant peu à peu en inquiétude, puis en anxiété, ainsi jusqu'à l'angoisse. Et lorsqu'une forme incertaine sortit de nulle part au milieu de l'écume souillée des murs irréguliers, elle poussa un petit cri sourd.

- Z'avez pas une p'tite pièce mamzelle..?

Marchant à reculon, elle se retrouva rapidement contre le mur opposé. L'angoisse se changeant en terreur, elle ne put prononcer le moindre mot. Elle glissa à pas lents le long du mur, tentant d'échapper au vagabond. Malgré le froid mordant, la chaleur de cet affolement importun s'éleva jusqu'à ses joues, comme le mercure d'un thermomètre qu'on plongerait dans de l'eau bouillante.

- A...

"A l'aide..." criait-elle intérieurement, sans en avoir la force. Le gueux lui attrapa le poignet sauvagement dans le but de lui ravir sa montre...probablement. Elle lâcha besace et panier de transport, alors que le félin a l'intérieur feulait rageusement.

- Un peu de bon coeur mam...
- Laisse-la tranquille, pauvre merde !

En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, le mendiant embrassait soudainement le sol, avec violence. La voix qui s'était élevée était familière à la jeune fille, encore en état de choc, en témoignait ses orbes noisette plus brillante encore que le reflet de la Lune dans une flaque non loin de là. Alors qu'elle observait la forme quasi inerte bien que ronchonnante du mendiant, son visage fut pris en coupe dans les mains de l'homme qui venait d'intervenir... Dorian. Etrangement, il avait le visage bien plus doux que précédemment. Elle ne prononça pas le moindre mot lorsque l'infirmier l'examina rapidement, tout en manifestant clairement son inquiétude.
D'ailleurs, depuis quand s'inquiétait-il pour elle ? Elle reprit ses esprits à cette pensée, d'un air désapprobateur. "Ça...ça va. Je n'ai rien." Suite à cela, l'homme se détacha d'elle, reprenant aussi une posture un peu plus décontracté, manifestement soulagé. C'est sûr qu'il aurait eu l'air fin si Cammy s'était faite agresser alors que quelques minutes auparavant, il s'adressait à elle de façon immonde. La demoiselle estimait qu'il voulait se donner bonne conscience. Elle lui jeta un regard lourd de sous-entendus, puis s'accroupit près du panier de Lewis. Celui-ci frotta sa truffe contre les doigts de la rouquine qu'elle avait passés en partie à travers la grille. Un ronronnement léger se fit entendre jusqu'à ce que la voix de Dorian se fit à nouveau entendre. L'accent hautain et l'air suffisant avaient disparus, laissant ainsi place à un ton bien plus agréable, plus onctueux. Visiblement, il y avait encore des traces d'humanité dans ce costume de d'homme macho, à moins qu'il ne s'agissât là que d'une ruse. Une meilleure façon d'appréhender la demoiselle. Le discours moralisateur, elle avait compris, il serait peut-être tant de changer de disque. Mais les battements encore rapides de son coeur lui rappelaient qu'il venait malgré tout de la tirer d'un mauvais pas, alors elle se montrerait clémente cette fois. Surtout qu'il semblait vraiment sincère lorsqu'il lui avoua vouloir réellement l'aider.
Cammy retira ses doigts de la grille, au grand dam de Lewis qui appréciait ce contact dans l'isolement de sa caisse, et se tourna vers Dorian. Elle le regarda durement, toujours rancunière pour le coup de l'eau. Mais la gifle qu'elle lui avait asséné avait été une bonne punition. Oubliant l'endroit sordide où les deux protagonistes se trouvaient, elle posa ses mains sur ses hanches et toisa l'homme avec défi. Elle ne lui montrerait plus cet air fragile, elle ne voulait plus être rabaissée par lui. Face à lui, elle serait forte, ainsi elle lui prouverait qu'elle savait où elle mettait les pieds.

- C'est en connaissance de cause que je suis revenue. Ce monde de bisounours comme tu le dis si bien, je l'ai laissé derrière moi lorsque j'ai décidé de revenir. J'étais pourtant bien là bas, c'était si facile. J'étais appréciée, on me jugeait à ma juste valeur, avec équité. Mais j'ai compris que ma place n'était pas dans ce paradis de guimauve.

Elle regarda autour d'elle et ne put s'empêcher d'émettre un rire, pas naturel pour un sou. Chassée du paradis, la voilà en Enfer au milieu de démons ! En plus, la première personne qu'il avait fallu qu'elle croise fût Lucifer en personne ! A y bien penser, elle n'était pas loin de la vérité: un ego surdimensionné, un charme inquiétant, une force mentale à toute épreuve, et malgré son allure plutôt mince, il avait l'air se savoir croiser le fer... Sans compter cette facilité insolente à soudoyer autrui par de belles paroles ! Fallen Angel. Et il s'excusait auprès d'elle. Après tout, ça pouvait être une bonne chose que d'avoir le Malin dans sa poche. Pourquoi pas ?
Lui revint alors en tête quelque chose. Elle voulait savoir. Son plus beau défaut: la curiosité.

- J'accepte tes excuses à une condition.

Elle s'approcha de lui, placide. Malicieuse Cammy. L'infirmier avait-il déjà commencé son office en déteignant sur l'Australienne ? Près de lui, elle se haussa sur la pointe des pieds, tenant appui sur son bras bar sa petite main. Elle lui souffla alors à l'oreille.

- Ton nom. Ton vrai nom. Donne-le moi. J'emporterais ce secret dans la tombe.

Elle recula légèrement et planta son regard dans le sien. Tu t'es joué de moi, tu m'as humiliée...Laisse moi à présent te montrer de quoi je suis réellement capable. Peut-être qu'alors, je t'accorderai ma confiance. Encore faut-il que tu le mérites.Point besoin de paroles. Si Dorian était aussi brillant qu'il semblait le faire croire, si sa sagacité n'était pas feinte... c'était du tout cuit. Enfin, facile à dire mais...


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MessageSujet: Re: Acide à Faire   Acide à Faire EmptyVen 6 Juil 2012 - 19:24

Dans son for intérieur, il se maudissait d'une certaine façon de devoir tomber si "bas" pour plaire à cette petite exigeante. Ce n'était pas lui, ça... Cette chose... cette larve qui semblait se pavaner à genoux devant la donzelle pour qu'elle daigne lui accorder le bénéfice du doute et enfin consentir à lui faire confiance. Ce n'était pas lui. Enfin peut-être pas.
Finalement, il ne savait plus qui il était vraiment. Laquelle de ces deux personnalités étaient la bonne ? Il avait tellement joué (jusqu'à l'usure) ce rôle d'homme très sûr de lui et arrogant qu'il en avait oublié si c'était un masque ou pas. Il était intelligent et confiant, ça il n'en doutait pas, mais il n'avait pas toujours été si acerbe et machiste envers les femmes. Il avait même été beaucoup trop naïf... quel était le meilleur des deux finalement ?

