Blue Velvet. [Miya Chanteclair]

Il était tôt, pour ne pas dire trop tôt la nuit était encore présente dans la voute céleste qui s’illuminait des premiers rayons du soleil qui se levait. Petit à petit l’obscurité du ciel s’adoucissait d’un bleu pastel sans l’ombre d’un nuage. Bianca avait les yeux rivés vers ces hauteurs, respirait lentement, expirant de la fumée qui marquait sa respiration mais surtout qui démontrait le froid environnant. L’hiver était bien là, lui et son délicat parfum de givre. La Française adorait cette odeur de froid qui lui faisait espérer la venue de la neige. Il y avait un peu de brume sur le terrain d’athlétisme mais elle était sûre que ça se dissiperait assez rapidement. Si elle était venue à cette heure matinale, c’était pour s’entrainer un peu avant ces cours. C’est vrai que l’avantage avec la course c’est qu’on peut courir partout et où bon il vous semblera. Mais elle avait besoin de se familiariser avec les lieux, et même ça lui apportait une certaine structure. Il y avait quelques courageux qui s’entrainaient également, peut être pour les mêmes raisons que les siennes. Il s’agissait sûrement de futurs adversaires.

Quelques jours auparavant, Bianca s’était inscrite pour le Grand Championnat Sportif qu’organisait l’Académie Keimoo. Elle participerait dans sa discipline : la gymnastique mais aussi dans une course en relai après avoir été sollicitée par une équipe. Ce qui l’avait ravie, elle aimait relever ce genre de défi, ça la réjouissait. Même si c’était sa première compétition en dehors du sol français. Elle ne savait pas trop comment tout cela allait se dérouler, mais on lui avait fait savoir qu’on lui ferait parvenir une liste détaillant les horaires, les épreuves et les endroits où ça se passeraient. Et que si elle avait une question, elle ne devait pas hésiter à contacter le secrétariat. Le problème c’est qu’elle était assaillie d’interrogations. Finalement, elle avait décidé de garder la surprise pour le jour J et de faire avec sa curiosité. Et puis pour le moment courir lui vidait la tête. Donc elle ne se souciait pas de grand-chose, si ce n’est de son rythme. Le Grand Championnat Sportif se déroulait du 17 au 19 décembre, ça lui laissait un peu de temps pour s’exercer. Elle travaillait sur l’endurance mais aussi sur la vitesse. C’est dans ce genre de moment qu’elle remarquait toute la difficulté de trouver l’équilibre entre les deux.

Bianca s’arrêta, posant ses mains sur ses genoux et se courbant légèrement vers l’avant. Elle reprenait lentement son souffle qui se faisait de plus en plus court. Elle jetait un coup d’œil sur son poignet, où sa montre s’agitait au gré du temps qui passait. Sans pour autant surveiller l’heure, elle n’avait pas de contrainte de temps, heureusement. Enfin ces cours débutaient après le déjeuner. L’un de ses professeurs était absent, elle en ignorait la raison mais ça l’arrangeait grandement. La jeune femme se dirigea vers la petite balustrade qui séparait le terrain de sport des gradins. Elle se pencha pour saisir une bouteille d’eau dont la fraicheur était intacte. Après avoir bu quelques gorgées, elle la reposa à ses pieds et s’appuya contre la bordure en fer de la délimitation. Elle regardait passer les autres sportifs devant elle, ils ne la remarquaient pas, trop concentrés. Il y avait un peu plus de monde, il faut dire que l’heure était plus raisonnable maintenant, le jour s’était bien dévoilé, le soleil couvrant Keimoo d’une douce et légère chaleur. C’était agréable.

Elle remonta ses mains à la hauteur de sa queue de cheval haute et resserra l’élastique qui maintenait ses cheveux. Avant de se replacer et de continuer sa contemplation, ses yeux se posant plus sur le paysage que sur les personnes qui traversaient son chemin. Elle laissa ses pensées divaguer et aspirer peu à peu toute son attention. Tellement dans ses songes qu’elle ne remarquait pas une autre, une nouvelle silhouette qui s’approchait.

[ Désolée c'est vraiment très très court ... TwT ]

Face à la fenêtre donnant sur le terrain d'athlétisme, Miya s'étira de bien-être, poussant ce qu'on aurait pu identifier à un miaulement de chatte satisfaite. La verre filtrait la chaleur des rayons du Soleil pour lui offrir la luminosité et la chaleur que cet astre indispensable dispensait en ce Jeudi 6 Décembre, lui épargnant la morsure du froid extérieur, bien que ce presque hiver se montre actuellement clément. Elle avait quitté sa veste & son écharpe pour ne garder que son pull tricoté main en laine beige, moulant son buste avec grâce et affinant sa silhouette pour souligner sa minceur et son corps élancé. Elle s'était même offert le luxe d'enfiler des mitaines en plaid rehaussées d'un nœud en soie à leurs extrémités respectives afin de ne pas se geler les doigts. Aujourd'hui, elle était de chasse. Son reflex entre les mains, ses doigts fins le maintenant à la fois à sa base et autour de son objectif, elle était de devoir photographie.

