Café, jus d'orange ? Je ne te conseille pas le thé... [PV Keio Dupreil]

Elio se laissa tomber sur le dossier de sa chaise. Cela ne servait à rien peut importe le nombre de fois qu’il essaie, les paroles ne venaient pas. Pourtant, il avait parfaitement la mélodie, la musique et le rythme dans la tête. Il ne manquait plus que ces maudites paroles. D’un geste intuitif, il caressa la housse de sa guitare posée à côté de lui. Le thé en face de lui était depuis longtemps froid. Il n’avait aucun goût comparé à celui anglais qu’il avait l’habitude à Nottingham. Pas que les Japonais soient nuls en thé ! Loin de là ! Jusque celui-là était particulièrement infecte.
Il jeta un regard autour de lui, le café étai bondé. Il n’y avait plus une place de libre à part celle en face de lui. Mais qui irait oser venir s’asseoir là ? Vu son look assez… hard… et la tronche qu’il tirait pour l’instant, il faisait fuir tout le monde. Mais il n’y pouvait rien, cette maudite chanson l’énervait au plus au point ! Néanmoins, il avait fait comme d’habitude… Il avait d’abord eu une mélodie et un rythme en tête, ensuite il y a fixé la musique puis il devait s’occuper des paroles dans un endroit bruyant et très fréquenté, c’était là où l’inspiration venait vraiment en lui. Il réfléchit quelques instants… qu’est-ce qu’il avait raté cette fois ? Déjà que rester assis tranquillement plus de dix minutes était un supplice pour lui alors si en plus ça servait à rien !
Vous l’aurez compris aisément, Elio Carolis était en mode grognon. Depuis son retour d’Angleterre, rien n’allait plus… Certains de ses amis avaient disparut, d’autres étaient distants… Il ne savait pas vraiment où il en était…Et franchement, ça le faisait chier ! Quand il pensait que tout cela était à cause de son père… Oui, encore à cause de lui ! Rahh ! Et que cela réussisse à l’affecter, ça l’emmerder encore plus ! C’était un cercle vicieux…

Pour ce changer les idées, il vida d’une traite sa boisson. Après une étrange grimace, il demanda à la serveuse - une maid, bien sûre, il n’y avait presque plus que ça au Japon – un jus d’orange. Il était à peine deux heures de l’après-midi, c’était trop tôt pour de l’alcool et en plus, dans un café de ce genre, ce n’était même pas certain qu’il y en ai.

Elio a toujours été une vraie contradiction à lui tout seul. Il n’avait pas envie de rester assis là à rien faire et il avait la flemme de se bouger les fesses… Dur dilemme. Bon, il venait de commander un truc à boire, autant rester un peu. S’il était dans son état normal – si on peut appeler normal une pile électrique surexcitée – il serait allé draguer les deux filles qui étaient à deux tables de lui et qui ne cessaient de lui jeter des regards éloquents. Mais, pff, pas envie.

Il sursauta violemment lorsque son portable sonna. Rahh ! Mais il y avait pas idée de faire peur comme ça ! La crise cardiaque était proche, mes amis ! Il fit d’autant plus un bond lorsqu’il se rendit compte de l’envoyeur, Lucy. Ça faisait un bail elle… Même lorsqu’il était retourné en Angleterre, il ne l’avait pas revu. C’était son amie d’enfance et certainement sa meilleure amie ! Tremblant et nerveux, il lut le message : Parait que t’étais dans les alentours de Nottingham… Et t’es même pas venu me voir ! Couillon !

Entre eux deux, il faisait toujours dans les mots d’amour. N’empêche qu’un message d’elle lui remonta le moral en une deux ! C’était décidé, lors de son prochain voyage dans son pays natal, il allait la coller jusqu’à ce qu’elle en ai marre ! Il lui répondit rapidement : Si ça te dérange, ramène ton cul à Keimoo !

Maintenant un sourire béat sur le visage, il ré-entreprit d’écrire les paroles de sa chanson. Il avait trouvé le thème : deux amis qui malgré la distance ressentait toujours la présence de l’autre.

