₪ Académie Keimoo ₪

In a decade, will you be there ?
 
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 J'ai rien à faire là, moi !

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MessageSujet: J'ai rien à faire là, moi !    J'ai rien à faire là, moi !  EmptyMar 23 Fév 2010 - 16:47

[Tu sais que j'ai dû me creuser les méninges pour trouver une excuse (bidon, au final) pour qu'Aki' atterrisse dans la salle des profs >< Je te demanderai plus le lieu des rp, saloperie x'D]

Un nuage de fumée s’éleva lentement du sol, pas bien haut, comme s’il avait de la peine. Puis il se dispersa dans l’air, lentement, comme s’il de désagrégeait. Akira laissa de nouveau son pied trainer sur les gravillons de l’allée, soulevant un énième tas de petits cailloux et un énième nuage de poussière. Ses chaussures étaient toute poussiéreuses, mais il ne semblait pas l’avoir remarqué. Son nez était certes incliné vers le sol, mais son regard était vide. A son oreille droite était portée sa main, tenant un portable. La sonnerie retentissait dans ses tympans. Une deuxième fois, puis une troisième. Jusque ce que la cinquième soit suivie de près par la voix froide et distante du répondeur. Une voix de femme. Une voix préenregistrée. Qui ne se lassait pas de répondu une foutue messagerie. Le blond soupira et raccrocha. Il n’avait pas envie de laisser de message. Il savait que son correspondant recevrait un texto lui disant que tel numéro avait essayé de la joindre sans laisser de message. Il savait aussi que son correspondant effacerait ce texto automatique, après avoir vu le numéro en question qui essayait de l’appeler. Il glissa son portable dans sa poche et frotta son visage dans ses mains. Il commença à avancer vers l’entrée du grand hall de l’académie, d’un pas trainant, soulevant encore et encore ces nuages de poussières.

Ces derniers temps, Akira ne se sentait pas superbement bien. Il trainait une sorte de nostalgie qu’il ne saurait expliquer. C’était comme les jours passaient sans qu’il cherche à en suivre le cours. Son beau-père avait eu un accident de voiture. Oh rien de grave ! Plus de peur que de mal et une voiture bien esquintée. Il était encore à l’hôpital, mais c’était simplement pour garder un œil sur lui, il en sortirait bientôt. Mais ça avait foutu un coup au moral de sa mère, qui déprimait un peu. Surtout qu’elle se retrouvait donc seule à la maison. La seule jumelle de sa mère avait quelques soucis avec son boulot : refus de prime et changement de secteur qui ne l’égayait pas du tout. Donc tout ce petit monde un peu sur le tapis ne se sentait pas très bien. Et puis, il y avait notre blond, au milieu de tout ça. Sa mère lui avait demandé si tout allait bien de son côté, après lui avoir donné quelques dernières nouvelles. Et il avait répondu, du mieux qu’il pouvait, que tout allait bien pour lui. Bien oui : ne pas remuer le couteau dans la plaie. Certes, il n’avait pas de gros problèmes. Mais les jours gris et froid de l’hiver, le manque de sous à cause des fêtes de noël, les résultats qui baissent, la fatigue qui se fait de plus en plus pesante… Tout ça est évidemment passager, mais de ne pas voir le soleil pendant plusieurs semaines, c’est la déprime assurée.

L’anglais tapa lourdement ses pieds quand il arriva en haut des escaliers, devant la porte, pour en faire tomber l’amas de poussière. Quelques étudiants autour de lui le regardèrent de travers, mais il n’y prêta pas vraiment attention. Ces derniers temps pourtant, il avait passé de bonnes journées à Keimoo. Quelques nouvelles rencontres, de nouveaux délires… Et puis son lot de mésaventures. Ce petit Lun qui s’était barré avec ses fringues, le laissant bandant et penaud sur un canapé dans le salon ouvert à tous. Il avait du mettre deux coussins : devant et derrière. Et parcourir le couloir comme si de rien n’était. Il avait croisé trois ou quatre élèves. Par chance, deux étaient des connaissances et il a pu déguiser la vérité de façon à la rendre moins crue, disons. Les deux autres étaient juste des étudiants qu’il n’avait jamais croisé. Il a préféré marcher la tête haute, même si ses joues étaient carrément cramoisies par la honte et le ridicule. Ce n’était qu’arrivé à sa chambre, où il avait retrouvé ses affaires posées devant sa porte qu’il avait jeté les coussins avec rage contre un mur. Puis, il avait explosé de rire. Mais d’un rire nerveux. Maintenant, en y repensant, c’était drôle. Il souriait donc bêtement en passant le couloir pour aller dans l’aile de la vie scolaire.

Akira avait les mains enfoncées dans les poches de sa veste et la tête rentrée dans les épaules. Il passa devant la salle des professeurs et traça sa route. Puis, il y une idée lumineusement idiote. Son dernier devoir de mathématiques était une catastrophe. Il s’arrêta dans le couloir, raide comme un piquet. Il pourrait peut-être essayé de le prendre et il dirait à son professeur que ce dernier a dû l’égarer par mégarde. Il sortit les mains de ses poches et ébouriffa ses cheveux, nerveux. C’était une idée débile à souhait, mais qui le tentait réellement. Il pouvait aussi laisser la sale note arriver et tenter de tout son possible de faire mieux la fois d’après. Oui, sauf qu’il n’avait pas envie. Mécaniquement, il fit volte-face et marcha jusqu’à la porte. Le couloir était désert. Il colla son oreille au bois froid et lisse et toqua doucement. Il n’y eut aucun bruit dans la salle. Lentement, comme pour ne pas déclencher d’alarme, il essaya de l’ouvrir. Comme il s’y attendait, elle était verrouillée. Ce n’était pas un problème et ça prouvait qu’il n’y avait effectivement personne dans la pièce. Il ne devrait plus y avoir personne qui y viendrait : les cours étaient finis. La place était au club.

Le blond fouilla dans son sac et trouva un paquet de feuilles de cours, reliées par un trombone. Il avait déjà forcé une serrure. Mais elles étaient beaucoup moins coriaces que celle qu’il avait devant lui. Il mit au moins une bonne minute à l’ouvrir – dans le stress de se faire prendre, ça revenait à une éternité. Il jeta un dernier coup d’œil aux alentours, d’un œil distrait et pénétra dans la pièce. Il la referma derrière lui, mais il ne prit pas le temps de la verrouiller. Sans plus attendre, il s’avança vers les casiers où les enseignants rangent leurs feuilles de contrôle. Il chercha celui de son professeur de mathématiques et soupira de soulagement dès qu’il le trouva. Moins il passerait de temps ici, mieux il se porterait. Il reprit son trombone de compétition, qui ne ressemblait plus à grand-chose et tenta de crocheter de nouveau la serrure. Il stoppa tous ses méfaits quand il crut entendre des pas dans le couloir. Il resta accroupi par terre, tous les sens en alerte. Se faire prendre en train d’essayer de récupérer un devoir, qui plus est, mauvais, serait passible d’une sanction qu’il n’osait même pas imaginer. Non pas que l’anglais soit un ange, non, loin de là. Simplement, manquer de respect aux gens de façon aussi flagrante était intolérable pour lui. Certain de personne n’était dans le couloir, il pouffa de rire. Toujours la nervosité, mais aussi le fait que ça ne l’avait pas dérangé de commencer ses ébats avec Lun, sous les yeux chastes d’étudiants purs.