« Saisir l'instant ». L'instruction était à la fois vague & précise. En gros, on pouvait prendre n'importe quoi, tant qu'il s'agissait d'un instant précis, où l'on pourrait voir, ressentir cet instant. Mouvement ou non. Miya avait déjà pris quelques photos d'un lys en pot, chez elle, en cours d'éclosion. Observer la fleur s'ouvrir, lentement, par étapes, s'émerveiller devant l'apparition des pistils bruns poudreux, être ébahi face au recourbement des pétales pour offrir le centre de la fleur à la lumière, voir tous les capteurs se dresser afin de saisir chaque goutte de rosée qui servirait à irriguer la plante par le haut... Un véritable bonheur. Et avec son nouveau focus, elle avait fait des merveilles. Soupirant de nostalgie en se remémorant cet instant de joie pure, elle laissa son regard errer dans le vague, rêveuse. Il faisait beau, elle baignait dans un doux halo de chaleur et de douceur, et elle avait pratiquement fini son devoir de photographie. Que demander de plus ? Mais, toujours était-il qu'il fallait qu'elle le termine... Fermant les yeux, elle s'offrit un dernier instant de détente, abandonnant son corps aux rais de lumière langoureux qui vinrent lécher son corps de langues de chaleur, lui arrachant un frisson de bien-être. La chaleur était telle que, sous ses paupières closes, une lumière rouge vive, virant légèrement au rose, apparut, marquant la lumière l'envahissant et prenant possession d'elle en son entier.
Lorsqu'elle rouvrit les yeux, un sourire vint orner ses lèvres retroussées, et elle renfila son manteau, enroula son écharpe autour de son cou, et glissa ses gants en cuir au bout de ses doigts pour s'apprêter à sortir, afin de dévaler les escaliers qui la mènerait au terrain de sport; Là-bas, elle devrait pouvoir trouver un modèle intéressant à photographier. Une prière muette s'éleva vers le ciel, dans laquelle elle souhaitait ardemment ne surtout pas croiser Shiro en plein exercice, afin d'éviter d'être reprojetée à l'épisode de la forêt. L'espace d'un instant, elle avait pensé, la veille, utiliser sa photographie de lui comme échantillon pour son devoir, mais une petite voix l'avait rapidement rappelée à l'ordre. Si elle la publiait sans son accord, elle aurait des ennuis, chose qu'elle souhaitait éviter avant tout. Surtout avec lui. Elle savait très bien qu'il se ferait une joie de lui rappeler leur échange premier, et la ferait tourner en bourrique. Sa lèvre inférieure frémit; pourquoi se montrait-elle aussi faible et sans défense face à lui...?

Se secouant intérieurement, elle s'ébroua pour s'emmitoufler un peu plus dans ses couches de vêtements, la morsure d'un vent naissant lui agressant trop les joues et le nez à son goût. Se focaliser sur le travail, et rien d'autre. Il était temps de trouver sa future victime. Qui, bien sûr, n'avait aucune chance de lui opposer un refus, qui que ce soit. On ne résistait pas à Miya Chanteclair, surtout si elle avait un appareil photo entre les mains et son sourire enjôleur aux lèvres pour diriger sa proie dans ses filets et la faire terminer dans sa précieuse pellicule, qu'elle ferait ensuite développer pour faire ressortir toutes les émotions qu'elle avait inclues dans ses clichés.
Retrouvant son sourire serein, elle descendit deux à deux les marches qui menaient aux terrains de sport. Son regard se fit plus aiguisé et acéré, tel un faucon en recherche de nourriture. Elle trouverait quelqu'un, ou quelqu'une. Pas deux, non. Une seule personne en qui elle ressentirait cette essence particulière qu'elle s'efforçait de faire apparaitre sur son papier photo. Photographies qu'elle devrait prendre sur l'instant, puisqu'elle avait cours deux heures plus tard, et qu'un shooting photo au soleil avait un prix; à savoir, du temps. Une telle occasion n'était pas à manquer. Marchant tranquillement en longeant le bord de différents terrains, comme celui de base-ball et de tennis. S'arrêtant parfois pour observer les rares personnes présentes, puisqu'il était assez tôt, pour repartir quelques minutes après, une moue dédaigneuse sur le visage. Elle ne trouvait pas ce qu'elle cherchait. Voilà qui était fâcheux. Miya n'aimait pas l'idée de repartir bredouille. C'était ici qu'elle avait décidé de choisir son modèle, mais devoir se rabattre sur un second choix qui ne la satisferait qu'à moitié n'était pas dans ses plans. En photo, c'était, avec elle, tout ou rien. Autrement, elle ne s'en sortait pas. Comment faire ressortir une émotion d'une photo lorsqu'on n'arrivait pas à l'éprouver au travers du lien entre le modèle et le photographe...?

S'aventurant du côté du terrain d'athlétisme, elle se mordilla les lèvres, sentant l'inquiétude poindre. Se promenant le long du terrain, ses prunelles vertes se déplacèrent de gauche à droite, dans un mouvement circulaire, pour défricher le panel de modèles potentiels qui s'offrait à elle. Jusqu'à ce que son regard se pose sur une jeune femme de son âge, et qu'elle sente son cœur faire un bond, pour rehausser son sourire s'étant terni à force de chercher sans trouver. Là, elle venait de découvrir celle qu'il lui fallait. Sure d'elle, elle enjamba précautionneusement la balustrade pour entrer dans le terrain, attirant sur son passage quelques regards de personnes l'ayant reconnue et lui faisant des petits signes de mains pour attirer son attention. Attention qu'elle n'accorda pas, se focalisant uniquement sur la jeune femme, poupée blonde aux cheveux bouclés, laissant une vague impression de ressemblance planer sur elle. De loin, on aurait peut-être pu les prendre pour ses sœurs. Elle était métisse, cette jeune fille, tout comme elle. Avec des cheveux pareils, c'était forcé.

