Je me vois dans ses yeux comme dans un miroir... [PV Aleksander]

Je le vis acquiescer et me remettre entre les mains, le sort de son épaule. C’était bien la première fois qu’on m’accordait une confiance aussi grande que celle là. Il s’assit sur une des bottes de paille et retira sa chemise. Le regard que je portais sur lui se détourna un instant, non pas que la vue n’était pas appréciable, loin de là, mai c’était assez gênant. Je n’ai pas attendu plus longtemps, la douleur ne ferait que s’aggraver. Je posais ma serviette de glaçon à côté de moi puis je plaçais mes mains sur son épaule douloureuse. J’avais appris il y a peu de temps comment replacer une épaule déboitée. C’est le secouriste des basketteurs qui m‘avait appris ça, je ne sais plus vraiment pour quelle raison. Selon lui, mon simple diplôme de premier secours ne suffisait pas, et il m’était bénéfique de savoir replacer une épaule. Je ne m’en plaindrais pas aujourd’hui. Alors, dans un geste rapide, je poussais son omoplate vers lui et je tirais la pointe de son épaule vers moi. Un crissement sourd se fit entendre, je regrettais presque ce que j’avais fait.

Je retirais mes mains de sa peau et rapidement j’attrapais les glaçons pour les poser sur son épaule. Ca camouflerait un instant au moins la douleur, du moins, je l’espère. Tout en tenant la serviette gelée, je m’asseyais à côté de lui, dans l’autre sens. Mes yeux glissèrent un moment sur son dos, observant sa peau pâle quasiment briller sous les doux rayons qui filtraient par une petite fenêtre. Je n’osais même pas imaginer ce qu’il pouvait penser en ce moment. Me haïr de lui avoir fait un mal de chien ? Se demander ce qu’il fout ici ? Sans doute oui.

- Désolé si ça a fait mal…

Qu’est-ce que je pouvais dire d’autre ? Je ne savais même pas s’il avait eu mal ou pas. Commençant à la connaître un peu, je me doutais bien qu’il ne montrerait rien de ce qu’il ressent vraiment. Le manque d’idée de quoi dire, quoi faire, m’énervait à un point encore jamais connu. Mais à cet instant, exprimer ma colère ne pouvait se traduire que par un acte de tendresse exagéré. Alors, je délaissais la serviette de glaçon et je vins m’allonger sur la paille, posant ma tête sur ses cuisses en soupirant. Je jetais un coup d’œil à son visage puis je les fermais tranquillement, un petit sourire aux lèvres.

Mis à part un « whaow », il n’avait rien émis de plus pour montrer sa douleur. Là, il aurait presque put sentir à quel point j’était admirative tellement ce sentiment était grand. Il avait dû avoir un mal de chien, terrible, mais il avait juste sortit un « whaow ». Soit il possède un self-control absolu, soit il n’a vraiment rien sentit. Mais il me semblait avoir vu son poing gauche se serrer assez fort. Je m’étais excusé, il avait juste dit de ne pas m’en faire pour si peu, mais bon quand même.

Là maintenant, je me sentais bien. Il y avait pour fond musical, le bruit des chevaux qui s’ébrouaient de temps à autre, le crissement de la paille et les quelques oiseaux nichés sur le toit. Que demander de plus ? Une douce odeur de foin me rappelait mon enfance, quand je dormais de nombreuses fois dans les écuries de la ferme, quand l’orage grondait que mon poulain ne pouvait fermer l‘œil sans trembler comme une feuille. A cette époque, il était tout juste sevré. C’était moi qui le nourrissais encore de temps à autre au biberon, toujours sous le regard protecteur de mon frère. D’ailleurs, il n’aimait pas trop que j’aille dormir seule avec le jeune cheval. Mais rien ne m’arrêtait. Et quand je me réveillais le matin, j’avais en général comme oreiller l’encolure du poulain et une épaisse couverture de laine sur le dos. Et dans ce cas, je savais que Sergei était passé.

