₪ Académie Keimoo ₪ In a decade, will you be there ? |
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| THUG LIFE [PV Kohaku] | |
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Hisaka Rika ♣ Université - 3ème année
Genre : Age : 28 Adresse : 15 Rue du Tatami, Quartier Hebi 640 Multicompte(s) : Hayden Yoshida
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| Sujet: THUG LIFE [PV Kohaku] Mar 28 Juil 2015 - 23:24 | |
| Je déambule silencieusement dans le hall de l’université où se trouvent les casiers destinés à ranger nos affaires et surtout nos chaussures d’extérieur. Le regard rivé sur la cour que j’observe à travers la porte vitrée qui me fait face, je constate que la vie a repris son cours. Je ne cache pas que je suis plutôt rassuré, ces derniers mois ayant été bien assez agités pour avoir envie de m’embarquer dans une autre histoire farfelue. Un sourire amusé se dessine sur mon visage pâle. D’un autre côté, une partie de moi regrette de ne plus mener une vie exaltante, je ne peux le nier. La prise d’otage dans le centre commercial, le jeu dans lequel Zakuro m’a embarqué, Maku et le serpent échappé du vivarium. On peut dire qu’à côté de tout ça, ce que je vis ces derniers jours me paraissent bien ordinaires. Peut-être un peu trop maintenant que j’y pense. Le sac passé sur l’épaule, la chemise parfaitement boutonnée, le regard vide, aux yeux de tous je ne suis rien d’autre qu’une petite tête brune parmi tant d’autres sur ce campus. Jusqu’à présent, ça a toujours ce à quoi j’aspirais. C’est ça, je vis mon rêve depuis plusieurs jours. Une vie bien calme et sans embrouille.
La fin du mois de Juillet s’accompagne du chant des cigales. Aujourd’hui, le bitume chauffe sous mes pieds, les rayons du soleil donnent des éclats rougeâtres à mes cheveux noirs comme l’ébène, mon cœur défonce ma poitrine. Les mains dans les poches, ma démarche désinvolte au possible, je regarde mes camarades de promotion s’éloigner de plus en plus loin pour rejoindre leur club maintenant que les cours sont finis. Bientôt, leur silhouette ne sera plus qu’un point noir à l’horizon. Pour ma part, je n’ai nulle part où aller. Le départ du capitaine de l’équipe de basket a fait que je ne suis plus obligé de me rendre aux entraînements, et le fiasco du concours d’écriture me fait tellement honte que je n’ose plus vraiment me montrer dans la nouvelle salle du club. Je m’apprête donc à passer une fin de journée ordinaire. Oui, je suis un jeune étudiant normal qui va sagement aller faire ses devoirs, prendre son repas à dix-neuf heures puis veiller deux heures sur l’ordinateur avant d’aller se coucher. Je suis les règles de vie des japonais comme un musicien suivrait sa partition sur le devant de la scène.
------ Dix neuf heures et trente-cinq minutes. C’est le drame. En voulant grignoter, je me suis aperçu que je n’avais plus de pain chez moi. Mes devoirs terminés, je quitte la résidence universitaire pour me rendre sur le parking où je pourrai emprunter un vélo le temps d’aller faire quelques courses, personne ne m’en voudra pour ça, n’est-ce pas ? Alors que je m’approche de ma destination, je ne cache pas ma surprise quand j’entends des bruits forts étranges provenir de …l’endroit où je compte aller. Je n’en tiens pas vraiment rigueur au début et augmente le volume de la musique qui tourne sur mon téléphone. J’enfourche un vélo au hasard, veillant juste à ce qu’il ne soit pas attaché et m’apprête à quitter les lieux, mais ces couinements persistent. Malgré tous mes efforts, le bruit ne cesse pas et je n’arrive pas à me le sortir de la tête. C’est vraiment bizarre, on dirait qu’on découpe quelque chose, ou du moins qu’on plante un objet tranchant dans je ne sais quoi. Ma curiosité l’emporte. Agacé, je finis par enlever mes écouteurs et je descends pour voir d’où vient le bruit.
J’avance à pas de félin vers l’émetteur de la source sonore, ce serait dommage de tomber sur un tueur en série en train de dépiauter les membres de sa victime. Dans cette ville, plus rien ne m’étonne après tout. Il y a des gangs qui organisent des évènements sous le nez des autorités, ce n’est pas un meurtre qui sortirait de l’ordinaire. Je m’arrête quand je sens que je suis assez proche, je retiens mon souffle et me mets sur la pointe des pieds pour découvrir ce qu’il se cache derrière ce vacarme. Quand je découvre la vérité, je ne peux m’empêcher de froncer les sourcils. Non, ce n’est pas un meurtre, mais… Devant moi, il y a une personne aussi rachitique que moi, elle me tourne le dos, je n’arrive pas vraiment à déterminer si c’est un homme ou une femme, mais ça n’a pas vraiment d’importance ici. Sur le parking de l’académie, je suis en train d’observer cet individu en flagrant délit de crevage de pneus. Ne voyant pas d’intérêt à continuer, je décide de rebrousser chemin. Enfin. Ca, c’est ce que j’aurais voulu faire. Coup du destin, fatalité ou appelez ça comme vous voulez, je viens juste de me cogner le genou contre la carrosserie d’une voiture. Il m’a entendu. J’en suis certain.
Quand je me retourne, nos regards se croisent Je souris timidement, et là. Dynamite.
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| | | Kohaku Joshua Mitsumasa ♣ Université - 4ème année
Genre : Age : 30 Adresse : Hiryuu : 05 rue de la Chance, app 32 ou la Chambre 110 de l'université ou chez Zakuro. 665 Multicompte(s) : Lawrence E. Swanster | Populaire
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| Sujet: Re: THUG LIFE [PV Kohaku] Ven 7 Aoû 2015 - 3:38 | |
| TOUGH LIFE. I need you the most.
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Il y avait, selon moi, une analogie à faire entre l’air s’échappant des pneus retenant la carcasse métallique d’un véhicule motorisé et une paire de poumons crevés se vidant à même l’intérieur du corps qu’ils rendaient fonctionnel. Dans les deux cas, l’attirail que l’air abandonnait se voyait rendu inutile et ce qu’il supportait ne pouvait plus remuer. Il suffisait d’à peine une demi-secousse pour que la lame perce l’épaisseur du caoutchouc et qu’un sifflement nerveux retentisse dans l’air du soir. C’était donc avec hargne que, mes doigts refermés sur l’épaisse garde d’un couteau dérobé à ma cuisine, j’enfonçais une lame dans les pneus des véhicules peuplant le parking de l’Académie. Je tordais le métal dans la plaie manufacturé, laissant les os de mon poignet craquer sous la force de mes mouvements. Lentement, au fil des heurts, l’air les abandonnait et les rendait informes de par son absence. Vivement, au fil des heurts, la contrariété m’enveloppait et laissait de tristes scènes défiler devant mes yeux.
J’imaginais ses poumons roués d’aiguilles siffler de la même manière que les pneus le faisaient, alors que son regard se voilait dans l’apposition d’un départ un peu plus formel. Je l’imaginais m’abandonner en me laissant tout le loisir de comprendre pourquoi, étendant des mots qu’elle n’arrivait plus à prononcer sur mes lèvres pour me rassurer dans l’inévitable. Je m’imaginais la regarder, incapable de même désirer la dévorer, peinant simplement à la savoir éteinte, partie, terminée. Je m’imaginais et il m’était impossible de dire avec exactitude si mes songes étaient des répits ou des intensifications lorsque comparés à la réalité. Dans les deux cas, elle brillait de son absence, avait volé la plus douce des chaleurs à mon existence.
Tu es humain, avait-elle soufflé, par le passé, adorable et adorée qu’elle était. Tu es humain, Capitaine. Je n’avais pas cherché à la contredire, l’avait simplement pressée contre mon flanc en soupirant. L’air avait peut-être stagné, l’espace de quelques secondes, à l’intérieur de mes poumons maintenant métaphoriquement crevés, mais j’avais silencieusement accepté. Être humain, pour elle, rien que pour elle, m’apparaissait acceptable. Elle était mon chez moi, mon gîte, mon palace de rassurance, voir plus. Yume Namida était précieuse d’une manière différente de tous les autres. Je ne la voulais pas spéciale, ni intéressante. Je la voulais du silence et des chocolats, des sourires et des baisers chastes. Je la voulais ici et pas là-bas, peu importe où se trouvait là-bas.