Akira fronça les sourcils. C’était vraiment le moment de penser à ça tient ! Mais ça faisait plus de deux minutes qu’il s’acharnait sur cette serrure de casier et il commençait à avoir les mains trop moites pour pouvoir continuer. Lentement, il se laissa tomber sur les fesses, dos aux casiers. Quelle idée il avait eu de risquer tout ça pour ça ! Il regarda ses mains et les frotta sur son jeans. Il n’avait même plus envie de s’acharner sur ce cadenas. Il ferma les yeux, laissant sa tête tomber lentement sur l’acier froid. Il soupira et commença à tapoter des doigts sur ses cuisses, cherchant une idée de ce qu’il pourrait faire. Maintenant, qu’il était là, autant se creuser les méninges pour récupérer ce devoir.
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MessageSujet: Re: J'ai rien à faire là, moi !    J'ai rien à faire là, moi !  EmptyLun 15 Mar 2010 - 19:57

Savez-vous ce que Lun Marv avait placé depuis quelques temps dans la salle des professeurs ? Ce n’était pas son beau portrait photographié par un ami que Lun suppliait depuis trois jours de lui remettre et de détruire toutes les pièces reproduites de ce dernier. Non. Ce n’était pas non plus un souvenir de vacance qu’il aurait ramené d’Angleterre lors de son dernier voyage chez la mère de ses enfants, cet été. Et c’était encore moins une copie monstrueuse (Car Lun ne rendait aucun devoir avec une mauvaise note. Les seules mauvaises notes qu’il avait c’était quand il dormait en cours, et généralement, il s’en foutait.)
Non. C’était un micro très petit de taille standard numéro 2, utilisée généralement pour les écoutes policières mais également par des petits groupes de mafieux ou encore les journalistes en mal d’information. Aussi utilisé par Lun Marv qui aimait particulièrement se tenir au courant des situations dans l’établissement scolaire. Malheureusement, le problème avec un micro placé dans une salle des professeurs, c’est qu’il faut le mettre. Et aussi l’enlever un jour.

Ce jour n’était pas arrivé. Non. Mais le problème, c’est que le dit Micro était inutilisable depuis trois jours. Pour une bonne raison : Lun avait rangé le dit micro dans un fausse plante en plastique immonde. Donc : pas d’arrosage, il était sauvé. C’était sans compter un crétin de professeur qui ne pouvant boire le café immonde avait versé discrètement sa tasse dans le pot en plastique rouge de la dite imitation de plante. Le pauvre petit appareil électronique coûtant bien trop cher n’avait pas apprécié le café. Il aurait peut-être accepté un thé, mais un café. L’excitant trop puissant avait anéanti le système.

Lun devait donc le remplacer. Et pour cela, il lui suffisait d’attendre la fin des cours. Au moment où les professeurs, comme chaque vendredi soir, sortent et ne reviennent que le Lundi matin. C’était facile comme tout. Il avait juste oublié un détail : que d’autres pouvaient vouloir aller dans la salle des professeurs. C’était peu possible, par ailleurs.

Le jeune homme avait passé une journée calme, rien de quoi mettre en évidence. Il avait attaché ses longs cheveux en une queue de cheval, et il songeait qu’il faudrait bientôt les couper. Il portait une chemise d’étudiant et un pantalon sobre. Ainsi qu’une cravate à moitié défaite.

L’adolescent nouvellement de seize ans passa son passe-partout (fait par Maeki) dans la serrure, déjà ouverte. Levant un sourcil curieux, Lun poussa la porte et regarda avec une sorte de curiosité et d’admiration moqueuse un sempai, qu’il connaissait déjà, en train d’essayer de forcer le cassier du professeur … Quel professeur ? Lun n’en savait rien. Il n’était pas sensé connaître la disposition de tous les cassiers par cœur. Limite celui de Charles Brisebois et d’Akamu Dupreil. Voir de Yui Valentine et du professeur Sadique. Les autres, Lun s’en fichait un peu. Comment pouvait-on s’acharner autant sur un petit cadenas sans arriver à l’ouvrir ?

Sans parler, parce que Lun n’en avait pas foncièrement envie, il se dirigea à coté de son sempai. Lun lui sourit doucement, l’embrassant en coin, avant de prendre le dit objet – cadenas – entre les doigts. Il le tourna un peu, autant que c’était possible, puis ressortie de sa poche le trousseau de clé que Maeki lui avait fait. Une fois le modèle trouvé, ce qui fut assez rapide, Lun introduisit la clé dans la serrure du cadenas et tourna cette dernière de façon rapide. Avant que Cadenas ne lui tombe entre les mains.

Lun posa le cadenas sur la table, puis il se dirigea lentement vers une armoire. Tirant une chaise à lui, il la poussa contre l’armoire. Puis il monta sur la chaise, et souleva le pot en plastique de la plante concernée.
L’endroit était poisseux : visiblement personne n’avait vu qu’une personne avait renversé son café à cet endroit. Il faut dire : qu’il fallait être totalement crétin.

Lun posa la plante sur la table, retira le petit objet en forme de caillou, et remit un nouveau galet marron parmi les autres. Pas besoin de préciser que c’était en réalité un micro. Il se retourna le temps de mettre de l’eau dans une bouilloire présente sur une table et d’allumer cette dernière.

Puis il remonta sur la chaise, reposa la plante en haut de l’armoire, et rangea à sa place à la dite chaise.

C’est alors que Lun soupira d’aise, il ne s’occupa pas vraiment de la présence d’Akira dans les locaux. Sans même le regarder, trop occupé à sa tache, il mit l’ancien micro dans son sac à dos. Puis, il s’installa à un des ordinateurs qui se trouvaient dans la salle des professeurs. Rapidement, son doigt appuya sur le bouton marche de la machine. Puis, après un temps d’impatience pour que l’ordinateur s’allume, il tapa un mot de passe.

Lun appuya quelques secondes sur les touches, avant que ces derniers en pianiste habitué ne rentrent dans la base des fichiers. Trente secondes de hacker plus tard, Lun s’introduisit dans la base de ses absences. Supprimant la plupart d’entre elles – pas toutes, cela paraîtrait suspect, - faisant ensuite de même avec ses retards et ses devoirs non rendus ou absents.
Mais, le jeune homme du pour cela, mettre une paire de lunettes sur ses yeux. A son grand dam : il faut reconnaître que Lun était le genre de personne complexée à l’idée de porter des lunettes. N’importe qui aurait dit qu’elles lui allaient à ravir et qu’il était craquant avec. Pas lui. Lun évitait le plus possible de les mettre, quitte à s’abîmer la vue.

Quelques secondes plus tard, et il s’introduisit dans les rapports que le psychologue Yui Valentine devait envoyé de lui depuis un an. Sans que Lun n’est jamais rencontré Yui Valentine une fois. Lun copia et colla le contenue de sa clé USB dans un message à destination de la directrice. Dedans on pouvait y lire que Lun Marv allait bien, et qu’il commettait certes encore de nombreuses provocations – mais qu’elles étaient anodines. La santé mentale du garçon n’étant pas mise en danger.

Ceci étant fait, Lun passa sur le dossier de Luc Simon, son meilleur ami. Il augmenta toutes les notes du sportif et rebelle, et quitta son dossier. Soupirant d’aise, Lun alla consulter les derniers retards d’Elyott Lloyden en levant les yeux au ciel. Quel idiot d’ami. Néanmoins, il n’y toucha pas. Ce n’était pas vraiment son problème.

Lun profita d’une demi seconde de délai pour passer sur le trombinoscope géant qu’on avait fait d’eux, souriant à ses indications, puis quitta enfin l’ordinateur. Et tout cela n’avait prit que dix minutes. Le temps exactement que l’eau chaude bouillonne et qu’il ne se lève.
Il remit ses lunettes dans la pochette, qu’il rangea dans sa poche. Et chopa l’appareil photographique dans sa poche pour prendre un cliché de l’ordinateur, avant d’éteindre ce dernier.

