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 Je te plante dans les yeux les aiguilles de l'amour. [Tsu]

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Zakuro Fea
▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
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MessageSujet: Je te plante dans les yeux les aiguilles de l'amour. [Tsu]   Je te plante dans les yeux les aiguilles de l'amour. [Tsu] EmptyJeu 4 Juil 2013 - 2:16


    J'ignore réellement comment Senta avait réussi à me faire opter pour, mais finalement, j'y étais allé à cette soirée désorganisée, aux hôtes accueillants, mais inconnus à ma connaissance, et à cette ambiance qui était allé crescendo. Il y a avait eu de la musique, de l'alcool, des danses en collé-serré, des embrassades, des bousculades, des cris, des guerres, des rires, de l'ivresse, et énormément de connerie. Vraiment. J'avais été de ceux qui s'étaient tenus un peu loin des autres, parce qu'incapable de toucher à l'alcool autrement qu'avec les yeux, j'avais préféré rester dans mon petit monde d'observation et de contemplation de ces amis, de ces jeunes, qui tombaient sur le sol, sur les canapés, l'haleine chargée d'odeurs fétides. Les festivités, organisées par un certain réseau de l'Académie, avait regroupé plusieurs types scolarisés à l'Académie Keimoo, mais la fête en elle-même, cette déchéance des sens moraux et du droit-tenir, avait eu lieu dans un quartier banal de la ville. Après ! Il était hors de question que je me plaigne. Parce que je m'amusais indubitablement. Incapable de danser, j'avais pourtant été entraîné dans une sorte de mix de gangnam style, une chorégraphie, que accessoirement, je pouvais savoir reproduire, et l'ambiance s'était montré assez portante pour que je me prête au jeu. Il n'y avait rien de dur à se refaire les pas de danse de Psy lorsque les rires et la joie se communiquait par de simples regards.
    Néanmoins, il était presque trois heures du matin, et je n'avais pas surveillé l'heure. Incapable de me décider de ce que je devais faire, j'avais finalement opté pour le simple fait de me poser sur le canapé, et d'attendre que la fête se termine, que les esprits se refroidissent, et que certains, dans le même cas que moi, se rendent compte qu'ils étaient désormais dans l'incapacité de retourner jusqu'à l'Académie où, comme moi, ils séjournaient. J'attendais, plein d'espoir, mais la fête refusait de mourir. Agitée dans tous les sens comme un animal sauvage et excité, elle se prolongeait sur des spectacles qui devinrent de plus en plus navrant. La drogue avait son entrée, surgissant de nulle part, et les danses trop osées ne m'intéressaient plus. Déambulant dans les locaux de l'appartement, me plaquant parfois contre les murs pour laisser passer ceux qui devaient absolument se rendre aux toilettes, dans des manifestations affligeantes de malaises, je me mis à me sentir un peu fantôme. Particulièrement fatigué, j'arrivais sur le balcon, déjà bien occupé. Motivé par l'idée qu'un peu d'air frais me ferait du bien, j'y restais néanmoins, ignorant les amis des amis qui s'y trouvaient. Glissant mes mains sur mon visage, je tentais de chasser une migraine qui faisait son approche, lorsque quelque chose me heurta de dos. Quelque chose de liquide coula contre ma colonne, et me retournant, vaguement angoissé, je contemplais un type de petite taille, qui tenait deux verres, l'un d'eux bien vidé, -sur moi, en l'occurrence-, l'autre chancelant dans sa main. Je refermais mes doigts sur sa main, pour raffermir sa poigne. Il ricana, et me tendit le verre, vidant l'autre dans son gosier, rentrant à l'intérieur de l'appartement. Circonspect, je tournais les yeux vers les jeunes à ma gauche, qui semblait trop shootés pour avoir porté le moindre intérêt à l'incident, et gonflant mes lèvres dans une expression désabusée, j'étudiais le verre. Le liquide était transparent, et inodore. De l'eau ? Comme par hasard, ma gorge se mit à réclamer une hydratation à ce moment là. Je bus. Sans même me poser de question.

    Il fallut un peu moins d'un quart d'heure avant que les premiers maux de tête ne m'assomment sur le canapé. Ramenant mes jambes contre ma poitrine, prenant ma tête entre mes mains, les prunelles fendues sous le shoot, je contemplais un monde qui se découvrait de brusques ressemblances avec un kaléidoscope. Les gens qui dansaient et bougeaient devinrent des formes floutées, dans ma perception des choses, et tétanisé, j'observais les visages se découper dans une sorte de cubisme coloré et arrangé par un sculpteur particulièrement mauvais. Une partie de mon cerveau m'indiquait qu'il devait y avoir eu un stupéfiant dans l'alcool, mais l'autre partie de mon cerveau n'en avait strictement rien à foutre, et tentait vainement de m'endormir. Je ne dormais pas, cependant. JE ne dormais pas, incapable de fermer les yeux, mes prunelles hallucinées courant sur ce que je voyais, ayant la curieuse impression de me balader dans une très mauvaise version graphique d'un jeu vidéo. Tentant de me relever, je bousculais des gens. Des gens qui se mirent à rire, et les échos de leur hilarité résonnèrent dans ma tête, provoquant une douleur insupportable. Quelqu'un m'aida à me rendre dans un endroit calme, et là, me laissant glisser contre un mur, je m'asseyais au sol. Il me fallut un certain temps pour comprendre que je devais me trouver dans une cage d'escalier, où quelque chose comme ça. Un endroit gris, avec des escaliers. Mouais. Les yeux plissés sous la concentration totale dont je faisais preuve, je contemplais le mur, persuadé d'avoir vu apparaître une baleine verte aux milieu des faïences.
    Il y eut un mouvement, et lorsque la porte de l'appartement s'ouvrit à nouveau, je relevais les yeux sur un individu de grande taille, aux cheveux blancs. Une seconde d'identification m'assura que ce n'était pas Chess. J'avais vérifié. Chess n'était pas venu. Heh. Posant ma main sur le mur, je me relevais lentement, ignorant le fait que le sol se mette à dangereusement tanguer sous mes pieds. Je me redressais de toute ma hauteur, et me plantant devant le type, cherchant désespérément à voir son visage, au milieu de mon brouillard mental, j'articulais lentement, avec un soin particulier.