Lâchant son appareil pour le laisser pendre autour de son cou grâce à la bandoulière renforcée à laquelle elle l'avait accroché, elle se planta face à elle, un sourire sur le visage, semblant augurer une discussion décisive, et lui tendit franchement la main droite, marquant aux yeux de tous sa décision de s'adresser à elle et personne d'autres. Ce qui lui fit entendre quelques murmures de déceptions, notamment de garçons qui auraient aimé qu'elle les regarde, au point de la faire sourire intérieurement. Trop de popularité tue la popularité... Reportant son attention sur son inconnue, elle lui sourit une nouvelle fois, haussant un sourcil face à son air rêveur et lointain. Elle toussota légèrement pour marquer sa présence, avant de reprendre :

« Bonjour...? »

Sujet: Re: Blue Velvet. [Miya Chanteclair] Mar 8 Jan 2013 - 16:17

Les rayons du soleil étaient des plus plaisants ce matin, malgré l’hiver et le froid environnant, ils réchauffaient Bianca d’une chaleur délicate mais surtout tout en légèreté. Assez présente pour être apprécié à sa juste valeur mais dans toute sa mesure et sa retenue, on ne se croyait pas en été non plus. Même s’il fallait avouer que lorsqu’elle fermait les yeux, elle se sentait partir vers les plus beaux jours de l’année. Elle se sentait bien à cet instant, respirant l’air frais caractéristique de la saison. Elle aurait pu rester dehors toute la journée, même s’il aurait fallu trouver de quoi s’occuper. Son regard glissa, passant des corps qui s’activaient sur la piste où l’herbe au loin du terrain. Verte et pourtant presque glacée. Bianca avait été surprise par la qualité des lieux, les structures sportives de l’académie de Keimoo étaient vraiment optimales. Elle avait conscience de cette chance, de pouvoir s’entrainer dans de si bonnes conditions, tout cela ne pouvait qu’avoir un effet favorable, positif sur sa personne. La jeune femme resta un moment appuyée contre la balustrade, tout en songeant à plusieurs choses qui suivaient un fil de ses pensées plus ou moins cohérent.

Elle se remémora son planning. Non pas de cours mais une sorte de tableau d’entrainement où elle y annotait toutes sortes de détails et d’autres choses. Les créneaux où elle pouvait s’exercer par exemple, ce qu’elle avait à faire, et aussi des petits conseils diététiques. Même si son alimentation était un point délicat à aborder avec l’adolescente pendant cette période de préparation. Bianca étant une grande gourmande, le fait de surveiller ou qu’on la limite niveau nourriture la froissait par moment. Enfin, elle savait que cela était nécessaire si on veut des bons résultats. Et puis elle se disait qu’elle pourrait se faire plaisir après la compétition, ce qui pouvait être source de motivation. Le Grand Championnat approchait mais elle se sentait vraiment d’attaque à relever ce défi. C’était une opportunité à saisir pour montrer de quoi elle était capable, car elle n’avait pas encore réellement pu faire ses preuves sur le sol du Japon. On connaissait sa valeur en France, mais ici, à Keimoo elle savait qu’elle allait devoir démontrer toute l’étendue de ses talents, de ses capacités et leurs qualités.

La France, était à la fois si loin et pourtant si proche quand elle se laissait prendre par ses souvenirs. Qui lui décrochaient un sourire qu’elle ne dissimulait pas. Sans être pour autant nostalgique, c’est vrai que parfois ça lui manquait. Mais elle se rassurait, en essayant de se convaincre que c’était tout à fait normal. Et ça l’était, ça ne faisait pas si longtemps qu’elle était arrivée ici. Heureusement elle s’y plaisait bien. Même si c’était très différent de son pays natal. Enfin, elle prit une grande inspiration pour chasser tout ça, comme si elle ne voulait pas s’y attarder. Elle baissa un peu la tête, pour voir l’état de ses chaussures de course. L’équipement n’était pas quelque chose de négligeable. Ces chaussures dataient, mais l’usure ne se lisait pas trop, bien qu’un peu abimées. Peut être était-il temps d’investir ? Elle essaya de voir ce que les autres coureurs avaient aux pieds mais ce n’était pas une tache facile lorsqu’ils étaient en mouvement. Finalement, il serait plus judicieux d’aller s’informer auprès des athlètes qui l’avaient entrainé dans toute cette histoire.

C’était une bonne idée qu’elle se gardait sous le coude. Cette histoire de chaussure n’était pas urgente. En parlant de ces dernières, Bianca remarqua qu’une autre paire était venue se faufiler devant les siennes. Elle se demanda lors d’un court instant comment elle s’était débrouillée pour ne rien entendre. Décidément, elle se posait des questions sur sa concentration et sur ce qu’elle pourrait entrainer. La jeune femme releva doucement la tête, sans pour autant que ce mouvement de tête soit exagéré, il était progressif. Elle remarqua un manteau puis l’extrémité d’une écharpe mais surtout ils encadreraient un appareil photo. Mais elle n’eut pas le temps de s’y figer, la personne qui lui faisait face toussa légèrement comme pour attirer son attention une bonne fois pour toute. Cette personne qui lui tendait également la main, tout en saluant Bianca. La Française lui rendit un sourire chaleureux tout en saisissant ses doigts pour lui serrer délicatement la main. Elle ne manqua pas d’ajouter comme dans un écho mais simplement et sincèrement un petit :

« Bonjour. »

Bianca regarda la jeune femme qui l’avait interpellé, elle ne savait pas vraiment ce qu’elle lui voulait, rien ne lui venait en tête mais bon, cela ne la dérangeait pas. Ses yeux parcouraient les traits fins de son visage, elles avaient quelques ressemblances, son interlocutrice venait forcement d’un pays occidental, peut-être même de France. Elle n’avait aucune certitude sur ce reflet qui avait tout de même quelques différences, forcement. Mais surtout, elle ne lui était pas inconnue, elle cherchait où elle avait pu la croiser. Oui, elle l’avait déjà vue mais ça ne l’aidait pas beaucoup. Cependant elle ne laissa pas un silence s’installer entre elles, en ajoutant :

« Je peux vous aider ? Vous cherchez quelque chose peut être ? »

Elle n’osa pas lui avouer qu’elle lui disait quelque chose sans pouvoir mettre de prénom sur son visage. Pourtant elle était sûre que cela lui reviendrait rapidement. Elle garda un sourire sur ses lèvres dans l’attente d’une réponse.

