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 Another lonely day

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MessageSujet: Another lonely day   Another lonely day EmptyVen 15 Juin 2012 - 16:38

La matinée ne fut pas bien longue pour Elyana. Les cours étaient pour elle une échappatoire à sa solitude. Lorsqu’elle était en classe, elle était tranquille, focalisée sur le professeur ou la leçon, il était normal de ne pas parler aux autres élèves et elle avait un sujet sur lequel se concentrer. Que ce soit des mathématiques, sciences, langues ou lettres, tout l’intéressait assez pour occuper son esprit. Etudier était vraiment devenu un plaisir, car d’une certaine manière, cela justifiait son isolement. C’est ainsi qu’elle parvenait à avoir un bon niveau en classe sans être particulièrement brillante dans toutes les matières, elle était simplement une élève appliquée. Il fallait dire qu’elle n’avait pas toutes les distractions qu’une adolescente de son âge est supposée avoir. Elle avait peu de contacts avec les autres, et ses déménagements à répétition n’allaient pas pour l’aider. Elle se savait un peu naïve et inexpérimentée, ce qui la faisait craindre les autres, la rendant un peu (voir carrément) asociale. Vous pouvez donc aisément imaginer que la pause du midi qui approchait n’était pas son moment favori de la journée.
Un crayon négligemment posé contre sa lèvre inférieure, Elyana songeait à ce qu’elle allait faire.

Bloquée entre deux cours, elle savait qu'elle n'aurait pas assez de temps pour sortir faire autre chose ou rentrer. Elle n'avait pas non plus d’amis pour partager le moment convivial qu'est le repas de milieu de journée. La jeune fille était donc condamnée à patiemment attendre son tour pour s’acheter à manger, regardant les autres se chamailler, se raconter avec passion leurs aventures ou mésaventures, se moquer, blaguer insouciamment… Enfin, c’était devenu usuel pour la demoiselle, seules la nourriture et les têtes autour d’elle changeaient, le reste était déjà son quotidien, de l’Angleterre au Japon en passant par la France.

Lorsque la sonnerie annonçant la fin des cours retentit, Elyana se leva au milieu du soudain brouhaha de la classe, ramassa ses affaires sans se presser, jeta son sac en bandoulière sur son épaule et pris la direction du réfectoire d’un pas trainant. Les autres élèves courraient, la bousculaient en la doublant, mais elle s’en fichait. Elle allait plus lentement que les autres étudiants mais de toute façon, elle n’avait rien de plus intéressant à faire. Le dos droit, les épaules redressées, elle soignait sa posture et son allure. Faisant claquer ses talons sur le sol du couloir, elle continua sa lente avancée. Elle n’eut pas besoin de sortir son plan car tout le monde se ruait dans la même direction.

Une fois arrivée au réfectoire, elle se mit dans la file d’attente. Elle capta quelques regards intrigués. Etait-ce ses cheveux ou ses yeux trahissant ses origines qui attiraient ainsi l’attention ? Elle avait pourtant remarqué d’autres expatriés dans l’académie. Peut-être était-ce simplement son statut de nouvelle ? Elle jeta un rapide coup d’œil à sa tenue. Sobre, comme toujours, elle portait un top opaque en dentelle blanc cassé et une jupe remontant au dessus de ses hanches, serrant sa taille d’un élastique noir avant de tomber jusqu’aux genoux d’un tissu rose poudré. Elle portait des chaussures à talon modérément hautes faites de lanières beiges s'entrecroisant qui s’accordaient à son haut. Ses ongles étaient vernis de rose pâle, rappelant la couleur de sa jupe. Une queue de cheval haute attachée ornée d’un nœud bleu à poids ainsi que des boucles d'oreille en forme de perles blanches nacrées finissaient sa tenue. Son maquillage n’était pas non plus excessif, un simple trait de liner sur chaque œil et du mascara suffisaient à habiller un peu son regard. Elle ne vit rien qui clochait spécialement.