    « Toi, t'as... Une tronche. De. … Mouton. Blanc. »

    Si. Les cheveux. C'était tout blanc. Pendant quelques instants, j'eus le mot « immatérialité » qui flotta dans ma tête, mais mon cerveau considéra que c'était un terme trop compliqué à comprendre pour mon état, et je levais la main, entre nous deux, pour déclarer quelque chose que j'appuyais avec soin. Très certainement. Sauf que je restais silencieux, les lèvres entrouvertes, les yeux plissés, à essayer de me souvenir de ce que je voulais dire. Au temps pour moi. Je n'étais plus en état de marche. Je baissais la main, me détournant du type, m'approchant de l'océan qui venait d’apparaître devant nos pieds. Un sourire tendre étira mes lèvres, et je me tournais vers le type.

    « Tu ne devrais pas essayer. Les moutons ne savent pas nager. »

    J'avançais d'un pas, pour avancer dans l'océan, et mon cerveau analysa avec une sorte de lenteur effroyable le fait que je ne trouve jamais le fond de la mer à laquelle je m'attendais. Une sensation de vide sous mon pied, et dans un « oh … » contemplatif, je partais dans une chute avant dans les escaliers. Roulant sur moi-même, mon corps assurant une roulade avant trop maitrisée, qui m'explosa l'épaule et le coude, je ne cessais de rouler qu'une fois arrivé en bas des marches. Me relevant d'un bond, j'écarquillais les yeux sous le choc, les prunelles fendues.

    « Wow ! »

    Grisé, perdu dans une lucidité effrayante, je contemplais le haut de l'escalier duquel je venais de chuter, et stupéfait, observait mon hybride de mouton. Puis, je pris conscience de la douleur dans mon bras, de ma hanche, et de mes flancs. Okaj, j'avais mal. Je posais la main sur mon épaule, le souffle court. Les hallucinations, dans des soubresauts perfides, laissaient apparaître l'océan sur toutes les surfaces ombrées de la cage d'escalier, et cerné par une mer illusoire, je décidais que mon repère restait le type-mouton. Je l'avisais.

    « Excuse moi. Je fais quoi, maintenant ? »
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▼ Université - 4ième année - Comité des Elèves
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MessageSujet: Re: Je te plante dans les yeux les aiguilles de l'amour. [Tsu]   Je te plante dans les yeux les aiguilles de l'amour. [Tsu] EmptyJeu 11 Juil 2013 - 0:26

Je te plante dans les yeux les aiguilles de l'amour. [Tsu] 310 Je te plante dans les yeux les aiguilles de l'amour. [Tsu] 410 Je te plante dans les yeux les aiguilles de l'amour. [Tsu] 510
"Je veux pas mourir en caleçon."


    Cette fête est un désastre.
    Chaleur d’étuve, regards absents et déhanchés pressés autour du comptoir. Et puis nous. J’ai avalé ma salive d’une façon bruyante et un peu crade, mais je me sentais comme ailleurs, emporté par ses boucles rousses ou son air désinvolte de princesse qui me réduisait à néant, l’espace d’un instant, juste un. J’suis pas un faible, j’ai même toute la force du monde sur mon dos, c’est pour ça que j’ai les épaules légèrement voûtées. Mais la force du monde entier, c’est que de la misère, une boule entière de matière fécale qu’on m’aurait étalé tout partout, le genre de potion dans laquelle je suis tombé dedans, quand j’étais môme, et que mes parents, trop imbus d’eux-mêmes, n’ont jamais su m’enlever. Ici puis là-bas, derrière un rempart d’absence d’innocence, jugés coupables d’amour faible mais acquittés d’hypocrisie relative. Les gens sont idiots. Les gens regardent ton corps, ton menton redressé qui traduit ta fierté, tes traits fins, tes traits de filles. Les gens n’ont pas connaissance de ce que j’éprouve quand je les regarde de haut en bas. Les gens qui te côtoient t’useront toujours davantage qu’ils ne te seront utiles. Mais ils sont malins. Ils te tendent les mains, et c’est dans leurs lits qu’un jour on finit, au petit matin, entre deux doigts ; comme une cigarette. Quand y’a trop de monde, je peux pas m’exposer en démo, et j’avoue que je trouve ça particulièrement agaçant. Trop de personnes susceptibles de m’intéresser, ou jamais assez. Les choix trop rudes, pour moi, ne sont jamais des choix. Ne sont jamais libres. Ça me rend ivre. Je suis juste un trou noir, un trou où enfoncer sa queue dure et humide, fraîchement pipée, et vous qui n'en savez rien, vous allez voir, ça va vous sauter à la gueule. Les gens ne savent pas ce que c'est, la folie. C'est terrible. C'est ce qu'il y a de plus terrible au monde. Les idées noires me viennent des verres. Vert vipère, bien écailleux. Alors, j’ai dévié des yeux, tourné les talons. J’ai remonté mon col, ai humecté mes lèvres, le tout, en sentant que la rapidité du geste me couvrait de vertiges, et que l’alcool après les cachets que j’avais enfourné juste avant, était un sacré élixir. Envie de vomir. Frissons. Avec l’air joueur, j’ai enfourné mes mains dans les poches, ai haussé les épaules. Des manies de petit garçon. Tout seul, comme un grand. Mais comme, c’est encore un mensonge. Comme, c’est l’illusion du véridique. Image instable. Déséquilibre. Mais souviens toi, c’est « comme » le verre. Quand ça tombe, ça se rompt. Ça s’éclate. En des milliards de petits morceaux. Particules. Rien que des particules.