Lun ouvrit un placard, sortit deux tasses, ainsi qu’un carton contenant différentes sortes de thé. Il redressa enfin le regard en direction de l’intrus dans la pièce, comme-ci il réalisait seulement maintenant qu’il n’était pas seul. Par la même occasion, il prit un cliché d’Akira dans son appareil : un élève dans la salle des professeurs, ça peut toujours servir.

« A quoi veux-tu ton thé ? » Demanda doucement l’adolescent, souriant en coin. Il faut dire qu’il était plutôt dans son élément, et que maintenant qu’il avait fait ce pourquoi il était venu, un peu plus soulagé.

Da dernière rencontre avec Akira devait remonter : au salon. Oui, c’était certainement cela. A moins que ce ne soit dans la salle commune ? Akira l’avait énormément tenté, mais Lun était partie. Il ne se souvenait plus pourquoi. Un professeur, peut-être ? Ou une mauvaise plaisanterie de sa part.
A moins que ce ne soit une pensée ou une autre.

Quoiqu’il en soit, ce n’était pas bien grave. Le sempai avait le cœur embrumé par une personne. Lun avait jugé préférable, par la suite, de ne pas retenter l’expérience. Il n’aimait pas être l’amant d’un type en phase de départ dans ses amours. Même si les histoires sexuelles d’Akira remontaient fréquemment jusqu’à lui. Depuis quelques temps, d’ailleurs elles se multipliaient.

Cherchant des yeux des petites cuillères propres, pour enfin dénicher des touillettes dans la boite à sucre. Il en mit une dans chacune des tasses. Sans doute que le jeune homme se fichait bien qu’un professeur arrive – ou – qu’il jugeait peu possible que l’un d’eux se pointe un vendredi soir dans la salle des professeurs sensée être fermé à clé. Mais si cela devait arriver, ils seraient moins furieux de le voir consommer un thé que de le voir fouiller dans l’ordinateur désormais éteint.

« Moi, spécialement, je te conseille celui au litchis. Mais les fruits rouges, ne sont pas mal. »

Et sans attendre la réponse, le sans gène, prit un des sachets au litchi pour le mettre dans une tasse, introduisant de l’eau chaude dans cette dernière. Avant de rajouter un sucre, puis deux. A croire qu’il avait l’habitude de venir ici. Ce qui n’était pas faux. Lun était un habitué des lieux. A tel point, qu’il aurait été capable de fermer les yeux et dessiner mentalement la disposition des meubles dans la pièce.

Même si franchement, les profs n’étaient pas trop propres. Des tasses sales traînant sur la table, des stylos abîmées, mâchouillées. Des dossiers mal ou pas rangés.

« Sempai, tu n’es pas trop vieux pour tricher ? »
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MessageSujet: Re: J'ai rien à faire là, moi !    J'ai rien à faire là, moi !  EmptyMer 24 Mar 2010 - 12:18

Un bruit fit ouvrir les yeux à l’anglais. Il contracta les mâchoires. Il ne manquait plus que ça ! Qu’il soit découvert, alors qu’il n’avait même pas encore atteint son but. Il serait sanctionné juste pour ne pas être là où il devrait. Si on en croit le nouveau règlement de l’académie, il valait mieux se tenir à carreaux. Il appuya une main sur le sol, rapprochant ses pieds de ses fesses, prêt à se lever. Mais la silhouette qu’il vit dans l’encadrement de la porte ne lui était pas inconnue. Certes, cette personne pouvait toujours être un professeur, mais ce n’était pas ce qu’il lui semblait. Non. C’était une ombre qu’il connaissait un peu plus familièrement. Il ne bougea plus, attendant de mieux voir ce visage. Lun finit par s’avancer, moqueur. Le photographe lâcha un soupir qu’il ne put retenir et se laissa retomber sur le sol. S’installant comme précédemment, il ferma de nouveau les yeux. A vrai dire, si c’était ce garçon, il n’avait strictement rien à craindre. Au final, ils étaient dans le même bateau à venir dans cette salle. Pourtant, Akira finit par ouvrir un œil, jetant un regard en biais au populaire, quand il l’entendit s’approcher de lui. Il resta de marbre quand ce dernier lui vola un chaste baiser. Il finit par ouvrir le deuxième œil et observa le petit manège de son cadet.

Bon, c’était rapide. Mais lui, il avait les clés. D’ailleurs, le blond ne chercha même pas à savoir comment il avait pu les avoir. Déjà, il lui avait semblé entendre un bruit de serrure que l’on cherche à déverrouiller à l’arrivée de l’autre garçon. Donc il devait aussi avoir la clé de cette pièce. Il se trouva soudain ridicule, devant un mec qui avait un peu trop de puissance à son goût pour ses pauvres seize années et son petit statut de lycéen. Ses yeux s’étaient figés sur ses mains habiles, et maintenant, ils restaient bloqués dessus, y observant le petit cadenas. Il ne dit rien. Pas de merci. Il ne le regarda pas. Il se contenta d’hausser les épaules, de la même façon que s’il se faisait une réflexion pour lui-même. Il n’accorda pas non plus son attention à Lun, lorsqu’il se leva pour s’occuper de ses petites affaires. Le pianiste se remit face au casier, les fesses toujours ancrées au sol. Il l’ouvrit, soupirant, et commença à fouiller. Fouiller, c’était exactement le terme. Ce professeur n’avait aucun sens de l’organisation. Ça se percevait déjà dans ses cours, mais, à en voir l’état précaire de ses fiches, c’était pire dans ses affaires personnelles. Sans accorder plus d’attention à ce fait plus que trivial, Akira trouva enfin son devoir. Il le sortit, le posa à ses côtés et repartit à la recherche d’un autre devoir. Pas un à lui, non. En réalité, il cherchait celui qui était au premier de la classe en mathématiques.

Un soupir l’arracha de sa fouille. Lun semblait savoir parfaitement ce qu’il faisait. L’artiste le regarda, quelques secondes, mais sans vraiment le voir. Puis il posa enfin le doigt sur le deuxième devoir qu’il convoitait. Maintenant, la question était : est-ce que l’on recopie un peu sur cette feuille, pour avoir une note correcte, qui ne plombe pas la moyenne du trimestre ? Ou est-ce que l’on se contente de prendre son devoir et de le faire disparaître ? La deuxième solution était peut-être la première à laquelle il avait pensé, mais maintenant, plus calme, il se dit que ce prof pourrait toujours lui demander de rattraper le contrôle. L’horreur. Il savait qu’il le foirerait aussi, puisqu’il n’avait absolument rien compris à ce chapitre. Donc, recopier fut l’option choisie. Dans sa réflexion, il avait senti Lun passé derrière lui, pour s’installer à un ordinateur. Il lui lança un regard en biais, encore une fois, mais cette fois-ci il s’intéressa un peu plus à ce qu’il trifouillait. Arranger les notes des autres ? Il devait beaucoup aimer la personne à qui il faisait cette faveur. Bien qu’au final, cela ne fera peut-être que faire couler cet élève : quand le populaire ne sera plus là, il se rendra bien compte qu’il est mauvais et il coulera dans ses études. Cette pensée quelque peu sadique fit sourire Akira, qui ne put retenir un rire bref en ramassant les deux copies et en se relevant.

