₪ Académie Keimoo ₪ In a decade, will you be there ? |
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| Pas de deux. [Fenrir] | |
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Zakuro Fea ▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
Genre : Age : 31 Adresse : 3, rue la Chance, app. 11, quartier Hiryuu, avec Lawrence E. Swanster. 1580 Multicompte(s) : Kojiro Sekigahara
KMO :
| Sujet: Pas de deux. [Fenrir] Lun 19 Aoû 2013 - 2:32 | |
| Utilisation d'un PNJ : Kojiro, 20 ans.
Ramenant en arrière ses trop longues mèches brunes, Kojiro effleura du regard les reflets sales des vitres de voitures qui défilaient au rythme de sa marche. Il avait conscience qu'être en dehors des murs de l'établissement à cette heure devenue trop tardive lui valait le risque d'être puni, et de trop multiples manières pour que cela lui plaise. Entre ses doigts, l'élastique se fit un animal joueur, mais dompté, qui accrocha entre elles les mèches d'onyx, venant battre sa nuque, rétablissant l'ordre vertueux de ses cheveux. Dans sa longueur entretenue, ceux-ci descendaient jusqu'au milieu de son dos, lisses et doux comme ceux d'une femme. Kojiro avait un visage de femme, mais dans son corps et sa démarche, il dégageait indéniablement la masculinité qui lui valait les reproches à l'égard de sa coiffure. Une coiffure qui soignait le doute de son androgynie. Un paradoxe de son être qui, il le devina aux regards que lui jetait les rares passants des rues encore animées, pouvait prêter au doute, au trouble, et ou à la simple envie de ne voir que ce que l'on désirait voir. Encore une fois, un homme l'accosta. Le deuxième de la soirée, le deuxième de trop. Dans son sourire enjôleur, Kojiro lut le sadisme d'un âge adulte en plein retors, éloigné de toute réalité martiale, éloigné du sabre et du Bushido. Il ne cessa pas de marcher, quand bien même le japonais un peu trop grave à son oreille pour ne pas être influencé par l'alcool remonta à sa hauteur, cherchant à l'immobiliser à la hauteur de l'homme. Non, il ne voulait pas boire un verre, non il ne voulait pas lui donner son numéro. Levant les yeux au ciel dans une exaspération profonde, quand l'homme posa sa main sur son épaule, Kojiro se demanda simplement ce qu'il lui était passé par la tête que de sortir aussi tard dehors. Les doigts sur son épaule se resserrèrent, et l'autre lui fit faire volte-face.
Dans un claquement sec, Kojiro abbatit ses doigts sur les phalanges de l'homme, craquant trois métacarpes. L'homme ouvrit brusquement les yeux, comme arraché à la torpeur de son esprit embrumé par l'alcool, et amena sa main à la hauteur de sa poitrine, la serrant contre son cœur, blessé, et livide.
« Espèce de petit con ! »
Au moins, lui avait la décence de reconnaître mon sexe, songea Kojiro en cillant, et en se détournant, accélérant l'allure. Derrière lui, l'homme pesta, mais ne le suivit pas. Un sentiment diffus de soulagement naquit dans la poitrine de Kojiro, se répandant en lui comme un petit nuage. Battant contre ses hanches, son sac contenant ses bokken répercutaient maintenant la vivacité de ses mouvements, et s'engageant dans les ruelles devenues de plus en plus étroites, Kojiro s'essaya à un raccourci. Il voulait vraiment rentrer à l'Académie, maintenant. L'angoisse commença à naitre dans son esprit, devenant une boule dans sa gorge, et mordant ses lèvres pour ne pas céder à une crise de peur qui le perdrait plus qu'il ne l'était déjà, il s'avança de plus en plus profondément dans ces dédales de rues, cherchant à accrocher de ses prunelles noires le moindre détail susceptible de l'aider dans sa mouvance. A sa montre, les chiffres lumineux affichait « 0:46 ». A cette heure-là, les grilles de l'établissement devaient être fermées. Le jeune homme plissa ses yeux, de plus en plus désespéré. Quand bien même il parviendrait à l'Académie, comment ferait t-il pour rentrer ? On allait le punir. Il ne respectait pas les règles. Il ne respectait absolument pas les règles. Ce constat le fit frissoner, et chaque pas se ponctua du mot « règles ». Pour avancer dans la vie sans souffrir, il fallait respecter les règles, observer de la rigueur et faire preuve d'obéissance et de logique. Cette nuit qui se refermait sur sa perdition le plongeait dans l'angoisse de son incapacité à affronter les inconnues de ses peurs. Il ne voulait pas désobéir. Il était un garçon sérieux, et transgresser les règles était ignoble. Effrayé jusqu'à dans sa tête, Kojiro se jetait dans l'ombre.
(…)
Il était une heure du matin. Un frisson secoua l'échine du jeune homme, qui leva ses yeux sombres sur l'enseigne encore allumée. La seule de la rue. Il était une phalène attirée par la flamme de la bougie, mais quitte à s'y brûler les ailes, il voulait s'arracher à ces ténèbres lui opacifiant ses repères de la normalité. Alors il ignora les néons roses, et le nom tendancieux, et poussa la porte.
(…)
Le téléphone qui se mit à vibrer sur le lavabo m'arracha à la fin de ma douche, et pressant ma sortie, m'emparant d'un drap de bain, pataugeant dans l'eau trempant ma peau qui s'écoulait sur les lignes de mon corps, inondant le sol. J'accrochais la serviette à mon épaule, ouvrant le clapet du portable, décrochant dans le même mouvement, et amenant le portable à mon oreille, stabilisais la serviette autour de mon corps.
« Kojiro ? Qu'est-ce que tu fous ? On avait rendez-vous ce soir à vingt heures pour l'entrainement ? » « Zakuro... »
La voix d'habitude si grave, si posée de Kojiro, m'alerta. Portée par un frisson d'angoisse, elle ondulait, comme si l'étang trop calme qu'avait toujours été Sasaki avait été troublé par une pierre jetée à sa surface.
« Viens me chercher. Tout le monde dort. Ne préviens pas Senta ! Je vais mourir de honte, sinon. » « … K- Kojiro, ça va ? Tu me fais peur, là ... » « Je peux te donner l'adresse, et tu viens me chercher ? Je vais pleurer, si je reste là une heure de plus. » « Euh … oui … attends … Tout va bien ? »
De toutes évidence, non. Kojiro, de l'autre côté du fil, semblait sur le point de fondre en larmes, et j'entendais les vibrations d'une musique trop puissantes. Il m'expliqua qu'il s'était perdu, qu'il avait craint de nouvelles agressions, et qu'il ne parvenait plus à retrouver son chemin, et qu'il avait espéré trouver le salut en entrant dans une boite de nuit. Mais il décrivait actuellement sa situation comme « désespérée ». Il gémit des propos que je ne compris pas, et ayant inscrit l'adresse dans la buée recouvrant le miroir, je raccrochais, stupéfait, mes yeux posé sur les hiraganas déjà mémorisés de l'adresse du lieu. Je ne connaissais pas, mais j'avais la singulière impression que ce n'était pas exactement un endroit que Kojiro pouvait fréquenter sans risquer quoique ce soit. Néanmoins, j'avais l'infâme envie de rire. Mon dieu, Sasaki. Dans quel pétrin était tu allé te fourrer ?
Jetant la serviette dans la bassine, je m'habillais en vitesse, glissant jeans sombre, T-shirt adapté à la saison, et dans le claquement des semelles sur le sol, mes Doc Martens hurlant leur rouge criard. Des détails ; rien que des détails, juste pour le plaisir de voir comment Kojiro s'en sortirait, avec ses vêtements trop raides, à la coupe trop sage. Sortant de la salle de bain, descendant l'étage, je passais devant la chambre presque voisine à la mienne, et m'y arrêtais, venant tapoter de mes doigts contre le panneau de bois, pour annoncer mon entrée. J'entrouvrais la porte, me glissant à moitié dans la pièce, cherchant des yeux le regard du Cheshire.
« Ehm... »
Dans la magnificence de fleurs barbouillées et souriantes sur le mur, Chess se tenait contre la façade de son dortoir, les doigts tâchés par l'encre de son marqueur bleu-violet, dessinant avec une concentration palpable les figures heureuses de ses fleurs. Corps rachitique, habillé uniquement par le port d'un boxer noir, avec des lacets sur le côté. Mes yeux se plissèrent sur un demi sourire.
« Je vais chercher un ami qui s'est enfermé dans une boite à gay. »
Sans arrêter de dessiner, sans même tourner le visage vers moi, Chess répondit, peignant le sourire monstrueux d'une des fleurs.
« Si c'est Sentasaurus, enfonce lui un macaron dans la gorge et abandonne-le là. »
Aha, les macarons, dans cet escalier, à mon anniversaire. Mes doigts se plissèrent sur la porte, et mon sourire s'agrandit, plus amusé, plus moqueur. Je détachais mes yeux de son boxer, concentrant mon attention sur ses lèvres, tandis qu'il achevait le sourire violet et sa phrase, avec ce même calme concentré qu'il offrait à son œuvre.
« Dans le cas contraire, passe le moi à ton retour que je matte le traumatisme avec une loupe. »
Je refermais la porte, doucement, le saluant d'un regard amusé pour ses fleurs, préférant taire le fait qu'il s'agissait du type en réalité le plus sérieux de la bande. « Si c'est Senta ». Evidemment. Senta était le plus à même de s'enfermer dans ce genre d'endroit, n'est-ce pas ? Je lui dirai demain qu'il s'agissait de Kojiro.
(…)
Ayant franchi le mur d'enceinte de l'Académie, je récupérais le portable dans ma poche, l'amenant à mon oreille. Je n'avais pas pris mon sac, et j'avais la sensation particulière d'être nu, sans. Mais considérer que Kojiro était armé me rassurait. Il était indéniablement fort, et je ne doutais pas qu'il soit capable de se défendre, peu importe la situation. Son principal obstacle residait dans les limites qu'il avait érigées autour de son mental. Les règles et l'obéissance fondaient sa vie, imposaient son sérieux et son calme, assurait sa tranquillité. Et lorsque, dans ce genre de cas, il était confronté à ce qui ne relevait pas du quotidien, il se désarmait lui-même. Je remontais la ville, trouvais le lieu, et jetais un coup d'oeil à la façade très éclairée. Comment avait t-il fait, sérieusement, pour oser entrer dans ce genre de lieu ? Un sourire amusé étira mes lèvres, et je franchissais la porte. Le Ladie's choice était apparemment le genre d'établissement très fréquenté, et très populaire dans son milieu. Un lieu « de choix », à en croire l'ambiance, et tout le background. Peut-être bien un endroit réputé. Au milieu de la musique, de la foule et de la lumière électrique, je perdis rapidement pied. Le simple avantage d'être plus grand disparu rapidement, quand la foule, -en majorité féminine-, m'emporta contre un mur, contre lequel je restais plaqué, décidant qu'il s'agissait là d'un bon lieu de repère. Contre le mur, près de la porte. J'appelais Kojiro, ammenant le portable à mon oreille.
« Tu es où ? Je ne te vois pas. » « Avec un … type. »
J'explosais de rire.
« Pardon. Tu es magique. Toi, Kojiro ? Avec un homme ? Wooow ! » « Vraiment : ta gueule. Viens me chercher. Tu vois la scène ? A droite, y'a des tables. » Réprimant mon fou rire, je franchissais la foule, ce flot impérieux du mouvement humain, et cherchais des yeux mon androgyne trop macho. Je le repérais, ses longs cheveux défaits, serrant contre lui son sac de sport, assis face à un verre auquel il n'avait pas touché, et à côté d'un type blond, aux profil européen, avec des lèvres peintes en rose. Ricanant, je m'approchais, venant déposer un baiser sur la mâchoire de Kojiro.
« Alors ? Tu me trompes ? »
Il releva un regard tueur jusqu'à mon visage, le sien ayant déjà adopté un teint pourpre, et il se releva précipitamment. Enfoncé dans la convenance jusqu'au bout des ongles, il avait certainement été incapable de refuser les avances trop polies de cet homme. Je saluais celui-ci, glissant mes mains sur les épaules de Kojiro. Geste simple et fortuit, dans ce lieu, mais dans l'unique but de le protéger de ses propres peurs.
« On rentre, maintenant, Sasaki ? Ronronnais-je. Ou tu veux danser ? » « On rentre. Je ne veux pas rester une se... »
Je n'écoutais pas totalement sa phrase. Mes yeux accrochant le regard d'un des danseurs sur le scène, je m'immobilisais une seconde, glissant le bleu de mes yeux sur les cheveux trop épais de l'homme. Indubitablement, il n'était pas japonais. Dans ses mouvements, il m'offrit le loisir de regarder un corps qui ne correspondait pas aux critères nippons. Absolument pas. De quel pays venait t-il ? Rencontrant une seconde fois les prunelles de l'homme, je lui souris. Kojiro s'irrita sur quelque chose qui me fit détourner les yeux de la scène, et amusé, je me dirigeais avec lui vers la sortie. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Pas de deux. [Fenrir] Ven 23 Aoû 2013 - 0:07 | |
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- Putain mais elles sont où bordel !