    J’aimerais voir vos têtes penser à Tsu.
    Penser à lui comme à une nonne dépucelée, on se la fait puis on la jette, c’est écrit noir sur blanc, et c’est visiblement votre bible. Idiote curiosité. Maladie du désir de savoir, d’entrevoir, d’avoir un reste de sentiment, finalement d’humanité. A partager. Allez, reculez, on fait la paix. Plus de fourchettes dans les yeux, de dentifrice dans les chaussettes. Laissez-moi divaguer comme un vieux gâteux-gâteau, une pâte à modeler pas assez cuite pour espérer vivre des siècles encore. J’ai délaissé ma jeunesse. Et je ne regrette pas, loin s’en faut. Je suis juste vieux et rabougri avant l’heure. Mais rassurez-vous, les coups dans le nez me font presque du bien. Quoique. Ma chienne de vie, à moi, si vous regardez bien, ben elle ressemble à cette histoire qu'on pourrait croiser dans un journal comme un dealer au coin d'une rue. Glauque le truc. Un peu, c’est vrai. J’ai vécu longtemps en mentant. J’ai arrêté depuis Kei. On me prend pour un type joyeux, et quelque part, je le suis. Mais ce n’est pas tout. Tenez, regardez, par exemple. Une fois, je me suis absenté de chez la maison familiale, j'devais avoir douze ans, des cheveux qui graissaient vites, un peu d'herpès aux coins d'la bouche, et des tiges métalliques qui formaient des autoroutes entre mes dents. Non, Je déconne. Bref. J'étais parti de chez moi en douce, voyez le topo. Et quand je suis rentré, j'avais plein de sang séché sur la chemise. Mais plein, hein, pas la petite tâche indexée de toute à l'heure. Alors j'ai dit que j'avais rencontré des gars pas nets. Je n'ai bien sûr pas le souvenir de l'agression réelle, je sais aussi qu'elle n'a pas eu lieu, mais j'ai pas non plus celui de la simulation, d'avoir déchiré ma chemise ou de m'être moi-même blessé. En fait, si je réfléchis, je me dis que je l'ai forcément fait mais je ne me rappelle pas. Et j'ai donc fini par croire que j'avais vraiment été agressé. Vous voyez, c'est parce qu'une histoire ne tient pas debout, que, paradoxalement, personne ne songe à la mettre en doute ou à la réfuter. En général, les gens sont assez cons pour juger mes propos tellement invraisemblables qu'ils deviennent plausibles. Ce que je raconte ne l'étant pas, doit être véridique. Au final j'ai baisé tout le monde sur une simple question de jugement mal placé. Un nœud de préjugés entrelacés les uns aux autres. Kei a défait. Mais depuis un bout déjà, il a fini par m’en vouloir pour le mal que je lui ai fait. Je voudrai tant qu’à son tour, il me blesse.

    Ils tombaient comme des mouches, sans avoir de trou au côté droit.
    J’ai décidé d’en suivre un. Inconnu, élancé, brun comme l’ébène et saoul comme un cochon. Son seuil de tolérance équivalait à celui de mon moral. Je voulais voir comment c’était, d’être un peu mort et de ne plus pouvoir penser, réfléchir, sévir auprès des autres avec raison et conviction. Marre de se battre. Alors, je marche sur les pas de ce mec qui s’effondre derrière la porte qui vient de se fermer.


    « Toi, t'as... Une tronche. De. … Mouton. Blanc. »

    Le rythme de tes syllabes danse avec les secondes.
    Quant à moi, je cours. Sur ton terrain. Zak, tu es froid, ta peau vire au vert, tu n’es pas fait pour ces soirées d’abandon où le monde s’acharne à t’ancrer dans un autre cauchemar. Assez d’un, tu ne crois pas ? Tsu est attendri, Tsu te sourit. Il pointe une main à gauche de sa tempe gauche, et une main à droite du côté de sa tempe droite. Ses deux index pointent le plafond qui semble prêt à se rompre, et pourtant.


    - Mais c’est exactement le cas. D’ailleurs, Bêêêêêh.

    L’air des gens qui n’ont plus rien à perdre.
    Le visage incliné sur ton épaule, j’ai constaté le milliard d’années lumières qui nous séparait à cet instant précis. Et ce constat ne me rend pas moins victime de la cécité que ton océan semble être pour moi. Tu ne m’en laisses ni les vagues ni l’écume, et le sable absent doit indiquer la marée haute. En te redressant, tu fais tomber deux petits shoots à moitié entamés qu’une main peu soucieuse à du omettre. Le carrelage de marbre froid laisse se répandre une vodka caramel qui se laisse absorber par les joints qui les relie. L’odeur lourde fait vibrer mes narines tandis que toi, toi, tu es déjà parti. Ma proie s’échappe ? Hors de question. Je me précipite vers ton ombre que je vois danser sur l’angle du mur, et rouler sur les marches. Sombre Idiot.


