'Cause freedom is a lonely road (~ Rydiabolique)

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Etait-elle ne serait-ce que déjà là ? Il était encore tôt. Et si elle l’attendait dans le chapiteau ? Hébété, il se retrouva planté comme une courge bichromatique, passant sa main dans ses cheveux comme si la solution allait s’en échapper. Au passage, il laissa ses yeux vairons bondir de silhouette en silhouette autour de lui, à la recherche du fameux nœud pap’. Il en profita pour vérifier quelques coiffures, songeant qu’une nénette un peu trop obsédée par son look l’aurait potentiellement accroché à ses couettes pour ne pas avoir à le porter autour du cou. Ok, il n’avait pas choisi l’accessoire le plus classe, mais un nœud papillon noir, ça ne se remarque pas de loin.

Au fond il se félicitait déjà d'avoir pris les devants pour retrouver sa partenaire, ça ne lui ressemblait pas. Il était parfois tellement tête en l'air qu'il aurait parfaitement été capable de se pointer au bal et de réaliser après coup qu'il n'avait pas la moindre idée de comment retrouver sa partenaire mystère, à part en interrogeant un à un les centaines de personnes présentes en espérant que l'une d'elles connaisse Rydia. On appelait ça chercher une aiguille dans une botte de foin. Il n'en était plus si loin finalement à reluquer chaque passant, cherchant désespérément un nœud papillon. Mais au moins ça lui évitait de devoir adresser la parole au tout venant.

Et puis il fut frappé par la grâce divine -rien que ça- alors que ses yeux accrochaient ce petit objet qu'il avait si soigneusement choisi -comprendre là : pris le plus voyant. Il était au cou de quelqu'un, et de loin Wunjo ne sut dire s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme. Rydia sonnait tout de même diablement féminin et en s'approchant, il reconnut effectivement une silhouette féminine dissimulée dans ce costume qu'on associait par réflexe à un homme. Une tenue bien sombre relevée par la petite touche de couleur offerte par Wunjo lui même.

S'approchant d'elle il lui adressa un sourire maladroit, le genre de sourire qui voulait dire "Bordel de bordel, qu'est-ce que je fous ici ? Et pourquoi j'ai eu l'idée ridicule de t'envoyer ce nœud papillon bariolé, je passe d'entrée de jeu pour un con". Et puis elle était grande. Pas plus grande que lui mais pas tellement plus petite. Alors certes Wun vivait avec un type plus grand que lui mais ses clientes japonaises au boulot dépassaient rarement le mètre 62. C'était perturbant. Tellement perturbant qu'au moment de donner son nom, c'est avec un grand naturel qu'il lâcha:

« Bonsoir, moi c'est Wun... »

La seconde d'après il fronçait les sourcils et s'insulter en russe de tous les noms en réalisant sa bourde.

« ... de mon surnom, Dan en vérité »

Essaya-t-il de rattraper, misant tout sur le sourire maladroit pour faire diversion. Avec un peu de chance elle le classerait directement dans les "socially awkward" et ne se poserait pas plus de questions que ça.

« Joli nœud pap´ »

Commenta-t-il, retrouvant petit à petit son naturel plaisantin. Peut être était-ce parce qu'elle était habillée en mec, peut être parce qu'elle avait eu la même idée que lui -mais en l'appliquant- ou peut être parce qu'elle avait mis le nœud papillon sans vraisemblablement trop se soucier du tort qu'il pouvait causer à son image, mais le blondinet était moins mal à l'aise qu'il ne l'aurait pensé. Un pas vers la guérison de sa ridicule phobie des femmes. Au début, il en avait plaisanté, disant qu'il ne les aimait tout simplement pas. Rapidement, il avait du se rendre à l'évidence : son comportement ne changeait pas en présence des hommes qu'il ne pouvait pas voir en peinture, alors qu'il se retrouvait subitement paralysé devant une fille. Grotesque mais véridique.

Certains diraient que venir au bal était une idée stupide dans ce cas de figure, mais pour dire vrai, Wun avait pensé que les extérieurs se retrouveraient avec la personne les ayant invités, dans son cas Ethan. Et passer la soirée entre bros ne lui aurait pas déplu, même s'il se doutait qu'Ethan avait d'autres gens à voir et autre chose à foutre que de le babysitter.

