Qui veut tenter sa chance ? [Pv Yu]

Invité

"A tout ceux du lycée Keimoo !
Nous avons l'honneur de vous annoncer que mercredi prochain, le club d'escrime vous ferra une démonstration dans la salle d'arme. Tout le monde est convié et si vous le désirez, les membres de notre club vous proposeront un cours pour débutants. Pour les plus confirmés, il y aura même de vrais combats organisés contre nos meilleurs escrimeurs. N'hésitez pas à venir faire un tour, nous vous accueillerons à bras ouverts !
Signé : le club d'escrime."

Voilà ce qui était écrit sur le prospectus que l'on trouvait partout dans l'Académie. En une soirée, les couloirs s'étaient remplis de cette invitation imprimée sur un papier bleu criard. Cette fois, la capitaine d'escrime s'était démenée pour organiser cet événement. Elle avait obligé ses coéquipiers à travailler sans relâche afin qu'ils soient fins prêts pour le jour fixé. Pendant plus de deux semaines, elle avait augmenté les heures d'entraînements en les menaçant avec son arme s'ils n'y assistaient pas. Cette femme était une véritable furie dès qu'il s'agissait de sa passion. Ces derniers temps, le club connaissait une légère baisse d'activité et cette démonstration visait donc à recruter de nouveaux membres tout en gardant les anciens au passage. C'était aussi un bon moyen pour redorer leur blason auprès des autres étudiants. En ce moment, celui qui obtenait le plus d'attention était le club de karaté, éternel concurrent de celui d'escrime. Il fallait alors que tout ceci change, et ce au plus vite. Lukas, quant à lui, trouvait cela tout bonnement inutile. Son attachement au club et à ses membres étant quasi inexistant, il ne voyait pas l'intérêt d'une telle manifestation sportive. Après tout, il y venait uniquement pour ne pas perdre le niveau qu'il avait atteint en Angleterre après neuf ans de pratique. Il ne s'intéressait pas à cette idée qu'il considérait comme futile. Peu de gens allaient venir ce mercredi, c'était évident. Du moins, c'est ce qu'il pensa lorsqu'on lui expliqua l'idée une dizaine de jours plus tôt. Car mademoiselle Castelville, en adolescente rusée qu'elle était, avait imaginé un stratagème ingénieux pour attirer la foule. En bas de la feuille bleue, elle avait prit soin de noter le nom des membres de son club. Ainsi celui du jeune homme, qui avait de nombreuses admiratrices, était inscrit dans les premiers. Ainsi, cela devenait tout de suite bien plus intéressant pour de nombreuses personnes si l'anglais participait. Car en effet, à son grand damne, ce dernier était très populaire à l'institut. Il se retrouvait donc contraint de participer à l'activité, sous peine de représailles de la part de son capitaine.

Lorsque le jour J arriva enfin, la salle d'arme fut bondée dès la première heure de l'après-midi. Tout avait été aménagé de sorte que la manifestation sportive se déroule dans de bonnes conditions. Au centre, on avait délimité un large espace pour les démonstrations qui débuteraient vers 16h30. A gauche, un stand boisson avait été installé pour les participants aux différentes activités proposées. Seuls ceux qui désiraient essayer les cours débutants ainsi que les combats plus confirmés pouvaient se désaltérer, c'était la règle. Pour que l'élève distribuant les boissons puisse les reconnaître, on donnait aux visiteurs un papier qui confirmait leur adhésion au groupe qu'ils avaient rejoint. Cela évitait de dépenser des litres et des litres de boissons pour n'importe qui : après tout, le budget du club ne le permettrait pas. Dans le fond, on avait poussé chaises et bancs pour que les leçons débutantes puissent avoir lieu. C'était le vice président qui était chargé de cette activité, ce qui ne semblait pas beaucoup le ravir. C'était compréhensible par ailleurs : apprendre les bases de l'escrime à des gens n'ayant jamais tenu un fleuret de leur vie devait être d'un ennui sans limite. Toutefois, les membres devaient se relayer pour cette animation qui était la plus fastidieuse à tenir. Juste à côté, on avait aussi demandé à quelques intellos de venir faire une présentation sur l'escrime. Bien qu'ils aient moins de succès, ils avaient quand même quelques spectateurs qui s'intéressaient à leurs explications. Et enfin, à l'opposé du bar, se tenait le cercle réservé aux duels. Là-bas, un amas de lycéennes tentait à chaque seconde de pénétrer dans l'espace réservé aux combattants, hystériques. Elles s'agglutinaient sur les bancs disposés autour de l'espace dégagé, encourageant les participants, telles de véritables pom-pom girls. Les autres étudiants les regardaient d'un oeil étonné dès qu'ils passaient à proximité de l'activité. Il fallait avouer qu'à elles seules, les demoiselles proposaient un spectacle insolite. Et tandis qu'elles soutenaient les duellistes, elles ne manquaient pas de commenter le combat dans les moindres détails.

- Va s'y tu peux y arriver ! On est toutes avec toi ! Attention à ta gauche... à droite... Le coup de grâce ! Bravo Lukas, tu es le meilleur !

Car en effet, c'était le jeune comte qui s'était vu attribuer l'organisation de cette activité. Forcé par mademoiselle Castelville, il n'avait pas réussi à décliner l'invitation. La capitaine du club ne lui avait pas laissé le choix, insistant lourdement pour qu'il se charge de cela. Dès lors, il ne pouvait pas bouger de son stand jusqu'à seize heures pour ensuite participer à la démonstration. Etant l'un des meilleurs escrimeurs, il devait aussi s'occuper des combats contre ses coéquipiers. Dans ce genre de moment, il se maudissait d'avoir derrière lui neuf ans d'entraînement avec un ancien champion dans la discipline. Néanmoins, préférant reporter son attention sur le moment présent, l'aristocrate baissa les yeux vers son adversaire qui se trouvait à terre. Avant de commencer, celui-ci lui avait précisé qu'il avait fait trois ans d'escrime et que, par conséquence, le combat serait moins facile. Malheureusement pour lui, il s'était retrouvé dans sa position actuelle après seulement trois minutes d'affrontement. Un vantard, ni plus ni moins. Cela en devenait ridicule. Abaissant son arme, Lukas retira le casque qui protégeait son visage et son opposant en fit de même. A l'entrée du terrain de combat, on proposait un équipement aux volontaires afin qu'ils ne soient pas blessés accidentellement. C'était plus sûr, surtout en sachant que l'anglais se montrait impartial face à ses antagonistes. S'ils osaient venir ici, c'était parce qu'ils étaient plus confirmés que les autres ; il avait donc pour consigne de ne pas leur faire de cadeaux. Il appliquait alors cette règle à la lettre, usant de ses techniques les plus redoutables quand cela était nécessaire. Toutefois, étant bon joueur, il donnait aussi des conseils à ses adversaires. Et cette fois, il alla même jusqu'à aider son opposant à se relever en lui tendant un bras qu'il accepta aussitôt. Une fois à nouveau sur ses pieds, l'adolescent blond quitta rapidement le terrain, embarrassé par cette défaite cuisante. Il fut raccompagné par les rires des spectatrices qui, quant à elles, se précipitèrent vers les barrières sommaires installées autour de l'espace. Elles affichaient toutes de larges sourires que le comte se sentit contraint de leur rendre. Elles n'arrêtèrent pas de clamer haut et fort à quel point il était redoutable et invincible, ce qui l'exaspérait intérieurement. Voulant à tout prix leur fausser compagnie, il simula une envie soudaine de se rafraîchir dans le stand boisson.