Impossible de mettre la main sur ses clefs, comme tous les soirs. C'est incroyable, elles avaient toujours la manie de se fourrer dans des recoins sordides, trouvant des endroits où se perdre même dans le mobilier épuré de son appartement. Jim allait lui péter un véritable câble s'il arrivait encore en retard - pour la cinquième fois cette semaine - et la sanction lui pendait aux nez. Corvée de vestiaires. Et croyez moi, personne ne veut nettoyer les loges d'une bande de stripteasers mâles. Un lieu plein de mystères qu'il ne vaut mieux pas découvrir. Un cliquètement métallique retentit alors qu'il envoyait valser un des coussins du canapé. Elles était là, les fourbes. Pas le temps de réfléchir, juste celui de prendre son sac et de foncer au premier métro. Si ses calculs étaient justes, il avait déjà 12 minutes de retard sur son planning. Sérieusement, il allait le tuer. Il devait vraiment penser à passer son permis deux roues, les horaires étriqués du réseau de transports publiques ne lui laissait définitivement pas la marge de manœuvre nécessaire à son organisation plus que bancale. Pour le retour, il n'avait aucun problème. Pour des raisons de sécurité, tous les stripteaser du Ladie's choice devait rentrer chez eux en taxi. On avait déjà vu des cas de stalker plus qu’inquiétant et Jim protégeait ses poulains du mieux qu'il le pouvait. Sauf quand ils loupaient systématiquement la réunion pré-show. Dans ces cas là, c'est lui qui devenait la menace.
Fenrir n'entendait que le son de ces chaussures battant le pavé et celui de son cœur qui se répercutait dans sa poitrine. Au moins, pas besoin d'échauffements. Entre deux foulées, il jeta un coup d’œil à sa montre alors que l'enseigne du club se dessinait au bout de la rue. 22H04. Bon, au moins il avait évité le pire. En dessous de 5 minutes, c'est à peine si on pouvait considérer ça comme du retard, non ? Il avait toute fois choisit de ne pas passer par l'entrée des artistes, située dans l'arrière cours du bâtiment, ce qui lui rallongeait son chemin de précieux centaines de mètres. Sur son fameux trousseau de clefs se trouvait celle de la porte principale du club et c'est avec précipitation qu'il s'y faufila, traversant avec de grandes enjambés la salle vide pour rejoindre les loges. C'était toujours étrange d'apercevoir ce genre d'endroit à la simple lumière du jour et non avec les éclairages stroboscopique habituels. Le silence qui y régnait était un peu oppressant lorsqu'on était habitué à être entouré de plusieurs centaines de personnes éméchées et bruyantes, les discussions couvertes par le sons des baffles.
La queue entre les jambes, Fenrir prit tout juste le temps de jeter ses affaires dans son casier. Comme un écho, un rugissement si familier à l'accent américain surgit de la salle de réunion
- FENRIR TU TE FOUS DE MA GUEULE
Les dix autres danseurs du Ladie's choice était déjà présents, assis en demi-cercle autour de leur grand gourou, un sourire narquois au coin de leurs lèvres. Cette scène avaient comme un goût de déjà vu pour chacun d 'entre eux, et la mise en bûcher de la tête d'affiche était toujours un joyeux spectacle. Pour une fois qu'ils avaient l'occasion d'être spectateurs et non performers... Sa place attitrée, au centre du groupe, lui avait plus l'air de son tombeau que d'une banale chaise.
- Déconne pas Jim, j'ai à peine cinq minutes de retard ! C'est toujours mieux qu'hier ! Tu devrais me féliciter pour avoir amélioré mon score au lieu de gueuler. - T'es vraiment qu'un petit con, tu le sais ça ? Je t'avais prévenu, c'était mon dernier avertissement ! Et je t'assure que ce soir tu rattraperas toutes les putains de minutes qu'on a poireauté avant que môssieur daigne ramener son royal fessier. - Bah bien sur, je vais rester tout seul après la fermeture. Pour faire un show à qui ? Au reflet de mon cul dans la glace ? - A des serpillières et du produit sol. Et tu partiras pas d'ici tant que c'est pas sur le parquet que tu pourras l'admirer. - T'es vraiment sérieux là ?! Je suis pas ta bonniche vieux pervers ! - Je déconne pas Fen et tu ferais mieux de pas faire ton malin sinon je t'assure que la semaine prochaine tu fouteras pas un pied sur la scène. - Je vois pas comment tu pourras faire ton chiffre sans mes hormones de nordique pour exciter tes clientes. - Et moi je vois pas comment tu exciteras qui que ce soit une fois que je t'aurai enlever tes trop grosses couilles. Fin de la discussion, on a encore du boulot avant l'ouverture.
Fenrir savait qu'il ne valait mieux pas renchérir, Jim était plutôt borné comme type et il lançait rarement des paroles en l'air. Et il ne doutait pas un instant qu'il soit capable de venir le castrer dans son sommeil. Mais sérieusement, le laisser faire le ménage tout seul comme un putain d'esclave ? Ça c'était vache. Même chez lui il n'en branlait pas une et payait quelqu'un pour s'occuper de l'entretien de son loft. A vrai dire, il était même incapable de se souvenir de la dernière fois qu'il avait eu un balai dans les mains. Il passa le reste de la réu préparatoire muet comme une carpe, dans une volonté d'indignation silencieuse. Il laissa ses collègues discuter de l’enchaînement de numéro à effectuer ce soir, bien que le résultat final ne lui convenait que moyennement. Habituellement il était celui qui menait ces discussions et la plupart des choix était fait à son avantage. Ce soir il ne disposait que d'un unique solo en fin de soirée ainsi que des quelques numéros de groupe aux quels il participait. En plus d'être relégué en arrière plan, cela voulait surtout dire qu'il allait avoir moins de pourboire et que son budget “bouteille-boite-de-nuit” allait être sacrément amputé. Enfin, comme il allait probablement finir sa nuit à récurer la salle, le manque à gagner n'allait pas trop handicaper ce soir. Une bonne grosse soirée de merde s’annonçait et Fenrir restait vautré sur sa chaise, dépité.
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Un morceau de house résonnait, alors que la foule s'agitait de plus en plus. La scène avait quelque chose de magique pour le norvégien. Un endroit fantastique dans lequel il arrivait à oublier ses problèmes, comme un lavage de cerveau express. Il connaissait sa chorégraphie sur le bout des doigts, mais s'autorisait toujours une petite marge de manœuvre d'improvisation. C'est un des aspects qui lui avait plut dans le striptease, il fallait savoir être réactif et créatif pour charmer son public, il fallait savoir jouer avec lui, et saisir la moindre occasion d'assurer le spectacle. Une marche martial résonnait alors qu'il s’avança sur la scène, au garde à vous. Il portait un costume de marines américain. Un classique, mais toujours très efficace, surtout ici au Japon où la culture de l'uniforme était très importante. Comme un soldat répondrait aux ordres, il commença à déboutonner sa veste dans des mouvements secs et précis. Une fois celle-ci au sol, il déchira d'un coup sec le marcel qu'il portait en dessous, dévoilant enfin ce que les spectatrices attendaient tant. Enfin, spectatrices, mais manifestement aussi quelques spectateurs.
Le club était très majoritairement fréquenté par des femmes, mais cela n'empêchait pas une faible population masculine de venir assister au show des apollons du Ladie's choice. Beaucoup étaient des habitués et surtout, de très bons clients. Au détour d'un déhanchement, Fenrir en repéra d'ailleurs trois, assis à une table au fond de la salle. Le premier était très efféminé et typé européen, à l'inverse des deux jeunes hommes à ses côtés qui semblaient plutôt proches, à en croire le bras qui les reliait. Pourtant, un des deux ne semblait pas à l'aise, mais alors pas du TOUT à l'aise. Fenrir avait comme l'impression que sa présence ici n'était pas voulu. Par contre, celui qui l'accompagnait avait l'air de beaucoup s'amuser et semblait bien plus joueur que son compagnon. Il était intrigué par ces compères, un public peu habituel. Certains clients venaient en couple, dans l'optique de pimenter leur vie sexuel en demandant des lapdances privées. C'était peut être pour ça que celui aux longs cheveux était si gêné. Avec un peu de tact, Fenrir pourrait peut être rattrapé son manque à gagner de la soirée. Hmm... Il y avait peut être moyen de faire quelque chose avec ces deux là. Il capta le regard azur du plus grand, qui semblait intrigué. Fen redoubla d'effort dans sa chorégraphie de plus en plus sexy et l'autre lui sourit. La partie était-elle gagnée ?
Manifestement, non. Les deux jeunes s'étaient levés et se dirigeaient... vers la sortie. Non, mais non ! C'était quoi cette soirée pourrie ?! Après toutes ses galères de la journée, voilà que sa cible partait comme une fleur au milieu de son numéro. C'était très vexant et Fenrir n'appréciait pas vraiment la tournure des choses. Ils voulaient partir ? Hors de question. Alors qu'il ne portait plus qu'un boxer au motif du drapeau américain, il descendit de la scène, rattrapant les déserteurs d'une démarche animale avant qu'ils n'aient le temps d’attendre la sortie. Un loup n'abandonne pas sa proie. Il se saisit de la main du plus extraverti des deux et l’amena sans plus de cérémonie vers la scène, avec la promesse d'un grand moment de spectacle. Jim, derrière le rideau, avait l'habitude des extravagances de Fenrir et avait senti le coup fourré à deux kilomètres. Il avait donc amené une des chaises des backstages au milieu de la scène. Son poulain était imprévisible et ingérable, mais il ne pouvait nier qu'il savait attiser les foules... Le stripteaser fit asseoir sa victime d'un geste assuré. Il ne voulait pas d'une lapdance privé ? Peut importe, elle serait publique dans ce cas. Il entama une danse langoureuse au dessus des genoux du jeune homme, faisant face à la salle. Il se saisit de sa main et la posa sur son torse, la faisant voyager de ses pectoraux à ses abdominaux. Comme il lui faisait dos, il ne pouvait pas voir les réactions du jeune homme, mais celle des spectatrices l'enchantait particulièrement. Mettez deux hommes musclés qui se tripotent et elles devenaient toutes folles. Dans un geste fluide, il se retourna pour faire face à sa proie, plantant son regard acéré dans le sien avant de lui murmurer dans l'oreille
- Qui a dit que je vous autorisai à partir ?