« Je suis jaloux, le costume te va mieux qu'à moi »

C'était une question de point de vue, mais Rydia le portait remarquablement bien, et Wun s'était toujours trouvé risible dans un costume, en partie parce que ça détonnait avec sa coiffure "imitation nid d'oiseau après attaque nucléaire". Certes, il aurait pu tout bonnement se coiffer, mais ne lui en demandons pas trop…

« Ca te dit qu’on aille faire un peu de repérage ? »

Histoire de voir… où étaient les boissons. S’il y avait à manger. Où étaient les toilettes. Combien de gens avaient déjà perdu leur main en passant leur bras à travers les barreaux de la cage aux tigres…. La routine quoi !

Invité

I WOULD HAVE FELT LIKE A CLOWN
So I hid the feathers and short swaying gown

-

Elle s’efforçait de ne pas balancer nerveusement sur ses pieds, projetant son poids d’un côté, puis de l’autre, de son corps. Elle s’efforçait de ne pas se laisser devenir la proie de ses pensées négatives, imaginant son cavalier lui reprocher de ne pas avoir mis de jupons. Elle restait là, immobile, visage impassible, à contempler les arabesques dessinées par les pas des couples qui pénétraient dans le sas en se répétant que cette soirée commençait mal. Elle dévisageait la moindre personne qui s’approchait un peu trop de sa silhouette ou qui semblait accorder un peu trop d’attention à son joyeux nœud papillon ( plus elle le fixait du coin de l’œil, plus il lui plaisait par la manière dont il détonnait avec l’ambiance ) et vrillait donc de nombreux passants de son regard vase.

Pendant une seconde, elle se dit que le coin où elle avait choisi de patienter était peut-être trop reculé et que son partenaire la cherchait peut-être sans succès depuis un moment déjà. En même temps, la seule chose qu’elle savait présentement de lui était le fait qu’il chaussait des basques de circonstances. Vu le nombre de pieds qui gambadaient sous ses yeux, il paraissait impossible pour Rydia de pouvoir contribuer à sa réunion avec son cavalier. Si elle attendait là, tranquillement, à s’arracher mentalement les yeux, il finirait bien par apparaître. Comme un lapin qu’on tirait par les oreilles hors d’un chapeau de velours noir.

Au bout de moment, s’écartant du flot des dévisagés qui lui renvoyaient son regard implacable avec une outrance nerveuse, s’introduisit le visage d’un homme accordant un sourire à sa direction. Instinctivement, sans immédiatement lui rendre son sourire, Rydia baissa les yeux sur ses pieds, attrapant du regard les chaussures Charleston. Confirmation, il s’agissait bel et bien de Dan Ebels, l’inconnu qu’elle attendait, depuis un petit moment déjà, comme un piquet enfoncé en bordure du chapiteau. Elle sourit, relevant la tête et attrapant les prunelles de son cavalier au passage, alors que celui-ci se présentait, paraissant à peu près aussi confortable qu’elle dans cette foule mouvante. Elle cligna des yeux.

« Rydia, de mon vrai nom. Wun ? Y’a une histoire derrière ce surnom ? »

Malgré la maladresse qui se dégageait en grande vague de sa silhouette, Rydia ne pouvait s’empêcher de remarquer que Dan détonnait avec la tranche d’âge environnante. Plus vieux. La jeune femme ne voyait nulle part en lui le profil de l’étudiant universitaire qui s’étendait tel une larve sur ses cours pour rendre ses travaux la semaine suivante, en espérant que les nuits blanches aient suffit à pondre un truc adéquat. Non, il semblait plus vieux, plus détaché.

Et trouvait tout désigné de passer un commentaire sur le cas de la boucle cerclant son cou, la même qui séduisait les gens de par sa beauté questionnable. Rydia eu un petit ricanement, levant un sourcil pour mieux pointiller l’humour. Surtout, qu’après mûre réflexion, ce drôle d’accessoire l’amusait vraiment. Elle glissa une phalange sur son tissu.

« N’est-ce pas ? Je considère que la personne qui me l’a offert a des goûts particuliers, mais . . . mon costume serait dépourvu de couleurs sans lui. »

Lorsqu’il commenta son port du costume, la sociologue en devenir lui accorda un regard interloqué, mais satisfait. L’inquiétude nerveuse, ces scénarios dans lesquels son partenaire s’avérait être un gros connard macho, se dissipa quelque peu et elle fut presque tentée de répliquer ‘Ah ouais ? Et bien moi, j’adore tes chaussures.’, mais se ravisa. Non pas parce que l’affirmation se révélait fausse, mais plutôt parce que la notion d’une telle phrase s’extirpant, dans un tel contexte, de sa bouche, lui donnait la nausée. C’était trop, trop. Juste trop. Elle se contenta donc de lui accorder un sourire ravie, s’accrocha à sa prochaine phrase avec un intérêt vaguement renouvelé.