Impossible de savoir ce qu’ils lui trouvaient. Elyana se déconnecta alors de tous ses inconnus qui la fixaient du coin de l’œil. Elle replaça derrière son oreille une mèche qui s’était échappé de son élastique et gênait ainsi sa vue tout en avançant d’un pas dans le sens de la file. Elle sortit de son sac son I-pod et enfonça un écouteur dans son oreille droite. Elle le lança en lecture aléatoire et ferma les yeux en entendant la voix de Ben Harper résonner en parallèle au bruit de son environnement.

"Yes indeed I'm alone again,
And here comes emptiness crashing in..."
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Zakuro Fea
▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
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MessageSujet: Re: Another lonely day   Another lonely day EmptyMar 19 Juin 2012 - 16:50

Comme la courbe des montagnes qui déchirait l'horizon du ciel, le tracé carbone fendait en deux la surface poreuse du papier. Le crayon, fêlé dans toute sa largeur, semblait combattre dans ses dernières forces, et faisait naître avec une certaine cruauté l'automatisme de mes doigts. Je restais concentré sur ce qui n'avait pas de réel visage ; dessinant sans savoir ce qui résulterait des mouvement de ma mine. Le calepin de dessin, le même que celui qui m'avait fait découvrir Lun Marv, était plaqué sur mes genoux, dans une présence familière. Le bout de mes ongles, enfoncés sur l'un des côtés des pages, traçait dans le papier des marques irrégulières, en forme de lunes. Les paupières plissées, je veillais à ne pas relever la tête.
Assis en seiza, camouflé par les buissons m'environnant, je m'étais installé dans les arbustes bordant le local de cantine, ignorant le fait que le self ne soit pas un endroit où il était permis de stationner pour toute autre chose que celui d'y pénétrer. J'avais simplement envie de déserter la cour, trop peu inspirante à mon goût, et m'étais donc réfugié dans les parterres d'hortensias, de fougères, et de hauts arbustes. Mon uniforme sombre, quoique froissé, me permettait de ne pas trop attirer les regards, se fondant dans les teintes ombreuses du lieu, le soleil n'étant pas particulièrement au rendez-vous. Tant qu'à faire, songeais-je, en effleurant du regard le ciel, je n'avais qu'à imposer le soleil à mon univers de la journée. Aplatissant mon crayon sur le côté, j'assombrissais soudain le côté de la ligne déjà tracée, créant un contraste qui devint le berceau d'une forme ovoïde. Virant, ma mine vint graver les contours de cette dernière, modulant les surfaces d'un ovale qui devint moins irrégulier, qui se fit plus lisse, plus compact aussi. Rétractant soudain mon trait, je revins sur la structure du tracé, massacrant la forme ovoïde, pour l'encercler d'une ombre gigantesque, l'embrassant, au point de l'étouffer sous une couche épaisse de carbone. Bifurquant, arquant, mon crayon saccadé laissa s'échapper de ma main des soubresauts en forme d'arbres minuscules, de montagnes éloignées, de nuages vaporeux, si petits, en dessous de l'oeuf qui surplombait la totalité du dessin. Stoppant mon crayon, je levais la main.
Cela ne ressemblait à rien. Vraiment.
Esquissant un sourire, je rangeais mon crayon dans ma trousse à crayons de bois, où il rejoint une bonne vingtaine d'autre comme lui ; petits soldats de bois et de carbones, bien ébrèches pour la plupart, et couchés dans des morceaux de gomme ou de copeaux de bois. Glissant la trousse dans mon sac, je refermais d'un claquement le calepin noir, et me redressant, je tirais sur la veste de mon uniforme, effleurant du revers de la main l'emblème de Keimoo. Jetant par dessus mon épaule la sangle de mon sac, je traversais rapidement la surface du parterre, me glissant comme une ombre dans les groupes d'élèves traversant l'endroit. Balayant du regard les étendues de têtes brunes qui se rendaient au self, je portais la main à mes cheveux, automatiquement, à la recherche d'un élastique ou d'un bandana pour les attacher entre eux. Je ne savais pas tellement si j'avais envie de manger, mais sortir de l'Académie pour aller une heure à peine en ville ne me semblait pas vraiment intéressant. J'avais oublié mes livres dans mon dortoir, et j'avais passé les clefs à Gabriel, avant d'aller à mes cours de la matinée. Une vague de lassitude s'aplatit sur mes épaules, et je glissais mes doigts jusqu'à mes yeux, comme pour en abriter le bleu. C'était épuisant que de ne pas savoir quoi faire. Réprimant un juron inutile, je me laissais conduire par mes pas jusqu'au self. Sortant sans grande vigueur la carte de mon sac, je me rangeais sagement dans les rangs, attendant d'arriver devant la fente électronique dans laquelle mon nom serait enregistré, et patati patata, songeai-je.
Je m'emmerdais royalement.
Voilà.
Sortant mon MP4, j'activais Nightwish, me perdant dans les hurlements de Tarja, élucubrant sur le Wishmaster.

