J'ai tout mangé le chocolat [PV Nathan]

La chaleur est un facteur climatique qui pousse les animaux à la recherche d’un peu d’ombre, de fraicheur. Un animal est particulier souffre de ce climat, même s’il est habitué à la chaleur, au soleil et à l’humidité. Mais quand tu t’appelles Ana et que le soleil et la chaleur sont tes pires ennemis, ni les années passées au dessert peuvent t’aider. Dit animal se trouve, en forme fœtus, sous le lit. Caché de tout rayon de soleil qui puisse le toucher. Il bouge terrorisé lorsque la lumière se filtre sous les couvertures qui le cachent. Il décide enfin de sortir de sa cachette et ses pas précipités le conduisent jusqu'aux douches. L’animal s’est sauvé de son refuge. Il trouve le bonheur sous un jet d’eau froide. Les chambres de l’académie n’avaient pas de climatiseurs, juste des petits ventilateurs accrochés au plafond qui ne suffisaient pas à chasser l’air chaud de la pièce. Il ne faisait pas si chaud que le comportement d’Ana prétendait, mais les quarante degrés se collaient à la peau sans lâcher. Le seul lieu habitable pendant la journée était la piscine de l’académie, mais tout le monde se concentrait dans ce point stratégique, la chaleur ne se faisait que plus insupportable. Voilà pourquoi la petite espagnole s’était cachée sous son lit, au moins elle était tranquille. A présent, sous l’eau, sa température était devenue normale, bien que ceci n’aille guère durer.

La brunette cherchait un coin tranquille dans l’établissement, si possible à l’ombre, sinon elle emporterait avec elle son ventilo portable ; le petit truc là qui ne sert pas à grande chose. Elle s’habilla toute mouillée encore, elle devait garder le plus possible la fraicheur dans son corps, sinon la quatrième douche de la journée n’allait pas tarder. J’exagère un peu ? Oui, c’était seulement la deuxième… Dans le chemin de retour aux dortoirs, l’espagnole croisa d’autres élèves qui mangeaient des glaces. Ah, de quoi donner envie de s’en acheter une et la manger avant qu’elle fonde. Décidé ! Elle sortirait en ville et achèterait quelques unes qu’elle mangera toute seule ! L’égoïsme ne tue pas toujours. Avec cette idée en tête, elle prit le premier bus qui passait juste devant les portes de l’académie pour le centre-ville. Et voilà comment une nouvelle aventure commence pour notre jeune héroïne abandonnée de la main de Dieu lors des journées chaleureuses. Elle n’avait même pas une petite idée où elle pouvait se rendre pour s’emparer de son trésor, de son précieux. Ce n’était point un problème. Elle voulait une glace et tant qu’elle était manger aussi. Son ventre réclamait sa part du festin.

L’autocar s’arrêta en plein centre de la ville, là où tous les petits bistrots inondent les trottoirs et les restaurants pas chers offrent de petits plats simples. Certes, Ana avait faim, mais sa mission ne la conduisait pas ici. Elle continua sa route jusqu’à la rue de pâtisseries : le paradis perdu des gourmands ou de ceux qui à faute de ne pas pourvoir boire noient leur désespoir dans les gâteaux. Désormais un dilemme s’ouvrait à la petite Ana : petites délices sucrées ou glace trois boules et crème chantilly ? Bien qu’étant quelqu’un qui n’apprécie pas beaucoup les sucreries, le fait de voir tous ces petits gâteaux aux formes différentes et aux douces couleurs l’a poussa à entrer dans Del Lys.

Ce n’était pas la première fois que l’espagnole entrait dans la pâtisserie, elle était cliente habituelle d’ailleurs. Mais avait-elle assez d’argent cette fois-ci ? Elle était sortie avec l’envie d’une simple glace, pour chasser la chaleur, mais la voilà qu’elle était devant l’étalement des gâteaux les plus chers de la ville…Oh et puis pas grave, ils avaient qu’à lui faire du crédit ! Ça n’allait pas les tuer si elle ne payait pas, ce serait la première et dernière fois après tout. Bon, que prenons-nous aujourd’hui ? Nous ? Mais moi je viens à peine de manger, c’est Ana qui bave devant la vitrine ! Finalement, elle prit une Foret Noire, un milk shake à la fraise et un morceau de gâteau au chocolat avec des tonnes de crème chantilly. Vive les calories ! Elle paya quand même le tout pour ne pas avoir des problèmes par la suite. Avec son plateau en main, elle chercha des yeux une table vide depuis le comptoir, elle n’allait pas manger tout ce sucre debout, cela pouvait lui provoquer des fortes douleurs au ventre. Dans un coin, près d’une des grandes fenêtres, restait une table. Oui, comme dans les films, c’est la même table solitaire qu’il y a dans tous les films. D’ailleurs, ce qui va suivre est un peu cliché, comme sortit d’une comédie, genre le moment typique maladroit… ou pas.