La soirée ne s’annonçait plus SI désastreuse, à priori.

« Je suis toute pour. Je pourrai peut-être faire des croche-pieds aux divas ni vu ni connu, pendant qu’on y est. »

D’un geste sec du menton, elle indiqua non-verbalement à Dan de la suivre à l’intérieur du chapiteau, et lorsqu’ils entrèrent, après avoir donnés leurs noms à un blondinet du comité des élèves – Rydia commençait à croire qu’ils étaient tous blonds – la jeune femme resta ébahi une seconde. De vrais tigres, de vrais lions, de vrais tout. Et c’était la première fois qu’elle en contemplait ailleurs qu’à la télévision.

Elle fut tentée de sautiller sur elle-même, comme une gamine, mais se retînt.

« C’est peut-être un peu dingue, dit comme ça, et ce n’est pas dans mes habitudes, ne t’inquiète pas, mais j’ai vaguement envie d’entrer dans l’une de ces cages. Tu crois que c’est possible ? Genre, que les dompteurs nous laissent toucher les bêtes, je veux dire. »

♥:

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Ha. Elle n’avait pas manqué l’absence TOTALE de ressemblance entre Wun et Dan. En même temps il ne fallait pas sortir de la cuisse de Jupiter pour remarquer qu’il n’y avait pas de lien. Wun esquissa un sourire, se demandant ce qu’il pouvait raconter comme connerie pour se tirer de là.

« C’est le Wun de « wunderbar ». Ca veut dire merveilleux en allemand »

Répondit-il, avec un air diablement sérieux, presque arrogant. Il tint quelques secondes à peine, avant de laisser un sourire craquer son masque de faux.

« Non franchement, pas d’histoire qui tienne vraiment la route »

Ajouta-t-il, bottant en touche en laissant l’évasif prendre le dessus. Rien n’écartait l’hypothèse qu’un délire soit parti du fameux « Wunderbar », donnant finalement naissance à ce magnifique surnom. Evidemment la version « c’est le raccourci de Wunjo » était mille fois plus crédible, mais il ne pouvait pas se permettre de laisser fuiter son prénom ce soir. Ca commençait mal puisqu’il était pour l’instant parfaitement sobre, et qu’il avait déjà commencé les bourdes.

« Je dirais même plus : des goûts très distingués »

Ajouta-t-il, masquant son sourire derrière un jeu de sourcil censé lui donner contenance et crédibilité. En attendant, il parlait d’un nœud papillon de clown, il pouvait tenter ce qu’il voulait, la crédibilité était définitivement aux abonnés absente.
Cela dit, la demoiselle semblait avoir de l’humour, et elle semblait aussi apprécier son petit cadeau…. Relativement, en tout cas. Et c’était bien suffisamment pour le moment.
Là où le blondinet commença carrément à se dire que la soirée pouvait devenir plutôt chouette, ce fut lorsque sa partenaire lui présenta ses plans de la soirée :pourrir les poufiasses, pour y aller franco, c’était clairement sur la liste de ses activités favorites.

« Oh… tu sais comment me parler…. »

Déclara-t-il d’un ton faussement séducteur, comme si elle venait de lui faire la proposition indécente la plus alléchante qui soit. Et on en était finalement pas si loin.
Il hocha la tête, retrouvant une raideur presque militaire alors qu’il répliquait :

« Parfait, et moi je prépare le saladier de punch pour le déverser sur elles quand elles sont plus bas que terre »

C’était dit d’un ton ferme et d’un air mortellement sérieux, comme s’il énonçait très solennellement une mission de la plus grande importance, de manière claire, factuelle, concise .

« Et je les achève en faisant un pas de Charleston sur leur corps gisant »

Il marqua une petite pause, comme hésitant, avant de rectifier :

« Enfin un simili-pas…. Je l’ai appris sur Youtube »

Son costume d’officier en mission tomba alors qu’il esquissait un petit sourire d’auto-dérision, s’imaginant à merveille se ridiculiser avec une petite démonstration de son soit disant pas le tout sur une demoiselle en détresse couverte de bleus sur les genoux et de punch. La dernière personne qui avait tenté de lui apprendre à danser devait encore avoir mal aux pieds aujourd’hui, c’était dire son talent pour la chose !