L’anglais posa son petit trésor sur la table et épousseta son jean, avant de s’étirer. Il devait quand même avouer que sans l’aide de ce gamin, il n’aurait pas pu aller bien loin. Tout en se faisant ses réflexions, Akira posa ses yeux sur ledit gamin. Il le fixa, mais, comme tout à l’heure, il ne le voyait pas vraiment. En ce moment, l’énergie l’avait en peu quitté – d’où les notes en baisse – et c’était visible. Il en avait d’ailleurs un peu marre d’entendre ces stupides question : « Ca va ? T’as l’air bizarre. », « Tu te sens bien ? T’es tout mou aujourd’hui… » ou encore « Akira, bouge-toi, on dirait une loque ! Tu déprimes ou quoi ? ». Baissant la tête, il se frotta les yeux d’une main, lâchant un long soupir. Il était fatigué. Ce qui l’ennuyait le plus, c’était surtout qu’il ne savait pas du tout pourquoi il n’avait plus la pêche comme ça. Il suivit la main de Lun, qui rangeait ses lunettes, avant de regarder les deux feuilles devant lui. Il ne put empêcher un sourire en coin d’ourler ses lèvres. Puis un flash l’aveugla quelques instants. Génial ! Pris en flag’ et avec une preuve ! Il leva un peu les bras de chaque côté de son corps et les laissa retomber presqu’immédiatement sur ses cuisses, exaspéré. Mais il ne dit toujours rien, se contentant de laisser un regard noir à Lun.

Un thé. Ben voyons ! Prenons un thé dans la salle d’un professeur. Où ne devrions pas nous trouver. Soyons fous ! Akira leva les yeux au ciel et s’assit sur la table, tournant le dos à son compagnon. Dans le fond, l’idée le tentait bien. Personnellement, il n’avait aucune idée des allers et venues des professeurs. Mais il pouvait toujours prétendre à une bonne blague si l’un deux arrivait. Ils ne feraient que boire une petite tasse de thé. Au pire, ils pourraient en proposer une à l’adulte. Il finit par se tourner un peu, observant le populaire. Un était beau. Mais c’était un vrai chieur. Il fallait s’y habituer quoi… Akira fronça les sourcils, se perdant dans ses pensées. C’était dommage qu’ils ne se connaissent pas mieux. Bien qu’il se doutait que cette fouine de Lun devait en avoir plus à son sujet qu’il ne pourrait prétendre en savoir sur lui. Il posa une main sur son front, un peu chaud.

"Non. Un thé anglais, s’il y a. Sinon, mets ce que tu veux…"


C’était une réponse mécanique. C’était à peu prêt ce qu’il répondait à chaque question qu’on lui posait depuis quelques jours. Quand il daignait seulement répondre. Non. En ce moment, il s’épuisait plutôt à courir les boîtes de nuit, les bars, les soirées… Et à finir dans des lits. Il avait pensé que cela lui permettrait d’épancher un peu son petit cœur meurtri par un amour trop compliqué et certainement à sens unique. Ouais, bah, il avait mal, très mal pensé. C’était pire maintenant. En plus du chagrin, du désir, du manque et autre connerie, il y avait maintenant de la culpabilité, du regret et encore plus de désir pour son soleil. Les yeux perdus dans le vague, il sortit de sa torpeur seulement lorsque Lun parla de nouveau. Il noya ses yeux dans les siens, restant muet pendant de longues secondes. Puis, il finit par sourire. Un sourire enjôleur et sournois à la fois. Un beau sourire en coin. Il passa une main dans ses cheveux, les ébouriffant au passage.

"Lun… Tu n’es pas un peu jeune pour mener une vie si mature ?"


Oui. Akira ne savait rien de la vie de Lun. Parce qu’il ne lui en avait rien dit. Mais les rumeurs allaient bon train. Et le blond savait être une véritable fouine quand il le voulait. Il vérifiait toujours les dires qu’il pouvait capter. Enfin, dans la mesure du possible. Il y a certaine chose sur le populaire qu’il n’avait pas pu éclaircir. Mais pour beaucoup d’autre, il avait su trouver des preuves. Même s’il aurait préférer apprendre quelques détails de la bouche de la personne accusée. Enfin passons. Lun était simplement membre du club de photographie. Voilà d’où il le connaissait. Ils n’étaient pas amis. Ils n’étaient donc pas redevables l’un envers l’autre. Quoi que, l’artiste peut-être un peu plus maintenant, avec cette histoire de cadenas.

Akira se laissa glisser sur une chaise et sortit des stylos de la poche de son sweater. Il compara les deux copies et changea quelques petites choses. Assez pour avoir la moyenne, c’était tout. Il avait de la chance : ce devoir étant un QCM, il ne lui fallu pas plus de deux ou trois minutes pour corriger. Il finit par reposer les stylos à côté des feuilles et s’adossa, plus à l’aise, sur la chaise. Il put alors reporter toute son attention sur son acolyte. Il lui sourit. En fait, c’était reposant d’être en face de ce garçon, qui semblait si à l’aise dans un endroit interdit. C’était certes un peu douteux, mais c’était rassurant. Puis, les images de leur petite rencontre dans le salon lui revinrent à l’esprit. Il se revit nu, frustré et sans possibilité de se rhabiller. Cela avait été plus que sympathique de traverser le couloir avec un oreiller dans son entre-jambe, encore un peu trop échauffée par le doigté du blond qu’il avait maintenant en face de lui. Il avait rit, les joues empourprées, en voyant une fille presser le pas quand elle l’avait croisé dans le couloir. Après tout, il n’était pas vraiment pudique. Mais s’afficher comme ça… Il aurait préférer éviter, tout de même. Enfin, c’était une expérience à vivre. Il eut un rire bref et secoua doucement la tête de gauche à droite. Il faut avouer que la douche glacée après le divertissement avait été aussi agréable que pénible.

"Tu sais, parfois j’hésite à me venger… Mais je n’ai pas encore trouvé comment."


Et c’était vrai. Dans les périodes d’agacement, Akira avait souvent pensé à comment il pourrait faire payer cette humiliation au populaire. Il avait beau y avoir pas mal pensé, il n’avait toujours pas trouvé. Il lui fallait quelque chose qui marque vraiment l’esprit de Lun. Et vu ce que ce gamin vivait, ce n’était pas si simple. Il avait entendu dire qu’il en pinçait pour un russe. Un russe avec qui le photographe avait déjà couché. Il pouvait toujours le dégoûter avec ça. Mais d’une, il ne savait pas jusqu’où Wunjo et ce prince blond avaient pu aller et, de deux, c’était puéril comme vengeance. Non, il lui fallait quelque chose de physique, mais allez savoir quoi…

"Je ne peux même pas te manipuler, je ne suis pas aussi vil que toi."


Il soupira et posa son menton sur ses bras, qu’il avait croisé sur la table. Il prit une moue faussement boudeuse et renifla. Ce qu’il venait de dire pouvait sonner comme un compliment. Tout dépendait du degré de susceptibilité de l’autre anglais. Il faut dire que n’importe qui n’aurait pas pensé à partir avec les fringues d’un homme qu’il venait de travailler au corps, hum ? C’était du Lun tout craché. Son sourire revint, toujours aussi enjôleur et moqueur à la fois. Sa fatigue se faisait sentir, il avait du mal à tenir une conversation. Enfin fatigue ou mal de crane naissant. Peut-être que ce thé lui ferait du bien… Il tendit le bras vers la tasse, se redressant par la même occasion. Il souffla sur le liquide brulant et le regarda, comme pris d’une admiration soudaine. Allez, mec, ressaisis-toi, quoi.
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MessageSujet: Re: J'ai rien à faire là, moi !    J'ai rien à faire là, moi !  EmptyVen 9 Avr 2010 - 3:41

[Désolé, ce n'est pas terrible, mais je ne voulais pas te faire patienter plus longtemps --']

« Non. Un thé anglais, s’il y a. Sinon, mets ce que tu veux…
- Quel dommage de venir au Japon pour boire du thé anglais. » Répondit tout simplement Lun de sa voix feutrée, acceptant toutefois la demande de son comparse sans plaider plus ouvertement la cause du thé japonais. De toute façon, il ne fallait pas s’attendre à du bon, quelques soit l’origine. C’était la salle des professeurs, non un coquet salon de la ville. Comme par exemple, le salon de thé d’Alexandre Jyfink. Celui-là, valait la peine d’y aller. Ici, ça venait clairement d’un supermarché pas très cher et par conséquent : les professeurs achetaient à prix de gros : peu chers, mais surtout, limite imbuvable. Cependant, c’était sans doute la seule chose que Lun ne rejetait pas actuellement, alors il n’allait pas se plaindre, même si le goût n’était pas tout à fait celui sur lequel il aimerait tomber.