Son élan d’inspiration vu rapidement coupé par un gros fracas dans le cas. Tout le monde s’était tu. Le silence présent tranchait parfaitement avec le brouhaha d’avant. Elio regarda autour de lui. Il espérait pour une fois que ce ne soit pas lui qui ai fait une connerie. Mais lorsqu’il remarqua une jeune fille étalée par-terre, cela ne faisait plus de doute qu’il n’était pas le centre de l’attention…

[Si quelque chose te dérange, je peux tout changer >.< ! Alors n'hésite surtout pas ! Mais comme j'ai cru lire que Keio était maladroite... J'en ai un peu profité !]

Debout sous le jet d'eau chaude, Keio profitait un maximum de cette douche matinale. C'était toujours la meilleure façon pour commencer la journée du bon pied. S'étant lavée avec son gel, aux pommes vertes cette fois-ci, elle se rinça rapidement et sorti rapidement de la douche. Elle s'enroula dans une grande serviette, en prenant une seconde pour ses cheveux et alla dans sa chambre. L'anglaise s'attarda un moment sur la fenêtre qui donnait une vue splendide sur le centre-ville. Le soleil pointait sur la ville encore endormie, ses rayons qui promettaient encore une belle journée. Elle sourit en appuyant sa main sur la vitre en pensant à ce qui l'attendait dans un futur rapproché. Bon, allez, il fallait s'habiller si on voulait commencer la journée. Elle alla vers sa penderie, prenant une de ses chemises préférées, une noire assez longue en satin. Bien sûr rien n'allait mieux avec ce haut qu'une jupe de couleur un peu criarde pour déteindre sur le noir, et elle choisit de prendre une jupe courte rouge carmin. C'était un vêtement qui avait appartenu à sa mère. Keio n'était pas du genre à porter des jupes, courtes du moins. En fait, tout vêtement qui laissait voir ses jambes était à éviter le plus possible. Mais à porter par dessus un pantalon noir, ça pouvait aller. Enfilant le tout, elle retourna dans la salle d'eau, se coiffant pour ensuite aller savourer son petit déjeuner. Un sourire rêveur puis, un téléphone qui sonne. Mince, c'était le réveil, enfin, l'alarme qui lui disait qu'elle devait déjà se trouver à l'Académie si elle ne voulait pas être en retard. Keio n'était pas comme la plupart des élèves, le matin, elle mettait du temps pour se rendre à l'école. Pas question d'arriver à la dernière minute.

Attrapant son sac en bandoulière, elle le posa sur son épaule droite puis, enfournant dans ses poches de son pantalon son portable, elle sortit de la maison, se mettant en marche vers le lycée. Aujourd'hui il faisait très beau, le soleil brillait avec joie dans le ciel qui n'avait aucun nuage. Un petit sourire et Keio se mit en marche, calmement mais, surement. D'ailleurs, elle dut quelque peut accélérer la cadence en voyant que, si elle ne se dépêchait pas, elle serait en retard, et ça il n'était pas question. C'est donc une trentaine de minutes plus tard qu'elle franchit les portes de l'amphi, allant à sa place habituelle. Elle regarda rapidement l'heure « 10h47 ». Parfait, elle avait encore un peu de temps. Se détendant légèrement, elle se mit à discuter avec son voisin et ce, jusqu'au moment où le professeur pénétra dans l'amphi. Plus un mot ne fut prononcé enfin, jusqu'au moment où ce dernier les regarda en souriant. L'atmosphère se détendit d'un coup, et le cours put commencer.

Quelques heures plus tard, tous purent quitter et c'est ce que fit Keio, tandis que son ventre gargouillait. L'idée de se rendre au centre-ville pour prendre un petit quelque chose se fit tentant et elle succomba, allant errer dans les rues. L'affiche d'une amandine dans une petite fenêtre attira le regard vert de la jeune femme et c'est d'un pas décidé qu'elle entra dans le café.
Un petit tintement se fit entendre lorsque Keio ouvrit la porte et une douce effluve de café vint aussitôt attaquer son odorat, la faisant fermer les yeux sur le coup. Mhm, c'que ça sentait bon... tellement bon qu'elle ne vit pas où elle allait et...