- Désolé mesdemoiselles, je dois vous abandonner l'espace d'une seconde, déclara-t-il en s'éloignant déjà. Puis-je vous confier mon animation pendant ce laps de temps ?
- Bien sûr, répondirent-elles en gloussant. Reviens vite pour qu'on puisse voir à nouveau tes combats.

Ce genre de comportement était décidément bien fatigant. Traversant la salle d'arme à grands pas, Lukas commença à sortir son ticket qui lui permettrait de prendre un peu d'eau au bar. Pendant son cours trajet, comme il avait retiré son casque, il fut interpellé par plusieurs personnes qui le saluèrent à son passage. Il leur répondit d'un bref signe de la main, ne souhaitant pas s'attarder plus longtemps. Il savait que sa capitaine l'observait de loin, méfiante. Ne désirant pas s'attirer ses foudres, il préféra continuer sa route. Quand il arriva enfin à destination, il présenta son papier et reçu un verre remplit d'un liquide orangé : de l'oasis. Bien que dégoûté, le jeune homme but quelques gorgées et finit par reposer le verre en plastique. Il fallait désormais retourner au fond de la pièce pour retrouver son fan-club en délire. Quelle plaie. Néanmoins, il rebroussa chemin contre son gré. Et, alors qu'il arrivait bientôt à son stand, il percuta un élève de plein fouet. C'était un adolescent grand et aux longs cheveux noirs qu'il ne semblait pas connaître. Se faire ainsi bousculer ne fut pas pour lui plaire, évidemment. Soupirant à nouveau en signe de mépris, il fixa un instant l'inconnu avant de lui rétorquer :

- Tu ne pouvais pas faire attention où tu marchais ? Dans cette salle, il faut être un peu plus vigilant que ça si tu ne veux pas te faire embrocher par quelqu'un.

Sur ce, il passa son chemin, n'accordant pas plus d'importance à l'incident et sa cause. Il revint rapidement à son stand, qui n'avait aucun intéressé pour le moment. Il soupçonnait ses admiratrices de refroidir quiconque serait tenté par un combat un peu plus poussé. Calant son casque sous son bras, il reprit alors l'arme qu'il avait abandonnée quelques secondes plus tôt. Il s'agissait d'un sabre du club qu'il avait été contraint d'emprunter pour l'occasion, n'ayant pas l'autorisation d'utiliser son matériel personnel. Lentement, il s'approcha du centre du terrain et inspecta les visiteurs qui s'arrêtaient à son animation. Aucun ne paraissait apte à lui tenir tête, ce qui l'amusa l'espace d'un instant. N'y avait-il donc pas un adversaire à sa hauteur ? Depuis le début de l'événement, il n'avait engagé que trois duels qui s'étaient tous soldés par l'échec de ses opposants. Il n'était que quatorze heures et Lukas se voyait très mal patienter jusqu'à 16h30 pour pouvoir participer à un combat digne de ce nom. C’est pourquoi, il finit par défier quiconque passait à proximité de lui.

- Le combat pour confirmés est disponible pour le moment. Qui veut tenter sa chance ? Demanda-t-il en affichant un sourire redoutable.

Aussitôt, quelqu'un se détacha du lot et s'avança vers l'entrée du terrain. Fronçant légèrement les sourcils, l'anglais put aisément reconnaître le jeune homme qu'il avait précédemment bousculé.

Invité

Oui, Yu l’avait vu ce prospectus à propos d’une pseudo démonstration du club d’escrime dans la salle d’armes. Non, il n’avait pas songé à y aller dans l’immédiat. Il s’était à peine attardé dessus. Ce machin ne signifiait absolument rien pour lui. Un étranger sortit de nulle part l’avait dérangé dans sa rêvasserie habituelle durant la récréation. Vous croyez vraiment qu’il n’avait que ça à faire, zieuter par-dessus l’épaule d’un gus juste pour savoir ce qu’était ces morceaux de papier qui circulaient dans toute l’école ? Il en aurait eu un, qu’il le veuille ou non. D’ailleurs, il se retrouva vite harcelé par ces tracts. Ils l’avaient suivi toute la journée ! Le matin, à la cafétéria, une fille était venue s’asseoir à sa table en jouant les saintes nitouches avec un sourire aguicheur. Rien n’était plus pathétique. Yu s’était contenté de l’observer de ses yeux froids et son manque de réactivité avait fini par faire partir la demeurée. Elle avait laissé la première annonce sur la table. Le 3ème année avait laissé courir ses longs doigts sur la mince feuille de papier, l’air pensif. Puis la sonnerie retentit et son esprit divagua vers ses futurs cours, pour la plupart ennuyeux. Il se leva, prit son sac et quitta le réfectoire, sans omettre une petite pensée envers sa chère emmerdeuse de sempai qui se reconnaitra. C’est ici qu’ils s’étaient rencontrés pour la première et unique fois. Depuis, il ne l’avait plus croisé nulle part.

Quel dommage. Chelsea était une fille intéressante, en dépit de son franc parlé insupportable et ses manières de fille bien trop agitée pour lui. Il l’appréciait malgré tout, d’une certaine manière, indéfinissable. Il parcouru la longue allée et s’apprêta à monter un escalier quand une main effectua une légère pression sur son bras droit. Il fit volte face. Un garçon qui paraissait plus jeune que lui le salua d’une courbette en tendant un dépliant qu’il reconnut sur le champ. « Hurmph’ » et juste un « hurmph » indifférent, ou peut-être agacé. Il tourna les talons sans rien dire, continuant sa route vers le premier cours de la matinée. Pourquoi étaient-ils si passionnées pour une simple démonstration ? Il n’avait pas vu autant de personnes pour le club d’athlétisme, hein ! Alors pourquoi irait-il ? Qu’est-ce que ça lui apporterait ? Chaque fois qu’il quittait son petit monde pour élargir ses horizon et donner de lui-même aux autres, il ne récoltait que ce qu’on donne aux poules derrière l’enclos. Des miettes. Des restes dont on ne veut plus. Des graines destinées à n’être que des graines. Elles ne pousseront jamais. Ce sont justes des graines abîmées qui ne servent finalement qu’à être détruites.