Tout en préparant le breuvage, le jeune étudiant capable de deux actions à la fois, observait son camarade. Akira semblait un peu perdu : il ne devait pas avoir l’habitude de tricher. Sans grande prudence, parce qu’il n’en voyait pas l’utilité, Lun décrivait son partenaire du regard. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il semblait ailleurs. Il devait l’être pour venir fouiller et changer des réponses dans une salle des professeurs. C’était assez imprudent et ça ne lui ressemblait pas. Cependant le cadet ne se permit pas d’en faire la remarque, se détournant de son aîné le temps de prendre la bouilloire en plastique sombre et de verser de l’eau chaude.

Puis il posa le sucrier au centre de la table et s’assit enfin avec l’intention de ne plus bouger. Lun se sentait à son aise. Il se fichait bien d’être renvoyé : maintenant qu’il savait ce qui allait arriver. Il se fichait bien d’être mit à la porte, car de toute façon, il resterait ici pour ses enfants. Mais il avait promit de ne pas le faire. Et il devait rester. Pour lui. Pour Tadashii, pour Sora, pour Elyott et pour Maeki. Car ses amis auraient des soucis à cause de lui s’il était prit en train de tricher, de mentir ou de voler.

Ses yeux cernés de curiosité mais aussi parfaitement effrontés fixaient le jeune homme avec une certaine raillerie. Une moquerie qui ne fit que s’intensifier à la question de son partenaire. Hm. Décidément, Akira n’avait rien d’un artiste : il avait bien leurrer son monde !

« Lun… Tu n’es pas un peu jeune pour mener une vie si mature ? »

Une vie mature ? Généralement quand on parlait de Lun Marv, on associait rarement le terme mature à coté. On le traitait plutôt de gamin irresponsable. D’irrespectueux cabotin sans la moindre conscience. De pute occidentale. Bref : pas vraiment de mature étudiant trop jeune pour l’être. Lun haussa néanmoins des épaules, se contant de jouer avec sa cuillère, mélangeant le sucre et demi qu’il y avait mit.
Il était un trublion, un imposteur. Un menteur. Il était … Il était …

Le cœur de Lun se serra dans sa poitrine. Il n’était personne.

« Non. Il n’y a pas d’âge pour la maturité. Sinon, tu ne serais pas en train de tricher pitoyablement. »

Finalement, elle était tout de même venue cette remarque. Enveloppée par un grand sourire joyeux, limite enjôleur, comme pour dire : « je te critique, mais je m’en fiche. » Ce qui était totalement vrai. Vu que Lun trichait tout autant. Voir pire : Lun trichait à une échelle quasiment dix fois plus grande que celle de son camarade et il ne risquait donc pas les mêmes sanction qu’Akira en cas de découverte.

Cependant, alors que Lun regardait son thé, cherchant peut-être à y voir l’avenir qu’il aura avec Elyott, il eu soudainement un sursaut et un rire franc. Un vrai rire, parfaitement moqueur cela dit.
Un rire d’enfant aussi, comme seuls les gamins savent le faire : sans complexe, sans gêne. Les joues rougissant tellement le rire devenait intense.

« Tu sais, parfois j’hésite à me venger… Mais je n’ai pas encore trouvé comment. »

« Te venger ? » Répéta immédiatement Lun dont les yeux pétillaient moqueurs à cette idée. Comme-ci son sempai, aussi charmant soit-il, pouvait se venger. Un lapin ne mange pas un renard. Limite, un lapin avec un fusil peut tuer un chasseur. Or Lun ne se prenait pas vraiment pour un chasseur. Non, non. Akira pouvait-il vraiment se venger ?

… Quelle bonne blague !

Pas vraiment. Et pour éviter de rire, Lun du se mordre les lèvres. Malheureusement, Akira avait décidé d’en rajouter une couche et lorsqu’il commença à prononcer la phrase suivante, ce fut un fou rire malheureux qui sortit du corps de l’étudiant de seize ans. Cette fois-ci, Lun en fut gêné, il détourna le regard et tenta de cacher son visage et de se pincer pour se calmer, se mordant les lèvres.

Se maintenant le ventre pour ne pas pouffer comme un crétin, Lun du détourner le regard, des larmes lui montant aux yeux. Pourtant le fou rire n’arrivait pas à partir. Il tenta d’imaginer comment Akira s’y prendrait pour se venger de lui. Dire à toute l’école qu’il couchait ? Mince, toute l’école était déjà au courant. Dire qu’il trompait Elyott ? Les rumeurs l’inventaient pour lui, alors une de plus une de moi, vraies ou pas !
Lui voler Elyott, peut-être ? Bah, non. Il était trop gentil le Akira pour ça. Alors quoi ? Evidemment qu’il n’était pas assez vil pour ça, mais de là à lui avouer. Lun se mordilla les lèvres, mais l’envie de rire était présente jusqu’à la pointe de ses cheveux blonds à l’ongle de ses doigts de pieds.

La main de Lun descendit sur sa cuisse afin de se pincer de peur de vexer son camarade. Il voulait se faire taire. Son fou rire se calma un peu, et il redressa le regard pour fixer Akira, voulant s’excuser …

Néanmoins dès que Lun redressa le regard pour répliquer qu’il était désolé, que c’était les nerfs qui lâchaient, le fou rire reprit intégralement son corps. A un point où il aurait aimé que cela se stoppe, lui donnant une crampe à l’estomac. Toutes les personnes qui ont un jour connu un éclat de rire devenant légèrement fou savent à quel point c’est douloureux. D’autant que Lun n’avait rien dans l’estomac.

« Je suis … désolé … Akira … »
Tenta de dire l’étudiant entre deux crises de larmes provoquées uniquement par le rire. Des petites gouttes d’eau glissant le long de sa joue qu’il tenta de retirer avec ses mains.

« … mais … mais … tu t’imagines te venger ? Je me fiche royalement de me promener à poil dans l’académie. Tu peux pas entaché plus ma réputation, tu ne dois pas savoir grand-chose sur moi et surtout … »

Une respiration, et le rire au moins partie, même si le sourire moqueur et les yeux brillants demeuraient.

« Tu es trop gentil. De toute façon, je t’ai rendu un service. Je suis un très mauvais partenaire sexuel, et trompé tes amants avec moi aurait été aussi stupide qu’inconscient. Tu devrais plutôt me remercier au lieu d’essayer de te venger …. Au lieu de penser à moi pour … »


Le fou rire se meurt dans le fond de la gorge de Lun alors que le regard de l’étudiant, une seconde plus tôt encore moqueur, devient choqué. Ses yeux s’agrandissant sous la surprise alors qu’il ouvre la bouche et la referme. Lun fixe en mode poisson Akira Alleot. Ses mèches blondes retombant sur un visage devenu aussi sérieux que renfermé.

« Attends … »


En même temps, Lun, ce n’est pas comme-ci Akira allait partir. Il est là depuis un certain temps, avant même que tu arrives et il a encore son thé à boire.