Sujet: Re: Blue Velvet. [Miya Chanteclair] Lun 14 Jan 2013 - 15:07

Sentant sa main se glisser dans la sienne, Miya se détendit quelque peu, un frisson coulant le long de son échine alors qu'un rayon de Soleil venait chauffer son dos. Sans répondre de suite, elle la détailla de plus près, certaine d'avoir fait bonne pioche. Des traits fins, une très jolie chevelure, musculature fine mais présente, corpulence douce et athlétique... Vraiment jolie. Peau douce, en plus. Elle prenait soin d'elle, c'était forcé. Ou alors, elle avait Vénus en face d'elle, mais de ça, elle doutait tout de même un peu. Un joli sourire vint orner son visage en étirant finement ses lèvres, contrastant avant son regard concentré et absorbé dans le détaillage précis de la jeune femme qu'elle avait en face d'elle, lui donnant un petit air contemplatif qui n'avait rien de vilain. Elle finit par relever le regard vers son interlocutrice en souriant un peu plus, pétillante, pour relâcher - enfin ! - sa main qu'elle avait gardé en otage durant tout l'examen qu'elle lui avait fait passer, sans le lui dire, évidemment.

« Française, hm ? Enchantée. »

Lâcher quelques mots de français lui fit le plus grand bien, puisque même Andrew s'était mis à tout le temps lui adresser la parole en Japonais, pour 'te forcer à travailler un peu plus la langue et devenir parfaitement bilingue, tête de pioche !'. La tête de pioche, c'était lui, à la fin...! Elle vivait au Japon depuis plus de 4 ans, sa mère était Japonaise, elle, elle l'était à demi. Elle maitrisait, enfin ! Grognant intérieurement après ce stupide majordome la faisant magnifiquement tourner en bourrique, elle garda les yeux rivés sur Bianca dans un petit sourire, attendant sagement une réaction. Elle était sure d'avoir fait banco. Au pire, si elle ne l'était pas, eh bien... Elle improviserait en Japonais. Du genre « c't'une phrase qui veut dire que je te trouve jolie ». Ou quelque chose du genre. N'importe quoi ferait l'affaire, au fond...

Reprenant son examen approfondi, elle estima sa taille et ses mensurations assez rapidement. Dieu merci, elle était une femme. S'il avait fallu qu'elle soit née Alexandre, elle serait passée pour un gros pervers de première. Légèrement plus petite qu'elle... Un peu moins d'un mètre soixante-dix, à vu de nez. De jolis seins. Moins qu'elle, aussi. Mais tout aussi féminine et fraiche. On aurait pu croire à un bourgeon de bouton d'or, avec son joli visage un peu rond, ses grand yeux et sa chevelure bouclée aux reflets roux au contact du Soleil. Un débordement de printemps en avance, en somme. Oui, la photographier serait un pur plaisir, vraiment.

« Hm, eh bien... »

Continuant naturellement sur sa lancée de français, elle se stoppa en ouvrant un peu plus les yeux sous la surprise. C'était revenu si vite qu'elle en oubliait presque qu'elle n'était pas en France, mais bel et bien au Japon. Miya lui offrit un léger sourire d'excuses.

« Pardonne-moi. Tu préfères peut-être rester sur du Japonais...? »

Elle glissa une main dans sa poche pour en sortir un petit mouchoir, se retourna légèrement afin de s'essuyer le nez avant de le replacer dans son manteau, le plus discrètement et naturellement du monde. Avec ce froid hivernal, il n'y avait rien d'étonnant à avoir légèrement attrapé froid. Ce n'est que la chose faite qu'elle réalisa sa seconde bourde. Elle l'avait tutoyée. Alors que la jeune femme l'avait vouvoyée. Raaaah, mais quelle pas douée, aujourd'hui...! Si elle n'avait pas été en public, elle se serait collé une baffe, histoire de revenir àla raison. C'en était presque à croire que ce c'était son cerveau qui fuyait par son nez depuis quelques jours. Pourquoi n'était-elle pas née Anglaise, à la fin ? La chose était nettement plus facile, au fond ! You pour tu, you pour vous. C'était parfait. Elle voulait ça aussi en français. Pour toutes les langues du monde, en fait. It'd be much more simple.
Arf. Voilà qu'elle se mettait à penser en anglais, maintenant. Ca, c'était la faute d'Ethan. Quelle idée, d'être Américain, aussi ? C'était contagieux, cette langue, franchement.
En sachant qu'elle se tapait un petit monologue tout en étant toujours face à son interlocutrice, elle sourit une nouvelle fois, zappant totalement l'histoire du tutoiement, pour reprendre la parole. En Japonais, cette fois.

« Heum. Je fais dans la photographie, et. J'aurais aimé que tu sois mon modèle. Si tu veux bien. »

Pour réaliser sa troisième "keunerie". Elle ne s'était pas présentée. Non, vraiment, l'hiver ne lui réussissait pas. Il faudrait aussi songer à abroger cette saison, en plus des deux termes osant différencier le 'tu' du 'vous'. Hm. La liste commençait à se faire longue... Il faudrait qu'elle y repense... Une nouvelle fois, elle reporta son attention sur son vis-à-vis.

« Et j'ai oublié de me présenter. Miya. Miya Chanteclair. Echantée, une nouvelle fois ! »

Si avec tout ça elle acceptait, Miya aurait vraiment de la chance, tiens...