Si je revoyais un jour Fatalys, je me promettais solennellement de lui arracher la trachée. Voleur, horreur, saleté de bout de sucre empoisonné. Qu’il crève, qu’il crève, qu’il – pire que Mei, je lui arracherais la peau et je ne regretterais rien, rien du tout.
J’essuyai mes joues d’un revers de main, laissant derrière des traces de goudron dérobées aux pneus vandalisés. Celui que je martelais siffla tristement, s’affaissant, et je jetai retirai mon couteau de son intérieur d’un geste brusque, manquant de me couper. Un sanglot muet courba mon échine et je fus contraint d’étendre davantage de goudron sur ma peau, incapable de résonner avec les impulsions qui parcouraient mon cerveau. Je n’étais pas non plus capable de me les expliquer. Je ne voulais pas vraiment le faire. Ceci, peu importe ce que c’était, mes phalanges tâchées de graisse et mon corps badigeonné d’un fumet d’essence, m’apparaissait plus facile.
Les cris agonisants des pneus résonnaient dans l’étendue tranquille du parking, suffisamment fort pour alerter un éventuel curieux de mes gestes illégaux, mais pas assez pour couvrir la résonnance d’une coque qu’on cognait. Je me redressai, m’élevant sur mes jambes pour faire face à l’élément qui venait déranger mes activités.
L’ébène de mon regard se heurta à la silhouette fragile d’un garçon qui avait visiblement eut l’intention de fuir avant de trouver une voiture sauvage sur son chemin. Je le toisai, joue encore humides tachées de noir, couteau souillé à la main, avec la carcasse stridente d’un pneu qui se vidait à quelques centimètres de moi.
Il m’accorda un sourire un brin désarçonnant, un sourire qui fit vaciller mon cerveau englué et qui prononça l’absence du mien. Sans le lâcher des yeux, je me penchai au-dessus du sac que j’avais trimballé avec moi de voiture en voiture pour en extirper une boîte d’allumettes. J’en détachai une du lot avant de balancer le reste à ses pieds, fixant la petite boîte, alors qu’elle rebondissait mollement sur l’une de ses semelles.
Cérémonieusement, je soulevai le capot avant de la voiture que je venais tout juste d’estropier. Je contemplai les torsades mécaniques qui représentaient son intérieur et, placidement, mes doigts en empoignant l’extrémité, j’allumai l’allumette que j’avais séparée de ses consœurs. L’incandescence ne mit pas longtemps à se faire voir, les gaz du vieux véhicule s’accouplant sournoisement à la vacillante flamme que j’avais fait naître au bout de l’allumette.
Un.
Je reportai mon attention sur l’inconnu. Et le défiant de nouveau du regard, je bondis sur lui sans réfléchir, me saisissant de l’une de ses paumes, la salissant par l’intermédiaire de la mienne. Il y eut un rire, quelque part, sans que je puisse déclarer avec certitude qu’il s’agissait du mien. Je soufflai contre les cheveux obscurcissant le front du garçon, animant mon faciès d’un léger sourire, émulation de celui qu’il m’avait offert.
« . . . tu es mon complice, maintenant. »
Deux.
Je nous fis reculer de quelques mètres, tirant sur son bras pour l’incité à me suivre. Si les pneus représentaient les poumons, le moteur représentait donc le cœur. On embrasait les ventricules, gonflait les veines d’une fumée âcre.
Trois.
Des poumons crevés et un cœur flambé. Je t’en veux tellement, Yume.
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| Sujet: Re: THUG LIFE [PV Kohaku] Dim 9 Aoû 2015 - 18:10 | |
| Je sens deux yeux noirs se poser sur moi, le garçon jusqu’à présent occupé à crever les pneus des voitures ne semble pas vouloir me lâcher du regard. Confus, je me mets à sourire comme si ce geste de courtoisie pouvait changer quelque chose à la situation, je suis bien naïf de croire qu’il va me laisser partir d’ici sans rien me demander. Dans une de ses mains, il tient un couteau, j’en déduis qu’il s’agit de l’arme du crime, je ferais bien de ne pas trop m’amuser à titiller ses nerfs si je ne veux pas que la lame se teinte de rouge en quelques instants. Un dérapage arrive tellement rapidement, n’est-ce pas ? Je retiens un rire nerveux au fond de ma gorge alors qu’il me toise. Nous faisons plus ou moins la même taille, mais il a une présence que je ne possède pas, quelque chose qui fait que je me sens vraiment minuscule à côté de lui. Son visage est sale, ses joues semblent grasses et poussiéreuses, mais il n’y a pas que ça. Je peux distinguer des traces du passage de quelques larmes sur son portrait éclairé par les lueurs caractéristiques du crépuscule. Derrière lui, la dernière victime de ses coups de son tranchelard émet un dernier siffle strident avant de s’affaisser. J’ouvre la bouche pour finalement la refermer une fraction de seconde plus tard, est-ce vraiment nécessaire de m’excuser pour l’avoir interrompu ? Peut-on négocier avec un fou ?
Il se met à chercher quelque chose dans un sac, il ne relâche pas sa garde pour autant et continue de me fixer comme s’il attendait que je fasse un faux pas pour avoir une bonne raison de me planter. J’ai une boule dans la gorge. A cette heure, je sais qu’il n’y a aucun témoin, personne ne viendra me sauver s’il m’arrive malheur. Je le vois sortir une boîte plus petite que sa paume, je ne peux pas encore identifier son contenu même si nous sommes proches, à vrai dire je n’ai pas forcément envie de le découvrir. Je finis quand même par le savoir. Des allumettes. L’inconnu en tire une avant de jeter le paquet à mes pieds. Même si je le sens rebondir sur mes chaussures, je ne bouge pas, je retiens mon souffle alors qu’il soulève le capot de la voiture devant moi. Il reste silencieux quelques secondes en fixant l’intérieur, tel un chirurgien avant une opération. Je ne dis pas un mot quand je le vois une étincelle, puis une flamme émerger au bout du bâtonnet de bois. Je ne tente pas de l’arrêter lorsqu’il commet l’irréparable. Je ferme simplement les yeux quand je sens la réaction chimique s’opérer.
Tous mes sens sont en alerte, mais il semblerait que mes instincts de survie aient disparus. Je ne rouvre brusquement mes paupières que lorsqu’il attrape ma main droite. J’ai envie de crier de terreur, d’hurler ma détresse, mais je suis seulement capable de respirer lourdement. J’ai beau éviter son regard et tenter de trouver une issue de secours, mon corps me paraît trop lourd, mon cœur bat la chamade et mon cerveau ne parvient pas à analyser les bonnes informations. Cette fois ce n’est pas un jeu. J’entends l’écho d’un rire, il me paraît bien trop lointain pour qu’il m’appartienne. Je sens le souffle du jeune homme sur mes cheveux, j’affiche une mine déconfite quand je voir quelques mèches retomber sur me front. Je frémis à la vue son sourire et frissonne quand le son de sa voix parviens jusqu’à mes oreilles. Il dit que je suis son complice. Je ne prends pas le temps de comprendre ce que cela peut apporter en terme de conséquence et me contente d’acquiescer pour sauver ma peau. Il tire alors sur mon bras, je m’accroche mollement à lui sur quelques mètres. Je ne vois plus que lui, mon regard est entièrement focalisé sur son dos jusqu’à la détonation.
Je sens mes jambes faiblir sous le choc, je tombe aux genoux de l’auteur du spectacle avant de me laisser complètement aller par terre. Haletant, j’enroule mes bras autour de mon corps comme si je cherchais à me protéger de quelque chose, lâchant la boîte d’allumettes que je serrais jusqu’à présent. Quand j’ai enfin le courage de me retourner, l’explosion bat encore son plein, le feu se propageant de plus en plus pour finalement ne laisser qu’une carcasse enflammée. Lentement, je commence à me redresser pour finalement aller chercher des réponses à mes questions dans le regard brillant du garçon. Bien qu’il n’y ait rien qui puisse justifier cet acte, j’ai quand même envie d’entendre ses motivations. Si je ne peux pas fuir, s’il me prend comme complice, j’ai au moins le droit de savoir ce qu’il y a derrière toute cette histoire. Je repense alors à ses joues humides quand il a tourné la tête vers moi. Il a pleuré. Est-ce lié à tout ce cirque ? J’attends d’avoir repris un rythme de respiration normal avant de rompre le silence qui nous entoure.
