"Il y a quelqu'un?" [RP avec qui le veut]

Comment décrire la sensation de la demoiselle ?
Elle a le trac, c’est indéniable. Voilà plus d’un an qu’elle n’a pas foulé le sol de l’Académie, hormis lors de la « réunion » à huit clos qu’elle avait eue avec ses parents, le directeur et son administration en présence de l’avocat des deux parties et ce, pour un accord à l’amiable quant à la réintégration de l’Australienne à l’université.
Elle avait tenu à faire sa rentrée seule, sans la présence de Wade et Seth qui l’auraient stressée davantage.

C’était une journée un peu grisonnante, ce qui ne présageait rien de bon dans l’esprit déjà brumeux de l’Intello. Elle avait pris le soin de porter ses lunettes de vue, fumées, pour ne pas se faire reconnaître trop rapidement, ou du moins, trop facilement. Elle avait adopté une tenue standard, différente de celle qu’elle avait pris l’habitude de porter dans le temps. Exit le style école privée de son pays, pas de cravate ni de jupe plissée avec son chemisier assorti. Elle avait choisie un jean passe-partout, bleu nuit, partiellement délavé. A cela, elle portait un haut blanc élégant, qui mettait en valeur son léger décolleté, mais en aucun cas provocant. La partie supérieure légèrement moulante et élastique se cintrait sous la poitrine. En deçà, le tissus était ample permettant ainsi de masquer la finesse de sa taille et couvrant les hanches. A ses pieds, une paire de tennis blanches qu’elle portait pour la première fois. Sa mère lui avait refait (« forcée à refaire» pourrait-on dire) sa garde robe, en sa compagnie, durant les semaines qui précédait sa rentrée. Une veste simple, assez courte et en jean, à l’instar de son pantalon, recouvrait ses épaules et protégeait ses bras de la brise fraîche de cet après-midi. Enfin, elle portait sur son chef une casquette, alors que par-dessus la languette de réglage à l’arrière s’était glissée sa queue de cheval brillante qui avait retrouvé totalement sa couleur naturelle.

Cammy franchit le hall principal, peu emprunté généralement le samedi à cette heure. Les étudiants n’avait pas cours le samedi après midi et en général, les couloirs étaient vides, ou presque. Ce n’était donc pas par hasard si la jeune étudiante qui entamait sa deuxième année d’Histoire avait choisi ce créneau. Sa nouvelle chambre lui avait été attribuée, au grand dam de ses parents qui avait souhaité la garder auprès d’elle. Réaction tout à fait normale lorsqu’on a été privé de son enfant pendant presque une année, sans savoir si elle était encore en vie. Mais Cammy se sentait limite étouffée. Elle s’était toutefois gardée de leur en faire part. Elle leur avait fournie la même excuse que lors de sa première rentrée, quatre ans auparavant : la perte de temps de travail dans les trajets, la proximité avec la bibliothèque, la salle informatique à disposition etc. Ils avaient finalement accordé le souhait de la demoiselle en échange de quoi, elle devait passait tous les week-end au domicile familial. Exception faite ce jour.

Quelques pas plus tard, elle se raidit à la vue d’une silhouette. Le look un peu négligé, c’était une tête qu’elle ne connaissait pas. Elle déglutit, espérant ne pas avoir la malchance de se faire reconnaître et au mieux, de ne pas avoir à lui adresser la parole. Elle remonta ses lunettes rectangulaires qui masquaient son regard noisette, soucieux. Cependant l’allure qu’elle dégageait en reprenant sa marche contrastait avec son état intérieur. Elégante malgré sa petite taille, elle avança vers le jeune homme qui se trouvait dans son passage, avec dans l’intention de le doubler sans s’arrêter. Avec un peu de chance, il l’ignorerait. Et si vraiment il était un nouvel arrivant, la seule raison pour la quelle qu’il lui adresserait la parole serait pour lui demander son chemin. Pas de quoi s’alarmer.

[Aucun problème pour moi ^^ Fait comme tu peux/veux, je ne suis absolument pas exigente ^^ ]

L'escapade qu'elle avait faite ces derniers mois lui avait appris à sonder rapidement toute personne qui pouvait l'approcher ou serait amenée à le faire. C'est pourquoi, lorsque Cammy s'approcha du jeune homme, elle l'observa du coin de l'oeil, cherchant ainsi le moindre geste ou la moindre intention qui pourrait susciter chez la demoiselle, de la méfiance. Rien de douteux à première vue si ce n'était l'allure qui le caractérisait de par sa tenue. C'était un occidental, probablement punk ou rebelle si on devait l'attribuer d'un de ces groupes de stéréotypes qui définissaient la population Keimoosienne. Avant de le doubler définitivement, Cammy baissa le regard vers ses bagages qui se résumaient en un sac à bandoulière aussi négligée que son propriétaire, et une valise tout ce qu'il y a de plus normal. Il y avait bien une étiquette, mais lancée comme elle l'était, elle n'eut pas le temps de la déchiffrer. De son côté, elle s'était bien gardée d'en faire autant sur la sienne. A quoi bon faire des efforts pour paraitre anonyme si c'était pour placarder son identité sur son bien ?