Sans tergiverser d’avantage, il la suivit vers la partie « intéressante » du bal, à savoir le chapiteau, en profitant pour repérer s’il reconnaissait quelques têtes. Il était toujours dans ses observations lorsque l’exclamation de la jolie brune le ramena sur terre, et il tourna ses yeux vairons vers ce qui semblait être le point d’intérêt de sa partenaire.
Il leva un sourcil presque moqueur à la question de Rydia, ne pouvant s’empêcher de répliquer un petit :

« Haaaaave you met the director ? »

Petit switch en anglais -avec un accent russe fort reconnaissable d’ailleurs- un clin d’œil à cette fameuse série que Wunjo avait regardé 2/ 3 fois. Ca s’appelait Have you met your mother, et la petite réplique « Haaaave you met Ted ? » lui trottait dans la tête.
Mais ce qu’il voulait dire par là, c’était que cet homme, le directeur, avait la réputation d’être aussi rigide qu’un manche à balais, et il le voyait mal mettre en péril la réputation de sa précieuse académie en laissant des activités aussi « dangereuses ». Alors certes, c’était le comité, composé d’étudiants, qui avait organisé le bal et les activités, mais n’étaient ils pas eux aussi sous le contrôle du directeur ? A vrai dire il n’en savait pas grand-chose. Il exprimait juste son doute quant au fait que le rêve de sa cavalière soit réalisable.

Il se rapprocha néanmoins de la cage, allant presque jusqu’à coller son nez aux barreaux, un sourire enfantin dansant sur ses lèvres alors qu’il posait ses yeux sur les félins.

« Hey ils ont pas l’air beaucoup plus féroces que mon chat »

Déclara-t-il sur un ton amusé, alors qu’un air fasciné se dessinait sur son visage. Bon évidemment, la taille de la bête et tout particulièrement de sa gueule devait jouer un peu dans la balance de la frayeur. Mais ainsi bien gentiment dressés, ils avaient presque l’air sympathique. Finalement l’option d’entrer dans la cage n’était peut être pas si improbable que ça.
Il se tourna vers sa cavalière qui avait le même air d’un enfant devant un sapin de Noël que lui… en pire, en fait. Il esquissa un sourire, rassuré de ne pas être le seul à révéler le grand enfant caché en lui ce soir.

« Je vais me chercher un truc à boire. Tu veux quelque chose ? Je vais te retrouver entière si je reviens dans 5 minutes ou bien il faudra venir t’apporter ta boisson jusque dans l’estomac du lion ? »

OH, allez, il la taquinait un peu. Mais elle semblait bel et bien prête à sauter dans la cage aux lions, c’est-à-dire à se jeter dans la gueule du loup…. Ou du lion, pour l’occasion.

Spoiler:

Invité

Impossible de dire ce qui lui arrachait un sourire dans la réplique de son partenaire, le fait qu’il use de l’ironie pour atténuer ses envies de se jeter dans l’une des cages destinées aux félidés ou le fait qu’il use d’un anglais teinté d’une origine autre pour faire passer le message avec humour. Elle n’arrivait pas à déterminer la provenance de son accent par contre, les sombres secrets des vocalités internationales la dépassant totalement. Il s’agissait d’une prononciation lourde, pas du tout déplaisante, qui trainait ses pattes sur l’usage de la langue anglaise de sorte à ce qu’on la remarque bien. Mine de rien, Rydia aimait bien pouvoir constater l’universalité des mots et les phonétiques dans lesquels les langages advenaient à montrer le bout de leur nez.

Ses doigts vinrent de nouveau tirailler, avec légèreté, le tissu vibrant de son nœud papillon, ses lèvres s’étirant un peu plus, alors qu’elle haussait les épaules tout en répondant :

« Assez pour en connaître la réputation. »

Elle ne lui avait jamais parlé directement, trop posée dans ses études pour avoir quoique ce soit à faire avec le directeur. Elle suivait suffisamment le règlement pour ne pas rencontrer le moindre problème et ne se démarquait pas assez pour qu’on appose un quelconque rôle à son existence. Dans de telles conditions, ce que Rydia connaissait du directeur de l’Académie Keimoo se limitait à ce qu’elle avait pu apercevoir de lui au cours de quelques réunions scolaires et ce que les rumeurs avaient pu lui apprendre. À priori, l’homme en question brillait de son attachement aux traditions et de sa poigne de fer quant au respect des règles.

Okay, oui, elle avait compris. Aucune chance qu’elle ne puisse pénétrer dans ces cages toutes luisantes pour aller jouer avec les gros matous. Cela ne l’empêcherait toutefois pas de tenter sa chance, de demander nonchalamment au dompteur si elle pouvait entrer juste une petite seconde. On ne piétine pas ses rêves, aussi insignifiants soient-ils, avant d’avoir au moins essayé de les réaliser.

