₪ Académie Keimoo ₪ In a decade, will you be there ? |
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| I cling to. (Kohaku) | |
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Auteur | Message |
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Zakuro Fea ▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
Genre : Age : 31 Adresse : 3, rue la Chance, app. 11, quartier Hiryuu, avec Lawrence E. Swanster. 1580 Multicompte(s) : Kojiro Sekigahara
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| Sujet: I cling to. (Kohaku) Dim 25 Sep 2011 - 3:45 | |
| Portable dans la main, cheveux noirs attachés, mes yeux bleus balayaient les environs d'une ville trop surexcitée pour que je me sente à l'aise. Comme deux aimants du même type, se repoussant mutuellement, je repoussais, rejetais avec force et inconscience cette vivacité de la gestuelle externe et quotidienne du tableau citadin que je me faisais des villes. Des voitures, des flash, des cris, des klaxons... je ne supportais pas ce monde trop moderne bâti sur une terre où l'épée côtoyait le samouraï. Où était passé cette poésie me faisant tant aimer le Japon? Où s'était dissipé les filamenteuses esquisses des vies féodales d'autrefois? J'avais l'impression de marcher sur un cimetière, aux tombes désorganisées. Soupirant, je tournais mon visage, étudiant la situation. Adossé contre un mur, le visage pensif, je restais, comme une ombre dressée, à patienter qu'un noble conducteur de voiture aux gaz polluants daignent me laisser passer ce stupide carrefour à la con. Pensif et rageur. Les deux sentiments se mêlaient à ma poitrine, tandis que de temps à autres, je relevais la main, mes doigts refermés sur mon portable. Aucun message. J'avais envie de parler à Renji. Lui dire n'importe quoi. Que je l'aimais? J'eus un soupir. Ma vie perdait de sa candeur, certainement, et je ne parvenais plus à comprendre qui du garçon ou de l'adulte devait mener sa vie. Perdre le fil de son existence était un mal oisif, terrible. Je ne cherchais pas à m'enfuir d'une quelconque réalité. Pour moi, rien n'existait vraiment. Dépressif? Haha, les mecs... pas du tout. J'étais pensif. Tout une nuance. Je soupirais de nouveau, rangeant mon portable dans la poche. Organiser une rencontre IRL entre deux jeunes gens? Limite cocasse, et ça ne me ressemblait pas. Bof, je ne me ressemblais plus trop, ces derniers temps.
Je suis ce que je subis?
Mordant ma lèvre avec rage, m'infligeant un centième de la douleur brûlant mon ventre depuis quelques semaines déjà, je rageais, seul comme un con, le dos contre un mur. Bordel. Où était passé mon honneur? Mes rêves? Ma volonté? Tout avait disparu? Où cela? Entre les bras de Renji? Je t'aime, je t'aime, je t'aime. Répéter ces mots des milliers de fois. Sincérité et malédiction, tout cela se mêlant dans ma tête avec une intense gravité. J'étais un Rônin. Or, je venais de passer Samouraï.
Rônin; chien sans maitre. Samourai; chien enchainé.
Qui osait proclamer la gloire de ces derniers? Rien que des esclaves à la botte de leurs seigneurs, prêts à sacrifier leur vie pour des hommes n'en ayant rien à branler de leur jolis petit minois. J'étais dégouté.
Merde, quoi.
Enième soupir, regard qui s'enflamme, mes mains balayèrent mes mèches sombre de devant mon visage, les ramenant en arrière dans un geste badin, je m'engageais sur le carrefour. J'avais rendez vous avec un mec. Mignon, pas mignon? On s'en fout. Il s'intéressait un tant soit peu au Japon. J'avais mon rôle à jouer. Qui étais-je? Zakuro Fea, Ronin. Ou pas. Déambulant à travers les rues du centre-ville, ignorant monde et existence, je me frayais un passage à travers ces frontières entre ma réalité et la leur.
Arrivé au centre ville, sur le lieu donné du rendez vous, soit une joli petite fontaine converte de tag, je posais mon regard sur l'unique personne susceptible de m'intéresser. Cheveux blanc, attitude "spéciale". Pas que ses cheveux m'attire, mais je percevais ... des palpitations. Aura? Youhou, je pouvais me lancer dans le magnétisme. Mes prunelles bleues captèrent un éclat sanguin, et je souris, par automatisme. Ce mec me plaisait. Que lui, pas, je m'en foutais royalement. Je vivais pour moi, pas pour lui. Du moins je l'espérais encore, avec cette once de naïveté me définissant si bien. Je m'approchais de lui, mains dans les poches, démarche calme. Rapide topo? : jean sombre, chemise ouverte, T-shirt blanc. La graaaaaande classe. J'eus un sourire mental. Me plantant devant le mec, j'analysais les deux trucs les plus choquants visuellement chez lui: ses yeux, et ses yeux. Rires. Ses cheveux... j'aimais bien. Mais ses yeux étaient absolument géniaux. Mes lèvres s'étirèrent un sourire.
- La phrase classe qui tue tout, à dire , lorsque deux personnes se rencontrent, c'est quoi déjà? .
Dernière édition par Zakuro Fea le Jeu 20 Juin 2013 - 18:54, édité 3 fois | |
| | | Kohaku Joshua Mitsumasa ♣ Université - 4ème année
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| Sujet: Re: I cling to. (Kohaku) Lun 3 Oct 2011 - 4:48 | |
| I CLING TO “ You. ” Conurbation enivrante, société transcendante. Cette pittoresque fourmilière qu’est la vie ne m’a jamais laissé sur ma faim. Les pieds qui claquent contre le bitume, les fragments de voix de toutes sortes, ce genre de mélodie m’éblouira éternellement. C’était presque dommage qu’aujourd’hui je ne pouvais me permettre de me délecter exhaustivement les notes embrouillées de l’humanité dans son habitat naturel. Meilleure chance la prochaine fois. À l’instant, j’attendais un mec. Son signe distinctif ? Il ne m’en avait pas donné, à vrai dire, je ne lui avais pas laissé ce luxe. Après tout, j’étais une boule de singularité éclatante, il allait me reconnaitre dès le premier regard. Si mes cheveux et mes lentilles ne suffisaient pas, bah, mes bottes montantes et lacées d’un vert lime criard suffiraient amplement. J’adorais qu’on me remarque, à peine un peu moins que j’adorais remarquer. Mes pieds frottaient contre le parquet dans un mouvement incessant de vas-et-viens, mes yeux parcouraient les tags recouvrant la fontaine, alors que mon cul reposait tranquillement sur le rebord de la dites fontaine. En ciment concret, terne et claire, rien de réellement artistique. Notre lieu de rendez-vous, qui affichait des images et commentaires plutôt amusants. Quoique les moindres actions du peuple japonais me paraissaient intéressantes ou complètement tarées. Par exemple leur principe de conformité, de formalité, m’agaçait grandement. Parfois, je cherchais l’originalité comme un aveugle chercherait la couleur. Elle s’avérait impossible à trouver, un peu comme si elle n’existait pas dans cette société uniforme et accablante. M’enfin, ils demeuraient des humains, arpentaient le sol d’une terre jadis brillante de légendes et d’intrigues fascinantes et créaient des magnificences technologique. C’était d’ailleurs pour cette raison que je patientais depuis une quinzaine de minutes, inconfortablement disposé sur le rebord cimenté de la cracheuse d’eau souillée. Une rencontre IRL inspirée par quelques longues conversations sur un forum où les gens discutaient de divers trucs liés au Japon. Il y avait plusieurs sous-forums s’apparentant à plusieurs catégories; arts martiaux, mangas, mythes et légendes, musique etc., mais c’était sur la ChatBox que je l’avais abordé. L’endroit ne contenait pas grande monde à 4 heures du matin. . . Les mots s’enfilant les uns par-dessus les autres, la conversation avait déboulé l’Evrest jusqu’à ce que mes paupières papillonnent et se ferment d’elles-mêmes. Sympa, changeant. Comme j’étais toujours partant, il ne m’avait pas fallu d’énormes arabesques enchantantes pour me convaincre de l’incité à participer à une rencontre. Il me connaissait sous le pseudo de Chess et je ne comptais pas vraiment démordre de cette identité. Le rapprochement entre ma personne et le junkie hilare d’Aliss, m’empourprait d’une fierté chaleureuse. Un jour je l’atteindrai, cette légèreté insoutenable, le mysticisme du mangeur d’âme et m’élèverai plus haut que l’humanité pour sillonner le ciel et la fixer de mon regard arc-en-ciel. Je regarderai les damnés être torturés par des démons et m’amuserai de leur déchéance, plus haut, intouchable. Mon livre favori, Aliss mentionné plus haut, reposait tranquillement sur mes cuisses. Je l’abandonnais rarement, ce bouquin étant probablement ma possession la plus précieuse. Aussitôt que l’autre se pointerait, je n’aurais qu’à le ranger dans mon sac à bandoulière. Les japonais ne connaissaient rien à Sénécal. Il bafouait un maître dans son art, se passait de chefs-d’œuvre inconditionnels. D’obsessions rongeantes, mais si attrayantes. Je soupirai, m’efforçant d’ignorer le jeune couple en pleine prise de bec planté juste devant moi en caressant la couverture lisse de mon tome vénéré. Ce serait si facile de m’imposer dans leur dispute un contraignant ‘ J’ai couché avec elle ‘ au bout des lèvres. Mais non, si je me foutais dans la merde avant même que mon contact ne se soit pointé, je ne serais rien d’autre que pitoyable. Pas que la perspective de m’attirer des ennuis me dérangeait, je ne suis rien de ce que je subis après tout, le mal, l’humiliation, la culpabilité m’existaient pas dans monde, mais si je finissais par me battre, je louperais mon rendez-vous. Alors, me contenant malgré moi, je fredonnais des airs incongrus, mes doigts passe de la couverture de mon livre jusqu’à la surface des quelques graffitis que je pouvais atteindre. Mon préféré s’avérait certainement être l’ébauche filiforme d’une sorte de troll dément. Ahh, les autorités devaient rechigner face à un affront aussi satanique de la structure publique. Claquement de langue. Je m’énervais moi-même. Bravo Kohaku. Bravo le monde. Le monde est con, mais je l’aimerai à jamais. Autorité. Structure. Aliénation des facettes uniques, changeantes des gens. C’est de la merde, c’est une vitre teinté qui m’empêchera à jamais d’observer les moindres détails de mes cibles, de mes colocataires humains. - La phrase classe qui tue tout, à dire, lorsque deux personnes se rencontrent, c'est quoi déjà?Je sursautai, perceptiblement et relevai ma tête d’un trait sec. Un ciel contredisant les nuages qui habillaient la stratosphère en cette banale journée me percuta de plein fouet. Je ne portai qu’une minime attention au reste du corps, je contemplerai plus tard. J’ai tout mon temps, tout mon temps. Ces prunelles irréelles me sidéraient, avoir été un tantinet plus désaxé, je me serais saisi d’une cuillère pour pouvoir m’en emparer. « Toi, moi, tes yeux, dans un lit ? » Bon. Durant nos discutions, il avait eu droit à un avant goût de mon sens de l’humour douteux, vulgaire selon certains. Alors, j’osais espérer qu’il n’interpréterait pas mal mes intentions. Quoique, je m’en fichais un peu. Ce serait plutôt rigolo de jauger sa réaction à ma phrase s’il s’avérait me prendre au sérieux. Sur quel part de la série de mot s’attarderait-il ? Le lit ? Les yeux ? La combinaison des deux pronoms nous désignant ? Pfhehe. Tant de possibilités ! Tant d’alternatives possibles. « C’pas vraiment classe, mais ça tue en criss. I’d be up for a bitchslap usually ~ » Penchant ma tête sur le côté, à la manière d’une poupée dont le fil tenant l’articulation du cou aurait été sectionné, je répondis à son sourire d’un étirement de lèvre rieur, pas tout à fait moqueur. Au final, il me paraissait plutôt mignon, quoique très sobrement vêtu. Je m'extasiai devant ses mèches de jais, leur teinte totalement opposée à ma propre tignasse hasardeusement stylée, puis, sans grande cérémonie pointai le couple se criant toujours dessus à quelques mètres de nous d'un index allongé. Les timbres de leurs voix s’élevaient graduellement, négligeant de laisser les passants ignorant à leur vie privée. J'attendis que mon svelte interlocuteur leur jette un coup d'œil, balayant son physique de mes lentilles carmines du même coup. Je n'étais pas tombé sur un accidenté ou un prépubère. Pour sûr. « D’après toi, qui a tort ? Elle ou lui ? » - Spoiler:
J'ai la lourde impression que mon post' est merdique, alors si il ne fait pas l'affaire ou que tu souhaites que je recommence. N'hésite pas à me le dire. T__T Je m'excuse aussi pour le délais d'attente . . .
Dernière édition par Kohaku Joshua Mitsumasa le Mar 6 Déc 2011 - 6:51, édité 1 fois | |
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| Sujet: Re: I cling to. (Kohaku) Mar 4 Oct 2011 - 1:05 | |
| « Toi, moi, tes yeux, dans un lit ? »
J'eus un sourire ravi, accompagnant mon regard devenu soudainement pétillant. Lui aussi, ses yeux me plaisait, mais sincèrement, par souci de pudeur, je tacherai d'être poli et prudent pour une première rencontre. Ttt, visais-je dans la subtilité? presque jamais, ces derniers temps.
« Je savais que j'aurais du prendre les condoms. Sorry, pas eu le temps. »
Branleur, va. Tu venais de coucher avec Ren, et souhaitais recommencer de suite? totalement irrespectueux comme comportement. Je me retins de glousser quand a cette idée. Depuis quand étais-je aussi enclin a une désobéissance quasi constante de mes fondations absolues et définitives sur l'ordre et la bienséance japonaise? Rompre d'un claquement de doigt mes propres limites, instaurées sur des consignes ancestrales? Haha, Zak faisait sa crise d'ado sur le tard. Je reportais mes yeux sur le garçon. Comment l'avais connu? Divagation de mon esprit fébrile, un soir de révisions bâclées, où j'avais fait les yeux doux à mon ordinateur plutôt qu'a mes cours. Nouveau en ligne, qui m'avait intéressé, rien que par son pseudo. Stupide. Mais comportement que j'avais adopté ce jour là. Quand Chess rencontre Litchi, que se passe t'il? Ouais, Litchi. Quoi, ça pose un problème? M'en fous, j'étais inspiré par Litchi Hikari Club, à ce moment là, et pourtant perdu dans mes tribulations mangaphiles. Qu'avais trouvé avec ce mec? Autre chose que la face hilare d'un chat dont le visage hanterait mes nuits, prêt à me plonger dans une folie nocturne. Qu'est ce qui m'avait plu ? Peut etre ce contraste, justement, de ne pas le retrouver dans un univers d'Alice, où la pauvre petite fille que je ne suis pas se serait perdu entre les divagations folles et hasardeuses d'un novice en la matière étudiée. Soit le Japon. J'aimais, j'adorais, j'idolâtrais ces temps féodaux avec une espèce de déni de la réalité, refusant la perte des terres japonaises, de ses légendes et de ses sabres. Cherchais-je à les faire renaitre, de par ma simple volonté? de quoi, ces légendes? Bien sûr! Si possible, j'aurais donné tout ce que j'avais pour disparaitre dans le fictif. Gosse alarmé que j'étais, je n'avais pas vu le temps me rattraper. D'ailleurs, si mon Maitre ne m'avait pas giflé, en ces temps là, serais-je encore perdu à des kilomètres de la vérité? Sans aucun doute.
Je portais mon attention sur Chess. Pourquoi quelque part m'étais-je attendu a une personne aussi.... Excentrique que lui? Il exhalait une effluve d'originalité a des kilomètres à la ronde. Interdit, il était interdit de ne pas le regarder. Profil aussi ravageur que son physique n'était criard, il attirait l'oeil comme le feu embrasant une foret. Impossible de le louper. Cherchait il cet effet ou se cachait il derrière une barrière extravagante afin de mieux s'effacer? le chat de Chesshire semblait seulement aussi fou qu'il ne l'était décrit dans le bouquin. Pauvres anglais... Je retirais ma phrase, me souvenant in extremis de mon propre passé de bâtard.
« D’après toi, qui a tort ? Elle ou lui ? » « Nous, qui les regardons... »
Réponse du tac au tac, moue dubitative, mes lèvres avaient laissés s'échapper une réponse un peu morne, que j'accentuais d'un haussement d'épaule. Pourtant, j'étais certain d'avoir raison. Je ne supportais pas les gens qui étalaient leurs différents aux oreilles de tous, de manière à humilier l'autre. Pas que l'un ou l'autre ne le mérite pas, mais avoir à affronter des conflits conjugal hors d'un cadre déjà connu, la famille, était assez chiant. Je les dévisageais de nouveau, étudiant leurs profils tellement asiatiques. Chess avaient les yeux rouges. Artifices, certainement, mais totale appartenance a sa personnalité; les lentilles devenaient ainsi une partie de lui même. Comme ses cheveux, blancs, sa peau translucide et ses vêtements flash. Tout comme mes yeux bleus, enclaves à mon besoin d'être Japonais. J'étais un bâtard. Un chien qui s'etait longtemps cru sans Maitre, mais qui au final portait le point de sa propre trahison au fond de ses orbites. Qui m'en avait fait prendre conscience? Un garçon que j'avais pris pour une fille, que j'avais pris pour un Hikari, qui portait le nom d'un astre. Aux yeux verts. Je ne sais pas qui avait fait le plus mal: ma conscience ou bien ses mots? j'avais toujours été tellement con que je ne m'étais jamais rendu compte à quel point mes yeux, aux yeux des japonais, faisaient de moi un étranger. Je soupirais, et plongeais mon regard sur Chess.
« Eyh, chaton, tu veux qu'on aille où? »
HS: je mettrais au propre quand j'aurai un ordi potable. ^^ et ton post était juste parfait. | |
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| Sujet: Re: I cling to. (Kohaku) Jeu 13 Oct 2011 - 7:15 | |
| Un rire. Moqueur, charmeur, quoique agréablement surpris.
Sa réaction, son affirmation lancée si simplement, m’arracha un éclat de voix clair, répété quelques seconde, l’instant que mes yeux se plissent d’une hilarité légère. Un ricanement. Un gloussement. J’inclinai légèrement la tête, mes mèches opales se dispersant sur mon front autant que le fixatif osait le leur permettre, que quelques valeureux millimètres persistants tout au plus. Heheh. De toutes les réactions envisagées, je n’avais pris en compte que des exclamations choquées, que de probables minauderies à mon égard. Les attitudes récurrentes. Rien de réellement positif, si la situation se voyait regardée par un œil brillant de normalité. Moi, n’importe quoi m’allait, passant d’une phrase explosive bourrée d’insultes jusqu’au lamentable « Qu-quoi !? » précisant l’incompréhension. L’humain et ses états d’âme composeraient éternellement le repas le plus satisfaisant, quelques soient les conséquences qui en découlent. ‘Douleur’ relevait de l’inconnu dans mon dictionnaire, accompagné de d’autre termes explicites tels ‘Peur’ et ‘Retenue’. Je ne m’attendais pas à cette déclaration dépourvue de gêne, jetée du tact au tact sous l’arche de mon nez ténu. Fascinant, amusant. Ça valait le coup de ne pas m’être emmêlé dans la dispute du couple déchaîné qui hurlait toujours à tue tête juste à côté. J’aurais détesté les louper, lui, ce litchi incongru et, eux, ses jolis yeux sucrés. Ils me paraissaient prometteurs. Porteurs de moments intéressants.
J’aurais sauté par-dessus un charmant partenaire de jeu qui, aux abords, me paraissait suffisamment consentant. La chance de trouver des gens assez fonceurs pour daigner tolérer ma compagnie de manière exhaustive s’avérait plutôt rare, voir carrément absente. Sa présence, son acceptation lui valait donc une de mes humeurs positives. Pour l’instant. Pas que je me formaliserais d’un bon rejet suintant d’acide, juste qu’un cobaye permissif me laissait une plus grande marge de manœuvre qu’une gerbille récalcitrante. Bon, les amoureux enragés me faisait toujours de l’œil, acérait encore ma curiosité, mais, pour l’instant, mon attention vacillait dans la direction du mec qui m’avait fait patienter près de 20 minutes. Tsk, l’aurait quand même pu arriver à l’heure ~ . Teehee.
Lorsque je l’interrogeai au sujet des oiseaux roucoulant rageusement, car on sait tous que d’intenses prises de bec composent le quotidien de tout couple se respectant, il me répondit d’un ton morne. Encore du tact au tact, prompt et fidèle à l’ébauche que je m’étais fait de son caractère. Direct, mais étrangement réfléchi. Eh, de la compétition ? Assurément pas, mais avec un peu de chance, j’arriverais à créer quelques flammèches colorées avec ce fruit au physique attrayant.
M’enfin, sa réponse lui valu tout de même un lourd froncement de sourcils en provenance de ma personne. On critiquait l’observation participante dans le milieu de prédilection le plus naturel qui soit. Nan, ça ne collait pas. Chess sait tout, donc, par conséquent, par ambition, par intérêt, je me devais de m’élever à son niveau, me devais de m’impliquer dans la vie des sujets de mon ‘Daresbury’, de mon ‘Pays des Merveilles’. Tsk ! Les gens se noieront à jamais dans leur ignorance, dans leur désir de demeurer innocent. Ils ne façonneront jamais rien d’autre que l’infime sphère leur servant d’existence, de refuge. Le monde est vaste, le monde s’étend à perte de vue. Tant de visages, tant de couleurs, tant de courant de pensée différents. Pourquoi ne pas tout connaître, pourquoi ne pas tout dominer ? Bande de cons.
Je répliquai, brusquement, orageusement.
« Pas d’accord . . . S’ils se donnent en spectacle, c’est leur problème, pas le mien. Ils présentent une carte à jouer, n’importe qui peut s’interposer. Toi, moi, ce mec là-bas qui tue ses poumons à coup de cigarette. Ehh. Si c’est sous nos yeux, ça nous appartient. On a tous les droits. »
Oui tous les droits. La société ne représentait pour moi qu’une clôture, qu’une barrière, qu’il me fallait franchir pour atteindre l’apogée de ma complexion. Les règles qu’elle dictait dénaturaient la race humaine, l’empêchaient de revêtir de réelles teintes chatoyantes, l’enchainaient à une vie dépourvue d’intérêt et d’instinct. Uniforme à mes précédentes élucubrations, cette dénaturation était on ne peu plus visible en terre japonaise. Identique, résonnant d’un même pas. Digne de mes vomissures. De ma gerbe. Je brusquais l’humanité pour la forcer à quitter la route que traçait pour elle la société. J’admirais presque les mafieux qui descendaient leurs opposants à coup de fusil. Ils faisaient ce qu’ils voulaient, du moins, c’était le cas des plus hauts gradés. Moi aussi, un jour, j’allais pouvoir faire tout ce que je désirais, mes moindres pensées se verraient projetées dans la réalité. Cette certitude muait mon corps, propulsait ma forme matérielle au-delà du niveau de ses semblables.
Je lançai un regard brulant, iridescent, à mon compagnon. Ses prunelles d’ange m’adoucissaient quelques peu, mais la rage susurrait tout de même de douces paroles à mon oreille. Une part de moi souhaitait ignorer son opinion débile, tandis que l’autre me sommait de lui coller une droite. Hmm . . .
« Eyh, chaton, tu veux qu'on aille où? »
Il m’extirpa à nouveau de mes rêveries, de mes discours mentaux plutôt rancuniers à son égard. J’en pinçais vraiment pour ses yeux. Si scintillants, si sublimes. Je me relevai, gauchement dû à l’engourdissement s’étant rependu tel un mal passager à l’intérieur de mes jambes, et en profitai pour ranger mon précieux roman à l’intérieur de mon sac. Si quelque chose arrivait à ce livre . . . Je pris bien soin de l’enterrer sous mes autres affaires, le mettant ainsi à l’abri d’éventuelles intempéries. Uniquement lorsque l’objet auquel je vouais un culte obsessionnel fut-il éloigné des regards, daignais-je porté le mien sur Litchi. Debout, tout près, accaparé de ses vêtements simplets. Devrais-je l’emmener faire du shopping, histoire de pimenter un peu ses habits ? Ou serait-il préférable que je tourmente un peu dans le but d’exercer une petite vengeance personnelle en retour à sa réponse insatisfaisante.
Il cligna des yeux. Ses cils devaient être des aiguilles, car ils percèrent le fil de mes idées comme on percerait un ballon bourré d’hélium. Damné soit ce bleu trop clair, trop vivifiant. Où résidait mon contrôle si je ne parvenais même pas à rester en rogne contre lui ? Tch !
Je haussai des épaules, boudeur, vaguement frustré. Contre moi-même ou contre lui ? Un peu des deux probablement, malgré le fait qu’il soit beaucoup plus aisé de blâmer autrui. Le couple criait fort, les amants gesticulant ne démordant pas de leurs arguments respectifs. Je les comprenais distinctement, c’est tellement jouissif avoir raison, de gagner, d’être le plus puissant. Heh.
« Chaton ? Tu t’attends à ce que je ronronne ? », le questionnais-je d’un ton venimeux.
Me traitait-il de faible ? Insinuait-il une quelconque forme d’allusion péjorative ou me voyais-je trop saisi par la susceptibilité qui accompagne généralement les égos surdimensionnés. Tsk.
Je ne suis rien de ce que je subis. Je ne suis rien de ce que je subis. Rien. Rien. Rien.
Rien du tout.
Je grognai distraitement, élevant de nouveau mes épaules d’une manière se voulant nonchalante. Insatisfait de mon humeur, incertain de ce que je voulais faire et transit par une paire d’iris singuliers. Pft. Il me faut tirer le meilleur de cette rencontre, sucer le miel de la ruche pour éviter les regrets. Regrets ? Pft. Un autre mot qui n’a pas sa place dans mon vocabulaire. On subit nos regrets, alors que moi, je ne subis que dalle.
« M’enfin . . . J’me fou d’où on va tant que c’est intéressant. Alors, t’as l’choix, tu m’laisse ajouter des trucs à ta garde-robe, on s’fait une jolie fiesta japonaise en paradant dans les rues, katanas et yukatas compris, ou on passe à la pharmacie acheter les condoms qu’t’as oublié. On peut faire les trois si tu veux, ou mieux. Genre, aller embêter ces deux là. »
Je désignai le couple perturbateur du menton. Sans plus. Il choisirait, je me chargerais de m’adapter à la situation de manière flamboyante, distrayante. Tant que ça prouvait être divertissant. - Spoiler:
J'ignore si c'est sensé. Il est tard. Je me relirai demain et changerai peut-être quelques trucs. Eh. Encore désolée pour l'attente. <3
Dernière édition par Kohaku Joshua Mitsumasa le Mar 6 Déc 2011 - 6:51, édité 1 fois | |
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| Sujet: Re: I cling to. (Kohaku) Sam 15 Oct 2011 - 9:45 | |
| H.S: J'adore tes posts.