    « Tu ne devrais pas essayer. Les moutons ne savent pas nager. »

    Toi non plus.
    Et pourtant, tu plonges. Rien n’est réel et cependant, j’ai l’impression que ta main m’entraine vers le bas. Avec toi. Au pied du mur. Face aux écorchures. Aux tiennes comme aux miennes. Droit comme un I, tu prends conscience de la chute. Et avant que tu ne te laisses choir à nouveau, mon bras vient glisser sur ton dos, et finit par saisir ta hanche. Réaction franche.


    - Je panserai tes petits bobos, une fois dehors.

    Je le presse contre moi.

    - Mais avant tout, laisse-moi te violer.

    Amusé, je teste. Aime ou Déteste.


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MessageSujet: Re: Je te plante dans les yeux les aiguilles de l'amour. [Tsu]   Je te plante dans les yeux les aiguilles de l'amour. [Tsu] EmptySam 13 Juil 2013 - 3:29


    L'inattention était une erreur stupide. Mais dans le verre, la drogue avait sut se révéler un ennemi capable de percer mes défenses, de déjouer le fer de mes sabres et de mes armures. Une arme vicieuse, glissée sur ma langue, noyée dans mon sang, capable d'anéantir ma simple capacité à me tenir correctement debout. Et tout ce frisson de mon corps, cet océan de vagues, aux remous qui frappent. Mes doigts glissèrent sur le corps de l'individu trop pâle, croyant apercevoir une seconde fois la silhouette de Chess. Si loin, pourtant, et si proche à la fois. Je reculais, cherchant douteusement à prononcer mes idées, à retrouver ces repères de mes actes perdus. Debout, titubant dans une seconde folle, une seconde de déséquilibre, il y a pourtant ce bras qui touche, cette main qui effleure,  qui empoigne, et mon corps qui devient à lui seul cet océan glacé, ce monde vierge d'idées, de repères. Il y a une absence d'intelligence évidente, et je tombe. Je tombe en avant, le cœur stoppé sur cette contemplation de mon esprit qui surveille, qui anticipe, mais qui ne fait plus réagir mon corps. J'ai posé une question, et la lucidité disparaît quand le mouton vient me heurter.
    Les prunelles fendues, mes doigts refermés sur mon épaule à la douleur apoplectique, je contemplais, interdit, un visage aux traits aussi indéfini qu'en haut de l'escalier, mais à la différence, cette fois-ci, d'une proximité qui me surpris. Le mouton blanc. Heh. Est-ce que tu voles ?

    « Je panserai tes petits bobos, une fois dehors. »

    C'est un sourire qui étire mes lèvres, et qui tait mes paroles. Je ne lui réponds pas, et je n'ai pas le temps d'opter pour l'option ou la capacité d'une réponse, parce que, ce que j'aurais pu croire, enfant dans ma naïveté,  que son bras, pendant un instant, une pensée embrumée, puisse être un support secouriste pour que je ne tombe pas, se révèle une attitude moqueuse, mutine. Dangereuse parce que tentatrice. Dangereuse, parce que j'ai laissé tombé mes barrières, mes protections, mes armes et mon armures, et qu'elles ont disparues dans la poussière, emportées par le vent de l'irraison, de la facilité, du choix idiot. Idiot, idiot. Les mots, rebelles, effleuraient mes pensées, mais sans parvenir à dicter mes actes, mes gestes, à m'imposer cette logique du commandement moteur de mon propre corps. Alors, j'osais. J'osais, je levais la main, et vint effleurer la joue blanche.
    Non. Incontestablement, ça n'était pas Chess.

    « Mais avant tout, laisse-moi te violer. »

    Il y a certains jeux auxquels il ne faut pas jouer avec les enfants, parce que ceux-ci sont capables de les prendre au sérieux. Au final, dans leur innocence conne, dans leurs sourires émerveillés, ils se font mal, accusent une réception dangereuse, et déchirent, mais sans le faire exprès, c'est promis,  les yeux de ceux qui ont voulus s'amuser, ou les amuser. Il y a des jeux un peu dangereux dans lesquels les enfants se laissent facilement emporter, sans même se rendre compte de la douleur qu'il pourrait y avoir après. Il y a des mots à ne pas dire, des règles à ne pas proposer.

    Un sourire courut sur mes lèvres.

    « C'est hors de question. »

    Mes doigts se crispèrent sur les mèches blanches, si humaines, si différentes et si proches, si peu immatérielles. Si humaines. Pourtant. Ce ne serait jamais Chess. Pas son odeur, pas sa taille, pas sa peau, pas son regard, pas sa voix. Pas son immatérialité. Néanmoins, et je me pardonnais et m'excusais auprès de lui en considérant que le shoot serait une justification valable, je déposais un baiser près de son oreille, le temps de me permette un vague sentiment de joie, de satisfaction, et de tranquillité.