Alors non, ça ne l’intéressait pas. Il arriva dans sa salle de classe, rejoignit sa place et, avant que le professeur n’arrive et le voit en flagrant délit, sortit de sa poche son téléphone portable. A cet instant précis, une cruche qu’on appellera Tam, parce que j’ai envie qu’elle s’appelle Tam, débarqua en catimini, comme elle savait si bien le faire, et posa un prospectus sur son pupitre. La goûte de trop. Yu darda sur elle des yeux haineux, il n’eut pas besoin de prononcer un mot pour qu’elle comprenne qu’il n’en avait rien à battre de leur démo à la con. Elle reprit son papier et retourna jacasser avec sa bande d’amies. Les deux premiers cours se déroulèrent normalement. Yu n’écouta rien, sortit de la salle pour la pause déjeuner et alla plutôt manger son bentô dans un coin isolé. Son endroit préféré : Le terrain d’athlétisme. Il s’était fait une place dans l’herbe et regardait son repas avec envie. Il crevait la dalle, avouons le. En général, à cette heure là, personne ne venait dans les environs pour le déranger, mais il y a toujours deux trois idiots pour démentir les faits. Comme ces deux garçons, l’un qu’il avait croisé dans les escaliers, celui qu’il avait recalé, accompagné d’un de ses camarades de classe, certainement. Il hésitait à s’avancer une nouvelle fois et Yu le comprenait franchement ! L’autre garçon le poussait dans le dos et, au final, il atterrit le nez dans son bentô. Dans une autre situation, le sportif se serait mis à rire à s’étouffer, mais là il n’était vraiment pas d’humeur. Le pauvre gars se reçut un vilain coup de pied au village, associé à quelques paroles abjectes, qu’il avait mérité, on est d’accord ? Cette fois-ci, il se fit comprendre. En hurlant sur les deux garçons, il déchiqueta l’imprimé bleu jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que des débris qu’il écrasa d’un mouvement de talon rageur. Son déjeuner foutu, il ne lui restait plus que la cafétéria.

Les mûrs des couloirs étaient tapissés de ce maudit prospectus. Ca commençait à faire trop. Il en avait des nausées. Il irait trouver les responsables du club d’escrime et leur dirait sa façon de penser ! Sa journée était fichue, il valait mieux sécher le reste des cours plutôt que demeurer dans une école qui ne comportait qu’un ramassis de débiles profonds, incapables de se contrôler pour un simple évènement sportif. C’est bon quoi. Leurs vies n’étaient pas en jeu et même si c’est le cas, qui s’en inquièterait ? Les quelques curieux de nature addicts d’effusions de sang ? Pitoyable.

Yu alla chercher ses affaires et ne répondit pas aux questions des autres qui le questionnèrent sur l’endroit où il se rendait. Une urgence. Voilà son excuse. Une excuse qui ne passerait pas auprès de ses enseignants, mais il s’en foutait comme de Merlin l’enchanteur. Il savait qu’il n’était pas fait pour l’école, autant abandonner ses études tout de suite et supplier un club de le prendre pour courir. Il avait 17 ans, ne pouvait-il pas arrêter les cours ? Hum… Question qu’il poserait à son oncle, dès son retour.

Il ferma ses sens en quittant l’académie pour ne pas avoir à supporter la vue horripilante de ces fichus tracts. La journée qui suivit fut bien pire. Et ouais, nous y sommes. Le jour de la fameuse démonstration. A cause de ces imbéciles, il avait raté l’entraînement de la veille et il comptait bien se venger. Une des raisons pour lesquelles il s’y trouvait. L’autre vous la connaissez. Une fois qu’il aura découvert le pauvre type qui se payait sa tête depuis 36 heures environ, il le butterait sur place, lui arracherait les petits doigts de pied, l’un après l’autre avec un cutter. Mais que tout ceci reste entre nous. Yu arriva un peu après l’ouverture des festivités. Oh il n’avait probablement rien raté, n’est-ce pas ? Tout ce qu’il voyait c’était des gars en train de s’affronter à coup d’épées, de fleurets ou de sabre. Le reste, il ne connaissait pas. Il ne s’intéressait pas trop aux autres sports que l’athlétisme et le kendo. Remarquez, l’escrime n’était pas bien différent. Plus de risques seulement. Une personne en particulier attira son attention. Un certain Lucas ou Lukas – il n’est pas sensé savoir comment ça s’écrit et il avait d’ailleurs un peu de mal à le répéter dans sa tête car il y avait très peu de chance que ce garçon soit japonais.

Yu joua des coudes et se fraya un chemin parmi la foule pour en savoir plus sur le dénommé Lucas. Il était grand, pratiquement de sa taille, pas spécialement musclé. Comme il portait des protections, il lui était difficile de savoir de quelle couleur étaient ses cheveux, et la rapidité de ses mouvements ne lui permettait pas non plus de connaitre l’aspect de son visage. Mais il était rapide. Ses gestes adroits et vifs témoignaient d’une grande expérience. Bon… Il serait plus difficile de lui éclater les dents avec une telle endurance. Et il était hors de question de l’affronter sur son propre terrain. Il y laisserait des plumes à coup sûr. Il préféra battre en retraite et se mettre en quête d’une cible plus accessible.

Il fouina un peu partout, en vain. En revenant sur ses pas, il bouscula un gars qui lui adressa des mots qu’il n’entendit même pas. Il continua son chemin comme de rien, plus préoccupé par sa mission que de chercher des noises aux autres. Il s’arrêta pour boire un verre d’eau à un stand et repartit vers le terrain. Finalement, il irait voir ce mec, même si ça signifiait sa propre mort. Attendez, il devait y avoir erreur. Ce gars ne pouvait pas être celui de tout à l’heure. Maintenant qu’il voyait enfin son visage, il ne pouvait qu’être en admiration devant tant de beauté. Ca lui arrivait de tomber sous le charme d’un inconnu, mais pas d’un escrimeur qui lançait des défis à qui voulait les relever. Yu était un adepte des défis en tout genre, mais là…

Ses yeux se posèrent sur ses épaules fines et ses cheveux blancs….Blancs… Chut… Ne dis rien, si ça se trouve il est malade et demain tu apprendras sa mort. Il fit quelques pas en avant et se planta devant le garçon blond, sans sourire.

- Y a un truc que je voudrais savoir. C’est toi l’abruti qui a fait coller et distribuer des putains de prospectus partout ? Tu sais que j’en ai retrouvé une vingtaine ce matin dans mon casier ? Tu trouves ça drôle de faire chier les gens comme ça ?

Wahou ça fait du bien ! Ouf ! Il pouvait respirer librement et… Se rendre compte du grand silence de mort qui régnait parmi l’assistance. Toute activité avait cessé et c’est là qu’on se sent vraiment, mais alors vraiment très, très, trop stupide. Pour rattraper le coup, il ajouta en serrant les dents, comme si la scène précédente n’avait jamais eu lieu :

- Mais bien sûr que je veux tenter ma chance. Donne-moi un sabre.