(…)

Bondée, la salle était studieuse, mais par réflexe, j'y baladais mon regard, à la recherche de tignasse blanche, et d'un regard trop bariolé pour être naturel. Nonobstant, j'avais la presque absolue certitude que Chess ne mangeait pas au self. Presque, car l'endroit devait l'amuser. Je l'imaginais se dandiner sur une table, se jouant des assiettes et des plats, riant des tentatives hasardeuses des surveillants pour l'empêcher de tout casser. J'adorerais remarquer Kohaku, Chess, en cet instant précis pour parvenir à sortir de ma léthargie actuelle. Je n'avais absolument aucune inspiration...
Bousculé par des élèves qui vinrent courir près de moi, je les regardais s'éloigner, me demandant si j'avais encore le temps de sortir du lieu, et d'aller dormir.
Cela me fit glousser.
Récupérant simplement une pomme, je passais devant les cuisiniers en les saluant brièvement, pénétrant dans l'entrepôt de tables et d'élèves. À la recherche d'une place libre, j'ôtais le casque, le passant derrière ma nuque, à la manière d'un de ces colliers celtes que j'avais vu dans les magazines d'Histoire. Je crus soudain entendre la voix de Kami. Dardant mon regard sur la droite, à la recherche de l'Araignée, je cherchais la silhouette quelque peu ronde de mon sempai en karate. Mon regard se posa sur une jeune fille absolument différente de celle qui avait pour habitude de me frapper avec un sadisme évident. Une occidentale, à n'en pas douter, ses cheveux beaucoup plus clairs que la majorité des étudiants ici. J'amenais la pomme à la hauteur de mes lèvres, sans vraiment oser y toucher.

« Mm. »

L'observant s'asseoir, j'étudiais avec un œil critique sa tenue. Un sourire étira mes lèvres, et jouant à faire tourner la pomme entre mes doigts, j'avançais jusqu'à sa table. Arrivé, je posais ma main sur la surface pâle de la table, pour attirer l'attention de la demoiselle. Ses yeux se soulevèrent jusqu'aux miens, et je fus réjoui de rencontrer un regard clair. Ses yeux, aux iris piquetés de différentes nuances, avaient une scansion d'éclat. Etait-ce parce qu'elle particulièrement refermée sur elle même et regardait donc le monde avec intensité, ou bien est-ce qu'elle était au contraire de ces personnes qui rêvaient de gouverner l'univers ? Demandant silencieusement la permission, je m'assis en face d'elle, faisant rouler la pomme entre la table et ma main, dans un roulement au bruit légèrement perceptible. Faisant légèrement la moue, je restais une seconde silencieux. Que dire à l'être humain que l'on rencontre pour la première fois ?
Je n'étais pas très assuré. Je ne savais pas quoi dire. Pas par gêne, plus par ce même manque d'inspiration qui m'avait saisi depuis le début de la journée, et ne cessait de me poursuivre au fil des heures. Comment faisais-je, d'habitude, pour vaincre cet état d'oisiveté ? Je forçais le dessin à naitre, souvent. Me détournant, je récupérais mon calepin, et un crayon, tandis que de ma main gauche, j'effeuillais le cahier, à la recherche d'une page banche. La mine s'activant à reproduire la forme de ses yeux, j'eyelinais son regard par un trait anthracite, plutôt que de khôl, avant de relever définitivement les yeux sur elle, lui tendant le dessin, pour qu'elle le critique.
Parce que je n'osais pas briser le silence.