Il soupira de soulagement de savoir que Cammy n'avait rien, elle semblait quand même choquée par ce qui lui était arrivé mais l'intervention imminente de l'infirmier avait sûrement mit fin rapidement à cette montée de peur en puissance. Au contraire, elle retrouva presque trop vite cette facilité froide de s'adresser à lui, et se pavanait même désormais en petite Reine, simple suite logique dans son comportement dû au fait que Dorian ait cédé du terrain. Rah, ces adolescents, trop facile à manipuler.
Il fut assez content d'apprendre qu'elle avait décidé de quitter son anonymat pour retrouver un semblant de vie. Quand c'est trop facile, t'as goût à rien, tu perds ton temps, tu t'ennuies. Il faut de l'adrénaline, il faut se dire "mince, déjà la fin de la journée !", c'est ça la vie, cette envie de se dire qu'on a pas eu assez de temps pour tout faire... Il faut avoir peur de mourir pour vivre entièrement. Cammy semblait revenue sur le droit chemin. Bien. Il préféra ne rien répondre, pas besoin de la féliciter en plus... Mais dans son for intérieur, c'était ça qu'il attendait d'elle, qu'elle se batte et qu'elle lâche ses émotions de gamine.

Lorsqu'elle s'approcha de lui, de façon si sensuelle, Dorian pensa qu'il avait carrément séduit la princesse avec ce petit coup de poing victorieux. Il ne s'attendait pas à provoquer une telle euphorie et il s'apprêtait même à refuser ses avances mais quand il posa les yeux sur son visage et qu'il y vit cette petite mimique sadique qui disait "je te tiens par les bijoux de famille", Dorian eut l'impression de s'être fait avoir à son propre jeu.
Il concentra son attention sur ce qu'elle avait à lui dire, il était excité par le fait de ne pas savoir à quoi s'attendre. Mais son excitation retomba bien vite. Le murmure qu'elle lui glissa à l'oreille le rendit aussi froid et statique qu'une statue de marbre par temps de pluie. Nom d'un chien... Comment savait-elle ça ? Elle l'avait donc très bien entendu et comprit dans le boui-boui. La petite bourrique.
Il se sentit prit au piège et vraiment embêté par cette petite curieuse. Il passa sa main sur ses joues comme pour frotter une barbe invisible qui le démangeait depuis plusieurs jours. Cet échange d'informations n'était pas prévue au programme. C'était pas un secret d'état non plus, son vrai prénom, mais moins y'aurait de monde au courant et plus sa Mère aurait du mal à le retrouver, si elle le cherchait évidemment. Il avait tiré un trait sur sa vie d'avant et prononcer de prénom à nouveau lui semblait insurmontable. Pourtant, il le fit... si c'était le prix à payer pour avoir Cammy. L'adorable Cammy... Il se racla la gorge comme pour lui faire comprendre que là, il faisait vraiment un pas en avant :

- Dayen. Je m'appelle Dayen. J'ai bien envie de te tuer tout de suite pour que tu respectes ta part de l'engagement mais... ce serait pas très... gentleman. plaisanta-t-il avant de lui accorder un sourire simple et franc. Après tout, la confiance ça va dans les deux sens, et il faut toujours un peu de sacrifice pour qu'elle s'installe. Il se sentit nerveux et mis à nu d'avoir avoué ce petit côté de lui qu'il était auparavant le seul à savoir. Même Yume ne le connaissait pas. Cammy devenait donc unique à ses yeux. Unique mais pas désirable de ce point vue. Au contraire... en demandant ce détail par chantage, elle avait même perdu des points aux yeux de Dorian, avant d'en regagner parce qu'il appréciait ce petit côté joueur qu'elle avait mis en avant.

Tu as bien pris le temps d'admirer cette petite démonstration de force, j'espère parce que la prochaine fois, je te laisse aux mains de ce gentil Monsieur. Ça fait un mal de chien ! Un homme qui se plaint, si c'est pas mignon ça. Là, avec Cammy, il avait abandonné tout espoir de l'impressionner, il se contentait d'être lui-même et de lui parler de la façon la plus naturelle qu'il connaissait, en plaisantant. Et finalement, même s'il se sentait un peu ridicule sur le coup, il reconnaissait volontiers que ça soulageait et que ça détendait.
Il reprit sa marche et prit même un des sacs de Cammy sans lui demander son avis, pas celui où y'avait le chat bien entendu, il ne serait jamais infidèle à son Poux.

Tu allais où par ce si beau chemin ? Tu voudrais pas plutôt retourner chez tes parents ? Allez... je te raccompagne...

Un vrai Prince Charmant, dommage que la Princesse ne s'en soit pas rendu compte plus tôt.
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MessageSujet: Re: Acide à Faire   Acide à Faire EmptyDim 8 Juil 2012 - 12:52

Elle avait bien vu cette petite expression qu'il avait affichée juste avant qu'elle ne murmure ses conditions à l'oreille de l'homme. Elle n'avait pas su y mettre un nom, encore trop expérimentée dans ce domaine puisqu'elle n'avait pas encore accumulé suffisamment de vécu cependant, il fallait avouer qu'elle avait analysé et utilisé les moyens mis à sa disposition avec brio. De plus, elle avait pris un risque. Mais elle pouvait aisément se dire qu'elle n'avait plus rien à perdre avec lui, mais peut-être quelque chose à gagner. Encore fallait-il employer la bonne méthode, la bonne expression, le bon regard.
Il s'était raidit. Elle avait donc appuyé là où ça faisait mal. C'était de sa faute après tout, il n'avait qu'à faire attention à ses propres propos !
Geste de nervosité de la part de l'homme plutôt qu'une remarque acerbe qui aurait pu marquer la fin de cette rencontre. Cammy savait qu'elle avait gagné. Enfin, pas dans le sens "victoire", mais de façon bien plus optimiste.