    L'océan disparut. Toutes les zones d'ombres s'évaporèrent, devenant ces simples absences de luminosité ; l'eau abandonnant mes sens pour s'évaporer dans mon esprit, glissant du sol en des volutes blanches, venant tourbillonner jusqu'à mes pieds, jusqu'à ma tête. Mes yeux se plissèrent, et j'abandonnais le nuage sur pattes pour me concentrer sur cette évaporation aux circonvolutions et aux spirales. Je m'écartais du mur, ignorant douleur et équilibre, concentré uniquement sur cette eau qui filait vers le haut. Soulevant mon regard jusqu'au plafond, je contemplais en silence l'amas gazeux d'une eau qui se met à couler à l'envers. Mes lèvres s'ouvrirent sur une remarque que je ne parvins pas à formuler. Dans un frisson de l'air, il y eut un flocon qui descendit du ciel, chuta du plafond. Un flocon cristallisé, un éclat d'argent dans le gris de cette cage d'escalier. Hallucination, hurla mon cerveau. Hiver, pensa mon cœur. Souffle de pensées, puis absence. Le temps d'un battement de paupière,  la neige avait inondé mon champs de vision, recouvrant de blanc chaque centimètre carré du décors autour de moi, enfermant dans des frasques de blanc la réalité moderne. Inondant mes yeux, les flocons tombaient, chutaient en tourbillonnant, et j'observais les spirales de souffle froid s'échapper d'entre mes lèvres. Je sentais, et percevait, perdu dans une lucidité brouillée, dans une compréhension des sens déréglée.

    « Il neige ... »

    Il neigeait. Je tournais mes yeux vers le mouton, paniqué, et mes lèvres se tordirent sur un murmure glacé.

    « Je vais mourir de froid, s'il continue de neiger comme ça. Les routes vont être bloquées, et on devra passer par les montagnes pour rejoindre Edogawa. Le trajet est complètement inaccessible, dans ces conditions là. Mais on va finir enterrés vivants, si on ne bouge pas. Il faut … Il faut juste prier pour que la neige s'arrête. Maintenant. »

    Mais elle ne s'arrêtait pas. Je m'emparais du poignet du mouton, frissonnant sous le vent glacial de la cage d'escalier, et m'agrippant à la rambarde, désescaladais lentement l'escalier couvert de givre et de cette pellicule épaisse de neige. Mes doigts refermés sur l'articulation de l'homme blanc, je nous glissais jusqu'aux portes de l'ascenseur. Nerveusement, vint appuyer sur le bouton, et observais au dessus de l'épaule du mouton. Il y avait, au loin, ces silhouettes qui murmuraient. Les lignes de mes yeux se courbèrent dans un regard porté sur cette féodalité qui soudain m'effraya. La modernité floutée par cet hiver aux contours d'immatérialité, bigarrée de blanc et de toutes ses nuances pour un rejet chimique de la réalité. Je m'engouffrais dans l'ascenseur, entrainant celui sur lequel j'avais refermé mes doigts, et le piège débile de ma tête. Débile, débile, murmurais-je à ma cognition. Pauvre débile. Ignore, et considère. Mais la lampe de l'ascenseur abandonna mes propre espoirs, et si la porte se ferma devant moi, pour me cacher la vue de ces samourai d'antan, de ces hommes morts, tués par l'Histoire, les flocons se mirent à papillonner devant mes yeux. Il neigeait. Alors je me laissais glisser contre le mur, jusqu'au sol, et le visage relevé sur les flocons qui tombaient, je me mis à rire. Comme une amante qui referma ses bras autour de mon corps, la douleur de mes flancs, de ma hanche et de mon épaule vint embrasser l'en dessous de mon derme, signalant sa présence, venant teindre mon rire d'une couleur différente, étrangère à celle de l'amusement.

    « J'ai peur. »
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MessageSujet: Re: Je te plante dans les yeux les aiguilles de l'amour. [Tsu]   Je te plante dans les yeux les aiguilles de l'amour. [Tsu] EmptyDim 3 Nov 2013 - 14:26

Je te plante dans les yeux les aiguilles de l'amour. [Tsu] 1383485105-10 Je te plante dans les yeux les aiguilles de l'amour. [Tsu] 1383485105-11 Je te plante dans les yeux les aiguilles de l'amour. [Tsu] 1383485105-12
"Elle avait une fente, Mamina?
On peut plus la voir, ils ont soudé le cercueil."


    « C'est hors de question. »

    Tu sais que j’ai raison.
    Que ce serait inévitable, et que les forces dont tu disposes ne sont pas celles que tu crois. Tu sais qu’il te faudrait atterrir un peu plus vite, un peu plus loin, un peu plus haut si tu voulais vraiment échapper à ce genre de situations mélodramatiques. Ouais, je vole. Je vole et je t’emmène haut pour pas que tu puisses avoir affaire à d’autres cons ratés dans mon genre. On verrait des carrés de toutes les couleurs entre les champs de lavande et les rizières à perte de vue. Ce serait génial, attends un peu, je déploie mes ailes et j’arrive. A nous les  jours plus longs, la bruyère mauve et la bruyère cendrée, les étangs bleus et les libellules, à nous l’éternité et les nuages plein la gueule. Plein la gueule et plein le cul. Mais je ne vais pas tout t’avouer avant de partir, ça serait con, tu crois pas ?
    Moi ouais. Moi je crois un tas de trucs absurdes juste parce que ça me rassure. Juste parce que c’est le seul luxe que je peux me payer. J’entends les rires et les verres qui s’entrechoquent au loin. J’entends des gémissements de filles qui se font toucher sans comprendre, comme à ta manière, les chimères qui se dressent devant elles avec des barbes à papa et des crocodiles jaunes. Petites connes.
    Je te sens fiévreux, presque trop humide, et alors sans vraiment te connaitre, tu me fais l’effet d’un chiot qu’on promènerait pour la première fois. En laisse tu délaisses, le monde qui est le tien ne veut pas de moi. Je n’ai pas dû boire assez. Assez pour oublier, assez pour te rejoindre. Et pourtant, moi aussi, j’aimerais me tordre comme un truc désarticulé qui chanterait son désespoir tel un vieux travelo’ aigri de cabaret avec les fesses à l’air et une perruque digne du Crazy Horse. Je me déhancherais et on m’enverrait des bouteilles de bières vides. Ça s’éclaterait sur moi et je saignerais partout. Faire de soi son propre martyr.