Invité

Satisfait de trouver enfin quelqu'un qui osait relever son défi, Lukas ne se gêna pas pour inspecter le nouveau venu. Ce dernier s'était détaché des spectateurs, sûr de lui. Il avait des yeux aussi sombres que ses cheveux et une peau perlée très blanche. Grand, musclé, on devinait qu'il entretenait régulièrement son corps d'athlète. D'un point de vue masculin, il était beau et aurait pu être un Populaire du lycée. Mais il y avait un détail qui bien sûr, l'empêchait de l'être. Il ne fallut guère longtemps au jeune homme pour le remarquer. Le garçon brun qui lui faisait face avait un air farouche très prononcé qui déconseillait à quiconque de s'approcher trop près. Le message était clair, et il était du genre "ne m'approchez pas, je mords". Ses yeux semblaient lancer des éclairs en direction de l'anglais, comme s'il avait s'agit d'un paratonnerre. Pourquoi tant de mépris ? Il n'en saisissait pas la cause. Pourtant, c'était bien la première fois qu'il croisait le chemin de cet inconnu. Calme comme à son habitude, il attendit patiemment que le lycéen daigne prendre la parole, ce qu'il fit sans hésiter. De sa bouche s'échappait un venin ponctué de paroles acerbes et sans fondement. Une attaque verbale qui n'avait pas vraiment lieu d'être en réalité. Néanmoins, ce qui choqua le plus Lukas, ce fut la vulgarité de ses propos. Les mots comme "abruti", "putain" et autres insultes ne faisant pas parti de son vocabulaire, leur sonorité agressa son oreille plus que leur sens premier. Un aristocrate de son rang ne permettait pas qu'on s'adresse à lui de la sorte. Pourtant, comme preuve de son agacement, il se contenta de froncer légèrement les sourcils, peu enclin à accepter de se faire agresser de la sorte. De plus, l'inconnu se trompait sur toute la ligne. Son interlocuteur était le seul à avoir refusé de distribuer ces prospectus tel un vulgaire facteur. Malgré les menaces de mademoiselle Castelville, il ne s'était pas attelé à la tâche, laissant ses admiratrices faire le travail pour lui. Car en effet, la plupart des étudiantes s'étaient chargées de répandre la nouvelle en souhaitant que le Prince soit le centre d'attention de l'événement sportif. Cependant, celui-ci ne voyait pas l'intérêt de le faire savoir. Alors, s'il n'était là que pour cela, il pouvait passer son chemin sur-le-champ.

Or, il ne le fit pas, et un silence de plomb s'installa dans la salle bondée. Apparemment, l'adolescent avait parlé assez fort pour être entendu par la quasi-totalité des personnes présentes cet après-midi. Quel traître, cet écho. Il fallait l'avouer, la situation était assez cocasse. L'escrimeur n'avait même plus besoin de répondre à la provocation qui avait perdu beaucoup d'impact à l'instant même où tous les spectateurs s'étaient tournés vers cette scène étrange. L'attention était rivée vers le fond de la salle et toutes les autres animations s'étaient momentanément stoppées. On attendit deux secondes, puis trois, avant de reprendre l'activité précédente, comme si de rien n'était. Seuls ceux proches des combats confirmés continuaient de fixer l'un après l'autre les deux antagonistes. Petit à petit, des murmures s'élevèrent près de Lukas qui leur apporta une brève attention. Toutefois, un nom quelque peu familier parvint à ses oreilles. Yu Matsuda. Cela lui disait vaguement quelque chose. Reportant son attention sur le garçon aux cheveux noirs, il comprit que c'était lui. A partir de là, il rassembla les maigres informations qu'on lui avait transmises à propos de cette personne. Etudiant de dix-sept ans, vice capitaine du club d'athlétisme. Quelques fans féminins dont il n'a sûrement pas conscience, ou presque. Connu pour son antipathie ainsi que son caractère froid et distant : un adolescent assez surprenant en somme. Maintenant qu'il y réfléchissait, l'anglais se souvenait aussi avoir entendu quelque chose sur lui lors de la distribution des tracts en question. Une histoire avec un bentô si sa mémoire était bonne. Enfin là n'était pas le plus important. Pour l'instant, il avait un adversaire assez énervé devant les yeux et qu'il fallait calmer. Néanmoins, l'envie l'en manquait. Ce garçon était bien trop désagréable à son goût, et il aurait préféré l'ignorer. Mieux valait donc ne pas ouvrir la bouche pour que la tournure des événements ne dévire pas sur un combat verbal. Le mutisme allait peut-être le faire déguerpir. Eh bien non, même cette technique ne porta pas ses fruits car après que la soudaine déclaration haineuse ne soit devenu qu’un souvenir, Yu s’avança à nouveau.

Pour seule réponse, le jeune comte se laissa échapper un soupir de mépris. Engager un duel n'allait pas rattraper son intervention ratée, au contraire. S’il comptait remporter la victoire, il devrait se montrer plus convaincant. De plus, cette activité était réservée aux personnes ayant des antécédents d'escrimeur ou quelque chose y ressemblant. L'athlétisme n'allait pas lui permettre de gagner, loin de là. Abandonner cette idée farfelue était la solution la plus sûre pour le dénommé Matsuda. Après tout, Lukas ne tenait pas plus que cela à envoyer ses antagonistes à l'infirmerie. Si les événements ne l'en avaient empêché, il ne se serait pas gêné pour le faire remarquer. Malheureusement, en voyant son air désabusé, la capitaine de son club s'était avancée près des barrières délimitant son espace. Décidément, elle l'observait sans relâche... Le nez plissé et le regard noir, elle se pencha vers lui et lui ordonna de s'approcher. Agacé, l'escrimeur s'exécuta tout de même. Toujours son casque sous le bras et son sabre dans la main, il s'avança vers la demoiselle aux cheveux roses. Celle-ci, sans prévenir, l'agrippa par le poignet afin qu'ils soient seulement à quelques centimètres l'un de l'autre. N'appréciant pas ce geste grossier, l'étudiant se recula en se dégageant de cette étreinte inattendue.

- Toi je te connais maintenant... Tu n'as pas intérêt à refuser ce duel, déclara-t-elle, menaçante. On pourrait le recruter dans notre club donc je t'interdis de dire non.
- Entendu, mais je ne me retiendrai pas pour lui, rétorqua le jeune homme avec froideur. Demande à l'infirmière de venir.
- ... Je m'en fiche, du moment que tu nous fais une belle performance. Allez, bouge !

S'éloignant à grands pas, mademoiselle Castelville retourna à ses occupations, donnant la liberté à Lukas d'engager le combat. Ce dernier s'écarta de la barrière et rejoignit l'entrée de son activité. Une fois à proximité de Yu, il s'immobilisa et le fixa droit dans les yeux, impassible. Sans un mot, il se dirigea ensuite vers la caisse où on avait entreposé l’équipement pour les participants. Fouillant rapidement à l’intérieur, il en sortit un casque identique au sien ainsi qu’un plastron qui amortirait les éventuels coups au torse. Bien que le nouveau concurrent n’ait exigé qu’une arme, l’anglais se devait de lui fournir les protections qui allaient avec. Dans cette activité, les accidents étaient bien plus probables que dans la leçon pour débutants. Résultats : il fallait mettre en place des règles de sécurité convenables. Posant ses propres affaires à côté de la caisse, l’escrimeur attrapa un sabre à la poignée noire très simple. Ce n’était pas une arme magnifique, mais elle ferrait l’affaire. Elle était robuste et d’une qualité suffisante pour un duel tel que celui-ci. Prenant la lame entre ses mains, le comte la lança à son nouvel opposant, pommeau en avant. Puis, s’approchant lentement de Yu, il vint lui donner les protections. Une fois proche de lui, il s’aperçut qu’ils faisaient à peu près la même taille à un centimètre près environ. Si on les avait comparé, on aurait tout de fois remarqué qu’ils ne se ressemblaient en rien. D’un côté, on avait le brun ténébreux, et de l’autre le jeune homme aux cheveux blancs de neige et aux yeux bleus cendrés ; ils s'opposaient littéralement, comme deux pôles d'un aimant. Finalement, le duel allait peut-être s’avérer intéressant. Posant le plastron contre le torse du coureur, l’aristocrate ne se montra pas véritablement délicat. Et pour couronner le tout, il poussa brusquement le casque dans le ventre de son opposant. Aucun spectateur aux alentours ne remarqua son geste quelque peu violent qui passa donc inaperçu, sauf aux yeux de Yu. Au moins, il était désormais prévenu : l'adolescent n’allait pas se montrer tendre avec lui. Il comptait bien lui rendre la monnaie de sa pièce après ce qu'il avait dit plus tôt. Personne ne pouvait s'adresser à Lukas Birtwistle de la sorte sans en subir les conséquences.