Ils s’approchèrent de l’une des prisons et la jeune universitaire suivit son cavalier du coin de l’œil, alors que celui-ci, à peu près aussi gamin qu’elle dans l’engouement qu’il affichait à l’égard de la prestance des bêtes, plaquait son visage près des barreaux, tous sourires. Si elle avait du mal à détacher son propre regard des majestueuses créatures, elle avait tout de même réussi à garder les yeux posés sur Wunderbar assez longtemps pour pouvoir à nouveau se ravir de son attitude. De l’humour un peu dadais doublé d’une facilité d’être qui mettait la jeune femme à l’aise. Oui, il fallait qu’elle en convienne, la soirée ne s’annonçait plus du tout aussi horrible que préalablement envisagée.

L’américaine glissa l’une de ses phalanges sur l’une des barres métalliques, observant les animaux, ouvertement fascinée. Comme son partenaire l’insinuait, il était vrai que ceux-ci paraissaient plutôt dociles, calmes, malgré l’affluence de la foule étudiante qui pullulait dans le chapiteau.

« Raison de plus pour qu’on me laisse me glisser entre les barreaux pour leur faire un coucou. »

Surtout qu’ils se trouvaient si près d’eux. Rydia pouvait entendre les bêtes respirer, compter les poils qui recouvraient leurs puissants membres de gracieux prédateurs. Elle était si près et ce constat laissait son sourire s’élargir de seconde en seconde, rompant la neutralité ambiante qui prédominait habituellement sur son visage.

Après un moment, Dan s’écarta de la cage, une lueur joueuse tremblotant au fond de ses iris et explosant dans ses mots. Ricanant doucement, Rydia se prêta au jeu.

« Oh, je devrais survivre cinq minutes. Limite, si tu entends des gens se mettre à hurler, tu sauras pourquoi. »

Elle lui accorda un sourire entendu, délaissant sa silhouette du regard, le laissant aller se récupérer une boisson, pour se concentrer de nouveau sur la cage. Le dompteur qui s’occupait des lions correspondait au profil japonais classique; cheveux noirs taillés en une coupe sévère et expression neutre décorant ses traits finement ciselés. Il n’accepterait jamais de la laisser entrer, mais . . . il devait assurément y avoir un autre moyen de toucher les minets géants.

Un instant de courte réflexion où elle pesa le pour, puis le contre, et Rydia foutait son bras dans la cage, attrapant du bout des doigts, le côté droit de l’un des animaux. Un mâle, à en juger par son imposante crinière. Elle se fit quasi-immédiatement intercepter par le dompteur qui lui vociféra que de telles actions étaient hautement dangereuse et qu’il ne voulait pas la voir s’approcher des cages du reste de la soirée si c’était pour avoir un tel comportement. Lorsqu’il commença à critiquer la maturité de l’étudiante, celle-ci se détourna, délaissant muettement l’effectif animalier, pour essayer de retrouver son partenaire près des tables ayant pour but de nourrir les convives. Elle y arriva sans peine, car une fois repérer, il s’avérait beaucoup plus simple de le séparer du reste de la foule.

Arrivée à sa hauteur, elle lui tapota sur l’épaule.

« J’ai uniquement pu caresser le flan d’un gros chat tigré avant que le mec ne me coince . . . Apparemment, c’est dangereux de toucher les bêtes. Particulièrement à leur insu. »

Un roulement de yeux. Comme si elle n’arrivait pas à comprendre la portée de ses gestes. Elle s’était laisser aller à cet élan enfantin précisément parce qu’il y avait quelqu’un dans les parages apte à limiter les dégâts. Et puis parce qu’elle n’avait jamais vu de lions en vrai et qu’elle n’aurait probablement pas la chance de pouvoir en contempler un de si près du reste de sa vie.

Elle lorgna les denrées éparpillées sur les tables, avant de sourire à Wunderbar.

« Dis, tu voudrais m’apprendre ce simili pas de Charleston, histoire qu’on puisse se ridiculiser à deux ? Comme ça tu ne piétineras pas nos futures victimes seul. »

Et puis, de cette manière, elle pourrait tirer la langue à Yuki qui l’observait de loin, engagé dans une conversation à laquelle il n’accordait pas une pleine attention. Elle pourrait lui tirer la langue et donner à son précieux ami une bonne raison de croire qu’il n’avait pas besoin de s’inquiéter et qu’il pouvait profiter de la soirée sans culpabiliser de l’avoir vaguement forcée à participer à ce foutu bal. Elle s’amuserait, ne serait-ce que pour lui prouver que même si elle s’était laissée convaincre, elle se trouvait là de son plein gré.