    - Tu ne pourrais même pas te débattre. Même si tu le voulais.

    Tes mains dans mes cheveux attrapent des poux inexistants.
    Elles enlacent du vide ou des mèches dédoublées que tu vises mal, et mes doigts se referment délicatement sur l’os de ton poignet. Je viens glisser ta main dans mon cou. Je voudrais être doux ; il ne faut jamais réveiller un somnambule, tu connais la chanson.  Je me penche sur toi, pour sentir ce que tu as ingurgité. Mais je n’arrive pas à dissocier ton parfum de celui de la pièce, tu gesticules, tu fonds littéralement sur moi ou sur le sol puis tu te redresses et tu finis toujours par slalomer entre les autres. Tu cherches à me semer, dis ? Tu cherches à semer tes troubles pour me faire oublier les miens ? C’est pour de vrai ?
    Un mec arrive. De nulle part. Il s’approche dangereusement et vient se pendre à ton cou. Je crois que tu ne saisis pas. Je crois que tu ne sais même pas si je suis réel. Et quelque part, ça me va.
    Les paumes vers le ciel, tu t’es encore comporté comme le nouveau messie.


    « Il neige ... »

    Ouais. Des flocons par milliers.
    Je les vois aussi, quand je me lève trop vite le matin et que tout tourne autour. Mais après, je me tape une barre de céréales et alors là, Ah ! De suite, ça va mieux. Tu te crois tout permis, enfoiré ?  Redescends, avec tes couilles et ton véritable esprit. Je sais pas. Je sais pas combien de temps tu vas rester comme ça mais c’est aussi excitant qu’effrayant, sacré trouduc.


    - Et ? Tu voudrais faire des bonho…

    Le con me tire le bras.
    Le con entame une course folle que je ne suis pas certain de vouloir suivre. Mais ce soir, je n’ai que lui et ses troubles.
    Je cours, manque de me rétamer à au moins vingt-cinq reprises, vole deux trois conneries, bonbons ou merdes salées au passage. Je voudrais pas que tu crèves d’hypoglycémie. Je crois que tu me pètes la clavicule dans ton élan fougueux. J’espère que tu as un sac de bisous magiques pour soigner tout ça. Au moins un milliard. Sinon davantage.


    « Je vais mourir de froid, s'il continue de neiger comme ça. Les routes vont être bloquées, et on devra passer par les montagnes pour rejoindre Edogawa. Le trajet est complètement inaccessible, dans ces conditions-là. Mais on va finir enterrés vivants, si on ne bouge pas. Il faut … Il faut juste prier pour que la neige s'arrête. Maintenant. »

    Tu ne vas pas mourir, hein ?
    Non, tu ne vas pas mourir.
    Je n’ai pas assez de courage pour voir ça. Je me dis qu’en vrai, tu dois être un mec qui a douze ans. Un mec qui court dans les flaques exprès pour faire rager les autres qui reçoivent le reste des gouttes que tu sèmes. Un gosse qui ne sait plus comment c’est fait, dehors, avec le ciel et la pluie. Je ne veux pas que tu crèves comme ça, de froid, après être devenu tout bleu puis violet. Qui je pourrais suivre, si ça se passait ? Pense à moi, Ducon. Promis, si tu meurs, je refais monter le sang jusque dans tes os. Mais avant, je cracherai sur les autres. Je cracherai que c’est leur faute si t’as cané. C’est fastoche de tuer. Moins fastoche de l’assumer. Un peu à eux, de culpabiliser.
    Les portes de l’ascenseur s’ouvrent, tu m’y traines, puis tu disparais le cul sur le sol métallique. Les pupilles fendues, tu gobes une à une des images évaporées. Je passe une main devant tes yeux, l’agite lentement puis rapidement, de gauche à droite. Mais non, tu ne me vois pas. Tu gobes ta poudreuse à tort et à travers, et je n’existe plus.


    « J'ai peur. »

    A ce moment, il faut gagner du temps. Je ne veux pas te lâcher comme un fauve dans les rues où tu verrais que l’apocalypse est proche. Alors, j’appuie sur tous les boutons de l’ascenseur, en plus de celui que tu avais déjà allumé. Je dois brouiller ce parcours infernal. Je dois te brouiller des œufs demain, au petit déjeuner, quand t’iras mieux. A chaque étage, je veux que les portes s’ouvrent à nouveau  et que tu me dises ce que tu y vois. Tu ne t’enfuiras pas, je te retiendrai. Tu n’iras nulle part parce que tu es terrorisé, et que je ne vais pas laisser tout ça arriver. Adieu les autres. Laissez –le tranquille, vous l’avez effrayé.  Bad Trip. Vol annulé, faites-lui rembourser les billets, votre tour du monde ne lui plait pas.

    -C’est dur de faire le vide. Je sais. Mais Santa est là, et puis il va prendre soin d’toi, petit.

    Accroupi à tes côtés, je passe un bras sous tes genoux, déjà replié contre ton échine. Mon autre bras s’invite derrière ton dos, et je viens te hisser contre moi. Je vais te garder là et attendre qu’on arrive en bas. Alors, J’aviserai.

    - Le viol ça sera pour une autre fois, t’en fais pas. Je sais que ça te turlupine.

    J’ai posé une joue sur ton front, pour voir si ma princesse oubliée avait véritablement de la fièvre.
    Et tu sais quoi ?
    T’en avais.
    Idiot.