« Pourquoi ? »
Mes pupilles ébène s’illuminent à la vision de la voiture flamboyante à quelques mètres de nous. Si je n’avais pas été aussi proche de la scène, j’aurais presque pu trouver ça beau, l'incandescence, ce métal qui s'embrase. J’ai peut-être raté une soirée avec des feux d’artifice, mais j’ai au moins mon propre feu de camp devant moi…au mois de Juillet, sur le parking de l’académie. De toute façon, ce n’est pas comme si j’avais pu l’en empêcher. Il a crevé des pneus et fait exploser des moteurs. Je ne sais absolument pas qui il est et pourtant je me tiens sagement à ses côtés, sachant pertinemment qu’il pourrait me tuer en une fraction de seconde. Je jette un œil sur ma main droite, encore tachée par la graisse qu’il a déposé sur ma paume en bondissant sur moi telle une furie, puis je regarde la boîte d’allumettes laissée à terre. Est-ce qu’il veut que je fasse pareil ? Après avoir vécu quelques péripéties avec Zakuro Fea, ce n’est plus vraiment cette demande qui pourrait me choquer. Toutefois, je ne sais pas s’il se rend compte de l’ampleur des dégâts si on se projette dans un futur proche.
« Si on n’arrête pas le feu, je crois que le campus va y passer aussi. »
Oui, j’ai bien dit « on ». Je ne souhaite pas spécialement être associé à lui – en sachant que je n’ai pas participé à son petit délire - , mais ce n’est pas comme si j’avais le choix. Si je n'ai pas pu le stopper, j'aimerais au moins pouvoir éviter le scénario catastrophe. Le vent fait danser les flammes, le vent fait bouger mes cheveux sur mon front moite, l’inconnu fait valser le sens commun.
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| | | Kohaku Joshua Mitsumasa ♣ Université - 4ème année
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| Sujet: Re: THUG LIFE [PV Kohaku] Jeu 7 Jan 2016 - 20:18 | |
| TOUGH LOVE. I couldn't find you anywhere.
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Subir.
Un peu comme je l’avais contrainte de subir mon impulsivité le jour où je lui avais dérobé son gobelet de café des mains, goguenard et rieur, au beau milieu des rues achalandées du centre-ville. Un peu comme elle me l’avait rendue, cette impulsivité, petites paumes enserrant ses hanches, en me quémandant un câlin, sans se préoccuper des piétons pressés qui nous rabrouaient de regards. Yume Namida m’avait ébloui dès les premières secondes de notre rencontre d’un revers de logique éhontée et j’avais souris, ce jour là, mes lèvres glissant contre l’ivoire de mes dents, ravi d’avoir découvert une entité apte à me satisfaire.
Subir.
Un peu comme je l’avais fait lors du séisme, mes larmes coulant pour s’allier à sa panique et sa douleur, me portant dans une affectivité rongeante qui m’avait fait comprendre le sens du mot appartenance. Je n’avais pas supporté la voir s’éteindre contre le revers de mon sourire chevrotant, je n’avais pas supporté que l’inquiétude en vienne à étouffer son cœur trop tendre. Home. You are home. You were home. And now . . .
Subir.
L’explosion se fit subir, d’une manière similaire à certaines de nos interactions passées, et embrasa mon cœur d’une nouvelle pointe de déception rageuse. La tonitruance de la détonation secoua nos corps et ma paume chercha celle de l’autre en une poussée instinctive qui ne rencontra que du vide. Je tombai, ma chute s’exécutant en canon à celle de mon complice, me portant au sol uniquement quelques secondes après qu’il l’eut lui-même touché. Le souffle chaud de la carcasse de ferraille aux poumons évidés me barbouillait le dos et bien que je ne pus rien observer d’autre que la silhouette recroquevillée du funeste témoin de mon désarroi, je devinais l’ambre dansant des flammes qui grandissaient posément juste derrière.
Je frissonnai et il s’étreignait, mes paumes éraflées contre l’asphalte du parking se refermant en des poings tremblant. La dernière fois que les flammes avaient embrasé mon champ de vision s’était soldée par des articles de journaux et des bulletins de nouvelles à la télévision. J’avais tût, à ce moment, les paroles des présentateurs et des journalistes dans les cheveux sombres de mon bout de rêves, alors qu’elle me susurrait l’appellation joueuse de Capitaine pour me motiver à quitter notre lit. Il y avait eu les flammes du labyrinthe, aussi, mais celles-là ne relevaient pas de la même gangrène démesurée, prenaient source dans la désinvolture et l’amusement plutôt que la perte. Je ne lui avais jamais dit pour Tokyo, pour Mei, pour Zakuro qui tombait à m’en fracturer l’âme, je ne lui avais jamais parlé du feu de mes craintes, roussissant la chair d’une jeunesse qui aurait mieux eu à faire. Je me demandais, maintenant, sourire dissonant avec l’humidité de mes joues, comment elle aurait réagit.
Ah.
Ce fut au bout d’un moment, quelques part entre secondes et minutes, alors que mon corps n’offrait pour toute réaction à l’explosion qu’une silhouette tremblante rehaussée d’un sourire grotesque et des prunelles glissant sur le corps quasi-inerte d’un malchanceux, que ce dernier se redressa. Le feu dansait dans ses yeux, barbouillait des océans sombres d’une fourberie ambrée, pailletait son visage de formes géométriques dantesques. Je le toisais en retour, lui rendant ce qu’il m’offrait, faisant toujours dos à la manifestation brûlante de mon désarroi.
Des poumons évidés, des poumons crevés, un cœur embrasé aux artères bloquées par les cendre. Il me demanda pourquoi, armé d’un simplicité qu’il m’aurait porté à rire aux éclats dans un autre univers, et j’accrochai le col de son vêtement dans une impulsion folle, collant la graisse engluant mes doigts à sa peau et à ses tissus. Je le repoussai contre le sol asphalté, ses omoplates heurtant le parking sous le poids d’une violence stridente. Je lui criai au visage, mes mots se voulant tout aussi meurtris que les pneus ramollis des véhicules peuplant le stationnement, mes intonations se faisant toutes aussi tranchantes que la lame que j’avais abandonné par terre et qui gisait maintenant non loin de l’une de mes cuisses.
« Pourquoi est-ce qu’on abandonne les chats à la rue lorsqu’on déménage ? »
Pourquoi est-ce qu’on trouve un lot de terre vide là où se trouvait auparavant un palace ? Pourquoi ? Il s’agissait là d’une bonne question, qui me hantait jusque dans les recoins les plus éclairés de mon nouvel appartement et que ni Kojiro, ni Swan, ni Zakuro n’arrivaient à décoller de mes synapses. Enfonçant mes phalanges dans les épaules de mon complice, elle revenait jouer, cette vile interrogation.
Pourquoi, Yume ? Pourquoi ?
Les flammes tournaient, embaumaient l’air d’un parfum de métal noirci et je chevrotais dans cette contemplation cisaillée d’un affect disparu. L’inconnu me semblait marmonner des kilomètres plus loin, me paraissait fredonner une logique à laquelle je n’avais jamais eu prétention d’adhérer. La logique sociale, la logique de dictée. Qu’est-ce que ça pouvait bien me faire, que le campus calcine et craque sous la prestance du feu ? L’Académie Keimoo ne serait pas le premier édifice scolaire rendu inutilisable par ma faute.
Je me redressai, retrouvant mon équilibre et me retournant pour observer la carcasse flambée qui répandait posément son contenu. Une analogie pour l’émotivité, décrivant ces situations qui débutent silencieusement et qui mènent à la catastrophe. Je ramassai mon couteau chauffé par les flammes, crispant mes phalanges contre son pommeau.
Un soupir.
« File-moi ton téléphone portable. I don’t want to risk calling them with mine. »
Il y avait des explications à cette décision, mais je n’étais pas certain de vouloir me les formuler.
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| Sujet: Re: THUG LIFE [PV Kohaku] Lun 7 Mar 2016 - 22:50 | |
| Encore une fois, je me dis que je n’aurais peut-être pas dû sortir de chez moi. Rectification : je n’aurais pas dû faire preuve de curiosité lorsque j’ai entendu des bruits étranges sur le parking. Les pupilles dilatées sous l’émotion, j’ai du mal à fixer mon regard sur l’homme aux cheveux blancs. Inspire, expire. Tu as failli emprunter un vélo qui n’était pas à toi sans demander l’autorisation à son propriétaire, tu es tombé sur un fou furieux qui s’amusait avec du feu et tu n’as même pas essayé de prendre la fuite. Pourquoi suis-je resté immobile face à ce spectacle ? Pourquoi mes instincts de survie m’ont lâchement abandonnés alors que j’en ai le plus besoin. Chute et désillusion. D’autres diraient que c’est le destin, le karma tout simplement. Sans hésitation, il m’a pris par le col et m’a foutu par terre, comme un vulgaire animal que l’on prend de haut parce que l’on se croit supérieur en tant qu’humain doté de la parole. J’ai du mal à respirer, si bien que je peine à établir un raisonnement correct. Mes yeux balayent la scène d’un air perdu, mon rythme cardiaque ne veut pas se calmer. Les mots qu’il crie, je ne les entends pas. Ou plutôt si, mais je ne parviens pas à les interpréter. Les sons, les bruits, tout se mélange et finit par se transformer en cacophonie. Mon crâne me fait mal, mon corps me fait mal, mon esprit est en tourment. Sans prévenir, j’explose.