- J’espère pour toi que tu sais te battre, commenta-t-il en affichant soudain un sourire à la fois amusé et redoutable.

Ne souhaitant pas ajouter quoi que ce soit d'autre, le jeune homme tourna les talons. Reprenant son casque et son sabre au passage, il pénétra à nouveau sur le terrain aménagé. Il se positionna dans le fond avant de faire signe à son adversaire de rentrer à son tour. A première vue, ce combat avait attiré l'attention des visiteurs qui affluaient dans leur direction. Le groupe de filles hystériques s'était choisi une place de choix pour observer toute la scène, les yeux écarquillés. Toutefois, la tension palpable entre les deux antagonistes était telle qu'elles avaient l'air de s'être calmées par rapport à tout à l'heure. Ainsi, même si elles encourageaient leur champion, elles n'hurlaient plus comme précédemment. Il y avait donc un point positif à cette rencontre. Mettant sa protection, l'escrimeur empoigna correctement son arme en attendant que son opposant soit fin prêt. Lorsque ce fut enfin le cas, le silence s'abattit à nouveau autour du terrain. Chacun retenait son souffle, captivé par le duel qui n'allait pas tarder à commencer. Bien qu'être le centre d'attention fatiguait Lukas, il ne le fit pas savoir, trop occupé à scruter le visage, à présent caché par le casque, de Yu. A la manière de se tenir de l'athlète, il devina que ce n'était pas la première fois qu'il tenait une arme. Très bien. Cela allait pimenter un peu le duel qui n'allait, apparemment, pas être aussi facile que les derniers. Tout ce que demandait le jeune comte à son adversaire, c'était de ne pas perdre dès les premiers coups. En était-il capable ?

- Tu es prêt ? Demanda-t-il, s'assurant que tout était bon. Dans ce cas, en garde !

La phrase habituelle en escrime, mais obligatoire. Finalement, le jeune homme ne lui avait pas laissé le loisir de répondre à sa question. Vu qu'ils ne disposaient pas d'arbitres, il s'était même autorisé à engager les hostilités. Comme il se trouvait à quelques mètres de son antagoniste, il s'élança avec rapidité pour combler la distance qui les séparait. En à peine quelques secondes, il fondit sur Yu et débuta officiellement le combat. Tout d'abord, il commença par une feinte simple au niveau de sa hanche pour tester l'habileté de son adversaire. Toutefois, la dernière seconde, il dévia sa lame pour essayer de le frapper au torse.

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Lorsque Yu sentit le regard du dénommé Lukas le juger de la tête aux pieds, son visage adopta une expression plus agressive, sauvage. Il ne supportait pas qu’on le fixe de cette manière. Une autre bonne raison pour en avoir après ce gars. Apparemment, ça ne lui suffisait pas de gâcher ses seuls instants de détente avec des bêtises et d’avoir accessoirement attiré l’attention de toute l’académie ? Bon Dieu, il avait horreur de ce genre de personnage. Lukas et lui n’étaient pas faits pour s’entendre. A la rigueur, c’était mieux ainsi, car le blond représentait un rival potentiel, quand bien même ils ne jouaient pas dans la même catégorie, le sport reste le sport. Bien heureusement, il avait évité le pire. Imaginez un peu que ce type soit un gros nerveux. Après les paroles impitoyables de Yu, il aurait levé son arme contre lui et il n’aurait rien pu faire pour l’éviter. Sans doute aurait-il perdu l’usage d’un bras, d’une jambe ou d’un œil. Mais il s’était mis tout seul dans une belle merde, ah ça oui. On ne demande pas à un chanteur d’opéra d’interpréter du rap ! Comment allait-il se sortir de ce foutoir ? A priori, il n’existait qu’un unique échappatoire. Affronter ou être sujet aux moqueries de ses camarades jusqu’à la fin de sa scolarité. L’enjeu était énorme, non pas seulement pour lui. Il engageait la réputation de tout le club d’athlétisme dans ce duel. Il est clair que personne ne voudrait faire partie d’un club de lâches. Ayons l’esprit sportif. De toutes les façons, Lukas n’allait pas se donner à fond pour un combat dont on connaissait déjà l’issue. Oh non, Yu ne s’avouait pas vaincu, il ferait tout son possible pour lui tenir tête, mais de là à affirmer haut et fort qu’il serait le gagnant. Et puis, le but de cette réunion inutile était bien de démontrer la valeur du club d’escrime. Ils n’étaient pas dans le couloir d’une piste d’athlétisme, mais dans un gymnase, sur un terrain d’escrime. Au pire, s’il se faisait ratatiné, il aurait toujours cette excuse. D’un certain côté, il fut surprit de ne pas obtenir de réponse. Ce type devait se dire qu’il ne méritait tout bonnement pas de réponse. Yu ne connaissait rien sur Lukas, il venait tout juste d’apprendre son prénom, vous imaginez bien qu’il connaissait encore moins ses réactions.

Hautain, présomptueux. C’est tout ce dont à quoi il inspirait du point de vue du brun. Les yeux se déplaçaient de l’un à l’autre et le silence qui pesait maintenant depuis quelques minutes le rendait nerveux. Pas en apparence. Son air sauvage, ses yeux durs, toujours omniprésent. Que ne donnerait-il pas pour être au club en train de courir ou chez lui à regarder un vieux film à la télé ! Mais non, il était là à jouer les troubles faits. Sérieusement, pourquoi ? Bah parce qu’il adorait ça ! Des murmures intelligibles lui parvinrent de tous les côtés, ces bonnes gens connaissaient au moins son identité. Pas de raison de s’en réjouir ! Tu verras quand ils iront rapporter ta pitoyable prestation ! Tu regretteras à tout jamais de t’appeler Yu Matsuda. Quoique… Oui quoique. Il ne pouvait pas compter sur le soutient de ses admirateurs, étant donné qu’il n’en avait pas ! Ou du moins, il ne les avait jamais remarqué. Il était seul dans la bataille. Eternellement prédestiné à se faire tuer, haïr ou révérer. Rien d’autre. Jamais. On s’y fait à la longue. Ce ne serait pas différent avec Sire Birtwistle. Tout de même… Son club devait tenir une place importante dans son cœur pour entretenir cette relation là avec les autres… Admirateurs, simples visiteurs, amis, connaissances, groupies, tous ces gens présents l’acclamaient depuis le commencement de l’animation. Peut-être éprouvait-il une parcelle de jalousie, vraiment une parcelle minuscule. Oui, après tout. Pourquoi pas. Ca pouvait être amusant. Mais d’une manière beaucoup moins dérangeante. S’il devait faire la promo du club, il n’irait pas jusqu’au harcèlement, toutefois, on ne pouvait nier que cette méthode avait portée ses fruits.