- J’ai tout mangé le chocolat et comme tu n’étais toujours pas là, j’ai tout mangé le nutella.

Ana chantonnait une chanson sortie de je ne sais pas quel trou d’internet pendant qu’elle se dirigeait vers la table libre, la suite passa bizarrement très vite. Un chat ou une boule des poils. Ana par terre sur ses fesses. Les gâteaux éparpillés un peu partout sur le sol. Le milk shake sur la tête de quelqu’un comme une couronne. Résumé vite fait, bien fait. L’espagnole s’était cognée contre quelqu’un, un garçon brun dont les cheveux étaient maintenant roses et blancs. Elle ne savait pas si rire ou se mettre à crier. Bah quoi, elle avait déjà payé et tout ! N’empêche que la situation était plus ridicule que comique : Ana assise sur ses fesses, les jambes croisées et les mains plaines de chocolat, elle ne comptait pas bouger, elle avait mal ; et l’autre debout, la tête rose. Et le chat ? Enfin, ce qu’elle croyait être chat.

Comme la précédente description si peu détaillée le montre, la rencontre entre ces deux gens jeunes tout à fait particuliers se passa trop vite pour se perdre dans la narration d'un roman. Il y eut juste des bruits, des pas, verres cassés, liquides renversés. Heureusement pas de blessés. Quoique, peut-on prétendre que le postérieur d'une espagnole ne ressent aucune douleur? Il n'est pas fait de plastique, quand même! Allez, ne perdons pas de temps inutilement et consacrons-nous au récit de cette nouvelle et étrange rencontre entre deux... ahem... comment dire... naïfs?

Ana, sous le choc encore il faut le dire, regarda perplexe comment des gouttes de milk shake tombaient lentement vers le sol, traversant d'abord le visage enfantin d'un gosse. Car oui, le blondinet semblait plus un petit qui réclamait à cris un bonbon qu'un garçon de son âge. Elle avait aussi l'impression d'être face à un miroir: quelque chose lui disait que son l'expression de son visage était parfaitement la même que celle du petit, sauf que la première réaction de la part du garçon n'était pas prévue du tout. Sa tarte à la framboise? Et sa commande à elle? Quoi? On la jetait par les toilettes parce qu'elle ne compte pas?! Non mais il se prend pour qui ce petit blond?! Elle avait payé une fortune pour ces délices maintenant nourriture de fourmis. L'espagnole avait envie de lui faire bouffer tout ce mélange de couleurs et de sucres qu'inondaient le si blanc sol de la pâtisserie. Mais elle se retenait, ou plutôt, elle était paralysée, fesses collées au sol, aucun mouvement. Ni les veines faisaient acte de présence derrière la fine peau. Même pas quand le petit essayait de se rattraper en demandant des mouchoirs, si quelqu'un avait un mouchoir. Ana voulait lui crier qu'ils se trouvaient dans un café, salon de thé ou ce qu'il préférait, que ce serait idiot si le personnel n'avait pas un paquet de serviettes quelque part. Non non, elle n'était point énervée, juste agacée, piquée au fer chaud... Elle continua pourtant à fixer l'inconnu de ses yeux verts, normalement vivants, vides de tout sentiment qu'il soit haineux ou amical.