Dayen.
A l'entente de ce nom, l'air que Cammy affichait s'adoucit instantanément. Ce prénom n'était pas très différent du pseudo dont il s'affublait publiquement, et pourtant il en était à mille lieues pour l'étudiante. La suite de la révélation la réchauffa intérieurement jusqu'à lui faire étirer ses lèvres. Pour la première fois depuis leur rencontre, elle mettait la main sur quelques côtés agréables de l'infirmier. Il y avait déjà la résignation. Laisser sa fierté de côté face à une "gamine" afin de la satisfaire, c'était déjà une marque de confiance. Elle respectait ce trait de caractère. La confiance elle-même, marquait l'égalité. Un peu comme si l'homme creusait lui même sa tombe, mais fort heureument, Cammy n'était pas de celles qui trahissaient à la moindre incartade. Enfin, l'humour. Elle n'y était pas particulièrement réceptive, mais lorsqu'il était subtil, elle l'appréciait à sa juste valeur.
Alors évidemment, ce n'était pas parce qu'il lui avait fait confiance qu'elle allait être mielleuse avec lui et chantonner avec lui bras dessus/bras dessous dans les rues de Keimoo. Elle comptait bien lui faire payer à sa façon le traitement qu'il lui avait fait subir. La rancune, autre défaut, mais moins mignon que la curiosité. Et lorsque cette oeuvre serait achevée, qui sait, peut-être lui ferait-elle complètement confiance et qu'elle rirait de ce petit rafraichissement avec lui. Mais elle avait le temps devant elle pour y parvenir.
Pour l'heure, elle poussa un petit reniflement presque sarcastique lors que Dorian se plaignit des conséquences de son acte face au vagabond. S'était-il donc blessé ? Elle regarda brièvement sa main lorsqu'il se saisit d'un de ses bagages, sourires aux lèvres. L'ambiance était nettement bien plus agréable et c'est avec plaisir finalement qu'elle se remit en marche a ses côté après avoir ramassé à son tour la cage de Lewis. Passant par dessus le corps allongé à même le sol, elle allait laisser derrière elle, pour le moment, son désir de vengeance. Elle était attendue. Quittant l'allée bouguesque, et accompagnée donc de Dorian, elle reprit l'axe principal menant à Hiryuu. Elle reprit enfin la parole après ces quelques secondes sous silence, en levant la tête vers l'homme.

- Dayen. C'est plus doux à prononcer.

Il avait un profil plutôt noble. Le regard net fixé devant lui, le dos droit, sa démarche contrastait un peu dans une allure plutôt détendue. Quelque part, elle avait l'impression que le rustre était resté sur la banquette du dinner et qu'à coté d'elle marchait... un homme, presque normal. Fixant de nouveau devant elle, elle poursuivit.

- A vrai dire, "Dorian", ça ne te va pas du tout. "Le don." Quelle bonne blague. Dayen... "Dayenou !"

"Cela aurait suffit". Petit jeu de mots qu'elle s'autorisa. Mais elle ne s'attarda pas à expliquer cette fois la référence. D'une part, parce qu'elle ne voulait pas polémiquer sur la religion, et d'autre part elle ne voulait pas passer pour la "Miss-je-sais-tout". Autant ne pas tendre le bâton pour se faire battre. Elle reconnut également qu'elle ne lui avait pas vraiment fait de compliment sur ce coup, c'était même plutôt le contraire. Etant donné que Dorian avait lui-même choisi son pseudo, lui dire qu'il s'agissait là d'un mauvais choix pouvait être considéré comme une critique. Aussi il lui fallait se rattraper un peu, ne serait-ce que pour évacuer l'electricité ambiante.

- Quoiqu'il en soit...

Mais la rancune et le petit semblant de fierté qui se developpait chez Cammy en présence du faux-gentleman n'allaient pas de paire avec la gratitude. Aussi, l'Australienne prenait sur elle, ce qui n'était pas une mince affaire.

- Merci d'être intervenu dans la ruelle. Tu as une curieuse façon de venir en aide aux autres. Comme si, plutôt que d'obtenir en retour de la satisfaction ou de la reconnaissance, tu cherchais à asseoir ton autorité sur ces victimes.

Et il fallait reconnaitre qu'avec elle, ça ne risquait pas d'arriver. Trop indépendante pour ça. D'ailleurs c'était la raison pour laquelle elle avait fui. Mais elle ne comptait pas en rester là, elle garderait la tête haute, du moins, ne serait-ce que face à l'administration de l'Académie Keimoo.
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MessageSujet: Re: Acide à Faire   Acide à Faire EmptyJeu 14 Mar 2013 - 19:34

Vraiment ? J'ai toujours apprécié le prénom 'Dorian', à tort apparemment ! Tu es la première personne qui me dit que ça ne me sied pas au teint, mais tu es aussi la seule au courant que ce n'est pas mon vrai prénom. Lequel aurais-tu choisi à ma place ?

A sa place... Comment pouvait-elle l'être alors qu'elle ignorait tout des conditions de ce changement et des efforts qu'il avait dû faire pour s'y habituer. Lui aussi, il aurait préféré garder ses origines intactes, en souvenir de son Père et surtout pour se sentir lui-même en toutes circonstances. Hélas, c'était tout l'inverse... A cause de cette fausse identité, il était souvent en proie à des troubles de la personnalité, au point de se perdre dans une arrogance qui n'était pas sienne, comme si justement le fait "d'asseoir son autorité" sur autrui le rendait plus confiant, plus sûr de lui, plus... utile.

Cammy n'était pas de ces gens là. Il n'avait pas besoin de se comporter comme ça, avec elle. Elle semblait avoir vu clair en lui dès le début et plus les minutes s'écoulaient à ses côtés, plus elle devenait femme auprès de lui. La bête devenait Belle, drôlement belle même pour une adolescente perturbée. L'intelligence dont elle usait, qui la rendait de si désagréable compagnie tout à l'heure, faisait d'elle une femme désormais. Dorian appréciait de plus en plus fréquenter la demoiselle.
La façon dont elle avait prononcé son prénom l'avait légèrement bousculé. 'Dayen' n'était pas sortit de la bouche d'une femme depuis longtemps, depuis... son ex-femme à vrai dire et si le souvenir d'un chagrin inévitable était toujours douloureux, la douceur délicate d'une présence féminine auprès du vrai 'lui', réveillait un manque certain de tendresse et d'affection... Quelque chose qu'elle ne pourrait ni ne voudrait lui donner de toute évidence et qu'il ne réclamerait pas non plus d'ailleurs mais il apprécia cette petite attention involontaire, mettant sciemment de côté ce ressentiment qui grondait en lui.

Désolé de ne pas avoir été à la hauteur, Ô Madame. Je reconnais que je ne suis pas forcément habitué à me comporter en Prince Charmant mais je n'ai pas souvent une Princesse en face de moi, non plus. Laisse-moi du temps, je m'arrangerais dit-il en se retournant vers elle, avec un sourire. Et je suis satisfait, si tu veux tout savoir !

L'homme était bien loin du pauvre macho qui l'avait mise sur les nerfs précédemment. Il ne s'y était pas prit de la bonne façon avec Cammy mais même si leur 'histoire' avait plutôt mal démarré, le contact était lié. Le plus dur était fait...
Lui demander du temps revenait clairement à dire qu'il comptait bien la revoir, ou du moins entretenir cette nouvelle relation qui s'était établie. Espérait-il encore qu'elle le souhaite aussi de son côté. Rien n'était moins sûr.

Les pavés défilaient au fur et à mesure de leurs pas, lâchant cette brume obscure du quartier glauque pour revenir à une ambiance plus sereine, moins oppressante et se transformer soudainement en bitume, beaucoup plus accueillant et surtout agréable pour les pieds. Dorian ne savait pas trop où il allait mais tant pis, il laisserait la belle prendre les commandes une fois de plus.