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MessageSujet: Re: Another lonely day   Another lonely day EmptyJeu 21 Juin 2012 - 3:17

La musique continuait de résonner dans les oreilles de l’occidentale pendant qu’elle avançait au milieu des autres élèves surexcités par la sortie des cours. Alors qu’elle appréciait la musique d’un certain Jean-Christophe Le Saoût, plus connu sous le pseudonyme de Wax Tailor, Elyana se retrouva bousculée par un étudiant qui avait lui-même été poussé par un autre. Les deux se gaussaient gaiment. Comprenant qu’elle gênait et que c’était leur manière de le lui montrer, elle leur lança le regard le plus glacial qu’il lui était possible de faire et continua à les ignorer. Ces adolescents pré-pubères sous l’emprise de leurs hormones ne méritaient pas son attention. Ils n’étaient pas capables d’utiliser le peu de matière grise qui leur avait été donné en dehors des cours, soit, ce n’était pas pour autant une raison pour l’importuner de la sorte. Le mépris qu’ils lui inspiraient en cet instant n’était définitivement pas à souhaiter, et bien qu’elle ne fût pas vraiment bâtie pour leur coller une rouste, son courroux pouvait être des plus douloureux. La différence était-elle si difficile à accepter ?

La blonde se détourna d’eux et choisi un mets parmi ceux que proposait le réfectoire. Un soupir s’échappa de sa bouche. La France lui manquait déjà. Même si les jeunes n’étaient pas spécialement plus avancés en termes de relations sociales, au moins on y mangeait bien. Enfin, il lui fallait juste un peu de temps avant de s’habituer à manger Japonais à nouveau. Elle demanda donc un peu de tout, pour gouter. Avec un œil critique, elle jugea ce qui se trouvait sur son plateau : une brique de lait, une soupe qui ressemblait plus à un bouillon avec des algues, du riz parsemé d’une matière blanche étrange en forme de petits cubes (surement du tofu) avec des légumes. A l’odeur, on pouvait déduire qu’il y avait aussi du poisson. Et une pomme.

*Allez, allez, pas de cérémonie princesse !* se sermonna-t-elle intérieurement.

Levant la tête à la recherche d’un emplacement libre, elle prit son plateau et se dirigea vers une table un peu à l’écart. Elle s’installa en prenant garde à ne pas froisser sa jupe puis jeta un regard inquisiteur à la soupe. Saisissant le bol, elle l’approcha de son visage pour la renifler. Elle gouta du bout des lèvres et reposa le récipient en apercevant une ombre approcher. Une main entra dans son champ de vision, puis le reste d’un corps et enfin un visage. Et des yeux des plus captivants accrochèrent son regard. Surprise, la jeune fille resta interdite.

L’inconnu pris place en face d’elle. Sans un mot, il délaissa sa propre pomme pour sortir un calepin. Elle le vit s’affairer à gribouiller, lui jetant un vague coup d’œil par instant. Le silence qui pesait alors semblait pour la demoiselle mille fois plus lourd et intense que le brouhaha ambiant. Que lui voulait-il ? Que faisait-il ? Que devait-elle faire ? Comme il semblait s’être trouvé une occupation, la jeune fille repris son repas où il en était et se servit un verre de lait. A peine eut-elle pris une gorgée que l’étrange jeune homme aux cheveux de jais lui tendit son calepin. Elyana s’en saisit.

La technique était louable, mais le trait impatient. Cependant, elle pouvait reconnaitre sans prétention ses yeux superbement mis sur papier. Elle se sentit s’empourprer légèrement mais elle garda un air impassible. Elle se sentait un peu gênée, mais elle préférait cette attitude à celle des autres élèves qu’elle avait pu croiser. Dieu qu’il était difficile de communiquer ! Elyana choisit la méthode qu’elle maitrisait le mieux pour répondre à l’interrogation silencieuse de l’inconnu : la politesse.