BANG

L'anglaise venait de percuter un serveur, qui quelques secondes auparavant tenait un plateau qui se retrouva aussi sur le sol...ainsi que son contenu. Keio grogna un peu, avant de s'asseoir, passant une main dans ses cheveux où quelques morceaux de chocolats avaient élus domicile. Heureusement pour elle, le café et le jus d'orange avaient décidés d'épargner la jeune fille, mais de tacher un peu son sac. Qu'à que cela ne tienne, elle ferait un tour à la toilette plus tard. Se redressant, elle ramassa ce qu'elle put en s'excusant maladroitement, du rouge sur les joues. Pourquoi il fallait toujours que ça lui arrive qu'à elle ces trucs là...
Poussant un soupir, elle se releva et sourit aux gens qui la regardaient, pas du tout fâchée. Humiliée un peu, oui, mais bon, le ridicule ne tuait pas. C'était une chance.

D'un coup d'oeil, elle remarqua la seule place libre et se dépêcha d'y prendre place, sans remarquer qu'il y avait quelqu'un en face d'elle. Enfin, un serveur, qui devait avoir au pire trois ans de plus qu'elle, vint prendre gentiment sa commande. Keio s'excusa encore une fois pour tout-à-l'heure, avant de commander.
-Humm, oui je, je vais prendre un chocolat chaud avec de la cannelle et de la crème fouettée sur le dessus, puis une amandine s'il vous plaît!!
Le serveur hocha la tête et prit la direction du comptoir, tandis que Keio soupira une nouvelle fois, son regard se posa enfin devant elle, rougissant un brin en s'apercevant qu'elle n'était pas seule.
-Oh, pardon...tu..tu attendais quelqu'un?
Oui, car si c'était le cas...toute cette mésaventure n'aura servie à rien et elle devrait repartir manger ailleurs...

Les miettes dans les cheveux lui allaient plutôt bien… Néanmoins, elle les retira bien vite et se releva. Elio lâcha son stylo pour se concentrer sur la scène. Etrangement, cela ne le dérangeait pas de ne pas être le centre de l’attention.

Cette fille était drôle. C’était la première chose qui vint à l’esprit d’Elio lorsque celle-ci s’assit sans le regarder à sa table. Il attendait impatiemment le moment où elle remarquerait qu’elle n’était pas seule. Cela ne se fit pas attendre.

A la question de la jeune fille, il ne répondit que par un sourire. Un sourire franc et amusé. Elle était jolie, mignonne, même. Il profita de la détailler un peu mais s’arrêta bien vite par peur de la déranger. Cette demoiselle l’intriguait. Et pour intriguer Elio, il fallait y aller ! Quoi que… Enfin. Cela dépendait tout des gens. Mais il sentait quelque chose de spécial en elle qui n’était pas vraiment déplaisant, surtout étrange.

Lorsque le serveur revint avec la commande de la maladroite, Elio repiqua le nez dans ses notes. Ce n’était pas tout mais il était en plein milieu d’un truc, là. C’était rare les moments où il était vraiment concentré, alors autant en profiter maintenant. Ça y est, merde. Il avait envie de fumer. Fallait s’y attendre, tôt ou tard, cela le rattraperait. Nerveux, il se mordit inconsciemment la lèvre inférieure. Il avait bien vu en rentrant dans le café le panneau interdit de fumer.

Raah ! Il devait penser à autre chose ! Il était en plein élan d’inspiration !! Son portable le rappela à la réalité en sonnant l’arrivée d’un SMS. Il l’ouvrit sans attendre. C’était de nouveau Lucy. Fais Gaffe, j’vais te prendre au mot ! Cela lui tira un sourire. Il écrivit vite que c’était ce qu’il voulait avant de se re-concentrer sur sa foutue chanson.