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| | | Zakuro Fea ▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
Genre : Age : 31 Adresse : 3, rue la Chance, app. 11, quartier Hiryuu, avec Lawrence E. Swanster. 1580 Multicompte(s) : Kojiro Sekigahara
KMO :
| Sujet: Re: Pas de deux. [Fenrir] Sam 24 Aoû 2013 - 1:10 | |
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Sasakiiiii, c'est un kidnappiiiing. Entrainé par une main que je ne reconnus pas, par une poigne qui fendit mes prunelles, je détournais mes yeux de la sortie et de Kojiro, qui comme deux éléments dissociés brusquement de ma réalité, pour poser mon regard sur un dos brun, sur des cheveux épais, que j'avais oublié une seconde plus tôt. Oh. La première pensée qui me traversa l'esprit fut qu'il n'avait certainement pas le droit de quitter la scène de cette manière, n'est-ce pas ? Puis dans l'analyse de la situation, je me rendis simplement compte qu'il y retournait. Avec moi. Ohohoh, attends ! Mes yeux cherchèrent Kojiro, qui figé derrière moi, s'éloignait à une vitesse hallucinante. L'idée que nous rentrions immédiatement au pensionnat semblait soudainement impossible, et je ris devant l'étalage de ces choses qui fondaient désormais la circonstance. Il me fit montrer sur la scène, et être brusquement surelevé m'arracha mon sourire. Il n'avait pas le droit de m'imposer. C'était lui, mon jeu. Pas le contraire. Je n'avais pas marché dans la nuit du métro pour être trainé sur l'estrade comme un animal en cage dont on ferait admirer le corps à des spectateurs en chaleur. Il m'assit sur une chaise, et s'assit sur moi, dans une position que je ne compris pas. Ses mains s'emparèrent des miennes, pour une valse à quatre mouvement qui firent s'élever des cris devant moi. Et moi, mon incompréhension, et le silence de ma contemplation. Dans ma poitrine, le serrement au cœur d'un mouvement sur mon corps qui me figeais dans la contemplation de l'être. Que faisait t-il ? Pourquoi faisait t-il cela ? Toute réalité tendancieuses disparues de ma tête, ne subsistant que l'irréelle adaptation d'une vraie mémoire d'un homme qui n'était pourtant pas moi. Un homme qui n'est pas toi. Qui n'est pas moi. Les souvenirs, mélangés entre eux, noyaient le sourire de Chess et la plume de Yoshikawa. Les souvenirs me faisaient me détacher de la réalité aux couleurs électriques, aux odeurs d'oestrus, et me concentrer uniquement sur ces mains masculines, qui se jouaient des genres, pour effectuer des caresses sur son propre corps. Mes mains, mes doigts, qui touchaient un corps que je n'avais imaginé que pour le découper. Rien de sexuel, rien de sexué, simplement le retour fulgurant d'une époque disparue. Une monde dans lequel les cavaliers traçaient les routes des sabots de leurs chevaux, franchissant les montagnes pour défendre les territoires orientaux d'une invasion de l'ouest. Des guerres qui déchiraient le pays en deux, tuant les limites et massacrant les cultures de l'esprit. Résidaient les moines et les ramparts des légendes qui naissaient, comme des bêtes sauvages, s'élevant des champs de batailles silencieux, rampant sur les morts, pour hurler de rire en acclamant le nom de Shinmen. Un frisson glissa le long de mon dos. L'homme était t-il fait pour caresser ? Si facilement, je pouvais imaginer les découpures que je ferai dans sa peau s'il m'offrait son corps. Si facilement, j'imaginais le chuintement d'une peau qui s'ouvre, et le pourpre qui en jaillit, jusqu'à l'immobilisation totale de son corps venu s'effondrer au sol, pour l'annonciation de ma victoire. Et dans mes doigts, contre ma paume refermée autour de la garde, le sabre hurlerait que la main n'est pas faite pour caresser, si elle a déjà tenu l'arme. Son corps bougea contre le mien. Poitrine. Poitrine, ma cible imaginaire, dans laquelle j'enfoncerai le wakizashi, défonçant son sternum, pour lui arracher sa respiration. « Qui a dit que je vous autorisai à partir ? » Je me détachais de la violence du passé féodal, pour me concentrer sur ce visage taillé par la lumière électrique, par ces yeux si peu bridés, ces cheveux si épais. Un sourire glissa sur mes lèvres, et dans le chuchotement du sabre qui se tire du fourreau, je glissais mes doigts de son ventre jusqu'à sur son flanc, appuyant la pression de ma peau contre la sienne, pour me tester moi-même, pour voir si je restais dans la tangente de la réalité qui s'offrait sous mes pieds, ou si je chuterai encore en arrière, m'enfuyant quatre cent ans plus tôt. « Le pouvoir de la licorne, en fait. » N'importe quoi. Tout et tellement n'importe quoi, qui hurlait son non-sens dans ma tête, mais qui m'arracha un sourire ravi. Mes paumes rencontrèrent l'os de sa hanche, et je souriais. Je souriais, parce que je ne doutais pas un seul instant que si je le voulais, là, je pourrai le jeter par terre, sauter de scène, attraper Kojiro et m'enfuir en courant. L'avantage d'être un géant parmi les japonais, l'avantage d'être plus fort. Mais jamais assez. Jamais assez, et ce jusqu'à la mise en terre, hein, Musashi ? Je refermais mes bras autour du corps masculin, devinant ses angles, devinant ses équilibres, pour pouvoir adopter une meilleure emprise sur lui, et assurer mes mains sur son corps de manière à ce qu'il ne tombe pas. J'appuyais sur le sol, pour me lever, pour le soulever, le tenant contre moi. Une seconde d'appréhension, une autre d'étude. Ok. Je pouvais, n'est-ce pas ? Je pouvais le porter, le tenir contre moi comme s'il avait été un amant que j'aurai aimé jeter au fond d'un lit. Conservant le silence au milieu de ce vacarme, je cherchais brièvement le support le plus proche, -le mur, en l’occurrence-, et en fit le support de son échine, effleurant la surface de mes mains, amusé par l'équilibre de son corps, contre le mien, et le mur. Mes doigts descendirent jusqu'à sa cuisse, et je vins glisser mes phalanges sous le repli du tissus qui encerclait sa hanche. Le samouraï peut t-il jouer ? Un rire ourla mes lèvres, et amusé par ce jeu qui se faisait l'étoffe d'une soirée noyée par la peur de Kojiro, je vins presser mon épaule contre celle de l'homme, l'empêchant de toucher le sol, maintenant sa cuisse par ma main. Mes lèvres effleurèrent les siennes, dans la captation de son souffle, et je souriais. L'attente au bord des lèvres, mes ongles crissant contre sa peau, et mon regard noyant le sien, dans un désir enflammé de l'écraser, parce qu'il m'avait imposé son jeu de la scène. Je ne sais pas danser, chéri. Je ne saurais jamais concorder exactement à ces mouvements de l'harmonie, ni me prêter à la perfection d'une chorégraphie qui hurlerait la beauté du corps humain. Je ne connaissais que l'absurde. L'absurde, la violence, et le sourire d'une victoire qui se méritait. Fais des efforts, fais des efforts, sois le plus fort, arrache leur les armes, élève toi, et souris. Jusqu'à ce qu'au fond de leur yeux, il ne réside rien de plus que ce que tu voulais y voir. D'un étirement de mes mains, je fis glisser les centimètres de peau, dénudée doucement par le boxer americain. Heh. Joue ? Joue ? J'espère qu'il serait récompensé et payé selon ses prix, à la fin du mois. « Vous voyez mon ami, derrière ? Il est à peu près aussi à l'aise qu'un poisson en plein ciel. Je vous paie le gâteau de votre choix demain matin au petit déjeuner si vous réussissez à le faire sourire. » Mes doigts tapotèrent sur sa hanche, continuant à faire glisser le boxer, et je souriais, malade de rire, dans ma tête, mais déjà trop assommé par la lumière. Je me détachais, je me détachais, et considérais que je ne voulais pas voir ni imaginer le public autour de nous ; considérer que je ne m'offrais pas en spectacle, et que c'était lui mon jeu, et pas l'inverse. Je le relâchais brusquement, m'écartant de lui pour traverser la scène, et la sauter, replongeant dans la foule, pour me faufiler jusqu'à Kojiro. Je l'attrapai par les épaules, le forçant à raidir son dos. « Tu aurais préféré les macarons, Sasaki. »
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| Sujet: Re: Pas de deux. [Fenrir] Sam 24 Aoû 2013 - 22:56 | |
| Les cris de la foule, la musique assourdissante qui faisait vibrer les basses et les lumières aveuglantes qui tournoyaient autour d'eux s'étaient lentement éclipsés de son esprit. Pour Fenrir, il n'y avait plus que lui et ce mystérieux inconnu qui l'intriguait tant. Il n'y avait plus que leur deux corps liés dans une confrontation implicite, et cette main étrangère posée sur son torse qui vint s'apposer sur son flanc. Un sourire se fixa au coin de ses lèvres. Il était bien trop entreprenant et le Loup réalisa qu'il ne faisait peut être pas face à sa proie. Qui était le chasseur, qui était le chassé ? Une douce confusion envahit son esprit, finalement ils étaient peut être tout les deux des prédateurs.
« Le pouvoir de la licorne »
Il tiqua un instant. Que venait faire cette animal mystique ici ? Symbole de la pureté, elle n'avait pas sa place dans ce temple de la décadence. La licorne était pure, elle était vierge. Elle était femme, ils étaient mâles. Il ne lui répondit pas, à vrai dire, il n'eut pas le temps. Deux bras puissants se nouèrent autour de son corps et le soulevèrent sans efforts, lui et ses 90 kilos de muscles. Instinctivement, il sut qu'il était entrain de perdre le contrôle de la situation et cette nouvelle ne l’enchantait pas vraiment. Il aimait savoir qu'il était celui qui décidait, qui avait le pouvoir, qui menait la rencontre. Décidément, c'était un bien étrange énergumène qu'il avait en face de lui. Il sentit son dos rencontré la surface lisse d'un mur, brusquement plaqué, sans possibilité d'échappatoire. Il enragea. Fenrir ne doutait pas un instant qu'avec sa carrure, il était capable de lui tenir tête, mais il sentait bien que son adversaire n'était pas uniquement musclé. La précision de ses gestes, l'aisance et la rapidité avec laquelle il l'avait maîtrisé démontrait bien qu'il disposait d'une technique probablement acquise d'un sport de combat. Fenrir ne savait pas se défendre, il savait uniquement attaquer. Frapper là où ça faisait mal, les nuits où l'alcool échauffait son esprit et réveillait ses instincts animals.
Il était plus sage de ne pas renchérir à la provocation de l'autre, qui ne manquerait probablement pas de l'envoyer valser au milieu de la scène, lui et sa dignité. Fenrir avait la fâcheuse impression d'être fait comme un rat, coincé entre la fraîcheur du mur coté pile et la chaleur de ce corps étranger du côté face. Il ne savait pas si c'était le destin ou la hasard qui avait fait qu'il ait jeté son dévolu sur la seule personne capable de lui faire perdre ses repères dans cet endroit où il se considérait roi. Plus probablement un mauvais sort. Ou la licorne, qui sait ce que cette salope était capable de faire.
Il senti des doigts se glisser sous le tissus de son unique vêtement. Invasion en territoire américain. L'autre lâcha un rire avant de presser son corps contre le sien, agrippant fermement sa cuisse, l'immobilisant complètement. Puis vint une paire de lèvres qui se scellèrent aux siennes, dernier retournement de situation inattendu. Étonnamment Fenrir s'en retrouva rassuré, il avançait à nouveau en territoire connu. Ils étaient désormais dans un autre type de confrontation, l'éternelle lutte masculine pour savoir qui avait le dessus, au lit comme à la vie. Il savait qui n'était pas question ici de séduction, mais plutôt de domination. Il ancra son regard, animal et amusé, dans celui de son adversaire, une étendue d'eau bouillante et tumultueuse et comprit enfin pourquoi l'autre agissait ainsi. Il avait comme l'impression qu'il lui en voulait, qu'il cherchait à se jouer de lui pour avoir oser l'emmener sur scène. Fenrir amorça un sourire amusé quand son opposant, bien proche mais pourtant toujours aussi inconnu, fit lentement glisser son dernier vêtement, révélant centimètres par centimètres plus de peau que Fenrir n'était légalement autorisé à en montrer. Du coin de l’œil, il vit Jim lui jeter un regard noir. Oh oui il le savait, il allait lui faire payer son écart de conduite. Restait à savoir combien.
« Vous voyez mon ami, derrière ? Il est à peu près aussi à l'aise qu'un poisson en plein ciel. Je vous paie le gâteau de votre choix demain matin au petit déjeuner si vous réussissez à le faire sourire. »
Tiens, il l'avais oublié celui là. Effectivement, ce dernier arborait des teintes encore plus pivoine que tout à l'heure, quand ils étaient assis à la table, loin de la lumière qui était désormais braquée sur eux. Pourtant, ce n'était pas lui aurait dut être gêné, non. Il ferait mieux de se relaxer un peu, les gens venait dans ce club pour se détendre, pour profiter. Il devrait définitivement sourire dans un lieu comme celui-ci. Mais aller savoir comment réussir à le décoincer, il semblait être une cause perdue... En tout cas, il se doutait que ce n'était certainement pas en l'invitant sur scène qu'il pourrait y arriver. Les doigts de son compagnon continuaient à le déshabiller, frôlant l'incident diplomatique. La situation était définitivement entrain de déraper, et rattraper par une certaine conscience professionnelle le stripteaser arrêta fermement le geste de l'autre en lui lançant d'un ton prévenant
- Passé cette limite, il va falloir payer. Et je coûte bien plus cher qu'une pâtisserie.
La chaleur sur sa hanche disparu brusquement, et il vit ce jeune homme si intriguant traverser la scène en sens inverse. Prenant la fuite ou bien battant en retraire ? Fenrir eu juste le temps de lui glisser avant qu'il ne soit hors de porté
- Mais j'accepte le défi.
Joueur, ça oui il l'était. A nouveau seul au centre des projecteurs, la retour à la réalité se fit brusquement. La musique, les cris suraiguës des femelles excitées le rattrapèrent brusquement. Il ne savait pas comment reprendre son numéro après cette interruption, il ne savait plus où en était les mesures, quels temps de la chorégraphie il avait passé à la trappe pour ce petit coup de folie. C'est pourquoi il se saisit du micro en bord de scène et reprenant son sourire charmeur et ses attitudes de stripteaser, il lâcha d'un ton séducteur à l'attention de la foule
- Ne vous en faites pas les filles, je vous en réserve pour vous aussi !