En fait, Ana croyait qu'elle avait eu sa dose niveau surprises non souhaitées et pas agréables. Quand tout semblait aller mieux, qu'un serveur s'était approché d'eux avec un sourire plein de charité et une serviette chaude dans la main; lorsqu'une petite lueur chaleureuse faisait apparition dans les yeux de la jeune femme dont je relate l'histoire; le gamin tentait une approche superflue. Pourquoi? Mais pourquoi lui tendait-il ces doigts collants, repus de sucres et autres substances. Que voulait-il lui faire comprendre avec ses paroles ensuite? Qu'ils pouvaient s'entraider? Mais c'était sa faute, elle n'avait rien fait! S'il ne s'était pas mis au milieu de la salle avec son stupide plateau ils seraient tous contents et non plaignant leur sort. Non. Finalement c'était sa faute à elle. Si elle n'avait pas eu l'idée de venir ici... mais il était trop tard pour faire marche en arrière. Mais attendez, l'acte ne se finit pas encore! Ah non, il en reste pas mal encore de cette pièce de théâtre comique, que dirais-je, plutôt une farce italienne, oui! Je m'explique. Le petit garçonnet a une âme de comédien, cela se voit parfaitement de loin, et apparemment il aime le dramatique vu ses gestes, sauf que l'interprétation de quelqu'un qui tombe dans les pommes criant un "mon dieu!" ne causa aucun effet sur Ana; à moins que ce ne fut pas le but prévu. De tous les deux je me demande qui a l'air le plus pathétique: si le blondinet exagéré ou l'espagnole de marbre? Et comme toujours le prix du personnage le plus pathétique est accordé à.... tadam... Ana! Bah quoi? N'avez-vous pas vu son état tout rose ou rouge à cause de la framboise? Quoique cela peut être aussi du mauve si on bouge d'un côté la tête. Bref! On perd les fils comme toujours. Tandis que le petit tombait lentement et doucement, pour ne pas se faire du mal sans doute, Ana s'était enfin levée et elle regardait le désastre. Une image lui défigura le visage. D'un regard, elle demanda au serveur si elle allait être obligée de payer les plats cassés et de tout nettoyer. Elle refusait net! Ce n'était pas son travail! Elle n'était qu'une simple cliente en une mauvaise posture. Mais heureusement pour elle, le gentil serveur lui répondit que non, que ce n'était pas la peine, qu'il le ferait. Enchantée enfin par quelque chose, l'espagnole se massa son postérieur endoloris et contempla le gamin en action.

- T'aider tu dis? Alors que toute ma commande est piétinée par tes pieds et que ta framboise... dégeue a trouvé refuge dans mes habits? Non mais, tu sais combien ça coûte ce que tu écrases? Et à pourquoi tout ce cirque pour un peu de fraise et de lait? Tu n'as que sur la tête, moi je suis toute mauve! Non mais, il y a de ces gens...

La brunette passa sa main sur le visage, causant ainsi la chute d'une liquide visqueux, heureusement que ça ne puait pas sinon elle aurait déjà vomis sur le petit comédien. Elle se regarda ensuite avec une moue entre l'agacement et l'ennui. Mais pourquoi tout tombait sur elle? Pourquoi? Et jamais mieux dit vu la situation. Le serveur se tenait toujours à côté avec la serviette et cette fois-ci Ana la prit et se nettoya le visage, enfin, elle enleva le plus gros.

- Toi

Dit-elle en pointant le blond d'un doigt mauve.

- Je fais quoi maintenant? Et oui, ne me regarde pas avec ces yeux de chien battu, tu as détruit mon petit moment de plaisir et tu ne vas pas t'en sortir facilement... mais d'abord, où sont les toilettes s'il vous plait?

A la fin de sa réplique elle s'était dirigée au serveur qui observait la scène, un peu surpris qu'elle lui parle maintenant, lui il lui indiqua le chemin, entre temps il se mit à genoux pour ramasser les débris.

Merci. Tu n'as pas honte toi? Le blond! Par ta faute on donne plus de travail à ces pauvres personnes qui font déjà assez....

Grommelant contre le blond et elle même, Ana se dirigea aux toilettes pour enlever tout le truc collant, au du moins essayer. Sinon ce serait un désastre quand elle rentrera à l'académie. Toute une journée perdue, tant d'argent gaspillé et avec cette chaleur insupportable! Mon Dieu, mais qui lui avait dit de venir ici! Elle même, comme toujours, la conscience est partie en vacances....
A son retour tout semblait normale, tout sauf le blond à la fraise. Au moins la petite espagnole ressemblait plus à elle-même qu'à un bonbon. Mais le blond non. Il attendait toujours qu'Ana vienne en aide? Pff, qu'il attende toujours. L'espagnole était en mode égoïste, elle n'allait pas bouger un doigt pour lui, non pendant qu'elle continue à penser que c'était lui le fautif en tout. Elle regarda son portemonnaie pour voir si elle avait encore assez de quoi se payer un autre gâteau, mais le non, le juste pour le bus. Misère! Soudain, comme surgit du néant par magie, un verre d'eau lui fut tendu. Ô miracle de la vie! Elle avait soif après tout ce bordel et l'eau était bienvenue. La tempête passée dans l'esprit de la brunette l'inquiétude pour le gamin s'annonçait. Et les remords n'allaient pas tarder. Mais Ana est rencunière pour de choses débiles, comme celle-ci. Depuis son petit trône de fortune, c'est-à-dire une chaise quelconque, elle examina une dernière fois le blond.