Parle-moi de toi, Cammy, ne reste pas dans cette position confortable. Tu sais plus de choses sur moi que je n'en sais sur toi, je pense, non ? Il se décala brutalement pour se mettre de l'autre côté d'elle. Son geste semblait importun et injustifié mais il sortit une nouvelle cigarette de la poche de son jean, et lorsqu'il l'alluma, et rejeta la fumée avec un soulagement non dissimulé, la fumée partit dans le sens inverse du visage de la rousse. Il ne souhaitait plus l'incommoder. Les efforts se feraient, doucement mais sûrement.
Oubliant qu'il était en position d'infériorité quant aux révélations qu'ils avaient fait l'un l'autre, Dorian se laissa une nouvelle fois aller à la confidence :

Je t'ai jugée un peu trop vite, alors que finalement, je suis un peu dans la même situation. J'ai fui la raison de mes 'soucis', de manière peut-être un peu plus officielle, disons mais le problème reste le même. Au lieu d'affronter la cause de mon... inconfort, j'ai opté pour la facilité en changeant de matricule et en quittant le pays. Un jour cependant, il faudra bien que j'accepte de reconnaître que ce n'est pas ça qu'il faut faire et que la seule personne que ça emmerde, au final... c'est moi. Il tira une nouvelle fois sur sa clope, vil réconfort dans un monde de vices et se mordit légèrement l'intérieur de la lèvre. C'était désagréable de reconnaître ses torts mais au fond de lui-même, il se sentait mieux, comme si avouer un mal, arrangeait déjà un peu les choses...

Tu crois pas que les personnes qui sont responsables de ta situation vivent trop bien actuellement, alors que toi, tu as fuis pour te protéger ? Les règles sont inversées. Il faut juste que tu retrouves ta place. Et même si je n'en ai pas l'air, je suis là pour ça ! Il écrasa sa cigarette contre un petit muret qui défilait près de lui, et profita de la présence d'une poubelle public pour jeter son mégot. Il ne doutait pas que le fait de le laisser à l'abandon sur le sol, aurait encore mis la demoiselle dans tous ses états. Elle était maniaque, il l'avait comprit. Il suffisait de s'adapter. C'est déjà plus joli par ici, c'est chez toi ?

Il se retrouvait assez loin de chez lui. Il espérait ne pas se perdre au retour, préférant l'option marche à celle du taxi. Ses pieds ne ressentaient pas le moindre signe de fatigue pour l'instant mais la nuit était bien entamée et il serait sûrement infecte demain avec les élèves et les personnes qu'il croiserait...

Tant pis !
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MessageSujet: Re: Acide à Faire   Acide à Faire EmptyDim 14 Avr 2013 - 18:34

Effectivement, Cammy ne sut répondre à la question de Dorian. Elle ne savait même pas attribuer un surnom à quelqu'un, comment pouvait elle offrir un nom ? De toute évidence, elle était plus douée pour dire que les choses n'allaient pas que l'inverse. Cammy, critique en toutes circonstances. Elle étira un petit sourire à cette pensée car elle ne s'en était jamais rendue compte par elle-même, bien qu'on lui eût fait la remarque la plusieurs reprises.

Les deux comparses avançaient tranquillement sur l'axe principal de la ville qui menaient aux différents quartiers de Keimoo. Bientôt, ils se rapprocheraient du centre, puis d'Hiryuu, et à proximité de l'hôpital, le quartier résidentiel où vivaient ses parents. Il y en avait encore pour un moment à pied, mais au moins ça les réchauffaient. L'hiver n'avaient officiellement débuté que depuis peu de temps et la brise qui circulaient à présent renforçait le froid mordant. La rouquine s'arrêta un instant le temps d'ajuster sa veste et de bien remettre en place l'écharpe qu'elle s'était confectionnée, à l'identique de celle qu'elle avait offerte à Shiki, si ce n'est qu'elle était plus à son image: rayures bordeau et corail, aggrémenté de ses propres initiales.

En fin de compte, la réponse à la première question de l'infirmier était toute trouvée, mais elle ne put y répondre. La prochaine fois, elle essaiera de mettre moins de temps pour réfléchir. Petit sourire en réponse au faux sacarsme de l'homme qui changeait au fur et à mesure qu'ils avançaient. Etait-il vraiment possible de retourner sa veste si vite ? Dommage, oui, Cammy trouvait vraiment dommage qu'il ne se fût pas montré ainsi dès le début. Elle n'aurait pas eu une dent contre lui, et n'aurait pas été obligée de le tenir par ses attribut royaux pour apercevoir ainsi une toute autre facette de l'homme. Mais bon, le mal était fait et pour l'heure, elle se contenta plus de l'écouter, malgré l'invitation à lui raconter son histoire.

Ils passèrent dans une rue commerçante où, une fois de plus, elle eut l'occasion de voir à plusieurs reprises son visage épinglé ça et là sur des affiches, promettant une récompense. Le numéro renseigné lui était inconnu, tout comme le nom inscrit en petit en bas de page. Elle haussa un sourcil à la désignation jointe. Détective privé, hein ? Seth Logan son père était décidemment prêt à tout. Une ombre passa sur le visage de l'Australienne. Le remord l'avait envahie toute entière. Elle avait abandonné tant de choses, comment pouvait-elle parvenir à faire face à ce qui l'attendait ?
Dorian s'alluma une cigarette, de manière nettement différente que précédemment dans le dinner, mais malgré cette subtile attention, Cammy avait le coeur lourd. Elle lui sourit alors, car en fin de compte la présence de l'infirmier lui était vraiment bénéfique. Faire face à tout ça, toute seule, c'était vraiment trop. La boule qui grossissait dans sa gorge lui ôta toute intention de prendre la parole. A sa place, ce fut Dorian qui se lança de lui-même dans un monologue. Egocentrisme démesuré apparemment. Bah pourquoi pas. Plus il en disait, plus elle aurait de moyens pour faire pression sur lui si ça tournait au vinaigre. Les Princesses ne sont pas toutes les ingénues qu'elle prétendent, et pour la plupart, elle savent très bien obtenir ce qu'elles veulent lorsqu'elles le souhaitent. Enfin, c'est l'image qu'elle aimerait renvoyer à l'infirmier, mais elle n'était pas à ce point manipulatrice. Elle userait de ses confidences comme un moyen de s'en sortir, de se battre. Pas pour faire pression sur cet individu qui en fin de compte, tentait tout simplement de l'aider. Maintenant, il fallait lui prouver que tout le monde était capable de faire face à ses problèmes, qu'elle-même en était capable. A la différence de lui, visiblement. Mais alors, comment un homme doté d'une telle force de caractère avait également été contraint à la fuite ? La curiosité la piqua une fois de plus, mais elle ne demanderait rien. Il valait mieux la confidence que l'interrogatoire. De plus, Dorian avait raison. Cammy devait retrouver sa place. Pas seulement pour rassurer ses parents, ses amis. Mais pour son bien-être à elle. Le chemin serait long et difficile. Et elle emprunterait cette voie jusqu'à ce qu'elle soit en mesure de se regarder en face, et d'affronter la tête haute le regard de ses proches. Chose impossible, pour le moment.