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Zakuro Fea
▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
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MessageSujet: Re: Je te plante dans les yeux les aiguilles de l'amour. [Tsu]   Je te plante dans les yeux les aiguilles de l'amour. [Tsu] EmptyJeu 7 Nov 2013 - 22:03


    Je suis une montagne de chair, de tendons et de muscles. Longtemps, j'ai caché l'idée que je pouvais m'en faire un orgueil, de ce corps que je travaillais. Longtemps, j'ai tus ce que je pensais moi-même de ce que je laissais à offrir, parce que j'ai été trop longtemps élevé dans l'idée qu'un corps nous appartient autant qu'il appartient à l'autre, et de ce fait, il ne faut pas déranger l'autre par l'image que l'on dégage. Trop longtemps, j'ai appris à ne pas mettre en valeur ce qui ne se soit, parce qu'un japonais n'a que faire du corps, tant qu'il possède un cerveau et des bras. Un japonais, s'il veut avoir un corps, se doit d'être le participant d'un rôle dans lequel l'étiquette du champion lui sied. Une pensée amère pour les JO qui se dérouleraient au Japon, cette fois-ci. Une pensée amère pour le maître de sabre disparu dans la nature. Une pensée amère disparue pour moi, puisque je me fixais dans la contemplation de ce corps que j'avais dessiné moi-même. De cette peau rendue épaisse par les entraînements gonflants les muscles, étirés sous les dermes, arrondis en des reliefs qui ciselaient mes formes. Et j'étais ce que j'étais.

    Et même sous le corps de Chess, je ne croyais pas que cela puisse être faux. Lorsque mes doigts glissaient sur ce ventre plat, sur ses côtes saillantes qui menaçaient de percer la membrane trop fine d'une peau à la mélanine si peu distincte, lorsque mes dents accrochaient une lèvre ou une langue pâle, j'apprenais, je découvrais. Et je regardais ce que j'étais. Je regardais ce que j'étais quand mes phalanges se révélaient plus lourdes que les siennes, lorsque je refermais mes doigts sur le dos de sa main, et que dans ma paume, il y avait ces quatre monticules qui frémissaient au rythme de sa nervosité. Dans son hilarité, je le regardais sourire, et étirer ses joues maigres sur des pommettes qui ne dessinaient pas comme les miennes. Sa poitrine était aplatie sur un pectoral blanc et plat, alors que le mien, bombé lors de l'effort était bigarré par les cicatrices qui venaient et sillonnaient mes épaules, et mes avants-bras. Les siens étaient maigres, dans le prolongement de ce squelette évoluant sans s'avancer ni reculer. Plus maigres depuis le séisme. Depuis le séisme, il y avait aussi cette cicatrice sur son épaule. Cette cicatrice, qui comme toutes celles qu'il avait sur le corps, était différente d'une autre. Si les miennes se ressemblaient toutes en se révélant des marques de coupures, les siennes étaient les traces de ses parcours de vie. Un hématome dans le creux des reins, un heurt rosé sur la hanche, une corolle noirâtre sur le biceps, ou des éraflures qui déchiraient la peau de son dos. Et si je posais la tête sur son épaule, en suivant avec le plat de ma main le parcours des dessins de ses blessures, en lui demandant à mi-mot comment est-ce qu'il s'était fait ça, et ça, et ça, il me répondait vaguement, racontant un coin de table enfoncé dans la hanche, un dos jeté contre le gravier, un coup de poing vengeur, une porte mal ajustée à ses déplacements, ou autres causes. Et il ne les regardaient pas forcément. Est-ce que cela t'affecte, ces marques, Chess ? Est-ce que tu penses que ça peut seulement salir le blanc de ton immatérialité ? J'embrassais ses cheveux. Immatériel, Kohaku Joshua. Chess. Tu ne seras pas marqué, ne t'inquiètes pas.

    Moi je voulais garder ces cicatrices, pour m'en faire les repères de ce temps sur lequel je foulais mon chemin de vie. Qu'il me superpose à d'autres, au tien, aux vôtres. Je voulais regarder le temps. Je voulais vivre de cette manière.

    Pourtant, ce garçon contre moi n'était pas Chess, hein. Alors pourquoi est-ce que défilaient dans ma tête ces souvenirs de son visage, de son corps, de sa chaleur, à ce garçon du Québec trop blanc ? Chaton, dis moi ? Dis moi pourquoi est-ce que j'ai froid comme ça ? Dis moi pourquoi. Et les flocons s'abattaient autour de moi, tapissant le monde d'un univers trop aveuglant, trop sombre, trop froid. Je t'ai déjà raconté, Chess, ces cauchemars de l'hiver que je faisais ? Ces loups qui rôdaient, et qui n'avaient plus rien d'animal. Ces loups qui dévoraient les distances, en se rapprochant insensiblement du feu, sans jamais se brûler, sans jamais craindre la proximité du feu. Ils éteignaient toute chaleur, et dans les ténèbres, ils faisaient ces pas qui crissaient dans la neige, et qui gémissait leur approche dans l'obscurité. Et les samuraï d'antan n'existaient plus, les portes de l'ascenseur s'ouvraient sur des paysages qui hurlaient de l'absence d'espoir, sur ces paysages dans lesquels il y avait ces humains qui marchaient, mais qui ne tombaient pas. Je ne comprenais plus cet illogisme d'un corps qui ne meurt pas ; car l'homme doit mourir si on le tue. L'homme doit tomber et s'allonger dans ce décès qui le frappe. L'homme ne pouvait pas continuer à marcher, et derrière les portes de l'ascenseur, ce spectacle galvanisait mon angoisse. Mon corps crispé, je cherchais du regard les cheveux blancs, pour me rassurer de ce que je ne voulais plus voir, mais je n'arrivais plus à regarder. Et la drogue me faisait hurler des rires que ma bouche ne délivrait pas, mais qui explosaient dans ma tête et dans ma poitrine, dans le silence le plus complet. Alors ce fut une haine profonde qui se déversa jusqu'au bout de mes doigts, et ignorant la neige, ignorant la mort et ces zombies dehors, j'attrapais à pleine mains le mouton, pour, dans la douceur d'un déplacement certain mais pas violent, l'écarter de moi. Ne me viole pas, j'ai peur. Je le poussais hors de l'ascenseur, sur un « Je ne sais pas, laisse moi tranquille, je n'y arrive pas », et plaquais ma main contre le bouton pour refermer les portes sur son visage qui n'était pas celui de l'oiseau blanc. Je ne voulais plus de moutons, j'étais déjà bien trop ensommeillé. Je ne voulais plus planer dans le ciel de cette manière là. Je ne voulais plus.