Hey, tu vas bien au moins?


HRP: Désolée pour ce minable post. TT

Pendant que la demoiselle prenait place dans son trône de fortune, l'autre se plaignait. Évidemment, c'était son tour après tout, non? Mais Ana n'avait pas envie de l'entendre raconter de bêtises comme quoi elle part comme ça, sans attendre une réponse, sans faire un acte de bonté en l'aidant à se lever. Que voulait-il? Il était à présent aussi propre qu'elle, il ne ressemblait plus à un bonbon rose déformé. Malgré cela, l'espagnole eut un petit sourire mesquin quand le blondinet la traita d'anti-social. Il n'avait pas tort le petit, elle s'en fichait pas mal des rapports sociaux ils n'avaient aucune valeur à ses yeux. Donc, si elle passait pour un monstre devant l'ensemble de la société, tant mieux! Elle avait la conscience tranquille et pouvait dormir sans problèmes. Mais il fallait avouer que pour la brune les paroles de l'autre ne s'accordaient pas totalement avec son visage: la tête de chien battu était une technique qui lui était totalement indifférente étant elle-même une experte dans ce domaine.
Une maffieuse? C'était la première fois qu'on la comparait à ce genre de personnes et son ego se vit flatté, mais tout de suite revenu à sa taille normale lorsque le visage d'une de ses connaissances lui traversa l'esprit. Elle n'avait aucune envie de lui rassembler. Non. Ana n'était pas une maffieuse. Si le petit-là le disait à cause de sa taille, qu'il sache qu'il était petit!

- Maffieuse ou pas c'est pas un truc à dire à une fille que tu viens de détruire son aprem. T'as pas appris la courtoisie d'où tu viens? T'as même pas présenté des excuses et si tu en attends de ma part tu peux t'assoir et attendre toujours.

Dans un recoin de l'âme de la brune assise, elle se sentit soulagée en partie par la réponse affirmative sur l'état du blond-rose. Car s'il comptait se faire passer par un être malheureux et souffrant, tout en essayant de faire payer l'espagnole pour tout la situation aurait pu finir en conflit international aux dimensions planétaires. Ça se voit que j'ai perdu la main pour raconter les aventures, ça veut rien dire. Breffons, l'affirmation était donc une bonne nouvelle qui réussit à diminuer la tension de la salle. Plus personne les regardait, ils commentaient les faits survenus. Mais Ana avait envie de taquiner, de jouer un peu au moins. Elle était venue pour passer un moment agréable en compagnie du monde sucré et ce n'était pas tous les jours qu'elle le faisait. Maintenant là assise, avec une rage décroissante, heureusement, mais un manque de faire quelque chose, la folle mondialement connue réclamait vengeance pour elle-même... Par contre, ça sera après la pause car le gentil serveur qui l'avait aidé était revenu avec un gâteau au chocolat et un verre de lait frais. Les yeux verts de la jeune fille s'illuminèrent soudainement, sans tenir en compte le petit qui continuait à parler tout seul, pour lui. Ah, ignorer, ce bel art que peu peuvent se vanter de maitriser. Ana mangeait tranquillement, sans précipitations, le serveur avait aussi apporté un autre prix de consolation pour le blondinet que à ce moment devait comprendre que la jeune femme assise ne comptait pas lui parler. Pas avant d'avoir repris forces avec ce magnifique gâteau. C'est donc après quelque gorges de lait et morceaux que la brune se décida enfin à parler, à répondre à toutes ces questions que son cerveau avait eu le temps d'assimiler.

- Tu vois pas? Je vais bien, j'arrive toujours à manger, donc je suis en parfait état.

Ceci est vrai. Si un jour vous voyez Ana qui refuse de manger quelque chose qu'elle aime c'est qu'elle ne va pas bien du tout. Ana est le genre de fille qui s'en fou totalement de la ligne et qui préfère se empiffrer que faire du sport. Elle ne se prive jamais de manger entre heures un petit snack ou cookie, tant que le ventre le réclame. Malgré cela, elle se demande toujours après pourquoi elle a mal au ventre, si au moins elle faisait plus d'attention à son régime alimentaire... Attention, le cerveau de l'espagnole est en panne! Qu'est-ce qu'est une question banale? Les cours du collège passèrent à une vitesse folle à travers les neurones de la fille, cherchant une signification qu'elle ne trouva pas. Les yeux grands ouverts, les lunettes sur la point du nez, Ana ignorait totalement ce qu'était une question bateau...