Elle tourna à une avenue et c'est ainsi que le quartier Hiryuu s'offrit à eux. Non loin, Hebi, pire encore que Bougu à ses yeux. elle n'y accorda même pas une oeillade.
Dorian écrasa sa cigarette et la jeta... dans une poubelle. Cammy gloussa discrètement. Tant d'efforts d'un seul coup alors que le rustre qu'elle avait connu une heure plus tôt n'était pas fichu de manger proprement, critiquait toutes ses paroles - au point que même encore maintenant, elle n'osait aborder le moindre sujet sans se faire sermonner - et lui crachait la fumée au visage avant de l'asperger d'eau. Mais depuis la rencontre désastreuse avec le vagabond, "Dayen" avait pris le dessus. Elle appréciait Dayen, autant qu'elle méprisait Dorian. Double-jeu amusant, autant que troublant.

Dernière ligne droite, les voilà qui entrèrent dans ce quartier si familier aux yeux de la demoiselle. Tout le monde ou presque la connaissait ici. Elle sentit son coeur battre à vive allure et hocha la tête pour répondre à la dernière question posée par Dayen. Elle n'était partie que neuf mois. Pourtant les lieux, si familiers, lui paraissaient presque étrangers. Elle reconnaissaient le parc qui longeait les nombreuses maisons chatoyantes offrant du cachet au lieu. Elle avança sur le trottoir aux innombrables bancs et cerisiers nus, et derrière les maisons traditionnelles s'étendaient une colline en haut de laquelle s'élevait le temple shinto de la ville. Tout ce qu'elle aimait du Japon était là, face à elle. Elle arrêta sa marche, et se posa sur un banc. L'émotion était si forte que ses jambes ne pouvaient plus la porter. Après quelques instants, elle prit la parole, à son tour de se libérer.

- Mes parents se sont rencontrés ici, au Japon. J'aime ce pays depuis l'âge de 11 ans, et bien plus encore depuis que j'y vis, ce qui fait presque 3 ans maintenant. En Australie, la chaleur est accablante, et la plupart des Australiens manquent de discipline. Je n'ai jamais vu de mentalité aussi respectueuse que celle des Japonais. Jamais... je n'aurais imaginé me retrouver dans cette situation délicate.

Comment aurait-elle pu ? Cammy avait toujours admiré les Japonais, leurs us et coutumes, leur réserve et tout ce qui faisait d'eux pour elle, des êtres si exceptionnels. Mais elle les avait placés sur un piédestal bien trop haut. En fin de compte, Japonais, Australiens, Egyptiens... l'Homme était vil, et cruel. Peu importait l'endroit où elle irait, elle rencontrerait tout type d'individus, elle devrait se rendre à l'évidence.
Elle croisa les jambes et ferma les yeux à cause de l'inconfort d'une énième brise glaciale. Elle en frissonna.

- Je ne veux pas que ce mauvais souvenir ruine les espoirs que j'ai placé en ce pays. Je veux faire ma vie ici, ne jamais quitter cet Eden. Et pour ça, je suis prête à ignorer ceux qui m'ont causé du tort, voire leur rire au nez.

Si toutefois rire était dans les moyens de la demoiselle. Estimant avoir suffisamment parlée d'elle, elle se tourna vers l'infirmier.

- Dayen... Pourquoi as-tu aussi choisi le Japon ? Je ne te demande pas les raisons qui t'ont poussé à fuir ton pays d'origine, mais parmi tout ceux aux monde, pourquoi celui-là ?

Enième frisson. Elle grelottait littéralement mais était pour autant incapable de se lever. Il lui fallait faire une pause. Ses parents vivaient à moins d'un quart d'heure à pied de là où les deux protagonistes se trouvaient. Derrière eux, le parc dormait malgré les hululements d'un oiseau de nuit. Tout autour d'eux, tout...dormait. Silencieusement.
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MessageSujet: Re: Acide à Faire   Acide à Faire EmptyLun 3 Juin 2013 - 20:29

Quand la brise qui avait délicatement fait frissonner Cammy vint frôler les joues de Dorian, il se perdit un instant dans ses pensées. Il n'y avait pas de petite brise fraîche comme ça, là d'où il venait, au contraire, la chaleur était à la limite de l'insupportable, collant chemise et sueur à leur hôte respectif, déclenchant démarches de zombies dans les rues voire absence totale d'êtres vivants en plein soleil. L'ambiance était différente. Les touristes avides de soleil ne supportaient généralement pas ce brusque changement de climat et repartaient avec plus d'inconvénients comme sujet de conversation que d'avantages. Tant mieux, c'était son pays, pas le leur.
Elle lui manquait. Terriblement. Sa patrie.

Cammy semblait penser l'inverse. Même si l'Australienne aurait sûrement réussi à vivre là-bas comme toute autre personne, elle vouait une sorte de profond respect au Japon et à ses habitants. Du respect, de l'hospitalité, oui Dorian aussi en avait entendu parler, et il avait vu de ses propres yeux, les habitants d'ici lui ouvrirent leur porte, mais il n'était pas aussi naïf que la belle rousse. Ou plutôt, il avait sa propre façon de penser, et il refusait de croire que l'homme pouvait être bon sans arrière-pensée. A chaque peine sa récompense. Aucune action n'est fortuite ou gratuite. Destin donc si on veut parler clairement.
Il ne s'opposa pas à elle sur ce sujet, c'était pas le but, et puis il n'avait pas envie de partir dans un débat d'idées ou de façon de voir le Japon, il se serait senti trop professeur et surtout trop susceptible pour supporter qu'on s'oppose même gentiment à son opinion.

Il la suivit lentement du regard lorsqu'elle se déporta pour s'asseoir sur un banc. Un léger sourire vint étirer ses lèvres ; soit elle n'avait pas du tout envie de rentrer de peur de franchir le cap de cette solide étape, soit il n'était plus de si mauvaise compagnie et elle faisait traîner l'heure des au revoir. L'un comme l'autre, Dorian les comprenait. En toute modestie.
Il se rapprocha d'elle mais ne s'assit pas, il n'en avait pas envie. Il reste debout devant elle, frissonnante et si jolie. Dans cette position, elle semblait encore plus fragile et lui, encore plus grand.

Tu sais, quand je t'entends parler, je vois une autre ouverture pour toi. Tu veux leur rire au nez, tu veux leur dire que tu es au-dessus de tout ça, que tu n'as plus besoin de ça ? C'est vrai n'est-ce pas ?

Il laissa passer un ange pendant qu'il attendait une sorte de réaction de la part de Cammy, une confirmation. Il sortit les mains des poches de son jean et se frotta le menton comme pour réfléchir. Oui, là, ça lui sautait aux yeux. Cammy n'était pas du tout le genre d'étudiant(e)s qu'il croisait dans les couloirs de l'Académie. Elle semblait plus réfléchie, plus posée, plus intelligente, plus femme... Elle était tout simplement adulte.