Il ne s'attarda pas sur scène après cette courte conclusion et ne se le fit pas dire à deux fois avant de retourner derrière les lourds rideaux de velours, laissant la place à ses collègues. Évitant la confrontation avec son manager qu'il devinait furax, il se réfugia dans les loges. Il ne savait pas l'heure qu'il était, mais à vue de nez la nuit était déjà bien avancée et la fermeture approchait, avec son lot de serpillières et de produits nettoyants multi-surfaces. Il avait besoin d'un verre. Ou plutôt deux. Il se saisit d'une bouteille de Jäger dans son casier et se servit généreusement. La douce brûlure de l'alcool glissant le long de sa gorge le fit frisonner. Il allait lui falloir du courage pour arriver au bout de cette nuit et il avait comme l'intuition qu'il valait mieux affronter ça légèrement ivre. Enfin, légèrement, ça restait à vérifier. Il avala le reste du liquide sombre d'une traite et fila se rhabiller en tenue civile. Pour lui, le show était terminé. Une fois le drapeau américain ôté de son cul, il enfila le jean brut droit et le t-shirt blanc échancré dans lesquels il était arrivé. Le glamour et le sexy, il les laissait aussi au vestiaire ce soir. Il se faufila discrètement dans la salle pour rejoindre le bar, bien évidemment. Il remarqua que le jeune homme de tout à l'heure et son copain au balais bien enfoncé étaient toujours là. Le bar. Les mecs. Mais bien sûr ! S'il voulait le faire sourire, il devait le soûler, ni vu ni connu. Il était tellement coincé qu'il ne devait pas franchement boire souvent, ça allait être rapide. Il se tourna vers le serveur, qui habitué avait déjà commencé à préparer sa commande habituelle. Il l'arrêta.
- Fais donc m'en trois cette fois. Bien chargé, tu serais un amour.
Ses trois Sex on the beach à la main – une boisson traître, parfaite pour réaliser son plan machiavélique - il se glissa derrière les deux jeunes gens et les interpella d'un sourire
- De la part de maison pour cette incroyable et entreprenante participation au spectacle.
Joueur, il l'était définitivement.
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| | | Zakuro Fea ▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
Genre : Age : 31 Adresse : 3, rue la Chance, app. 11, quartier Hiryuu, avec Lawrence E. Swanster. 1580 Multicompte(s) : Kojiro Sekigahara
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| Sujet: Re: Pas de deux. [Fenrir] Ven 30 Aoû 2013 - 23:34 | |
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« Mais j'accepte le défi. »
C'était sur un sourire que j'avais piégé Kojiro, l'entrainant dans la spirale d'un pari qui devrait s'achever sur la même résonance que ses commencements : un sourire. Un sourire que je voulais voir incrusté sur ses lèvres, profondément, et provoqué par la sincérité d'un sentiment amusé. Je voulais voir Kojiro sourire, et je voulais voir cet homme se battre pour imposer ce sourire. Je voulais les voir se heurter l'un à l'autre, généraux de deux univers différents, commandants d'armées opposées, et je me faisait l'adjuvant de qui voudrait, provoquant cette guerre souriante, cette bataille de la non-violence. Pour un prix sucré, pour une pâtisserie payée.
Du coin des yeux, je suivais les mouvements anticipés de cette stratégie au militarisme transcendant le sang, venant se nicher dans la réalité comme une balle, pour la perforer, et se transformer en un faciès souriant, et bien plus doux que celui d'un soldat venu tuer. Du coin des yeux, je suivais les mouvements de l'homme aux cheveux épais, aux mèches sombres et aux yeux étrangers. Il s'empara de son micro comme un soldat se sert de son arme, et tira dans le cœur de chacune des femmes en leur adressant un sourire parlé.
« - Ne vous en faites pas les filles, je vous en réserve pour vous aussi ! »
Je laissais mes lèvres s'étirer brièvement, détournant les yeux de la scène, pour me concentrer sur le décor de la mer humaine qui s'agitait autour de nous. Toute une véhémence de chair réchauffée par les phéromones en action, et la sueur qui coulait sur les peaux sucrait l'air d'une odeur musquée, animale, que les fragrances des danses masculines provoquaient sur les organismes de ces corps en chaleur. Elles hurlaient et ondulaient leurs corps, délivrées ou non de toute pudeur, s'enfonçant dans l'idée que c'était comme ça qu'il fallait faire et être pour paraître cool. Mes doigts refermés sur les épaules de Kojiro, je lui glissais un regard amusé quand il se mit à pépier.
« Mais à quoi jouais-tu ? » « C'est toi qui m'a entrainé ici, Sasaki, ne viens pas te plaindre. »
Je ne cherchais pas son regard, le devinant courroucé. Je savais qu'il m'en voulait, je savais qu'il m'en voudrait, et puis que d'ici quelques semaines, allongé dans son lit, dans sa solitude, il songera un soir que cette situation, au final, l'avait amusé, et qu'il aurait du, peut-être, en profiter plus. Mais à la longue, il restera le même, et n'évoluera pas en cherchant à se sortir de sa continuité d'être. Je ne le lâchais pas, ignorant ses protestations quant à l'interprétation de nos proximités, et je lui retournais simplement un regard clair, amusé. Ne t'inquiètes pas pour ça, Sasaki. Jamais.
(…)
« De la part de maison pour cette incroyable et entreprenante participation au spectacle. »
Résonnant dans nos dos comme la corne de chasse du chef ennemi qui jette ses hommes sur l'armée adverse, le cri de guerre du strip-teaser me fit me retourner, et je le regardais approcher, ses trois verres à la main. Ainsi, il s'engageait réellement dans la partie ? Un sentiment de bonheur grisé par l'excitation et l'attente de voir, avec une avidité quasi morbide, me fit tendre les doigts, pour récupérer mon verre, tandis que Kojiro, méfiant, étonné, faisait de même.
« Je suis Zakuro, et voici Kojiro. »
Mes prunelles s'attardèrent sur les cheveux longs de Kojiro, sur son air suspicieux, et je lui souriais, par réflexe, et pour le voir réagir. Il ne parut que plus perdu dans son incompréhension, et je dardais mon regard sur l'homme, étudiant le rétablissement de vêtements devenus plus banaux, plus normaux. Plus banaux, hm. Un glissement sur son corps, mes yeux sur ses épaules, le souvenir une seconde, de ma main sur sa cuisse et du sifflement qu'il m'avait laissé entendre. L'ombre d'un sourire. De toutes façons, et je me retournais, attrapant Kojiro par l'épaule et notre compagnon par un ordre silencieux, pour nous chercher une table, je n'étais pas intéressé pour payer ce prix-là. Pas assez. Il y aurait toujours bien plus intéressant. J'avisais une table, que je proposais, à laquelle je m'installais, faisant en sorte de placer, avec l'adresse d'un marionnettiste secouant ses fils, Kojiro plus près de Fenrir que de moi. Lançais un sujet de discussion random. Et puis abandonnais tout simplement l'attention que je pouvais leur porter pour me concentrer sur l'obstacle qui venait de se dresser devant moi, dès le début de ce pari. Mes yeux accrochés au verre, joignant mes doigts, je me concentrais sur la liqueur, m'abandonnant au sentiment d'irritation qui m'avait envahit, et que j'avais refoulé, quand j'avais vu le brun se ramener avec de l'alcool. Évidemment. Il devait y avoir une difficulté, sinon le jeu ne pouvait être parfaitement équitable, n'est-ce pas ? J'eus envie de soupirer, tandis que les doigts de Kojiro s'égaraient sur le rebord de son verre, ses yeux se posant sur moi. Kojiro, dans son obsession des règles, ne buvait pas s'il n'était pas accompagné. Lorsque nous sortions, Senta buvait facilement, et Kojiro ne se privait pas. Mais je ne participais que rarement à ce genre d'exclusivité. Très rarement, même.
« Tu ne bois pas, Zakuro ? »
Il avait élevé la voix, surpris, et je posais mes yeux sur Fenrir, une seconde. Aha. Erreur.
« Sisi. »
Apportant le verre à mes lèvres, j'en avalais une gorgée, trop rapidement, trop longue. De trop. Si je parvins à ne pas recracher immédiatement le contenu, à conserver une expression placide, à ne pas pleurer, je reposais le verre avec un claquement un peu trop sonore. Néanmoins, cela suffit à Kojiro pour qu'il se détende, et que, boudeur, il n'apporte le verre à ses lèvres. Je ne le regardais pas, mais quand il reposa son verre, lui venait de vider la moitié de son verre, et il ne laissa qu'une minute à peine avant de boire de nouveau et de vider son verre. En proie à un fourmillement de mon esprit, je laissais mes yeux s'égarer sur la lumière électrique, et sur le mouvement des dernières personnes autour de nous, qui vidaient les lieux. Une vague de chaleur monta dans ma poitrine, et je me senti brusquement piégé. L'alcool, général vicieux d'une armée venue déréglée mes perceptions, commençait à faire ses effets.
« Pardon. Je vais juste prendre un peu l'air, je ne me sens pas bien. »
Je me levais, sur un léger salut de la tête, et me dirigeais jusqu'à la sortie, où je poussais la porte avec un peu trop de vigueur, peut-être. M'effaçais au dernier instant pour laisser passer un homme devenu brusquement double, et venais caler mon dos contre le mur, me jetant dans le plaisir d'un vent qui vint engourdir mes doigts, griffer ma mâchoire, et secouer mes mèches. Temps d'un soupir. Puis le mal de tête attaqua, et je mis à glousser, hilare devant mon incapacité à résister à un seul verre.
(…)
Tirant vers moi la chaise, je me rasseyais face à mon verre, croisant mes jambes, énervé. Kojiro avait fini un second verre, et parlait avec enthousiasme de ses cours à l'université, mais de ce même visage calme et sérieux que je lui connaissais. Je poussais son verre vers lui, entêté à l'idée de le voir saoul. Le mal de crâne persistait, mais je considérais que si je n'étais pas en mesure de voir Kojiro rire, le pari ne serait pas remporté par Fenrir. Du bout des doigts, je vins tapoter contre les phalanges de ce dernier.
« Quelle est ton gâteau préféré ? »
Kojiro, qui buvait un autre verre, posa un regard interrogateur sur moi, et venant reposer son verre sur la table, entrouvrit ses lèvres.
« Pourquoi ? »
Mes lèvres esquissèrent un sourire doux.
« Comme ça. Et toi, Kojiro ? »
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Pas de deux. [Fenrir] Lun 7 Oct 2013 - 0:55 | |
| Ses mains s’allégèrent quand les breuvages qu’il tenait disparurent en territoire ennemi. Bien, la première partie de son offensive était une réussite. Il avait un instant craint que les deux jeunes compères ne refusent, de peur que cet individu douteux qu’il était n’y ai glissé des substances fort peu légales. Bien évidemment, il n’en était rien : il s’agissait de son ultime recours, en cas d’échec inévitable. Hors pour le moment, tout semblait fonctionner à merveille. Il put enfin mettre un nom sur ces deux visages : Zakuro le farouche et Kojiro le coincé. Bien. Par politesse, même s’il ne doutait pas qu’ils aient tous les deux fait le lien avec les affiches à son effigie format A0 dispersées dans tout le club, il leur lâcha poliment et en souriant de toutes ses crocs un « Fenrir, enchanté ». Le premier les emmena vers une des rares tables encore vides en fin de soirée, quand fatigués les clients ne cherchent plus qu’à s’assoir pour profiter du spectacle tout en se soûlant la gueule. Ah l’alcool, personne ne pouvait y échapper dans le milieu de la nuit. Les rares téméraires qui auront tenté d’aller en boite sobre vous l’expliqueront. Fenrir se retrouva donc assis à côté du dénommé Kojiro, et ne put que remarquer le déroutant manque d’entrain général à la boisson alors que celui-ci ne questionne son partenaire. Une question innocente, mais qui voulait en dire long. Comme les deux jeunes hommes Fenrir n’avait pas encore touché à son verre, occupé qu’il était à réfléchir à la suite de son plan, la brûlure de son précèdent alcool encore présente dans sa gorge. Un regard furtif croisa le sien. Haha ! Il avait compris, et ça s’annonçait encore plus drôle que prévu.
- Tant que vous êtes avec moi vos verres seront toujours pleins, je vous le garanti !
Avec un regard plein de sous-entendus, il leva son verre pour trinquer. S’ils attendaient une autorisation pour profiter de leurs boissons, ils allaient l’avoir. Il avala goulûment de longues gorgées du cocktail fruité, attendant patiemment qu’ils fassent de même. Le Loup ne put que remarquer le faciès quelque peu constipé de Zakuro alors qu’il buvait, malgré ses efforts pour garder une expression neutre. Fen avait l’œil pour ces choses-là. C’était souvent quand ses proies commençaient à refuser un verre qu’il savait qu’elles étaient mures pour passer à l’attaque. Cependant déceler des signes de difficulté face à premier verre, c’était une nouveauté pour lui. Ainsi, la légende urbaine à propos des hommes qui n’aimaient pas l’alcool était véridique et il avait la chance d’en admirer l’un des rares spécimens. Son compagnon, en revanche, avait la descente facile. Fenrir était sceptique quant à cette découverte : s’il buvait beaucoup, il allait être rapidement saoul. Mais d’un autre côté s’il buvait beaucoup, c’est qu’il était un habitué de la biture et qu’il allait lui falloir plus de trois verres pour afficher ce sourire béat tant espéré. Jim allait l’achever en voyant son ardoise au bar à la fin de la soirée. A vrai dire il craignait même de devoir faire face à un redoutable adversaire alcoolique, qui se retrouva d’ailleurs à cours de munitions en un rien de temps. Qu’à cela ne tienne, le stripteaser fit savoir d’un signe de tête au barman qu’ils avaient besoin de recharges et d’un mouvement de doigts qu’il leur faudrait deux bouteilles. Il était temps de sortir l’artillerie lourde et de passer aux choses sérieuses.