Les mots jouaient et se chahutaient dans son esprit mais dès qu’il tentait de les attraper, ils filaient entre ses doigts. Alors qu’il avait enfin un thème, s’étaient les mots qui le fuyait. Il devait être maudit aujourd’hui. Manquerai plus que la jolie demoiselle en face de lui soit un petit démon derrière une enveloppe d’ange et se sera la fin pour ses nerfs.

En y pensant, il releva les yeux sur elle. Ses vêtements lui allaient bien. Elio aimait bien son style, pas très compliqué mais classe. Même s’il ne l’avait jamais remarqué, elle était peut-être de Keimoo, qui sait ? Il n’avait jamais eu une très bonne mémoire visuelle et le nombre de gens qui étudiait à l’académie le dépassait. Même s’il y était assez connu, cela ne voulait pas dire que lui connaissait tout ce qui le connaissait.

Heureusement pour elle, elle n’avait pas pris de thé. Elio aurait bien aimé le lui déconseillé mais il n’en avait pas eu le temps. Il se surprit à dévisager une nouvelle fois sa voisine. Il fallait qu’il arrête. Elle avait au moins l’honneur de lui faire penser à autre chose que fumer ou ses maudites paroles. Sans aucune raison, un sourire s’accrocha au visage du chanteur.

Il tendit sa main par-dessus la table et prononça en japonais :

- Je m’appelle Elio.

Et le tout avec un sourire charmeur, bien sûre.

(C’est plus court qu’avant… Mais comme avant, au moindre problème, je change >.< !)

Un doux parfum flottait dans l'air autour de la populaire, et donc, maintenant à la table qu'occupait aussi Elio. Non pas une senteur de fraise, ou encore celle de la vanille (même si c'est celle qu'elle préférait), mais un arôme alléchant de viennoiseries qui venaient titiller tous vos sens. Le genre d'odeur auquel il est impossible de résister. C'était quand même pas la faute de Keio si elle avait fait un face à face avec un serveur qui tenait un plateau contenant chocolatine et amandine.

Le ridicule ne tue pas, fort heureusement. C’était la maxime principale de Keio. Maladroite comme elle était, si elle devait commencer à s’en faire avec chaque incident, elle n’était pas sortie du bois. C’est donc avec ça en tête qu’elle alla s’asseoir pour donner sa commande. Un bon chocolat chaud nappé de crème fouetté et saupoudré de cannelle et on oublierait tout ça. Les yeux verts se posent alors sur la chaise en face d’elle pour se rendre compte qu’elle venait d’envahir la bulle de quelqu’un d’autre. La politesse obligeait de demander si elle dérangeait. Bon, c’est qu’elle est comme ça Keio, que voulez-vous.

Ha, le jeune homme venait de lui sourire suite à sa question. Habituellement, c’était bon signe. La populaire remarqua rapidement qu’il la détaillait des yeux, mais ne s’en offusqua pas. Après tout, elle n’était visiblement pas japonaise, vu sa tignasse rousse et ses yeux de la couleur de l’émeraude. Il devait se demander ce qu’elle faisait dans le coin, ou à quel endroit il l’avait déjà vu. Oui, car vu son âge il devait lui aussi être à Keimoo.

Ha enfin, voilà le serveur qui revenait déjà avec sa commande. Keio se passa la langue sur les lèvres, de façon totalement innocente, rien qu’à l’idée de savourer ce breuvage chocolaté et sucré.

-Merci

Son japonais était parfait, mais pour une oreille avisée, il était facile d’y déceler un accent. Keio s’empara alors de l’amandine et en arracha un bout avec ses dents, avant de le déposer dans l’assiette. Ensuite, elle prit la tasse avec ses deux mains, fermant les yeux , et trempa les lèvres dans le chocolat chaud pour en prendre une gorgée.

-Délicieux!