Finalement, le jeune homme, prostré sur son arrière train commes l'étaient ses bagages - si toutefois on peut définir cela ainsi - ne l'interpela pas. L'australienne souffla discrètement, de soulagement. Qui squatterait le hall de cette manière sinon un nouvel arrivant ? Si c'était le cas, il ne devait pas être au courant de la rebellion du FLPCB. Elle n'avait pu qu'à espérer qu'il n'avait pas entendu parler d'elle aux informations. Bien que locales au départ, l'avis de recherche à son nom avait très bien pu être étendu dans les régions environnantes. Tout est-il que Cammy n'en aurait terminé avec cette histoire que lorsque les élèves se seraient faits au retour de la demoiselle.
A peine quelques instants après avoir soufflé, elle déchanta. Il l'avait appelée. Interpelée plutôt, comme elle l'avait craint. Un accent trop reconnaissable, US. Légèrement différent du sien. Amusant d'ailleurs. Hormis toutes les inscriptions environnantes en japonais qu'on pouvait trouver, deux anglophones dans le même périmètre était perturbant. Cependant ils allaient converser dans la langue du pays d'accueil. Après hésitation, Cammy ralentit sa mini course pour ensuite se stopper. Elle ajusta ses lunettes qui avaient glissé sur son nez mais aussi la visière de sa casquette, un peu plus bas, sans pour autant masquer sa face. Prenant son courage à deux mains, elle le laissa se rapprocher, sans amorcer la moindre rotation. Il reprit la parole. Vraiment, Cammy aimait bien cette intonation de voix qui la rassurait en quelque sorte. Ce mec ne la connaissait pas le moins du monde, était nouveau, et ne savait pas du tout où aller. Assez impressionnée par la taille de l'étudiant qui devait faire vingt centimètres - minimum - de plus qu'elle, elle fut contrainte de la tête, et malgré elle, de redresser légèrement la visière de son couvre-chef. Elle s'attarda un peu plus sur son regard dont elle ne pouvait réellement discerner les couleurs à cause de celle de ses propres verres. Elle remarqua également la largeur impressionnant de son bonnet. Cheveux longs, donc.

Que devait-elle répondre ? Lui dire qu'elle était nouvelle également et qu'elle n'en avait aucune idée ? Assurément non, puisqu'elle savait exactement où elle se rendait. Elle ne serait pas crédible et passerait pour une idiote. Alors quoi ? Lui indiquer où se trouver le bâtiment administratif ? Il n'y avait personne actuellement. Peut-être le concierge, et encore. Les clubs étant actifs, il se pouvait que le concierge fût hors de son poste d'accueil. Elle baissa la tête, hésitante, le heurtant à cette fameuse étiquette qu'elle n'avait pas pu déchiffrer quelques minutes plus tôt. Elle n'avait jamais vu quelqu'un porter ce prénom dont elle ignorait jusqu'à présent l'existance. Original, elle se demandait comment fallait-il le prononcer. Comme Shawn ? Sean ? Shun ? Shoan ? Ou comme l'adjectif allamand "schön " qui signifie "beau" ? Inconsciemment ou par réflexe, c'est ainsi qu'elle le prononçait intérieurement. Williams, nom très courant, tout comme le sien d'ailleurs. Le dénommé "Shaöne" reprit alors la parole tandis que l'Intello voguait sur les flots de son imagination qui commençait déjà à déborder, et ce, en quête d'une réponse valable qui semblait toute trouvée de la part de l'étudiant. Cammy redressa la tête vers lui, surprise, provoquant ainsi un redressement plus conséquent de la visière réhaussant ses yeux. Pour se redonner contenance, elle poussa ses lunettes plus intensément sur l'arrete de son nez, geste inutile, puisque déjà au maximum.

- Et bien... tout dépend de ce que tu cherches. De toute façon, je doute qu'il y ait le moindre "responsable" de disponible pour l'instant.

La voix douce de Cammy, maîtrisant correctement l'accent local, était assurée. Elle savait parfaitement masquer ses émotions, craintes et hésitations mettant souvent en déroute les personnes qui la jugeaient sur sa petite corpulence et sur ce teint blanchâtre, presque maladif, qui définissait les roux.
Un grand merci à sa passion pour le théâtre.

- Où veux-tu aller ?

Elle pivota, se dirigeant ainsi vers un pilier au centre du couloir dix mètres plus loin contre lequel se trouvait un large et haut plan, la faible luminosité des environs qui s'accentuait ne l'empêchant pas de conserver ses binocles.