Mais alors que la vodka arrivait à la table, celui qui semblait jusqu’alors être le plus téméraire des deux pris la fuite. Bon, soit. Au moins cela lui laissait le champ libre pour effectuer une reconnaissance du terrain. Il sorti le magnum de son lit de glace et servi copieusement le jeune nippon, noyant l’alcool sous une bonne dose de boisson énergétique. Rien de plus efficace pour faire monter le tout rapidement à la tête. Il effectua le même mélange pour lui-même avant de lever son verre vers son adversaire.
- A cette soirée mouvementée !
Mouvementée certes, mais la suite s’annonçait encore plus trouble. Kojiro semblait se détendre peu à peu mais était toujours loin d’atteindre le résultat escompté, avec son expression toujours aussi sérieuse. Fen commençait même sérieusement à se demander s’il était techniquement capable d’afficher un sourire. Un unique constat : l’alcool seul n’allait pas être suffisant pour le décoincer. Le coude posé sur la table, le regard en biais et le sourire en coin Fenrir passa en mode séduction. Une valeur sure pour se le mettre dans la poche.
- Alors, Kojiro c’est ça ? Tu étudies quoi ?
Toujours commencer par un sujet neutre, et chercher à faire parler l’autre le plus possible. Le plus important pour une offensive réussie, c’était de montrer à sa cible que l’on s’intéressait à elle et de parler le moins possible de soi. Rien de moi sexy qu’un monologue à base de lancer de fleur sur sa belle personne, il fallait la jouer mystérieux et attentionné. A grand renfort de battement de cils, Fenrir continua d’alimenter la conversation subtilement, cherchant à ne pas non plus effrayer le jeune homme. Il ne savait pas à quel bord il appartenait et il aurait été peu judicieux qu’il prenne ses jambes à son cou pour rejoindre son compagnon déserteur. Enfin à partir du moment où il avait atterri dans un club de striptease masculin, un sérieux doute se posait et on pouvait décemment partir du principe qu’il était plutôt open.
Zakuro justement réapparu brusquement de son escapade, à première vue pas vraiment dans son assiette. Par politesse mais aussi parce qu’il se sentait réellement concerné par l’humeur de son adversaire, il lui demanda
- Est-ce que ça va ?
Une situation d’autant plus inquiétante que ce dernier justement incita silencieusement son compagnon à boire, comme le signal d’un drapeau blanc prêt à être levé. Fenrir sentit un contact sur ses mains, encore un, avant d’entendre la fameuse question qui confirma ses suppositions. Il n’était pas un grand adorateur de desserts, qu’il jugeait la plupart du temps trop sucrés. Ainsi les seuls qui trouvaient grâce à ses yeux étaient ceux aux arômes prononcés et masculin, le café le plus souvent.
- Les Opéras, j’adore.
Mais Fenrir était une vraie salope et un grand joueur, et il était hors de question de le voir abandonné. Alors dans un sourire il prépara une troisième préparation qu’il avança dans sa direction.
- Un verre ne devrait jamais être vide, c’est si triste. Une bonne vodka et tout va mieux !
Il n’écouta pas vraiment la réponse de Kojiro à la même question, trop occupé à fixer d’un regard taquin son acolyte, son esprit lui murmurant un « bois ! bois ! bois ! ». Il pressentait qu’il allait remporter leur pari, mais il ne voulait pas que cela s’effectue sur un abandon. La bataille était loin d’être finie et si son adversaire rendait les armes alors il était prêt à l’attaquer par les flancs.
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| | | Zakuro Fea ▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
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| Sujet: Re: Pas de deux. [Fenrir] Dim 20 Oct 2013 - 21:18 | |
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« Alors, Kojiro c’est ça ? Tu étudies quoi ? »
Où était parti Zakuro ? Mes prunelles suivirent une trajectoire invisible, tracée auparavant par la fuite de mon adversaire, de mon rival, de mon compagnon, de mon ami. Peu m'importait le qualificatif que j'avais à lui déposer sur le front, ce soir ; il venait de disparaître pour une raison connue de lui-seul, et dans cet univers perdu, loin des règles, j'étais sujet à la plus angoissée des paniques. Le strip-teaser, Fenrir, étalait autour de moi l'ambiance désagréable d'une intimité qui ne me convenait que très moyennement. Avais-je le droit de me laisser devenir la proie de ce type ? J'étais un homme, j'avais mon honneur d'homme, et je n'appréciais pas toutes ces idées qui filaient dans ma tête, me laissant aller à des hypothèses devenues plus que douteuses. Et si jamais, quelqu'un ayant désobéi au couvre-feu, était présent à cette soirée, et me voyait en compagnie de cet homme occidental ? Mon regard évalua les lieux qui se vidaient, et dans une maigre consolation, je me rassurait sur le constat de l'absence de tout visage connu. Doucement, mes lèvres s'entrouvrirent sur ce besoin de répondre à la demande, d'être normé, normal.
« Étudiant en lettre classique. C'est une formation pluridisciplinaire dans laquelle j'étudie le japonais, le chinois, et le latin. Ma spécialité se concentrant sur les alphabets. »
J'avais répondu sans chercher son regard, mes yeux fouillant les lieux à la recherche du retour de Zakuro, et la poitrine soulevée sur cette inspiration douloureuse, provoquée par le manque d'aise, je vins humidifier mes lèvres et ma gorge en ramenant le verre à ma bouche. La question était en train de tourbillonner dans ma tête, me harcelant de l'intérieur : « Pourquoi étais-je encore là ? » Mes prunelles se fendirent sous un éclat ravi quand je vis Fea se ramener, mais mon regard devint plus sombre, et mon expression plus crispée quand je notais le teint livide qu'il avait, et cette sensation de malaise qui se dégageait de lui. Il se rassit néammoins à la table en souriant. Par ce sourire qu'il avait lorsqu'il voulait écarter les questions, et qu'il chassait les ennuis par sa bonne humeur. Ce sourire, qui au final, était une arme. Et s'il y avait besoin d'une arme, c'est qu'il y avait danger. Mon attention se centra sur Fenrir, et je plissais les yeux, vidant mon verre en silence.
« Est-ce que ça va ? »
Zakuro plissa ses yeux en un demi sourire joyeux. Oui oui, il allait très bien, qu'il affirma. Je retins un reniflement dédaigneux, moqueur à souhait. Il y eut un échange de questions, entre eux, dans lequel je me sentis vaguement entraîné, puis par flemme monumental de m'imposer dans cet échange de regard rieur entre eux deux, écoutais simplement, sans me manifester, quand bien même Zakuro me posait une question. Le terme de pâtisserie retint mon attention, et en silence, j'observais Fenrir se lever pour préparer de nouveaux verres. Un en particulier, qu'il fit glisser vers Zakuro. Et là, dans une illumination complète de mon esprit étheré, je compris le malaise de Zakuro. Combien de fois l'avais-je vu se jeter sur deux adversaires à la fois, pour les défaire, quand bien même il se serait retrouvé la gueule en sang ? Combien de fois l'avais-je vu accepter des défis les plus dangereux, simplement pour se prouver à lui-même qu'il était capable de le faire ? Combien de fois avait t-il fait ce que moi-même j'avais été dans l'incapacité de faire ? Et pourtant, là, face à ce verre, je compris, en percevant tout ce qui se dégageait de son être. Il était devenu glacé, ses phalanges blanchies sur la pression effectuées par ses poings refermés, et ses yeux bleus étaient devenus des couperets qui hurlaient une haine profonde au verre de vodka posé devant lui.
« Zack … ? »
Il tourna ses prunelles vers moi, et immédiatement, son regard se modifia ; les couperets fondirent sous le feu du sentiment au fond de sa tête, et il se laissa aller à un sourire auquel je ne répondis pas. Je n'avais jamais imaginé que Zakuro ne sache pas boire. Et avec mes mots, avec mes termes, cela prenait brutalement tellement d'importance et de sens. Et je comprenais pourquoi est-ce qu'il ne nous accompagnait jamais aux soirées arrosées. Je pinçais les lèvres, et ce geste blessa profondément Zakuro.
« Tu souris, mec ? » « Un peu. » « Tu viens de me faire perdre mon pari. »
Je tournais les yeux vers Fenrir, y lisant quelque chose de très particulier dans son regard. Zakuro avait l'air profondément frustré, et je me sentais brusquement nigaud. Je tordais mes lèvres en une grimace mauvaise.
« Ah, bordel. Vous êtes des crétins, hein ? »
Motivé par une irritation puérile, j'attrapais le verre de vodka, que je vidais sur la face de Zakuro, avant de me relever brusquement. Ce n'était pas mon genre de m'enfuir en hurlant de rage; et je ne me sentais pas spécialement en colère. De plus, voir l'expression horrifiée de Zakuro aux cheveux lui tombant devant les yeux et collant à ses mâchoires, trempés par l'alcool, me fit exploser d'un rire. Un vrai rire, amusé, moqueur, mais ravi.
« Alors ? C'était quoi le prix ? »
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Pas de deux. [Fenrir] Mar 29 Oct 2013 - 19:13 | |
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Et le voilà, enfin, le tant attendu et espéré sourire. Timide, certes, mais présent. Fenrir ne perdait jamais ses paris et cette nouvelle victoire ne faisait que le complaire dans cette constante. Il but une bonne rasade d’alcool en son propre honneur et fixa d’un regard taquin Zakuro. S’il avait voulu faire son malin sur scène, le Loup était là pour lui rappeler que le Ladie’s Choice était son territoire et que toute confrontation ici était vouée à l’échec.
« Tu viens de me faire perdre mon pari. »
Kojiro semblait quelque peu contrarié par la nouvelle et l’air complaisant de Fen ne devait pas aider à lui faire digérer qu’ils se jouaient de lui depuis maintenant une bonne heure. Quand il le vit tendre la main en direction de son verre avec sa tête toute boudeuse, il n’eut que le temps de penser « nooon, il va pas oser ?! » avant d’admirer le jet de vodka se répandre sur son vis-à-vis, dégoulinant de sa chevelure ébène à ses pieds. Mais oui, le coincé de la bande avait pu faire un truc aussi drôle ? Fenrir ne put que rejoindre le nippon dans son fou rire face à la tournure inespérée que prenait la situation. Il lui répondit dans un sourire
- Et tout ça pour une part de gâteau…
Au loin, il remarqua l’air plus que contrarié de son manager et vit un des videurs du club marcher dynamiquement dans leur direction. Oh oh. La masse s’accrocha au poignet de Kojiro en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire et fixa agressivement sa victime, balayant la table d’un regard énervé.
- Ces individus vous importunent Mr Ulverland ? Vous voulez qu’on leur demande de sortir ?
Nul doute que l’animal ne comptait pas « leur demander de sortir » bien gentiment mais comptait plus les éjecter d’un simple mouvement de ses larges bras. Fenrir se sentit désagréablement observé par le reste de la salle, prêt à voir leur soirée s’animer par un peu de baston. Ses deux compères lui avaient d’ailleurs l’air de pas mal s’y connaitre dans ce domaine – quelques souvenirs du passage sur scène de Zak lui revinrent à l’esprit – et il préféra éviter toutes tensions supplémentaires.
- Merci mais à vrai dire nous comptions partir d’ici peu, n’est-ce pas ?
Il adressa un sourire entendu au deux étudiants et se leva promptement, libérant Kojiro de l’emprise du gorille et forçant son compagnon humide à le suivre. Il était définitivement temps de tirer sa révérence. La nuit était bien avancée et la fermeture approchait à grand pas. Fenrir n’avait pas oublié qu’il était soi-disant censé être de corvée ménage et le moment lui semblait plus que propice pour s’éclipser en toute discrétion. De toute façon s’était lui et lui seul qui décidait de son emploi du temps et il était hors de question qu’il ne finisse pas sa soirée dignement, assis comme un pacha sur sa banquette avec une foule de belles créatures tout autour. Il se glissa à travers la foule en direction de la porte de service, traversant à grands pas les vestiaires en prenant tout juste le temps de récupérer son sac dans son casier et ni une ni deux se retrouva dans la ruelle à l’arrière de l’établissement. Un taxi attendait patiemment, parfait ! Il était interdit aux danseurs de rentrer seuls après leur service - on avait déjà vu des stalkers plus qu’inquiétants dans le coin – et l’arrière cours était donc le théâtre d’un défilé de véhicules en fin de soirée.
Fenrir s’engouffra dans la Mercedes, indiquant au chauffeur une boite de nuit du quartier Bogu. Il devait être quoi, 4 heures ? Bien trop tôt pour rentrer se coucher en somme. Il avait « oublié » de demander leur avis à ses nouveaux compagnons nocturnes à propos du programme qu’il avait concocté pour la suite, mais à vrai dire Fenrir ne comptait pas les lâcher de ci-tôt. De belles surprises s’annonçaient encore. Il ouvrit son sac de sport, en sortant une chemise blanche impeccable et une serviette qu’il tendit à Zakuro.