« Pas d’accord . . . S’ils se donnent en spectacle, c’est leur problème, pas le mien. Ils présentent une carte à jouer, n’importe qui peut s’interposer. Toi, moi, ce mec là-bas qui tue ses poumons à coup de cigarette. Ehh. Si c’est sous nos yeux, ça nous appartient. On a tous les droits. »
Ils présentent une carte à jouer, n'importe qui peut s'interposer. Intéressant, ça méritait de se développer, songeais-je, mon esprit lancé comme un cheval fou dans une plaine d'analyse et de déduction. Si le monde était une gigantesque partie de jeu de société, n'importe qui devait adhérer à l'idée qu'il n'y avait aucun dieu, aucune supériorité inconnue au dessus de la tête des hommes leur indiquant quelques attitude à avoir tout du long de leur vie. Imaginer cette liberté compétitive, ce combat entre les joueurs, cette partie d'échec géante me faisait frissonner. Si par exemple, au contraires, les interventions soutenues des géants sur les nuages étaient considérées comme entretenues par nos propres déplacement vitaux, alors nous étions malgré nous les jouets des Dieux. Mais je voulais curieusement croire ce que me disait Chess. Que nous étions en pleine possession, et légitime, de ce qui existait. Si tout était à nous... quelle puissance avions-nous aux creux des mains, remarquais-je, presque surpris. Le ciel, à moi? La couleur de ses yeux, à moi? Ton corps, à moi?
« C'est édifiant d'être Dieu, dans ce cas. »
Je lui souris, assurant de ma position mes dires. Si ses dires étaient fondés, se révélaient fondés, les hommes passaient plus que des hommes, non? J'affrontais un regard étrange, intense, bien plus puissant que celui des garçons de mon âge. Brûlant au fond de ses yeux comme un feu souvent entretenu, et au final parfaitement dompté, la colère que je ne comprenais pas affrontait mon calme impassible. Allons, Chess? Je croisais les bras sur ma poitrine, plongeant sur lui un châle bleu, cherchant à l'immiscer dans une étrange bienveillance. Aha, si j'étais Dieu, je me devais d'être plus fort que lui, non? Comme un écho, cette phrase résonna dans ma tête, chassant avec une brusque douleur ma faiblesse de ce matin. Si j'étais Dieu, j'étais le plus fort. Imaginer être dieu était tellement stupide. Mais j'étais un humain, j'avais mes rêves, j'avais le cerveau programmé de manière à continuer à espérer différents facteurs en fonction de mon environnement. Si je n'étais jamais né au Japon, mais en Angleterre, par exemple, serais-je celui que je suis aujourd'hui? Qui avait prévu de me faire naître sur la terre qui ferait de moi un enfant porté par ses fantasmes imaginaires?
« Chaton ? Tu t’attends à ce que je ronronne ? » « C'est toi qui doit faire c'que tu veux, non? » Lui répliquais-je en souriant. J'aimais bien les chats. Mais lui n'en était pas un pour autant. Je me prenais pour dieu. Je ne l'étais pas pour autant. Je ramenais mes cheveux en arrière.
« M’enfin . . . J’me fou d’où on va tant que c’est intéressant. Alors, t’as l’choix, tu m’laisse ajouter des trucs à ta garde-robe, on s’fait une jolie fiesta japonaise en paradant dans les rues, katanas et yukatas compris, ou on passe à la pharmacie acheter les condoms qu’t’as oublié. On peut faire les trois si tu veux, ou mieux. Genre, aller embêter ces deux là. »
Si je le pouvais, je m'enfoncerais dans la certitude que ce type était vraiment dieu. Quelque chose me retenait, peut être un sourire. Il était totalement autre que ces garçons, que ces filles, que ces adultes persuadés, tellement persuadés, tellement ancrés sur leurs positions dans une espèce d'attitude spongieuse vis-à-vis de leurs congénère. En fait, aucun n'était vraiment sûr d'avoir raison. Il n'y avait pas les dominés et les dominants. Ca, c'était ce que certains voulaient faire croire. En fait, tout le monde passait d'un jour ou l'autre d'une position Uke à celle de Seme. Mais par contre, Chess avait un charisme impressionnant. Moi qui avait tellement l'habitude de découvrir des identités plus ou moins semblable sur Internet, qui étudiaient les gens d'un oeil morne, qui dressait sur mes propres critères des échelles sociales, je me retrouvais pour la première fois, petit psychologue auto-déclaré de mon monde imaginaire, face à une bête étrange. Plus forte que les autres, plus criarde, plus flash, et plus indomptable. J'aimais cela.
« Tssssk!Parce que ma tenue convient pas? Ooooh, chéri! Je suis absolument certain d'être tout à fait "branché", nan? Hé! Mais si ça ne te va pas, je me fairais un plaisir d'être ta Barbie. Après tout, j'ai jamais vraiment essayé le shopping ailleurs que dans des bibliothèques. Ensuite, je te propose ce que tu veux, pour ce qui est du culturel. J'sais pas si tu maitrise un peu le sabre? Je t'apprendrais. S'tu veux. Ensuite, bah ouais pour les capotes, évidemment. Je pense que ces deux là en ont bien besoin... et puis, je voudrais voir si tu as raison. Si lorsque qu'on se met en spectacle, on appartient aux autres. Si sans se mettre en spectacle, on appartient aussi aux autres. Si c'est le cas, bah ils sont mes jouets. »
Je tus, d'un sourire, le "et toi aussi."
Dernière édition par Zakuro Fea le Mer 14 Nov 2012 - 22:44, édité 1 fois | |
| | | Kohaku Joshua Mitsumasa ♣ Université - 4ème année
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| Sujet: Re: I cling to. (Kohaku) Lun 14 Nov 2011 - 17:16 | |
| Saleté de petite salope aux yeux me valant mille supplices.
Je fixai le fruit hérissé d’épines inoffensives avec consternation, une rage palpable presque implacable. Non, pas de la rage, pas de la colère, une sorte d’agacement aigu, agréable. Bouillant, changeant. Ce mec me plaisait, me répondait sans rechigner, sans tourner autour du pot. Direct, clair, c’est cool, ça facilite la compréhension des règles. Quelles règles ? Celles qui régissent l’immense plaque composant mon jeu, définissant ma réalité. Il paraissait avoir moins de mal à s’adapter à mes écarts de logique aléatoire que le commun des aristocratiques personnages qui croisaient généralement mon chemin. Peut-être même arriverait-il à les interpréter, à les assimiler ; mes mots, mes pensées.
Ou peut-être que j’étais seulement un con qui se faisait beaucoup d’idées au sujet d’un quasi-inconnu rencontrer sur internet. Juste par qu’il manifestait une forme d’accord, juste parce qu’il m’affrontait, sans pour autant m’arracher mon contrôle adoré. Soit, dans le pire des cas, je blâmerais la magie enflammant son regard.
Pfhaha.
J’ajustai le col de l’hybride de chemise violette sans manche que j’arborai confiamment. Ma tenue me valait probablement une foule de regards inquisiteurs, quelques commentaires aberrants dispersés aux quatre vents. Je dois avouer que venant d’une foule aussi uniformément désopilante, l’idée d’être la victime de choix des commentaires hargneux me plaisait. Comment pouvait-on supporter d’être identique. Je suis parfaitement conscient de me poser cette question incessamment, constamment, de la répéter sans cesse, mais je n’arrive pas à saisir cette facette de l’humain moyen. Peut-être Litchi pourrait-il m’éclairer. . .
Je ne me cacherai pas d’admettre que sa tenue lui allait à merveille, s’étendait sur la surface de son torse à la perfection. Tout de même, qu’importe l’attirance, le physique qui complémentait ses vêtements sobres, ils demeuraient trop fades, trop peu fignolés. Sans nul doutes, vu son apparence simple, comprenait-il certainement le besoin qu’avaient les gens de se fondre dans la masse. Pas que ça me plaise. Je préférais tenter de l’extirper de son manque d’originalité, plutôt que d’en définir la source. Ça me plaisait pas de l’observer si terne, alors que c’est yeux coûtaient probablement plus chers que tous les saphirs du monde. J’adorerais le couvrir de dentelle, le bercé de velours . . . Ma Barbie indeed.
« Être branché, c’est se conformer à la masse . . . Je suis à peu près certain que tu valles mieux que ça, ne ? Si c’est pas le cas, I’ll just punch some sense into your head, baby ~ ».
Je plaquai ma paume contre son torse, la glissai jusqu’à la bordure indiquant la présence nécessaire de ses jeans. Puis, conscient de mon manège, de ses prunelles transcendantes rivées sur moi, le gratifiai d’un sourire joueur, presque moqueur. Tu m’énerves Litchi. Et laisse-moi te dire que le mot ‘énerver’ peut épouser la forme de beaucoup de sens. Comment désires-tu m’énerver ? Allez, n’hésite pas, fais ton choix, honey.
« Je hais la monotonie . . ., alors promets-moi d’être critique, Barbie. Et de me laisser te maquiller, évidemment. Les bibliothèques ? Je suis sûre que j’arriverais à me fignoler un truc intéressant avec les vêtements de la bibliothécaire . . . »
Accordant un dernier tiraillement au rebord de ses pantalons, juste pour jauger sa réaction, pour m’amuser du malaise que je créais probablement par le billet de mes mouvements passablement louches, lourds de sous entendus. Qu’en pensait-il, comment interprétait-il mes actes ? L’idée de son ton prompt me surprenant sans gêne, me séduisait littéralement. J’avais eu raison de le voir comme un élément promettant une journée mémorable. À priori, il s’avérait être l’être vivant le plus intéressant que j’avais croisé depuis des lustres. Depuis cette policière qui m’avait traité de Princesse. Je me reculai, fit volte de face, lui présentai l’entièreté de mon dos. Espérons qu’il ne poignardait pas . . . Quoique Wathever ? Je ne subis rien, la lame ne serait qu’illusion, une chimère qui me ferait atterrir aux urgences à l’hosto illico, mais une illusion quand même. Je flotterai au-dessus de la douleur dans toute ma puissance dénué de sensations néfastes, de faiblesses accablantes.
Quoique, plus sérieusement, je doute fort que mon fruit nouvellement acquis m’attaque tel un traitre. Ses beaux discours féodaux sur l’honneur des temps anciens me paraissant bien ancrés dans son système, dans sa matière grise.
« Jamais fait de sabre, mais l’idée de te battre d’un trait me plaît bien. Y’a des règles à réécrire dans le maniement d’cette lame ? ».
Oh. Je me savais parfaitement conscient de mon manque d’expérience mis à côté du sien, mais je possédais, au contraire de tous, une volonté inébranlable que le sang et la douleur rechignaient à stopper, se refuser de contrer. Et, une épée, ça se manie de diverse manière, pourquoi se conformer aux éthiques d’un seul endroit, pourquoi se limiter au maniement du katana lorsque je peux projeter les coups de la chevalerie dans des combats ? Je ne comprends rien à l’honneur, je ne pige strictement rien aux inhibitions rongeantes, aux coutumes que s’imposent les sociétés . . .
Je ricanai, me retournant à demi pour le foudroyer d’un regard espiègle rehaussé par le vermeil de mes iris. Le couple s’enguelait toujours, combien de minutes s’étaient-elles écoulées depuis l’arrivée de mon correspondant internet ? Quinze ? Vingt ? Ces deux là allaient ressentir les effets d’une telle joute de hurlements, leurs gorges respectives se verraient probablement trop irritées pour qu’ils puissent formuler de longues phrases.
Pathétique humains adorés que j’idolâtre et aime par-dessus tout.
« Je préférerais ne pas gaspiller de latex sur leur cas . . . mais, si tu veux, on peut très bien se joindre au spectacle. Pour qu’ils deviennent tes jouets, à toi seul, faut te les approprier . . . Ils s’offrent à qui bien voudrait les réclamer, propose un jeu que n’importe qui pourrait tenter. Ce qui fait toute la différence, c’est que les gens qui osent sont tristement rares et absents . . . Moi, je réclame le dû qu’on me présente, je m’impose et je joue. Ils m'appartiennent tous parce que je le choisis. »
Je ne m’attardai pas sur Litchi, ses paroles un carburant à mes envies récurrentes, à mes passions persistantes. Le maître à l’œuvre. S’il voulait tant des jouets, des cobayes, lui étant exclusifs, s’il souhaitait tant dominer, il n’avait qu’à se joindre au balai tortueux de puissance qu’exerçaient la totalité des êtres vivants. Moi, y compris. Moi, le plus fort.
Je descendis la jambe droite de mon jean rapiécé, d’un revers de semelle fluorescente, et me dirigeai nonchalamment vers les tourtereaux déchus. Démarche hypnotisante, habituée. La situation m’excitait bêtement, l’idée d’avoir un partenaire de jeu me plongeait généralement dans une extase plus prononcée. Je ne subissais rien, mais mon allié, lui, l’était. Lorsque la situation se retournait inévitablement contre mon parti et moi, il me restait toujours les réactions, les minauderies de mon adjuvant improvisé pour me distraire. Litchi ne ferait pas obstruction à la règle. Quoique, il prouverait indéniablement être plus intéressant que la majorité.
Arrivé à la hauteur des amuseurs publiques, je n’attendis point qu’ils me remarquent, trop perdus dans leur réalité bariolés de rouge rageur, et glissai, sans grande cérémonie, sans fanfare, ni feux d’artifices, mes bras pâlots autour de la taille de l’homme. Ouais, jouons avec le feu et en s’attaquant au couple et à la sexualité de ce dernier.
« Hey, t’avais pas dit que tu la laisserais tomber aujourd’hui ? », réprimandais-je l’inconnu, imitant le ton blessé d’un amant trop longtemps dissimulé.
« Je savais que j’avais bien faire de te suivre, on ne peut pas se fier à toi . . . C’est elle ta nana, je m’attendais à mieux, il me semblait que t’avais des standards . . . Sérieux. »
J’avais sans nul doute empiré l’état de leur relation, décuplée leur dispute. En plus, j’allais assurément me prendre un poing en plein tronche, gracieuseté de monsieur. Ou de madame si elle possédait un brin d’attitude.
Litchi allait-il entrer en scène ? Ou allait-il considérer ma décapitation exagéré comme une marque de faiblesse ? Pourtant ce n’était point de la faiblesse, nullement de l’impuissance. Je dominais via la surprise, les embobinais dans ma machine, les transformais en pions que je gérais.
Plus vorace que le surhomme. Aussi indomptable que le junkie hilare.
- Spoiler:
[ Mon ordi est encore en panne, mais comme mon cours de philosophie à été annulé, j'en ai profiter pour te répondre. Je me sens très mal de t'avoir fait attendre si longtemps et j'espère que ma réponse n'est pas trop désapointante ~ ]
Dernière édition par Kohaku Joshua Mitsumasa le Lun 7 Mai 2012 - 21:07, édité 1 fois | |
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| Sujet: Re: I cling to. (Kohaku) Mar 15 Nov 2011 - 19:17 | |
| Être branché, c’est se conformer à la masse . . . Je suis à peu près certain que tu valles mieux que ça, ne ? Si c’est pas le cas, I’ll just punch some sense into your head, baby ~ ».
La dernière menace sonnait comme l’éclat teinté de surprise d’une lame posée sous la gorge de quelque petit rebelle. Je me considérais comme un peu plus que cela, nonobstant. Posant sur Chess un regard presque condescendant, je jouais à le titiller de ma supériorité. J’avais presque envie de lui dire « mais ose, seulement, ose ! », mais je savais qu’il en était totalement capable, et cette capacité m’émut de satisfaction. J’en souriais. Chess signifie échec, nope ? Certes, le jeune homme aux allures d’alien indomptable me paraissait plus un chat sauvage et innaccessible, chevauchant des hauteurs trop éloignées du sol sinistre de cette réalité, mais quand même… quelle réparti il avait ? Il fait échec et mat en deux mouvement. Ses yeux, sa main. Le contact tendit mes muscles dans le même frisson défensif, et pendant une seconde, comme un arc, je me tins prêt à attaquer à mon tour. Sauf que lui ! Mauvais gagnant, n’attaquait pas physiquement… ou peut être au contrairte ; il attaquait trop profondément, pas en surface, de manière bien plus vicieuse que ce à quoi je faisais face lors des combats. Les doigts, méchants, descendirent le long de mon torse, jusqu’au jean. J’avais retenu tout frisson dans un mutisme mental total, refrénant toutes sensations, posant sur lui un regard des plus surpris. Cela appelait à la débauche, marmonna une partie de mon esprit que je tus d’une claque mentale, assénant à mon homologue une attention des plus appuyée quand à ses mouvements. Si le monde était rempli de gens comme lui, je serais profondément malheureux. Lui unique, il était parfait.
« Je hais la monotonie . . ., alors promets-moi d’être critique, Barbie. Et de me laisser te maquiller, évidemment. Les bibliothèques ? Je suis sûre que j’arriverais à me fignoler un truc intéressant avec les vêtements de la bibliothécaire . . . »
Le rôle de passif, de soumis ne m’avait jamais convenu. Un masque trop étroit, qui laissait déborder mes passions, mes humeurs électriques, et mes éclats de rire, brisant en mille morceaux les espoirs infondés d’un réalisateur espérant faire de moi un enfant-sage.
« J’ai toujours cru que le make-up était un fard, camouflant la vérité… tu veux m’arranger, c’est ça ? Je ne te plais pas comme je suis ? »
J’avais presque réussi à paraître apitoyé sur mon sort ! Mais j’en riais, évidemment. Quelle idée géniale, quel fantasme hilarant que d’imaginer une seconde passer sous les doigts d’un type tel que lui ? Je me prêterais au jeu avec un plaisir certain, cherchant presque désespérément à violer son mental profondément protégé, sous les mèches délavées. Mais ses mains lourdes de sens augmentèrent un vil incendie sur mes joues que je sentis rougir en dépit de ma volonté. Etais-je si contrasté pour accepter le jeu de poupée vivante et renier celui de pelote de laine ? J’étirais mes lèvres, chassant le malaise, assurant intérieurement que je me vengerais de ces attitudes louches. Quoi qu’en y réfléchissant, tout ceci n’était qu’un superbe jeu dont sa gueule d’ange délimitait les intentions. Il se détourna, et je croisais les bras sur ma poitrine, cherchant à déterminer ce qu’il pensait. Sans ses yeux, il semblait comme disparu. Certes il était toujours là, aussi criard et flash, mais comme s’il avait refermé sa mâchoire sur un morceau de viande, se désinterressant de moi. Serais-je jaloux d’une portion de steak ?
« Jamais fait de sabre, mais l’idée de te battre d’un trait me plaît bien. Y’a des règles à réécrire dans le maniement d’cette lame ? ».
Son retournement me surpris. Pendant une seconde, je fus sur le point d’exploser de rire. Pardon ? Presque comme une tentatrice, une file de souvenir vint s’enrouler, en écharpe dans mon esprit. Les cloques sur mes mains, la douleur de mes épaules, mes bras me tiraillant, les muscles chauffés, et gonflés, dans des gémissements plaintifs qui arrachaient à mon sensei des sarcasmes violents.
« Chéri, si c’est un défi, prépare toi à en subir les conséquences. Je n’aime pas perdre. »
Je décroisais mes bras en un sourire aimable. J’avais cru comprendre que lui non plus. Mais lui avait l’air bel et bien plus cinglé que moi, alors que moi j’étais la volonté même du surpassement. J’aimerais, des fois, posséder un sabre capable de découper en deux les gens, afin de pouvoir voir leur âme. Je m’avançais de quelque pas sur lui, légèrement plus grand, dominant, mais béotien. Qui était-il ? J’avais appris énormément de choses sur lui, depuis tout à l’heure, effectivement, mais j’aimerais vraiment tout savoir de lui. C’était orgueilleux ? Aha, mais rien à foutre ! Je m’assis sur le rebord de la fontaine, tendant mes bras, en bloquant la jonction de mes coudes, penchant la tête sur le côté, pour mieux le regarder. Des mèches s’échappèrent de mon elastique.
« Je préférerais ne pas gaspiller de latex sur leur cas . . . mais, si tu veux, on peut très bien se joindre au spectacle. Pour qu’ils deviennent tes jouets, à toi seul, faut te les approprier . . . Ils s’offrent à qui bien voudrait les réclamer, propose un jeu que n’importe qui pourrait tenter. Ce qui fait toute la différence, c’est que les gens qui osent sont tristement rares et absents . . . Moi, je réclame le dû qu’on me présente, je m’impose et je joue. Ils m'appartiennent tous parce que je le choisi. »
Je t’appartiens ?
« Tu m’appartiens. »
Waw, ça ressemblait presque à une promesse d’amour ! Je retins un éclat de rire, en vue de la solennité de l’instant. Je le regardais descendre de la fontaine, dresser son pied contre sa jambe pour en ettoffer les plis. Ce mouvement me fit penser à L, dans Death Note. Mais dix milles fois plus attrayant, Chess était d’encre et de chair un personnage dans le livre de ma vie, courant ligne après ligne à un but incertain. Je le regardais, vilain garnement, se rendre près du couple, comme un chevalier de la mort, irrévocable. Mon portable vibra, dans ma poche. Dédaignant une seconde la silhouette de l’indomptable, j’ouvris d’un claquement sonore le battant mécanique. Message de Renji. Il m’avait déjà prévenu. Mais son mail, à l’instant même où je le lu, me fit comme une décharge électrique dans la poitrine. Il quittait le pays. Il partait, après m’avoir appris ce que c’était que faire l’amour. C’était sympa de sa part. Mais dès l’instant même, il n’existait plus pour moi. Qu’il parte. Qu’il vive. Je vivrais. Relevant mes yeux bleus sur le trio nouvellement formé, je restais songeur. Alors, comment préparer mon entrée que je voulais fracassante. Plissant mes paupières, je me mis à fredonner, solitaire, jouant du bout des doigts à tapoter le rebord de granit. Réfléchissons.
Me levant, je me dirigeais à pas lent vers le couple. Sans attirer l’attention sur moi, je les contournais, afin d’arriver de plus loin que la fontaine. Remontant à mon oreille un téléphone pourtant silencieux, j’enclenchais une conversation avec un homologue imaginaire.
« Blablabla… Ouais… Ouais… »
Arrivé à la hauteur du couple et de Chess, je me figeais dans une expression des plus mortifiées, écarquillant mes prunelles bleues sur une attitude interdite.
« Oh mon dieu, vous deux ? Quelle surprise!»
Je fixais Chess et le type, qui enlacés, n’avaient plus rien à perdre.
« Cheeeeeeeessy ! Mais je croyais que ton mec avait changé de bord ? Il est de nouveau gay ? Mais c’est claaaaaasse, ça ! Bonjour Mademoiselle, ce monsieur vous embête ? Je peux vous aider ? »
Avouons le directement, j’étais pathétique pour l’improvisation. J’avais l’impression de faire un sketch devant un public du troisième âge. Bof, tant qu’à faire, autant essayer de rester le plus possible calquer avec mon personnage. Je regardais les beaux yeux bridés de la japonaise. L’envie sadique de les voir ruisselant me prit comme une déflagration, et je me plantais devant elle.
« Je me présente, je suis Angeal Dominicus, chef du bar « Les trois soleils », vous connaissez ? Un endroit, tout à fait charmant, roucoulais-je, en posant ma main sur sa joue fraiche. Je vous offre un verre ? »
Sourire tendre, je caressais imperceptiblement les mèches brune de la japonaise, cherchant à effacer toute trace de colère sur ce joli minois asiatique. Allons, bébé, fais moi plaisir, rends ton mec jaloux, sinon je vais perdre face à Chess. Relâchant mon étrainte sur sa joue, je me tournais vers Chess et « son mec », lançant d’air guilleret.
« Je sais ! Nous pourrions tous y aller ! Il s’agirait là de célébrer le couple de nouveau réuni ; vous deux. Et puis, martelais-je en posant sur la fille un regard appuyé, ce serait l’occasion de faire connaissance. »
J’attendais la claque. Mais ça me faisait rire.
- Spoiler:
Excuse, la fin de mon rp est peu bâclée...
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| Sujet: Re: I cling to. (Kohaku) Lun 5 Déc 2011 - 17:51 | |
| « 1, 2, 3, 4 ! Catch me not ? » Litchi avait l’un de ses culots. Sensations enivrantes dont je n’avais point envie de démordre à l’instant, une part de moi voulait le détruire, l’anéantir, le réduire en pièce pour le punir de ses affronts. Coup de poing, morsures. Be my slave. Pourtant, ses airs condescendant lui valaient un certain charme, contraignaient mes propos à se pimenter d’une certaine envie, m’empêchant de tenter de le réduite à néant. Ses yeux, ses répliques. Je frissonnai. Presque. Saisissement alien qui se reflétait au travers de mes lentilles.
« J’ai toujours cru que le make-up était un fard, camouflant la vérité… tu veux m’arranger, c’est ça ? Je ne te plais pas comme je suis ? »
Un fard, un masque. Plutôt une démarcation théâtrale permettant l’expression d’une authenticité singulière que la société tentait d’écraser. La conformité niaise des gens lui donnait moins de fils à retordre. Dégoutant. J’apprécie l’opulence de l’apparence, le changement discret qu’un peu de fard peut exercer sur les traits d’un être donné. D’un coup de pinceau, je deviens une femme, alors qu’un d’un autre je deviens infâme. Laisse de côte ces nanas crédules qui appliquent leur fond de teint pour masquer leurs défauts, pour plaire. Je ne cherchais à plaire qu’à ma propre personne, qu’à déformer mes traits pour un amusement plus prononcé.
Ce fruit désirable, j’aspirais seulement à voir jusqu’où il pouvait se contorsionner, jusqu’où sa différence s’étendait. À perte de vue ? Heh. Peu probable, car en subissant les déboires de la vie, on s’impose des limites. Aussi amusant soit-il, il n’en demeurait pas moins que l’un deux, l’un des visages de cette foule amorphe. Humain, intriguant, incompréhensible. De quoi aurait-il l’air avec un fini arabesque noire entourant ses yeux chatoyants ? Et qu’arriverait-il si on ajoutait une couleur complémentaire à ses iris sur la surface de sa paupière.
I wonder.
Je gardai le silence, m’empêchai de répondre à ses propos autant frustrant que passionnants. D’une part par la faute du couple qui m’omnibulait davantage de secondes en secondes, emplissant mon champ de vision, me proposant des anicroches fastoches, mais explosives, mais aussi, car il me paraissait nettement plus explicatifs de lui montrer la signification de mes propos, de relever son défi la tête haute.