« C’est superbe. Vous êtes très talentueux. »

Elle le vit tressaillir. Etait-ce son accent ? Sentait-il que ses paroles étaient creuses ?
Elle allait lui rendre le dessin mais elle se reprit brusquement. Désignant sa trousse elle lui demanda :


« Puis-je ? »

Se saisissant d’un des crayons du garçon, pas trop gras ni trop épais, elle entreprit de dessiner sous l’esquisse du jeune homme la représentant un nouveau dessin le représentant lui et ses yeux eux aussi atypiques pour la région. S’appliquant à ne pas étaler avec sa main le crayon, restant attentive aux détails et tachant d’être le plus fidèle possible au modèle, l’occidentale pris à cœur de faire preuve de précision.

Donnant-donnant. Ce devait être un système qui marchait, non ?

Une fois qu’elle jugea le croquis terminé, elle rendit le carnet à son propriétaire et se resservit un verre de lait. Elle redoutait sa critique, se sachant moins douée que lui en cet art qu’était le dessin, mais elle n’avait pas peur d’être jugée. Elle appréciait beaucoup la curiosité qu’elle percevait dans son regard et son attitude, à l’opposé de ce rejet continuel qu’elle avait maintes fois expérimenté. Cet intérêt qu’on lui portait tout à coup lui donna envie d’en savoir plus sur son interlocuteur. Surmontant l’appréhension qu’elle ressentait dans son ventre et sa gorge, elle prit à nouveau la parole.


« Je m’appelle Elyana. »

Jetant un regard en biais vers le calepin elle ajouta :

« J’aimerais beaucoup voir vos autres dessins. »
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MessageSujet: Re: Another lonely day   Another lonely day EmptyJeu 28 Juin 2012 - 12:15

« C'est superbe. Vous êtes très talentueux. »

La politesse était cette arme typiquement japonaise. Certes, universelle, mais tellement adoptée par le monde nippon qu'elle était à mes yeux de la race du soleil levant. Elle convenait à toutes situations, capable de déstabiliser et de mortifier autant qu'elle pouvait ravir, ou réjouir. En cette situation, elle ressemblait à une parade, et peut-être même une offensive de la part de cette occidentale maîtrisant sur le bout des doigts les conventions de mon pays. C'était d'autant plus impressionnant sachant qu'il fallait adapter cette politesse aux choses de la vie, à la manière de la Tactique dont ne cessait de parler Miyamoto Musashi dans son « Traité des cinq roues ». Elle bluffait, mais avec une certaine sincérité, étrangement apaisante, pour mes instincts nippons. Pour ce qui restait de britannique en moi, cela eut le don de faire courir un frisson le long de mon corps. Rebelles, mes pensées accordèrent à mon corps le mouvement nerveux de faire se crisper mes doigts. Il n'y avait aucune violence dans ma tête, aujourd'hui. Mais j'étais étonné que ma muse se révèle aussi glaciale que mon élan d'inspiration avait été enflammé. Mais plus étrangement, je n'en étais pas fâché, amusé seulement ; de ces sentiments qui naissaient, puis disparaissaient de ma poitrine, depuis ce matin. Reportant mon attention sur la jeune fille, je n'ouvrais pas la bouche, ne sachant pas quoi lui répondre. Ce serait presque trop facile, songeais-je, que de lui répondre de cette même manière ; froide, sans risque, sans originalité, peut-être. Je ne dirais donc rien. Au risque de paraître impoli ?- glissa une petite voix amusée, dans mon esprit.

« Puis-je ? »

Je m'attendais à ce qu'elle me rende mon carnet, en toute franchise. Aussi, cette question me désarma, et je dardais sur elle un regard méfiant, durant une seconde. Puis, l'idée qu'elle ne veuille pas nécessairement massacrer avec fureur et hargne mes dessins naquit, et j'hochais légèrement la tête par un léger mouvement de la nuque, en acquiesçant. Le souvenir des racailles me volant mon carnet de dessin face à Lun était trop vif dans ma mémoire pour que je fasse preuve d'autant d'inconscience. Je serais prudent, désormais. Et de toutes façons, le premier qui esquissait le moindre mouvement brusque à l'égard de mes dessins, je lui arrachais la peau.