L’adolescent est perplexe. Il ne veut pas se montrer égocentrique, pourtant sa main tremble légèrement. Assez pour laisser percevoir son malaise.

« Tu y penses …. Parfois … »

Lun a du mal à dire les mots. Ca l’effraye. Ca l’effraye car lui avait enterré tout cela au fond de son esprit afin d’oublier.

« .. Tu penses à ce qu’on … »


L’étudiant déglutit encore.

« … »

Il n’arrive pas à dire les mots. Le regard poignard de l’adolescent transperçant désormais son aîné avec une certaine cruauté dans la douceur.

« Sempai, tu te touches en pensant à moi ? … Tu … es frustré de ne pas avoir terminé ? »


Cette fois-ci les mots touchent Lun qui rougit maladroitement, montant la main devant son visage. C’est une situation qu’il n’a jamais rencontrée. Ses amants l’oublient et passent à un autre. Pourquoi Akira voudrait-il se venger ? Pourquoi penserait-il lui ? Ce ne pouvait pas être que la frustration, si ? Alors elle devait être immense. Un peu comme seules les frustrations des nymphomanes savent l’être. Mais elles n’en étaient pas une raison.

C’était étourdissant et effrayant. Angoissant et choquant. Et pas très honnête de la part d’Akira, puisqu’il n’était pas venu le trouver depuis ce jour-là.

« C’est … assez gênant. Akira (…) comment comptes-tu te venger ? »
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MessageSujet: Re: J'ai rien à faire là, moi !    J'ai rien à faire là, moi !  EmptyDim 2 Mai 2010 - 14:38

Ben voyons. L’hilarité de Lun commença par vexer notre blond. Il gonfla les joues, plissant les paupières, pour lancer un regard noir à son voisin. Cette moue enfantine ne s’éternisa pas sur son visage. Au final, le populaire était tellement parti dans son fou rire que ce fut un sourire qui s’empara des lèvres d’Akira. Il était clair que le garçon tentait de calmer son rire de multiples façons, mais c’était plus fort que lui. Sans perdre son sourire, puisqu’il ne pouvait pas s’en détacher, le photographe pointa son nez en direction de sa tasse. Il touilla le liquide encore un peu, par un geste purement mécanique, attendant que l’autre étudiant se calme. Il ne riait pas, mais en voyant Lun déborder de cette joie – même passagère – il ne pouvait plus être vexé. Il finit par relever la tête et plonger ses yeux dans ceux encore hilares de son vis-à-vis. Il le vit pleurer de rire et son sourire devint moqueur. Il ne fallait pas abuser non plus. Après tout, qu’avait-il dit de si drôle ? Pour lui, et à première vue, rien. Mais le personnage qui se tenait en face de lui était vraiment étrange, alors il ne fallait pas s’étonner d’être un peu paumé en sa présence. Akira posa son coude sur la table et nicha sa joue au creux de sa main, y prenant appui. Il cessa enfin de remuer la petite-cuillère dans sa tasse et prit l’anse du bout des doigts. Il s’en doutait bien qu’il ne pouvait pas plus entacher la réputation de ce blond, ce n’était pas son but. La réputation, ce n’est pas quelque chose qui vous suit à vie. C’est inutile de vouloir la détruire. Il n’avait même pas pensé à salir ce brave type devant toute l’académie. Non, à la rigueur, ça aurait été dans sa fierté personnelle et profonde qu’il aurait frappé. Mais, même si l’envie le taraudait, au fond de lui, ce n’était pas du tout de cette façon qu’il se comportait. Alors, oui, il n’avait aucune idée de comment se venger. Ce n’était même pas lui qui en avait eu l’idée, mais un gars qui lui avait lancé ça dans les couloirs, alors qu’il se promenait à moitié nu pour regagner sa chambre. Être épié pendant cette traversée ne l’avait pas gêné, mais il est clair qu’il ne ferait pas cela tous les jours.

Akira soupira, un sourire en coin toujours gravé sur ses lèvres. Son compagnon avait enfin décidé de calmer son hilarité. Ce n’était pas trop tôt. Même si c’était sympathique de le voir ainsi, il y avait des limites. Puis Lun s’excuse. Enfin non, il se donne des excuses pour la dernière fois. Ah ? L’artiste eut un rire bref. Trompé ses amants ? C’était déjà une belle contradiction. S’il en avait plusieurs, il les trompait forcément. Enfin, bon. Il ne chercha pas la petite bête, puisque ce n’était pas le sujet sur lequel il fallait s’attarder. Et puis, il comprenait ce que le populaire avait voulu faire comprendre par cette expression maladroite. Alors qu’il commençait à retomber en admiration pour son thé, son voisin attira son attention. De la même façon que lui, il perdit son sourire. Qu’est-ce qu’il imaginait ? Sa joue quitte sa main, tout son corps se redresse. Il aurait certainement réagit pareil s’il avait eu le droit à une révélation de premier ordre, une confidence affreuse ou tout autre chose beaucoup moins trivial. Il écarquilla légèrement les yeux, ne quittant plus Lun du regard. Il vit d’ailleurs que la façon dont ce dernier le regardait n’avait rien de bon. Il n’allait pas le tuer, mais s’en était proche. Le blond n’aimait pas du tout son regard. Après de vaines tentatives, son acolyte parvint enfin à s’exprimer, à poser la question qui devait l’obsédé depuis la dernière minute. Surpris, le pianiste resta muet, hébété. Il allait s’esclaffer, mi-blessé, mi-outré. Il ouvrit la bouche, les sourcils froncés, mais les mots se stoppèrent dans sa bouche. Il vit Lun rougir et se couvrir le visage. Il resta là, la bouche ouverte, mais son visage était redevenu plus doux. Il passa sa langue sur ses lèvres, avant de les pincer jusqu’à les blanchir et il baissa la tête.

La dernière personne qu’il avait fait rougir comme ça était Myle. Durant un instant, il abandonna complètement la pièce et ce populaire, son esprit partant vagabonder. Vers des contrées plus vertes ? Certainement pas. Pas pour lui. Il se mordit la lèvre et joint ses mains, pour tortiller ses doigts, nerveux. Le flot ravageur du questionnement qui l’usait depuis plusieurs semaines déjà remonta. Une vague de nouvelles questions s’ajouta aux précédentes, procurant en lui une sensation d’être totalement submergé. Il avait même l’impression d’être écrasé par le poids de cette masse informe dans sa tête. Il se noyait complètement. Mais là n’était pas la question. Ce n’était pas le Soleil qu’il avait en face de lui. Non, il avait un Lun gêné, rougissant et apparemment angoissé par ses propres questions. Avec une certaine appréhension, il releva lentement la tête et réintégra brutalement la pièce en apercevant son voisin. Ce dernier cachait son visage et la dernière question passa la barrière de ses lèvres. Akira resta silencieux. Il se contenta d’observer le jeune homme, sans émettre aucune expression. Un long moment passa, avant qu’il ne se décide à prendre la parole.

"Je t’ai dit que je ne savais pas comment."

Il se recula un peu, quand il se rendit compte que sa voix était dure. Il avait lâché ça comme s’il avait une dent contre Lun. Enfin, en théorie, il en avait une, mais pas de là à le prendre en grippe. Il avait parlé, comme s’il envoyait chier le plus emmerdant de ces camarades. Il se mordit la lèvre, pris de remords. Mais ce ne fut que passager. Après tout, c’était aussi le bon moment de mettre les choses à plat, de jouer franc jeu avec le populaire. Il fronça les sourcils et inspira rapidement. Il éleva encore un peu la voix, mais sans crier non plus. Pourtant, son ton devint encore plus sec, plus cassant. La fatigue d’être considéré perpétuellement comme une bonne patte commençait à l’ennuyer fortement.