[A mon tour de faire court. J'ai honte. Pardon ;___;]

Sujet: Re: Blue Velvet. [Miya Chanteclair] Mer 23 Jan 2013 - 17:05

Sa main quittait celle de son interlocutrice, s’en détachant finement et sans être brutale ou même trop brusque. Tout dans la justesse quand leurs doigts se séparaient de cette première étreinte de velours. Ses yeux se posèrent sur les traits de la jeune femme dont la douceur et la beauté ne pouvaient être contestées. Mais elle sortit de cette discrète contemplation quand les lèvres de celle-ci se mouvaient délicatement pour s’adresser à Bianca. Elle fut un peu surprise de la sonorité que prenaient ses mots. Non pas que cela lui était étranger, inconnu, c’était bien là tout le contraire. Du français, c’était bien la première fois qu’elle rencontrait une autre Française dans l’Université de Keimoo. Car oui, pour Bianca il n’y avait aucun doute, elle ne pouvait être que Française. Son regard, ses cheveux, leur couleur et celle de sa peau. Cette façon de parler, comme une certitude qui la ravie, d’être en sa compagnie. Elle se considérait déjà chanceuse, de pouvoir continuer à discuter en français avec ces parents, elle appréciait d’autant plus cette possibilité de pouvoir converser dans sa langue maternelle avec une jeune fille qui était à peu près du même âge qu’elle.

Cette dernière lui lança un petit sourire, avant de reprendre mais cette fois-ci en japonais. En lui demandant ce qu’elle préférait, peut être qu’elle avait une incertitude sur sa nationalité et que cette question lui apporterait une réponse. Chose qu’elle n’eut pas le temps de lui confirmer, la blondinette qui lui faisait face poursuivait sa phrase qu’elle avait un peu laissée en suspens. Ainsi, elle lui dévoila un autre indice sur son identité. Elle était dans la photographie. Bianca s’activa pour faire un rapprochement, mais elle manqua de temps. La jeune femme se présenta et son prénom, tout comme son nom la frappa telle une évidence. Miya Chanteclair, comment avait-elle pour ne pas la reconnaître instantanément. Elle se maudissait intérieurement, ne laissant rien paraître sur son visage si ce n’est un sourire fin et léger. Tout pour dire, à cet instant l’attention de Bianca concernant le motif de la venue de Miya se déroba pour sa personne. Non pas qu’elle n’y accordait pas d’importance, pour le moment elle le mettait de côté. Après tout, elles auraient sûrement tout le temps d’y revenir, ce que Bianca allait faire un peu plus tard. D’ici quelques minutes même.

Mais avant, elle remarqua qu’elle ne s’était même pas présentée. Elle décida de saisir l’occasion, en commençant pour lui dire :

« Miya Chanteclair, je me disais bien que ton visage m’était familier. »

Son sourire s’étirait doucement sur ses lèvres. Aussi, en entendant Miya la tutoyer, Bianca avait fait le choix d’en faire de même, chassant une éventuelle gêne que son emploi du vouvoiement aurait pu causer. Elle lui parlait en français et lui précisa, par rapport à son interrogation précédente :

« Oh et on peut continuer en français. Tu es Française aussi ? »

Elle trouverait dommage que deux Françaises conversent en japonais. Même si cela avait peut être un coté amusant à ses yeux. Elle préférait parler avec la langue de son pays natal et pour une fois qu’on pouvait la comprendre et échanger avec elle. Elle ajouta :

« Je m’appelle Bianca. Et enchantée également. »

Maintenant que les présentations étaient faites, elle ne lui restait plus qu’à préciser certains détails. En effet Miya lui avait quand même fait part d’une de ses volontés : que Bianca soit son modèle. Bianca ne connaissait pas grand-chose au monde de la photographie. Elle prit le temps de réfléchir et elle voulait le faire avec la photographe, après tout ça lui semblait être quelque chose de relativement important.

« Et bien oui pourquoi pas. Mais je tiens à te prévenir, je n’ai jamais été modèle. »

Elle ne la questionna pas sur son choix, elle aurait très bien pu lui demander : « Pourquoi moi ? ». Miya avait surement ses raisons et pour le moment les ignorer ne lui posait aucun problème. En revanche le fait de poser pourrait être un souci.

« Je vais devoir poser ou faire quelque chose en particulier ? »

En réalité Bianca espérait que Miya prendrait des photos à ses dépends sans qu’elle ne puisse s’en rendre compte, arrachant des clichés plus naturels, spontanés, réellement sincères… Mais étrangement, elle accordait sans difficulté sa confiance à Miya sur ce sujet et elle attendit ses explications et ses instructions. Si elle connaissait Miya c'était uniquement de vue mais aussi et surtot par le biais de nombreuses personnes qui avaient pu lui en parler. C’était sa popularité qui était parvenue jusqu’à ses oreilles, et il lui semblait même que Kim lui en est déjà touché deux mots au cours d’une conversation en tête à tête. Malheureusement, elle n’avait jamais pu voir et admirer ces photographies mais elle ne doutait pas de son talent, elle semblait à l’aise et rodée à ce propos.

« Mon visage t'est... Familier ? »

Miya haussa les sourcils, ses prunelles s'arrondissant sous le coup de sa réponse. Voilà qui était intriguant. Elle avait beau faire partie du groupe des populaires, il n'étais pas pour autant évident que tout le monde connaisse son visage. Son nom, tout au plus. A moins que... Tccchk. Quelqu'un se serait-il amusé à la prendre en photo en cachette pour les vendre par derrière ? C'était probable, en soi. Mais, cette jolie jeune fille, une groupie de Miya...? Impossible. Totalement. Alors. Comment pouvait-elle connaitre son visage au point qu'il lui paraisse familier ? Chez les tout jeunes, cela lui paraissait totalement normal. Chez son interlocutrice, c'était de suite plus étonnant. Elle devait avoir son âge, à peu près. Peut-être un peu moins. Il était au moins avantageux d'être face à une métisse, puisque l'âge se lisait nettement plus facilement sur le visage et sur le corps. Quoique il y avait toujours possibilité de se tromper, mais...