Je gagne toujours, même lorsque je fini, la mâchoire couverte de bleus, par terre, avec le nez enfoncé dans le bitume. Gagnant éternel, dominant incontesté, au-dessus des faiblesses mondaines, car je ne subis rien, je ne suis pas le simple résultat de mes expériences. Je suis plus, davantage. Changeant. Et je tâcherai de lui montrer jusqu’à quel point mon hilarité pouvait me faire planer, jusqu’à quel point je me trouvais partout et nul part à la fois. À quel point j’étais Chess : insoutenablement léger, indestructible.
Teehee ! He’d see, he’d notice. And he’d fall, just like the rest of them. Pitiful humanity.
Je me détournai, la ferme intention d’aller, de ce pas, tourmenter les tourtereaux enragés qui se crachaient insultes après insultes au visage bien visible dans mes mouvements. Ma posture signifiant l’excitation trépignante qui caractérise le commencement d’une chasse, d’un jeu de pouvoir. Je m’affairai à, momentanément, incapable de me défaire de ses prunelles trop longtemps, me défaire de Litchi. Lui tournant le dos, m’éloignant espiègle ment de sa personne, de chacune des atomes le composant. Puis, il vînt tout gâcher, répondit un truc odieux à ma tirade. Je manquai de me retourner vacillant entre des interrogations lourdes et une rage innommable. Mût par une force de caractère incroyable, un self-control étrange qui ne se manifestait que trop rarement chez moi, je ne réagis pas. Pas tout de suite du moins, ma malice s’accumulant posément dans la totalité de mes muscles.
Je n’appartiens à personne. Je ne suis pas un jouet. Le monde réside entre le confort de mes paumes claires, pas le contraire. Jamais. Pourtant, malgré mon état, malgré ma consistance, à mon grand regret, ses paroles me valurent un douloureux frisson. Un tressaillement qui rampa le long de ma colonne, aigu et alarmant. Le ton de sa voix, la perspective qu’imposait l’image cachée au creux de ses mots. Ah . . . Je n’aimais pas cette sensation de faiblesse, ce vague tournis ensorcelant qui embrumait soudainement mon esprit. Un grognement inaudible, expirant les sensations nouvelles. Je me projetai sur mes cobayes aux gorges éreintées. Je poussai ces détails non-familiers dans un recoin de mon esprit épargné par mon impulsivité, m’exaltai du fait d’avoir un partenaire de jeu, m’égayai de son désir de jouets. Tant qu’il ne tentait pas de faire de moi sa possession, je ne m’opposais pas à ce qu’il s’essait à mon mode de vie.
Litchi et ses propos voilés de menaces pouvaient attendre. Bien que je blâmais ma patience surdimensionnée sur ses yeux brusques, francs et ensorcelants. Habituellement, j’aurais attaqué, j’aurais détruit. Personne n’a le droit de me quémander mon corps, de désirer ma cognition. Je me désintéressai, en surface, de son cas.
À la hauteur des deux autres, du couple plongé dans une déchéance nuptiale, je me plongeai dans mon manège. Tourmentés les cobayes, les pièces d’un dont moi seule définissait les règles ne cesserait jamais de m’amuser, de me réconforter. Je suis Chess.
L’arrivée de Litchi sur la scène de leur déboire les occupa juste assez longtemps pour que je me risque à brusquer la décence, l’orientation sexuelle de l’homme. Tous deux fixaient mon compagnon et son piètre jeu d’acteur d’un œil perplexe. J’avoue que moi aussi, je le scrutais, animé de la soudaine envie de me moquer. Propriétaire d’un bar, il manquait pas d’ambition. Heh. L’homme que je serrais encore, c’était affreusement surprenant qu’il ne m’ait pas encore repoussé, eut vite fait de se rembrunir lorsque les avances du fruit hérissé se firent trop évidentes. Je profitai de la distraction, glissant ma langue, rosée et très certainement visqueuse, hors de ma bouche. Je la posai à la base du cou de l’inconnu, remontant lentement, traçant un chemin sinueux avec ma salive. Trop concentrés dans mes actions, je ne sentis pas la baffe, cuisante et violente, me percuter la mâchoire de plein fouet, alors que le mâle m’écartait fulguramment de lui.
Lorsque l’éclair vif de douleur fut en majeure partie passé, lorsque les picots s’étant imposés dans vision, mon unique réaction fut de cracher le sang emplissant ma bouche en me marrant. Ma lèvre s’était fendue lors de l’impact avec le poing de l’individu colérique, mais, woah, s’était totalement géant. Je ne pris pas le temps de regarder qui arrivait à Litchi, et dévoilant mes dents teintées de rouge, me moquai ouvertement de l’homme.
« Mais, Maru-kuuuun, je croyais qu’on était fait l’un pour l’autre ! You gonna hit me again ? Eeeh ? »
Question inutile considérant que, en effet, le japonais, de souche visiblement, s’apprêtait à m’enfoncer un second coup de poing dans la gueule. Mieux préparé, je me soustrai à l’impact en me repliant vers le bas tous sourires. M’enfin, il ne laissait pas vraiment place à la discussion, préférant tenter de me réduire en bouillie plutôt que de m’injurier. Les gens ; si peu loquaces. Allez, j’avais d’autres choses à faire. Ça devenait déjà barbant, trop commun comme réaction. Je n’étais pas suffisamment en rogne pour me battre, j’avais encore une journée à passé en compagnie de ce condescendant fruit qui se foutait dans le pétrin avec moi.
Heheh ~.
Sans crier gare, me foutant éperdument du monde qui m’entourait, de la tournure que les événements prenaient du côté de Litchi ou de la main à la poigne certaine qui cherchait à agripper mon haut, j’accrochai ma main, un peu trop fort probablement, à l’un des poignets de mon adjuvant improvisé.
« C’est le moment de notre sortie remarquée, chéri. COURS ! »
Je le tournai vers moi, lui accordai un sourire enjôleur, l’espace d’une seconde ou deux me suffisant pour poser cette succession de gestes. Puis, sans lâcher son poignet, me propulsai vers l’avant dans une course effrénée que je le contraignais de suivre. Exaltant, un goût de liberté, un goût d’excitation. Fuir n’est pas lâche, fuir c’est marrant, désopilant !
Notre course ne fut pas exhaustivement longue, je doutais fort que le couple perplexe et très évidemment enragé daigne nous poursuivre. Nous serions une drôle d’histoire à raconter aux amis ou la justification ultime de leur séparation. Point barre. Je m’arrêtai après quelques tournants, encore une fois perdu au sein de la conurbation qu’était Keimoo. Je m’égarais à chaque fois de toute manière. Le souffle court je me retournai vers Litchi. Mes yeux plissés par l’hilarité s’arrondirent légèrement, mon sourire malicieux se figea.
Merde, ce dude était sexy. . . Criss d’iris.
« Ahnf . . . alors, qui avait tort finalement ? Elle ou lui ? », le questionnais-je, mes mots quelques peu espacés dût à ma respiration saccadée, à mon corps vaguement arqué vers le bas. Mes yeux percutèrent les siens, et je me rendis distraitement compte, d’abord et avant tout totalement absorbé par son regard ciel, que j’avais égaré l’une de mes lentilles au cours de notre course folle. L’une de mes banales prunelles désopilantes se voyait dévoilée au grand jour. J’esquissai une grimace. Agacée, dégoutée.
« Fuck, j’ai pu ma lentille, right ? »
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| | | Zakuro Fea ▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
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| Sujet: Re: I cling to. (Kohaku) Lun 5 Déc 2011 - 20:07 | |
| J'attendais la claque, imaginant comment résonnerait le contact des doigts sur ma peau. Comment exploserait sa colère, se résumant peut être simplement au heurt de sa peau sur la mienne, dans un claquement sonore, frisant des décibels interdits par la bienséance. Des règles imposées, imposantes; tandis que mes yeux se noyaient dans les siens, que je cherchais à fouiller, encore un peu plus profond. Comme à provoquer de force un dépucelage auquel elle ne pourrait rien opposer, affrontant de face la volonté de mon regard pénétrant. La couleur bleue, si bâtarde à mon sang japonais, qui coulait sur son corps faisait réchauffer en elle une colère irradiant de sa peau, à la manière des gémissements qu'elle devait pousser avec son mec. Enlacé comme un serpent, Chess jouait un jeu bien moins chaste que le mien. Mes prunelles vrillèrent sur lui, comme recevant soudainement l'appel silencieux de cette langue glissée entre ses lèvres. Petit bout de chair agile et vicieux, aux teintes de bonbon acidulé, je fixais cette langue trop entreprenant. Tellement entreprenante qu'elle en devenait à elle même un chef d'oeuvre scandaleux. Retors et suçons, Chess marqua de sa salive l'homme, à la manière d'un animal s'octroyant un bien défendu. Je vis le coup venir avec une évidence parfaite; comme un code-barre mutant; les cinq doigts de l'homme se fracassèrent contre la joue blanche de l'alien lascif. Gentil monsieur. Il laissait à Chess ses coordonnées digitales. Ultra-classe. Sous mes doigts, la fille exultait, furibonde. Ses cris résonnèrent bientôt dans la rue, et je la lâchais, esquivant une jolie parabole de sa main. Elle ne m'avait donc pas touché, moi qui était intervenu dans la danse nuptiale de Dieu. Et Dieu venait de se faire frapper. Mes yeux plongèrent, alarmés, sur la silhouette de l'extra-terrestre. Il se relevait, filou, ses lèvres aussi explosées par le sourire que le sourire explosé par les lèvres. Ses dents, déchirant le rideau opaque du sang goutant par mince filet sur son menton, dévoilaient leur tranchant prometteur. Oserais-je caresser les lèvres, ou bien y perdrais-je un doigt? Je relevais le visage, fier et arrogant. De quoi? De ma différence? De sa superbe? Chess était un cinglé magnifique. Mes lèvres se retroussèrent en un rire moqueur.
« Mais, Maru-kuuuun, je croyais qu’on était fait l’un pour l’autre ! You gonna hit me again ? Eeeh ? »
Le couple tremblait de colère. Deux instruments de musique accordés sur la même fréquences, les vibrations de leurs corps(des) étirait mon sourire pour de charmants délires. Les voir si coordonnés, alors qu'une minute auparavant, sans les doigts et la langue de Chess, ces jouets s'engueulaient. Quel formidable union ils étaient, à tous les deux. C'était orgasmique. You're my toys. JE relevais ma main, effleurais mon propre visage, imaginant caresser le leurs avec une totale indifférence. La toute puissance, considérée face à une pleine domination. Muuuuuuum, it waaaaas heeeeeeeeere! Je sentis la main de Chess attraper mon poignet. Petit un, son articulation était mal orientée. Il voulait se baiser le poignet ou quoi? Petit deux, j'ouvrais la bouche pour lui demander ce qu'il faisait quand mes yeux chopèrent son regard de dément. Immobilisation du temps et de l'espace. Pan. Mon cerveau décroché, mes yeux silencieux. Une seconde. Puis.
« C’est le moment de notre sortie remarquée, chéri. COURS ! »
Je n'avais pas besoin de cerveau pour courir. Haha, bonne blague! Je remontais à la surface quand Chess se mit à piquer un sprint formidable pour sa petite personne, et m'entrainant dans son sillon, me broyait toujours le poignet avec cette même passion. Sale gosse, va. C'était chiant de courir accroché. Je ne le dépassais pas. Une créature dangereuse, plongée dans ma vie, à cause d'un putain d'ordinateur. Chess, Chessy, Chat, Echec... mes muscles débandés, mon souffle explosant dans l'air, l'adrénaline noyant mon sang dans une drogue assommante. Pas forcément très longtemps, suffisamment pour que je perde pied, pour que je m'envole, pour que je hurle dans ma tête à ce que tout s'arrête. Mais ça ne s'arrêtait pas, ça continuait, et quand ça s'arrêta; ce fut comme si je venais de me prendre un mur en pleine tronche. Mes jambes, mon bassin, mon torse, tout, s'immobilisèrent, et dans un mouvement de pro, plaquais mes mains sur mes hanches, ouvrant la bouche, aspirant l'air dans un bouffée douloureuse. Bordel. Je me redressais lentement, étirant muscle, vision, et inspiration pour un nouveau poème. La balade des gens heureux. You, me, your body.
« Ahnf . . . alors, qui avait tort finalement ? Elle ou lui ? »
Je dévorais l'unique pas nous séparant et posais mes doigts sur son front blanc, soulevant de mes phalanges des mèches blanches déjà trempées par la lourdeur de la transpiration. Essouflé? Je souris.
« Toi. »
Un rire sauvage explosa hors de mes lèvres, réduisant à néant mes réserves d'air. N'en pouvant plus; je me laissais glisser contre un charitable pan de mur, et heurtais le sol, repliant mes genoux dans une pose qui se voulait décontracté. J'avais mal à la poitrine, et mon coeur était bloqué dans ce qui ressemblait à un tuyeau d'aspirateur lancé à la puissance maximale. Mon souffle précipité se heurta à mes mèches tombées devant mes cheveux.
« Fuck, j’ai pu ma lentille, right ? »
Je plongeais mes yeux sur son visage, souriant de cette putain de beauté sauvage. Il avait le charme d'un chat de gouttière; indomptable, sale, crachant et furieux, mais plus superbe et fier que n'importe quel autre ronronneurs. Lui, se battait avec ses griffes, par plaisir de découper la peau. Ce genre de chat qui plongé dans la nuit, devient invisible, quand aux environs opaques. Opaques. Comme l'oeil de jais, vrillé sur les miens. Bleu d'été et nuit d'encre? Mes yeux ne décrochait pas ce regard divisé; entre le sang trash et le noir crash. J'eus un sourire.
« Tu caches sous des lentilles des yeux de démons. Sous un morceau de verre, des morceau d’orage… »
Je me relevais lentement. Du bist mein. Mon pouce se pointa vers le bas, et je tirais une langue provocatrice. Elle a les yeux... revolver...
Pan.
« You've killed me! » | |
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| Sujet: Re: I cling to. (Kohaku) Mar 6 Déc 2011 - 8:50 | |
| What the fuck ?
Nous nous étions arrêtés dans une rue étroite taillée dans le ciment qui semblait caractériser toute grande conurbation. L’endroit était tout aussi terne et grisâtre que celui qui entourait la fontaine. Quelques tags sans grand intérêt servaient à égayer la sobriété suintant d’indifférence qui embaumait le décor. Frustrant, dérangeant. Une telle simplicité, vide d’énergie créatrice, sans sens ni personnalité. L’humain a la capacité de faire des merveilles si extravagantes que votre cœur menacerait de stopper rien que lorsque vous daignez poser les yeux sur elles. Doté d’une telle puissance innée, pourquoi l’homme s’abaissait-il à fabriquer de telles horreurs mornes, qui valsaient à la vitesse du vent vers une érosion triste et sans histoire ?
I’ll never understand the world.
Je réalisai que les phalanges dorées de Litchi m’avaient touché lorsque je le vis retirer sa main des environs de mon visage. Ma cage thoracique alternant entre une acensions et un déclin périodique, les sensations corporelles vouées à mon épiderme se voyaient atténuée le temps que mon corps se remette à fonctionner à un rythme normal. Ma respiration accélérée qui résonnait dans mon crâne et la perturbation que composait la perte d’une des mes deux lentilles du jour m’empêchèrent de concentrer mes aptitudes cognitives sur le simple pronom que l’autre me crachait d’un sourire charmant. Si je ne saisi pas le sens du mot immédiatement, je remarquai ses lèvres et ses iris qui brillaient, attrapant la lumière des quelques rayons qui parvenaient à percer les nuages. Damn him.
Je le regardai rire, posément, m’approchant dangereusement de ce contraignant état que la populace surnommait l’impuissance. Je ne voyais que ses iris bouillonnants, scintillants. Les deux orbes cobalts retenaient toute l’attention qui n’était pas répartie dans le fonctionnement primaire de ma personne. Un nouveau frisson semant l’angoisse le long de mes articulations. Je le sentis telle une décharge électrique, une vrille fulgurante qui insufflait autant la peur que la curiosité. Insoutenable et léger, se faisait plutôt lourd durant ces quelques secondes interminables. Qui s’écoulaient à la vitesse d’atomes gelées . . .
Mais. Non. Je refusais. Je réfutais. Je ne suis rien de ce que je subis. Ces idioties ne sont que le fruit de la contamination de la société. J’ignore ce que sont ces émotions exécrables, néfastes, qui caricaturent la faiblesse des vivants de façon peu galante. Certains appellent cela l’instinct de survie ; moi, je dis qu’il ne s’agit qu’un gros tas d’embrouilles servant à se voiler la face. L’instinct de survie et les émotions faibles telles la peur et l’impuissance relèvent de deux sphères différentes qui cohabitent uniquement dans les esprits peu instruits des érudits fermentés au jus de banalité.
« Tu caches sous des lentilles des yeux de démons. Sous un morceau de verre, des morceaux d’orage… »
Heureusement que cette salope qui laissait ses yeux se prostitué pour lui, brisa son sort d’une phrase qui me fit bouillir d’autre chose que d’un désir contraignant, que d’une envie de la chair. L’agacement, la frustration naquit en moi sournoisement, idéalement. Un terrain familier à tâtonner joyeusement, une vaste plaine commune qui me fît presque regretter de ne pas avoir riposté au poing de l’homme. Je me retins de feuler tel un chat, la comparaison imposée par Litchi encore bien fraîche dans ma mémoire. Je ne comptais pas lui donner la satisfaction de me voir complaire à ses standards, à ses attentes. Je désigne les règles, pas le contraire. Jamais.
Mes yeux. Il les comparait à des démons, à des orages. L’ironie du commentaire ne se fit point ressentir par sa personne, mais moi, elle me percuta de plein fouet, m’asséna un coup de poing qui se vit mille fois plus douloureux que celui ayant eut la courtoisie de fendre ma lèvre. Ma bouche s’entrouvrit, le filet de sang aminci s’en échappant, dégoulinant sur le haut de ma veste, sur le dessus des semelles de mes bottes lime. Malade. Aliéné. Dérangé. Cliniquement atteint. Impuissant. La seule peur fondamentale à mon être que je pouvais m’admettre, que je pouvais intelliger sans honte. La crainte de ce mal mental qui obstruait le sens de mes actes. Dénaturation constante qui me propulsait dans une spirale décadente et sans fin.
Moi qui m’étais efforcé de ne pas m’égarer dans les pensées sombres qui accompagnaient ce sujet. Les tempêtes et les monstres s’avèrent être des aspects de la réalité et de la fiction contrôlés par nul autre qu’eux même ou la nature divine qui les dirige. Transcendant et éphémère. Le commentaire aurait été flatteur, sidérant, aurait probablement fait monter mon intérêt pour cette ode fruitée d’une bonne dizaine de décibels en temps normal. Il pointait mon authenticité, ma différence. Toutefois, considérant mon état, considérant ce mal qui me rongeait et me démantelait doucereusement de l’intérieur, me dénaturant, me disséquant, j’avais davantage l’impression qu’on m’assénait des coups de marteaux sur les doigts. Une si belle course brusquement gâchée par un commentaire fétide, destructeur. Bravo monsieur le génie. Je suis si fier de ta répartie.
Je grognai audiblement, contorsionnai, lentement, mes traits aux valeurs douces et précises en une expression férale que je dirigeai avec hargne dans la direction de Litchi. Il tirait la langue, le pouce pointant vers le bas et je défailli presque devant son allure juvénile. Devant tous les petits détails qui faisaient de lui celui qu’il était infailliblement. Que subissait-il ? D’où venait-il ?
Criss, qu’est-ce qui clochait chez moi ? J’admirais ce jouet à peu près autant que l’envie de l’étrangler s’amusait à apparaitre et disparaitre soudainement à intervalles irrégulières. Je m’approchais, la sueur collant mes vêtements déjà serrés à ma peau, le sang bariolant le canevas pur que j’étais d’une couleur vibrante, inquiétante. Mes yeux reflétaient une lueur contradictoire, à la fois malsaine et curieuse. Un élan d’humanité ne ferait pas disparaitre les prédispositions qui m’avaient emmenées à convoiter le rôle du junkie hilare, du mangeur d’âme.
Je pris une pause. Comique, presque. Subite. Et vérifiai que le sang n’avait pas endommagé mon sac. Je serais retourné démolir l’autre mec si ç’aurait été le cas. Barre de métal, n’importe quoi, j’aurais utilisé tout ce qui se serait mit au travers de mon chemin pour pouvoir sauver l’honneur de mon livre, l’honneur de Aliss. Aliss qui prend le thé de manière rudimentaire au près d’hommes de sciences appréciant les viscères. Pause, qui d’un point de vue extérieur, devait paraitre plutôt loufoque, terminée, j’entrepris de parcourir la distance minime qui me séparait de Litchi. Je le saisi par le collet de son truc blanc, teintant le tissu de cramoisi la où ma main frottait contre ce dernier. Il me dépassait quelques peu, mais je tâchai de ne point laisser les centimètres qu’il possédait miner ma confiance. Toute ma décadence, ma folie. Chess à l’état pur.
« Si tu refais un autre commentaire du genre sur mes yeux, je te promets que je vais faire bien plus que simplement te tuer, Li-tchi. ».
Menace froide, incalculée. Regard de sonde, profond et illusoire. Mes prunelles scrutaient son expression, alors que mon visage bordant le psychotisme se détendait graduellement. Il ne devait rien comprendre à ma réaction, le pauvre inconscient, le pauvre bonhomme. C’est tout de même de sa faute. On ne dit pas n’importe quoi à moins d’être capable d’en assumer les conséquences. En était-il capable ? Était-il assez fort ? La force physique et la force mentale proviennent de deux monde bien différant et s’avèrent être parfaitement dissociable l’une de l’autre bien qu’elles se complémentent parfaitement. Quel genre de force Litchi possédait-il ? Je ne doutais point en les capacités de son corps lascif, s’était davantage sa tête que je voulais m’approprier. . . Tourner dans tous les sens, comprendre pour la plonger dans une débauche de ma création.
Ma rage s’estompa aussi vite qu’elle était venue. Mon inconsistance, mon impulsivité, mon instabilité, bien prononcées dans cette évaporation impossible de la puissante émotion qu’était la colère, la rage. Anyway, c’pas comme si je voulais demeurer en rogne contre ses yeux. . . Heh. Esclave de prunelles muettes qui communiquent par leur brillance. Une fois la fureur volatilisée, je pris conscience de la proximité que j’avais imposée entre nos deux corps. Un magnétisme presque violent me susurrait mille tentations. Je les tus, momentanément, du mieux que je le pus, d’un sourire inquiétant, sidérant, purement espiègle.
Accessoirement sanglant. Sans pour autant m’écarter, testant les limites de cette distance étrangement intime.
« Quand tu dis que j’ai tort, dumb fuck, t’insinue quoi ? Que tu t’es pas amusé ? Pourquoi c’est moi qui a tort, hm ? »
Mes paroles firent violence, mais j’étais bien plus calme qu’il y a quelques secondes. Loin de la sérénité hilare que j’affectionnais tant. Non, je me tenais sur une corde raide et la réponse de Litchi définirait mon attitude. Un caméléon, inconstant et changeant.
Un unique doigt baladeur se posa sur l’estomac du fruit hérissé, traçant des formes imprécises de par-dessus son t-shirt blanc, distraitement, malicieusement. Action. Réaction. Je m’amusai à modifier la pression, mes yeux, artificiellement vairons, rivés dans les profondeurs de ceux de Litchi. Intenses.
J’imitais, lors de certaines manœuvres digitales, le rudiment d’un révolver . . .
Je t’ai tué ? That’s a shame, your had me bewitched honey.
« Au fait, c’quoi ton nom ? Litchi ne te fait pas justice du tout, ça m’énerve. . . »
-
[ Je voulais surprendre avec une réponse rapide. Du coup, j’ai pas vraiment dormi. Désolé si c’est pas très compréhensible. Je vais me relire demain. ~ <3 Et je voulais inclure le truc du tu m’as tué plus en détail, mais mon cerveau n’était plus de concert avec ma motivation. D : N’hésite pas à le dire si tu veux plus de détails ! Je me sens mal D : ! SI c'est trop nul, je peux recommencer ! .__. ]
Dernière édition par Kohaku Joshua Mitsumasa le Mar 13 Déc 2011 - 21:54, édité 1 fois | |
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| Sujet: Re: I cling to. (Kohaku) Mar 6 Déc 2011 - 11:00 | |
| « Si tu refais un autre commentaire du genre sur mes yeux, je te promets que je vais faire bien plus que simplement te tuer, Li-tchi. ».
J'accusais au vol une réception trop violente. Encaissais en silence, soulevé par une main qui ne me décollait pas du sol, mais que la rage avait fait se transformer en ces dragons chinois. Oui. Ces dragons chinois, ondulant et monstrueux, mouvés par des bipèdes hilares jusqu'aux oreilles, revêtant le corps souple et terrible du monstre mythologique. Du chat, il passait à la pièce d'echec sans règles, devenant désormais un monstre. Il n'en restait pas moins un alien. Un alien ayant attrapé mon regard, ayant comprimé mon attention: pour ce chat d'Aliss au pays des merveilles ratées. Un chat fou, au sourire hilare. You. Je n'avais pas saisi. Je pourrais presque mentir en disant que je m'amusais. C'était faux. Il venait de se gourer, de me plonger, nous précipitant tête la première dans mon domaine du jeu. Sans les gens, qui étais-tu, Chess, toi qui jouait avec le monde? Qui étais-tu, vu qu'il ne restais plus que toi et moi, des murs, et ce combat silencieux qui s'instaurait? Une arène aux odeurs de murs gribouillés, des tribunes vides de specacteur ou d'auguste empereurs pour décider de notre sort. Just you and me. Dans ce qui s'appellait un défi. Tu portais la main sur moi, je ne savais rien de toi, je savais tout de moi. Chess, tu étais admirable. Admirable. Je t'enviais. Pour ta confiance en toi. Ne craignais tu donc jamais de te perdre? Ma route à moi elle était toute tracée, pourtant; je combattais, j'avais combattu, et je me battrais. Tout le temps, encore et encore et encore et encore... Mes mains étaient rêches, callées par ces coups qui frappaient encore les corps. Je restais silencieux. M'excuser? Il le méritait. Pleinement. Mais je ne voulais pas, ç'aurait été refuser le duel d'un regard méprisant. Une attitude exhaustive de ma part. Lui... il savait se battre. Pas avec les conditions recommendés. Il était peut être même du genre à jeter de la poussière dans les yeux. Mais il savait se battre, frapper là où ça faisait mal. Plus que me tuer. J'aimerais vraiment que ce soit lui qui m'achève.Chess...? Accepte de faire de moi ton débiteur. Crève moi, histoire qu'on en termine; mais fais le au bon moment. Quand je te regarderais. Quand j'aurais plus aucun espoir, quand tout sera parti en fumée, dans des volutes blanches. Aussi opalines que ses cheveux délavés. Mes lèvres eurent un sourire distrait. Je vis ses yeux quitter mon visage, une seconde, couler sur mon corps, calculateurs. Ses prunelles dissociées vrillèrent de nouveau dans les miens. Qu'es-ce que tu veux, mm? On ne me considère pas comme japonais à cause d'eux... un bleu trop mien, un bleu trop anglais, ce pays où il ne fait que chialer, ce ciel dont on m'affuble le regard. Soupir. Chess, tu oserais vraiment? Continuer trop longtemp à m'enlacer comme ça? Oh, putain, oui, tu étais fort. Je l'avais vu dès que le point de ce mec t'avais explosé dans la mâchoire. Tu n'avais pas cillé. Combien de coups avaies-tu affronter? Jusqu'où tes muscles se bandaient-ils lorsque tu frappais à ton tour? J'étais plus lourd, certes, mais je maitrisais mon équilibre; okay, mais tu pouvais soulever une certaine masse, non? Physiquement tu étais fort. Mais dans ta tête, je te devinais égaré, ou bien trop concentré. Je refusais d'avoir peur de toi. Tu méritais plus. J'en voulais plus.