Après tout, on n’écrasait tout simplement pas Rydia Carol.

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Wun répondit à sa partenaire par un sourire en coin entendu. L’espace d’une seconde, il imagina le fiasco que deviendrait la fête si par malheur quelqu’un se faisait bouffer par un des tigres. Il chassa l’idée de sa tête, abandonnant Rydia à sa contemplation féline pour se diriger vers le buffet des boissons.

Maintenant qu'il n'était plus avec sa cavalière, Wunjo devait admettre qu'il se sentait... Tout nu. Jusque là la demoiselle avait fait un excellent travail de le distraire -probablement malgré elle- et il n'avait donc pas encore eu l'occasion de relâcher sa paranoïa. Maintenant qu'il déambulait seul, il jetait des regards inquiets sur les côtés, espérant que personne ne le reconnaîtrait du temps où il étudiait à Keimoo. Peut être aurait-il du se teindre les cheveux ? Bah, il était trop tard pour y penser. Qui plus est il s'était inscrit à cet événements pour se changer les idées il était donc hors de question qu'il commence à angoisser. Il décida qu' ingurgiter un peu d'alcool serait le meilleur remède pour se détendre et se hâta donc du côté du bar.

Là, il se servit allègrement en punch, en descendant instantanément un premier verre, avant de commencer à s’en servir un deuxième. C’est à ce moment qu’une main vint titiller son épaule, le faisant sursauter au passage. Il n’avait pas totalement réussi à faire taire sa paranoia. Alors que ses yeux vairons se posèrent sur sa cavalière, il sentit le soulagement l’envahir. Il descendit quand même son deuxième verre de punch d’une traite pour la peine.

Il lui adressa un petit sourire, peu étonné qu’elle se soit vraiment essayé à la prise de contact avec l’animal. Et pas d’avantage étonné qu’elle se soit faite remise à sa place d’ailleurs. Dans un petit haussement d’épaule, il répondit :

« Bah, c’est probablement aussi pour le bien des animaux tu sais. Sur 30 personnes qui veulent les approcher il doit y avoir 8 innocemment curieux, et 22 crétins. Dans le doute ils doivent préférer éviter qu’un maximum de gens ne s’approchent »

Wun n’avait aucun doute sur le fait que certains imbéciles aient envie d’emmerder ces pauvres bêtes. Certains adolescents se sentaient systématiquement le besoin de prouver qu’ils étaient les plus forts, les plus ceci, le plus cela. Bizarrement, la cruauté envers les animaux figurait sur leur menu des actions prouvant leur grande supériorité…

« Tu veux un truc à boire ? »

Enchaîna-t-il alors qu’il se resservait son 3eme verre. Il était vrai qu’elle ne lui avait pas répondu un peu plus tôt lorsqu’il lui avait proposé de lui ramener une boisson. La demoiselle allait bien finir par avoir soif, et s’il avait déjà la louche de punch en main, autant faire d’une pierre deux coups. D’ailleurs Wunjo n’était plus sûr que ce soit un punch après en avoir bu deux gobelets, il y avait tout de même un goût prononcé de saké dans cette mixture étrange….

À la question –plutôt inattendue il fallait le dire- de Rydia il leva un sourcil dubitatif accompagné d'un sourire en coin.

« Minute... Tu veux VRAIMENT que je t'apprenne ce pas de charleston ou bien tu le demandes ça parce que tu te fais chier comme un rat mort et que tu espères que je serai tellement grotesque en dansant que ça te distraira ? »

Il marqua une petite pause, son sourire s’agrandissant quelque peu alors qu’il s’imaginait effectivement danser comme un dératé au milieu des étudiants un peu trop classiques se contentant de remuer leur corps comme on le ferait en boîte de nuit.

« Sache que la réponse B est parfaitement valable »

Ajouta-t-il avec un air complice. Et puis… n’était-ce pas tout à son honneur d’avoir au moins essayé d’apprendre la danse thématique ? Peut être pas. Mais comme il n’était plus affligé de toutes les préoccupations qu’ont généralement les étudiants, il avait un peu de plus de temps à consacrer à ce genre de bêtises.