- Euh bateau... je sais qu'est-ce qu'est un bateau, c'est un navire, ça vient du latin, nauta. Enfin, je me souviens pas trop, mais pas étymologie une question bateau ne serait pas une qui valse? Genre qui peut tomber comme ça?

Gros silence installé à la suite de ces mots. D'un geste de la petite fourchette tenue entre ses doigts, Ana effaça ce qu'elle venait de dire. Ça sonnait trop bête, même pour elle. Et pof, chose oubliée, elle passa rapidement à la suivante.

- Ah je vois, tu es ce genre de personne qui font ce que les autres font pour faire joli. T'aurais pu parfaitement ignorer ma question sur ton état physique et me crier ou me dire que tout allait bien simplement. En tout cas, je compte pas mourir parce que j'ai perdu mes biens d'aujourd'hui, les gens d'ici sont assez sensibles pour comprendre notre situation actuelle. Heureusement qu'ils me connaissent.

Elle finit sa phrase en brandissant sa fourchette comme si c'était une épée, en miniature certes. Le serveur s'approcha une dernière fois pour débarrasser les restes, Ana faillit lui sauter au cou pour lui remercie pour tout, mais elle se contenta d'un large sourire heureux et se tourna vers le blond.

- Tu t'appelles comment? Parce que j'en ai marre de dire le blond, l'autre, le petit, dans ma tête. Ton prénom ou nom serait la bienvenue. Moi, tu peux m'appeler Ana et oui, je suis pas japonaise comme t'as pu le constater. Toi non plus d'ailleurs, t'es pas d'ici, en tout cas je t'ai jamais vu. Tu viens d'arriver? T'es au campus? Ouais, je sais, je pose trop de questions trop vite, tu dois faire avec.

Pauvre du petit blond, Ana attaquait déjà. Elle pensait ce qu'elle pouvait dire ou faire, juste pour faire chier. Elle n'avait aucune envie de s'ennuyer et le blondinet allait l'aider par tous les moyens. Peu importait si elle le mettait mal à l'aise ou finissait par se faire un ennemi, mais vu l'image du gamin ça n'allait pas être le cas.

- J'en doute que tu aies vécu de situations bien pires et que tu aies tout vu. Ça c'est rien comparé à ce que d'autres personnes vivent. A cause d'un peu de fraise sur tes cheveux tu es devenu fou et j'imagine que tu tombes malade si tu manges pas ta dose de chocolat... Ah les gamins de nos jours qui croient avoir tout supporté alors qu'ils peuvent rien faire sans le porte monnaie de leur parents.

- Correction ma petite chose toute rose: je ne suis pas devenue folle, je SUIS folle. C'est quelque chose bien différent, c'est un don qui n'est pas donné à tout le monde. Toi, tu dois faire des efforts pour paraître loufoque. Mais bon, c'est rien, on va pas mourir parce que l'une est plus folle que l'autre non? Et commencer un débat sur la folie serait pas une bonne idée, on en finirait jamais vu notre débit de conversation. Ah, et je ne suis pas que spectatrice, j'ai essayé de faire quelque chose il y a fort longtemps. Brefouille, t'as raison, parlons pas du malheur du monde!

L'espagnole jouait avec ses mèches rebelles, pensant ce qu'elle allait dire ensuite, parce que le petit, oups pardon, Nathan était un adversaire de taille! Ne seulement il mangeait autant qu'elle, mais aussi la vitesse et l'envie de parler était surprenantes! Ana devait sortir artillerie lourde pour vaincre dans cette guerre imaginaire... ce n'était qu'un film de plus dans sa tête, à cataloguer dans le tiroir des conneries. Déjà bien rempli. Bah voilà! Elle l'avait quand même touché en disant qu'il était petit et qu'elle l'appelait l'autre dans sa tête! Elle pouvait continuer dans ce chemin, le pousser à dire sa « première impression », elle était assez curieuse pour vouloir la savoir... La curiosité n'avait pas tué le chat? Sisisi, mais bon, on sait parfaitement que la petite brunette s'en fou royalement de ces choses et qu'elle a juste envie de piquer un peu, donc. Il y avait quoi de mal à vouloir savoir ce que les autres pensent? Surtout sur elle? De cette manière elle pouvait être prête pour se défendre ou attaquer, même si les opinions n'étaient pas très diverses: soit elle était folle soit elle était gamine. Les gens n'avaient pas beaucoup d'imagination et moins de critique, ils se laissaient, tous, emporter par les vagues de la société. En réalité, la jeune femme testait Nathan, pour savoir s'il pensait par lui-même ou était qu'un simple mouton.