Esquissant un léger sourire gêné, son visage prenant une moue embarrassée, elle reprit la parole :

« Excuse-moi, mais. D'où connais-tu mon visage pour qu'il te soit... Familier ? »

La suite lui fit nettement plus plaisir. Du français ! Joie, bonheur ! Un large sourire naquit sur ses lèvres, frais et empli de douceur. Elle était bien Française. Elle s'appelait Bianca. Elle était jolie. Décidément, cette jeune femme devenait de plus en plus intéressante ! Levant les deux mains en même temps avec lenteur avant de les taper plusieurs fois l'une contre l'autre en signe de son profond contentement, elle lui adressa un regard malicieux, repartant automatiquement sur sa langue natale; trop heureuse pour refuser une telle offre qui, elle était sure, devait tout autant faire plaisir à Bianca.

« Oui oui, Française ! De mon père. Ca se devine généralement à la couleur des yeux et aux cheveux. »

Un sourire taquin vint ourler ses lèvres et lui faire plisser les yeux, lui donnant un air félin. Pour peu, elle aurait presque pu se mettre à ronronner. Une bouffée d'air frais. Voilà ce qu'était le fait de pouvoir parler sa langue maternelle. Sourire qui s'agrandit sous la réponse positive de Bianca, la faisant rayonner un peu plus. Miya allait finir par se transformer en deuxième soleil, histoire de souligner le surnom du Japon - pays du soleil levant -, avec tout ce qu'elle rayonnait d'intense satisfaction et de contentement. Elle n'aurait sincèrement pas pensé qu'il serait aussi facile d'obtenir un « oui ». D'autant que Bianca était en plein entrainement. Elle aurait tout aussi bien pu refuser, et la photographe en herbe n'aurait pas eu d'autre choix que de se replier docilement. Si elle la prenait en photo sans son autorisation pour un devoir, elle aurait très certainement des ennuis. Glissant sa main gantée dans ses cheveux pour replacer les mèches rebelles en rang, elle hocha négativement la tête dans le but de rassurer sa nouvelle camarade.

« Que tu n'aies jamais été un modèle n'est pas un inconvénient. Au contraire. On finit toujours par sentir le trop-plein de confiance, sur la photo, chez les pros. »

D'autant qu'elle n'avait tout bonnement pas le droit de faire appel à un professionnel. Le prof avait - malheureusement - été très clair. Je veux du naturel à 200%, qu'il avait dit. Hmpf. Pas que la consigne désole particulièrement Miya, mais elle aurait aimé pouvoir se reposer sur une personne expérimentée afin de l'aider à s'améliorer en photographie... Humaine ? Ses clichés animaliers et floraux commençaient à vraiment sortir du lot, ce qui était une bonne nouvelle; elle souhaitait pourtant remonter le niveau du côté des portraits et autres, afin de ne pas paraitre déséquilibrée. Hochant une nouvelle fois vigoureusement de la tête en signe de négation, elle agita également ses mains tendues et ouvertes pour casser toute inquiétude commençant à poindre chez Bianca. Elle le sentait; c'était normal, en soi.

« Nonononon ! Ne t'en fais pas autant. Je dois 'saisir l'instant'. Je vais juste m'installer et prendre plusieurs clichés de toi pendant ton entrainement. C'est d'accord ? »

Ramassant ses affaires de ci de là pour les reprendre en main, elle replaça son lourd bagage de photographie sur son épaule, se libérant une main afin de pouvoir la garder libre et désigner à Bianca son désir du déroulement du shooting photo.

« Je compte faire simple. Je vais grimper dans les gradins, là-haut, pour avoir des photos de toi en macro. Portraits ou totalité de toi en course. Je compte surtout me focaliser sur ton visage en fait. »

Miya marqua une pause pour faire un mouvement d'épaule et empêcher la bandoulière de glisser vers le creux de son coude. Au vu du poids du matériel, en plus de faire mal, ça lui ferait lâcher sa mallette contenant son trépieds. Elle risquerait plus de tout casser qu'autre chose.

« Si j'ai bien compris, tu vas essentiellement faire des tours de piste ? Du coup, je pourrais facilement zoomer ou dézoomer sur toi. »

Se tournant à nouveau vers Bianca pour lui sourire en coin, son regard ancré sur son visage dans l'espoir d'attraper le sien, elle pencha légèrement la tête sur le côté pour réfléchir quelque peu. Lui exposait-elle la suite immédiatement, ou...? Oh. Mieux valait tout dire de suite. Elle serait tranquille pour plus tard.

« Ce que je te propose, c'est que je redescendrai ensuite, le temps que tu fasses une pause. Je me posterai très légèrement au-dessus du niveau du terrain pour ne pas avoir les barrières de protection dans le cadre. Je te prendrai en plongée avec mon trépieds. Si tu cours, ça me fera de super plans en panoramique. Sinon pendant que tu t'étires. »

Nouveau sourire, ses cheveux retombant devant ses yeux et sur son nez. Agacée mais amusée, elle les souffla en serrant ses lèvres en 'o' pour les chasser de son champ de vision. Il n'y avait plus qu'à attendre confirmation de Bianca, sagement. La chose lui conviendrait-elle ?