Son sourire de poupée tueuse fit effacer le mien. De toutes façons, je ne voulais pas me moquer, je n'avais donc pas besoin de sourire. Chess... fais moi une promesse. Ne change jamais. Pour qu’ils deviennent tes jouets, à toi seul, faut te les approprier . . . Ils s’offrent à qui bien voudrait les réclamer, propose un jeu que n’importe qui pourrait tenter. Ce qui fait toute la différence, c’est que les gens qui osent sont tristement rares et absents . . . Moi, je réclame le dû qu’on me présente, je m’impose et je joue. Ils m'appartiennent tous parce que je le choisi. Si je voulais te voir comme ça pour toujours, tu devais comprendre que j'étais le plus fort, non? Je n'étais pas motivé...
« Quand tu dis que j’ai tort, dumb fuck, t’insinue quoi ? Que tu t’es pas amusé ? Pourquoi c’est moi qui a tort, hm ? »
« Non, je ne me suis pas amusé. En fait, j'ai mal suivi ce que tu avais dit. Je suis trop mauvais comédien, je suis trop... attaché à la politesse, je murmurais, baissant la voix, trop entiché à une banalité commune et singulière. Je n'ai pas assez profité. Trop monotone. Si je suis trop monotone, je ne t'intéresse pas, right? Je ne m'intéresserais plus moi non plus... je crois que je me dégouterais. Tu t'es gouré. Donc je suis faible. Mais vu que tu t'es gouré, je suis aussi fort... sur toi. »
Pas de supplications ni de larmes, mon rôle de vierge épleurée sur l'épaule de son amant ne se jouait qu'à un fil. Une admiration que je taisais dans ma poitrine pour le junkie. Hors de question de gagner trop facilement. Il laissa pencher la balance de son côté, faisant chuter la sérénité des lieus. Je suivais sans le regardais le doigt, veillant à la moindre courbe sur un tissu pas assez protecteur. Bordel. Je pensais à lui saisir la main, le stopper. Mais je n'en fis rien.
« Je suis déjà ta Barbie? »
Je devais avouer que je ne m'attendais pas à ce que le jouet puisse s'amuser et profiter lui même de ses martyrs. Nope, je n'avais pas le droit de l'accepter, hein, Mlle Zack-Ste-Nitouche? Soupir. Je vis glisser un revolver devant mes yeux. Doigts innofensifs, symbolisme chargé de balle.
« Au fait, c’quoi ton nom ? Litchi ne te fait pas justice du tout, ça m’énerve. . . »
Je lâchais un sourire amusé. ça t'énervais, Chess? Jusqu'où? Ma main remonta, fascinée par ces cheveux blancs, et j'en tordais une mèche, doucement.
« Zakuro. Zack. »
Oh, pour moi, un nom représentait tellement. Il offrait la possibilité de savoir ce qu'était l'autre, d'avoir cette possibilité de fouiller en lui, à la manière d'un dépucelage violent et irrévocable, effectué rien que par le regard. Je lui avais donné mon nom en toute conséquence de cause. Je savais que de Litchi je devenais Zack. Quoi que. Cela changeait-il vraiment? S'il me donnait son nom, il restait pour moi Chess. C'était un surnom, certes, mais auquel j'avais accordé de l'importance. Chess, Chess... Je crois que je voulais rester Litchi. Peu m'importais que tu connaisse mon nom, ok? Eyh, tu m'as contaminé? Mes doigts caressèrent la mèche. En fait, j'avais bien compris la leçon. Seulement, je n'avais pas cherché à trouver la motivation nécessaire pour l'appliquer lors du couple. Qu'est-ce que ça pouvait faire qu'elle me fiche une claque ou pas? Qui avait tort? Qui avait raison? Chess explorait un monde dont je me découvrais jaloux. Un monde sans limite qui m'intriguait énormément. Aucune limite. Je n'avais jamais imaginer pouvoir fouler un univers comme ça. Tu imagine? Être le plus fort au sabre, sans avoir à gagner ou perdre, simplement parce que c'est toi qui le décide? N'avoir plus à se soucier des règles d'Ajirü... N'avoir plus à se soucier de rien, en fait. Mes doigts se crispèrent lentement sur la mèche opaline. Les doigts de Chess, eux, étaient refermés sur le col, effectuant leur lourde pression autour de ma gorge. Humpf... pour le moment, bien que la menace existât, je savais que c'était trop faible. Trop tendre. Je n'avais encore rien à craindre. Mes yeux s'allumèrent d'un éclat arrogant. Lèvres pâles, fines, qui s'étirent dans une courbe moqueuse, je lâchais un bref éclat de rire. Oo'h, vas-y, Chess, essaie seulement de me faire mal, et je te rendrais la monnaie de ta pièce. Mes doigts, se durcissant, glissèrent le long du pariétal, défrichant ce champ de blé opalin, ébouriffant les mèches dans un désordre divin. Mes doigt se stoppèrent à la nuque, plongeant dans une interstice rendue chaude par les contraste de température. Peau blanche, certes, mais chaude; avec l'épaisseur maigre de la chemise, il y avait opposition, et la nuque tendre de Chess en restait bouillonnante. Mes doigts se stoppèrent sur la première vertèbre. Je n'étais tenté par rien, fasciné par tout. C'était formidable de voir à quel point Dieu était puissant. Appuyant avec mes doigts sur l'os ondulant, je restais une seconde en suspens. L'important n'était pas de faire comprendre à l'autre ce qu'on avait dans la tête. Bien au contraire.
« Je rigole. »
Ma main s'ôta avec délicatesse de la naissance de la nuque de Chess, et je le pris par le poignet, rivant mes yeux dans les siens. Je m'étais moqué, tout à l'heure, de la facticité de ses yeux, du port de ses lentilles. Mais je l'avais su dès le départ que c'était des lentilles... je n'en étais pas déçu. Au contraire. Parce qu'il se "cachait", il en devenait exhibitionniste. Peut être même le contraire.
« On va commencer par le make-up! »
Sourire d'enfant, je redevins rapidement le Litchi innocent qu'il avait rencontré quelques minutes plus tôt. Je ne voulais pas encore gâcher mon beau masque d'enfant. Garder cette image là. Un gosse un peu trop grand, aux yeux bleus. Si je m'enfonçais dans sa perversité, pas sûr que je puisse garder toute ma tête avant la fin de la partie. Ca c'était hors de question. Je voulais gagner, avec mes propres atouts. Resserant mes doigts autour de son poignet, je l'entrainais vers le fond de la ruelle, prêt à déboucher à l'air libre.
« Moi aussi j'ai des questions... C'est qui la personne qui te force quand même à avoir des liens avec la société? Il n'y a pas quelqu'un pour qui tu serais prêt à te plier aux règles? »
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| Sujet: Re: I cling to. (Kohaku) Mer 14 Déc 2011 - 20:48 | |
| Désappointement.
Morne. Monotone. Vide.
La monotonie est un plat fade dont se nourris la planète entière. Peu importe que vous soyez riche, pauvre, éthiopien, canadien ou japonais, vous succomberez à l’atrocité qu’est la redondance, la répétition. Vous naissez, vous êtes éduqué, vous vous trouvez une occupation, vous vous reproduisez, puis vous finissez par vieillir, flétrir pour ultimement mourir. Un cercle vicieux sans précédent, auquel chaque être humain se voit contraint de participer contre son gré, inconscient qu’il lui est possible de rêver à mieux. Pourtant c’est forcé, indéniable, il se doit d’y avoir mieux. Une alternative plus clémente à mon cerveau, une possibilité qui échappe l’esprit sélectif de l’humain. Je m’extirperai du vide de ce dédoublement éternel que la société renforce par le biais de valeurs d’uniformité odieuses. Je m’éjecterai du système avec la flamboyance du junkie hilare et atteindrai l’instabilité perpétuelle de Daresbury.
I believe.
La politesse n’est qu’une conformité incolore, un moyen d’éviter la tension, de ne point propager l’anarchie des propos, d’uniquement rendre audible les mots qu’autrui souhaite entendre. Un collier à chien cloué à même la langue, une restriction constante nécessitant l’abaissement des mots à un niveau moindre, sale. Laisser les normes voiler ses propos représente une faiblesse cuisante qui marque au fer ceux qui l’emploi. Y être attacher dénote une idiotie sans égal, un engouement pour l’analogie du groupe. J’exècre, je hais avec une puissance presque palpable ces hideuses chaînes sociales que revêtissent les gens de leur plein gré. Consciemment, consentant. Pourquoi s’assujettir à une doctrine insensée, pourquoi ne pas se rebeller contre l’injection d’un poison embêtant, dissociant le monde de beauté primaire. Les individus, cachés dans les replis de leur miroitante solitude, éloignés des éclats de voix et de la politesse, me paraitront toujours plus authentiques, plus intéressants que les visages égarés dans la foule. Je tente de les isoler, de provoquer des réactions extrême pour les faire régresser à cet état primaire qui me dévoilera tout d’eux.
Pourtant . . .
Ces yeux. J’avais cru.
Heh. Faut croire que je m’étais lamentablement trompé sur son cas. Comme tant avant lui, il avait cru comprendre mes règles avant de palper la texture de ma planche de jeu. Acide cyanuré enflammée et frigorifiée qui tournoyait dans l’entièreté d’une civilisation bâclée. Bande d’agneaux rebels charmés par l’idée de sensations nouvelles, papillons de nuits attirés par une flamme vacillante anormale. Ils voient en moi une forme de comportement atypique s’écartant de la masse, un marginal incompris aux idéaux difformes. Retardés qui pensent tout connaître des différentes cognitions qui peuplent la Terre. Je ne suis pas le psychopathe classique qui chercher à dominer le monde. Non, je ne cherche pas à contrôler, je cherche à provoquer, à m’approprier dans un contrat libre, à observer à ma guise. Je cherche à ne rien subir, à m’élever au-dessus de tout. Ressentir l’élation d’un vol infini vers l’hilarité constante qu’engendreraient assurément chez moi les actions questionnables de mon peuple unique. Je cherche à tous les forcer à se dissocier de cette uniformité rongeante, à sombrer dans un valse libertine avec l’espace temps. Je me dois de les asservir à mon poison déroutant. Je me dois d’occuper le même genre de pouvoir, de position idéale, que Chess.
Ne rien être, ne rien subir. Au-delà des convenances, des restrictions et des facettes néfastes de l’existence. Tout comprendre, tout savoir. Le ciel serait à moi. Comme eux tous, comme tous ces jouets qui reposerait tranquillement sur le confort de l’herbe, sous mes pieds, progressant lentement, mais sûrement vers leur destruction divine. Je serai l’arche de Noah et les âmes dignes de me nourrir se verront sauvegarder pour un renouveau distancé de la conurbation uniforme, un nouveau dénaturé prenant source dans la distorsion de Daresbury.
Les absurdes idéalistes qui croient pouvoir me changer sont niais, ceux qui croient pouvoir m’imiter le sont davantage.
Le pendule sonnait, au loin, dans mon esprit aliéné, alors que mes yeux transfixé dans un mélange de rage susceptible et frustration traitre, arpentaient de long en large le visage, l’expression, les traits de ma rencontre internet. La chute de mon moral se fit imperceptible, sombrant dans les abysses d’une consternation difficilement explicable. Un partenaire de jeu en moins, une défaillance de plus. Je n’eus pas l’envie de me battre ou de le défiguré, insatisfait du surplus d’espoir que j’avais osé placer en lui. J’en aurais mis ma main au feu, il aurait dût rester jouer plus longtemps. Mes doigts persistaient à couvrir la surface de son estomac, mouvements posés qui transmettaient une parcelle de ma curiosité. Que se cachait-il sous ses vêtements ?
Et il y a avait cette affirmation lancée avec une assurance me paraissant presque gênée ou plutôt pourvue d’une aisance calme, hautaine en son centre. Ignorance. Ton incompréhension ne faisait de toi que d’un jouet plus facilement malléable. . . . N’en restant pas moins un amer échec.
« Fort ? T’simplement ignorant. Aussi influençable que les autres. Pareil. Identique. Monotone. Je t’ai saisi, j’ai joué un brin, mais maintenant que le jeu te dépasse, tu te glisses hors de l’étreinte de mes doigts, tu files et fuis. Pathétiques humains . . . si tu souhaitais jouer en solo avec mon hilarité, il fallait le dire. Hmph . . . »
Pas que j’aurais accepté. Odieuse arrogance.
J’ignorai sa piqûre, refoulai ce penchant séducteur dans lequel ses yeux m’avait fait plonger. Si bleus, si clairs. Leur faute, leur blâme. La croyance d’une différence chez lui de ma part avait été invoqué par la puissance des ces iris ardent, brillant d’une magnificence singulière. Un natif du pays du soleil levant ne pouvait avoir de prunelles pareilles naturellement, pourtant, moi qui connaissait tout du port des lentilles, n’arrivait point à identifier la luisance artificielle qui les caractérisait. Authentique, parfait. J’adorais ses yeux, son regard. Cela rendait la déception on ne peu plus poussée. Barbie me plaisait bien cette fois. Je secouai la tête, taisant un soupir qui aurait montré plus de faiblesse que je ne le souhaitais. Abattu ? Non, réprimant ma colère ? Très probablement. Tremblements rageurs à ma propre adresse. Je m’étais failli à moi-même. Il avait raison. Je m’étais royalement gouré, machiavéliquement trompé, sur son cas. Cela ne le rendait pas plus puissant, mais, moi, me plongeait dans l’inertie de la faiblesse humaine. Imparfait. Incomplet. Un jour j’y arriverai. Un jour, je serai Chess.
Frustration. Mes doigts se crispèrent, mes muscles bandèrent d’un effort de contrôle passablement inutile. Pourquoi, hein ? Je voulais toujours avoir des réponses . . .
« Zakuro. Zack. »
Tsk !
« Za-ku-ro. . . ».
Les trois syllabes me firent violence. Un nom. Son nom. Un ‘K’ qui s’accordait doucereusement à ses mèches onyx, un ‘z’ qui définissait la rareté de ses prunelles. Mieux, il passait d’un fruit savoureux, ambigu et quelques peu perplexant à une foule de lettres symphoniques qui concordaient davantage avec la mélopée sobre qui le définissait. Mes doigts remontèrent son torse, araignées animées de rancœur, jusqu’à la naissance du col de son haut. La corde raide se tendait, menaçant d’être oblitérée. Ils s’y figèrent serrant le tissu plus vigoureusement, mes paupières papillonnant vers une stupeur terrifiée. Je réprimai un hoquet de surprises alors qu’une caresse rafraichie par l’air de l’extérieur vînt se poser sur ma nuque. Un contact à la fois bien trop rude et bien trop doux. Affront dévastant. Je voulu le frapper, le défigurer. Pourquoi restais-je immobile ?
Don’t touch me. Si près, d’un effleurement lourd d’implication. Un jeu inconnu qui allumait un questionnement barbare dans les confins de mon estomac. Une telle arrogance, palpable, visqueuse. Je dévoilai mes dents en un grognement féral, bordant l’animal. Frissonnant. Pourtant je ne prononçai pas la moindre félonne syllabe. Une intensité alien qui ne pourrait se voir rompue que par l’agressivité d’un mouvement imprévu. Moi qui marinait inlassablement dans une impulsivité tournoyante, n’arrivait pas à intelliger mon attitude passive face aux mouvements de Litchi, de Zack. Déception.
Why in the name of Hell ?
Trop près. Recule, fucking idiot. J’avisai son sourire d’un second grognement, entrainant son col une fraction de trop vers l’avant. J’allais me perdre. Frôlant une peau qui n’était point mienne d’une caresse inexplicable qui m’ensorcelait autant qu’elle m’indisposait. Je stoppai mes souffles, repoussant ma faiblesse, sondant ce visage qui m’avait dérobé mon sourire. Sourcils froncés, lèvres retroussés dans un acharnement belliqueux, je tentai presque de réduire cet espace qui osait nous séparer à néant.
Quelles réactions présenterait-il ? Je devais le redescendre au statut de cobaye, d’expérience me valant de l’information sur la socialisation contemporaine. Le rendre aveugle, le rendre niais. Me l’approprier pour cesser la tourmente de ses yeux. Réagis, laisse-moi t’envouter. J’entrouvris les lèvres. Trop près, tout près. Intensité risible qui s’acharnait à m’harnacher à une humanité détestable, impuissante. Je réfutais, toujours et à jamais.
L’effondrement fut soudain et vit mes paroles chargées de balles meurtrières, de promesses cadavériques se perdre dans un tourbillon de stupéfaction. Un murmure sauvage égaré dans les plaines d’un retournement de situation trop soudain.
« Tu m’appartiens. »
Inouï. Inaudible. Engagement certain. Perdu dans la cacophonie créée par son changement d’avis soudain. Tu souhaitais jouer plus longtemps ? Litchi ? J’esquissai une grimace de plaisir. Gagné. Je n’avais point perdu la partie, mes prévisions s’étaient avérées exactes. Your eyes were not lying afterall.
Soulagement, loin des déboires de l’humanité. Je m’esclaffai, alors qu’il m’entrainait. Si loin de Chess. Un jour. Hahaha. Macro. Micro. Un trip m’étant inutile, ma drogue, l’humain, toi, me vaudrait toujours n’importe quel buzz chimique. Mon rire explosa dans la ruelle, ricochant contre le ciment, le sang décorant le bas de mon visage me conférant très certainement un air peu recommandable. Mon sac à bandoulière ballotait au rythme de notre course. Sa main dans la mienne, l’écho de la pression qu’il avait exercé sur mon cou toujours bien frais, il m’entrainait vers la suite de notre aventure périphérique. Les dés jetés, mon fou avancé. Si fragile, si fragile. Engorgé de pouvoir, file sur tes genoux, à quatre pattes. J’avais raison. Encore une fois, plus léger que cette réalité uniforme trop prévisible.
J’eus vite fait de tenter de le dépasser, me propulsant aux devants, souhaitant diriger notre seconde course. Celle-ci plus douce, moins encombrée de sentiments et ressentis contradictoires. Il fallait qu’il s’amuse un brin ou qu’il parte la queue entre les jambes, démoli et blessé. Un choix qu’il ferait lui-même, s’embobinant dans mes fils de marionnettiste, endossant son rôle de marionnette conventionnelle. L’avait-il fait exprès, de profaner mon jardin de puissance par un des imprévus que seul moi devait manipuler ? Je ricanai de plus bel, mes souffles raccourcis se mêlant aux éclats de nouveau joviaux de ma voix.
«Heh ? Le make-up ? Bah ouais, on va me laisser entrer quelque part avec cette tronche de tueur. . . On doit me trouver une salle de bain. Premièrement et avant tout ~ ! »
Il me dépassait, j’abandonnai, me laissant entraîner par le courant. La force ne se découvrait pas seulement dans le corps, bien que d’observer son dos, aux muscles contractés, prouvait être particulièrement étrange de mon point de vue arrière. Je restais dominant malgré ses choix, car j’intelligeais un monde qui lui était hors d’atteinte. Vulgaire moustique aux yeux enchanteurs. Croyais-tu vraiment que j’allais de dévoiler qui sauvegardait la société de mon psychotisme. Sa question m’amusant, croyais-tu pouvoir me comprendre Zack ? Je suis au-dessus de toi et les hommes ne peuvent voler. Le ciel est hors d’atteinte pour eux.
« Me plier aux règles, au normes ? Pft. Comment pourrais-je jouer le même jeu que la planète et l’inclure à ma partie si je refusais de paraitre me conformer aux normes ? Je peux les brusquer, les contourner, mais tant et aussi longtemps que je serai ma propre victime, je ne pourrai m’en extirper totalement. La solitude deviendrait bien vite ennuyante ~ No game, no fun. Alors, je brusque, je ris et j’évite l’uniformité brutale de la masse . . . »
Je tus le ‘Carter’ qui aurait idéalement pu s’échapper du confort velouté de mes lèvres blafardes et lui adressai un sourire vaguement moqueur, m’élevant de nouveau à la hauteur de ses enjambées rapides. Let’s play. My way ? Your way ? Fine by me either way.
« Alors que moi je la réfute, toi, tu te conformes pleinement, right ? À cette société étouffante aux manières idiotes. . . »
Rires. Ricanements. Gloussements mauvais emplis de reproches. Mon index, long, artistique, vînt se planter dans les environs de son visage, pointant, soudainement une enseigne qui me parut familière. La même que celle du café que j’avais visité lors de ma rencontre avec Miss-I-Hate-Cats. There. Je pourrais me débarbouillé un brin et assouvir ma faim. Être affamé me pèserait si je comptais passer la journée en sa compagnie, valait mieux s’occuper des détails inintéressants pour débuter !
« Là ! C’t’endroit sert des cafés qui ressemblent aux corettos ! »- Spoiler:
[ Bon . . . j’aurais pu entamer notre arrivée dans le café, mais . . . vois-tu. J’ai déjà plus de 2000 mots. ~ J’espère que ce n’est pas trop n’importe quoi. ]
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| | | Zakuro Fea ▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
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| Sujet: Re: I cling to. (Kohaku) Jeu 15 Déc 2011 - 15:12 | |
| Comme un doigt appuyant d’une trop longue pression sur la touche escap, le défilement inlassable et trop rapide, irrévocable, du curseur de mon esprit , réduisait à néant des lignes et des lignes d’un texte dont je ne m’étais soucié la taille avant cet instant là. Maintenant, je reculais, fuyant devant l’irrévocable sentence de la disparition de ces mots, ne cherchant même pas à les retenir. Bien qu’ils soient miens. Je jouais au devant d’un jeu trop dangereux. Un jeu qui avait fait se dresser devant mon regard bleu une silhouette armée d’une défense et d’une attaque simultanée ; des mots. Des mots, une attitude, mais ces syllabes, ces mêmes que tous pouvaient répéter, mais que personne ne savait utiliser. Des mots, bien plus douloureux que n’importe quel heurt sur les chaires, ou découpes de l’épiderme. C’était bien plus dangereux, ça brisait avec plus de puissance, et ça s’enfonçait plus facilement. Beaucoup trop facilement pour que je permette une victoire de la part de mon homologue. J’avais relevé les yeux sur un combat me déchirant la tête avec des pinces de fer. Un combat dont le déroulement m’excitait plus que le dénouement. J’étais furieux. Ses mots, il les avaient jetés sur moi comme un pianiste désintéressé ; tapotant du bout des doigts sur un clavier intime ; connu par cœur depuis longtemps, et créant avec ironie des musiques qu’il jugeait trop inférieur à son talent. Furieux du sens, furieux du contenu, exaspéré par la forme. Monotone ? Répétée mille fois dans ma tête, me plongeant dans une bulle isolée du monde, me noyant dans ma propre furie. Monotone. Ignorant. Influençable. Pareil. Identique. Et toute la suite de la phrase. Mes lèvres tordues en un sourire distrait, un sourire faux, que je n’avais même pas voulu voir naitre sur mes lèvres, exposant à peine toute ma difficulté à retenir ma rage. C’était comme si quelqu’un avait jeté un papier au feu. Mais, retombant trop loin des flammes, mais assez près de la chaleur, son martyr s’était composé d’une lente agonie, le faisant s’imploser dans un recroquevillement progressif, craquant, jubilatoire. Une hypnose ; celle du corps se refermant sur lui même pour cacher sa honte à tous ; alors que de cette façon, ne faisait que l’exhiber un peu plus. Mes doigts s’étaient fermés sur un coup que je ne lancerais pas. Les mots ne valaient plus rien contre sa langue. Admiration éperdue . . . Haha. Et pourtant, j’avais ce besoin violent, sidérant, de le déchirer, de le jeter au sol, à genoux. Explosé contre les parois d’une imagination aux limites infernales, ma colère se déversait par à-coup, aura spasmodique flottant entre mes lèvres et mes doigts. J’affrontais son regard ; unique champ de bataille où j’avais un avantage considérable ; je ne savais pas affronter ses mots. Son visage cristallisé dans une expression indéchiffrable, je rageais, rêvant de me venger, de punir l’affront. Rage et frustration. Je lisais dans ses yeux ce qui devait se lire dans les miens. Mais c’était m’abaisser… m’abaisser alors que je ne rêvais que de m’élever. Mes doigts s’ouvrirent. Détente. Pas de pan.