Aleksander posait sa main sur le côté de ma tête, avec une touche de douceur que je n’avais pas encore eu l’occasion de rencontrer. Ses grands doigts fins caressaient mes cheveux un peu en bataille. J’adorais ça, toute personne qui souhaitait me calmer ou m’aider à m’endormir faisait ça. Le résultat était automatique. Alors dès que je sentis ses doigts, c’est comme si Dame Sérénité avait entouré mon corps de ses bras chaleureux. Si j’avais pus qualifier cet instant avec un mot, j’aurais dit parfait. Mais ce calme me m’était tout de même mal à l’aise. Surtout que mon compagnon devait encore avoir un peu mal à son épaule. Alors, dans une fluidité dont j’avais le secret, je levais une main et vins passer le bout de mes doigts sur le tatouage sombre, le redessinant lentement.

- En fait, je ne sais pas vraiment qui tu es. Et pourquoi le signe d’Om, c’est ça ?

Ce dessin ne m’avait rien dit au premier abord. Puis je me suis souvenu d’un livre que je venais juste de terminer, une drôle d’histoire fantastique. Le premier chapitre avait commencé sur une explication d’un signe que je ne connaissais pas. La coïncidence pour que je le retrouve sur le torse dAleksander était quand même infime.

En explication, je ne voyais pas mieux. C’est exactement ce qui était dans le livre que j’avais lus. Mais c’est beaucoup plus plaisant à entendre de vive voix. Puis, tout était si vrai dans ces paroles. Nos vies ne veulent rien dire, n’ont aucun sens. Elles ne sont qu’une marque infime de plus dans le long fleuve de l’humanité. Vivre aux jours de jours, et faire comme si aujourd’hui était le dernier vivre. Profiter, s’amuser, s’éclater, découvrir et apprendre autant que possible. C’est la seule chose que j’avais retenue de l’introduction à la philosophie.

Sa main dériva un instant sur ma joue. Le contact doux et chaud me donna un frisson contradictoire à tout ça. C’est d’ailleurs ce qui lui arriva aussi quand je posais mes doigts sur son tatouage. Ce dernier était vraiment magnifique, et la place choisit sur son torse rendait vraiment bien. Le genre de tatouage qu’on ne se lasserait jamais de regarder. Une fois mon exploration terminée, j’ôtais mes doigts de son corps pour venir les caler sous ma joue, et par la même occasion sur sa cuisse. Entre temps, les siens étaient retournés dans mes cheveux. Puis sa voix résonna de nouveau contre mes tympans comme un doux tempo.

- Qui je suis ? Amy Kinsley, 18 ans, lycéenne en section littéraire, irlandaise de sang. Cavalière. A part ça…

A vrai dire, je répondis sans réfléchir. Trop formel à mon gout, mais après tout, je n’allais pas dévoiler mes états d’âmes à un parfait inconnu dont je ne connaissais que le nom et le cursus. Puis, n’avait-il pas évité une de mes questions ? Tan pis pour lui. J’ouvrais un œil, celui dirigé vers son visage, juste pour regarder l’expression qui pouvait passer.

Je ne lui avais pas reposé la question de qui il était, mais il semblait un peu plus bavard en ce moment, presque étrange. Je fus un peu surprise de découvrir un Ecossais ici. Les Anglais n’étaient pas de francs ami des Irlandais, mais les stéréotypes ne servent qu’aux étrangers qui n’y connaissant rien. Le cursus, je le savais, le boulot, non, et le Kendo, encore moins. C’est étrange, je ne le voyais pas du tout dans ce genre d’activité. Mais pourquoi pas à la rigueur, il a le physique qui va avec.

Alors que ses doigts caressaient encore mes cheveux, je fus surprise par un bruit. Je me redressais assise sur la paille pour finalement ne voir qu’un bout d’oiseau s’envoler par la petite fenêtre. Un coup de vent vint me percuter en douceur le visage comme une vague tiède. Ce que je pouvais aimer le vent c’est dingue. Je retournais mon regard vers mon voisin, dont le visage était partiellement barré par ses longues mèches noires. Je pris délicatement les fins cheveux entre mes doigts, m’approchant un peu, et je les remis comme il fallait. Ainsi, je pus de nouveau avoir pleine vue sur son visage délicat et serein. J’en étais assez proche à mon gout, assez pour regarder sans interruption les pigments gris foncés qui nageaient dans ses iris anthracite. Il donnait un aspect pierre précieuse à son regard déjà profond. Je souris pour une raison quelconque, juste un envie passagère. Quand je souriais, c’est que j’allais bien, que je me sentais bien, que j’étais contente, ou tout simplement que j’en avais envie, c’est tout. Et là, c’était un peu tous ces facteurs la fois.