- Ça m’étonnerait qu’il te laisse rentrer dans cet état, change toi !
Il en profita pour s’allumer une cigarette, entrouvrant légèrement la fenêtre. La brise lui caressa agréablement le visage et les lumières de la ville tournaient légèrement autour de lui. Il était peut-être un peu plus soul que prévu, finalement avec toutes ces conneries ils avaient descendus un bon nombre de verres. Le chemin fut rapide et l’enseigne criarde de la discothèque leur indiqua qu’ils étaient arrivés à bonne destination. Après un remerciement au chauffeur il s’extirpa de la voiture et doubla la file d’attente, sa cigarette toujours à la main. L’un des quelques bons avantages d’être un habitué. Le videur lui claqua la bise joyeusement et lui finit un signe de tête interrogateur en directions des deux étudiants. C’est vrai qu’ils faisaient un fine équipe tous les trois, Fenrir en jean t-shirt, Kojiro dans un magnifique survêtement noir, les deux leurs sacs de sport à la main et la cerise sur le gâteau étant sans aucun conteste Zakuro, qui bien qu’étant le seul habillé à peu près selon le dress code ne faisait pas illusion avec sa chevelure toujours aussi collante. On aura vu plus fringuant. Dans une mimique désolée il ne put que dire
- Ils sont avec moi. Soirée mouvementée. - Ça passe pour cette fois mais c’est bien parce que c’est toi…
Quelque peu soulagé – la honte suprême s’il n’avait pas pu rentrer, lui, le roi autoproclamé de la nuit Keimoosienne – il put s’avancer dans la boite, reprenant rapidement ses marques dans cet environnement familier. Dans un dernier sourire cocasse, il s’adressa au duo
- Bon les gars, je sais pas si je peux vous proposer un verre ?
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| | | Zakuro Fea ▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
Genre : Age : 31 Adresse : 3, rue la Chance, app. 11, quartier Hiryuu, avec Lawrence E. Swanster. 1580 Multicompte(s) : Kojiro Sekigahara
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| Sujet: Re: Pas de deux. [Fenrir] Mer 30 Oct 2013 - 23:03 | |
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Dans le déversement sale de l'alcool sur mon visage, mes cheveux, mes mâchoires, ma gorge et mes clavicules, je rouvrais lentement mes yeux, préalablement fermé à l'anticipation du mouvement de Kojiro. Le liquide poissait contre ma peau et mes cheveux, et dans une quinte de toux, je m'étranglais à moitié, l'alcool étant entré dans ma bouche et dans mon nez. Je ne vis pas l'homme baraqué se ruer sur nous, mais je sentis son « mei », son énergie de combat négative, heurter la mienne et celle de Sasaki, et dans la perception extrasensorielle d'un frisson de violence, je rouvrais les yeux sur la silhouette penchée au dessus de la table, sa main bloquant le poignet de Kojiro contre la table. Je croisais le regard de Kojiro, dans cette même appréhension qui nous traversait la tête.
Briser l'articulation du coude, de l'intérieur, et dans le même élan, frapper à la jugulaire, pour provoquer l'étourdissement, et renverser l'adversaire en fauchant les jambes, en renversant son équilibre. Mes yeux s'allumèrent d'un éclat moqueur, du même acabit que le ressentiment de Kojiro qui venait de crisper ses doigts dans la détente de son mouvement à effectuer. A quoi pensait Kojiro ? Sur quelle répartie s'égarait son esprit ? Était t-il vexé dans son honneur japonais de combattant, par ce monstre de chair qui, en vu de sa taille, se pensait plus dangereux que nous ne l'étions ? Un vague sourire courut sur mes lèvres, pendant que Fenrir répondait à son garde du corps. Nous partons. Évidemment que nous partons. Pourquoi partions-nous ? Fenrir ? Je cherchais son regard, relevant mes mains jusqu'à mon visage, pour rejeter en arrière les mèches trempées d'alcool. Un vague malaise me fit tituber lorsque je fus debout, et je jetais un long regard mauvais sur Kojiro, qui m'ignora, venant se flanquer à mes côtés.
Suivant en silence le danseur, les épaules basses, le regard relevé sur le moindre détail, les sens en alerte comme des félins de la nuit, des chats de gouttières, Kojiro et moi marchâmes sans que notre corps ne trahissent la tension qui faisait encore hurler à ce besoin de décompression, après l'idée que nous puissions être passé à côté d'un formidable adversaire à abattre au sol. Japonais, japonais, japonais … ce n'était pas tant notre honneur qui était en jeu. Juste l'admirable sentiment d'orgueil, de chauvinisme, et de besoin cruel, vicieux, de libérer l'énergie de la hargne du corps. Sur le sol, les ombres plumetées drapaient nos pas, et je jetais un coup d'oeil par dessus l'épaule de Fenrir, dans le but de deviner notre destination. La vision d'une carrosserie recouverte par le halo lunaire m'arracha un sourire. Oh, un taxi.
Dans la voiture, surpris de me trouver dans une Mercedes, je cherchais des yeux ce côté extraordinaire qu'étaient supposées posséder les voitures de luxe. La tessiture, peut-être ? Songeais-je en ramenant mes jambes contre la banquette pour laisser s'asseoir Kojiro à côté de moi. Dans l'enfermement de l'habitacle, l'odeur de l'alcool devint immédiatement insupportable pour moi, et je vins reposer mon crâne contre la banquette, étirant mes lèvres en laissant apparaître mes dents sur un sourire à moitié animal. Les lumières des nuits japonaises se mirent à défiler dans mes yeux, et je plissais à moitié les yeux, sans chercher à arrêter mes pensées, les laissant s'égarer sur le même rythme que l'allure de la voiture qui filait dans la nuit. La voix de Fenrir m'extirpa cependant de cette demi somnolence, et je posais les yeux sur la chemise blanche qu'il sortait de je ne savais trop où. Un regard sur le sac de sport, et je fus fixé. Ah... oui …
« - Ça m’étonnerait qu’il te laisse rentrer dans cet état, change toi ! » « Avoue tu tripes sur moi, et tu veux juste admirer. »
Le bleu de mes yeux devint rieur, et ignorant le regard tueur avec lequel me fusillait Kojiro, j'enlevais mon haut, dénudais mon buste, pour récupérer la chemise blanche, que je vins froisser contre ma peau, en l'ouvrant et la glissant sur mes épaules. Je me rhabillais en silence, laissant un sourire moqueur faire plisser mes yeux dans cet éclat mutin.
Le vent vint me cueillir en pleine gorge, puis se glissa sous la chemise, venant crisser ses ongles immatériels contre mon ventre et ma poitrine, pendant que je sortais de la poitrine. Allié de mes souvenirs et de mon futur, le vent se chargea de dissiper le malaise que me provoquait l'odeur de l'alcool, et je tirais sur la manche blanche, vaguement fasciné à l'idée de porter du blanc. Un regard pour le noir de mon pantalon, un regard pour le rouge de mes chaussures … mais jamais de blanc. C'était bien rare. Un sourire joyeux étira mes lèvres, et je relevais mon regard, suivant le mouvement de marche de Fenrir et de Kojiro, tandis que la voiture se remettait en route derrière moi.
Je regardais le Loup saluer avec entrain le videur -ce qui en soit, eu le mérite de m'impressionner une seconde, avant que je ne laisse un ricanement railleur m'échapper lorsqu'ils s'embrassèrent sur la joue ; un ricanement dont je n'eus aucun scrupule en vu du regard plein de suspicion que posa sur nous l'homme face à Fenrir-, avant de suivre le strip teaser qui pénétra dans les locaux. Encore une boite de nuit. Encore une b… Les prunelles fendues, je cherchais Fenrir du regard, presque outré à l'idée qu'il nous fasse venir dans un endroit pareil après cette défaite humiliante, et croisant les bras alors qu'il se plantait devant nous, usant des quelques centimètres que j'avais de plus sur lui, je déposais un regard glacé sur sa face lorsqu'il osa proposer de nouveau l'idée d'un verre.
« Hors de question. »
Un sourire s'imposa, pourtant, immédiatement sur mes lèvres, et faisant volte face, je m'enfonçais dans les lieux, abandonnant Kojiro et le Loup, pour traverser les premières effluves de cette chaleur qui montait en puissance. Parti à la recherche des toilettes, que je trouvais rapidement, puisque placé intelligemment à un point stratégique -près de la sortie, pour éviter, sans doute, les débordements malades des novices à l'alcool de mon genre-, je fus heureux de constater que les lieux étaient peu fréquentés, mis à part par deux hommes en train de rire bruyamment au dessus des édicules en ivoire blanc. Les urinoirs n'étant pas loin des lavabo, l'un des deux types tourna la tête, son visage plissé par un large sourire, et je le saluais vaguement, pendant que je fichais la tête sous le robinet, pour me débarrasser de l'odeur d'alcool. Les rires gras des deux hommes s'accentuèrent, et j'ignorais, en me relevant, et secouant les mèches sombres, pour les ramener en arrière. Glissant mes doigts dans la poche habituel, avec cette familiarité d'un geste devenu une habitude depuis mes cheveux longs, j'en sortais l'élastique habituel, que je vins écarter entre mes doigts. Rouvrant la porte, je me replongeais dans l'univers d'une musique trop tapante, trop bruyante, trop colorée. Cherchant Sasaki et Fenrir du regard, attachant mes cheveux entre eux, je remarquais la silhouette de Fenrir. M'approchant de lui, je cherchais Sasaki, que je ne vis pas.
« Où est passé Kojiro ? »
Et puis un sourire carnassier.
« Pourquoi une boite de nuit ? Tu veux nous faire danser ? »
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Pas de deux. [Fenrir] Lun 4 Nov 2013 - 22:34 | |
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Fenrir se demandait vraiment d’où venait ce rejet improbable de l’alcool. Sérieusement. Quel étudiant, quel homme, pouvait décemment refuser un verre ? Même PIRE, refuser un verre non pas parce qu’il était bien trop soûl pour être physiquement capable de le boire et de garder le liquide au chaud dans son estomac, mais le refuser parce qu’il n’aimait pas ou ne voulait pas boire. Son devoir de fêtard alcoolique lui ordonnait de guérir ce jeune homme de son aversion, cet étrange spécimen. Peut-être bien que ses origines nordiques l’avaient encouragées dans cette direction, mais désormais envisager une soirée sans une bouteille pour l’accompagner l’attristait fortement. Pour être honnête, il n’arrivait plus vraiment à s’amuser en sortant sobre. Une bien triste vérité qu’il devait à ces années de vie nocturne et d’excès en tout genre. Il aimait la saveur amer de la boisson, la douce brulure qui vous réchauffait la gorge et cette euphorie qui vous prenait toute entière, vous embrouillait l’esprit et vous faisait pousser des ailes. Jack Daniels, zeppelin des temps moderne. Certes la médaille avait un revers bien moins dorées et était trop souvent synonyme de réveil difficile, mais c’était le prix à payer pour tenir le rythme dans sa vie animée.
- C’est très vexant, c’est la première fois que l’on me refuse un verre.
Fenrir adressa une moue faussement vexée à Zakuro qui le fixait méchamment, le dominant de sa grande taille. Lui qui avait l’habitude d’être un géant au pays du soleil levant, cela lui fit plaisir de croiser un énergumène encore plus grand que lui. Un fait assez rare pour être relevé, car on aura beau dire ce qu’on veut, mais les centimètres ça compte. Dans un mimique amusée ce dernier s’en alla sans demander son ver- reste, le laissant en compagnie de Kojiro qui avait apparemment enfin réussi à extirper le manche à balais de son arrière-train. A vrai dire, cela réchauffa le cœur glacé du norvégien. L’essence même de son métier consistait à divertir la foule et il lui avait paru improbable et un véritable échec que le jeune japonais ne trouve pas moyen de se détendre dans son club, son territoire où seul le fun et le sexy avaient leur place. La bouche sèche de leur escapade, Fenrir se dirigea vers – vous devez le deviner – le bar. La force des habitudes. Les serveurs commençant à bien connaître ce client plus qu’habitué, ils lui servirent rapidement un shooter, plus un, pour son compagnon d’un soir.
- Cul sec l’ami ! Je compte sur toi pour redorer le blason des étudiants !