« Oh et puis au diable la raison, si déjà j'ai appris ce pas, autant que je frime un peu - le tout en ayant l'air ridicule bien sur »

Conclut-il et hop, un autre verre avalé cul sec –on ne danse pas avec un verre en main voyons. Il posa le gobelet vide sur la table faisant office de buffet, attrapa le bras de sa cavalière et l’entraîna sur la piste de danse, choisissant un coin où ils avaient un peu d’espace histoire de ne pas blesser la moitié de la promotion en faisant sa démonstration.
Il plissa les yeux, se concentrant pour essayer de se rappeler du pas et pour choper le rythme de la chanson au passage.

La minute qui suivait, le blondinet se déchaînait sous les yeux de sa cavalière, reproduisant du mieux qu’il pouvait cette danse sautillante. L’alcool aidant, il ne s’en sortait finalement pas si mal que cela –il fallait dire qu’il n’avait pas choisi le pas le plus difficile. Imitant parfaitement l’espèce de marionnette désarticulée à laquelle les danseurs professionnels de Charleston ressemblaient, il ne lui fallut que quelques essais pour adopter la chanson est lui adapter ses pas de danse. Finalement, le Charleston était plutôt drôle qu’il ne l’aurait pensé, même s’il devait ressembler à un pantin épileptique. Au moins Rydia pourrait se targuer d’être la toute première personne à le voir « shaker son body » de la sorte….

Il interrompit sa petite démonstration un instant, offrant un grand sourire à sa cavalière.

« Alors, tu veux toujours essayer ? »

Après ça, elle ne pourrait pas dire qu’elle avait eu un aperçu d’ô combien ridicule on pouvait avoir l’air en dansant le Charleston….

« Alors, tu veux toujours essayer ? »

Malheureusement, Rydia n'eut pas le temps de répondre à cela. Voulait-elle vraiment essayer ? La réponse après l'interlude fleurit. Se flanquant devant Wunjo, Ethel arbora son plus large sourire. Connaissant maintenant le chemin, ses doigts se saisir du contenu du pot.

« Remember me, Grand Duc ? Pour te remercier de la dernière fois, de ton petit cadeau, de ne pas m'avoir tuée, et de ce magnifique, si magnifique t-shirt que je ne pourrais jamais oublier, voilà une couronne florale, puisse-t-elle égayer ta chevelure... Blonde. Pas mal du tout au passage ! »

Et elle balança une multitude de fleurs sur l'homme en face d'elle, s'y reprenant même à deux fois, car il méritait une tempête, un déferlement coloré. Juste pour voir ce rideau se répandre un peu partout, tant et si bien que la plupart atterrirent partout, la rouquine n'ayant pas encore compris l'intérêt de viser. Après tout pour quoi faire ? Tant qu'une partie finissaient bel et bien en décoration du visage des danseurs, le but était accomplit, et Ethel était heureuse. Tant pis si certaines infidèles couraient loin, se jetaient à leur propre perte sur un sol où elles allaient être piétinées sans un regard. Il fallait y penser avant de chercher un semblant de liberté, pendant une micro seconde de suspension supplémentaire dans les airs.

Puis elle s'écarta de Grand-Duc, voyant avec satisfaction que sa partenaire s'était également vue recouvrir de beaux pétales. Décidément, ce jeu devenait de mieux en mieux.

« J'aime beaucoup ta tenue, jeune inconnue, vraiment. Dansez bien tous les deux ! »

Après tout, c'est ce qu'ils essayaient de faire, non ? Sur une piste de danse, l'un à côté de l'autre, se dandinant dans ce qui semblait même être le rythme de la musique. Ou alors ils avaient tous les deux une anguille coincé dans leur tenue de soirée. Ce qui serait fort embêtant. Tout d'abord parce que ça ne semblait pas très agréable, ensuite parce que cela voulait dire qu'il y avait une invasion d'anguille dans la salle. Ou alors c'était quelqu'un qui avait aussi voulu respecter le thème en prenant un boa, qui avait noué des centaines d'anguille, puis les avaient faites tomber. Dans un certain sens, la scène de toute une école de dandinant en tâchant d'éviter de faire tomber les anguilles grimpant sur eux serait extrêmement drôle. Prenant le bras de Zakuro, essayant d'échapper à l'idée que plus aucun élève ne dansait, mais tentait de se défaire d'un poisson longiligne et glissant, elle rit.