« Za-ku-ro . . . »
Etrange manière de refléter ce que j’étais. Je m’adaptais pourtant à son jeu ; passé en sa compagnie, mon esprit avait eu la docilité de ramper pour comprendre comment il fonctionnait. Mais j’avais choisi, bien avant de le rencontrer de ne pas être ce qu’on déciderait pour moi. J’avais juré, de mon souffle, d’être Ronin. Soupir échappé d’entre l’interstice rosé de mes lèvres, allant se perdre dans le vent tournoyant, s’était étalé devant moi, en ultime témoin à ma promesse, le mont Fuji. Gardien de mes vœux, j’avais imposé ma volonté à une montagne. Inerte, sacrée, impuissante, et dominatrice. Tout ça à la fois. J’avais fait d’un caillou le protecteur de mon secret. Jamais je n’avais laissé Angeal piétiner sur mon rêve. Angeal en qui j’avais placé le plus d’estime. Angeal qui avait été le premier à me montrer que si je voulais voler, la chute serait haute, en fonction de mes erreurs et de mes réussites. Hors de question. Les lèvres de Chess avait –elles décelé dans mon nom ce que j’étais pour lui ( ?) , je ne serais jamais pour lui ce que j’étais à l’instant. J’étais ce que je serais. Mes doigts courant sur son cerveau, je hurlais mentalement de comprendre. La caresse, tout homme la percevait. Il fallait savoir y réagir. Il fallait savoir ce que l’on cherchait. Cheshire me claqua entre les doigts, feulant dans une adorable menace. J’avais envie de le craindre tout autant que je voulais le voir perdre. Sous mon regard. Ses mots, je voulais lui en lacérer le visage, lui en labourer les tripes. Ses doigts se refermèrent sur une pression déjà bien installée. J’étais calme. Lui non. La colère débordait de ses yeux, à la façon de la mer. Je le devinais, maintenant. Il s’apaisait lentement. Comme des vagues venant s’exploser sur els rochers, sa fureur se déchargeait doucement, venant s’achever sur moi. Il releva le visage. Lentement ; trop progressivement, avec un art sidérant. J’en restais interdit. Quelle bravoure. Quel héroïsme. Tenter cela. Avait-il vraiment fouillé mon cœur au point de chercher à remuer cette sensualité ? Il aurait été si facile de céder, de me perdre dans son souffle, d’accepter les règles d’un jeu explosif. Mais dans ses yeux il y avait cette lueur. Cette lueur de test. Ma langue passa sur ma canine, brièvement, imperceptiblement. S’il osait, je le mordrais. Je le mordrais de manière à voir exploser dans ma bouche, entre mes lèvres, sa défaite. Son sang. Mais je ne voulais pas lui montrer… pas encore, pas pour le moment. Les hypothèses allaient et venaient, tandis que je gardais serré contre moi ce serpent. Séducteur, violeur de pensées, il avait réussi à me plonger dans le charme. Mais non. Il ne me toucherait pas. Quelle que soit sa force et sa sensualité. Ne se dégageait de mes yeux que l’ardente envie de l’admirer. Laisse moi t’admirer, Chess, mais laisse moi te montrer que chacun de tes mots avaient martelé dans mon esprit un mur monté de toutes pièces par les erreurs commises de ma part. Tu m’avais poussé à devenir plus fort que toi. Tu ne m’avais pas laissé le choix ; je devais gagner.
« Tu m’appartiens. »
Nos lèvres séparées, les miennes étirées en un sourire. Je n’avais pas son sang dans sa bouche, il n’avait pas ma défaite dans la sienne. Je t’appartiens ? Alors que je me dressais dans ton ombre ? Tu ne me voyais pas ? Oh, je t’en prie, laisse moi jouer encore avec toi avant de ne clore ce combat. Je te voulais tout à moi. Je te voulais pour que j’existe un peu plus. Je ne t’avais pas embrassé. Je n’avais pas perdu. Je n’étais pas ton jouet. Mais tu ne comprenais pas. Je ne l’avais pas formulé… ? Ton rire résonnait à mes oreilles comme un affront à ma victoire de l’instant. Pourquoi tu ne reconnaissais pas que j’avais réussi ? Pourquoi riais-tu ? Pendant une seconde, je voulus te prendre dans mes bras, te rassurer, te montrer, au final que tu t’étais trompé, et que putain non, je n’étais pas pareil ! Colère. Une seconde. Chess passa devant moi. Je le suivis des yeux, rieur, silencieux, comédien. Tu étais…so flashy…
«Heh ? Le make-up ? Bah ouais, on va me laisser entrer quelque part avec cette tronche de tueur. . . On doit me trouver une salle de bain. Premièrement et avant tout ~ ! »
Premièrement et avant tout. Joli. Mais j’étais persuadé que si tu leur imposais à tous ce même jeu auquel tu me faisais t’affronter, ils admireraient tous ton vice, ce même là qui t’avais jeté à genoux pour resplendir, rutilant de sang. Ma première défaite. Supposons. Je ne me laisserais plus abattre. Je devais gagner.
Restant derrière moi, il avait posé sur ma nuque un regard que j’assumais en silence, écoutant simplement le claquement de nos pas. Juste un pas. Juste un pas, un pivôt, et tendre la main. Et j’aurais pu le toucher. Juste me retourner… je ne le fis pas, glissant mes doigts dans ma poche.
« Me plier aux règles, au normes ? Pft. Comment pourrais-je jouer le même jeu que la planète et l’inclure à ma partie si je refusais de paraitre me conformer aux normes ? Je peux les brusquer, les contourner, mais tant et aussi longtemps que je serai ma propre victime, je ne pourrai m’en extirper totalement. La solitude deviendrait bien vite ennuyante ~ No game, no fun. Alors, je brusque, je ris et j’évite l’uniformité brutale de la masse . . . »
Si je pouvais prévoir la suite, c’est qu’il était mauvais gagnant.
« Alors que moi je la réfute, toi, tu te conformes pleinement, right ? À cette société étouffante aux manières idiotes. . . »
Je tus le soupir. Il bondit à mes côtés, et je tournais le visage, plongeant mes yeux sur son visage. Lèvres pleines, nez d’enfant, gueule d’ange, regard binaire. Oh, bébé, c’était si facile…
Je ne répondis rien. Je préparais mes mots.
« Là ! C’t’endroit sert des cafés qui ressemblent aux corettos ! »
Je poussais la porte, lui lâchant un sourire. Quoi ? J’étais sympa ? Nous entrâmes, et je jetais un regard parabolique, embrassant des yeux ses visages se tournant vers nous. En fait… j’étais assez grand… et on avait dit mon regard souvent grave. Les japonais n’aimaient pas qu’on les fixe dans les yeux. Je pris Chess par le bras. Junkie hilare, et Ronin au regard bleu. Le ciel pouvait bien pleuvoir des gouttes de sang que jamais je ne serais plus accordé qu’avec lui. Merci d’exister. Tu me prouvais qu’il fallait être. Je l’avais décidé, n’est ce pas ? Le conduisant dans les toilettes, sans attention pour les sarcasmes amer sur ces jeunes qui se battaient pour un rien, je frappais avec mon coude sur le poussoir. Laissant la porte ouverte, je mis l’eau à couler du lavabo, posant sur lui mon regard.
« Après le café, on ira se maquiller. Mais après, je veux qu’on aille se battre à la lame. Je veux voir si tu es capable de réécrire les règles… de ça. »
ça. Ce qui me faisait vivre. Ce qui me faisait ne plus rien être aux yeux des autres, ce qui me rendait aveugle ; plus rien, tout pour moi, juste le tout total de mon être. Le sabre. Ce qui me poussait à grandir, ce qui me donnait une raison de vivre chaque matin en me levant. MA drogue. Le sabre. Le fait de me battre. De trouver des adversaires. D’être, d’exister, lorsque tout ne tournait plus qu’autour de déplacements, de souffles, de coups, d’attaques et de défenses. Et de regards, parfois.
« Tu préfères le boire dehors ? »
Interrogation si plaisante que je n’en attendis pas la réponse pour me diriger vers l’extérieur. Se posèrent sur nous les mêmes regards attentifs à nos déplacements, tandis que nous déplacions nos êtres peut être pas assez discrets en travers de la boutique. Je rouvris la porte, goutant au soleil. Le mouvement des charnières effraya un oiseau blanc qui s’envola devant moi, laissant griffer au vent une plume qui lui échappa. La plume, dans un mouvement oscillatoire, laissa libre court à sa chute devant mon visage. Je cillais, la suivant du regard. Perdu dans mes pensées. Puis Chess. M’asseyant, je relevais les yeux vers le ciel, bleu, trop lumineux, lui offrant mes prunelles à contracter. Je plongeais mon regard sur Chess.
« Et toi, chaton, comment t’appelle tu ? »
Murmure doux, j’avais plongé à la dernière syllabe mon regard sur mes doigts. Oserais-je les relever, tout timide que j’étais ? Je cillais, reposant directement mes yeux sur lui, caresser du bout des doigts la table. Je ne souriais pas. Je me demandais s’il me frapperait, à la longue. Remontant les coudes sur la table, je plaçais mon visage entre mes paumes, le dévisageant intensément, cherchant à deviner plus que ce que je ne savais. Famille ? Frères ? Sœurs ? Personne pour le rattacher à la société. Non. Il était parfait tel qu’il l’était. Un sourire m’échappa, tandis qu’une jeune femme japonaise vint prendre notre commande. Mes yeux se portèrent instantanément sur le visage de Chess. Joue.
« Ich wurde gern ein… Grüner Tee, bitte. »
La japonaise laissa une seconde ses lèvres flotter en une expression hasardeuse. Prenant une moue dubitative, je tournais mes prunelles sur Chess, comme lui quémandant son aide. Précieuse ridicule.
« Hum… Green tea ? »
Anglais erroné , r mal prononcé, je me faisais allemand, porteur d’un masque aux yeux aryens. La japonaise déconcerté tourna ses yeux vers Chess et ayant pris sa commande, partit d’un pas affolé vers l’intérieur du café. Je posais mes doigts sur la table, tapotant sur le rebord à la manière d’un pianiste impatient. Mon sourire s’était fait presque dramatique.
« Du kannst mich jetzt schreien hör'n. Gleich ist für Dich alles aus, Ich zieh Dir den Stecker raus… »
Mon rire, tout aissi dramatique, ahah, résonna à peine, noyé dans les mots. Soupirés par des lèvres, sucés par ma langue. Mes doigts se relevèrent, allèrent glisser près de mes arcades sourcilières, redescendant sur la mince cicatrice balafrant ma mâchoire.
« Dès que nous aurons terminé ici, je te jetterais à genoux. »
- Spoiler:
Je n'ai pas résisté. Sérieusement. Hier, quand je t'ai dis que je prendrais du plaisir à te répondre. Je ne sais pas si mon texte a quelque qualité, mais oh mama, le pied.... :) (eyh: 2245 mots!)
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| | | Kohaku Joshua Mitsumasa ♣ Université - 4ème année
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| Sujet: Re: I cling to. (Kohaku) Mer 28 Déc 2011 - 8:19 | |
| La cloche annonçant notre entrée tinta sordidement, alors que la luminescence d’un sourire trop impérieux m’éclatait au visage. M’ouvrir la porte, la tenir pour que mes paumes ne puissent y toucher, même lorsque j’avais pesé le fait que je ne relevais point de la royauté princière. Un coup de poing fulgurant, la face couverte d’hémoglobine. Au-dessus de tout, particulièrement de détails encombrant tels l’étiquette et les convenances. Gentillesse, maniéré, au travers des insultes, des commentaires. Je lui accordai un regard balançant incertainement entre l’humour et la suspicion, sourire espiègle bien enfoncé sur mes traits. Un ricanement suave clairement audible, alors que je me glissais sous l’arche décrite par la porte. Il était plus grand, plus imposant aux premiers abords, pourtant, je ne doutai point que les regards de quelques asiatiques perplexes furent portés sur nous par la faute des colorations variées qui se courtisaient sur ma personne, donnant à ma tenue un air à la fois trouble et incandescent. Débutant sur mes bottes limes pour finir sur ma tignasse décolorée. S’attardant lourdement sur le rouge m’égayant douloureusement.
Des gens, lèvres pincées, moues curieuses, le sang qui décorait ma mâchoire aurait pu être fluorescent. Je balayai la foule d’un regard circulaire, contemplai d’un regard direct les têtes variées, un valeureux mélange psychotique plein de douceur. Je m’attardai sur les curieux, les dévisageant, leur accordant un sourire plus ou moins inquiétant. Des personnages impressionnables, des gens en surface. Minauderies sur les tâches carmines qui m’ornaient, je leur montrais toute la splendeur que pouvait contenir un coup bien porté.
Peut-être sentit-il mon tic, le crispement de mes muscles faciaux qui prédisaient l’ouverture de ma bouche, porteuse de commentaires étranges à l’adresse des clients, ou peut-être s’accablait-il simplement des visages recouverts de paroles désapprobatrices. Le fait demeurait que mon bras se retrouvait de nouveau serré dans la poigne chaude de Zack, de nouveau dirigé par cette laisse invisible que le jeune fruit croyait contrôler. Je me fis brièvement docile, laissant mes yeux cascader sur son dos, presque désireux d’effleurer, d’apprendre à comprendre. Que contrôlait-il ? N’était-il pas uniforme, mût par les règlements douteux qui protégeaient d’une anarchie désorganisée ? Je souris de plus bel, portant ma main libre jusqu’à la naissance de son cou, glissant le long de ce que je supposais être sa colonne vertébrale par-dessus son vêtement sombre. Si aisé, incompréhensible par son accablante simplicité.
Tenterais-tu de me ramener à l’ordre ? Hm, Zakuro ?
Je réfutais. Bien évidemment. Absolument.
Il se chargea d’ouvrir une nouvelle porte, la majeure part de son intensité se voyant de nouveau dévoilée à mes prunelles vagabondes. Ah, de tels yeux prouvaient être d’horribles tyrans. Un trop long moment d’égarement, où un tiraillement d’attirance vînt de nouveau me tenailler l’intérieur. Vif, trop délicieusement humain. L’instant d’une seconde, mon sourire s’estompa et je m’écartai de sa figure, dégageant mon bras et me crissant littéralement la tête dans le jet produit par le lavabo. Eau froide qui me laverait de mon combat, l’altercation disparaitrait presqu’entièrement et ne demeurerait réelle que grâce à la cicatrice qui déformait légèrement l’intérieur de ma joue, le rebord de ma lèvre. Toutefois, cette dernière finirait aussi par s’estomper, par s’égarer dans l’oubli noir de la conscience. Je passai mes mains sur mon visage, humectant les mèches opalines l’encadrant de liquide claire. Pas assez pour que ces dernières se scotchent à mon front et à mes joues, juste suffisamment pour les humidifier, les imprégner. Mes pupilles contemplaient le filet rosé qui tournoyait au fond de l’évier, distraitement, presqu’avec nonchalance. Faussée, contradictoire. À vrai dire, je n’étais particulièrement pressé de relever la tête, détestant le jeu néfaste que ces yeux ciel me suppliaient de jouer, détestant le désir et tout les encombrantes idioties qui l’accompagnaient. Aah . . . Oserais-je me tendre moi-même un piège ?
Je me redressai au bout de longues minutes passées à glisser mes phalanges sur mes joues, avisant une expression neutre dans la glace suspendue au-dessus du lavabo, lèvre fendue, veste tâchée. La grande classe, peinturluré tel un clown paré au décollage d’un imminent spectacle.
« Heh ! Je suis que trop la définition du mot sexy ! Cette cicatrice me donne un p’tit air . . . indomptable. ».
Commentaire anodin, auquel je n’attachais pas d’importance préconçue. La beauté était une perception si subjective que je mentais tout autant que je crachais la vérité. Mots déclarés sur un ton jovial, laissant place à une réponse quelconque de la part de Zack, réponse que je laissai défiler sans trop de réaction, car sa prochaine phrase laissa une grimace amusée apparaitre sur mon être. Bien plus intéressante. Je ricanai, encore et toujours, souffle léger se répandant tout autour dans sa musicalité controversée.
« Hm, réécrire ? . . . il ne s’agit pas de réécrire, simplement de ne pas s’conformer. Je ne crois pas au pouvoir absolu des règles. C’con, t’sais ? »
Comme l’idéal commun définissant la beauté, l’absolutisme des lois et règlements n’arrivait à exister et perdurer que car l’humanité acceptait d’y adhérer. La raison pour laquelle ils s’assujettissaient eux même me dépassait totalement, m’énervait et m’embrouillait. Une énigme irrésolue que je n’arrivais point à intelliger, considérant que je me joignais à leur bal ignominieux uniquement pour pouvoir les côtoyer aisément. L’être humain ; si brillant parfois. La foule ; si ingénue en son centre. Rire porteur de sarcasme fusant hors de ma gorge, l’ironie. Le nombre n’est-il pas sensé faire la force ? De mon point de vue, il conduit à la déchéance. La planète surpeuplée se meurt . . .
Hahah. ‘’Dieu’’ et ses homonymes ne sauveront jamais qui que ce soit.
Je frôlais de mes pensée un sujet bien plus général que celui que Litchi insinuait, lui, il faisait référence aux lames s’entrechoquant, aux codes d’honneur et de fidélité me paraissant dépassés, arriérés. De derrière mon écran, portable sur les cuisses, je m’étais bien marré en lisant son amour pour cet art martial, toutefois, sa passion aussi m’avait choqué. Puissante, brusque, bien ancré. Des rêves et des désirs. Une telle profondeur que son résonnement m’avait paru noble, vaguement touchant. Je m’étais empressé de proposer cette rencontre, curiosité piquée au vif. Quel genre de gamin se dissimulait sous l’emblème d’un samouraï, d’un rônin moderne ? Mes iris, différents, à la fois plastifiés et naturels, se baladaient de nouveau distraitement sur l’étendue de son dos. Bout de lui que j’apprenais rapidement à apprécier, simple, qui dégageait une solidité enivrante, déstabilisante, qui me rappelait que les règles dont il parlait ne valait peut-être rien, niaise et naïve, mais que sa passion prouvait indéniable. Obsession. Ce serait trop beau. L’air frais de l’extérieur me fouetta et le ciel s’étant dégagé, éclairant le gris, en présentant une version plus claire, m’indisposa, trop bleu, et j’eus vite fait de prendre place à une table, me laissant tombé dans une chaise sans grande cérémonie. Confortable contre le plastique sali. Je regardai Zack qui perdu dans un contemplation lointaine, fixant les déboires d’une plume portée par l’air, ardait à s’asseoir face à moi. Lorsqu’il le fit, ses yeux, courtisans débonnaires, m’agressèrent une nouvelle fois. Pas la première, pas la dernière. Je me raidi imperceptiblement dans mon siège.
« Et toi, chaton, comment t’appelles-tu ? »
Absence de sourire, de joie. Doutait-il encore de sa présence, de son envie de poursuivre le jeu aléatoire dans lequel nous nous étions lancés ? Sa question me rembrunit et m’illumina, contradiction amusante qui élargit ma joie, mes lèvres s’étirant davantage. Oh ? Someone is curious. Je ne m’attardai point sur l’offensant ‘chaton’, préférant trouver une manière créative de le punir plus tard et dévoilai mes dents, dénaturation partielle. Mon nom ne me représentait point, se résumait à quelques lettres que mes parents avaient cru bon d’assembler ensemble pour former mon appellation. Original, un brin, reflétant mes ethnies différentes. Kohaku Joshua. J’appréciais particulièment le second des deux prénoms, l’associant directement avec la harpie fétide et adorable qui me servait de nounou. Ma vraie mère, celle à qui je vouais un minimum de respect. Sophia Carter. Un minimum minuscule signifiant que je me calmais si elle me le demandait, lorsque je le pouvais, et que jamais, ô grand jamais, je n’oserais me jouer d’elle. Ma monstruosité décrépie, la mienne. À moi.
Au final, peu importe la manière dont on comptait faire référence à ma personne, je resterais moi-même, inchangé, immuable, le même Chess en devenir jusqu’à la moelle. Ne subissant rien, n’alternant rien d’autre que les existences monotones d’autrui.
« On m’appelle de plusieurs manières différentes. Pour certains je suis Kohaku, pour d’autres Joshua, Cheshire ou encore ‘’l’asti de creep’’. Perso’, je préfère Chess . . . »
J’allais mentionner Aliss, l’amour incontesté de ma vie, bouquin porteur de toutes mes aspirations, de tous mes rêves et de ma raison, lorsqu’une japonaise, menue, probablement jolie selon les idéaux communs, s’approcha du duo drôlement agencé, contrasté et explosif que nous présentions. Joli tableau, des pièces d’échec sans échiquier affalées dans une zone de trêve. Il passa sa commande, me perplexant tout autant qu’il semblait indisposer la dame, s’adressant à cette dernière dans un langage que je réussi à identifier comme de l’allemand simplement, car je fus apte à reconnaître le ‘Ich’. Se planter devant des vieilles représentations de série télé à trois heures du matin prouvait être utile. Parfois.
Je m’éclatai dans un sourire, encore, posant mes prunelles contraignant de leur disparité sur la serveuse. Après un bar, il s’appropriait toute l’Allemagne d’un claquement de doigt. Où avait-il appris la langue ? Comment l’avait-il apprise ? Pourquoi ? D’où venait-il ? Je me promis de l’assaillir de ces questions dans un avenir proche, mais inutile de se presser, nous avions toute la journée. La curiosité, démangeaison ingrate, m’empêcherait d’oublier de l’harceler de mes interrogations. Que subissait-il, que devenait-il. Pourquoi ?
Je m’adressai à l’employée, visiblement rendue nerveuse par le petit spectacle de Zack, d’un ton doucereux. Ne connaissant que très peu de termes allemands et n’était certainement pas apte à débiter une phrase cohérente, je m’en remis docilement à l’anglais. Langue familière, couramment illustrée par ma langue. Je laissai mes mots couler naturellement, donnant une impression plus pratiquée que celle que Zakuro avait paru orchestrer.
« A Cappuccino. A Coffee with a lot of whipped cream and caramel. »
Dans un coup de vent, poli et frais, lettres consignées d’une main tremblotante, elle foutu le camp, vers l’intérieur, pour préparer nos commandes, sans quémander son reste. Brave demoiselle, apeuré au cœur de son lieu de travail, risible, vraiment. Simplement, car nous avions choisi d’agir comme des étrangers, comme des marginaux. De ce que j’en savais, ce n’étais pas l’Allemagne, ni l’Angleterre, qui suintait de bar pédophile. Bon, je me devais d’avouer que les clients de ces dits endroits étaient généralement des touristes, mais . . . ouais. Tch. Je secouai la tête pour moi-même, un peu perdu dans l’enchevêtrement de mes méandres absurdes, intelligent à moitié les paroles incompréhensibles de mon contact internet.
« . . . c’est plutôt con de dire un truc que tu désires absolument que j’entende tout en faisant en sorte que je comprenne fuck all. T’parles de déviances ? T’me veux contre un mur, hm ? T’as dit quoi ? »
Ou je me voulais contre un mur. Qu’importait. Je cherchais à le provoquer, à l’inciter à me révéler la signification de sa locution rauque, tout en consonne. Mon humanité et le sortilège lancé par ses iris, par son dos et ses mèches soyeuses n’avait absolument aucun lien. Rien avoir. La confusion me brusquait, je grognai joueusement, appréciant de le voir participer si activant, maniant une balle de laine hors de mon atteinte. Si j’étais un chat, comme il semblait si enclin à le prétendre. Il m’ignora et poursuivit avec une phrase me paraissant tout aussi chargée de double sens que la première avait du l’être. Soudainement ma bouche me paraissait plus pâteuse, ralentie. Lèvres entrouvertes dans leur candeur cristalline, figées sur des mots qui n’auraient jamais le bonheur d’être ouïe. Regard légèrement écarquillé, incrédule, imperceptiblement dilaté. Et la détonation du revoler que je traçais précédemment sur son estomac retentit à l’arrière de mon crane. Stridente, froide. Je n’entendais pas vraiment la menace, l’implication de ces mots, une vague effrénée m'emportant momentané,ent au large comme elle emporterait normalement un humain coincé dans la rage de courants aqueux trops puissants.
« Dès que nous aurons terminé ici, je te jetterais à genoux. »
Je baissai la tête, une seconde, puis deux, rougissant pour la première fois depuis des lustres. Effet bœuf, titanesque. Hnnm. Moment de faiblesse dont il se réjouirait certainement, miracle qu’il n’aurait pu accomplir sans ses atouts exotiques. Je minaudai contre moi-même, toujours rivé vers le sol, vers les formes qui bariolaient la table. Je sentis distraitement la serveuse nous gratifier de nos commandes, mais ne lui accordai pas la gentillesse de remerciement dépourvus de reconnaissance. Phrases brisée. La seule. J’allais lui arracher les yeux et les donner à manger aux corbeaux. Comme dans Cendrillon.
« T-T’as dis quoi ? »
Je me damnai mentalement, relevant mon regard, arrogant, effronté et effarouché, le portant sur Zack avec violence, danger. J’aurais pu lui foutre son thé au visage, lui vider mon café sur le crâne et je l’aurais très certainement fait, le blâmant de cette impuissance trop malléable, trop humaine qui me tenaillait, si une bulle cognitive clémente n’avait pas eu le loisir d’éclater dans mon esprit.
Je subissais alors que . . .
Je n’étais rien de ce que je subissais.
Rires. Fou rire bref et intraitable, plus irréductible que les Gaulois. Je m’esclaffai, m’égarai dans un raz-de-marée de gloussements soulagés. On s’en foutait, ça ne valait rien, aucune impuissance. Je ne subissais, je me métamorphosais pour devenir mieux, plus proche de Chess. Ha ! HA ! Ma crise d’hilarité, drogue grisante qui me ferait éternellement planer s’éternisa un court moment, me valant des regards de d’autres clients. Je détruisais l’atmosphère calme, passant des commentaires dans un jargon purement québécois. Criss que c’tait pissant, intense, trop.
Je souris dans la direction de Zack sans me précoppupé de sa très possible stupéfaction. Who cared ? Je l’invitai à m’approcher d’un doigt svelte, carnassier. Puis rigolai doucement, me contredisant en m’approchant de lui, trainant ma chaise avec moi, traçant son joli minois de mes prunelles tranchantes. Tout près, trop près.
« . . . un metrosexuel armé d’un sabre. Tu vas peindre un joli portrait une fois que j’en aurai terminé avec toi. Za-ku-ro. »
Je soufflai ces mots à son oreille, plongeant mes mains à l’intérieur de mon sac, fouillant pour les quelques bâtons de graisses animales modifiée, de matières chimiques et pointilleuses, qui trônaient patiemment au fond de mon sac. La variété ne brillait point de sa présence, mais on pouvait accomplir tant de chose avec du eyeliner et du mascara que cela suffirait grandement. Je tapotai l’arche de son nez, glissant mon doigt sur l’os avec la jovialité d’un enfant couvert de jouets. J’avais retrouvé la pêche. Pour l’instant. Et je pesais mes mots.
« La polyvalence humaine, ça c’est un truc chouette. Je peux te maquiller, boire mon café et te parler. Tout cela quasiment en même temps. »
Mes doigts vinrent me saisir de son visage, sécurisant une poigne inébranlable sur sa mâchoire, en traçant les contours curieusement. Humant son odeur, scrutant ses très, mon regard s’assombri, se faisant plus intense, concentré, projetant mentalement les marques, les bavures, que j’allais ajouter.
Canevas vierge. Que faire ? Je laissai planer une base de coloration blanche dans une de mes mains, me perdant dans son visage. J’écartai les mèches onyx d’un mouvement automatique. Concentration palpable.
« . . . Hn. »
- Spoiler:
No comments. Désolée. C'est naze >< !