D’accord, d’accord ! Lukas Birtwistle et ses acolytes en avaient dans le cerveau. Ses prunelles abandonnèrent sa cible pour se poser sur une autre personne, qui convia le blondinet à la rejoindre. Il n’écouta rien de ce qui se disait, il souhaitait seulement qu’on mette fin à cette histoire au plus vite. Oh, il semblait autant que lui apprécier les contacts physiques. Pourtant, cette personne paraissait assez bien le connaître. On chuchota quelques mots près de lui, il cru percevoir un « Tu n’as aucune chance. Pars en courant avant qu’il ne te découpe en rondelles ». L’auteur de ce commentaire s’évanouit dans la nature. Etrangement, il lui semblait que les mots avaient raisonnés à l’intérieur de sa tête et non en dehors… Hum, contrecoup de la pression trop forte, sans doute. Car il prendrait les armes sous la bannière d’un surdoué en sprint ! Faisons honneur à nos couleurs ! Lukas alla chercher des protections et un sabre vulgaire, dans une cage toute aussi sommaire, mais bon, tais toi.

L’autre ne se gêna pas pour lui faire comprendre qu’il n’aurait le droit à aucun traitement de faveur. A son geste brusque, Yu se plia en deux et eut du mal à respirer durant quelques instants. Là, il l’avait vraiment poussé au bout du bout. Qu’il ait dix ou vingt ans de pratique, il n’en avait plus rien à s’couer. Lukas Birtwistle, tu vas mordre la poussière. Ah il espérait qu’il sache se battre ? Mais tu vas voir, tu vas voir ! On ne traite pas un adversaire de la sorte, et surtout pas Yu Matsuda. La guerre est déclarée. Contrôlant son excès de vengeance, l’athlète laissa son concurrent se pavaner à l’autre bout du terrain et enfila rapidement le peu de matériel qu’on lui accordait. Il inspira à fond, gonfla le torse et alla se placer face à Lukas. Quelle position adopter, il n’en avait aucune idée et comme personne ne daignait lui donner quelques explications ou des consignes de bonne conduite, il ferait au pif. Au pif oui… Parce qu’avec ce formidable casque de mes deux, il ne voyait pratiquement rien ! Prenant son sabre à deux mains, il le tendit le bout de lame au niveau de son front et adopta la position que son père lui avait apprit quand il pratiquait le kendo. Non, il ne tenait pas une arme pour la première fois et tout son corps vibrait alors qu’il prenait conscience que le kendo lui avait apporté toute la force qu’il possédait à ce jour. Il ferma les yeux, inspira une nouvelle fois. Dès qu'ils eurent retrouvé la lumière, Lukas était sur lui.

Mais Yu était rapide. Très rapide. Une vitesse qu’il tenait de ses nombreux challenges et des entraînements rigoureux qu’il faisait subir à ses muscles. L’esquive fut brève, mais juste. Le sabre lui érafla à peine le bras. Il pivota sur le côté en un demi-cercle de haut niveau, s’écartant de quelques mètres, il reprit sa position initiale.

- C’est tout ce que t’as dans le ventre ? Rassures-moi là, t’es pas à fond ?

Yu recula encore de deux pas avant d’attaquer en lançant un cri de guerre. Il abattit sa lame vers le visage de Lukas, en supposant qu’il éviterait facilement son coup, il tendit la jambe gauche en avant et leva le pied à mi hauteur de l’abdomen.

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Fidèle aux attentes de son adversaire, Yu parvint à esquiver la première attaque, n'était pas même déstabilisé par la feinte, sommaire soit-elle. Au moins, il avait passé le test haut la main, c'était un bon début. Toutefois, Lukas était loin d'user de ses capacités durement acquises au fil des années. N'importe quel imbécile avec un peu d'expérience et de réflexes aurait pu en faire de même. Cela ne relevait pas de l'art, juste d'une sorte d'instinct propre à tout être humain. Du moins, c'était comme cela qu'il voyait les choses pour le moment. C'est pourquoi il restait sceptique, préférant attendre la suite du combat pour pouvoir se faire une idée sur le niveau de son opposant. Ce dernier ayant effectué un demi-cercle parfait, le jeune homme se retrouva, l'espace d'une seconde, défavorisé. L'athlète s'était glissé dans son dos et il aurait très bien pu l'attaquer s'il l'avait désiré. Bien entendu, n'étant pas un débutant, l'anglais aurait réagit aussitôt pour ne pas lui laisser cette chance. Or, il ne le fit pas. Restant quelques secondes dans cette position, il en profita pour analyser rapidement ce qu'il venait de voir. Sa lame avait tranché le vent, frôlant à peine le bras de sa cible alors qu'il avait visé l'abdomen. Cela prouvait une grande vivacité chez Yu. En même temps, ce n'était pas étonnant. Aux yeux du comte, l'adolescent avait un tempérament explosif. Sa manière grossière de s'exprimer précédemment montrait qu'il se fichait bien du regard des autres. Acariâtre, mal aimable, désagréable... Un personnage étonnant en soit. Radicalement contraire à lui qui était calme, gentleman et, même si indifférent malgré les apparences, très apprécié. A peine venaient-ils de se rencontrer qu'il était aisé de comprendre jusqu'à quel point ils ne pourraient jamais s'entendre. Le peu qu'il en avait vu lui suffisait amplement pour éluder de telles déductions. Si les jumeaux astraux existaient bien Lukas avait, à l'inverse, découvert son antonyme par excellence aujourd'hui. Et de surcroît, ce dernier s'avérait d'origine japonaise ! Tout pour plaire. Le hasard faisait si bien les choses.

Une fois de plus, Yu vint à provoquer l'escrimeur, qui ne daigna pas même lui répondre. Blasé, voilà le mot qui le décrivait le mieux à l'instant. Cette fois, il mettait en doute ses talents, ce qui était assez osé. Pour seule réponse, le jeune homme eût droit à un haussement d'épaules à peine perceptible. Pivotant sur ses talons, l'héritier observa son adversaire qui avait reprit la même attitude qu'au début de leur duel. Manque d'imagination peut-être ? Lame abaissée, le dos droit, il garda cette position un moment, le temps que le sprinteur avait finit sa courte réplique. S'il voulait être rassuré, il allait l'être tout de suite ! Il aurait fallu le préciser dès le départ s'il souhaitait un combat vraiment sérieux. Apparemment, la menace émise par le comte n'avait servit à rien, au contraire. Cela semblait avoir attisé chez Matsuda un certain élan de contrariété qui le poussait à bout. Il comptait sûrement lui faire regretter ses paroles amères. Eh bien, quel étrange retournement de situation. Un sourire amusé naquit sur les lèvres de Lukas, ce qui ne se remarqua pas à cause de son casque. La grille noire dissimulait chacune de ses émotions, ce qui n'était pas plus mal. Son expression esclaffée aurait déplu à son antagoniste qui, lui, souhaitait probablement une réaction plus violente. Cependant, ce fut le public qui se chargea de répondre à Yu, en particulier le groupe de filles collées à la rambarde. Les "laisse tomber Matsuda" ainsi que les "prétentieux" fusaient tout autour du terrain. Tout simplement ridicule. Il était sidérant de constater à quel point les personnes présentes encourageaient le vice-président. Jamais l'anglais n'en avait demandé autant. Il s'en serait même bien passé. Feignant de ne rien entendre, il reporta son attention sur son adversaire, et ce fut d'ailleurs juste à temps. Profitant du mécontentement du public qui avait distrait le comte, Yu s'élança vers lui en hurlant un cri de guerre, tel un guerrier samouraï. Alors là, ce fut la goutte de trop. Entre une réplique d'escrime et un cri qui ne voulait absolument rien dire, il y avait une trop grande différence. L'espace d'une seconde, Lukas ne savait pas ce qui était le plus grotesque entre ça et les protestations des spectateurs. Les deux cas atteignaient, selon lui, un degré de bêtise assez équivalent. Il espérait donc que ce n'était là qu'une plaisanterie de mauvais goût. De très mauvais goût...