Je la regardais prendre un crayon, avec un soin apparent, et posant la mine sur la feuille de papier, observais son poignet tracer le premier trait de carbone. Bien que le carnet soit à l'envers, je mis peu de temps à comprendre qu'elle m'imitait, me dessinant à son tour, comme je l'avais dessiné. Ses yeux se posant sur moi me l'indiquèrent, et je sentis une légère rougeur empourprer mes joues. Allons... voilà que je me mettais à rougir devant une demoiselle. Un rire mental se répercuta dans ma tête, et du bout des doigts, j'attrapais un crayon HB, pour jouer avec, cherchant à ne pas trop me concentrer sur le carnet. C'était la première fois que je le laissais à quelqu'un. À quelqu'un qui me dessinait. Je pensais une seconde aux fleurs de Lun. À ses yeux verts, et à la fumée de la cigarette qui roulait au sol. Au bruit des feuilles qui voletaient près de nous, tandis que je m'appliquais à coucher sur papier son visage. Et à l'air de son visage tandis qu'il me faisait jurer de ne jamais, jamais, mais vraiment jamais, montrer ce dessin. Je l'avais caché, à la manière d'un trésor, quelque part dans ma chambre. J'étais rassuré : je savais que jamais ce dessin serait découvert. En soi, je ne trouvais jamais mes dessins très réussi : je me trouvais toujours en deçà de ce que je pouvais faire. Seulement, pour chaque dessins, même les plus loupés, il y avait un souvenir accroché. Un sentiment, parfois. Pour Lun, ç'avait été un peu plus que cela, et j'étais fier de conserver ce dessin. Parce qu'il y avait, sur la surface du papier, dans l'assemblage de ces traits de carbone, quelque chose qui ne pouvait pas vraiment exister ailleurs.
La situation aujourd'hui était un peu différente, puisqu'il n'y avait pas de vent.
Mes yeux se plissèrent, et je tendais la main vers le calepin qu'elle me tendait. Je posais les yeux sur le dessin, avec la vague impression que cela ressemblait à un de ces jeux pour enfants, qui disparaissaient avec l'âge. Toi, moi, toi, moi, toi...
Puis, à côté de cela, ce sentiment de malaise. J'esquissais un sourire, presque timide.
« Merci. »

Parce que c'était la première fois qu'on me dessinait, et que je trouvais ça terriblement gentil. L'impression d'être un gosse à qui l'on vient d'offrir le Père Noël se fit ressentir et je tus le rire qui menaçait de naitre dans ma gorge. Je me concentrais sur mes mèches brunes, hérissées sur le dessin. C'était étrange de se voir dessiné... même pas forcément très bien, même pas à la perfection. Simplement croqué, sur le papier, preuve qu'on existait en dehors de sa tête.

« Je m'appelle Elyana. »

Je ne savais pas quelle était l'origine de ce prénom. Défilant dans mon esprit, les pays aux consonances latines se mirent à former une boucle indéfinie, sans réelle base concrète. Je plissais les yeux, en ramenant mes doigts près de ma bouche, pensif, durant quelques secondes, avant de venir plaquer mes paumes contre la surface boisée de la table.

« Je m'appelle Zakuro. »

« J'aimerais beaucoup voir vos autres dessins. »


J'effleure du regard l'objet près de mes doigts. Est-ce qu'il y a l'intérieur des secrets ? Certainement. Mais je pense qu'aucun n'est en mesure de se dévoiler aux yeux de la jeune fille. Après tout, je suis le seul à connaître la signification de mes univers. Et il ne peut s'agir d'un viol de ces derniers, si elle ignore à quoi correspondent les dessins. Il y a pourtant de tout, là dedans. Des singes aux visages décomposés, des mains avec des yeux peints sur les ongles, des visages d'élèves rencontrés au fur et à mesure de l'année, des essais pour la plupart griffonnés et rageusement abandonnés de paysages urbains, en contraste à un brin d'herbe ou à une montagne longuement travaillés. Des personnages dans des positions foetales, du sang bulleux s'échappant d'une blessure, une créature humanoide aux genoux renversés, ou encore des jumeaux aux yeux verts.

« S'il vous plait ; n'essayez pas de comprendre. Simplement cela ; sinon je serais vexé que vous vous permettiez de juger. Ce serait faux. »

Je glissais mon carnet en face d'elle, récupérant ma pomme, avec laquelle je me remis à jouer.
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