Elle releva les yeux sur la personne avec qui elle partageait la table, et remarqua qu’il semblait être nerveux. La lèvre qu’on mordille, habituellement est soit un signe de nervosité ou d’impatience. L’anglaise se demanda ce qui pouvait bien tracasser le jeune homme lorsqu’un téléphone sonna, soit celui du dit nerveux.
Il le prit, un SMS, et sourit avant de répondre rapidement.
Enfin, tout ça ne la regardait pas…et elle détacha un second morceau du croissant, pour le mettre dans sa bouche. Accompagné du breuvage, c’était trop exquis. Même si ça laissait une jolie trace de mousse au-dessus de sa lève supérieure. Ha les joies de la crème fouettée.

-Je m’appelle Elio.

-Oh!

Keio déposa sa tasse, et tendit la main pour serrer celle qu'on lui offrait, se passant la langue sur les lèvres pour recueillir ce qui pouvait rester de crème, avant de lui rendre son sourire.

-Moi, c'est Keio. Keio Dupreil! Enchanté Elio. Dis, tu n'es pas d'ici.. n'es-ce pas?

Keio et la subtilité...

-''Papa, papa, t'as vu ma moustache, dis t'as vu??''

À la droite du punk, un père et son garçon, un gamin aux cheveux d'ébène et aux yeux bleus comme le ciel, prenaient chacun un dessert. Cela devait être une sortie spéciale Père-fils. L'enfant n'avait pas pu s'empêcher de faire remarquer à son père la moustache que la mousse de son chocolat chaud lui avait faite sous le nez. L’homme sourit à son fils, avant de prendre une serviette de table et de lui nettoyer le visage, avec un regard attendri.
Keio sourit en regardant la scène, puis revint ensuite à son compagnon de tablée. Alors il parlait aussi l’anglais, ça c’était un point en commun avec la populaire.

-Oh, vraiment?!? Tu viens d’où exactement?!? Moi je suis né en Allemagne, mais j'ai surtout vécu à Londre.

Merci Keio, mais c’est pas parce que tu veux faire connaissance avec un étranger que tu es obligée de lui raconter toute ta vie…Bref… pour elle c’était normal, que voulez-vous. Elio avait raison de ne pas comprendre le but de la question puisqu’il n’y en avait pas vraiment, sauf tenter de faire plus ample connaissance.

Elle avait des amis oui, elle était quand même dans la catégorie des Populaires à Keimoo, mais on en avait jamais trop. Enfin, disons que des ‘’vrais’’ amis, c’était très rare à trouver et surtout difficile à garder. Ho, justement, elle avait promis à Brieg qu’elle l’appellerait aujourd’hui. Fouillant dans son sac, elle sortit son cellulaire argenté, s’excusant rapidement à Elio.

-Ce sera pas long, j’dois faire un appel avant d’oublier encore.

Elle composa un numéro et mit l’appareil à son oreille, plantant ses yeux émeraudes dans ceux du punk en attendant qu’on réponde. Après trois sonneries, Keio allait raccrocher lorsque la boîte vocale de Brieg se mit en marche.

*En fond sonore de la musique et des bribes de discutions.*
- Vous êtes bien sur la messagerie de Bri' mais...
- Putain! Ban!! Rends-moi mon portable!
- Mmmh... Non! Bon comme vous pouvez l'entendre il ne peut pas vous répondre donc laisser un message et il vous rappellera demain matin. Ce soir je le garde pour moi.
- Ban tu fais chier!
- On règle ça au...
*BIIIIIP*


Un moment, les sourcils de Keio se froncèrent, un air dubitatif sur le visage, avant qu’elle se décide enfin à parler.

-Hmm, Brieg c’est Keio. Enfin, je devais t’appeler concernant le film de vendredi, mais bon t’es pas là. Alors, on s’en reparlera. Bye bye!

Un soupir, puis elle raccrocha, avant de ranger l’objet dans son sac. Bon…elle attendrait qu’il lui donne un coup de fil, ou de le revoir. Après ce qu’elle avait entendu…même si ça ne la regardait pas.