- Et bien enchantée Aleksander, j’espère pouvoir faire plus ample connaissance avec toi.

Après tout, pourquoi pas. Je l’aimais bien, il m’avait évité deux chutes en une journée, et entre anglo-saxons, on devrait bien se comprendre. Puis s’il ne voulait pas, il n’aurait qu’à le dire. En attendant, je restais là près de lui, puis je posais délicatement une main sur son épaule meurtrie. Sa peau était tiède mais je le sentis de nouveau frissonner sous mon contact chaud. S’il ne faisait rien, il allait prendre froid à rester torse nu comme ça. Au moins, son épaule était bien remise sa place, et il ne risquait rien de plus.

Le contact de sa peau contre la mienne était doux, très doux. Etrangement, je m’y attendais, enfin je me l’étais dit intérieurement. L’aspect laiteux m’avait toujours paru doux comme de la soie. Et je sais à quel point les vertus de la soie sont grandes. Mais malgré tout, je sentais quand même son regard posé sur moi, comme un poids. Non pas qu’il soit gênant, mais je me sentais trop épiée pour faire comme si de rien était. Je le vis pourtant bougé, s’approcher de plus en plus. Je frémissais légèrement en ressentant son souffle s’échouer sur ma peau, sur ma joue plus précisément. Pourquoi ce rapprochement si lent et si soudain à la fois ?

Je retirais mes doigts de son épaule au moment même où les siens retiraient ce morceau de paille dans mes cheveux. Rien d’étonnant jusque là. Jusqu’à ce qu’il vienne me murmurer à l’oreille le plaisir qu’une plus ample connaissance lui ferait. Tant mieux, je m’en sentais presque soulagé, ma compagnie n’était pas déplaisante. Mais ses lèvres pâtirent bien vite en emportant sa voix mystérieuse avec. Je vis du coin de l’œil son corps s’étirer, son bras passa derrière moi et j’avais l’impression que ce moment s’étirait sans fin. Que cherchait-il ainsi, si lentement ? Je me retournais légèrement pour apercevoir sa chemise blanche posée en vrac sur la paille. Aleksander faisait de ce geste censé être rapide, un geste lent. Puis je tournais mes yeux pour voir que j’étais à seulement quelques millimètres de lui. Il suffisait que l’un de nous bouge ne serait-ce que d’un micromètre et nos nez se touchaient.

Instinctivement, je reculais un minimum. Mais j’étais d’humeur joueuse. Alors j’attrapais sa chemise avant que ses doigts ne se referment dessus et je me levais légèrement pour m’asseoir un peu plus loin. Juste un regard espiègle et je me suis concentrée sur un des bouton du tissu. Le fil qui devait le maintenir commençait à s’effilocher, laissant le bouton se desserrer petit à petit. Allez savoir pourquoi j’avais vu une chose pareille mais c’était arrivé. Je m’installais en tailleur et je posais la chemise derrière moi avec un sourire malicieux, défaisant le petit ruban au bout de ma tresse, dans l’intention de la refaire.

Oh ! Alors là, en genre surprise, je ne pouvais pas faire mieux. Moi qui avais espéré qu’il jouerait un minimum à mon petit jeu, j’avais fait fausse route. D’un côté, ce n’était pas étonnant, mais j’avais au moins espéré qu’un tout petit peu il y mette de sien. Mais non, il était allé… s’allonger. S’allonger ! S’il croyait m’avoir déçue au point que je lui rende sa chemise, il pouvait se brosser l’Ecossais. Je ne céderais pas, même pas sous l’indifférence. Non mais, il ne sait pas avec qui il joue là !