Il trinqua, le carillon du verre englouti sous la puissance des enceintes. Le gout âpre de la vodka mélangé au sucré de la cerise envahit sa bouche, achevant définitivement de lui tourner la tête, sonnant l’heure d’aller enflammer le dancefloor. Il traina son cavalier improvisé sur la piste, commençant à se déhancher au rythme de la musique assourdissante. Il en profita pour scanner la salle, à la recherche d’une éventuelle victime. Au mieux, si la récolte de ce soir était bonne, il espérait même trouver de la charmante compagnie pour les deux étudiants. Justement, un visage familier émergeait parmi la foule. Une belle blonde d’origine japonaise qui travaillait également dans un club chic de la vile. Entre stripteaseur, on avait savait souvent les mêmes passe-temps et les deux danseurs se croisait régulièrement durant leurs aventures nocturnes. Elle devait certainement être accompagnée du reste de ses agréables collègues, parfait. Il s’approcha de la jeune femme en bord de piste avant de lui glisser à l’oreille
- Je te présente Kojir…
Son bras désignant… le vide. Mais où avait-il bien pu disparaitre, il avait à peine tourné la tête deux secondes ?! Ah bah bravo, en l’espace de cinq minutes il avait réussi à perdre deux étudiants qu’il avait soûlé et trainé de force dans une boite de nuit dans le quartier le moins recommandable de Keimoo. Très responsable l’adulte. Voilà pourquoi il ne voulait pas d’enfant. Never ever. Et c’était donc reparti pour un nouveau scanner du lieu, espérant revoir les deux disparus sains et sauf. Heureusement un haut du crâne bien connu se faisait remarquer en approche, et Zakuro apparu. Fenrir nota ses cheveux attachés et largement humide, l’odeur d’alcool qu’il laissait jusqu’alors dans son sillage était également bien moins forte. Le mystère de son échappée était donc résolu. A son interrogation il lui répondit
- Je viens de le perdre alors que justement j’essayais de le faire danser.
Et désignant le groupe de jeunes femmes en robe bien trop moulante pour être honnête, quelques mètres plus loin
- Et généralement c’est pour ça que je viens ici. Je te parie que t’es pas capable d’en faire sourire une.
Il lui adressa un clin d’œil plein de sous-entendu avant de s’engager à nouveaux à travers les masses, jouant des bras et des coudes pour se frayer un chemin en direction de la piste, faisant un signe aux danseuses de le suivre. De toute façon, rentrer seul chez lui n’était pas dans ses habitudes et autant le faire en s’amusant.
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| | | Zakuro Fea ▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
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| Sujet: Re: Pas de deux. [Fenrir] Mar 12 Nov 2013 - 1:28 | |
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« - Je viens de le perdre alors que justement j’essayais de le faire danser. » « Ah bah, marmonnais-je en baissant la voix, félicitations. » Le Loup ne tint cependant pas particulièrement compte de mon agacement consterné, et dans son ehtousiasme d'acteur de la nuit, il chercha à harponner mon attention à l'égard d'un groupe de filles habillées par des effets mettant en valeur leurs atouts. J'appréciais le corps humain, qu'il soit masculin ou féminin, et je n'étais pas du genre à détourner les yeux d'une poitrine féminine si elle était exposée devant mon regard. En revanche, je n'étais pas intrigué ni fasciné, pour avoir déjà trop combattu contre Kami et ses rondeurs occidentales. Dans les prises de mes doigts crochetant ses kimonos et ses brassières, elle n'hésitait pas à affirmer sa nudité, tant qu'elle gardait le dessus sur nos combats. Ses coups de pieds dévastateurs valait ses seins nus, et elle ne souffrait d'aucune honte d'aller ramasser son kimono arraché et jeté plus loin sur les tatami. Midori non plus n'était pas en crainte de la pudeur, et dans ses excentriques défilés de mode, auxquels j'assistais depuis enfant, j'avais pu suivre la progression de l'évolution de son corps féminin, qu'elle n'hésitait jamais à me montrer, riant de mon air renfrogné tandis qu'elle reboutonnait son chemisier. Je ne craignais pas l'approche du corps féminin, et cela m'offrait peut-être l'avantage de savoir m'en écarter. A mes risques, puisqu'une de mes premières apparition dans le journal de Keimoo s'était fait pas une classification de ma sexualité. Pseudo sexualité. Et si, jusqu'à mes dix sept ans, on avait hésité, tentant de considérer que j'étais gay, les rumeurs avaient modifiées leurs cours depuis trois ans ; maintenant qu'il y avait Chess. Gay n'était pas le bon terme, et je l'avais déjà dit à lun. Chessophile, chessophile ; ce mot à répéter mille fois, en posant mes yeux sur le corps rachitique. Un mot à répéter dix mille fois, en fermant les yeux pour l'emporter dans mes pensées. S'il fallait me donner une étiquette sexuée, je vous prierais de choisir « pansexuel », car indubitablement, cela convenait plus. « Pari tenu. Tu m'offriras des croissants, 'kay ? » Il s'éloignait, pendant que mes yeux cherchaient une cible bien particulière. Sûr que Kojiro avait disparu. Il disparaissait aux yeux de ceux qui ne le connaissaient pas. Pour moi, il s'était juste « écarté ». Et sur un sourire de victoire douce, je le remarquais, adossé contre un des murs, près de la sortie. Je traversais la foule de danseurs, pour aller vers lui. Il me remarqua, et moi je remarquais le verre entre ses doigts. Ses pommettes étaient rougies, et mon sourire n'en fut que plus accentué. « Et bien ? Tu t'es fait dragué, encore ? » « Si on m'offre des verres, je ne vais pas refuser. » Un rire doux. Mes doigts sur les siens, pour le débarrasser du verre. « Tu danses, Kojiro ? » Il s'égara sur un éclat de rire piailleur, pendant que je le récupérais entre mes doigts, l'emmenant vers la piste de danse. L'y abandonnant une seconde, le temps d'accrocher le regard d'une des filles du groupe, et sur une invitation silencieuse lui proposer de nous rejoindre, je glissais ma main dans la sienne, pour l'approcher de nous. Un murmure, une plaisanterie sur le danseur du Ladies' choice, le très, -trop- renommé Fenrir, qui souleva ses lèvres perlées en un sourire, pendant que j'attirais Kojiro et sa léthargie alcoolisée contre moi. Croissants gagnés, vengeance assurée. Je retournerais l'alcool que Fenrir avait utilisé sur Kojiro contre lui-même. Une proposition à la demoiselle, dans une attente souriante, qu'elle déclina en riant, et je feignais la déception, jouant de ces jeux, de ces lumières, de cet univers qui ne m'appartenait pas. Je voulais capter le temps. Je voulais dévorer le rythme. Et Kojiro, cette nuit, serait l'idéal. Mes doigts trouvèrent le creux de ses hanches, et je vins le glisser entre mes cuisses, remontant mes mains sur son ventre. Il riait doucement, à moitié ivre, sans comprendre réellement, et je le retournais brusquement, pour qu'il me regarde dans les yeux, et qu'il prenne conscience des teneurs du jeu. Ses prunelles s'écarquillèrent sur une prise de conscience qui fit réagir son instinct, et il chercha, en un mouvement que je ne cherchais pas à retenir ; à s'écarter, à me fuir. Et puis une timidité ; douce et latente ; la sienne, celle du garçon intéressé. Un « je t'aime » amusé, si peu sincère dans sa portée, et il glissa ses mains autour de mes flancs, pour se balancer doucement sur le tempo d'une musique qui venait de commencer. Idiot, à quoi venions nous de nous engager ? Hein, Kojiro ? Il était complètement saoul, et dans ce constat, je le faisais néanmoins mon outil, mon jeu. Il y avait cette phrase dans ma tête, cette phrase qui avait glissé en dehors des lèvres de Chess, trois ans auparavant. « Ce sont tes jeux. Ce sont tous tes jeux. » From : Litchi To : Chess 5:27
« Est-ce que les amis sont à utiliser comme des jeux ? Est-ce qu'ils sont ces humains sur lesquels on peut s'intéresser et étudier les réactions, les comportements ? Est-ce que s'attacher à des gens les protège de mon envie de les étudier ? Est-ce que j'ai le droit ? Est-ce que je peux ? Ce n'est pas une demande de permission, tu sais, Chess. … C'est juste que je ne m'étais jamais posé la question. Et que ça fait partie de ce que je dois comprendre. Si je me loupe, je perds ce rythme, tu comprends ? Et ça n'ira pas. Un ami, c'est quelqu'un qui peut te dire « je t'aime » en étant sincère. Je crois qu'il est sincère, parce que lui, je ne veux pas le perdre. Il est quelque chose qui ne m'empêchera jamais quoique ce soit, mais il est plus important que d'autres choses. Beaucoup plus important. C'est Sasaki. »
Qui vint chercher mon corps avec un besoin ivre, et qui referma ses doigts sur mes hanches, pour me faire abandonner l'idée d'un lien pixelisé avec Chess. Il axa son corps en cristallisant mes peurs, et je décidais d'en faire fi, considérant que la soirée n'était qu'expérience, et surtout pas tentative. Dans une invitation dangereuse, Kojiro fit glisser mes mains sur son ventre, et continuait à rire doucement ; mon regard cherchant, au dessus de son épaule, le regard de Fenrir. Je déposais un baiser sur les mèches éparses de mon ami, glissant dans la ronde de sa valse qui n'avait plus rien de sage. Il s'offrait aux prémices d'un désir auquel je ne voulais pas entièrement céder, parce que Kojiro était Kojiro, et que je ne voulais pas le voir devenir autre chose que ce qu'il avait à être. Et dans son futur, Kojiro ne finissait pas dans mon lit. Mais dans cette soirée, pour le défi, pour le pari, et pour le risque, nous jouerions ensemble à ce ballet de nos corps. Mes doigts trouvèrent les siens, et dans la caresse de mes phalanges sur les siennes, de mes pouces appuyant sur les siens, de mes ongles dessinant le dos de ses mains, je l'invitais à une proximité plus forte, plus encore. Ses épaules contre ma poitrine, son visage relevé sur un sourire qui s'illuminait au fil des jeux de lumière, nous nous laissions bercer par la musique allant crescendo. Nos mains s'abandonnèrent quand il se retourna, me faisant face, ses doigts venant crocheter ma nuque, pour venir approcher sa bouche de mon oreille, dans un souffle, utérus des milliers de questions que je sentais bouilloner au fond de ses yeux. Mais il ne les dit pas, il ne les prononça pas, et préféra coller son bassin contre le mien, en ramenant son bras, pour faire descendre ses mains le long de ma poitrine. Les fragrances de l'alcool suintaient son corps, et ma chemise, et dans le mouvement de ses mains qui descendaient en dessinant la courbe de mon pectoral, je refermais mes mains sur son dos, le plaquant contre moi. Ses doigts se stoppèrent, avec une douceur effarante, au dessus du vêtement de mon pantalon, et un frisson glissa dans mon dos. Je le défiais du regard, accrochant ses prunelles sombres, cherchant à y lire ses limites, et n'y devinant que l'infini, pendant que le rythme de la musique tapait sa mesure jusqu'au plus profond de mes os. Kojiro. Kojiro, tu joues plus que moi. Les saccades de son corps l'écartèrent brusquement de moi, et ma main emprisonna la sienne, pour ne pas le voir partir trop loin. Il riait, riant comme un gosse, et je le ramenais contre moi, réclamant une intensité de ses mouvements. Dans l'ondulation de son corps qui s'offrait, il caressait et étudiait autant que je patientais et surprenait, nos regards connectés sur cette même anticipation de l'autre. Il usait de sa danse contre mon corps pour remonter à ma hauteur, et traverser ces centimètres qui m'avait toujours protégé de lui. Il dansait, ennivrant mon esprit jusqu'à la chaleur de mon sang, valsant en des mouvements qui n'avait plus rien d'enfantin, dans un collé serré prédateur. Mes doigts accrochés à ses cheveux trop longs, je brusquais un air qui comprimait ma poitrine, et mon visage trop proche du sien, le laissait aller à cette réclamation qui m'hypnotisait, ses lèvres ouvertes près des miennes. Mes doigts serrèrent ces mèches qui s'agitaient autour de son visage, et ses mains dénudèrent mes hanches, griffant sous le jeans, mordant de ses ongles, provoquant de son regard, de ses prunelles dans mes yeux. Il hurlait à un ordre, à un désir, auquel je ne répondrais pas. Je ne voulais pas. Je ne voulais pas Kojiro. Et dans mes veines, l'électrification d'une chaleur qui couvrait mon corps de cette pellicule de sueur, faisant siffler ma respiration en un feulement rendu rauque quand il enfonça ses phalanges contre mes vertèbres, dans une pression qui me raidit. Excitation du corps ou de l'esprit, je vins mordre dans sa gorge, rageant sur ce que je refusais, rageant sur ce que j'affrontais. J'avais trouvé depuis trop longtemps son corps pour que mes bras ne deviennent pas cet étau brûlant qui vint cercler sa poitrine, serrant sa poitrine contre la mienne, l'imposant dans ses mouvements à rester entre mes cuisses, et à ne pas dépasser mes hanches. Dans l'expiration de mon mouvement, mon ventre tendu sur ses paumes à même ma peau, je me libérais de lui, et il déposa un rire pépiant contre ma clavicule, avant de s'écarter lui aussi, titubant. Une des filles le rattrapa, et je reculais lentement de la piste de danse, étourdi. En alerte, mes sens trop acérés pour que je n'en ai pas la tête qui tourne, dans une sensation de malaise, je cherchais à fuir l'odeur d'alcool, et la chaleur des corps en mouvement. Je cherchais Fenrir, je cherchais un support, et j'allais me laisser écraser sur une banquette, relevant les yeux sur un regard que je reconnus comme étant celui de Ulverland. Un sourire ravi s'empara de mes lèvres. « Offre moi mes croissants. » Les filles qu'il avait désigné souriaient. Et Kojiro aussi.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Pas de deux. [Fenrir] Dim 5 Jan 2014 - 15:46 | |
| Échanger le corps d'une femme contre le prix d'un croissant était peut-être un peu malvenu, mais Fenrir hocha positivement la tête à l'attention du jeune homme.