"Je sais que je suis trop bon, trop con, mais je sais aussi être méchant… Je peux faire du mal pour mon bon plaisir. J’ai…"

J’ai quoi ? Tu vas avouer que tu as pris un pauvre puceau pour satisfaire ta libido ? Que tu es parti comme un voleur, parce que tu as respecté les bonnes mœurs de ta nymphomanie ? Les mots s’étranglèrent dans sa gorge. Hors de question que quelqu’un sache ça. Les rumeurs commençaient déjà à creuser dans cette direction, ce n’était pas pour qu’il se vende aux gars le plus mal réputé du bahut. Il ronchonna, énervé de s’emporter. Mais en réalité, ça lui faisait un bien fou. Et tant pis s’il passait ses nerfs sur ce pauvre Lun. Il croyait qu’il était gentil ? Bah il s’était planté et en beauté. Il se leva et pris appui sur la table, les mains à plat, bras tendus. Encore une fois, sa voix monta. Son agacement montait encore, mais lui aussi, ses joues le trahirent. Elles se colorèrent nettement en un délicieux rouge de bonne prude.

"Je suis un gamin : tant que je n’ai pas ce que j’ai, je tape ma crise. J’ai enfin, je consomme, je jette. Alors oui, je suis frustré. Et oui, tant que je ne t’aurai pas, je penserai à toi. J’ai envie de toi !"

Ses yeux, véritables révolvers chargés, fusillèrent Lun autant que ses mots. C’était dit, il n’aurait pas besoin de lui courir après. Il avait eu tout le temps de le coincer dans un couloir pour lui faire comprendre ça plus tôt. Mais non, plus dans son état. Plus maintenant, alors qu’il était obnubilé par un autre. Il soupira, contractant les mâchoires, avant de sentir son corps entier se décontracter. Il se laissa retomber mollement sur sa chaise, comme vidé. Et il passait pour quoi maintenant ? Il se sentit minable et l’espace d’un instant – très court – il se rappela qu’il était là où il n’avait pas le droit d’être et qu’il aurait mieux faire de rester calme. Avachi, les jambes écartées, les fesses au bord de son siège, il enfouit son visage dans ses mains, comme l’avait fait son voisin juste avant qu’il n’éclate. Il reprenait lentement une respiration plus calme. Il était fatigué. En ce moment, il errait dans les couloirs, trainant son corps comme un pourrait trainer une vieille carcasse rouillée. Il s’envoyait en l’air, de temps en temps. Il sortait, parfois. Il arrivait à rire franchement, par-ci, par-là. Mais rien de bien joyeux en réalité. Il sentit les larmes lui monter aux yeux. C’était bien d’éclater de temps en temps. Passer ses nerfs sur le premier à chercher la petite bête, un peu moins. Surtout que pour l’éponge qu’est le photographe, éclater c’était peut-être mieux, mais après, le vide et le silence entrainait les larmes. Il renifla et fit de grands efforts pour ne pas craquer. Il ôta sa main et inspira lentement, avant d’expirer totalement. Il ne regarda pas son compagnon, ses yeux demeurèrent perdus dans le vague, aussi vides que lui.
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MessageSujet: Re: J'ai rien à faire là, moi !    J'ai rien à faire là, moi !  EmptyVen 21 Mai 2010 - 14:12

[-Ycare, l’étrangère-]


L’insouciance est un élément primordial de nombreuses vies. Chez les tziganes, le mot lendemain n’existait pas. On ne vivait que pour les proches et la vie présente. Vivre intensément et partager le savoir avec les enfants, c’était leurs manières de vivre. La mélancolie, la vie, et les danses se mélangeaient le soir dans les danses autour des violons où les cheveux noirs et bouclés des filles se mélangeaient à la peau abîmé et rude des hommes. Peau de miel contre peau de caramel. On célèbre les morts, plus qu’on ne les pleure.
Chez les anciens marins, on oubliait le lendemain. Le lendemain, c’était la mort. Les marins savaient le risque de leurs travails quand la mer était méconnue et que la banalité des risques ne refroidissait pas ceux qui avait prit pour maîtresse une si exigeante et capricieuse femme.
Les gens qui vivent en pensant à demain oublient qu’aujourd’hui c’est déjà hier. A force de vouloir se souvenir de ce qui s’est passé et de chercher à comprendre ce qui arrivera, on passe une vie hors du temps. Il y a des hommes qui arrivent parfaitement à vivre cette vie-là. Des présidents, des hommes politiques, des rois, et des gens tellement important. Qui retracent le passé et dessine l’avenir. Triste destin que n’avoir celui que prédire une fin qu’on connaîtra tous. L’insouciance n’est donnée qu’aux hommes dont les chaînes du pouvoir les ont libéré.

Toutefois, quand le soir tombera, les violons et les vagues ne danseront que pour les jupes flottantes et les hommes bronzés. Quand la lune viendra regarder ces hommes-là, elle ne sourira qu’à ceux dont les voix s’élèvent dans de grands rires, des bouteilles d’alcool à la main, la fumée des clopes aux lèvres. L’astre ignorera bien ceux qui enfermer dans un bureau termine un contrat, ou endormit dans un lit gâche une vie dans des rêves qui ne se terminent jamais.

Et la Lune ?
Est-ce qu’elle est insouciante ?
Elle, qui ne connaît pas la mort.
Elle, qui ne connaît pas la vie.
Elle, qui n’aura ni enfant.

Ni danse.
Ni violon.

L’écho des vagues d’Akira atteignait Lun sans que ce dernier ne semble le voir. Le jeune marin dont la mer était la phobie abandonnait les premières colorations rougeâtres de ses joues pour écouter le violon de voix. Quelle idée ! Quelle bêtise ! Akira aurait vraiment dû l’oublier. Comme les autres ! Comme les prochains ! Lun aimait se souvenir, les autres devaient oublier.
Il ne savait pas bien comment analyser cette information. Etrange, pour un homme qui avait la même maladie mentale que lui – puisqu’elle n’était clairement pas physique chez Akira. Lun tenta de comprendre son raisonnement. Est-ce que cela ne donnait pas une impression de jeune fille voulant un écureuil dans une chocolaterie bien étrange ? Si c’était le cas, Lun se demandait quel bruit il entendrait en frappant le front d’Akira.
Il le voulait ? Est-ce que cette information suffisait pour dire qu’il l’aurait. Il le voulait, parce qu’il ne l’avait pas eut. C’était sans doute beaucoup ce qui animait les étudiants de cette académie friquée. Narcisse voulait Sora car la racaille était difficile à obtenir. Yume désirait Tadashii pour les mêmes raisons. Et Akira, qui voulait-il vraiment ? Ce n’était pas Lun. Lun est facile à obtenir. Un beau mot, au bon moment. Le jeune populaire résistait peu et on le savait.