Sujet: Re: Blue Velvet. [Miya Chanteclair] Lun 11 Mar 2013 - 14:59

Bianca ne s’attendait pas vraiment à ce que Miya relève ces mots, son visage se teintait d’un peu de surprise alors que celui de son interlocutrice se mouvait dans un sourire qui semblait gêné. Elle ne comprenait pas trop ce retournement de situation, mais elle décida quand même de répondre à la jeune femme qui lui faisait face avec sincérité :

« Aux détours de couloirs, par fréquentation de connaissances qui brassent ta popularité, je crois même que nous avons des amis communs, et puis je t’ai déjà vu au club de journalisme. »

Peu de temps après, la discussion refila dans un ton plus léger et joyeux. D’ailleurs, les lèvres de Miya retrouvaient un sourire malicieux et son visage se teintait d’un air taquin, presque félidé dans l’ensemble de ses traits. Pouvoir converser en français semblait lui faire plaisir, ce que Bianca pouvait parfaitement comprendre. Elle était tout aussi ravie pour tout dire. Elle regarda la jeune femme tout en hochant positivement la tête à sa remarque, c’est vrai que sa chevelure et son regard n’avaient pas une essence purement orientale, loin des courbes japonaises. Les deux adolescentes répondaient en effet plus aux critères occidentaux. La beauté de Miya se refletait de ses iris, Bianca se demandait d’ailleurs si cette dernière se retrouvait parfois de l’autre coté de l’appareil. Ça ne lui sembla pas impossible, mais elle garda cette curiosité pour elle. Celle-ci qui la poussa à se questionner à nouveau ce qui avait emmené Miya jusqu’à elle. Elle se disait que ça devait être quand chose comme le feeling, ou un truc de photographe qu’ils possédaient de façon inné, sans qu’elle puisse dire avec précision ce qu’il en était.

La suite devenait plus technique, Miya la rassura d’abord sur le fait qu’elle n’avait aucune expérience, ce qui n’était pas un problème visiblement, au contraire. Elle lui expliqua qu’elle devait saisir l’instant, ses émotions et également comment elle allait s’y prendre. C’était assez clair, même si Bianca ne savait pas ce que signifiait : « en macro ». Elle laissa filer en approuvant sagement. Signe qu’elle avait bien comprit. Miya développa la tournure des événements qui devaient s’enchainer. Les instructions une fois terminées, Bianca lui rendit doucement son sourire. Avant d’ajouter pour lui apporter confirmation :

« D’accord, on fait comme ça. Je fais comme si tu n’étais pas là, je continue de courir et dès que je fais une pause, je te fais signe. Je vais devoir m’étirer mais si tu veux, je peux faire quelques tours de pistes supplémentaires, ça ne me dérange pas. »

Son sourire s’étira à nouveau sur sa bouche qui allait s’animer de nouveau de sa petite voix :

« Bon, on se retrouve tout à l’heure, je pars devant. »

Elle reprit alors sa course, tandis que Miya allait se diriger vers les gradins. Elle avança sans se soucier de ce qu’elle allait faire, pour tout dire, en courant d’autres choses lui venaient en tête. A tel point que sa concentration lui faisait oublier la présence de la photographe. Ce qui était surement une bonne chose pour cette dernière. Les minutes passaient, son rythme était plus calé pour l’endurance que pour la vitesse. Sur la fin, elle faisait quelques accélérations, puis elle s’arrêta après un moment. Durant celui-ci Miya avait pu avoir le temps de prendre un bon nombre de clichés. Le timing n’était pas mauvais, Bianca n’aurait pas voulu que Miya finisse congeler la haut avec trop de photos. Stopper sur le coté de la piste, elle reprenait lentement sa respiration. Elle détacha ses cheveux qui tombaient alors de part et d’autres de ses courbes. Encadrant délicatement son visage de leurs boucles légères et grandement esquissées. Cette masse capillaire qui cascadait dans son dos, l’écume de leurs extrémités qui ondulaient. Son regard était droit, fixant l’horizon dans un instant silencieux. La présence de la Française la frappa alors, comme une illumination, pour tout avouer, elle l’avait un peu oublier. Courir lui avait vidé l’esprit. Mais heureusement ce détail était revenu au galop.

Elle se tourna vers les gradins en souriant et fit un geste, levant le bras et agitant sa main pour interpeller l’attention de Miya. Elle avança jusqu’à la balustrade, croisant les bras sur cette dernière et elle l’observa un instant, Miya devait surement ranger son matériel pour se déplacer et se rapprocher. Bianca scruta ensuite le reste des gradins et ce qui l’entourait. La jeune femme attendait sagement Miya, elle voulait lui demander quelques petites choses et savoir ce qu’elle préférait, si elle voulait que l’adolescente fasse deux ou trois tours en plus ou si elle pouvait s’étirer dès maintenant…

Un fin sourire vint étirer ses lèvres, dévoilant quelque peu ses dents, alors qu'elle hochait la tête, la penchant sur le côté par la même occasion. Alors comme ça, elle avait de possibles amis en commun ? Voilà qui devenait des plus intéressants... ! La demoiselle serait-elle finalement tombée sur un pépite d'or en découvrant la Française aux cheveux fascinants et aux yeux de biches à rendre jalouse les 8/10e du campus, malgré la grande diversité de métisses ou, tout simplement, d'étrangers ? Son sourire se fit un peu plus malicieux, alors qu'elle plissait le regard, marquant sa malice et sa curiosité.

« Oh, vraiment... ? Je suis curieuse de savoir ça. Tu saurais expliciter ? »

Oui, il ne fallait pas oublier que Miya, en plus d'être photographe, se vouait corps & âme au journalisme. A elles deux, ses passions la définissaient à 90%. C'était d'ailleurs les deux termes qui venaient aux lèvres de tout un chacun, en termes de loisirs, d'activités, lorsqu'on prononçait son prénom. Son regard se fit un peu plus rêveur alors qu'elle accrochait la trajectoire d'une fauvette volant de cerisier en cerisier, aux abords des terrains de sport, en hauteur. C'était un joli oiseau, et, une fois ses plumes déployées, elle avait autant de grâce que lorsqu'elle se balançait au sol, sa longue queue lui conférant toujours un petit air joueur et joyeux. Marquant une pause de quelques instants, elle hocha la tête mécaniquement sous la décision de Bianca de partir devant et ne sortit de son petit monde que quelques instants plus tard, tanguant quelque peu, comme si elle venait d'embarquer sur un bateau bougeant au rythme du roulis de la mer.