– marché conclu ! La boulangère va être ravie.
Satisfait, il repartit donc sur la piste en compagnie des danseuses qui balançaient déjà des hanches au rythme des basses. Il ne put s'empêcher de détailler les courbes délicates de Kitty, la strip-teaseuse blonde. Petite et mince du fait de ses origines japonaises, elle dégageait un aspect fragile et précieux. Pourtant Fenrir le savait, c'était loin d'être le cas. Ce n’était qu’une façade, un miroir qui vous renvoyait l’image que vous attendiez d’elle. A vrai dire, il l’avait déjà vu mettre KO un client un peu trop tactile en deux retournements d’escarpins.
Elle lui lança un regard enflammé, bien décidé à jouer de ses charmes et il lui répondit par un regard taquin. Après tout pourquoi pas, cela faisait longtemps qu'il n'avait pas goûté à la volupté d'une femme. Il la sentit se rapprocher subtilement de lui à chaque note, le provoquant de sa danse sensuelle. Elle connaissait bien son métier et il ne se fit pas prier pour rendre les armes. Chacun son tour. Après avoir passé sa soirée à jouer de son corps pour séduire ces dames, il était plus que ravit de se laisser séduire par celui de madame. Il glissa sa main au creux de ses reins, rapprochant leur deux corps pour savourer la chaleur qui se diffusait progressivement entre eux. Son parfum capiteux l'enivra aussitôt, brusquant son nez plus habitué ces derniers temps à des odeurs musquées et masculines. Ah les femmes. L'alcool avait fini de lui monter à la tête et l'étourdissait dans une sensation bien trop connue. Il ne voulait plus réfléchir, de toute façon il en était incapable, alors à quoi bon résister ? Sa main encore libre vint doucement caresser le visage de la belle alors qu'il réunissait leurs lèvres. Sans émotions, pour lui cela ne représentait que la suite logique des événements. Il avait embrassé trop bouches, trop de peaux différentes pour pouvoir retrouver le feu d'artifices des premières fois et il allait juste finir par se noyer dans toutes ces étreintes. Il le savait bien, mais que faire face à l'ordre silencieux imposé par capitaine Jack Daniels ?
Ses lèvres avaient le goût sucré d’une douce pâtisserie française… Pâtisserie ? Il mit fin à leur proximité un peu plus brusquement que le code de la séduction ne l’autorisait, scannant la salle à la recherche de ses deux comparses. Il les trouva rapidement, au centre de la piste et manifestement bien occupés. Son regard s’accrocha brièvement à celui de Zak, emprisonné dans la cellule des bras de Kojiro, avant qu’il ne se perde dans la chevelure de son cavalier. Une certaine tension émanait d’eux, déluge d’hormones et de désirs adolescents. Fenrir ne put s’empêcher de relever un sourcil, intrigué. Il ne savait pas que ces deux-là entretenaient ce type de relation. Kojiro qui semblait si peu à l’aise dans un club de striptease masculin avait l’air sacrément plus entreprenant et libéré avec un taux d’alcoolémie conséquent. Un sourire nostalgique mordu son visage, il aurait aimé retrouver cette innocence et cette spontanéité. Les siennes, cela faisaient un moment qu’il les avait abandonné, enterrées sous une épaisse couche de strass, de paillettes et de billets de banque.
- Ca va Fen ?
La voix de Kitty, glissée au creux de son oreille pour couvrir la liesse de la foule le fit revenir sur terre. Il la prit par la main, l’emmenant autoritairement vers le bord de la piste et les tables présentes sur l’estrade qui leurs faisaient face.
- Viens, c’est l’heure de boire.
De toute façon, c’était toujours l’heure. Il s’assit sur la banquette molletonnée alors qu’un serveur s’approchait d’eux, une énième bouteille sur un plateau. Les autres danseuses les avaient suivies, l’instinct grégaire féminin les ayant certainement incité à suivre leur blonde leader. Il se servit un verre probablement trop chargé qu’il avala cul sec avant de faire le service pour son harem d’un soir. Le club tournait autour de lui, les flashes et les stroboscopes l’aveuglaient partiellement et la désagréable sensation de malaise commençait à se faire sentir, annonçant la fin de soirée. Il en connaissait un qui allait encore regretter au réveil.
Soudainement son siège s’affaissa sous lui alors qu’il repéra la carrure imposante de Zak et ses yeux bien trop bleus, manifestement un peu perdu mais néanmoins ravi.
- Je ne sais pas si je dois te féliciter, mais dans tous les cas ton partenaire m’avait l’air bien masculin. Je sais pas si ça vaut un croissant ça.
Il se pencha vers la stripteaseuse à sa droite et lui glissa sa carte en lui déposant un baiser rapide.
- Je dois y aller, appelle-moi quand tu sortiras d’ici.
Malgré les multiples retournements de situations de cette soirée, il n’était pas question qu’il se couche seul ce soir. Changer ses bonnes habitudes pour les deux étudiants n’était pas dans ses plans. Il se leva, entrainant Zakuro à sa suite en direction de la sortie et non sans marquer un arrêt pour récupérer leurs affaires, titubant sous l’action de l’alcool. Ce sol n’était vraiment pas droit et pas très coopératif… L’air frais fouetta son visage, douce brise salvatrice. Il ne s’en était pas rendu compte mais il était en nage et il s’essuya machinalement le front en soupirant. La nuit et ses mystères avaient laissé place à l’aurore, il devait être proche de 6 heures.
- La boulangerie doit être ouverte à cette heure-là, viens c’est juste à côté. C’est par là... euh non, là-bas.
Il tendit machinalement le bras dans une direction, puis l’autre avant de remarquer que leur trio s’était transformé en duo.
- Il est où le coquin ? On l’attend où on cambriole tous les croissants sans lui ?
Il fixa Zak, ne sachant si le sujet était un terrain glissant, s’allumant machinalement une cigarette.
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| | | Zakuro Fea ▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
Genre : Age : 31 Adresse : 3, rue la Chance, app. 11, quartier Hiryuu, avec Lawrence E. Swanster. 1580 Multicompte(s) : Kojiro Sekigahara
KMO :
| Sujet: Re: Pas de deux. [Fenrir] Dim 12 Jan 2014 - 16:07 | |
| « Je ne sais pas si je dois te féliciter, mais dans tous les cas ton partenaire m’avait l’air bien masculin. Je sais pas si ça vaut un croissant ça. »
Dans une chute de son corps près de moi, Fenrir venait de s'asseoir à mes côtés, et je déposais mes yeux sur lui, avec une insistance interrogative, soudainement quasi irritée, avant de ne déplacer mon regard sur le vide d'un monde trop en mouvement pour ma tête migraineuse. Néanmoins, je ne pensais pas être à court de mots pour ne pas répondre à ce genre de remarque. Et puis, il avait remarqué. Ç'avait été facile de remarquer. Ç'aurait été difficile d'ignorer. De négliger. Je soupirais.
« Bien masculin ? Il était juste bourré. Je crois que je suis déçu, en fait. »
Renfrogné, je vins gonfler mes lèvres, dans cette expression de ce sentiment qui était en train de labourer ma poitrine, évaluant les conséquences de mes propres actes, et dissipant le sentiment de joie. Tant pis, avais-je envie de murmurer, mais il n'y avait pas vraiment de place pour ce genre de propos. J'avais cherché à m'amuser, et c'était à moi d'encaisser mes erreurs. Mais cela restait dommage. Je désignais Kojiro du regard. Un Kojiro trop différent de ce qu'il était sobre. Et l'on disait que l'alcool effaçait toutes les barrières, pour dévoiler la véritable identité de l'être.
« Regarde le. Il n'est pas comme ça, normalement. Là, il ressemble à n'importe quel mâle qui subit l'assaut de ses propres hormones. Alors que Kojiro, d'habitude, il est imprenable. Une véritable forteresse que rien ne peut atteindre. Il est fort. Et là... »
Je soupirais, résigné. Tant pis. Ce serait pour une autre fois. Je ferais peut-être bien de ne pas m'y intéresser, de ne pas considérer cela comme très important. Peut-être bien que l'alcool le rendait simplement abruti, sans pour autant dévoiler ce qu'il était. Je voulais croire que Kojiro était ce garçon qui, sur les tatami, me faisait m'envoler dans ces combats qui ne dépendaient que de nous. Le mal de crâne persistait, et je vins porter la main à mon front. Moments d'égarement, durant lequel je laissais le loup à sa tendre brebis blonde, et puis lorsque je reposais mes prunelles claires sur lui, constatais qu'il faisait mine de se lever. Ce à quoi je répondais immédiatement, imposant à mon cerveau de retrouver cet équilibre nécessaire à mes déplacements. J'avais un peu la sensation d'avoir été frappé de toutes ses forces par Kami. C'était à peu près la même situation : elle et ses seins lourds qui riait, en sautillant autour de moi, pendant que j'essayais de récupérer mes repères moteurs et visuels. Oui, c'était à peu près ça. Je détestais l'alcool, vraiment.
Il n'y avait apparemment pas que moi qui n'était pas dans les meilleures conditions. Titubant avec la grâce d'un canard en pleine course, Fenrir appréhendait le sol avec une perception très approximative, et pour moi qui était spectateur, très impressionnante. Retenant un éclat de rire, je lui attrapais l'épaule, lui évitant une collision avec un réverbère, considérant que s'il était vaincu par K.O avec un cylindre de fer, je n'aurai pas mes pâtisseries.
« La boulangerie doit être ouverte à cette heure-là, viens c’est juste à côté. C’est par là... euh non, là-bas. »
Cette fois-ci, ce fut un véritable rire, clair et amusé, qui vint glisser en dehors de mes lèvres. Et seigneur, ce que cela faisait du bien que de rire après cette sensation de frustration et de déception. Ignorant sa question sur Kojiro, décidant que je n'avais pas envie qu'il vienne avec moi, j'attrapais l'épaule de Fenrir, pour l'engager sur le chemin de ladite boulangerie. Je ne connaissais pas vraiment le quartier, mais je n'avais pas envie de rentrer à l'académie ce soir. Voir cette nuit. Je n'avais pas très envie de le croiser. Alors, quitte à gagner le plus de temps, autant chercher réellement cette boulangerie.
Déambulant, ce fut pourtant au bout de quelques minutes que nous la remarquâmes, cette façade éclairée par les lumières briochées. Y pénétrant, accompagné de Fenrir, je le laissais aux bons soins de la jolie boulangère qui était apparue derrière son comptoir au moment où nous étions entrés, pour étudier les pâtisseries qui s'étalaient sur les petites étals de verre. Joli petit univers de sucre et de pâte réchauffée, je me laissais m'émerveiller devant les surprises visuelles que représentaient ces plaisirs du goût. Flânant, je me laissais aller à cette douce contemplation, quand soudain, je m'arrêtais devant ce que je cherchais.
Pièce montée, ciselée par l'art du chocolat et de sa sensualité, l'Opéra était délicieusement ouvragée, et disposée de manière à ce que le spectateur n'en soit que plus attiré. Le nappage de chocolat s'étalait sur une présentation parfaitement lisse, raffinée comme une caresse de soie. Sous la surface noire, les couches de biscuits se superposaient les unes entre les autres, cimentées par des couches de café sucré. Chaque angle du gâteau était taillé dans une perfection géométrique qui n'offrait que ce fantasme de destruction, de morsure à pleine dent. Et indubitablement, j'avais envie d'y mordre à pleine dent.
« Mademoiselle ? »
Je me relevais, cherchant des yeux le visage de poupée de la jeune fille nocturne.
« Je vais prendre ceci, s'il vous plaît. »
Tant pis pour les croissants. J'avais trouvé bien mieux. J'observais les mains de la femme se saisir avec soin du gâteau, et le disposer ensuite sur une balance, laquelle nous indiqua le prix, que je sortais de mon portemonnaie, et lui tendais, en échange de quoi elle emballa le gâteau, avec une précision qui relevait plus de l'érotisme que de la simple préparation. Attirance pour un gâteau, dangereux vice que celui-ci. Elle me le tendit finalement, et la remerciant, j'entraînais Fenrir à ma suite, sortant de la boulangerie-pâtisserie.
« On va manger ça où, Monsieur le loup, marmonnais-je. Pas que j'en ai très envie, mais presque, tu vois ? »
Ah. Un sourire carnassier.
« Parce que oui, j'en mange. Je ne voudrais pas te voir grossir. Imagine, tu manges tout ça ? Tu vas en prendre pour ton charme ! Les filles ne voudraient plus t'approcher. »
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