"Arrête de lire tu vas avoir mal aux yeux" [Juin]

La troisième année. Autrefois, Jude en souriait d’en entendre parler. La troisième année. Ne plus faire parti des « petits » du lycée. Entrer dans la pré-cour des grands. Quel plaisir ! Seulement, sa satisfaction fut bien vite réduite à néant quand son professeur principal lui annonça, à la fin du dernier trimestre : « Mlle Davis, que pensez-vous faire l’année prochaine ? » Question stupide. C’est pourquoi, il enchaîna, lui enfonçant un peu plus, la lame froide d’un couteau en plein cœur ; « Je suis désolé mais vous n’avez pas le niveau nécessaire dans beaucoup de matières pour passer en troisième année. » Heureusement pour ce charmant professeur à cet instant-ci, le Skate de la demoiselle se trouvait beaucoup trop loin pour que cette dernière ne s’en empare. L’assommer à coups de Skate sur sa face, voilà comment la soulager. Redoubler. Une des pires horreurs pour la jeune fille. Bien entendu, il va de soit, que ce crime passe largement après le Skate. Son Skate, son bien-aimé. Sa mère le lui avait toujours dit, « Ma chérie, si tu n’aimes pas l’école, passes y le moins de temps possible. Travaille. » Vérité qui s’avère être juste. Néanmoins, ce n’est pas pour autant que Jude s’était mis à bosser sérieusement. Elle accumulait lacune sur lacune. Retard sur retard. En Angleterre, certes elle ne faisait pas partie des meilleurs, mais elle n’était pas pour autant la dernière. Ici, au Japon, si. Triste certitude. Et l’explication exacte n’était autre que le Japonais. Foutue langue. Voilà la cause de son problème. Une langue, autre que la sienne. Le Japonais. Rien que ce mot lui procure des haut-le-cœur. Stupide. Pourquoi, tout le monde, ne parle-t-il pas anglais ? N’est-ce pas la langue internationale ? N’est-ce pas la plus importante ? Jude se souvint, avoir dit un jour, qu’elle écrirait, faisant par de son mécontentement. A qui ? Nul ne sait. Enfin, La skateuse a sa petite idée. Le Dieu du Skate. Une évidence. Il n’y a que lui pour la comprendre. Que lui pour l’écouter. Que lui pour l’aimer, vraiment. Il est le seul, l’unique. Le Dieu du Skate. Ô je t’en supplie, lit ses paroles, et accepte cette demande. Efface de toutes mémoires, cette langue, inutile. Le Dieu du Skate et Jude Davis. Une Grande Histoire d’Amour. Elle lui écrirait, c’est inévitable. Toutefois, il faudrait attendre son retour en Angleterre. Pourquoi ? Tout naturellement pour voler Edwige, l’hibou d’Harry Potter. Il n’y a qu’elle pour aller à la rencontre de ce Dieu. Il y a Skylar aussi… Mais lui, malgré qu’il soit le Ciel, est redescendu sur Terre.


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Saleté de réveil. La Blonde se leva douloureusement. A rajouter dans cette lettre, l’obligation des grasses matinées. C’est un fait. Elle avait, pour changer, oublié, cet hymne. Tant pis. De toute manière, Jude Davis ne souhaite pas devenir chanteuse, alors pour une répétition à une heure si matinale, très peu pour elle. Non merci, dira-t-elle, si un jour, quelqu’un vient la réveiller, pour cette réunion dans la cour. Au pire, elle peut tout à fait dire qu’elle y était… Mentalement.

L’Anglaise, partit se doucher. En mémoire à Tenma Aoki. Lavée, elle se prépara. Mais avant tout, ayant connaissance de la logique de Jude Davis. La Blonde sèche le lycée, pour aller travailler. Avouez que vous avez du mal à la saisir. C’est normal. Selon son point de vue, les cours ne servent à rien d’autre qu’à améliorer son talent du sommeil ultra rapide. Ou alors, à aller sur Lun. Mais ça, c’est tout une autre histoire. C’est pourquoi, la jeune fille préfère aller réviser en salle d’étude. Ingénieuse, je vous l’accorde.