Se stabilisant, elle chercha son modèle du regard, avant de la repérer et lâcher une exclamation satisfaite de la voir déjà en train de courir. Voilà qui était parfait ! S'accroupissant délicatement, elle saisit ses mallettes posées au sol en glissant finement ses doigts autour de chacune des poignées, et, d'une pression musculaire, se redressa pour les soulever; se détournant pour grimper sur les marches et monter rapidement son matériel, enclenchant en premier lieu son mode manuel et effectuant ses réglages pour optimiser l'ouverture du diaphragme et la vitesse d'obturation. Une fois la chose faite, elle déposa son appareil sur son trépieds préparé pour l'occasion, et commença ses clichés, usant presque à outrance du mode rafale pour réussir à 'saisir l'instant', comme son professeur le lui avait demandé. Là, elle avait sérieusement de quoi faire...

Augmentant l'ouverture de son diaphragme et baissant sa vitesse d'obturation, elle élargit sa profondeur de champ pour se faire quelques jolis panoramas, se focalisant plus sur la silhouette de la demoiselle et sa démarche que sur son visage contracté par la concentration, perlant de sueur, et ses cheveux dansant sur ses épaules, entrainé par le vent.

Plusieurs minutes s'écoulèrent, alors que Miya cherchait à modifier son point d'ancrage pour obtenir une vue différente sur des photographies pourtant similaires. Ainsi, elle s'offrait le luxe de pouvoir sélectionner celle qui allierait le mieux la mise en valeur de Bianca et sa volonté de montrer la saisie de l'instant particulier où elle avait posé le pied par terre, pour pouvoir ensuite s'en servir comme d'un élan, qui, cumulé, augmentait sa vitesse et la distance entre chacun de ses pas.
Miya se doutait que beaucoup avaient opté pour cette option. Elle ne serait d'ailleurs même pas étonnée de voir des camarades rôder autour des terrains, également à la recherche d'un modèle enclin à poser pour eux. D'où son choix de se créer un florilège d'instants saisis. Un lever de Soleil faisant scintiller la rosée du matin, un oiseau en vol, un objet tombant au sol... Les choix étaient multiples !

C'est depuis son objectif qu'elle aperçut le sourire rayonnant de Bianca, ainsi que sa main levée, s'agitant dans sa direction. Ne résistant pas à la tentation, elle prit un dernier cliché d'elle, dans cette position démontrant tous ses charmes et toute sa grâce, songeant avec une pointe de tendresse que les femmes de son pays étaient bien jolies, lorsqu'elles souriaient. Saisissant la bandoulière de son appareil, elle le passa autour de son cou frêle mais solide, et replia d'un clac retentissant son trépieds pour le glisser dans son étui correspondant; l'autre restant vide, son contenu pendant contre la poitrine de la Française. Redescendant les gradins, elle s'approcha, une mine ravie ravivant son teint.

« C'était superbe ! Tu cours vite, dis-moi ! »

Bianca reprenait doucement son souffle. Elle avait placé ses bras sur ses hanches et se tournait légèrement vers la droite puis vers la gauche. Elle observait ce qui l’entourait en même temps, ses yeux se baladaient sur le paysage, sur les gens par moment. La jeune femme était dans ses pensées, mais toujours en mouvement. Elle se stoppa en voyant Miya descendre des gradins avec tout son matériel. Elle était admirative, devant la jeune Française et tout son matos professionnel. Elle était curieuse de savoir comment ça marchait, au delà d’appuyer sur un petit bouton, les réglages, les paramètres, enfin la techniques et toutes les choses qui allaient avec. Bien qu’elle ne savait pas ce que ça rendrait de lui mettre un appareil photo entre les mains. Probablement des clichés ratés et décalés. Mais elle était sûre que cela pourrait être amusant quand même. Elle afficha un sourire amusé à cette remarque qu’elle se faisait intérieurement. Miya arriva à sa hauteur, les traits de son visage semblaient ravis. Bianca lui souriait, sincèrement, elle espérait qu’elle avait su se rendre utile. Même si elle ne savait pas du tout si elle avait été un bon modèle.

Miya la rassura, ajoutant quelques mots sur sa vitesse de course. Elle haussa doucement les épaules, tout en gardant un sourire sur ses lèvres. Elle lui lança joyeusement :

« Ah bon, tu trouves ? Je ne me rends pas vraiment compte pour tout dire. »

Bianca marqua une légère pause, elle saisissait à nouveau sa bouteille d’eau sans pour autant la boire, elle voulait juste la récupérer étant donné qu’elle allait bientôt devoir partir. Elle passa ses mains dessus et regarder l’eau se mouver avant d’ajouter en reportant son attention sur Miya :

« Je m’excuse, je vais devoir y aller mais tiens mon numéro de portable. J’aimerai bien voir ces photos, n’hésites pas à m’appeler quand tu auras un peu de temps à m’accorder pour me les montrer. »

Bianca lui donna son numéro, elle détacha ensuite ses cheveux et discuta brièvement avec Miya pendant quelques minutes, elle lui demanda l’heure. La jeune femme s’excusa une nouvelle fois, l’heure du départ avait sonné. Elle la remercia et lui fit part de son souhait de la revoir et de faire plus ample connaissance également. Elle lui fit un dernier sourire avant de s’éloigner, elle se tourna vers elle et lui fit un signe du bras et de la main pour lui dire au revoir en lui lançant :

« A bientôt j’espère !»

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