« Allez, c'est ton tour ! Choisis ! »

Parce que j'ignorais complètement qui était Rydia, mais que son visage aux allures de déesse Athéna, et que son papillon peu engageant m'interpellèrent, j'optais immédiatement pour la plussoyance de ce projet. Me laissant entraîner par Ethel vers le couple un peu à l'écart que formait Wunjo et la demoiselle, je laissais mes souvenirs remonter, ceux-ci portant sur les grandes histoires nées une nuit, lorsqu'un grand chien avait kidnappé une petite canette. Des mots envolés, disputés, souris, mais surtout amusé. Et puis ce rire, ce rire que j'avais eu, terrible, face à son air outré. Je me plantais devant eux, imitant Hell, jetant un sourire à Wunjo. Hello, you !

« Bonsoir Wunjo. Tu vas bien ? Pas trop de démons en vue ? »

Et sur un sourire, je me détournais, pour poser les yeux sur sa partenaire. La première chose qui me sauta aux yeux ; m'agressant presque visuellement, ce fut son nœud papillon, d'un mauvais-goût extrême. Mais alors absolument extrême, au milieu de tout ce noir. Même Kohaku ne pouvait pas faire pire. J'en restais une seconde silencieux, le temps de me remettre du choc éprouvé.

« Oh. Il y en a qui portent bizarrement leur noeud-papillon, souriais-je en ramenant mes cheveux au dessus de mon épaule, pour qu'elle constate de mes dires ; le nœud papillon me servant présentement de chouchou-, et d'autres qui portent leur noeud-papillon bizarre ! »

Rejetant mes cheveux par dessus mes épaules dans un revers du poignet, je glissais un autre sourire sur mes lèvres, dévisageant la jeune femme des pieds à la tête. Elle était belle, et avait ce charisme impressionnant qui me fit presque instantanément amasser les souvenirs de ces femmes trop fortes que je connaissais. Ma mère, ma cousine, Kami.

« Oh. Des lions. »

Instant de perdition, durant lequel j'abandonnais brusquement la réalité, mes yeux se portant le félin gigantesque. Plus que tout au monde, plus que n'importe quel animal, plus que n'importe quel symbole, le lion était cette figure que je considérais comme attachée à ma peau depuis ma naissance, et comme faisant parti intégrante de mon être. Lion de signe astrologique occidental, lion dans mes combats, j'appréciais le lion, pour cet attachement, cette puissance qu'ils représentaient à mes yeux, ce machisme humanisé, et cette crinière flamboyante. J'aimais les lionnes et leur sens de l'importance, j'aimais les lions et leur violence patriarcale. J'aimais les lions ne serait-ce que pour leur silhouette, que pour leur yeux, que pour leur rugissement. Un sourire se plaqua sur ma face, et je me forçais à détourner les yeux de la cage, pour me rappeler à l'ordre, pour me rappeler que je ne pouvais pas contempler les félins pour le moment. Pas pour l'instant. Je reviendrais vers eux plus tard. Mes prunelles se rivèrent sur les cheveux de la fille. Cascade lisse, organisée par une main sévère, présomptueuse dans son attachement strict, j'appréciais la coupe de cette demoiselle aux allures d'amazone.

« En fait, je suis là pour fleurir tes cheveux. »

Plongeant la main dans le pot, avisant trois petites fleurs qui ressortaient de par leur aspect fragile, je les cueillais du bout des doigts, pour venir les épingler au dessus des cheveux de la demoiselle, dans ses mèches onyx. Trois petites tâches blanches venue souiller, peut-être, le noir décadent d'une demoiselle de fer. Je reculais d'un pas, appréciant l'effet offert, juste avant d'être emparé par le bras de Ethel, m'entraînant dans un mouvement qui m'éloignait du duo.

« Ah ! Bonne soirée à vous ! Eclatez vous bien. Et, fais moi plaisir, mêmesijeneconnaispastonnom, essaie, s'il te plaît, de me garder des poils de crinière d'un des lions ! S'il te plaît ! »

Et dans un détournement brusque, ravi, je me reconcentrais sur Hell. A mon tour, n'est-ce pas ?

« Alors ! Je te propose … ceux-là ! »

Le blond Narcisse et le fort Shiro, tous les deux mes sempaï en cette soirée qui les faisait danser ensemble. Quoique danser ne semblait pas être le terme approprié. Je passais le pot à Hell.

« Je prends Shiro-sempaï ! Celui à droite, c'est un homme, il s'appelle Narcisse, il est mannequin. Tu t'en occupes ? »

» Another lonely day
» I've been trying to do it right, I've been living a lonely life [PV]
» Such a lonely place... [Pv. Asuka Ayashi]
» LET'S F*CK THE ROAD [ PV : Jushin-chou ]
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