« JE SAIS PAS. PUTAIN. »
La pression retombe aussi vite qu’elle est montée. La haine et la colère qui se sont emparées de moi en l'espace d'un instant sont redevenues poussières. Soudain la chaleur estivale laisse place à une atmosphère glaciale. Je frissonne. J'ai froid. Je suis un robot détraqué, le nippon qui se dit ordinaire pour se conformer, je suis le programme qui finira à la corbeille, mais quelle importance ? Toujours allongé au sol, le dos endolori par le choc subi, j’écarte les bras et bouge lentement le bout de mes doigts, comme si j’essayais de me confirmer à moi-même que j’étais toujours en vie. Les mots qui ont franchi la barrière de mes lèvres il y a quelques secondes à peine, ce sont ceux que je retenais depuis des jours, des mois voire des années. Quand on me demandait ce que je voulais faire, quand on m’interrogeait sur l’avenir, quand les attentes des autres devenaient trop fortes pour moi. Je ne sais pas. Quatre petits mots que je n’ai jamais eu le courage de dire avant, par simple crainte de paraître pour un indécis. Je lance un regard hésitant vers mon soi-disant complice, la bouche entrouverte, haletant encore. Il se redresse et fait face à son œuvre. Je passe une main ennuyée sur mon visage et mon col graisseux de par sa faute. Il va me tuer maintenant, n’est-ce pas ?
« Laisse-moi tranquille. » Un murmure destiné à personne. Les mots d’un lâche qui se ressaisit après un pic d’adrénaline. Le temps passe lentement à ses côtés, mais je ne suis pas encore mort. Pourtant chaque seconde semble être un supplice, l’air devient étouffant et la combustion n’améliore par les choses. Je l’entends ramasser l’arme blanche alors que je me roule sur le côté pour lui monter mon dos. Le vent siffle dans mes oreilles, et l’écho de sa voix revient à moi. Cette fois je l’entends clairement. Il a également l’air plus stable que tout à l’heure. De quoi parlait-il déjà ? J’en ai aucune idée. Sans rechigner, je sors mon téléphone portable de ma poche et le serre contre moi. Qu’est-ce que je m’apprête à faire là ?
Il a un couteau, c'est un bon argument pour obéir non ?
Et il n’a pas l’air d’être le genre de plaisantin qui s’en sert simplement pour menacer. Je me dis alors que parfois la vie nous envoie des signes. La prise d’otage dans le centre commercial, Zakuro qui menace de me balancer du toit du lycée, l’agression avant Noël 2014, Zakuro qui essaie de me tuer avec son jeu, ma rencontre avec ce type. Si je ne meurs pas maintenant, le géant aux yeux bleus s’en chargera sûrement plus vite que je ne peux l’imaginer. En tout cas, je pense sincèrement qu’à l’heure actuelle, je ne devrais plus être en vie. Est-ce que je tiens autant que ça à survivre ?
Je finis par me redresser à mon tour en m’appuyant sur mes bras. Une fois assis, je lui tends mon cellulaire, n’étant plus vraiment à une infraction près avec ce qu’il vient de se passer. Le feu se propage de véhicule en véhicule, lentement mais sûrement. Je reprends peu à peu mes esprits, laissant mes idées noires s’échapper dans un coin de ma tête. Certes, je ne devrais plus être de ce monde, mais j’ai encore envie de voir le monde un peu plus. Je ne veux pas mourir comme ça, assassiné sur le parking du campus. Quelque part au fond de moi, j’ai assez de dignité pour ça. Je passe mes doigts sur le col de ma chemise devenu gris et m’arrête au moment où j’allais l’ajuster. Il y a peut-être plus urgent dans l’immédiat.
« Je ne sais pas ce que tu as l’intention de faire, mais je ne compte pas rester faire un feu de camp ici. Alors…garde mon téléphone si tu veux, je m’en fiche. Assure-toi juste de ne pas appeler Zakuro, quoique vous pourriez être de bons amis, vous finirez juste par détruire entièrement la ville. »
Après tout, ça ne ferait que rajouter un problème dans l’équation. Les poings serrés, je fais volte-face et m’apprête à quitter le parking. Hors de question que je me fasse choper avec lui. | |
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| Sujet: Re: THUG LIFE [PV Kohaku] Jeu 26 Mai 2016 - 0:25 | |
| TOUGH SKIN. I was by your side.
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Je ne sais pas.
Je ne sais pas pourquoi elle est partie, emportant avec elle mes vêtements et les siens, dérobant à notre studio le décor qui l'avait rendu plus précieux que le manoir dans lequel j'avais grandis, plus convoité que l'appartement trois pièces que Carter utilisait depuis que je n'habitais plus au Québec. Je ne sais pas pourquoi elle s'est envolée à tire-d'aile sans un regard vers l'arrière pour me signaler qu'elle regrettait, sans un mot pour me rassurer qu'elle hésitait. Je ne sais pas. Et je suis ce chat abandonné, oublié lors du déménagement, qui erre tard dans les rues de Keimoo à la recherche d'une réponse.
Ce mec là, cinq pomme et des tâches de goudron transposées, ne la détient pas.
Je ne sais pas ce que je fais.
Mais, dans tous les cas, c'est plus facile que ce que je pourrais faire.
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Je ne sais pas, avait-il hurlé, sa voix explosant en une volée de flammes froides qui placardèrent ma cognition d'une nausée mnésique. Nous nous tenions dans ce cimetière de voiture flambantes, de poumons évidés, de cœurs atrophiés, martelés par des circonstances confuses et spontanées, liés par nos identités inconnues et la graisse que j'avais semé. Complices d'un méfait à peine réfléchi, taillé dans une intensité qui s'était enfoncée dans des parois de caoutchouc jusqu'à s'en étouffer, nous étions tombés. La garde du couteau était bouillante entre mes mains et les larmes qui avaient creusées des tranchées contre mes joues me semblaient pétiller, acides.
Il s'écartait, se redressait sur les cannes chevrotantes de ses jambes, me laissant près des véhicules brûlant, son téléphone entre les doigts. Un stroboscope flashant au rythmes des crépitements du feu éclatait derrière mes rétines et les termes 'subir' et 'ne sais pas' vrombissaient entre mes synapses. Il y avait le prénom du Ciel, jeté comme un spectre dans la cohue de ses mots, barbouillant mes poumons sifflant de diachylons de plastiques qui tentaient, tant bien que mal, d'en faire ré-adhérer les parois. Les édifices de la ville s'écrasant sous le poids de nos actes fracturèrent ma vision. Ces images invitèrent le visage barbouillé de poussière de Yume à ramper parmi elles, titubante, ses genoux fléchissant au moindre impact que nous laissions sur la Terre.
Les faisceaux mentaux qui fusaient entre mes synapses virèrent au blanc.
Je me rappelle m'être élancé à sa suite tout en composant le 119, hissant mon sac sur l'une de mes épaules sans prendre le temps de vérifier que toutes mes affaires y étaient. Je me rappelle avoir relayer, d'une voix haletante, le positionnement de l'incendie à un opérateur. Puis . . . Mon cœur tambourinait et fut avec de la bile au fond de ma gorge et des effusions blanches contre mes pupilles que j'attrapai une nouvelle fois le jeune inconnu. Davantage de goudron, moins de consentement, dans l'affaissement total des conventions sociales sur lesquelles nous avions déjà craché. Une part de moi damnait Yume, une autre tenait simplement à découper ce bout d'individu de sorte à répandre ce qu'il contenait sur une table de travail.
L'humanité subissait, l'humanité subirait.