    Une main se glissa sur ma joue, trouvant le trait de ma mâchoire par une pression du pouce, et relevant mon visage jusqu'au sien. Je rêvais. Je rêvais, indubitablement je rêvais, puisque celui qui me faisait face, c'était moi. Mon poignet accrocha le sien, parce que je refusais de me perdre plus que ce n'était déjà le cas, et mes phalanges se serrèrent sur son articulation, dans son sourire devenu trop personnel, trop mien.

    « - Dis-moi, … Pourquoi es-tu triste à mourir ? »

    Et ce sont les paroles de lun. Ce sont les paroles de lun que les lèvres qui sont miennes prononcent, avec ma voix, mes souvenirs, et ma colère de cet instant. Mon dos bloqué contre l'ascenseur, je cherchais des yeux les nuages qui voudraient bien s'élever assez haut pour m'expliquer d'où tombait toute cette neige qui me noyait de l'intérieur. La main abandonna ma joue, et glissa sur mon ventre, sur mon aine, pendant que l'autre souriait, ses yeux bleus devenus rieurs.

    « Pourquoi es-tu en colère ? »

    Pourquoi, Zakuro ? Et la main, devenue aussi tranchante qu'un katana glissé entre mes côtes, avait couru sous le tissu, et déchirait ma peau en faisant exploser des ruisseaux pourpres. Sa main, devenue sabre d'une douleur qui grondait dans mon ventre, vint saisir, et caresser. Sensation futile et légère au milieu de l'impression du sabre, mais je me sentis attrapé, maitrisé, et j'ignorais si ce fut un feulement sauvage ou un gémissement qui glissa hors de mes lèvres. Tu m'énerves, tu m'énerves, je murmurais, et la caresse s'alanguissait. Tu m'énerves, et tu me fais peur, parce que je m'enfonce sur un chemin qui ordonne le vide complet des existences. Mes coudes frappèrent le mur, et mon souffle se désorganisa, mais le sang coulait. Coulait entre mes cuisses, et glissait le long de mes jambes, trop chaud, trop vivant, dans cette neige qui mordait. Les yeux bleus s'étaient allumé d'un regard que je contemplais, en me demandant s'il s'agissait réellement du mien, pendant que ses doigts déchiraient et cajolaient. Et des paroles. Des paroles qui vont et qui viennent, comme les mains et les doigts, mais avec une portée autrement significative. « C’est dur de faire le vide. Je sais. Mais Santa est là, et puis il va prendre soin d’toi, petit. » Mais il n'est plus là, le mouton. Il n'est plus là. Je l'ai viré. « Le viol ça sera pour une autre fois, t’en fais pas. Je sais que ça te turlupine. » J'ai peur, tu sais ? Franchement, je ne te connais pas. Mais j'aurai du rester avec toi. J'ai peur d'être seul, en ce moment, parce que je me retrouve avec moi-même, et je ne sais plus si ça me fait mal ou du bien. Mes lèvres étouffent une expiration trop douloureuse de la chaleur de mon ventre, et l'autre est collé contre ma poitrine, son bras est enroulé autour de mes reins, et c'est son soupir qui exhale l'air. Je tombe. Je suis en train de tomber, de glisser contre le mur, et l'autre ne me retient pas ; il m'y pousse, avec ses doigts qui me font saigner entre les jambes. Je frissonne et il insiste un peu plus encore, et mes ongles viennent déchirer son épaule. Mon épaule. J'ai mal. J'ai froid. Je veux rentrer à la maison. Je veux les bras de Chess. Chess ne me fait pas mal comme ça, merde. Chess ne fait pas ça comme ça, de toutes façons. J'expire.
    Et puis je mords. Je frappe, je me jette en avant, et l'autre disparaît quand ma main heurte le panneau de commande de l'ascenseur. Je ne veux plus de cela, je n'en veux plus, et les portes se rouvrent. A quel étage suis-je ? Où suis-je ? Je ne sais plus, je ne sais plus, je ne sais plus. Je remonte un étage en courant les escaliers, je remonte un étage en criant ce corps fatigué, et lorsque je l'apperçois, je crie, parce que je ne connais pas son prénom, et mon bras vient l'attraper, pour que je me réfugie contre lui. Allez, t'es drogué. Le ciel, je ne l'atteindrais pas comme ça. Je ne veux pas voler dans cet état là.

    « Ramène moi chez moi , Santa des Noëls effrayants. Je m'appelle Zakuro. Et je ne veux pas dormir ici ce soir. »

    Pour un peu, au milieu de la neige, des grenadiers viendraient éclore. Hein Zakuro ?
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