Dernière édition par Kohaku Joshua Mitsumasa le Lun 7 Mai 2012 - 21:08, édité 1 fois | |
| | | Zakuro Fea ▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
Genre : Age : 31 Adresse : 3, rue la Chance, app. 11, quartier Hiryuu, avec Lawrence E. Swanster. 1580 Multicompte(s) : Kojiro Sekigahara
KMO :
| Sujet: Re: I cling to. (Kohaku) Jeu 29 Déc 2011 - 2:14 | |
| Il y avait cette joie de le découvrir « pour de vrai », qui s'était installée, dès que je l'avais vu, près de la fontaine. J'avais directement tilté que c'était lui. Impossible que ce soit quelqu'un de lambda, quelqu'un capable de se fondre dans la masse. Peut-être avais-je deviné, sous ses mots, un intérêt, certes, mais peu approfondi ? Peut-être avais-je compris que même avant que nos regards se croisent, il me testait déjà. Je n'avais pas fait d'histoire, exposant carte sur table mes savoirs, étoffant dans des éloges endiablées les récits de tout l'ère Edo, relatant les batailles dans les plaines, l'apogée de la ville de Nara, ses cerfs et ses samouraï, comment le Shogun avait développé son influence sur tout le pays du Soleil Levant. Comment des assassins avaient-ils accédés au rang de légendes, à la manière de Sarutobi Sasuke, ou encore, cet homme, si éloigné, parmi les siècles, mais qui prônait en maître dans ma vie aujourd'hui : Miyamoto Musashi. Comment ils, ou lui, en particulier, avait tracés son nom dans l'histoire, pourfendant les corps, pourfendant un millénaire. Comment ses interprétations s'étaient multipliés, que ce soit au cinéma ou bien sur papier, en manga. Mais il était mort avant son apogée. Il était mort invaincu, il était mort sans savoir qu'il était l'emblème de la voie du sabre. Un nom. Il était resté un nom.
« On m'appelle de plusieurs manières différentes. Pour certains, je suis Kohaku, pour d'autres Joshua, Cheshire, ou encore ''l'asti des creeps''. Perso', je préfère Chess. »
Kohaku, Joshua, Cheshire, et Chess. Les appellations défilèrent dans mon esprit, roulant sur ma langue sans que je ne fasse le moindre effort pour les répéter à vive voix. Kohaku... Kohaku Joshua. Le deuxième prénom avait été prononcé dans ce même élan morne de la phrase, mais j'y avais perçu quelque chose. Une excitation ? Peut-être me faisais-je des idées. Mes pensées avaient déjà accroché le dernier mot. Chess. Mon Chess, celui que j'avais connu, qui, dès la genèse, m'était apparu étrange. Oui... dès que je l'avais vu à la fontaine, j'avais saisi sur cette présence la certification que c'était lui. Je ne lisais pas les âmes, mais les mots parlaient de manière silencieuse, de manière intime, sceaux uniques de leurs auteurs. Les mots de Chess étaient électriques, mais élégants, choisis, calculés. J'avais imaginé, au début, une personnalité prudente. Peut-être ne m'étais-je pas trompé ? Cette extravagance relevait du génie. Provenait-elle d'une certaine angoisse ? Il était difficile d'imaginer cet être, aux couleurs vives et criardes, la bouche pissant le sang, m'empoignant par le poignet pour courir, être victime d'un quelconque traumas. Il exhibait une sorte de force. Une force presque désespérée. Mais je n'y avais même par réfléchi, je m'étais laissé enduire du miel de ses mots. La baffe avait été magistrale, quand sa colère avait heurté mon aveu. J'avais échoué, m'étais mal engagé dans un jeu que je désirais gagner plus que tout. Un jeu que je désirais gagner plus que tout pour tout ce qu'il était. Admiration, adoration... qui ne cherchait pas à tromper la routine ? Chess était détaché de toutes vérités, il était comme une brebis blanche au milieu d'un troupeau noir. J'avais succombé à un charme étrange, celui d'être passif. Mais je m'étais juré de n'avoir aucun maître. De ne jamais être un chien avec un collier autour du cou. Quitte à perdre mon honneur, autant que ce soit parce que j'ai tout fait pour parvenir à mes fins, et ce sans déloyauté à mon propre égard. Je ne voulais pas me soumettre. Je ne voulais pas de seigneur. Je voulais être libre. Et Chess avait été comme un électrochoc.
« Merci. »
Murmure, détaché du contexte, je n'y fis pas attention. Il avait été cet électrochoc qui m'avait tiré vers le haut, dans un sursaut dénaturé. Un sursaut me remettant en place toutes les idées, et concentrant mon attention sur ce que je devais focaliser ; être. Je devais être ce que voulais être. Et rien d'autre ne devait intervenir dans ma vie. Cette recherche de l'originalité... ce n'était pas mon combat, mais cela avait été suffisant pour me gifler. J'était redevable à Chess. À Kohaku. Qu'importe. Il était ce qu'il voulait être. Et de ce fait, j'étais assuré à ne pas perdre de vue mon chemin. Je le regardais commander, en anglais. Il adoptait mon masque étranger. Un sourire triste glissa sur mes lèvres. L'anglais... Etais-tu anglais, little cat ? Catman... mes pensées sombrèrent vers l'image de l'Union Jack, tandis que mes souvenirs d'enfance refaisaient surface dans une ambiance grise : pas joyeuse, pas triste pour autant. L'apprentissage de cette langue, vécue comme un miracle ; je découvrais la parole, et ainsi j'existais pour la société, alors que mentalement, j'avais toujours vécu, depuis ma naissance. L'anglais, qui était apparu comme la chose la plus belle ; les plus grands écrivains étaient anglais. Puis le déménagement au Japon. L'apprentissage de la langue. L'exploration, la découverte d'une Histoire féodale me passionnant. De découverte, je plongeais au viol : je voulais tout savoir, tout comprendre, et l'anglais était un obstacle ; je l'effaçais lentement de mon esprit, pour me faire japonais. Je n'entendais pas par là être comme ces personnes qui couraient dans la rue, dans des troupeaux déplacé par la même volonté que cette société du travail. Non. J'entendais être cet individu, qui naissait entre les montagnes, qui apprenait à vivre avec le ciel en marchant sur la terre. J'étais un bâtard. J'avais appris à faire le lien, à créer un pont entre le passé et le présent, ce en apprenant le sabre. Mais j'avais oublié un détail. Mes yeux. Trop bleus. Trop bleus pour être japonais. Combien de fois avais-je essayé de les arracher, pleurant comme un enfant, tandis que les doigts de mon professeur me remettaient les idées en place. Violent, violent contre moi même, j'avais fait saigner ce visage au visage trop blanc, à ces yeux trop bleus. Alors Chess qui arrivait en plein milieu d'une journée ensoleillée, cela relevait du miracle. Il était parfait ; parfait dans sa chrysalide, je savais qu'il faisait des efforts pour être ce qu'il voulait être. Je ne savais pas quel était son rêve, mais j'avais perçu cette volonté. Cette volonté là qui le poussait à son rêve. De ce fait, je pouvais me permettre de l'admirer sans rougir. Être. Quelle étrange passion. Parfois, je fantasmais que mes yeux puissent traverser la boite crânienne et fendre la barrière de l'esprit, pour pouvoir plonger dans l'âme des gens. Qu'aurais-je trouvé dans celui de Chess ? Qui était-il ? Tout savoir de lui serait une mauvaise chose, cependant, et je laissais dissiper ces pensées, me concentrant sur son visage.
« C'est plutôt con de dire un truc que tu désire absolument que je t'entendes, tout en faisant en sorte que je comprenne fuck all. T'parles de déviances ? T'me veux contre un mur, hm ? T'as dit quoi ? »
Oh mama, je quiphais son langage. Si libre, si sien. Un vague sourire étira mes lèvres, faisant s'étinceler mes yeux dans un concerto de malice. Pourquoi lui donnerais-je raison ? Pourquoi céder, alors qu'il m'avait fait rentrer dans ce jeu où je voulais être le plus fort ? Hors de question d'aboutir à une défaite. Mes doigts caressèrent le rebord de la tasse, et je ne répondis pas. Je n'étais pas certain de vouloir le voir comprendre mes mots. Peut-être voulais-je simplement le voir écouter. M'écouter moi. Comprendre relevait du statut intelligent. Pas que je le dénaturalise. Il était intelligent. Monstrueusement intelligent. Mais s'il ne connaissait pas l'allemand, cela me positionnait un échelon plus haut. Un minuscule échelon plus haut. Presque inexistant. Je ne voulais pas gagner contre lui simplement en étant beau-parleur. Je savais précisément comment je voulais l'affronter. Sur un terrain où je me savais au meilleur de moi même. Sur un terrain où je savais qu'il ne pourrait jamais, quelque soit sa force, inverser le cours des choses.
« Dès que nous aurons terminés ici, je te jetterai à genoux. »
Le sabre. Je l'adorais ; Chess, je t'adorais. Mais tu n'avais pas vu que ce jeu là était mien. Je te laissais le monde, je te laissais la société, mais le passé, le sabre, et le ciel étaient à moi. Ils étaient à moi parce que je m'étais battu pour les possédés. Parce que je les désirais plus que toi, parce que je ne laisserais personne de mon vivant me les prendre. Je voulais le sabre, pour sa force et pour son témoignage, je voulais le ciel pour sa hauteur, et pour la reconnaissance ; pour y voler un jour. Et je voulais le passé pour pouvoir me retourner, et y admirer le sabre et le ciel à la fois. De ce fait, Chess, je t'interdisais d'en rêver ton appropriation. Garde ce que tu aimes, laisse moi ce que je désire. Comme un coup de vent entre nous deux, mes yeux s'étaient assombris, haineux, quand ceux de Chess s'écarquillèrent. Double sens de ma phrase précédente ? Je ne m'en étais même pas rendu compte. Je le regardais me fixer, puis vriller ses yeux au regard binaire, hypnotiques, au sol. Fuyait-il ? Avait-il entendu ? Possible... ou peut-être pas. Je n'hésiterais pas... ce n'était pas une menace. C'était un avant-coureur. Je ne voulais pas qu'il soit plus fort que moi. Pas au sabre. Surtout pas. C'est pourquoi je le battrai. J'aimai perdre, parfois, contre des adversaires chanceux et amicaux. Mais Chess était un adversaire contre lequel je ne ferais pas de faux pas, et rien n'occasionnerait ma défaite. Je ne tomberai pas, je le refusais. Je venais de lui promettre ; je le jetterai à genoux. Peu m'importait le sang, peu m'importait la raison, et/ou le fait de garder les pieds sur terre, cela n'avait plus rien à voir. Je gagnerai ce combat entre nous. Et tu te conformerai à cela.
« T-T'as dit quoi ? » Ses yeux se relevèrent sur moi. Une seconde déconcerté, j'alternais ma vision ; œil rouge, œil noir. J'optais pour le rouge, affrontant le feu qui s'était allumé derrière la lentille. Sur ses joues, un étrange empourprement me surprit. Il rougissait ? J'aurai pu sourire, mais l'idée de me moquer aussi bassement m’écœura, et je plissais mes paupières, intensifiant le regard que j'avais plongé sur la lentille rouge. Je savais ce que j'avais dit. Mais j'aurais été incapable de le répéter. Trop d'incertitude, moins de puissance dans la tonalité de ma voix, je restais silencieux, affrontant en silence un regard halluciné. Moins de vigueur ; plus de calme. Il fallait savoir être en colère, m'avait dit mon maître, une fois. Et cette colère, je l'avais libéré avec mon avertissement à son égard. Je ne pouvais pas le répéter au risque de paraître perroquet, et incapable d'y replacer les mêmes sentiments, cela aurait été ridicule. Il explosa de rire, et un bref sourire courba mes lèvres, tandis que l'atmosphère se détendait. Il était fou. Mais génial. S'il avait été trop extrême, l'apprèçierais-je comme je l’appréciais maintenant ? Mes doigts quittèrent le rebord de la table, et effleura encore une fois le rebord du vert de thé, je venais caresser mes lèvres, comme effaçant de mes doigts mon sourire. Adoptant un air neutre, je l'observais reprendre contenance, et d'un doigt, m'intimer me rapprocher. Il se pencha au dessus de la table, dans le même mouvement courbé que moi, et je sentis son souffle venir heurter mon cou et le col de ma chemise sombre. Des mèches valsèrent, tandis que mes doigts se cramponnaient à la table, les phalanges blanchies sous la tension.
« … un métrosexuel armé d'un sabre. Tu vas peindre un joli portrait une fois que j'en aurai terminé avec toi, Za-ku-ro. »
« Hm. »
Moquerie à peine camouflée, je me rasseyais doucement, dans le même mouvement que lui, tandis qu'il plongeait la main dans son sac. Je jetais un coup d’œil au mien. Il avait deviné ce que je transportais, n'est-ce pas ? Je ne m'en séparait pas. Avant, on le portait à la ceinture. Maintenant, c'était la connerie humaine qu'on ceignait. Je sentais qu'il n'avait pas fini, que le jeu continuait. Je le regardais sortir de son sac un mascara, un rouge à lèvre, toutes ces genres de chose que je n'arrivais pas à différencier. Le souvenir de ma mère se maquillant dans le miroir, si belle et si grande, se rendant à la fois superbe et vulgaire. Je me souvenais, d'un jour où, petit garçon, j'avais eu envie de pleurer ; je l'avais vu rentrer dans la salle de bain, et avais écouté le tiroir à maquillage s'ouvrir. Je m'étais installé dans un monde imaginaire, cherchant à deviner comment elle sortirait de la salle de bain. Elle avait rendez-vous avec des personnes aimées, et je devinais un repas en conséquences. Pour moi, elle était ma princesse, ma maman, que je rêvais d'épouser. Au peut-être pas, peut-être plus.
« La polyvalence humaine, ça c'est un truc chouette. Je peux te maquiller, boire mon café, et te parler. Tout cela quasiment en même temps. »
Tout à l'heure, alors que nous marchions à travers le café, j'avais senti sa main se poser sur mes premières vertèbres, pour une cascade tactile. J'avais retenu de toutes mes force le moindre frisson capable de dénaturer mon impassibilité. Il me touchait, se permettant des contacts scandaleux en pleine organisation publique. Et pourtant cela m'avait horriblement plut. Je le tenais par le bras, lui l'intenable, l'indomptable. Aucune règles, pas de maître, juste lui et son image. Ce qu'il renvoyait aux autres. Moi, et ma sobriété, mon désintérêt aux autres, mon détachement du présent. J'avais retenu les frissons pour ne rien lui montrer. Mais j'étais fou de joie. Fou qu'il soit là. Parce que je voulais qu'il comprenne, parce qu'il en avait la possibilité. Mais qu'il cherche à me dominer, sans savoir qui je suis était injuste, incalculable. Ses doigts sur mon menton, ses yeux dans mes yeux... une seconde, tout me parut factice. Je rongeais mes freins, rongeais ma prudence, et explosais mes propres lois de silence. Ma main renversa la sienne, et j'attrapais sa nuque, l'attirant à moi, facilitant compréhension et manières. Mes lèvres, dernières barrières, et à la fois libératrices de mes tourments, je les posais près de son lobe, veillant attentivement à ce qu'il réceptionne chaque mot de ma vérité, de mon fait d'être.
« Je la hais. Je la hais parce qu'elle m'a arraché la féodalité. Toi, tu l'aimes, tu joue avec elle, comme un enfant cruel... mais moi elle me dégoûte. Je n'y veux pas de place, je n'en attends plus rien. Parce qu'elle s'est plongée dans cette communauté que je tiens en horreur. Plus de Samouraï, plus de paysans... juste des citoyens qui se disent victime de discriminations sociales alors qu'ils sont tous pareils, de la tête aux pieds. Il n'y a plus d'honneur, il n'y a plus rien... juste un tas. Une société. »
Les mots s'étaient bousculés, avides de libertés, s'échappant de mes lèvres. Une colère, qui avait grandi des années, que je n'avais plus exprimé quand on m'avait rit au nez, me disant que j'étais un rêveur, que je ne serais jamais rônin. Parce que ça n'existait plus. Ils m'avaient plongés dans ce noir ambiant, ils m'avaient déchirés l'espoir de voir naître un nouveau Shogun. Je m'étais redressé : j'étais fait pour ça. Pour combattre ces connards. J'avais fait de mes yeux des pièges, de ma taille et de mon poids un avantage, pour toujours, toujours chercher à prouver que c'était eux qui avaient tord. Tout ceux qui disaient que le Japon ne serait plus féodal. Je devais y croire et m'accrocher. Et Chess... tu disais que j'étais banal. Si tu savais quelle blessure tu avais fait naître. Je détestais ces temps. Je détestais être faible, je détestais avoir à dire ce que j'avais sur le cœur. Surtout quand la plaie, je la croyais cicatrisé. Il avait fallu qu'il vienne. Qu'il soit là, accoudé à la fontaine, à lire un livre dont je n'avais pas demandé le titre, préférant lire son visage, préférant admirer dans une contemplation subjective toute la douleur de mon âme. Miyamoto était resté invaincu, jusqu'à sa mort, je resterai frustré de la vies des autres certainement jusqu'à la mienne. Mes yeux chassèrent un soupir mental, et je reculais, détachant mes doigts de sa nuque. Je me rassis. Il y avait ces atomes de la société : ces humains uniques qui m'intéressaient. Qui ne me dégoûtaient plus. Parce que les trouvaient intelligents. Parce qu'ils méritaient de vivre. Mes amis ; j'avais cherché à les faire rejoindre un cercle sentimental, peut être pour qu'ils comprennent que je les tenais en haute estime. Mon maître. Angeal. Il était l'exemple type de la personne qui se détachait de la société. Il n'exhibait rien, explosait tout. Chess... Je pouvais m'asseoir à un banc, et les regarder passer des heures, ces gens. Dans le métro, dans la ville. Que ce soit un enfant, ou une jeune femme aux longs cheveux soignés, je les détestais. Le dégoût, l'horreur qu'ils m'inspiraient... j'étais trop loin d'eux ; je n'arrivais pas à les imaginer intelligents. Ils n'étaient que des décors dans ma vie, venus égayer mes journées avec un ennui actif. Ils me bousculaient, me criaient dessus, riaient... En classe. En classe, par exemple. Je les voyaient, se moquer de moi quand le professeur, tyrannique, rendait un devoir catastrophe. Les regards plongeaient par dessus mon épaule, et les rires sardoniques fusaient. Je n'explosais pas. Je m'enfonçais dans ce mutisme profond, cherchant à me concentrer sur le fait d'être plus que d'avoir. Mais parfois, seulement parfois, la violence explosait dans ma tête, me donnant l'envie de les réduire en bouillies. Eux qui existaient sans le savoir, eux qui avaient cette chance inouïe d'être, et qui se conformaient à une société de consommation, d'image, d'élite. Il n'y avait plus rien... plus d'honneur, plus de respect commun. Juste du chacun pour-soi, perdu dans la communauté comparative. Exploser les professeurs, exploser les élèves, exister seul sur un amont de cadavres disloqués. Recréer un champ de bataille ; où les chevaux aux jarrets coupés hénnirront à l'agonie, le sang peindrait le sol, et les corps puant s'entasserait. Il n'y aurait plus de bleus dans mes yeux. Juste ce noir. Ce noir. Plus un noir asiatique. Un noir intense, mordant. Une absence de couleur ; une domination sur un camaïeux commun.
« Oublie. »
Ma main attrapa la tasse de café, et harponnant la mienne, je les fis crisser sur la surface de la table dans un roulement irrévocable, échangeant les boissons. Je positionnais le verre de thé, aux nuances émeraudes devant Chess, m'emparant de son café, tandis qu'il récupérait mon thé. Qu'importe ses caprices, ou les miens, j'agissais comme bon je le voulais. La colère.. peut être l'unique facteur déclencheur à ce jeu de rôle version grandeur nature. Je glissais mes doigts autour de la tasse, soulevant la petite forme cylindrique, pour la soulever jusqu'à mes lèvres, mon regard plongé par dessus ; sur Chess. La mousse, déjà entamée par Chess, avait un goût sucré, mais je percevais l'amertume du goût caféine. Je n'avais jamais supporté cet arôme trop fort, en dépit du caramel présent à l'intérieur du Cappuccino. Un goût trop fort, trop violent, attaquant ma gorge, ma langue, mon nez avec une caresse presque moqueuse. Je ne bronchais pas, me forçant à avaler la gorgée en entière, sans afficher la moindre expression de dégoût, mon attention divisée ;tandis que mon attention au café se multipliait, focalisées sur Chess, mes prunelles s'étaient faites rieuses. Je le dévisageais, le dévisageais, cherchant à lire en lui de la manière la plus implacable qui soit. Un fantasme, là maintenant ? Le jeter contre un mur. Le frapper de toutes mes forces, jusqu'à ce qu'il en saigne, de partout, et que je puisse me repaître de ses blessures. Tout savoir. Tout, absolument tout. Mes lèvres se courbèrent, amusées. Je fixais avec attention le maquillage.
« Il semblerait que tu ne puisses pas faire de maquillage et de boire de café en même temps. »
Je relevais le café à la hauteur de mes lèvres, et sans y boire, trempais ma langue. C'était dégueulasse, il n'y avait pas à dire.
« Tu me fais penser à Sherlock Holmes. Il faut que tout soit en continuel mouvement pour que tu ne t'ennuies pas. Tu as déjà fait le test du QI ? Qui sait, même si ça ne vaut rien, peut être es-tu un grand détective en devenir ? »
Combien avais-je eu, moi ? 160 ? Un truc comme ça. On m'avait dit, enfant ; « ça te mesure l'intelligence. » J'en étais devenu tellement vaniteux, suite à cela, quand j'avais appris que Einstein avait 130. Quel abruti j'avais fait. L'intelligence... ça n'existait pas. Pas en un seul mot. Et si j'étais intelligent, peut-être arrêterais-je de rêver, la nuit, de vengeance. Mes yeux se teintèrent de mélancolie, et je reposais le café dans un tintement sonore.
« J'ai envie d'aller loin de là. On peut pas aller ailleurs ? Chess ? »
Je crois que je commençais à étouffer. Se formait dans mon ventre et dans ma gorge un étau broyant lentement le passage à l'air, raréfiant dans mon organisme l'oxygène. Relevant un regard panoramique, j'accrochais le visage de Chess dans une supplication. Il fallait que je bouge. Mes doigts attrapèrent les siens, et je baisais le bout de ses ongles, décidant qu'il avait accepté. Peu m'importait, au final. Je devais bouger, sinon j'allais mourir, asphyxié. Me redressant, je récupérais l'argent au fond de ma poche, et jetais quelques yens dans le petit tube à cet effet ; avant de récupérer mon sac et de jeter la sangle sur mon épaule, et d'un mouvement de la jambe, écartais ma chaise pour me frayer un passage. Je glissais mes doigts sur l'épaule de Chess, et mes doigts vinrent effleurer la chemise tâchée de son sang. Je souris. Nous devions nous éloigner de ce café. Aller n'importe où. Là où il avait des courants d'air, sinon je ne pourrais plus respirer. Mes doigts caressèrent la surface trempée de son haut.
« Contre un mur, par exemple... »
Nan, nan. Je voulais être sa Barbie. Rien que pour une fois. Rien que pour essayer. Oh Lord. Je rêvais de le mordre, de lui apprendre sa souffrance.
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| | | Kohaku Joshua Mitsumasa ♣ Université - 4ème année
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| Sujet: Re: I cling to. (Kohaku) Ven 13 Jan 2012 - 3:28 | |
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Merci. Merci ?
Certains me rappellent souvent que je proviens des confins ténébreux des enfers et toi . . . tu es là assis à me remercier. L’idée de me reprocher mon existence, de critiquer l’ardeur douteuse de mes méthode ne t’a-t-elle pas même effleuré l’esprit. Qui es-tu ? Que subis-tu ? Pourquoi ?
Et surtout, que fais-tu toujours là, à essayer de remonter un courant dont la destination t’échappes . . . ?
Entends-tu la résonnance de mes éclats de rires ? Ils sont pour toi, pour l’humanité dans toute son individualité, car vous êtes tous niais. Tous ingénus de vous croire unique, de refouler vos déviances inlassablement sans réelles acceptations de vous-même. Simplets, si adorables en essence.
Merci. Merci. Merci. Vous êtes si amusants ! Si perfides !
[ J’adore tes yeux tu sais. ]
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Son souffle chaud, presque fiévreux, vînt me lacérer le lobe, m’arrachant un frisson clairement remarquable que je n’eus point le temps de dissimulé. Quoique je refusais de m’en offusquer davantage, de me laisser dominer par cette ébauche d’attirance soumise. Je réfutais, encore, encore, jusque dans les terminaisons inexistantes de l’éternité, car je ne pouvais subir. Non, pas maintenant, jamais. Le velours de ses lèvres effleurant mon oreille, la candeur frustrée de ses mots acérés, se chargèrent de m’éblouir quelques instants, tel un flash aveuglant, stupéfiant, alors que l’éponge qu’était mon cerveau absorbait dans un mutisme lancinant la totalité de ses propos difformes, inconstants. Une lave informe se déversait hors de sa bouche avec une violence trop contenue, si calme que j’aurais presqu’eu envie de la taillader avec une aiguille pour qu’elle daigne réellement se montrer. Trop posé, insondable autrement que par le sens des phrases que créaient adroitement ses cordes vocales. En plus, ses paroles, voile de lettrage gras, me pointait d’un doigt incandescent, mais ô combien trompé, ingénu. Moi, amant inconditionnel de la société horripilante dans laquelle nous évoluions ? Mes tympans cillèrent sous l’insulte, mes iris vairons se virent conférés l’apparence de fentes reptiliennes. Saleté d’ignare qui osait tenter de s’immiscer dans ma psyché sans en comprendre la moindre traîtresse parcelle. Je serrai les dents un court moment, à peine le temps de m’indigner, de le laisser se reculer, nous séparer. Ses doigts quittèrent ma nuque et je demeurai immobile, sentant sa paume calleuse glisser vivement contre ma peau trop claire dans un mouvement que j’interprétai comme de la résignation, comme de la faiblesse.
Pourquoi n’écoutais-tu point tes envies, Zakuro, Litchi ? Tu avais la force, tu avais la puissance nécessaire, alors pourquoi ne t’élevais tu pas au-dessus de la banalité, pourquoi demeurais-tu ainsi enchaîné tout en étant conscient de l’être ? Immobile, agressé par le fer qui malmenait tes poignets. Non seulement cela était stupide, mais c’était aussi lâche, détestable. Entre le mélange passion et d’intensité qui me mystifiait chez lui, se trouvait un abattement sans pareil, la même facette aigrie qui avait failli abandonner, jeter l’éponge face à moi. Et c’est cela qui me dégoûtait presque, au-delà de sa beauté, au-delà de ses rêves sordides, mais fascinants, cette forme de colère que je daignais interpréter comme de la lâcheté. Lâcheté, car il savait qu’il pouvait monter plus haut, atteindre le summum de son être, de l’aliénation que tous ressentaient face à la société sans réellement pouvoir l’intelliger. Il savait, il savait . . . Un peu comme Michelle savait, un peu comme sa différence l’avait conduite à Daresbury, l’avait amenée à craindre Chess. Haute et fière dans sa longue robe vermeille décolletée, mèches blondes dans un désordre charmant, alors qu’elle giclait sur ses sujets inférieurs.