Mon humanité n'était qu'un leurre matériel, un gage affective que j'avais accepté pour elle, comme un secret, pour les sourires qu'elle avait tracé contre le miroir égayant notre salle de bain. Elle faisait tempête, quelque part sous mes côtes, accrochant à mes cils les cristaux d'une peine qui m'était étrangère. Cette humanité, je la subirais pour elle, tournoyant entre mes phalanges le morceau de son âme qu'elle avait glissé entre mes lèvres. Un cadeau à conserver que je m'apprendrais à désirer dévorer au même titre que tous les autres. Au même titre que Yui, que Kojiro, que Naoko, que tous ces visages qui occupaient de l'espace dans la carte mémoire de mon téléphone.
L'humanité n'était que temporaire. Cette douleur éhontée, chevauchant questionnement et destruction, le serait aussi.
Mes doigts se resserrèrent comme des serres autour de son avant-bras et je balbutiai quelques feulements avant de figer ma conscience sur un dialogue, persifflant près de ce visage gommé d'expressions négatives. Le sourire, politesse incertaine, innocence désincarnée, qu'il m'avait lancé en m'apercevant s'était évanoui, lavé par le feu. Je déglutissais de la fumée.
« Ce n'est pas Zakuro qui va m'aider à détruire la ville. »
Derrière nous, les flammes ondulaient, se répandaient, léchaient les feuilles des arbres avoisinant le parking et roucoulait contre la carrosserie des autres véhicules, pour la plupart handicapés, que nous laissions derrière. La brigade des incendies arriveraient bientôt. L'académique ne cramerait pas.
Kojiro ne m'en voudrait pas.
« Emmène-moi quelque part. »
Mes ongles crissèrent contre sa chair tâchée, la coque de son cellulaire séparant nos peau. Je papillonnai des yeux, les tournant vers le ciel sombre, inhalant l'odeur de métal roussi et continuai de m'éloigner de la scène regroupant trop d'organes dépouillés, entraînant avec moi le malchanceux qui m'avait malencontreusement assisté.
« Emmène-moi n'importe où. »
Adopte-moi. Efface-la. Laisse-moi te bouffer la langue, te percer les poumons, t'exploser les ventricules.
Ou quelque chose comme ça.
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| | | Hisaka Rika ♣ Université - 3ème année
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| Sujet: Re: THUG LIFE [PV Kohaku] Sam 28 Mai 2016 - 0:16 | |
| Tout aurait pu se finir là, au moment où je lui ai confié mon téléphone. Dans l’idéal, je serais parti et je n’aurai plus jamais eu vent de ce mec après avoir résilié ma ligne téléphone. Mais cette réalité n’existe pas. Je ferme les yeux alors que je sens ses doigts se resserrer sur mon avant bras, me laisser fuir était bien trop demandé. Que dire, à part que je m’en doutais. Maintenant il me parle, encore. Enfin, il commence par faire des bruits bizarres, mais venant de sa part je dirais que c’est presque pareil. Chaque mot et cri qu’il pousse ou prononce me conforte dans l’idée qu’il n’a pas toute sa tête. Au début je ne relève pas, quand il parle naturellement de Zakuro. Il dit que ce n’est pas lui qui va l’aider à détruire la ville. Je secoue la tête, toujours sans lui faire face. Evidemment. Puis mes neurones se remettent en marche, peut-être connait-il le géant aux yeux bleus ? Bah, dans ce cas, ça m’étonne que Keimoo n’ait pas encore été détruite.
Je sens un contact désagréable opérer sur ma peau et esquisse une grimace. Il me demande de l’emmener quelque part en enfonçant ses ongles dans ma chair. Comme si c’était le meilleur moyen pour me faire céder. Ses mots flottent dans ma tête alors que je reste immobile. Il me tient par le bras, je ne me débats pas. Je suis une parfaite victime, à découvert. Et puis sans dire un mot, je commence à marcher. Un pied devant l’autre, comme on me l’a appris quand je n’avais que quelques mois. Il réitère sa demande, avec une formulation légèrement différente. Je hoche la tête comme si j’avais une quelconque idée en tête. Où aller après ce désastre ? Le crépitement des flammes me rappelle que nous n’avons pas beaucoup de temps devant nous. L’odeur de l’asphalte, elle, me donne des nausées.
Sans réfléchir au danger que pourrait engendrer mon geste, j’attrape sa main encore attachée à mon bras et la rejette. Ce n'est pas parce que j'accepte ta requête que je dois subir un contact avec toi. Pour cette fois je n’ai pas d’autre choix que de t’emmener avec moi. Juste une fois, je serai ton complice comme tu l’as si bien dit lorsque je t’ai surpris en train de crever les pneus des véhicules de l’académie. Si seulement tout avait pu s’arrêter là.
« On abandonne les chats quand ils sont désobéissants trop longtemps. »
Un simple constat, même si je suppose que ce n’est pas vraiment la réponse qu’il attendait. Chaque pas est accompagné d’un soupir de ma part. J’ai l’impression que mes jambes s’engourdissent au fur et à mesure que l’on avance vers les dortoirs de l’académie. C’est dingue, je n’aurai finalement jamais eu mon pain.
« Parfois ils deviennent trop encombrants aussi. Ou alors parce qu’on a un gosse allergique. Aucune idée. »
Pourquoi est-ce que je lui dis ça déjà ? Ce n’est pas comme si j’avais envie de faire ami-ami avec un pyromane. Et dire que j’avais tout juste réussi à sortir de l’hôpital après être passé par la case Zakuro. Le hall des dortoirs est vide, comme lors de mon départ il y a quelques minutes encore. La seule différence notable est que je suis désormais super crade. Sans jamais me retourner, je monte les escaliers quatre à quatre jusqu’à atteindre le premier étage de l’aile des garçons. Les flammes ne sont plus qu’un souvenir désormais. Aujourd'hui, Hisaka Rika est le héros au masque de goudron qui emmène un inconnu, potentiellement instable mentalement, dans sa piaule d'étudiant.
« En tout cas c’est débile d’abandonner un animal. Quand on l’adopte, on réfléchit aux conséquences avant. »
En parlant de souvenir, je crois que nous avions un chat quand j’allais à l’école primaire. Que lui était-il arrivé déjà ? Je me masse les tempes en avançant lentement dans le couloir. Ah oui, il s’était fait écraser par un camion. Ma sœur a pleuré pendant des jours quand un voisin nous a ramené sa dépouille avec un air désolé. Je l’aimais bien ce chat, mais aujourd’hui je ne pourrais même plus dire son nom. Comme quoi le temps efface non seulement la peine, mais aussi tout ce qui lui est associé. Un tour de clé plus tard et nous sommes dans ma chambre. Well, il m’a demandé de l’emmener n’importe où et c’est le seul endroit en sécurité que je connaisse aux alentours. J'allume les lampes, la bouilloire et ouvre ma fenêtre. D'ici, on ne croirait pas que le parking s'enflamme sous le soleil couchant. Non, tout a l'air si normal quand on jette un oeil dehors. La bouilloire cesse de siffler. Je reviens sur mes pas et nous sers le thé. Après plusieurs minutes de silence dans lesquelles nous nous sommes emmurés, je décide de briser la glace.
« Tu t’es fait larguer ? »
Dis-je d’un ton étrangement calme et assuré. Détruire la ville. Les chats et le feu. Et maintenant la volonté de partir. Je ne m’y connais pas beaucoup en histoire d’amour, mais je dirais qu’une peine de cœur pourrait être à l’origine de ce chaos. Abandonné, trahi, laissé derrière comme un animal dont on ne veut plus. Le feu, symbole de l'amour mais aussi de la haine. Détruire la ville et les voitures comme on pourrait détruire une personne. La vengeance, un sentiment trop humain. Pourtant, maintenant que j'y pense, je trouve presque ça normal. Enfin, c’est seulement normal quand on traîne dans les pattes de Zakuro Fea.
Je trempe mes lèvres sèches dans la boisson alors que je m'assois sur mon lit. Et au cas où il ressort une arme blanche...eh bien je n'aurai qu'à faire rapidement mon testament.
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| | | Kohaku Joshua Mitsumasa ♣ Université - 4ème année
Genre : Age : 30 Adresse : Hiryuu : 05 rue de la Chance, app 32 ou la Chambre 110 de l'université ou chez Zakuro. 665 Multicompte(s) : Lawrence E. Swanster | Populaire
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| Sujet: Re: THUG LIFE [PV Kohaku] Sam 17 Déc 2016 - 21:37 | |
| TOUGH LUCK. Where are you.