-Ha oui pour ta question...hmm, oui je suis de Keimoo. Enfin, mon père y travaille, alors j'ai suivi quoi.

Pas besoin de spécifier de quel professeur il s'agissait. Ou si c'était le cas, ce serait plus tard. Keio devait se demander avant si elle avait envie de divulguer cette inormation ou pas

En Allemagne ?! Elio n’y était jamais allé… Et ce n’était pas le genre de pays qu’il désirait visiter. Aucune référence musicale de ce pays ne lui venait à l’esprit. Non, il n’y irait certainement jamais… A moins qu’un futur groupe mondialement connu ne se révèlerait être allemand ! Et encore, seulement si le Punk le apprécierait… Ce qui limite les risques, avouons-le. Par contre, l’Angleterre, il connaissait bien. C’était tout de même le pays dans lequel il avait toujours vécu avant d’atterrir à Keimoo ! Londres… Il n’avait pas particulièrement de préférence pour la capitale mais c’était une jolie ville, bien qu’un peu trop grande à son goût… C’était dur de se faire connaître dans ce genre de ville !

Il termina son jus d’orange. Le café était bondé mais quelques tables commençaient à se libérer. Si Keio voulait, elle pourrait changer de place. Elio espérait-il qu’elle reste avec lui ? Il ne le savait pas vraiment. Et de toute façon, qu’avait-il pour la retenir, si jamais elle décidait de partir ? Rien. Il n’avait aucun droit sur elle et elle n’avait aucun droit sur lui. C’était étrange cette relation… ou cette absence de relations lorsqu’on connaît à peine quelqu’un. On balance le pour et le contre, pour savoir ce que cet étranger pourrait nous apporter. Les humains sont calculateurs à un tel point que cela en devient abject. Le Punk détestait cette facette de l’humanité, comme bien d’autres, d’ailleurs.

Il secoua la tête. Les pensées philosophiques ne lui réussissaient jamais vraiment. Là toute suite, Elio Carolis rêvait d’un merveilleux concert. Les membres de son groupe se déchaînerait et le publique les acclameraient. Ce serait magnifique ! Malheureusement, ce concert n’était pas prévu pour le moment. Il soupira. Lâcher des soupirs ne lui servait à rien et il le savait. Mais parfois, il se sentait un peu obligé. C’était plus fort que lui. Même les piles sont à plat au bout d’un moment !

Patienter le temps de son coup de fil ne le dérangeait pas. D’abord, parce que ce ne serait certainement pas long – à part si c’était une de ses pipelettes qui y passaient des heures -, ensuite parce que cela voulait dire qu’elle avait l’intention de rester à cette même place. Etrangement, cela le rendit plutôt heureux. Simple petit plaisir de la vie, le genre de truc que l’on oublie vite mais qui est toujours agréable sur le moment.

Elle était de Keimoo ? Ah ! Mais alors comment cela se faisait-il qu’il ne l’avait jamais vu ?! Aie, son père était professeur… Cela voulait dire qu’il y avait des « chances » qu’il l’aie… Pas bon pour sa réputation envers Keio ça. Enfin… tout dépendait de ça relation avec son père, bien sûre. Si cela se révélait être comme les Carolis… Enfin bref. Tout ça pour dire que les rapports enfants/parents n’étaient pas toujours tout roses.

- Ah… Alors peut-être que tu me connais de nom… Je suis le Représentant des Punks au Comité des Elèves.

Pour une fois, ce n’était pas par vantardise qu’il disait cela. Il voulait juste qu’elle le connaisse et tenter de l’attirer. Oui, en quelques sortes il l’a draguait. Mais c’était beaucoup plus subtil que la plupart des approches. Il héla le serveur pour qu’il lui ramène un nouveau jus d’orange. Puis il demanda les additions, la sienne plus celle de Keio. Autant faire dans la galanterie pour attirer quelqu’un et il faut l’avouer, avec son paternel, il n’avait pas beaucoup de problèmes d’argent.

- Tu veux prendre autre chose ?