Ainsi, très peu impressionné par cette démonstration, l'étudiant étranger leva légèrement son sabre afin de se préparer au choc qui allait suivre. L'athlète faisait preuve de rapidité dans ses mouvements, il devait l'admettre. Finalement, il avait peut-être sa place sur ce terrain. Peut-être. D'un même geste, il vint abattre son arme en direction du casque de son opposant et visa aussi ses côtes. Il fallait réagir, déceler une faille dans cette parade, et vite. Vif comme l'éclair, l'héritier trouva un moyen de s'en sortir sans souci. C'était dans ce genre de moment qu'il appréciait sa souplesse. Car simultanément à l'attaque qu'on lui portait, il se contorsionna en plaçant épée sur le côté. Enlevant rapidement sa main droite, il opposa le sabre de Yu à son pommeau qui parvint à bloquer la fine lame malgré la force qu'il avait placée dans ce coup. Quant au reste de l'arme, incliné à plat, il rencontra la jambe étendue, prête à le frapper. Le bout étant pincé entre ses deux doigts gantés, le sabre était parfaitement immobile et tentait de repousser l'assaillant. Vu de l'extérieur, cela devait être quelque peu impressionnant. Il s'agissait là d'un coup de maître, assurément. Et bien que la position soit extrêmement inconfortable, Lukas la garda pendant quelques temps sans cesser de forcer pour éloigner son opposant. Tous les deux appuyaient énormément pour essayer de faire flancher l'autre, sans franc succès. Derrière les barrières, on perçut les cris d'exaltation. La foule en délire, les acclamations bruyantes… On aurait cru assister à un tournoi de haut niveau. Au passage, cela attira l'attention des autres visiteurs qui se posaient des questions à propos de toute cette agitation. Que la curiosité pouvait être un vilain défaut.

- Satisfait ? Questionna le jeune homme à l'intention de son antagoniste. Si tu voulais que je sois vraiment sérieux, il fallait le préciser. J'ai cru t'avoir effrayé tout à l'heure.

Faux. Il savait pertinemment que c'était sa réplique qui avait éveillé cette animosité chez Yu à son égard. Toutefois, c'était tellement amusant à observer d'aussi près. L'occasion avait été trop belle. L'adolescent se doutait bien que le fait d'avoir été contré devait déjà bien assez agacer le coureur. Qu'il ose alors lui faire pareille remarque à cet instant précis n'allait pas le combler. Et même s'il n'arrivait pas à en cerner la raison, Lukas était sûr d'une chose : voir l'étincelle de rage dans les yeux sombres de son opposant lui faisait un bien fou. L'imaginer derrière le masque lui permit de s'en réjouir encore plus. Un courant d'adrénaline le parcourût subitement, ce qu'il n'avait pas ressentit depuis le début de l'après-midi. Oui, il avait maintenant une envie soudaine de combattre son adversaire jusqu'à ce qu'il se retrouve à terre, sans aucune chance de se relever. C'était plus fort que lui, un besoin irrésistible qu'il devait assouvir pour sa satisfaction personnelle. Les encouragements du public n'y étaient pour rien ; il se fichait éperdument de leur contentement. Matsuda désirait jouer dans la cour des grands ; il allait le regretter amèrement. De ses propres mains, l'anglais comptait bien l'écraser à plates coutures. Mais qu'avait-on donc éveillé en lui ? Il n'était pas nécessaire de comprendre. Tout ce qui importait était ce combat, et rien d'autre. Soupirant faiblement, il leva son visage masqué, dardant sur son antagoniste un regard arrogant de véritable Prince. D’un seul coup, il poussa sur son arme et se créa un petit passage qu’il emprunta sous le bras de Yu. Inclinant tout son corps sur le côté, il obligea son adversaire à se pencher pour qu’ils soient enfin débarrassés l’un de l’autre. Une fois son arme libre, l’aristocrate se redressa et attaqua sur-le-champ d’une estoc. Avançant par petits pas, il contraignit son opposant à suivre ses mouvements qui s’enchaînaient de plus en plus vite. Le rythme s’accélérait, sans pourtant servir à quelque chose. Comme il l’avait deviné au tout début, l’athlète s’avéra assez expérimenté pour suivre la cadence. Qu'à cela ne tienne, il existait bien d'autres manières pour le déstabiliser. Au bout d’une dizaine de ces attaques courtes et vives, ils se retrouvèrent presque collés à la barrière, ce qui provoqua un écart soudain des spectateurs en masse, ce qui leur donnait des allures de vague humaine. Ils accompagnaient les agitations des antagonistes sans pour autant les quitter des yeux, fascinés.

- Allez Lukas, donne lui la raclée du siècle, criait-on à son oreille gauche. On est avec toi !
- Montre nous de quoi tu es capable, ajouta une voix féminine à l’autre bout du terrain qui fut accompagnée par d’autres. On t’adore !
- Ne te décourage pas Matsuda !

Silence. Eh oui, il en fallait bien pour tout le monde. Pourtant, l’admirateur anonyme de l’athlète ne parût pas vouloir se prononcer plus longtemps quand plus d’une vingtaine de têtes se tournèrent vers lui. Avait-il quitté la salle, embarrassé ? En tout cas, après cette intervention très mal accueillie, on entendit plus rien de tel dans la salle d’arme. Comme quoi, le combat ne se faisait pas qu’à l’intérieur du terrain, mais aussi à l’extérieur, parmi la foule de lycéens un peu trop surexcités aux yeux du comte. Ce dernier, toujours aussi subjugué par ce qu’il faisait, finit par stopper sa série d’estocs. Néanmoins, il ne permit pas non plus à Yu de se reposer. Immédiatement après, il provoqua un battement, faisant ainsi s’entrechoquer les deux lames. Pendant quelques secondes, il garda la position puis, aussi rapidement que possible, enchaîna sur une flanconade, une botte de quarte forcée qu'on porte dans le flanc de son adversaire. Cette fois, il était sérieux et n'y allait pas de main morte. Le sprinteur avait enfin ce qu'il avait réclamé.