Vive Michelle, indeed. Ne voudrais-tu pas que je scande « Vive Zakuro ! » pour toi, Litchi ? Je le ferais, tu sais ? C’est mon rôle de tourmenter les gens, de me jouer de leur âmes, mais le rôle des gens comme toi, n’est-il pas d’assumer leur plein potentiel, de défier le régime social constant ?
Bien que mes yeux demeurèrent des fentes pratiquées, scrutant Zack avec condescendance, un sourire, volage, aux intonations secrètes, se dessina sur mes lèvres, remplaçant la mâchoire crispée qui avait vu le jour à l’ouïe de ses paroles. Le pauvre nageait contre le courant, m’interprétant et me dénaturant davantage que je ne l’étais déjà. Penchant la tête de quelques anodins millimètres sur le côté, je laisse mon index droit venir valser sous son menton, l’intimant de me fixer dans les yeux, le défiant d’un regard plus joueur que rageur, plus inquiétant que dangereux. C’était amusant, détromper les gens, leur montrer à quel point il se noyait dans leur propre ignorance, perpétuellement attachés à de la matière dépourvue de sens. Moi-même je posais des jugements hâtifs, parfois, souvent, là était ma plus grande faille, lacune que je me devais de pallier en m’égosillant à sonder inlassablement les êtres qui croisaient mon chemin, qui me permettaient de les questionner, de les étudier. Individus sans société. Je rêvais d’atteindre l’immatérialité pour réellement pouvoir les mettre à nu, pour dépasser leurs barrières socialement imposées et me retrouver face à toutes leurs déviances, leurs rêves, leurs secrets les plus intimes. La composition même des humains, ce qui les rendait si magiques, si uniques. Je voulais tout connaître, ronger leur âme, en faire ma drogue, alors qu’autour de moi le monde évoluait, limpide, inchangé. Car les gens étaient si beaux, seuls, sans la société, car Daresbury était sans nul doute magnifique.
Me dire que j’aimais la société qui embrouillait mon but de ses nuages de pollution relevait d’une connerie sans pareille, incomparable, si sordide que je n’arrivais pas à réellement me frustré. C’était drôle, au final, non ? Je le coupai prestement, alors qu’un « Oublie. » vertueux quittait la caverne de son orifice buccal, effaçant ainsi la demande candide de la surface de la réalité, la laissant perdurer uniquement, je n’en doutais point, dans l’esprit trop féodal de Zakuro. Mes genoux cognèrent contre les siens, mon fessier flirtant avec le rebord à-pic de ma chaise. Enjôleur, souriant, bordant cyniquement les manières d’un incube arrogant s’appropriant l’univers et tout ce qu’il contenait. Ma nourriture. La proximité, récurrente chez moi, confortable lorsque je l’initiais, me sommait de lui foutre ses propres méthodes à la figure, de le gracier d’un remaniement de ses propres gestes. Que s’en suive une humiliation, un inconfort ou autre chose de plus complexe ne me dérangeait aucunement. Je ne subissais rien et ne subirais rien. Moins d’un simple centimètre laissait perdurer la pudeur et je soufflai sur ses lèvres en un rire espiègle, balayant le vide de ma vision périphérique de mon index gauche.
« Petit un. C’est l’humain et non la société qui est magnifique, ne confond pas. Le monde est une planche de jeu, libre à tous de modeler à leur escient, et les pions qui la parcourent, naïfs et perdus, se noient dans une société accablante, mais, au fin-fond, restent, lorsque nus, lorsque menacés, de simples individus aliénés du reste. Des esprits uniques, libres. Je joue avec l’humanité, les hommes, les femmes, les enfants, seuls, pas avec la société. La société est déguelasse, elle impose des normes que tous suivent aveuglément pour ne pas se ramassé seuls à jamais. La société démolie les facultés uniques de l’homme, les opinions propres et les remodèle . . . La tortionnaire ultime, une prison à ciel ouvert ! Ennuyante, uniforme. Elle écarte les gens trop différent d’un revers de sa loi, fait enfermer ceux qu’elle juge trop dangereux ou fous. . . Je la hais. Probablement plus que n’importe qui. Mais la détester, elle, ne signifie pas détester l’humain . . . loin de là. Confondre, c’est se corrompre, c’est crasse et stupide, mais est-ce que ça fait de toi quelqu’un d’con pour autant, hm, Zack ? »
Les fentes s’arrondirent, un regard brillant, renfermant une innocence pervertie par ma propre âme, folie nauséabonde qu’on ne diagnostiquait que trop rarement à mon âge. Un trouble, un chuchotement, le même genre de rage que j’avais ressentie précédemment, lors de son commentaire à l’adresse de mes yeux. Cette colère, cette douleur, elle se montrait plus clémente, douce comme le touché léger d’une plume, comme l’hilarité du junkie. J’avais trop subis aujourd’hui . . . matériel et tangible. Mon doigt quitta les dessous de son menton, remontant sur sa joue, pour tracer une ligne bien définie sous son œil. Je visualisais . . . Au final, le diagnostique de mon trouble de personnalité ne relevait de rien d’autre qu’une opinion médicale, clinique . . . qui pouvait réellement sonder mon esprit et me dire que j’étais malade. Bien sûr . . . je présentais des symptômes évidents, passant par ma fascination pour le feu, par mon manque d’intérêt pour ma sécurité et celle des autres, Beaudoin m’avait expliqué tout cela maintes fois, mais j’insistais, je savais intérieurement, que le reste de la population ne valait pas mieux, qu’elle se contentait de se voiler la face. Bêtement. On m’avait dit que je ne pourrais jamais aimer, que toute ma vie je serais condamné à imité la candeur des émotions humaines, à me mêler à la foule, insensible, animal. On m’avait dit tant de chose à mon sujet, des termes irrévocables, supposément impossible à réfuter. Réfuter. J’adorais faire cela, j’adorais m’opposer à ce qu’on attendait de moi, brusquer les convenances. Si je réussissais à contredire les propos de mon psychiatre, je . . . je . . . je ne serais plus malade.
Ma main libre s’enfonça distraitement dans mon sac à la recherche d’un crayon pour les yeux de couleur noir, alors que mon visage, dans un dernier souffle espiègle, s’écartait furtivement de celui de Litchi. J’avais laissé retomber la plupart de mes produits de beautés dans les profondeurs de mon sac, lorsque sa main, texture trop différente de la mienne, trop contraignante, avait empoigné ma nuque. Ce faisant, tout était à recommencer. Je le vit, d’un regard oblique, interchangé nos breuvages, mon café devenant sien et son thé devenant mien. Nouveau sourire, car il goûtait avec méfiance, une sorte de rigidité semblant le parcourir. Rigidité conservant une certaine volupté considérant qu’il me lançait, direct, inébranlable, un regard que je ne pouvais décrire que comme amusé. Quel brusque changement d’âme. Était-il aussi impulsif que moi ? L’impulsivité était l’un des nombreux symptômes caractérisant mon trouble . . .
« Il semblerait que tu ne puisses pas faire de maquillage et de boire de café en même temps. »
Je secouai la tête affichant une exaspération que je ne ressentais point, glissant une main dans mes cheveux et m’attardant sur sa tasse pour moi-même goûter le liquide que Zack avait sélectionné. Une sorte de thé . . . ? L’odeur était âcre, arôme plus douce que celle du café, planant dans mes narines avec simplicité. J’aimais le thé, un brin moins que le café. J’appréciais surtout le thé noir . . . Comment cela ne pouvait-il pas être le cas, alors que la vieille harpie qui m’avait élevée brillait de ses origines anglaises et de son amour inconditionnel pour les herbes, dont le diverses feuilles de thé. Pour toute réponse, j’accordai un haussement d’épaule dérisif saupoudré d’un ricanement chimérique de par sa durée infime. Je le sommai, empoignant son poignet avec un professionnalisme presqu’envoutant, appuyant chacun de mes mouvements de regards éloquents, de remettre mon café sur la table. Je ne pouvais pas le maquiller s’il bougeait sans cesse. Je traçai de nouveau une ligne invisible sous son œil, que ma seconde main, armée de maquillage, vînt vite faire basculer dans la réalité, l’extirpant de l’imaginaire de mon mental. Onirisme ballant auquel tous s’adonnait, projeté le futur dans une réalité peu distante. Mon sourire perdit ses teintes amusées, s’égarant dans une sérénité presque hautaine. Un œil à la fois.
Ma voix s’éleva suave et fraîche, glissant comme une brise printanière dans le confort, du moins je ne trouvais pas notre position inconfortable, de notre bulle. Je n’entendais pas le monde qui jacassais autour, ni le bruit des véhicules qui vrombissaient dans la rue. Je restais concentré sur ses traits décorant ses yeux de fines lignes sombres, laissant mon esprit retourné hanter sa tirade de tout à l’heure. Petit deux. . .
« Petit deux, si tu veux être un rônin, pourquoi ne pas le devenir immédiatement ? Qu’est-ce qui t’en empêche ? La société ? La modernité ? J’doute que tu puisses recréer le passé . . . détruire les avancements technologiques, mais . . . tu pourrais faire évoluer la signification ancienne de tes idéaux, la faire basculer dans les temps d’aujourd’hui. Qu’est-ce qui t’arrête au final ? Quelques siècles de différence ? Quelques mentalités de modifiées ? Tout change, succombe à la folie de l’immatérialité . . . mais, on peut quand même tout recréer en mieux. C’sûr que si tu te laisses abattre . . . Pour ma part, je préférerais être le seul rônin du monde que de voir sombrer dans l’oubli. Si ça me tenait à cœur, mais bon. . . Je m’en fiche, à vrai dire, du passé. Ce qui compte c’est le présent. Alors. . . c’est ton problème. Ton tourment. »
Puis le silence. Je m’isolai, à l’écart de lui, du reste de la stratosphère, permettant à seul le ciel de ses yeux de m’envouter complètement, de me transir férocement. Félonne sauvagerie nocive, je rehaussai les traits de mon glaive de graisse animale modifiée d’un ombrage gris qui reflétait bien le début de notre journée. Accouplé avec ses yeux, le voile sobre que j’avais imposé gracieusement sur ses paupières, leur conférait un air plus mystérieux, moins clair. J’ajoutai un brin de blanc, à peine discernable, une neige pure dans l’embrume orageuse. Plus accordé à lui, à lui en ce moment. À ce qu’il me laissait voir sans se cacher, sans chercher à se dérober davantage qu’il ne l’avait fait dans la rue. Peut-être était il lâche de baissé la tête, de maudire le monde, alors qu’il n’avait que lui-même à damner. . . Relève-toi fruit tropical.
Quel bel hypocrite je faisais. Je crachai un rire, rangeant la majorité de mes affaires pour ne laisser traîner qu’un gloss transparent et un mascara sur mes cuisses. Dernières armes que j’utiliserais sur autres que moi aujourd’hui. Il prouvait être si amusant de maquiller de nouvelles rencontres, de nouveaux jouets. Ce n’était pas comme si modifier les gens, ne serait-ce que très légèrement nécessitait une expertise grandiose. J’étais plutôt doué . . . selon mon opinion personnelle. Je dévissai le capuchon dorée du mascara, regardant l’applicateur d’un noir profond, qui avait toujours eu le don de me rappeler une brosse pour toilette, d’un œil rieur. Je tâtonnai brièvement la peau de la pommette de Zakuro, clignant quelques fois des yeux, m’assurant de la concordance de la symétrie que j’avais peinte sur sa figure.
« Ouvre les yeux. Ne bouge pas. Sinon, j’te l’enfonce dans l’œil, m’kay ? »
J’appliquai le mascara plus exhaustivement que je ne l’avais fait avec le reste des produit, tenant à ce que Zack soit éberlué par la différence notable qu’il percevrait dans ses cils, le genre de détail que j’observais souvent chez autrui. Ayant terminé j’encapuchonnai le bouchon et m’attardai sur la touche finale, le gloss. Un peu de brillance, de luisance. Concentré, je laissai filer mon pouce sur les lèvres de Zack, définissant leur texture, leur aspect, sentant les craquelures naturelles dues à voracité de l’air extérieur. Il y avait quelque chose de singulièrement étrange à aborder des contacts aussi intimes avec un être qu’on calculait autant, qui grugeait notre contrôle d’une manière désireuse d’être exploitée dans sa coutume physique. Je laissai certainement ma phalange pétrir ses lèvres, prit évidemment trop de temps à appliquer l’huile claire. Je lui montrai le mouvement à faire pour bien l’étaler sur l’entièreté de sa chair rosée, coinçant momentanément ma lèvre inférieur entre mes dents lors de mon exemple. Par nervosité ? Non, pas vraiment.
Il se mit à me parler de Sherlock Holmes, sa déclaration interrogative me désarçonnant un brin de son apparition impromptue, aléatoire. Moi ? Un grand détective en devenir ? Je m’esclaffai, rire me valant les regards des tables voisines, le monde se remettant à tourner à son rythme normal. Je perçai cette bulle invisible de mes cordes vocales. Un test de QI, test qui ne prenait point en compte les différentes cultures ou les différents grades sociaux imposés par la société. Ces tests imperméables illustraient les mœurs de la société, le désir de pouvoir absolu arraché aux autres à n’importe quel prix. Moi, mon pouvoir, ma puissance, ne résidait pas strictement dans le fait de gagné. Non, il se trouvait dans la connaissance, dans un contrôle que je m’efforçais de gardé sur le monde qui m’entourait, sur le changement . . .
« Mes aspirations sont nettement plus . . . transcendantes. T’sais ? Et puis les tests de QI, c’est de la grosse bullshit. Genre, juste une manière conne d’uniformisé les gens et de les convaincre que les races autres qu’occidentales étaient inférieures. D’l’arnaque. »
Je laissai mes yeux gambader sur la population, sur le duo d’adolescentes aux tignasses noires qui discutaient avec animation, pointant d’une manière qui se voulaient subtile dans notre direction. Je leur envoyai un sourire, agitant même la main pour leur signifier ma perception de leur regard, de leur présence. Zack dû percevoir mes salutations moqueuses comme une nouvelle tentative de jeu, quoique je me devais d’admettre que c’aurait sûrement été le cas, lorsqu’il m’annonça, au beau milieu d’une gorgée de thé, du thé vert sans aucun doute, qu’il se faisait désireux de quitter les lieux. J’opinai du chef, ne portant pas vraiment d’intérêt notable à la populace du café, des gens normaux, dans un lieu normal. Ce qui se cachait sous la surface demeurerait enterré pour aujourd’hui. Zack était ma cible, ma priorité.
Je sentis ses lèvres huileuses se posées sur le bout de mes doigts, supplications, soumissions ? Le regard qu’il m’avait lancé, m’avait paru un brin désespéré et je ressenti de lui relever la tête pour m’imposer à son visage, à ses yeux. Mes mains . . . qu’est-ce qu’elles avaient mes mains ? Je leur préférais mon visage, ma bouche. Je l’imitai, me levant, déposant une somme exagérée d’argent dans l’endroit réservé à cet effet, m’emparant de mon sac, vérifiant qu’Aliss s’y trouvait toujours. Qu’aurais-je fait sans mon livre ? je ne voulais pas vraiment y penser. Il représentait une si grande part de ma personnalité que je me devais de le traîner partout, il me suivrait jusqu’au bout du monde ce bouquin à la couverture bleu, peu esthétique.
Je sentis les doigts de Zack s’attarder sur mon épaule, sur le sang avec un peu d’humour, prononçant des mots dont je n’arrivais point à discerner le sens premier. Nan, le double sens me paraissait bien mieux, plus alléchant. Sourire, frisson, frémissement et toute la panoplie. Je ne détournai pas le regard cette fois, l’affrontant de toute mon hilarité amusée. Chess, absolument.
« Contre un mur ? J’adorerais. », Ronronnais-je, imitation pittoresque d’un chat faisant ses griffes sur une propriété qu’il jugeait sienne. Le contournant d’une démarche calculée, traçant un demi-cercle autour de sa silhouette, me moulant à son dos si fascinant, laissant mes mains glisser. Je voulais toucher. Mn. Jouer. Immédiatement. Je profitai du fait qu’il soit plus grand que moi, relevant mon genou pour l’appuyer à l’arrière du sien, susurrant des paroles malicieuses, taquines.
« Mais, tu ne voulais pas me jeter à genoux ? Hm, Za-ku-ro ? Ça se pratique où l’sabre ? »
Je tiraillai sa chemise de doigts baladeurs, riant silencieusement à son oreille, m’amusant à ses dépends, à mes dépends. Exprès.
« Allez, tu m’y emmènes ? » | |
| | | Zakuro Fea ▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
Genre : Age : 31 Adresse : 3, rue la Chance, app. 11, quartier Hiryuu, avec Lawrence E. Swanster. 1580 Multicompte(s) : Kojiro Sekigahara
KMO :
| Sujet: Re: I cling to. (Kohaku) Sam 4 Fév 2012 - 17:07 | |
| Je n’appréciais pas me mettre en colère. Cela semblait puéril de se dire cela, après avoir scandé des mots plus haineux les uns que les autres, dans un excès électrique. Mais je n’appréciais, car j'offrais à mes homologues l'opportunité de se faire mes adversaires. Et de ce fait, je me plaçais moi même en situation de faiblesse. Et je ne supportais pas ce masochisme.
« Petit un. C'est l'humain et non la société qui est magnifique, ne confonds pas. Le monde est une planche de jeu, libre à tous de modeler à leur escient, et les pions qui la parcourent, naïfs et perdus, se noient dans une société accablante, mais, au fin-fond, restent, lorsque nus, lorsque menacés, de simples individus aliénés du reste. Des esprits uniques, libres. Je joue avec l'humanité, les hommes, les hommes, les femmes, les enfants, seuls, pas avec la société. La société est dégueulasse, elle impose des normes que tous suivent aveuglément pour pour ne pas se ramasser seuls à jamais. La société démolie les facultés unique de l'homme, les opinions propres et les remodèle. . . La tortionnaire ultime, une prison à ciel ouvert ! Ennuyante, uniforme. Elle écarte les gens trop différents d'un revers de sa loi, fait enfermer ceux qu'elle juge trop dangereux ou fous . . . Je la hais. Plus que n'importe qui. Mais la détester elle, elle, ne signifie pas pas détester l'humain. Loin de là. Confondre, c'est se corrompre, c'est crasse et stupide, mais est-ce que ça fait de toi quelqu'un d'con pour autant, hm, Zack ? »
Les mots avaient glissés. Ils n'avaient pas poignardés. Mais étrangement, je leur accordaient de l'importance. J'avais perçu un ultimatum, camouflé entre les lignes, dont je ne parvenais à déterminer l'exacte localisation. Mais j'en avais compris le but, et les atouts m'apparaissaient comme des reflets de mes erreurs. Qu'importait mon attachement pour lui, Chess se faisait étranger à son être, pour revêtir, une seconde, le rôle d'enseignant. Cela ne lui allait pas. Mais il avait maîtrisé, pendant une seconde, toute la conscience de mon esprit combatif. Je m'étais trompé. J'avais mal étudié quelque chose d'important, et j'avais exhibé mon erreur. Il était naturel que l'on se moque de l'enfant récalcitrant, bien que ce dernier soit persuadé d'avoir raison. Mais le rôle de l'enseignant était de montrer où se situaient les erreurs et les tromperies. Le rôle de l'enseignant était d'être plus avantagé dans la vérité et le mensonge, car capable de les dissocier. J'avais fermé mes yeux sur un enseignement, qui autrefois, m'avait appris à ne pas me tromper sur des choses aussi évidentes.
« Petit deux... »
Je relevais mes yeux, ignorant ses doigts, ignorant son corps pour me concentrer sur la casquette que je lui vissais de force sur la tête. Casquette d'enseignant. Le rapport à l'autre, je le savais, était unique. Chaque humain avait sa perception de l'autre qui lui était propre et qui le faisait grandir de manière différente. On voyait quelqu'un de la manière dont on désirait le voir, et moi, éduqué dans les arts martiaux, j'avais toujours vu les autres comme des adversaires. Cela me bornait ? Cela me bornait d'un point de vu autre que le mien. Pour moi il était naturel que les autres soient mes adversaires, puisque j'étais combattant. Je cherchais leurs aptitudes physiques, je cherchais leur mental, je cherchais ce qu'ils avaient à m'opposer. Chess... Qu'avais-tu à m'opposer ? Ta vision du monde, tout simplement ? Je ne la remettais pas en cause : elle était puissante, écrasante. Elle était différente de la mienne. Alors j'exerçais sur toi ce que je me devais d'exercer sur tous ; la compréhension. La captation de ton savoir, de tes mots. Tu étais mon adversaire, alors je me devais d'apprendre de toi tout ce qui pouvait me permettre de te vaincre, et ce jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien de dangereux en toi. Nous n'avions peut être pas à nous attaquer, mais le mécanisme de mon être me faisait m'accrocher à toi pour savoir qui tu étais. Pour moi.
« ...si tu veux devenir un rônin, pourquoi ne pas le devenir immédiatement ? Qu'est-ce qui t'en empêche ? La société ? La modernité ? J'doute que tu puisse recréer le passé... détruire les avancements technologiques, mais . . . tu pourrais faire évoluer la signification ancienne de tes idéaux, la faire basculer dans les temps d'aujourd'hui. Qu'est-ce qui t'arrêtes, au final ? Quelques siècles de différences ? Quelques mentalités modifiées ? Tout change, succombe à la folie de l'immatérialité … mais on peut quand même tout recréer en mieux. C'sûr que si tu te laisse abattre … pour ma part je préférerais être le seul rônin du monde que de voir sombre dans l'oubli. Si ça me tenait à cœur, mais bon... Je m'en fiche, à vrai dire, du passé. Ce qui compte, c'est le présent. Alors... c'est ton problème. Ton tourment. »
Saleté, tu avais un don, hein ? Endosser un rôle qui ne t'allais pas, parce que je ne voulais peut être pas que tu sois meilleur que moi même. Intolérance masculine, dupliquée par mille chez moi, la rivalité entre nous deux empêcherait un respect laconique. Cependant, je pensais que nous avions dépassé ce stade ambigu. Nous en étions au point instable de qui sera le plus apte à comprendre l'autre. Pas dans ce qu'il est. Mais dans ce que l'autre veut faire de nous. Quel intérêt à tout cela ? Je chassais mes pensées d'un revers mental, reposant sur Chess un regard dubitatif, étudiant les jouets de ses doigts. Mon visage et son maquillage. La promesse d'il y a une heure, me baptisant sa Barbie, fit planer en moi les vagues souvenirs des instants auparavant. Mes prunelles accrochèrent le reflet doré du mascara, petit tube rempli de préjudices. La pellicule poudrée de mes paupières pesait sur ma peau comme un parasite dont je ne connaissais ni les intentions ni la nature. Ennemi anonyme. Maquillage désinformé de ma face, j'étudiais le maniement des armes de Chess, étudiant son profil. Il dégaina. Approcha de mon œil le truc noir et hérissé. Je sifflais, mordant ma langue, réflexe instinctif de l'Uke agressé par le Tori ; obligation de la mise en place du système de défense. Chess effondra mes barrière d'une pichenette.
« Ouvre les yeux. Ne bouge pas. Sinon, j'te l'enfonce dans l’œil. M'kay ?'
Frémissement perceptible le long de mes pommettes, je relevais lentement mes paupières, prêtes à s'abaisser de nouveau, au moindre mouvement brusque, louchant vaguement sur l'arme hérisson. Contact lourd, presque violent, qui fit ployer mes cils avec cette élégance raffinée aux arômes féminines. J'étais hypnotisé du fait qu'à l'autre bout du tube métallique se trouve un garçon. Cheveux blancs, yeux rouge, ...noir..., visage étiré par des rires trop présents dans sa bouche... il me sembla une seconde si petit. L'enduit noir de mes cils me gêna aussitôt. Douleur, incommodité ; je résistais à l'idée de lever mes doigts et d'en frotter la zone endolorie par le port abusif du mascara, tandis que Chess continuait d'appliquer sa peinture sur mon autre œil. Je le laissais faire, appréciais la seconde, me convertissant malgré moi à l'épicurisme. La couche de gloss qui s'appliqua sur mes lèvres fit frissonner ma peau dans une vague sensation de rejet ; Chess, tuer des baleines pour mes lèvres... Quel jeu étrange, n'est-ce pas ? J'avais presque l'impression d'en oublier les consignes, me laissant ronronner sous des doigts peut être trop présents sur mes lèvres ? Qu'importe. « Ce qui compte c'est le présent. ». Je l'observais se mordre la lèvre.
« Mes aspirations sont nettement plus... transcendantes. T'sais ? Et puis les tests de QI, c'est de la grosse bullshit. Genre, juste une manière conne d'uniformiser les gens et de les convaincre que les races autres qu'occidentales étaient inférieures. D'l'arnaque. »
Des rires peu discrets montèrent jusqu'à nous, et bifurquant mes prunelles au dessus de son épaule, étudiais les filles qui s'y tenaient. Adossées à des chaises, adoptant des attitudes lycéennes, je me demandais ce que cela faisait d'être dans la tête de Chess. Voir les humains avec amour, avec cette recherche de compréhension de l'autre, fouiller la tête pour toujours être plus fort, toujours maîtriser, toujours en rire ? Je m'étonnais... Mais l'étouffement incontrôlable de ma poitrine, écrasée par un étau de fer, je me relevais, le suppliais de nous en aller. Pourquoi ? Pour aller où ? Je ne le savais pas ; il y avait des choses que je ne savais pas, et je ne souhaitais pas forcément savoir sans qu'elles ne me soient exposées, bien devant mes yeux, comme une preuve farouche à l'égard de mes inconsidérations. Peu m'importais, je voulais que Chess et moi allions ailleurs. Et tant pis pour les lycéennes. (…)
« Contre un mur ? J'adorerais. »
Quel félonie, quelle enflure, quel enfoiré qui me faisait fantasmer sur mes propres rires. Rires tus par le silence de mes mots, je restais neutre, le laissant ronronner. Surpris ? Je ne savais que penser, gardant simplement le repère de mes doigts sur son épaule, de ma main sur son corps. Repère brisé, l'axe de son corps pivotant dans le brisement de cette faible étreinte, il vint se placer dans la continuité d'un demi-cercle, harponnant mes angoisses avec une cruauté pernicieuse. Il touchait mon corps, cherchant à effacer les barrières que j'avais vaguement érigées après la séduction dantesque de la ruelle. Vilain chaton. Qui s'amusait à venir mordre l'échine d'un animal qui se croyait panthère noire. Sa rotule titillant la mienne, je drapais mes lèvres d'un sourire. D'un sourire qui ne s'adressait qu'à moi, et dont moi seul pouvait comprendre le sens, spectateur avisé de mes propres béhaviorismes.