Alors qu’il restait étendu de tout son long sur la paille, les yeux clos, insinuant d’un air nonchalant que cette chemise serait trop grande pour moi, je pris la peine de le regarder un instant. La nature le voulait, c’était l’instinct, puis aussi une très bonne excuse. Quelques rayons de soleil qui frappaient le parquet à ses côtés faisaient briller sa peau blanche. Je défis entièrement ma tresse et fis voler mes cheveux derrière mon dos. Ils avaient poussé depuis mon dernier passage chez le coiffeur. Il descendait quasiment en dessous mes côtes. Peut être faudra-t-il que je pense à les recouper de nouveau. Bref.

- Tu crois ?

Je pris mon petit air espiègle et me levais pour venir m’asseoir juste derrière sa tête, lui faisant par la même occasion de l’ombre. Puis avec un grand sourire, je m’amusais à déposer des petites poignées de paille sur son torse en tendant le bras par dessus son visage. J’avais actuellement une folle envie de l’embêter, mais il l’avait cherché. Ne pas rentrer dans mon jeu dès le début ne faisait qu’accroitre mon éternel instinct de petite fille embêtante. Puis, comme la conversation n’est pas son fort, entamer une discussion était loin d’être la première chose avec lui. J’avais pris soin d‘emmener sa belle chemise avec moi, la gardant tout de même à distance raisonnable d’Aleksander. Hors de question qu’il la récupère, puisqu’il s’agissait désormais d’un otage plausible de demande de rançon, soit d’un petit peu d’action.

- Je vais tout de même la garder, si tu n’y vois pas d’inconvénient. Tu n’as pas le choix de toute façon.

Aucune réaction, rien, nada. Tout juste un mouvement, et encore, sa respiration ne pouvait être considérée comme un mouvement. Donc oui, rien. J’arrêtais ma technique d’ensevelissement assez rapidement, le laissant tout de même sous les nombreux brins de paille que j’avais déposé sur son torse. Que pouvais-je bien faire pour l’embêter, et surtout le faire réagir ? Je me creusais les ménages un instant puis le temps que l’imagination me vienne, je repris sa chemise entre mes mains et la soulevais au dessus moi pour la regarder. Le soleil passait à travers et m’éblouit e cette blancheur. Je pris le temps de l’enfiler par dessus mon fin top noir et de la boutonner. Un peu grande oui, mais elle était pas mal du tout, elle me plaisait bien. Puis elle sentait bon.

- Parfait, elle me va en plus !

Je pris un air content, comme une victoire méritée. Puis je reportais de nouveau mon attention sur Aleksander, qui avait toujours les yeux clos. En fait je crois qu’il était trop bien installé ici, trop de confort. C’est sans doute pour ça qu’il ne faisait rien ! Ok, problème détecté, il ne me reste plus qu’à le régler. Je remontais les manches de la chemise jusqu’à mes coudes et je courbais un peu le dos pour rapprocher mon visage du sien. Non seulement je lui cachais le soleil, mais en plus je faisais tomber de nombreuses mèches dans son cou. Je fis aussi en sorte de faire voler la paille que j’avais amassée sur son torse, l’idée de l’ensevelir ne marchant pas. Puis, par pur amusement, je vins faire marcher mes doigts dans son cou jusqu’à son torse. Et je refis le chemin inverse avant de me redresser en soupirant.

Je n’ai même pas eu le temps de finir de soupirer que je sentis une emprise ferme et douce à la fois se refermer autour de mon poignet. Le temps suivant se déroula tellement rapidement que je ne savais dans quel ordre placer les événements. Quelque en soit l’ordre, je me retrouvais en un clin d’œil coincé sous la carrure beaucoup plus imposant que moi d’Aleksander. Son mouvement de bascule avait été précis et efficace, mon poids n’avait pas dû être un souci pour lui. Et j’étais maintenant là, allongée sur la paille, un poignet prisonnier d’une de ses mains, tout en douceur. Une emprise pourtant suffisamment présente pour que je ne puisse pas m’en détacher si facilement.