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Avec tout ce bruit, Yu était incapable de se concentrer. Il savait pourtant qu’il serait impossible de rivaliser avec un gars du niveau de Lukas, mais qui ne tente rien n’a rien. Que valait Lukas au combat ? Ces capacités méritaient-elles un éloge si poussé ? Pourquoi faisait-il de l’escrime et dans quel but ? Pratiquait-il depuis l’enfance ? Avec autant d’admiratrice, avait-il au moins une copine ? Tant de questions se bousculaient dans sa tête, la dernière, bien moins utile que les autres, mais il lui arrivait de s’intéresser à autre chose qu’à la détermination et les penchants sportifs de ses adversaires. Il est vrai que ce sale prétentieux et lui n’avaient en commun que leur passion pour le sport, autrement, tous les opposaient. Physiquement et leurs caractères ne semblaient pas non plus être en parfait accord, loin de là. Lukas attirait les foules, Yu les repoussaient, volontairement ou involontairement, il les repoussait. Probablement par égoïsme ou par peur. Il se braquait, se montrait méchant pour ne pas être approché, rester inaccessible. Lukas n’avait pas la même attitude. Il était peut-être hautain, les gens venaient automatiquement à lui, il acceptait n’importe qui, ne jugeait pas au premier abord. Si ça avait été le cas, ce duel n’aurait jamais eu lieu. Il lui laissait la chance de se faire ridiculiser, ou bien il espérait juste renforcer sa popularité. Qui sait ? Il avait raté son premier coup, mais le troisième année était certain qu’il ne se donnait pas à fond. Ce serait certainement la dernière fois qu’il manquerait sa cible. Le japonais n’avait plus qu’à prier pour ne pas finir dans un lit d’hôpital avec une jambe en moins. Il avait de très mauvais souvenirs de ses entraînements au kendo. Pourtant, il figurait parmi les multiples sports peu dangereux pour leurs pratiquants.

Les deux premières années au dojo avaient laissées des marques profondes. Il ne pensait plus tenir de nouveau une épée ou un sabre entre ses mains. Une sensation très étrange, nostalgique lui paralysa les membres. Alors qu’il venait juste d’attaquer Lukas, ce dernier le repoussa avec une dextérité digne d’un grand maître. L’adolescent aux cheveux noirs était lui-même très surprit de la parade qu’avait employé l’escrimeur pour le déstabiliser. Il le fut l’espace d’une courte minute, le temps de reprendre ses appuis, il parvint à garder l’équilibre sur ses deux pieds et l’arme de Lukas réussit à le faire reculer de plusieurs mètres, leurs lames toujours enliassées. Tous ces cris lui donnaient un mal de crâne horrible. Ses lèvres se fendirent en une grimace de dégoût et s’accentua avec les paroles de Lukas. Il aurait du savoir qu’un athlète comme Yu ne s’avoue jamais vaincu à cause de petits mots ou gestes décourageants. Il ne perdrait pas la face devant tant de monde, il ne laisserait pas Lukas avoir toute la gloire et lui les restes à jeter. Il avait beau entendre autour de lui qu’il ne gagnerait pas, que c’était perdu d’avance, que Lukas était le meilleur et lui un idiot qui aurait du rester à sa place, il se battrait jusqu’à son dernier souffle, jusqu’à ce que la sueur de son front atteigne son apogée. Une nouvelle attaque. Pas le temps de répondre. Un rythme infernal, Yu voyait le sabre de Lukas se rapprocher un peu plus de sa cible au fur et à mesure qu’il l’abattait sur le sien. Les chocs s’enchaînaient de plus en plus vite. Ou puisait-il toute cette force ?

Il glissa un regard vers les spectateurs. Ce fut son erreur. Une erreur qui le mena à la fin du round. Son dos buta violemment contre la barrière, lui coupant le souffle. La tête lui tournait, une voix lui cria de ne pas se décourager. L’instant qui suivit, le bout du sabre adverse atteignit la combinaison à la hanche. Le jeu est fini. Yu laissa tomber son arme et leva les deux mains en signe de défaite.

-Ok, ok, tu es fort dans ta discipline, je le reconnais. Je crois que j’ai eu mon compte pour cette fois.

Oui, mieux vaut partir la tête haute, plutôt que de se lancer dans une série de mauvaises excuses pitoyables. Et puis, il fallait être honnête. Lukas était un grand escrimeur et avait autant de valeur qu’un Yu sur un terrain d’athlétisme. Il se sépara de son casque et du reste de l’équipement avec un soupir de soulagement. Il salua son adversaire en s’inclinant avec respect et ramassa son sabre pour aller le poser plus loin avant de quitter le terrain. Le public, très fair play, applaudit les deux sportifs. Toutefois, Yu décelait encore une majorité préférentielle envers son compagnon. Enfin, peu importe. Il devait avoir déçu Lukas. Il ne risquait pas de vouloir de lui dans son club. Avant de s’en aller, il jugea bon d’adresser quelques mots au blond, pour lui faire comprendre qu’il ne lui tenait pas rigueur de sa défaite.

- Un jour, il faudra que tu m’affrontes sur mon terrain. Ca pourrait être amusant.

Il le gratifia en plus d’un sourire, un vrai de vrai. Gros bêta. Il avait complètement oublié qu’à la base, Lukas était le fauteur de trouble qui avait gâché ses deux derniers jours. Haussement d’épaules. Tant pis. Il avait eut quelque chose à faire de son après-midi. D’un certain point de vue, il avait gagné en expérience. Lukas avait réveillé en lui l'envie de se remettre au kendo. Comme l'avait conseillé Ashley, il pouvait retourner au dojo de son père. Dojo qui avait été laissé à l’abandon depuis très longtemps.
Un petit groupe de garçons se dirigèrent vers lui et il reconnut dans le tas le type qui avait ruiné son déjeuner.

- Beau match ! Tu t’es bien défendu au début, mais bon, Lukas à des années de pratique alors le contraire nous aurait étonné.
- Toi aussi tu es très fort, je t’ai vu courir à de nombreuses reprises, ta vitesse est incroyable !
- Euh… Je m’excuse pour le bento, je t’en ferais un autre si tu veux.
- Ca ira merci…

Quelles déclarations touchantes. Yu riva ses yeux sur Lukas, puis sur sa montre. Le garçon était perdu au centre d’une masse de filles, surement trop occupé pour se rendre compte de son appel à l’aide silencieux. Au bout du compte, il reçut l’aide de la fille qui avait parlé avec Lukas avant que le match ne débute. Elle passa un bras autour de son cou et le tira brutalement à l’écart, manquant de l’étouffer.

- Qu’est-ce que tu veux ? Demanda Yu, l’air méfiant, en se massant la nuque.
- Hé, ne prends pas ce ton là avec moi ! Je ne vais pas te bouffer, ni te faire des reproches. T’es juste assez doué pour me faire penser que tu as déjà tenu une arme.
- Oui, j’ai fait du kendo, mais ça n’a rien à voir avec…

Et voilà qu’elle se mit à crier à travers tout le gymnase, rien que pour lui foutre la honte :

- Je le savais ! Je le savais ! Lukas, viens ici ! Il faut qu’on parle ! MATSUDA !! Où tu comptes aller comme ça, c’est de toi dont il est question !

Elle le rattrapa par le col de sa chemise et le secoua dans tous les sens. Voilà pourquoi il détestait les filles. Et pourquoi il aimait encore moins les sportives. Elle allait lui casser les os à force, et ses tympans ne supporteraient pas bien longtemps cette agression auditive.
Je me répète mais... Au secours !