Pourquoi y retourner ?

La question tomba comme la Pomme dans le jardin d'Eve et d'Adam.

Tu vaux mieux que tout ça Cammy, tu n'as plus besoin d'y remettre les pieds dans cette Académie, non ? Le simple fait d'affronter tes parents achèvera ton retour et le reste, ce ne sont que des futilités. Pourquoi reprendre les choses là où tu les avais laissées ? Pour te donner bonne conscience ? Tu n'as rien à te reprocher. Pour la paperasse ? A d'autres, ils se débrouilleront bien sans ça. Tu... oui, je pense que tu as évolué depuis... enfin je pense.

Il avait dit ça comme ça, pas sans réfléchir, mais plutôt sans penser à ce qu'elle pouvait avoir envie de faire. Après tout la jeune femme était une intellectuelle et les études devaient sûrement beaucoup compter pour elle, alors peut-être qu'il était complètement inenvisageable de stopper si farouchement son cursus scolaire.
Il soupira un instant comme si cette rencontre lui avait enlevé toute son énergie. Cammy le rendait trop humain, presque trop paternel même. Pas le même genre qu'avec Yume. La rebelle déclenchait une source d'affection protectrice, dire que Cammy suscitait nervosité et admiration. Dorian se sentait presque obligé de faire des sacrifices et des concessions pour tenter de garder son attention.

Lorsqu'elle lui posa une nouvelle question personnelle, Dorian laissa échapper un petit rire sincère. Il avait toujours redouté cette question. Comme toutes les autres, d'ailleurs.
Involontairement, chaque choix qu'il avait fait était relié à la même chose, et toute question concernant son passé ne menait qu'à une seule réponse. Du coup, peu importe le renseignement qu'elle souhaitait trouver, Dorian ne pouvait pas dire la vérité sans passer par une nouvelle confidence. Comme avec Yume. Sa couverture tombait petit à petit. C'était peut-être un mal pour un bien. De toute façon, il ne comptait pas rester ici toute sa vie... loin de là. Il avait besoin de faire des choix, de faire le point et de redéfinir ses priorités et ses attentes. A l'heure qu'il était, il ne pouvait pas partir, trop de choses le retenait ici, Yume, Elena, et Cammy désormais, il ne se serait pas cru si populaire.

Parce que c'est une île perdue dans le Pacifique ?

C'était une question. Dorian voulait ainsi faire passer un message : Est-ce que ça te va comme réponse ?
Il ne dévoilait rien et dévoilait tout en même temps. Si la jeune femme était intelligente, elle comprendrait que Dayen s'était exilé pour se cacher, pour fuir quelque chose au point de partir sur un continent où il était sûr de ne pas être trouver. Au point de changer d'identité.
En y réfléchissant, il semblait presque être un criminel recherché.

Quand je m'entends répondre ce genre de choses, j'ai l'impression d'être un gamin. Tu sais, quelqu'un qui essaye de faire son intéressant en tournant autour du pot. Ah ah !

Il reprit un peu son sérieux, il s'amusait avec ce petit bout de renard après tout ! Finalement, il descendit de son piédestal et vint rejoindre la belle sur le banc.
Les genoux dépassant largement la hauteur de ceux de Cammy, Dorian posa ses coudes sur ses cuisses, le menton dans la paume de ses mains. Il fixa l'horizon. Un horizon qu'il ne saurait pas décrire à l'heure actuelle parce qu'il ne l'avait regardé qu'abstraitement... son esprit était ailleurs.

Je n'ai jamais montré aucun signe d'intérêt pour le Japon. Le pays comme la langue. Je n'en ai jamais parlé, j'y avais jamais mis les pieds, bref, c'était un pays complètement invisible pour moi. Et j'espérais qu'en y venant... je serais invisible aussi...

Il aurait beaucoup de mal à être plus clair sans rentrer dans les détails. Ça viendra, mais pas tout de suite Cammy, s'il te plaît...
Il lâcha son menton et se retourna vers elle, avec un sourire plaqué sur le visage et un sourcil relevé, visage typique de l'homme taquin qui profite de la situation...

Et toi alors ? Vas-tu me dire où tu étais partie, maintenant ?

Il lui avait posé la question lorsqu'ils étaient entré dans le dinner mais Cammy avait refuser d'y répondre, refermant sa carapace déjà si peu ouverte à cet instant.
Les choses avaient évolué en si peu de temps, il espérait qu'elle serait plus à même à faire preuve de... papotage... avec lui.

Tu crois qu'on nous prend pour un couple ? demanda-t-il en affichant un sourire qu'il ne se connaissait pas lui-même. Il ferma les yeux et se recula pour poser son dos contre le fond du banc. Il se sentait bien.
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Cammy Logan
♦ Civil - {Pluri-emploi} Itinérante
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MessageSujet: Re: Acide à Faire   Acide à Faire EmptyLun 11 Nov 2013 - 18:58

Avant de rencontrer Dorian ce soir-là, Cammy ne ressentait que de la culpabilité à l’idée d’avoir tout quitté sans donner signe de vie. Cette même culpabilité n’était pas dissoute cependant, l’infirmier posait les bonnes questions, sans forcément employer la bonne méthode. Et pourtant, Cammy était encore là, à ces côtés, alors qu’elle avait prévu de chercher un hôtel avant les retrouvailles redoutées avec ses parents, puis par la suite, avec tout Keimoo. Le simple fait de voir son visage orner les murs de la ville la mettait en pression. Faire autant de foin pour sa seule personne, c’était trop oppressant. Pourtant, se tenait désormais à ses côtés celui qui l’aiderait dans cette tâche, celui qui lui éviterait de fuir à nouveau. Cammy se montrait forte mais ça n’aurait certainement pas été le cas sans la présence de ce pilier sur lequel elle pourrait s’appuyer en cas de besoin. Maintenant qu’elle y pensait, non seulement elle avait un soutien global, mais également dans l’académie. Rien que l’idée d’avoir au moins un regard bénéfique dans sa direction rendait la perspective de son retour moins redoutable. Enfin, jamais elle ne ferait part au concerné, ni à qui que ce soit. Ce serait bien trop embarrassant.

Il était vrai que retourner à l’Académie Keimoo lui était pénible, et Cammy ne parvenait pas à trouver ses mots pour le faire comprendre à l’exilé. Elle se contenta de lever les yeux dans sa direction – comme il était grand ! – et de tenter malgré tout de le sonder. Etait-ce là de l’intérêt, de la curiosité ou une tentative de lui faire baisser les bras afin de tester sa motivation ? L’Australienne était reconnaissante de sa flatterie à son égard, mais c’était trop frais. Elle manquait toujours de confiance en elle et gardait une pointe de méfiance à l’égard de Dorian. On ne pouvait pas retourner sa veste « comme ça » d’une minute à l’autre, si ? Elle-même l’avait bien fait près d’un an plus tôt. Mais sans vouloir – réellement – se trouver des excuses, les accusations qu’on lui avait portées avaient bien plus d’impact qu’une gifle claquant au milieu de la nuit.