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Les carcasses fondaient et, alors que j'enchâssais mon pas à celui du garçon barbouillé de goudron, je ne pouvais m'empêcher de me dire qu'elle les aurait aimé si elles avaient pu avoir un goût de chocolat. Yume avait toujours été ce genre de personne là, le genre de gamine à accepter de tirer sur les cheveux des pires monstres aussi longtemps que ceux-ci sentaient bons. Elle était aventureuse, inconsistante, suffisamment pour que sa disparition soudaine ‒ peut-être restait-il de sa condensation dans les vitres de notre douche, peut-être restait-il des fibres de ses cheveux contre mes vêtements ‒ n'ait pas à être surprenante ou déroutante. Pourtant, pourtant, la bile, la confusion, me montait à l'intérieur de la gorge, tourbillonnait contre les parois de ma trachée et me confrontait à une impuissance bouillante. Les tissus de ma chair me semblaient chauffés à blanc si bien que le message sensoriel des flammes à proximité de ma peau n'avait pas été enregistré à l'intérieur de mon cerveau. Foutre mes deux mains au cœur des flammes n'aurait probablement pas suffit à me faire ressentir la chaleur. La douleur était imaginaire, un instinct survivaliste du cerveau qui ne s'appliquait pas à mon être. Je l'ignorais, je l'ignorais, je l'ignorais.
Mon sac, ouvert, débris flottant, oscillait de la même manière que mon cœur, dans ma poitrine, et j'imaginais l'organe s'affaisser sous la force des papillons que j'avais envisagé y enfermer. Des papillons que j'avais voulu vomir sur elle, sur ses décombres, mais qui étaient restés coincés à l'intérieur sans trouver d'issue. Des poumons évidés, des cœurs flambés, d'éphémères insectes cherchant à s'embraser.
Je voulais que tout explose, que tout siffle et craque jusqu'à ce que ne reste que poussière. Mon corps serait une fine poudre, âcre une fois mélangée aux cendres, et mon rire tinterait cette immatérialité félicité vers laquelle je me propulsais avec une fougue brodée d'inconscience. Il n'y aurait plus jamais d'humanité pour m'enchaîner. Plus de Yume. Plus de ce petit bonhomme qui consentait par son silence à me guider vers un endroit où la brigade des incendies ne serait pas en mesure de me retracer.
Sa main repoussait la mienne et je toisais le mouvement avec des yeux iridescents, détaillant les tâches qui engluaient sa peau d'un vice dont il ne pourrait se détacher sans l'aide d'une douche. Il avançait en direction de l'académie, ses neurones semblant rattraper sa conscience dans un soubresaut s'exprimant par l'apposition d'une réponse plus complète à l'une de mes précédentes questions. Pourquoi est-ce qu'on a abandonne les chats ? Il y avait un réalisme déroutant dans ses propos, qui tintait faux contre le crépitement égaré des flammes, qui me fichait en parallèle à ce que chat blanc que j'avais donné à Yui Valentine.
Je préférais qu'il ne sache pas.
On abandonne les chats lorsqu'ils se montrent trop désobéissants. Pourtant, ma désobéissance n'avait jamais été rien d'autre qu'un caractère gras sur la page de l'identité qu'on me percevait avoir. Elle s'était manifestée dès les premières seconde de notre rencontre ‒ gobelet de café chipé ‒ et s'était poursuivi jusque sur le nappes du restaurant trop chic où nous avions dîné en compagnie de mes géniteurs. On abandonne les chats pour plusieurs raisons, ouais, probablement. Pour des foules d'hypothèses dissonant contre les marqueurs qui scindaient la relation, humaine, pitoyablement humaine, qui m'avait lié à Yume Namida.
L'impasse des raisons qui avait fait disparaitre ses chaussures de l'entrée de notre appartement se dissolvait dans le caquètement lointain des flammes. Les papillons ‒ bleus, jaunes, aux ailes trouées par des braises ‒ cognaient contre mon œsophage et je m'imaginais les vomir dans l'air plus clair qui entourait le pensionnat. Le trajet m'était familier et j'emboitais mécaniquement le pas du farfadet goudronné, glissant mon regard contre les papillons-lucioles qui illuminaient mon chemin de leurs ailes partiellement calcinées. Mon sac, lui, continuait de se balancer contre ma hanche, pendule minutant notre fuite.
Le couloir que nous remontions était désert, laissant tout le loisir à sa voix de dévorer le silence qui se massait contre ses flancs. Il reprit la parole et des chats s'empilèrent contre mes tempes, levaient leurs pattes griffues vers mes lépidoptères ardents. Ma réflexion s'étira en une image empourprée d'impulsivité, se concédant à elle-même qu'il n'y avait jamais eu grand chose de réfléchi dans notre dynamique, à Yume et moi, simplement un ressenti fortuit que nous avions poursuivi dans le froid. Je l'avais tissé à même les côtes que le séisme avait éclaté, m'enracinant à une part de cette humanité angoissante qu'elle m'avait insufflé. Il n'avait jamais été question de réflexion ou de responsabilité.
Yume aimait férocement. Yume oubliait abruptement.
Yume.
Sa chambre, à ce petit bonhomme aux réponses trop pragmatiques, ou, du moins, ce qui apparaissait être sa chambre, s'inonda d'une lumière synthétique qui grésilla contre le silence que sa voix avait arrêté de mâchonner. Je contemplai d'un œil vague mes papillons se rassembler contre les contours usuels du logis étudiant, s'agençant pour composer une fresque phosphorescente. Il enclenchait sa bouilloire, s'affairait contre sa fenêtre, et je restais immobile, près de la porte, flirtant entre mon imaginaire et le réel, mes synapses s'accordant dans une chaîne disloquée. Je jonglais presque avec l'idée de retourner fondre les voitures, de m'étouffer avec les relents de caoutchouc cramé, mes doigts s'engourdissant de spasmes qui trahissaient mon désir de mouvement. Je jonglais presque, mais pas tout à fait, car la loi balisait et que retourner là-bas lui donnerait toutes les meilleures raisons du monde de me coincer dans ses alinéas, de baliser mon comportement.
I did not want that.
Une tasse de thé se logea entre mes paumes et je baissai les yeux sur sa forme chaude, observant la manière dont mes doigts tâchés lui partageaient déjà leur saleté. J'humai le breuvage, laissant la bandoulière de mon sac glisser le long de mon bras jusqu'à en finir au sol en un claquement sonore. La vapeur glissait contre mon visage, une douceur contre mes pores frits par le feu.
Il finit par reprendre la parole, ce petit être dont la petitesse émanait davantage de sa contenance que de sa taille, finit par scinder ma présence chez lui d'une question qu'il devait considérer lourde de sens. Mes sourcils fléchirent, ma langue claqua contre mon palet, mon langage corporel se tordant en une réponse immédiate :
« Non. »
T'aurait-on brisé le cœur, Joshua ?
« On ne m'a pas largué. »
Poumons perforés, ventricules flambés, anéantissement du concept d'appartenir. Humain dans ses yeux et contre ses lèvres, je brûlais mon incompréhension et ma vulnérabilité, purifiant par le feu ce qu'elle avait contaminé. On ne m'avait pas largué, non, tout cela n'avait rien avoir avec une logique romantique, avec un parcours frivole. Il s'agissait simplement d'un départ qui barbouillait ma gorge d'insectes ailés, qui me coupait le souffle, qui me projetait, encore une fois, en marge de l'immatérialité que je convoitais, me confrontant à une faiblesse contre laquelle je refusais de suffoquer.
J'essuyai ma paume libre contre le textile de mon haut, me balançant sur les talons des Doc Martens trop grandes que j'avais emprunté à Zakuro. Une seconde, deux secondes, au terme desquelles je m'approchai de son lit, tendant une main pour lui dérober son thé et le remplacer par le mien. J'y trempai ma langue, interdit, la brûlure soudaine de l'eau trop chaude pinçant l'organe sans que je n'y réagisse vraiment.
Mes prunelles rivées sur le visage de mon partenaire inopiné, je m'attardai sur ses traits qui n'étaient désormais plus mutés par les flammes, traçant sa mâchoire et son cou de mon regard. Le goudron que j'avais accroché à sa peau luisait sous l'éclairage de la pièce.
J'inspirai.