[Tu vas me faire rougir, mais merci ^^ Désolée pour l'attente :/]

En temps normal, Cammy n'était pas du genre à laisser les autres dans la galère. Enfin, c'était le cas un an plus tôt. Ce jour là, c'était avec réticence qu'elle avait accepté de venir en aide à ce nouvel arrivant. Du moment qu'il gardait ses distances et qu'il ne lui posait pas de question indiscrète, tout devait bien se passer. Les renseignements fournis, Cammy s'en irait ensuite sans demander son reste. Seulement voilà, le regard du garçon semblait en vouloir plus, chose normale lorsqu'on se retrouve face à une personne dissimulée derrière des barrières de synthétique et de plastique. Plus une personne se cache, plus le mystère demeure, plus on meure d'envie d'en lever le voile. La brillante jeune fille, dans son excès de paranoïa, n'avait pas songé à cette possibilité pour la simple raison qu'elle n'imaginait pas, ou plutôt n'avait pas envisagé, croiser le fer que représentait la moindre conversation avec autrui. Ses peurs l'avaient rendue marginale, on pouvait même la qualifier d'anthropophobe.

Mais heureusement, elle avait conservé son caractère qui la définissait que trop bien, lui offrant ainsi le courage de se mesurer aux autres. C'est pourquoi lorsque le jeune homme eut l'audace de poser ses mains sur sa personne, bien qu'indirectement, en lui ôtant cette barrière qui masquer son âme, la réaction de l'étudiante fut nette. Dans un premier temps, elle ferma les yeux car effectivement, même si la clarté était plutôt faible, ses pupilles se rétractèrent brusquement poussant ainsi l'Australienne à clore les paupières presque instantanément. Tournant la tête sur le côté, elle resta ainsi pendant deux-trois secondes, le temps pour le sans-gêne de se présenter. "Shawn" donc. Mais il était hors de question qu'elle l'appellât par son prénom. Elle passa sa langue sur ses lèvres, brièvement, comme pour s'empêcher de lui coller une gifle dont il se serait souvenu. Elle n'était plus cette Cammy là. Enfin, elle essaierait. Finalement, elle glissa ses noisettes vers les émeraudes de l'insolent sans pour autant pivoter son chef. C'est donc un regard lourd de menaces - et presque dénué d'artifice si ce n'est un léger khôl brun - que l'ancienne fugueuse posa sur lui, énonçant ainsi une sorte de mise en garde silencieuse: Recommence, et les conséquences te seront désastreuses. Reniflement, puis elle se redressa, brisant l'écart entre les deux jeunes gens. Ceci faisant, elle ôta sa casquette afin de dévoiler inconsciemment sa fougue, mais surtout car la visière la gênait dans son ultimatum visuel. Plantant ses iris dans celles de son vis à vis, elle alla d'un geste vif lever brusquement le bras afin de saisir le large bonnet de l'étudiant pour ensuite le plaquer sur son thorax. Les cheveux de chacun retombés en cascade sur leurs épaules, ils étaient ainsi à égalité.

- Logan.

Hors de question pour elle que de lui donner son prénom. Elle s'en tiendrait à l'étiquette japonaise qu'elle affectionnait tout particulièrement. Ainsi elle poursuivit, ses fines lèvres pincées de contrariété.

- Un petit conseil, Williams. Tu n'es pas aux States ici. Garde tes distances.

Elle avait ainsi annoncé la couleur, lui faisant profiter de son sens accru de l'observation en lui informant qu'elle avait compris d'où il venait, et comment il s'appelait. Elle ne réagit pas à l'expression que le garçon affichait à ce moment précis, elle n'en avait cure. Stoïque, elle recula afin d'appliquer la consigne qu'elle venait d'énoncer. Elle se fichait éperdument de paraitre coincée, voire austère. Saisissant des mains de Shaöne ses verres, elle les glissa sur le dessus de son crâne puis observa sa fine montre.

- Tu devrais peut-être aller dans les bureaux administratifs et patienter là-bas. Avec un peu de chance, tu auras les clefs de ta chambre dans...4 ou 5 heures.

Cynisme, quand tu nous tiens. Evidemment, elle mentait. Mais elle lui avait rendu service ! Contournant le pilier, elle y prit sur la face latérale un leaflet qui s'avérait être la version papier glacé plastifié du plan global de l'université qu'elle tendit au jeune homme. Ce mec n'avait décidemment pas les yeux en face des trous. Aux yeux de la rouquine, il était le stéréotype même du je-m'en-foutiste, d'une insignifiance totale. Le genre de gars qui, volontairement ou pas, peut faire tomber des têtes pensantes et innocentes dans un guet-apens.
Préférant ne pas dévoiler plus d'aversion que nécessaire à l'égard de ses congénéres, elle attrapa le manche de son trolley, afin de s'échapper de cette situation embarrassante.