Elle croisa les bras et détourna brusquement le regard. Comme il était agaçant de ne pas savoir trouver ses mots ! « Une île perdue dans le Pacifique ». Lui, il avait bien su les trouver, ses mots. En riant qui plus est ! Là était la différence entre lui et elle. Ce type respirait la confiance aveugle en lui-même, la fierté et l’orgueil. Tout autant de dénominatifs qui ne plaisait guère à la fuyarde. Non, ça ne lui convenait pas. Pas parce que ça manquait cruellement de précision mais justement, par ce biais, il en révélait plus qu’il n’en fallait. C’était trop, et de ce fait, la fuite de la jeune fille semblait tellement dérisoire et stupide ! Cette simple réponse nuageuse accentuait le mal-être de la demoiselle. Dorian était un mystère à lui tout seul ce qui le rendait intéressant et décevant à la fois. Elle ne voulait pas lui tirer les vers du nez de peur de tomber sur une vérité qui la projetterait plus bas que terre, sans tirer cette satisfaction d’un trésor que l’on découvre après avoir passé son existence à sa quête. Et Cammy recherche l’excitation, pas le fardeau. La recherche est tellement plus exaltante que la révélation. Dorian était vraiment énervant. Il avait comme une double personnalité, une adulte ; l’autre immature.  Il aurait pu se contenter de montrer que l’une des deux faces de cette pièce. Cammy l’aurait soit adoré, soit haï. Elle ne sut sur quel pied danser et alors que ses pensées ruminaient en silence depuis quelques minutes, offrant à l’infirmier le soin de déblatérer en solo durant ce même temps, le ton changea lorsqu’il décida – enfin – de s’assoir à ses côtés. De géant, il devint l’égal de la rouquine, de Dorian il redevint Dayen. Une question ressurgit à nouveau. Devait-elle tout dévoiler à son tour ? Ou alors, faire « comme si » ? Et pour détendre l’atmosphère, une autre, complètement hors-contexte qui fit raidir les muscles de l’intello. Elle était adulte, certes. Mais avec un cruel manque de savoir sur ce que pouvait représenter la notion de couple, d’amour et autre langage du genre, complètement inintéressant, futile et fantaisiste. D’autres fantaisies justement étaient plus utiles. Pourtant, rien que le fait d’imaginer que ça soit le cas obligea la demoiselle à regarder tout autour d’eux, dans les rues, vers les fenêtres avant de soupirer.

- A quoi bon poser la question, il n’y a personne dans les environs.

Et comme pour appuyer cette affirmation, elle se pencha légèrement, jusqu’à poser sa tête sur l’épaule de l’homme. C'est ainsi qu'elle se confia.

- En réalité, je n’étais pas bien loin géographiquement. J’étais moi aussi dans une île du pacifique. Cependant, j’étais transportée dans une autre vie, loin de la bêtise humaine. Dans un songe intemporel où je n’existais plus. Parfois je me dis que ce n’était véritablement qu’un rêve. Rien n’avait eu lieu, mais qu’il ne s’agissait que d’un mois d’avril particulièrement frileux. Pourtant…

Des grattements accompagnés de déformation de son surgirent alors dans le semi-calme ambiant. Visiblement, Lewis commençait à s’impatienter. Cammy se redressa et attrapa la caisse de transport pour la poser sur ses genoux. D’un air attendri, les doigts frêles de la demoiselle traversèrent la petite porte de barreaux métalliques entrecroisés.

- Lewis est issu de ce rêve. Il est bien réel, n’est-ce pas ?

Cette question ne demandait aucune réponse. Cammy tourna la tête vers l’infirmier, un air indéfinissable illustrant ses traits, à l’instar du souvenir des mois passés qu’elle gardait enfouis.

- Dayen, je n’aime pas laisser quelque chose d’inachevé derrière moi. Et je ne veux pas qu’on ait de moi l’image de quelqu’un qui n’a pas su faire face à une imposante entité.

Regardant à nouveau devant elle, vers cette colline sur laquelle elle aimerait regrimper pour mieux s’unir avec la nature.

- Je veux assouvir mon ambition, en commençant par passer ne serait-ce que deux années de plus à l’Académie. Les deux années nécessaires pour obtenir le niveau d’études que je désire. Il faut que je reprenne ce que j’ai commencé, pour mieux en finir. Si tout se passe bien, peut-être poursuivrai-je encore au-delà de ce qui est nécessaire. Sinon, peu m’importe. En fin de compte, je quitterai l’Académie la tête haute. L’année 2010 doit être définitivement rayée de ma vie. La cerise sur le gâteau serait de voir l’administration me convoquer pour s’excuser, que ça soit demain ou dans quelques années. Que le roi s’incline devant un de ses sujets ou que le Lion courbe l’échine devant un rat de bibliothèque.

Mettre l’administration en état de faiblesse puis l’achever. C’est ce qu’elle préfèrerait. Faire brûler l’académie, ou faire éclater un scandale. Faire renvoyer le directeur et tout son secrétariat.
La haine grandissait dans le cœur pur de Cammy, mais elle se rendait compte d’une chose… Elle soupira et baissa la tête.

- Encore faudrait-il que je puisse réintégrer l’université. Il faut que je m’y mette dès demain mais tout d’abord…

Elle hésita fortement, puis timidement refit face au regard intimidant de l’infirmier.

- Est-ce que ton invitation de tout à l’heure tient toujours ? Je préfère rejoindre mes parents demain, plutôt qu’au milieu de la nuit. Je préfère qu’ils soient bien reposés pour… mon retour.

Elle arriverait en milieu de journée, tous les deux seraient en train de travailler. Elle avait toujours ses clefs. Elle leur préparerait un bon repas dont le fumet emplirait la maison. Un repas dont personne ne voudrait tellement les estomacs seraient noués.
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MessageSujet: Re: Acide à Faire   Acide à Faire EmptyDim 16 Fév 2014 - 13:06

Dorian eut l'irrépressible envie d'éclater d'un rire tellement sincère quand Cammy se brusqua à sa dernière question que ses épaules en tremblèrent légèrement. Il ne souhaitait pas se moquer d'elle, absolument pas mais la personnalité de la belle s'entrechoquait violemment sur certains points. Elle était autant cultivée en théorie que naïve dans la pratique et c'est cette petite -minuscule- part d'elle qu'il découvrit à ce moment-là qui lui redonna enfin la place qu'elle aurait dû prendre sous ses yeux depuis le début : une enfant. Oui, Cammy avait beau être une belle femme, arrogante, confiante en apparence et mordante, elle n'en restait pas moins une simple étudiante australienne, une petite fille à côté de l'infirmier et de son mépris naturel. Elle ne se laissait pas marcher sur les pieds mais il aurait pu en faire qu'une bouchée à tout moments, c'est là qu'il le vit, sur ce genre de terrain glissant que sont les simples sujets de l'amour et du social. Débutante.