« Tu veux prendre une douche ? »
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| | | Hisaka Rika ♣ Université - 3ème année
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| Sujet: Re: THUG LIFE [PV Kohaku] Ven 30 Juin 2017 - 18:00 | |
| Au nom de quoi avait-il menacé ma vie ? Je ne saurais déjà plus le dire. Titubant du milieu d’un univers chaotique, je tente de me remémorer les raisons qui font que, à cet instant, je suis encore en vie. Notre dispute avait cessée aussi vite qu’elle avait commencée. Le brasier avait été bref, mais intense. Mon visage plongé entre mes mains, je marche avec difficultés en direction de ma chambre étudiante. Encore une fois, j’avais été au mauvais endroit au mauvais moment. Mais plus que tout, j’avais mal réagi. En me faisant cette réflexion, je me mords la lèvre inférieure. Depuis le début, je me savais en danger, je savais qu’un type crevant des pneus sur le parking de l’académie ne pouvait être que synonyme d’ennuis, mais je n’avais pas couru pour m’enfuir. J’étais resté bêtement devant lui, à l’observer comme un enfant regarderait un spectacle d’illusionniste. Je manque de trébucher en ratant une marche – c’est ça de vouloir les monter quatre par quatre - dans les escaliers déserts de la résidence universitaire. Je ne regarde jamais derrière moi, craignant bien trop de me faire poignarder de front par le pyromane. Il a encore son couteau, n’est-ce pas ?
Clac
La porte se referme derrière nous. Je soupire de soulagement. Tout est revenu à la normale. J’aurais presque pu croire que je n’avais jamais quitté cette chambre s’il n’y avait pas l’autre homme qui me collait toujours aux basques. Il a beau avoir l’air de s’être calmé, je reste sur mes gardes. Je jette un œil au dehors. La fumée ne s’est pas encore propagée jusqu’ici alors que ce n’est peut-être pas si grave que ça. Je ne peux pas aller en prison pour ça...j’espère ? En quelques pas, j’allume les lumières et prépare le thé. Ce dernier fin prêt, je me laisse tomber sur mon lit, épuisé et bien peu préoccupé de le salir à cet instant. Mon corps est encore fragilisé depuis l’incident du quartier Bougu avec Zakuro, je ne devrais pas l’oublier...mais ça ne m’a pas empêché de vouloir jouer au héros, au mec badass que l’on voit dans les mangas. Hisaka, tu devrais le savoir plus que personne : tu es un figurant, pas le personnage principal. Un figurant au visage charbonneux, mais un figurant quand même. S’en rendre compte est une chose, agir comme tel en est une autre. Et c’est ainsi que je prends une nouvelle mauvaise décision en brisant le silence.
C’était plus fort que moi. Aujourd’hui, je voulais dépasser les limites de mon rôle et percer à l’écran. Ma question n’était en rien moqueuse. Je voulais juste savoir ce qui l’avait poussé à agir de la sorte, en dehors du fait qu’il soit déjà déséquilibré. Juste savoir. Satisfaire ma curiosité égoïste. Alors que je pensais qu’il me sauterait à la gorge pour une question aussi impardonnable, il réagit de manière étonnamment civilisée. Je relâche mon souffle. Plus d’une dizaine de minutes s’est écoulée depuis que je l’ai emmené dans ma chambre et il n’a pas encore arraché mon coeur et mes poumons. Par contre, il ne se gêne pas pour échanger furtivement nos deux tasses. Je soupire. Il ne fallait pas non plus que je m’attende à ce qu’il réagisse entièrement comme un être humain normal et fonctionnel, je suppose.
Du bout des doigts, je pose la tasse qui lui était destinée par terre et m’étire sur mon lit. Ses iris sont posés sur moi, je le sais, mais je fais comme si je ne le voyais pas. Il me demande alors si je veux prendre une douche. Je hausse un sourcil. Est-il en train de me proposer de me laver...dans ma propre chambre ? C’en est presque comique, mais je ne parviens pas à esquisser un sourire. Je m’apprête à lui répondre, mais des sirènes retentissent au moment où j’ouvre la bouche. Les pompiers, enfin. Il n’y a plus qu’à espérer qu’il n’y ait eu aucun témoin direct sinon je suis dans de beaux draps. Je secoue la tête. Il faut déjà que je considère le fait de rester vivant jusqu’à ce qu’il quitte la pièce et ça, ce n’est pas encore chose faite. Je repense alors à sa proposition. Prendre une douche ? Après y avoir vaguement réfléchi, je n’ai pas vraiment envie d’y aller alors qu’il est là. Qui sait, il pourrait mettre le feu ici aussi. Il pourrait me tuer dans la douche et je finirais alors dans la rubrique « Faits divers » dans mon plus simple appareil. Et ça, rien que d’y penser, j’en frissonne. Je finis donc par lui adresser une réponse catégorique, en haussant le ton pour couvrir le bruit incessant causé par les secours à l’extérieur.
« Non, ça ira. Tu peux y aller toi, si tu veux. »
Je m’allonge alors sur mon lit en pensant à toutes les choses que je n’ai pas faites, comme voyager en dehors de l’archipel par exemple. Aurais-je des regrets si je meurs ici ? Sans doute celui de périr dans une situation ridicule qui aurait pu être évitée à divers moments. Et le pire dans toute l’histoire, c’est que je n’ai toujours pas de pain ! Mon estomac gronde. La peur n’a pas estompée ma faim. Et je suppose qu’appeler un livreur serait de mauvais goût en vue de l’état du parking. Que faire désormais ? Attendre, probablement.
HRPG : Voilà, je ne savais pas trop comment finir mon post étant donné que je ne sais pas si Kohaku va à la douche ou pas Oo Si cela ne te convient pas, je peux changer. | |
| | | Kohaku Joshua Mitsumasa ♣ Université - 4ème année
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| Sujet: Re: THUG LIFE [PV Kohaku] Ven 29 Déc 2017 - 19:08 | |
| TOUGH CALL. To keep you warm.
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Stagnation, mutation, dans une atmosphère pleine de latence que j’en étais venu à associer à l’intérieur d’un cocon. Mes papillons cervicaux se déplaçaient contre mes rétines, obstruant de temps à autre ma vue et je contemplais leurs petites ailes trouées, dévorées par des paillettes embrasées. L’évaporation du liquide contenu dans la tasse que je tenais entre mes doigts décrivait de doucereuses arabesques blanches que j’envisageais être des poudres ovariennes émanant de leurs ailes. Pour embrouiller mon esprit, pour diluer l’émoi. Une drogue pour me boucher les oreilles. Parce que Yume était partie et que son départ résonnait en moi comme le vrombissement d’un acouphène qui gagnait en stridence et que trente voitures flambées pour émuler mes organes internes n’y changeraient rien.
Le farfadet, impassible au vue des circonstances, évitait de confronter ma silhouette de ses yeux, flirtant avec les abords d’un instinct de survie qui se manifestait trop tard. J’imaginais des œufs de papillons éclore contre mes tempes, alors qu’il se campait contre des panneaux lacunaires.
Au-delà des murs de sa chambre, à l’extérieur du cocon d’insecte – soie et déraison – que nous habitions, retentissait la stridence des alarmes de la brigade incendiaire. J’entrevoyais, tous ces gens, dans leur camion bruyant, s’affoler sur l’incendie et sa provenance, le contenir de par l’intermédiaire de chutes d’eau fumantes pour ensuite le toiser avec dépit. Des cendres mouillées pour coaguler les plaies d’une carcasse de ferraille malmenée que l’on avait trop hâtivement laissé derrière. Mon cœur avait-il brûlé de la même manière que cette voiture, explosé par la même bordée de flammèches diluviennes qui avaient laissé sur ma peau les marques fulgurantes d’une émotivité que je ne savais comment contenir. Me fallait-il entasser les restes humides de mon émoi – dans une agentivité humaine qu’il me faudrait éviscérer plus tard – contre ses saillis sanguinolentes que l’absence avait créé ?
Les papillons laissaient tressaillir leurs ailes et les chats, dissimulés en contrebas, les observaient. Des larves fourmillaient contre mes pommettes.
L’autre, l’inconnu et ses quatre pommes de taille subjective, refusait la proposition d’une douche, revêtu de cette politesse japonaise sur laquelle je me retenais trop souvent de cracher. J’arquai un sourcil, circonspect, détaillant sa démarche, cette évasion qui laissait les chats illusoires se masser contre ses chevilles, alors qu’il s’allongeait sur son lit.
Je savais pertinemment, ma langue perçant la surface fumante du thé, qu’il ne voyait rien à mon émoi, que ces images et ces sensations qui pullulaient contre ma peau n’avaient de matériel que l’existence que je désirais mentalement leur accorder. Il ne voyait rien, alors que j’imaginais des chenilles ramper hors de mes oreilles et les ailes de mes lépidoptères synaptiques mettaient le feu à ses rideaux. Dans ma tête, il s’embrasait, souvenir de meurtres passés, émulation de décisions amèrement regrettées, et je me retrouvais, encore, tétanisé par l’effroi résultant de mes gestes, sanctionné par ma conscience, recroquevillé sous le poids de la honte.