Il espérait sincèrement qu’elle lui réponde par une affirmation. Cela pourrait allonger leur temps ensemble, non ? En plus, ils étaient bien comme cela…[/list]

ich liebe dich…
C’était les seuls mots que Keio connaissait de l'allemand. C’était ce que son père, biologique, lui disait à chaque soir avant de la border pour qu'elle passe une bonne nuit. On ne doit pas oublier qu’elle était née en Allemagne, mais n’en gardait que très peu de souvenirs. C'est un peu normal puisqu'elle quitta sa contrée avec sa mère pour Londres avant ses cinq ans. Faisant un trait sur la vie qu'elle aurait pu avoir si elle était restée dans ce château. Renonçant à la vie de la princesse Keiki Olina Vandebûch.

Ha, Londres et sa pluie éternelle. Plusieurs touristes pestaient contre le mauvais temps qui y régnait, et pourtant, Keio s'en extasiait presque. La capitale de Londres et ses beautés : Big Ben, Tower Bridge, Covent Garden, Oxford Street, Piccadilly Circus, le Palais de Buckingham, et j'en passe. Elle était aussi réputée pour son ambiance toujours un peu sinistre. Londres était glauque, sombre et mystérieuse. Elle était aussi belle, enivrante et pleine d'opportunités.
Keio y avait passé la moitié de sa vie, et avait su apprécier toutes les bonnes choses que cette ville lui apportait. C'était la raison pour laquelle elle disait la plupart du temps que c'était l'endroit où elle était née. Comme ça, il y avait moins de questions, et donc, moins de chance de devoir raconter sa vie. Keio Dupreil était anglaise, point à la ligne.

Elle termina son chocolat chaud en deux dernières gorgées. Son croissant aux amandes était depuis longtemps disparu de l'assiette, dévoré en quelques minutes à peine. Il était trop bon, et puis Keio raffolait de ce genre de choses. Elle repensait encore au message sur la boîte vocable de Brieg et en restait encore perplexe. Pas qu'elle était nécessairement jalouse, ou quoi que ce soit, mais.

-Hm?

Keio-la-tête-dans-les-nuages, ça aurait dû être son vrai nom. Elle secoua la tête et lui offrit un sourire, comme pour se faire pardonner d'avoir manqué sa question, trop perdue dans ses pensées. Elle le fit donc répéter et tapa de deux doigts sur la table, les sourcils froncés comme pour se rappeler de la liste des élèves inscrits sur le Comité de l'école, mais surtout de celui qui représentait les punks. Puis, ses doigts s'immobilisèrent avant qu'elle ne se redresse, se levant de sa chaise, toute contente d'avoir trouvé le nom qu'elle cherchait.

-Elio Carolis!?! C'est ça!!

L'anglaise tourna la tête, se rendant compte du nouveau silence dans le café, et reprit place sur sa chaise en rougissant légèrement. Pour attirer l'attention sur elle, elle était bien partie. Pourtant, ça ne l'empêcha pas de continuer comme si de rien n'était la conversation.

-Dis donc, t'es assez connu alors pour être représentant au comité. T'es content d'avoir été choisi?

Bon d'accord, avouons-le, Keio aurait aimé être nommé dans la catégorie des populaires. Même si, peut-être qu'elle ne rentrait pas tout-à-fait dans le moule, comme diraient certains. Certes oui elle était belle, mais pas ''peste'' comme certaines. Elle ne pouvait donc pas égaler le représentant des populaires, soit Jun Masato. à bien y penser, la rouquine aurait bien cadré dans les intellos.

Bref, le serveur revint avec les deux additions et le punk se proposa pour lui payer la sienne. Keio lui sourit, ne s'en offusquant pas le moins du monde. La galanterie était tellement rare de nos jours, qu'on devait en profiter quand elle se présentait.
Se faire draguer?!? Ben voyons donc, l'anglaise n'en était pas consciente le moins du monde. Candide direz-vous?!? Juste un tout petit peu... mais plus dans le sens ''chaste'' que simple d'esprit.