Ce moment semblait ne pas paraître réel dans le monde actuel. Moi qui croyais que j’allais pouvoir monter à cheval pendant tout mon après-midi, je m’étais fait bien trop d’illusion. Si on m’avait dit que je finirais en chemise d’homme, allongée sur la paille, avec un bel inconnu torse nu au dessus moi, je ne l’aurais pas cru. Je vis ses grands yeux sombres scruter le fin tissu quasiment transparent qui lui appartenait. Il le parcourait du regard, comme s’il jaugeait de sa forme sur moi, comme s’il cherchait à voir si elle m’allait bien ou non. Ses longues mèches noires tombaient sur mon visage, venant se perdre parmi mes mèches ondulées couleur cerise. Le contraste devait être joli regarder. Mais là, personne ne pouvait le constater, hormis les poutres de bois au dessus nous.

Peut être les rayons du soleil y étaient pour quelque chose, mais je commençais à avoir chaud. Mais peut être n’y étaient-ils pour rien. Après tout, la position dans laquelle nous étions, ou plutôt dans laquelle Aleksander nous avait mit, était assez… gênante. Je n’arrivais pourtant pas à me décider sur quoi faire. J’avais sans doute dû dépasser la limite de l’embêtement qu’il pouvait supporter. Et pourtant, une folle envie de continuer m’embuait l’esprit. C’était finalement assez sympa de le taquiner un peu. Je pris alors soin d’afficher un air innocent et surpris avant de faufiler ma main libre le long de son bras jusqu’au haut de son crâne. Et d’un geste vif, je défis le lien qui retenait une bonne partie de ses longs cheveux sombres. Ils répondirent aussitôt aux lois de pesanteur et encadrèrent son visage jusqu’à atterrir sur le sol. L’ombre prit possession de l’espace qui séparait nos visages pendant un cours instant. Cours instant où je me redressais légèrement afin de venir approcher mes lèvres des siennes et dériver vers son oreille avant qu’elles ne se touchent, les faisant juste se frôler.

- Même emprisonnée j’arriverais encore à t’embêter..

Pour la première fois je voyais sur son visage une expression, une image de sentiment. Certes, son sourire pourrais presque faire peur, mais seulement au premier abord. Et ça ne présageait rien de « bons » à mes yeux. Car pour le moment, j’étais en position de faiblesse, un poignet toujours emprisonné. Je le bougeais un petit peu pour essayer de me défaire de l’emprise de ses doigts, mais rien n’y faisait, il me tenait bien. En revanche, je restais immobile quand je vis son visage fondre dans mon cou pour finalement mordiller mon oreille. Je déglutis légèrement en sentant ses dents sur la peau fine et sensible à cet endroit, mais je devais garder mon sang froid. Céder à son jeu et m’avouer vaincu ne faisait pas partie des mes solutions envisagées, mais alors pas du tout.

Selon lui, je l’aurais cherché. Et bien tant mieux, c’est ce que je voulais là maintenant tout de suite : un peu d’action et de jeux. A peine eu-t-il prononcer ses mots que j’esquissais un sourire malicieux. Je posais alors ma main libre sur son épaule encore sans doute un peu meurtrie, gardant un minimum de délicatesse tout de même.

- Si je te dis que oui, qu’est-ce qui se passe ?

La provocation était mon fort, et j’avais envie de l’utiliser en ce moment même. Après tout, peut être que cette technique marcherait. Je craignais quand un peu quand même sa réaction, ou du moins ce qu’il allait bien pouvoir faire. J’exerçais une pression jugée suffisante pour moi sur son épaule, espérant pouvoir le basculer, tout en me redressant déjà, prête à bondir pour passer de la position faible à la position forte. Mais sa force semblait plus grande que ce que j’avais pensé. Car je ne fis rien d’autre que le soulever très légèrement. Et quelle ne fut pas ma surprise de retrouver son visage quasiment collé au mien alors que mon plan n’avait pas prévu ça. J’avais l’impression d’être happée par ses grands yeux anthracites et je sentis le pourpre me monter aux joues, non sans froncer les sourcils un petit peu.