- Dis donc, continue ta phrase. Je veux connaître ta première impression, elle doit être vraiment intéressante pour que tu refuses de la dévoiler. Oh, non, attends, c'est une pensée X, c'est ça? T'en fais pas, je suis majeure et vaccinée, donc pas de problème, je serais pas choquée... après tout ce que j'ai, comment un film porno pourrait troubler mon âme pure et innocente? Je suis corrompue, à ma manière. Allez, garde pas tout pour toi! Et je dirais ce que tu veux, ahem, pas tout hein, juste quelques détails sur ma façon de voir le monde. Ah le monde, un truc bien étrange et ton pire ennemi. Allez, vas y, accouche!

Ana appela le serveur, s'ils allaient rester ici il fallait mieux profiter, même si le pauvre petit porte-monnaie avait déjà assez souffert pour aujourd'hui. Cette fois-ci, elle commande un simple Nestea, elle avait juste soif, rien de plus, ceci allait juste lui coûter quelques pièces, rien plus. Cette petite pensée lui rappela que son voisin d'en face « exploitait » ses parents, comme tous les jeunes de son âge, il y avait des choses qui ne changeaient pas n'importe où dans le monde. Était-il riche donc? Pour parler de la sorte et dire toutes ces sottises il fallait avoir plus qu'une misérable pièce de cent yens dans la poche. C'était une des choses que l'espagnole ne pouvait pas supporter chez les gens qui n'avaient pas dû faire la vaisselle dans un restaurant pour pouvoir se payer les livres de la fac. Ils jetaient l'argent comme si du simple papier s'agissait. Elle n'arrivait pas à saisir pourquoi le mot argent était toujours accompagné de vantardise. Tous les riches qu'elle avait rencontré jusqu'à présent, avec peut-être une ou deux exceptions parce qu'ils étaient compréhensibles, avaient le même trait de caractère. Sans doute l'éducation, après tout une personne se forge grâce à l'éducation de ses parents et avec ce qu'il a vu ou vécu. Donc donc, le blond-là était de cette espèce. Ana le fixait avec malice, mais une malice malsaine, du genre « tu es rien »; buvant en petites gorgées tout doucement son Nestea fraichement arrivé, elle maudissait tous les riches arrogants de la planète. Elle était fière d'être une paysanne prolétaire, mais détrompez-vous, ce n'est pas pour autant qu'elle sympathisait avec les mouvements politiques typiques de cette classe sociale.

- T'as jamais pensé faire quelque chose par toi-même? Genre travailler, gagner ton pain avec la sueur de ton front? Laisser respirer l'argent de tes vieux? Nan? Dommage. Tu peux pas savoir tout ce qu'on apprend et l'expérience qu'on acquiert, c'est comme si tu te faisais plus mature, mais dans aucun cas plus sage. Et heureusement que tes parents sont responsables de toi! Jusqu'à tes dix-huit ans, après c'est juste de la fumée. C'est toi qui doit se transformer en un être responsable pour survivre dans cette jungle. Sincèrement, je te vois mal sans tes vieux. Mais bon, je pense pas qu'ils soient ici, non? T'es tout seul comme grand? C'est bien, il faut commencer par quelque chose, il y a une première fois à tout. Rapports? Quels rapports? Relations? Liens....

Pauseeeeuhhhhhh............. une gorgée de Nestea, elle aurait du prendre un Aquarius plutôt? Non, elle n'aimait pas cela. Bref, retournons à la discussion si passionnante... ahem, me tuez pas avec ces commentaires, narratrice du diable.

- Bien sûr qu'il n'y a aucun rapport! Tu crois que depuis le début de la conversation jusqu'à maintenant il y a eu un rapport quelconque entre tous les mots qui ont pu lâcher comme ça? Et pendant que on y est, avec une cohérence quelconque? J'en doute fortement cher ami. N'empêche que si tu y prêtes attention aux détails, il y a un thème commun à tout, enfin je pense, l'argent! Aha! Comment il est venu atterrir ici? Aucune idée. Faut croire qu'avec les temps qui court il est dans la bouche de tout le monde. Beurk! C'est un peu dégluasse.

Hey! Où était passé son Nestea? Le verre était vide....