Le feu était un réceptacle adéquat, le manifeste le plus clair de mes émotions. Dans l’usine, il avait servi à étouffer l’émotivité rattachée à Zakuro, à ce Ciel accidenté qui s’était évincé sous le joug d’une pollution mécanique, et, dans le labyrinthe, il avait servi à manifester mon amusement, à laisser danser les paillettes de ma cognition à l’air libre. À l’école, au Québec, il avait servi de défi, de remontrance à l’égard de Beaudoin et de ses diagnostics pourris. Maintenant ? Il servait à enterrer Yume. Le feu communiquait pour moi, babillait d’un revers de sa langue ardente, toutes ces paroles auxquelles je n’arrivais pas à donner forme.
On ne m’a pas largué. On ne m’a pas brisé le cœur.
On m’a . . .
Je déposai ma tasse sur le sol, fléchissant les genoux pour atteindre mon sac. La porcelaine tinta contre le plancher, un son perçant dans le silence des fourmillements d’insectes imaginés, et déversa une part de son contenu près de mes pieds. Je n’y portai guère attention, enfonçant mes paumes dans les entrailles de mon réceptacle pour en extirper mes allumettes, avant de me redresser.
Le craquement résultant de la friction de l’allumette contre sa boite fut quasi instantané et une flamme précaire vînt vaciller entre mes doigts. J’enjambai l’espace me séparent du lit du nain-de-jardin-qui-n’en-était-pas-un et la déposai contre une tâche goudronnée qui ornait le bas de son t-shirt. L’essence s’embrasa instantanément et un douloureux sourire vînt étirer mes commissures.
Il ne fallait pas laisser mourir celui-là. Il ne fallait jamais laisser mourir les humains – ou perdre de vue ceux qui avait été logés dans les viscères de mon émulation de corporalité humaine – mais les potentielles marques qui résulteraient de notre contact seraient ces souvenirs indélébiles qui croasseraient contre son épiderme. Quelque chose pour contraindre les âmes que je croisais à ne jamais m’oublier. À ne jamais entièrement me laisser derrière, impuissant, incapable de les pourchasser.
( La solution à ce dilemme de vie viendrait des années plus tard, se manifesterait simplement, au détour d’une nouvelle disparition inopinée. Celle de Valentine, qui m’arracherait un sourire plutôt que des larmes, et qui me laisserait me déphaser dans le temps, scanner le néant, à la recherche de son patronyme récurent. Mais pour l’instant, pour l’instant… ).
J’attrapais son col pour le tirer vers moi, mes doigts arachnéens se courbant au niveau de ses clavicules. L’odeur du tissu cramé de son haut me chatouillait les narines. Je grognai, crispant ma mâchoire, mon sourire vacillant comme une cordée de lumignon de Noël défectueux.
« Douche. Maintenant. »
Son col entre mes doigts, je tentai de le pousser dans la direction de ce que je croyais être la salle de bain, cambrant mes muscles pour forcer ses mouvements. De l’eau pour valser contre le feu. De l’eau pour étouffer l’émoi.
Je ne lui donnais pas vraiment le choix, au final.
Mes papillons mentaux se précipitaient contre les maigres flammes enclenchées par l'allumette et les larves que j'envisageais frétiller sur mon visage chutaient contre sa silhouette, dépeignant un paysage funèbre duquel je souhaitais à demi nous dissocier.
Peut-être.
- Spoiler:
Comme toujours, fais-moi signe si quelque chose ne te convient pas. Je changerai promptement.
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| | | Hisaka Rika ♣ Université - 3ème année
Genre : Age : 28 Adresse : 15 Rue du Tatami, Quartier Hebi 640 Multicompte(s) : Hayden Yoshida
KMO :
| Sujet: Re: THUG LIFE [PV Kohaku] Dim 1 Avr 2018 - 14:35 | |
| Les mots m’échappent. Dans un état second, je ne réalise pas l’impact que mes paroles peuvent avoir sur mon interlocuteur. Mon discours frappe l’inconnu, mais je ne m’en aperçois pas encore, le coup n’est pas léthal : c’était une balle à blanc. Pensant qu’il s’est calmé, je m’allonge sur mon lit, les avant-bras soutenant mon crâne. Du coin de l’œil, je surveille la boisson que j’ai posé par terre pour mon invité quelques instants plus tôt. Une fois le thé servi, la chaleur contenue dans la tasse tente de s’échapper du récipient. Et de la même manière, l’âme du jeune homme s’évapore, sa folie reprend le pas sur sa conscience. Le tintement de la tasse contre mon plancher aurait dû me faire réagir, mais trop occupé à écouter le chant chaotique des sirènes résonner, je ne le vois pas attraper son sac, je ne le vois pas en dégager le paquet d’allumettes responsable du sombre spectacle du parking.
Mais soudain, une friction retentit. Mes sens en alerte me font tourner la tête vers la source sonore. Pour la seconde fois de la journée, mes iris sombres se teintent de rouge, vif. Une odeur bien familière titille mes narines. Dans les mains du désespéré, une allumette et un grattoir. Il va déclencher le détecteur de fumée ! D’un mouvement vain, je tente de me redresser, mais il est plus rapide que moi. Impuissant, je l’observe fondre sur moi et avant que je ne réalise le point qu’il vise. La goudron, vestige de mon témoignage de l’incendie, s’embrase aussitôt. Un cri silencieux retentit dans la pièce, un cri étouffé par la peur et l’angoisse de mourir. Il murmure des mots que je ne cherche même pas à comprendre. Une chaleur inconfortable se propage sur mon corps alors qu’il sourit sournoisement : suis-je en train d’assister à mon propre décès ? Une larme roule le long de ma joue charbonnée.
C’est en étant proche de la mort que l’on réalise que l’on veut être en vie.
Ses doigts attrapent mon col sans que je ne puisse riposter – ça serait bien trop dangereux de toute manière – et m’entraînent dans la petite pièce adjacente à ma chambre. Dans mon désespoir, je me suis agrippé à lui, à son bras qui me maintient prisonnier de mon destin, en tentant de l’emmener avec moi dans les flammes dansantes, dans l’incendie mortel. N’est-ce pas ce que font tous les héros qui se sacrifient ? Lui-même tâché de goudron, je vois de maigres flammes prendre naissance sur ses vêtements alors que notre lutte insignifiante nous font chuter dans la salle d’eau.
Mais je n’ai jamais été un héros.
Je tombe douloureusement dans le bac de ma douche et hurle, ne sachant pas vraiment si le mal vient de ma brûlure ou de la chute brutale. Toujours collé au corps incandescent, je tente de dégager mon bras pour appuyer sur l’interrupteur qui finira par nous délivrer.
Pschiiit
Les premières gouttes d’eau sont salvatrices. De l’eau pour éteindre le feu de la rage. De l’eau pour dissimuler mes larmes. De l’eau pour balayer les constructions fragiles du passé. Alors même que le feu s’est éteint, je continue de crier, toujours collé contre un corps désormais humide et froid. Pour la première fois, je relève mes iris noirs vers le visage du criminel sans que je ne puisse y lire une quelconque émotion. Qu’est-ce qu’il m’a pris putain ? Qu’est-ce qu’il m’a pris d’emmener ce détraqué ici. J’avais si peur, peur de la loi, peur de la mort, peur de tout, que j’ai cherché à repousser l’échéance. Au loin, la sirène des pompiers crie toujours son désespoir. Lentement, j’abaisse mon bras et de le laisse dramatiquement coulisser le long de celui du pyromane. Ma respiration jusque là forte se calme petit à petit, alors que l’eau froide continue de couler sur nos corps.
« Pars…Pars. »
Je l’implore d’un murmure, espérant que la douche improvisée ait calmé le monstre et réveillé quelque chose d’humain dans cette enveloppe vide de toute âme. Sans aucune force, ni plan de secours, mes mains viennent se poser sur les doigts osseux encore posés sur mon col et avec douceur, je tente de les dégager.
« S’il-te-plaît. . »
Va-t’en, pour toujours, ai-je envie de lui dire. Il est trop tard pour croire que toute cette histoire n’était qu’un rêve : l’heure du réveil a sonnée depuis bien trop longtemps. L’eau ruisselant le long de mon visage, je ferme les yeux et savoure le doux sifflement de l’eau s’échappant du pommeau de douche. C’est peut-être la dernière fois que j’entends ce bruit.
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