Avant ce jour fatidique, la Skateuse les avait observé, ces Intellos. Dans les moindres détails. Leur physique. Leurs habits. Leur posture. Leur attitude. Pauvre d’eux. Fubuki le Hamster, Cammy du Pays des Kangourous… Tous y étaient passés. Ah. Il est évident que c’est inutile de préciser que Jude s’est énormément abîmée les yeux dans cette observation. Double pauvre d’eux. A force de plonger leur nez dans les bouquins, ils en choppaient, de ces maladies. Lire, c’est le mal. Comme ce souvenir abominable du jour où elle était rentrée dans cette « bibliothéquète. » En y repensant, ses poils s’irisèrent. Autant de livres en un seul endroit… A en faire une crise cardiaque. D’ailleurs, elle avait failli le laisser, son cœur, à l’entrée de ce lieu effrayant. Mais je ne suis pas là pour vous parler de livres. Quoique, j’ajouterai néanmoins, que Balzac et compagnie, ce sont des personnes mortes. Laissez donc leur droit de se reposer en paix.


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Devant son miroir, la Rebelle se rappela de cette queue de cheval haute. Elle se fit la même. Quelqu’un pourrait-il m’expliquer à quoi ça sert de s’attacher les cheveux pour travailler ? A se faire des antennes satellites histoire de capter un peu plus de neurones ? Pourquoi pas. Certains de ces Intellos portaient des lunettes… Jude en mit, elle aussi, malgré son absentéisme de problème de vue. Après tout, c’est bien connu, femme à lunettes, femme à quéquette. Le rapport ? Aucun. Ou alors si. Mais ce n’est pas moi qui vous le dirais. Cherchez. Toutefois, à la différence de ces têtes de classe, la Blonde posa sur son nez, une paire de lunettes de soleil. Pour se protéger des rayons toxiques des bouquins, quoi de mieux que des verres teintés ? Rien. A part, sûrement, un Skate…

C’est équipé comme il se doit, que Jude Davis attrapa son sac de quinze kilos, une paire de gants, son Skate sous les pieds, et sortit de sa chambre. Cap sur la salle d’étude.


Arrivée à son campement, la Randonneuse installa sa tente. Les bouquins à droite, ses feuilles à gauche. Ses protections mises, -mieux vaut prévenir que guérir-, la demoiselle s’employa à la tache. Dur. Beaucoup trop dur. Elle travailla cinq minutes… Pour une pause d’une heure. Je vous vois venir. Vous. N’allez pas me dire que son cas est perdu, c’est pertinemment faux. On sait tous très bien que notre cerveau fonctionne mieux lorsqu’il est reposé. Et que les neurones fonctionnent, eux aussi, mieux lorsqu’il y a un apport de glucose. C’est pourquoi, l’Anglaise s’autorisa une énième pause. Celle du déjeunée. Au final, la Skateuse travailla au total dix minutes et cinquante-six secondes, pour je ne sais combien d’heures de pause. La journée se déroula dans le calme et la tranquillité. La fin des cours arriva.

Ne comprenant pas un mot, la Blonde s’efforça de lire. Ou plutôt, de comprendre le but des figures de style.


- Un… ok.. oksi… mo.. reuh. O-xy-mo-re.


Je pense que dans cette situation, il est bon d’utiliser un euphémisme.

Elle était intelligente. C’est exact. Et que ceux qui ne me croit pas ne se donne pas la peine de continuer cette lecture. Jude Davis. L’intello de service. La première de la classe. En partant de la fin. Aujourd’hui, le monde se divise en deux catégories. Les faux intelligents, et les vrais. Je ne me donne même pas le besoin d’ajouter dans quel groupe la Blonde se trouve puisque c’est absolument inutile. Une évidence. Quoiqu’il en soit, ces vrais intelligents feignent d’être des cancres, pour ne pas qu’on exploite leurs capacités. Bien entendu, il se peut très bien que vous, derrière votre écran, ne comprenez pas cela. La réponse apparaît alors comme telle : vous êtes des êtres dénués d’intellect. Pauvres de vous. Achetez un Skate, et entraînez-vous. Alors, peut-être, le Dieu du Skate aura pitié de vous. Ce que je doute sincèrement. On a le talent. Ou on ne l’a pas. Et que ceux qui ne l’ont pas se tire une balle dans la tête. Ou pas. Creuser un trou, et jetez vous dedans. Comme cette chère racaille fera prochainement. Et c’est rempli de belles réflexions qu’une demande sortit Jude Davis de ses songes.


- Un coup de main ?