-Je n'ai plus vraiment faim, mais je prendrais peut-être une tisane! Tu crois qu'ils en ont des bonnes?

Comme s'il le savait Keio....

Elio acquiesça avec un immense sourire. C’était fou, pour une fois qu’il ne précisait pas qui il était dans les détails pour l’Académie Keimoo… Faut croire que malgré tout il était assez célèbre… Cool !


- Ouais, assez !


C’est vrai que lorsqu’on lui avait annoncé qu’il était le Représentant des Punks, il avait fait une de ses têtes ! Faut dire qu’il savait même pas qu’il y avait un Ancien Comité des Elèves, alors comment voulez-vous qu’il sache qu’il faisait parti du nouveau ?! Bon, c’était chouette, pour la frime, la réputation et l’abus de pouvoir, il devait l’avouer… C’est d’ailleurs pour ses raisons qu’il avait accepté. Cependant, il n’avait pas du tout penser qu’il devrait assister aux réunions, faire de la paperasse, s’occuper des nouveaux, gérer les problèmes des autres Elèves,… Enfin bref ! Il s’était engouffré dans un beau merdier ! Bon, il allait assumer. Il s’y était mis tout seul, de toute façon.

Elio grimaça lorsqu’elle parla de tisane. Le thé et la tisane n’étaient pas la même chose mais… C’était très proche… Alors sûrement qu’il y aurait un peu le même goût. Il devait le lui déconseiller mais il hésita. Ça faisait pas con, un Punk qui aimait le thé ? Ça cassait toute son image ! Bon, on s’en fout. Il aime ce qu’il aime et toc ! En plus, étant un anglais presque pur souche, c’est presque logique qu’il boive du thé, non ?


- Je te déconseille le thé et tout ce qui s’en approche ici… Je crois qu’ils ont oublié la date de consommation… chuchota-t-il pour pas que seule Keio l’entende.


Il jeta un coup d’œil dans son porte-monnaie. C’est bon, il avait encore pas mal d’argent. Faudrait qu’il pense à en redemander à son tuteur. Elio passa une main nerveuse dans ses cheveux. Wilson avait prévu de serrer son budget… espérons qu’il ai oublié. Bah. Au pire il prendrait un petit boulot à côté ! Il n’avait aucune envie de revoir ses dépenses.

Eh ? C’était quoi cette sonnerie ? Merde ! Quel con ! C’était son portable ! Il décrocha rapidement après avoir regardé le nom qui s’affichait sur son écran. Il fallait tout de même savoir s’il devait parler en anglais ou en japonais… Bon, anglais pour Wilson, en parlant du loup…


- Elio.
- « … »
- Yes…
- « … »
- No.
- « … »
- Yes.


Il boucla. Discussion très constructive. Bon, de toute façon il avait l’habitude avec son majordome. Ce dernier lui avait demandé si Elio comptait rentrer bientôt. Et apparemment, il n’avait pas apprécié la réponse. Malheureusement pour le Punk, Wilson connaissait parfaitement son emploi du temps scolaire donc l’adolescent n’avait aucune chance pour mentir… Donc quand Wilson l’avait questionné s’il était avec une fille, Elio avait naturellement dit oui. En rentrant, il allait se faire sérieusement engueuler.


- Désolé, je devais décrocher.


Il devait partir. S’il ne partait pas, cela mettrait en péril sa présence à Keimoo. Il était déjà en porte à faux en ce qui concernait le fait qu’il reste au Japon… pas la peine d’en rajouter. Il fit un sourire contrit à sa nouvelle connaissance. Il se leva en faisant rincer sa chaise sur le sol. Il attrapa ses affaires et s’excusa :


- Je dois y aller… On se reverra peut-être une fois à Keimoo ! Bye !


Et il partit sans se retourner. Tant pis s’il pleuvait dehors… il serait juste bien mouillé arrivé à la maison.

[Tu veux poster une dernière fois ou on clos ?]

[Topic clos, merci]