Elles étaient nombreuses à être passé dans son lit depuis son arrivée à Keimoo. Il fallait bien le reconnaître. Des filles sans visages, des seins arrondis, des lèvres sortant de l’enfance. Des baisers d’étudiants, d’adolescents, passionnés, fous. Bien plus que tous ceux des adultes. Des souffles chauds. Et puis, l’oublie. Des pleurs, parfois. Des colères, souvent. Et puis les jupons colorés oubliaient et tombaient amoureuses d’un autre. Car là est le mystère de Lun. On n’en tombe pas vraiment amoureux. On le désire, et lorsqu’il disparaît, on rencontre souvent une personne qui provoquera les plus grandes douleurs de notre vie.
Car Lun n’est pas le premier amour de jeunesse, ni le premier d’adulte. Il est juste là. Un temps. Dans l’adolescent, la vie, l’histoire de quelqu’un. Et comme on croise un homme sur un chemin sans se souvenir de son visage, on croise Lun s’en se souvenir de lui.
Lun ne trouvait pas de réponse à donner à Akira Alleot. Que pouvait-il dire ? Ok. Tu veux baiser avec moi, alors baisons. Le jeune homme piqua de la tête pour remuer son thé, rajoutant un sucre – qui rendrait le thé trop sucré. Il avait l’impression de s’être mit tout seul dans un affreux guêpier. Et lorsqu’il était si à l’aise pour mettre des micros dans la salle des professeurs, ouvrir un cadenas qui ne lui appartenait pas et proposer un thé dans un lieu où il ne devait pas être ; il était tout aussi gêné de se rendre compte qu’un jeu était prit aussi sérieusement par son camarade. Je prends, je jette. Les amants d’Akira étaient des mouchoirs blancs, vite usagés, vite jetés. Et personne ne ramasse les mouchoirs usagers. Ils sont détruits et injustement oublié.

« Tu veux me prendre et me jeter ? » Demande Lun d’une voix assez calme, alors qu’il redressait enfin le regard pour analyser les réactions d’Akira. Le sourire n’avait pas disparu du visage de la Lune. Tout cela, n’était pas vraiment un problème. Lun aimait être jeter – dans une sorte de logique incroyable : si on le jette, c’est qu’on la possédé pendant une brève seconde.
Cependant, Lun quand il posa la question réalisa la bêtise de celle-ci. Akira était un gamin, Lun était un jouet. Pourtant c’était bien le jouet qui s’amusait du gamin. Lun n’avait aucunement envie d’être possédé par un être aussi malhabile qu’Akira. Ce dernier aurait eu tôt fait de le briser et de l’oublier dans un coin. C’est vrai, Lun ne veut pas être le jouet préféré puisqu’il ne saurait pas comment réagir. Mais il est arrogant. Assez. Il veut avoir de l’importance. Dans celle d’Akira, quelle est son importance ?


La putain qu’il n’a pas eut.

Le jeune homme se remit à rire en constatant incrédule cette information. Et Lun haussa des épaules, se remettant à boire son thé. C’était étrange la vie. Akira l’avait fait rire, rougir, et l’amusait en quelques mots. Pourtant ni Lun, ni Akira n’avaient vraisemblablement d’atomes assez crochus pour ressentir le besoin de s’apercevoir. Et ce n’était que par hasard, le pur hasard de chaque auteur, qu’ils s’étaient à nouveau rencontrer.
Les rencontres fortuites, celles qu’on décrit dans les livres et qu’on remarque souvent à la télévision. Ces rencontres qui font du chemin tracé, une ligne de petits cailloux à coté. Et on se demande alors ce qu’il faut suivre. L’inconnu aux cailloux incertains ; Le chemin, qui devient ennuyeux.

Lun boit un peu de thé, c’est trop chaud pour une langue sensible, mais lorsqu’il serra froid : Lun ne l’aimera plus. Le thé refroidit le rendrait malade.
« Tu es trop gâté, Akira. » Souligna Lun en plissant les yeux, comme un chat. « Tu me veux, mais tu ne me chasses pas. Tu attends comme un crocodile que ta proie te tombe entre les dents ! » L’image est stupide, mais Lun la dit avec un grand sérieux qui fait un peu contraste à son sourire d’enfant, et ses moues de prince.

Encore un peu de thé ? Oh. Volontiers. L'estudiantin cesse de parler pour avaler son thé. Il est déjà moins chaud. La chaleur lui fait du bien. A la gorge, au corps. Lorsqu’on ne mange plus rien, l’eau chaude c’est déjà un festin. Il faudra vraiment que Lun se remette à manger. Lui si gourmand à son arrivée, perdrait un os. Etre anorexique peut avoir des effets néfastes pour la longévité.
Ce n’est guère le moment de vouloir soigner une maladie psychique ponctuelle chez Lun. Il était toujours dans son raisonnement malgré tout.

« Sans rien faire, tu aimerais me voir tomber. Penses-tu, Sempai, que je sois une revue pornographique que tu achètes en cachette de ton amant dans le bar du coin ? Et que tu lis dans les toilettes, en jouissant sur les pages plastifiées ? Penses-tu que comme pour elle, il te suffit de vouloir pour avoir ? »

L’impétueux blond fixe sans lâcher du regard l’adolescent face à lui, visiblement bien décidé à comprendre ses intentions. Intentions déjà comprises. Il voulait baiser – et non le baiser. Il voulait coucher. Pour passer à autre chose. Dans l’ensemble, tout cela ne dérangeait pas Lun. Seulement le bavard jeune homme aime parler, autant que coucher. Et souvent, il ne fait pas l’un sans faire l’autre. Actuellement, il ne fait que parler tout en terminant son thé. Le temps d’un thé, il fait les psychologues de bas étages. Finalement lorsqu’il aura son travail chez Yui Valentine, cela lui ira vraiment bien.

A se comparer à un magazine pornographique, Lun en oublierait presque il parle de lui-même. Dans sa discussion, il parle de lui comme il parlerait d’une connaissance sans ressentir une grande empathie avec lui. Etre froissé, abîmé, taché, oublié dans les toilettes, cela ne semble pas l’atteindre. Après tout, le magazine est publié en assez d’exemplaire pour se permettre d’être un jouet dans les mains des gosses trop vieux.

« Je te l’ai dit. » Enfin, Lun croyait lui avoir dit. Ca restait encore à vérifier. « Une seule fois. » L’adolescent soupire, prenant la tasse dans sa main pour aller vers l’évier de la salle. Lavant l’objet, avec un peu de produit, laissant couler l’eau sans grand geste pour l’écologie. Le populaire abandonne la tasse sur le coté et se retourne.
« Une fois. » Le populaire sourit, plantant ses yeux moqueurs au niveau de la tête d’Akira, puisqu’il ne pouvait pas voir son regard. Il s’avance dans la direction de l’autre garçon. S’adossant à la table près de lui. « C’est la règle. Tu pouvais et tu peux l’utiliser quand bon te semble. Qu’importe l’endroit, la raison, la durée. Je me fiche de savoir ce qui te pousse à vouloir, à fantasmer. »

La main du populaire glisse sous le menton d’Akira, lui redressant légèrement la tête, son pouce se posant sur sa joue. Sans grande hésitation le jeune homme penche le visage en avant, une nuée cheveux blonds glissant alors autour du visage de l’autre ; ses lèvres effleurant celles de l’autre, mais le baiser ne venant se terminer sur le haut de la tempe.
« Ne te mets pas dans cet état, gamin. Les hommes sont ainsi. Amoureux d’un être, et pourtant ne pouvant s’empêcher d’user des mouchoirs et d’user de revue pornographique. Tant que le couple n’existe pas, on pardonnera. Mais réfléchis bien, suave petit Sempai. Risquerais-tu de le perdre … celui que tu convoites … uniquement pour obtenir la catin de Keimoo ? » La main de Lun quitte le visage du jeune homme. S’asseyant plus confortablement sur le bureau du professeur.

« Veux-tu penser à demain ? Alors quitte cette salle. Ou soit insouciant, et viens …. » Lun tend les bras, riant un peu, joyeusement. « Viens. Si tu n’as pas peur d’éviter les reflets des miroirs, des vitres, des petites cuillères et des yeux de ton amant. »

Les bouts de ses doigts effleurent l’autre jeune homme. Etrange jeune homme. Rougissant, tentateur, et pourtant si peu sûr de lui finalement.


« Allez, gamin. Il est peut-être temps d’accepter d’être un bon amoureux ou un beau salaud ! »
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