Surprise par cette apparition divine, la Rebelle sursauta. Lentement, elle pivota ses deux prunelles grises en sa direction. Un Stroumpf. Et pas n’importe lequel. Le Stroumpf maso. Ainsi il lui demandait un coup de main. Alors soit. La Skateuse leva son poing et… rien. Sous le regard perplexe de la Stroumpfette, elle se ravisa. Visiblement, quelque chose n’allait pas. Peut-être sa merveilleuse couleur de cheveux ? Est-ce si perturbant que cela, d’avoir une chevelure bleue ? Ou alors, était-ce bras toujours en l’air ? Peu importe la réponse. Jude Davis était venue dans cette salle pour travailler et cette jeune fille tout droit sorti d’un cirque la dérangeait dans sa tâche. A croire que le monde se retourne contre elle. Ou que le Dieu du Skate lui envoie une fée à l’apparence d’un Stroumpf pour l’aider. Un sourire de vainqueur se dessina sur ses lèvres. Mais elle ne dirait rien. Au risque de fâcher son Dieu du Skate. Et par respect pour lui. Quel Dieu aimerait savoir qu’il n’est pas aussi rusé qu’il le prétend ? Aucun. D’ailleurs, il n’existe qu’un Dieu. Le seul. L’unique. Celui du Skate. Lui manquer de respect pourrait mettre fin à son futur titre : Déesse du Skate. D’ailleurs, une simple vision sur la tenue de cette divinité ne faisait qu’étayer cette idée. En effet, outre ces quelques habits recouvrant cette fausse chaire, elle ne portait aucune protection contrairement à notre Jude qui elle suivait les règles du travail à la lettre. La première étant de ne jamais être en contact direct avec celui-ci. D’où les gants, lunettes, et autres babioles nécessaire à la survie.

C’est alors que la Rebelle se remémora la phrase précédemment dite. Un coup de main. Oubliant la violence, la Blonde fit son plus beau sourire et annonça :


- Avec plaisir.


Pour arriver à ses fins, il faut mettre toutes les chances de son côté. Et c’est ce que Mlle Davis pratiquait à merveilles. N’appelez pas cela « hypocrisie », c’est tout autre.


- En fait, moi c’est Jude Davis. JU-DE DA-VIS.


Simple précision. Pour son éventuel rapport auprès du Dieu, qu’il ne nomme pas quelqu’un d’autre à sa place. Jude Davis… Futur Déesse… Préférée du Dieu… Et comme un robot programmé, Jude Davis sourit de nouveau. Jouer à la petite fille sage. Rien d’étonnant que peu de personnes s’y adonnent, c’est si passionnant.
June. Ainsi cette divinité a un nom. Chose ordinaire. La Skateuse l’analysa, mémorisant du mieux qu’elle le pouvait chaque centimètre de sa silhouette. Se souviendrait-elle de sa fée bleue une fois sa quête accomplie ? Jude redoutait la réponse, c’est pourquoi elle n’y pensa pas davantage. Après tout, elle était là pour l’aider, et non pour lui expliquer la vie au côté du Dieu, non pas que je doute que cela soit totalement inintéressant, bien au contraire. D’ailleurs, la Blonde le découvrira très bientôt. Prochainement, même.

Tranquillement, la Rebelle rangea son campement, de façon à accueillir sa protectrice. Elle ne lui demande même pas si elle souhaitait d’un minimum de sécurité, ce serait se ridiculiser. Or, elle n’en avait pas besoin. Décidée à ne pas rester dernière de la classe à vie, la demoiselle lui mit son cahier ainsi que son livre sous ses yeux émeraudes.





C’était ça, le fond du problème. Un oxymore. Et comme si cela ne suffisait pas, l’unique lecture de ce nom provoquait chez Jude d’affreuses migraines. Dommage qu’elle ait une compagnie. Seule, une pause aurait été la bienvenue. Mais on ne refuse pas l’assistance d’un envoyé par le Dieu lui-même. June lui expliquait, et la Skateuse devait l’accepter. Par conséquent, la jeune fille hochait la tête à sa partenaire feignant d’être captiver par les paroles qui sortaient de sa bouche. Parfois, il lui arrivait de fermer ses yeux, comme si elle était en proie à une immense réflexion. En vérité, Jude luttait contre le sommeil. Et il serait inutile de préciser que cette tâche était dure. Très dure. La Blonde commençait à sérieusement à se questionner quant à cette personne. Bizarrement, elle avait du mal à croire qu’un Dieu lui envoie un être aussi ennuyant. Et si c’était un imposteur ? Mais le silence qui régnait déjà depuis plusieurs secondes empêcha la Rebelle de se questionner sur la réponse à sa question. Perplexe, elle la fixa de ses yeux gris.


- Tu disais ?


Un long monologue… Pour rien. Jude lui offrit un sourire peu convainquant. Qu’on le veuille ou non, Jude Davis est complètement irrécupérable.



Que le Dieu du Skate soit avec vous !


Jude Davis.