Laissant de côté cette intéressante découverte, Dorian calma son rire pour laisser la petite poser sa tête délicatement sur son épaule. Une fois de plus, il se sentit dans la peau du Père. Son regard s'adoucit et ses paupières se fermèrent légèrement sur ses yeux sombres. Un léger sourire agrandit ses lèvres et il l'écouta se livrer... enfin.
Elle avait fui pour se retrouver, pour prendre un nouveau départ, n'était-ce pas ce qu'il avait fait lui aussi ? Non, pas exactement. Chaque situation était différent et même l'enjeu n'avait pas la même valeur. Elle avait eut le courage de revenir et d'affronter sa peur elle, et puis elle n'était partie "que" 9 mois mais d'une façon beaucoup plus honteuse que lui. Elle avait fui en tant que victime. Dorian lui fuyait en tant que bourreau. Il était celui qui provoquait la peine, Cammy elle, était celle qui l'avait vécue.
Même si cet exil l'avait passablement remise sur pieds, elle semblait encore faible et fragile. Le moindre affront casserait sûrement ce tout petit mur de briques qu'elle avait retapé là-bas. Elle semblait forte. Semblait seulement, hélas. Dorian ne pouvait pas la laisser subir d'autres brimades, et il avait décidé de l'aider et de la soutenir avant même qu'elle ne le lui demande approximativement. Si il avait été son Père, il serait assurément si fier d'elle...

Elle respectait l'idée qu'il s'était faite d'elle. Elle tenait beaucoup à ses études et elle avait une rancœur si proche d'une fierté personnelle qu'elle ne pouvait se résoudre à tout laisser tomber sans faire de vagues. Elle aurait été beaucoup trop sage et mature si elle avait prit la décision de laisser la bave de crapaud atteindre la blanche colombe sans riposter. C'était pas de son âge. Elle était encore profondément vexée et qui ne l'aurait pas été ?

Il ne répondit rien à tout ce monologue, ce n'était pas nécessaire, il était d'accord avec elle, évidemment. Elle se devait d'accomplir ses objectifs et de tout mettre en oeuvre pour réussir à les faire plier et rétablir l'ordre à Keimoo-City. Cammy la justicière n'avait pas fini de faire parler d'elle.
Lorsqu'elle croisa de nouveau son regard pour demander l’hospitalité, c'était vraiment très tentant pour Dorian de railler auprès d'elle en lui indiquant qu'elle aurait très bien pu accepter dès le début parce que ses intentions étaient nobles, sincèrement. Mais il s'en priva, parce qu'elle faisait sûrement un effort surhumain pour se "rabaisser" auprès de lui, et il ne voulait pas la rendre plus farouche qu'elle n'était déjà.

Il se redressa donc de toute sa hauteur alors que l'air devenait sérieusement frais. Il frotta son pantalon, puis ses mains et se retourna vers elle après s'être étiré, comme épuisé d'une telle bonne action.

- Evidemment qu'elle tient toujours. Ne perdons pas plus de temps à attraper froid pour rien.

Il la laissa se lever et le rejoindre sur le chemin qu'il empruntait. Il héla un taxi pour rentrer le plus tôt possible chez lui parce qu'en sortant du restaurant comme une furie, Cammy avait prit le chemin inverse et ils étaient à l'opposé de son loft. Le chemin n'était pas infaisable et pas d'ailleurs si long non plus, mais pas en pleine nuit et pas avec elle, alors qu'elle était sûrement épuisée et stressée. Elle se posta à côté de lui pendant qu'ils attendaient que le taxi s'arrête près d'eux.
Il lui ouvrit la porte, galant et la laissa s'installer. Il grimpa à ses côtés et referma la porte grinçante derrière lui. Il ressentit une étrange sensation d'être à l'arrière d'une voiture, ça faisait tellement longtemps.

- 12 rue du Tatami, Quartier Hebi svp.
- C'est parti.

Dorian se retourna vers Cammy qui avait légèrement tendance à regarder davantage du côté de sa fenêtre que du sien. Est-ce qu'elle espérait apercevoir des choses qu'elle n'avait pas vu depuis longtemps ? Se laissait-elle emporter par la nostalgie du retour ? Dorian ne serait pas étonné si elle se sentait mélancolique à l'arrivée. Son loft n'était pas très loin de l'Académie qui plus est alors les souvenirs seraient sûrement présents.
La route ne fut pas très longue. Ils ne dirent pas un mot, l'un comme l'autre.
Dorian paya le taxi et invita Cammy à pénétrer dans son antre démoniaque [...]. Al' leur bondit dessus dès leur arrivée.

- Monsieur, je ne savais pas où vous étiez !
- Et depuis quand ça t'empêche de dormir ?

Le majordome imprima un sourire sur son visage devant le ton volontairement sarcastique de Dorian. L'infirmier haussa un sourcil comme pour l'insulter gentiment intérieurement. Cet homme avait un caractère encore plus pourri que le sien.

- Au lieu de te prendre pour ma mère, occupe-toi plutôt d'elle. Al', je te présente Cammy. Elle va dormir ici cette nuit, tu peux lui préparer la chambre d'ami, stp ?
- Elle est déjà prête Monsieur. Mademoiselle, laissez-moi prendre vos affaires. Suivez-moi, je vous montre le chemin.

Dorian resta un instant un peu blasé au milieu de son salon. Il ne savait pas trop ce que ça allait donner tout ça mais il était persuadé que ça ne pourrait que faire évoluer cette situation dans laquelle elle se trouvait.
Il retira ses chaussures et rangea son manteau dans le placard avant de commencer à rejoindre sa chambre. Il passa devant celle de Cammy et s'arrêta. Il toqua pour ne pas la déranger. Elle répondit, il entra.

- Prends le temps de te reposer Cammy, demain est un autre jour et je t'aiderais pour ta ré-inscription. Occupe-toi seulement de ta famille demain et reviens me voir dès que tu voudras parler paperasse ou complot. Maintenant que tu sais ou je vis, ma porte te sera toujours ouverte.

Il eut presque envie de rentrer dans sa chambre pour déposer un léger baiser sur son front, comme un Père à sa fille mais il ressentit comme une pressentiment qu'il se prendrait plutôt un matelas en travers du visage, alors il renonça.
Un simple Bonne nuit, Cammy eut beaucoup plus d'impact.
Il referma la porte derrière lui et partit se coucher. Il ne regrettait en rien d'être sorti ce soir-là. Il prendrait soin d'elle, elle le méritait. Il mit le costume de Dayen au placard, fini les gentillesses, il se devait d'être Dorian-l'effroyable à l'Académie, sinon trop de gens profiterait de cet homme si "adorable". Il fallait un peu de privilèges aux privilégiés. Et c'est en pensant à Yume et Cammy qu'il s'endormit...


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