« Mais, tu ne voulais pas me jeter à genoux ? Hm, Za-ku-ro ? Ça se pratique où, l'sabre ? »
J'avais la terrible envie de lui répondre que je ne savais pas, et le découper, là maintenant. Imagination un poil trop morbide, j'imaginais le chuintement humide de sa peau, quand à son contact avec le fil de mon épée. Mes yeux plongèrent sur son visage, tandis qu'il jouait. Je l'observais, dévorant son visage de mes yeux, visage que j'avais vu en sang, mais pour moi qui rêvais de bataille, n'avait été qu'effleuré par la beauté du combat ; je l'imaginais, lacéré, découpé, par quelque chose digne de ce nom. Une lame. Ses yeux noirs, ou rouge, encerclés par le mascara que je lui appliquerais ; et ses joues, fines et fragiles, déchirées comme de la dentelle. Mes yeux tuméfiaient ce désir rubicond, et je laissais glisser ses doigts. Mon dojo, dans mon cœur, dans mon corps, dans mon âme.
« Il faut prendre le métro, pour s'y rendre. Tu es ok ? »
(…)
Bousculades et injonctions sonores des halls autour de nous, les Japonais se baladaient dans une marée grouillante et pépiant, métaphorisant à la fois fourmis et passereaux, dans des concerts auditifs des plus douloureux et inharmonieux. Les claquements des pas sur le sol réveillaient des vibrations qui venaient se heurter dans mes os, tandis que les déplacements de tous provoquaient des souffles venant égarer mon regard. Je plissais les yeux, ignorant les regards des trop uniformes. J'apprenais à les regarder ; il allait falloir qu'ils apprennent eux aussi à me regarder. Près de moi, Chess, décalqué. Je craignais de le perdre, dans toute cette masse confinée par les parois des quaies, des murs... Mes mains attrapèrent ses épaules, quand il mimait une fuite vers un endroit supposé destination, mais qui, s'il s'y engageait, ne l'éloignerait qu'un peu plus de moi. Je le voulais pour toute la journée, et je n'avais pas envie de le perdre. Pas maintenant. Pas encore. J'avisais une file d'attente, et nous y dirigeâmes, pour monter dans le train. La navette arrivait dans deux minutes. Resserant sur ma poitrine la sangle du sac, je tournais mes yeux sur Chess, étudiant son attitude, me questionnant sur son aise. Chess face à un surplus d'humains était-il à l'aise ou bien gavé d'informations ? Le train arriva bientôt, dans un grincement des rames, et la file en face de nous s'avança progressivement. Je notais l'approche d'un pousseur, et méprisant plus que tout ces hommes, pourtant honnêtes travailleurs, bousculais quelques personnes, et tenant l'articulation de Chess, nous fîmes monter dans le train. Il y avait toujours de la place, si on se forçait à se faire adapter. Cette reflexion me fit siffler sauvagement, et je relevais simplement mes cheveux de mes yeux, tandis que les portes se refermaient et que le train se mettait en marche. Régnait dans le métro une odeur entêtante, et particulièrement écoeurante. Transpiration sale. Ce n'était pas cette odeur qui existait dans les salles de sport ; c'était celle là même qui était bien spécifique aux endroits confinés et bourrés de présences humaines. Faisant glisser mon sac de mon dos à ma poitrine, je récupérais entre mes bras l'étui long et protecteur de mon arme, sommant la moindre personne qui daignait toucher du regard mon bien d'en reculer aussitôt. Simple menace visuelle, qui se retrouvait de temps à autre exagéré par la luminosité vacillante du métro ; les jeux de lumières se réflétaient autour de nous. Noir, vert, noir, vert.... Chess près de moi semblait, à chaque vibration electrique des néons au dessus de nous, se transformer en un fantôme. Je gonflais mes lèvres dans une expression un peu boudeuse, et m'accoudant contre le mur, laissais mes yeux se perdre dans le vide, dans l'attente de la bonne station.
(…)
La claustrophobie pointait, quand les portes s'ouvrirent. Je laissais sortir le flot noir de personnes typiquement plus petites que moi, et déboulant ensuite à l'air libre, me retournais, pour attendre Chess. Il fallait encore remonter à la surface, et empruntant les escaliers, continuais de le fixer, sans mots dires. Ce silence entre nous deux avait quelque chose de palpable. Pas nécessairement gênant, mais plutôt étrange. Le soleil réapparut, la ville aussi, et mauvais joueur, je passais ma main sur ses yeux aveuglés. Je retirais mes doigts, constatant l'étalage de mascara. Oups... J'étirais mes lèvres dans une piètre excuse, quant à la destruction de « l'oeuvre de Chess ». Vaguement, l'image du maquillage camouflé des marines au Vietnam me vint en tête, et essuyant mes doigts sur la joue de Chess, lui traçais des peintures de guerre. Admirant, j'eus un sourire hilare, et laissant échapper un rire, je continuais à marcher.
Le dôjo était ouvert à tous. Mais détenteur d'une licence bien connue dans le coin, j'avais un accès spécial. Je n'étais pas le seul, mais c'était un privilège, en soit. L'école était disposée au fond d'un quartier commerçant, et il fallait traverser un certain nombre de dédales pour s'y rendre. Plan méticuleusement connus par les compétiteurs, n'y connaissaient la route que ceux qui voulaient vraiment s'y rendre. En soit, c'était un peu comme la randonnée à faire pour se rendre dans les temples en haut des montagnes : il fallait avoir la volonté de monter une marche de plus à chaque fois. Batisse colossale, nous nous présentâmes devant le batiment en saluant le maitre d'entrée qui nous fit entrer, après déclinaison des identitées et présentation de la licence. Traverser le seuil fut un peu comme franchir un univers parallèle. Je me demandais si Chess était déjà entré dans ce genre de lieux. Bâti de manière à élever l'âme et l'esprit, un énorme jardin zen implosait au centre des locaux. Je me penchais vers Chess.
« C'est un peu redondant. Mais c'est un endroit que j'affectionne, et il y a une salle parfaite ; c'est là qu'on va. »
Nous dépassâmes un cercle de pratiquants, dont je notais, pour deux d'entre eux, le port de jeans/pull, ce qui me fit sourire. Ôtant rapidement ma chemise, je la nouais à mes reins, et nous montâmes sur la parcelle de bois surelevée, face aux salles d'entrainements. En temps de pluie ou de grands froids, les gérants des lieux abritaient les parvents par d'immenses cadres de bois, qui abritaient ainsi la chaleur. Je m'occupais de faire glisser un panneau, pour rentrer dans une des salles principales. Enlever ses chaussures, saluer le mur d'enceinte une fois sur le tatami, je le dirigeais vers l'extrémité de la salle, en passant devant les portraits de certains maitres ancestraux.
« Je venais ici, avec mon maitre, avant. » Murmurais-je, tandis que nous traversions un couloir. Autour de nous, quelques salles embriquées, où des joueurs de shogi s'affrontaient dans des combats que je considérais comme aussi intenses, bien que différents, du sabre. L'odeur de bois lustré régnait dans l'air, et levant les yeux, j'étudiais la construction des plafonds.
« Nous sommes dans une école plutôt ancrée sur les savoirs féodaux, ici. On y entraine les gens qui respecte le savoir féodal ; il y a plusieurs arts pratiqués ici. C'est un peu comme... un saut dans le temps. Ici, il y a des shinobis. »
Presque comme pour appuyer mes dires, deux silhouettes filèrent au dessus de nous, courant en travers les fondaisons si spéciales du plafond. L'endroit était construit comme n'importe quel bâtiment japonais antique : des couloirs avec des angles droits, surplombés par des greniers ouverts, où les « apprentis ninja » couraient entre les poutres. On ne les voyaient presque pas, mais on les entendaient parfois, quand l'un d'eux tombaient, ou passaient sur des endroits trop minces, et trop sonores.
Nous dépassâmes le premier bâtiment. Arrivés à destination, je m'arrêtais devant un panneau coulissant, sans ornements particuliers. Un groupe de fille nous dépassèrent, et je notais que je connaissais l'une d'elles. Cheveux bruns, très longs, elle était dans la catégorie « karate bushin ». Elle pratiquait le shotokan depuis assez longtemps pour me battre, sans arme. Je reportais mon regard sur Chess.
« Que pense tu du lieu ? De l'endroit ? Des personnes ici ? Je suis curieux... »
Nous rentrâmes dans la salle, et je refermais derrière lui. Dans la salle, il y avait au sol trois tatamis, et les murs étaient matelassés. Des hautes fenêtres fournissaient au lieu une luminosité spacieuse, qui plongeait l'endroit dans une atmosphère ambrée. Je laissais à Chess le plaisir (ou pas) de découvrir notre terrain de jeu actuel, et me rendais près des armoires latérales. Se trouvaient à l'intérieur des protections, et des armes. J'avisais les sabres en bois. Devais-je utiliser mon arme à moi, ou bien utiliser un boken ? Je posais mes yeux sur Chess. Eclat bleu de mes prunelles. Je crois que j'avais peur de lui faire du mal. Ce n'était pas une trop grande confiance en moi. Pas du tout. J'avais peur de ne pas respecter les règles. Et de m'abandonner à sa logique de l'esthétisme. Si c'était cela, alors je succomberais au plaisir de taillader sa peau. Je fis glisser mes doigts sur les sabres de bois.
« Je te laisse le choix des armes. »
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| | | Kohaku Joshua Mitsumasa ♣ Université - 4ème année
Genre : Age : 30 Adresse : Hiryuu : 05 rue de la Chance, app 32 ou la Chambre 110 de l'université ou chez Zakuro. 665 Multicompte(s) : Lawrence E. Swanster | Populaire
KMO :
| Sujet: Re: I cling to. (Kohaku) Sam 5 Mai 2012 - 21:15 | |
| Excitation. Exaltation. Le métro. Les voix qui ricochaient tout autour se faisaient si insistantes que même mes pensées n’arrivaient point à percer la cacophonie tonitruante de leur tranchant velouté. Une mer humaine et sociétaire qui avalait les picorements d’individualités qui se formaient au cœur de l’aberrance de son uniformité à la vitesse du son, à la vitesse des rames qui fauchaient de temps à autre les vies d’âmes suicidaires m’entourait, immense et gauche. Prunelles hétérochrome se baladaient sur le quai, percevant des explosions sensationnelles d’onyx percées par des faisceaux de teintes vibrantes, brillance originale de l’adolescence, observant des quantités plus qu’industrielles de lèvres et de visages en actions. Certains parlaient, d’autres attendaient silencieusement leur transport. Le cœur des activités de la conurbation de Keimoo se dévoilait, splendeur fourmilière submergeante immolant le fil de mes dédalles cognitifs. J’esquissai chacun de mes pas avec une fébrilité grandissante entre indisposition et fascination. L’épaisse foule savait calmer mes ardeurs, spontanéité lancinante qui me flagellait l’estomac sous forme d’excitation, de par l’inconfort qu’une telle masse grouillante de vie imposait. Pourtant les trépignements excités de mon corps, spasmes secs et rapides, ne pouvaient se voir amenuisés par si peu. Les phalanges de Zakuro pressées dans mes épaules, le ciel de ses yeux dissimulé par les souterrains, se faisaient presque rassurante, leur chaleur traversant modiquement mon vêtement, m’éloignant de l’effrayante foule tout en me laissant le loisir d’en observer les individus. Mes mouvements sporadiques et inconscients se voyaient trop maladroitement contenus, lucioles enfermées dans des lanternes en verre trop épais, alors que Zack me dirigeait vers l’ébauche difforme d’une file d’attente. Je le laissai faire, préférant sa chaleur déposée sur mon épiderme à celle appartenant à tous ces autres cobayes adulés, rapprochant un brin davantage mes omoplates de son corps, réduisant un tantinet plus l’espace nous séparant. Tous fichés les uns derrière les autres, je glissai mes pupilles certainement dilatées par le déferlement d’émotions sur l’arabesque étrange que composait la superpositions des crânes de différentes tailles étendus devant nous, rangés comme des automates dans un lieu qui était le sien. Des hommes pourvu d’énormes poussoirs, armes allongées et intrigantes que je n’avais, jusque là, vu qu’en documentaire, lorgnaient la foule patiente avec des sourires crispés, frigorifiés sur leur visage doré. La nécessité d’un tel décorum, des sourires faussés, des gens malmenés, une forme d’ordre horriblement inutile, me percuta de sa différence avec celui auquel j’étais habitué. Là-bas. Au Québec. Des gens pêle-mêle disposés aléatoirement sur un quai, se frappant presque pour s’accaparer une place de choix. Berri-Uqam s’imposa à mon esprit me tentant de sa teinte orangé, de ses tonalités familières et j’avisai mentalement les escaliers de béton qui menaient vers les routes de la surface, imaginant trop facilement le métal regorgeant d’électricité qui laissait les rames aller et venir, promenant des gens dans tout Montréal. L’orange de Berri qui côtoyait le vert de la ligne menant vers Honoré-Beaugrand, vers Daresbury. L’arrêt aux lettres effacées d’une fiction que je désirais ardemment faire plonger dans la réalité. Pour pouvoir envelopper le monde de mon sourire, m’évaporer dans une intangibilité hilare et magistrale, alors que les faisceaux lumineux décorant les parois du tunnel de métro m’imposeraient l’atmosphère idéale pour festoyer sur les âmes humaines. Entre Berri et Honoré, la dissonance de ma cognition, le filament opalin qui me reliait au rêve plutôt qu’au monde réelle, représentait l’endroit le plus significatif à celui que j’étais et que je deviendrais. Chess, l’infâme hilare se nourrissant tel un junkie, rires fêlés au rendez-vous, des offrandes humaines qui lui passait sous le nez. Moi. Moi. Moi.
La navette s’arrêta devant la file en un crissement grinçant, son arrivée actionnant le processus de joute guidant les gens à l’intérieur du compartiment leur faisant face. Des fourmis naviguant avec une aise simulée à l’intérieur d’un réseau creusé sous la terre. Le surplus d’ordre, organisation ternissant l’individualité, m’arracha un sifflement serpentin et presque dégouté, mes pas, se joignant à contrecœur au ballet robotique de la foule, m’amenant à l’intérieur de la boîte, entre plastique et métal, du métro. Je glissai ma langue, geste nerveux et inconscient, contre la fente envenimant ma lèvre inférieure, tentant distraitement de faire pénétrer le muscle visqueux dans l’ouverture. Je jetai un regard vers l’arrière, cherchant les contours agréables de Litchi, remarquant la distorsion que la pénombre imposait à ses traits, glissant l’une de mes mains sur son avant-bras, avant de me remettre à fusiller les gens de mes prunelles inquisitrices. Me concentrer sur l’ensemble me déplaisait, car la grande majorité de ces personnages divers sommeillait dans une homogénéité tranchant ma fascination pour les particularités, un peu comme s’ils avaient tout été forgé dans le même moule, coulé dans un ciment trop similaire à celui de leur prochain. Je devais scruter le moindre pore de leur peau pour discerner des différences, leur parler pour comprendre à quel point chaque être humain peuplant la planète différait de son voisin. Parfois la tentation de l’oublie se faisait forte et si la fascination, si la candeur éplorée avec laquelle je ‘égosillait à vouloir atteindre l’altitude du junkie hilare de ne s’était pas manifesté, ma mémoire se serait accordée à la leur, me plongeant dans un cynisme purement humain. Heureusement, je ne pouvais les comprendre, pouvais saisir leurs attitudes communes et cela me portait au-dessus de leur humanité redondante. Quelque part. Je crispai mes phalanges sur l’avant bras de Zack, mon sac ballotant devant moi au rythme du défilement de la rame. Une station. Les gazouillements d’un bambin. Il semblait joyeux, ses grand yeux noir s’arrêtant une fraction de seconde sur moi. L’instant d’un sourire sans dents. Deux stations, une nouvelle rafale humaine, une dame blonde au parfum accablant. Tentait-elle de couvrir l’odeur de transpiration du métro avec la sienne ou croyait-elle son parfum sexy ? Trois stations, un adolescent à la musique stridente. Tête baissée, il semblait désirer s’isoler du monde et je fus tenté de l’approcher, de lui arracher un de ses écouteurs. Quatre stations, mon dos se pressant contre le sac de Zack, un homme à la barbe mal entretenue. Vivait-il dans la rue, il ne semblait pas mal en point si on ignorait sa pilosité. Simplement négligé, perhaps.
Cinquième station. Notre arrêt final à priori considérant que Zack me délaissait pour se joindre au flot de gens. Une fraction de seconde, la crainte de le perdre, d’égarer le sujet de jeu intéressant que je m’étais déniché, s’immisça en moi, brutale et serpentine. Une fraction de seconde moindre qui fut oubliée aussi rapidement qu’elle s’était adonnée à apparaitre, car l’ébène des mèches frivoles de Zack surpassait celui des autres, sa taille s’avérant être un atout indéniable dans cet océan personnifié. Je me dirigeai vers lui à pas pressés, passant devant lui pour me jeter dans les escaliers que je grimpai quatre à quatre. Cette expérience de transport en commun au Japon avait été si différente que celles que j’avais souvent vécues au Québec et je l’avisais dans un silence bizarrement passif, laissant la totalité des sensations que j’avais tout juste vécu me taillader l’épiderme et les sens, se retirer lentement comme une vague. Avançant quelque part, prétendant presque connaître le chemin vers notre destination, laissant l’air frais se charger de disperser la chaleur récoltée par mon corps. Je serrai ma veste sur ma personne en un bref frisson. Le soleil, la surface, c’était presque risiblement poétique si l’on ignorait le noir uniforme, le gris sociétaire, j’accordai un regard amusé à mes bottes criardes, délectablement vertes. Tâches colorées sur cette rue terne que le soleil n’arrivait pas à bien éclairer. De mon point de vue.
Puis le touché mât des phalanges de mon compagnons, partenaire du moment plus ou moins aléatoirement déterminé par l’intermédiaire de conversation internet, glissant dans les hauteurs de ma joue, rompant le fil de mes dédalles cognitifs. Je tournai mon visage vers dans sa direction, interloqué, uniquement pour me voir immédiatement distrait par l’éclairage, par ses yeux. Là où l’astre solaire ne pouvait adéquatement faire briller la ville, il illuminait les yeux de Zakuro comme jamais, les faisant briller, alors qu’ils se plissaient en un rire bref.
« Huh ? »
Je fixai les lignes de son corps, alors que ce dernier me dépassait, m’attardant, encore une fois, sur son dos, sinueux à souhait, avec surprise avant de le suivre, de reprendre notre avancée. Venais-tu de te moquer de moi, hein, Za-ku-ro ?
Dans tous les cas, j’allais t’ouvrir le crâne et en extirper ton cerveau, pour comprendre la moindre méandre traverserait l’esprit, je ferais de tes pensées les desserts de mes beaux jours et de ton corps l’œuvre d’art la plus sordide de ma collection.
Heh, Zakuro.
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Le métro n’avait été que la première épreuve avant d’atteindre le dojo mentionné par Zack et ce fut sur des jambes plus fatiguées qu’elles n’auraient dû l’être que je pénétrai dans l’enceinte de l’établissement. Le fait d’atteindre notre objectif donné effaçant un brin l’épuisement du moment, je relevai ma moue curieuse momentanément portée vers le sol pour la promenée de tous les côtés de sorte à tout bien voir. Le bâtiment, imposant dans sa structure, dégageait une sorte d’atmosphère à la fois paisible et sage, dualité me paraissant tout aussi familière qu’inconnue. Zack semblait parfaitement à son aise dans cet autre monde me m’apparaissant trop paisible, teintes pastel jetées avec véhémence le long d’un grand jardin perdu au fond d’une conurbation grouillante. Étaient-ils tous comme lui, avides d’histoire et rêvant de dignité perdue, ces gens qui fréquentaient régulièrement ce lieux ? À quoi croyaient-ils tous aboutir en se terrant dans une dimension alternée taillé dans le bois et la sueur de leur labeur, un endroit fictif où leurs âmes dysfonctionnelles pouvaient se recueillir avec une brutalité et adresse calculée près de leur semblable ? Une échappatoire érigée sur des codes d’honneur foireux et coquasses, des croyances de respect et d’atteinte. J’aurais très bien pu m’esclaffer à la vue de ce lieu que Litchi décrivait comme redondant, alors que je fixais l’homme plus âgé qui rôdait près de l’entrée, le dépassant tranquillement. J’aurais pu . . .
Mais.
« Redondant ? J’ai plutôt l’impression d’être débarqué dans ta version de Daresbury . . . »
Mais Daresbury n’était-il pas l’havre cornu des marginaux ne s’adaptant pas aux normes sociales actuelles, acceptant en son centre les pires infâmes que l’homme ait jugé ? Là où, en essence, ce dojo serein différait énormément du quartier parallèle dissimulé nulle part et partout à la fois, la pointe de ressemblance qui unissait les deux perspectives m’empêchait de réellement ridiculiser la chose. Et, après tout, il y avait quelques choses de profondément admirable dans un tel décorum respirant la dissociation sociale. Malgré les idioties qui accompagnait la totale. Meh. Nothing is perfect.
Ignorant les regards possiblement désapprobateurs que causerait mon action, je me laissai tomber, sans grande cérémonie, postérieur contre sol, dans le but de pouvoir retirer les bottes qui grimpaient jusqu’au dessous de mes genoux, laissant mes phalanges picorer les lacets de leur agilité simpliste. Mes couvres pieds finirent près de ceux de Zack et je leur jetai un regard incertain. Personne n’oserait me les piquer, right ? . . . Dans le pire des cas je pourrais toujours les massacrer . . . en négligeant le fait que les gens arpentant les couloirs possédaient probablement une plus grande expertise en combat que moi. Quoique . . . connaissaient-ils les joutent de rues, les poings lancés à tous hasards sur une cible menaçante, sur un dude tout aussi enragé qu’amusant ? Soit.
J’observai les pratiquants absorbés dans la pratique de leur art, suivant Zack sans vraiment le regarder, absorbant toutes les parcelles de cette nouvelle dimension que j’arrivais à atteindre ; les portraits aux airs respectables, les portes qui coulissaient, la paix qui régnait. Je suivi Zack au travers un labyrinthe complexe de pièces affichant des pratiques différentes et intrigantes. J’avais envie de délaisser, juste un moment, un court instant, le fruit épineux qui m’avait conduit ici pour aller les abordés, pour tenter de déchiffrer les mécanismes de leur cognition. Traçant mon index le long d’une de ses omoplates, la disparition de sa chemise me laissant tout le loisir d’observer plus en détail les angles de son corps, je me permis un bref gloussement dégradé. Me moquer de cette soumission qu’il affichait avec affection, de ces enseignements féodaux dans lesquels il plaçait ses valeurs et son intégrité. Croire en des règles forgées par l’homme dans la contemplation de mœurs pesants . . .
« L’idée d’appeler quelqu’un ‘maître’ me dépasse profondément. C’est pas un peu comme se soumettre à une autorité choisie en donnant à un titulaire un grade plus élevé que celui qu’il d’vrait posséder ? S’enchaîner en échange du gage qu’est l’ébauche d’un savoir . . . »
Je ne regardai pas l’expression qu’il apposa à l’ouïe de mes mots, ne désirant pas laisser ses yeux me distraire de mes observations exhaustives, me plongeant dans une description mentale et détaillée de l’architecture classique que je n’avais jamais contemplée auparavant. Tout était de bois, lisse et odorant. Tout était trop calme, tintements et respirations. Mes pas, bas quadrillés s’abattant sur le sol sans force, me paraissaient enclencher une tonitruance terrible, ressemblante à celle du métro. Étrange. Fascinant. Des figures passèrent près de nous, agiles et invisibles, des ombres volatiles qui m’arrachèrent une inspiration d’admiration que je ne décrirai jamais comme telle. Je les fixai, allant jusqu’à me retourner pour les poursuivre du regard. Elles semblaient voler . . . en quelque sorte, planer avec grâce vers la terminaison d'un but profond.
« Shinobi, huh ? »
J’aurais apprécié pouvoir les fixer plus longuement, coller un visage à ces fantômes arpentant la salle, mais ils poursuivirent leur parcours, et nous poursuivîmes le nôtre. L’Éden des catholique devait ressembler à un lieu du genre; paisible, vert, verni. Une réalité de conte de fée où le serpent tentait Ève pour détruire son paradis, ou le Lapin et sa montre à goussait conduisait Alice dans les profondeur de la folie. Nous dépassâmes le bâtiment, un groupe de redoutables gonzesses croisant notre chemin, pour nous diriger vers une porte qui coulissa facilement sous les doigts de Zack. De jolies mains qui tenteraient d'imposer une domination en remportant le combat que leur détenteur avait proposé.
« Que pense tu du lieu ? De l'endroit ? Des personnes ici ? Je suis curieux... »
« C’est trop . . . calme. Les humains ne sont pas faits pour être calme . . . Au lieux des robots habituels, j’ai l’impression de voir des arbres qui poussent avec lenteur, s’excluant du reste de l’orbite planétaire. Un cirque où les monstres de foire se seraient enfermés eux-mêmes . . . C’est intéressant, mais désopilant. », répondis-je avec aise, sans une seconde d’hésitation, mordillant ma lèvre dans une analyse bancale de mes paroles. Mouais, ils étaient une bande de bonzaïs grandissant dans un univers alterné partageant des similitudes avec celui d’où ils provenaient. Des arbustes calmes et déstabilisants, certainement un peu ennuyants, mais des arbustes intéressants tout de même. À leur manière, malgré les contradictions.
J’avisai la pièce où je vanais de pénétrer avec une lenteur moqueuse, laissant mes lèvres former un ‘o’ ridiculement amusé. Une vague d’ironie déferlante qui s’abattait sur notre duo part l’intermédiaire des matériaux mous recouvrant les murs. J’avançai sur les tatamis, les piétinant en sautillant. Rire. Rires.
« Oh, on dirait une salle de détention pour fous. M'vois-tu aliéné, Litchi ? »
La luminosité, que laissait filtrer les hautes fenêtres, me rappelait l’aspect alléchant que j’associais au miel doré et onctueux. La perspective de combattre dans un terrain constitué de sucre, armes de bois, recouvertes de glucose, mal protégées contre les invasions d’insectes affamés s’entrechoquant dans une joute déshonorable, me laissait proie à une hilarité sortie de nulle part, d’une brèche temporelle. Plus haut, dans les nuages de la légèreté.
Puis l’idiot se damna, me désignant d’office démon.
Je te laisse le choix des armes.
Je lui décochai un sourire de farfadet, infernal et joueur, gambadant tel un chat avec la souris dans la gueule, jusqu’aux armoires contenant les armes. Le choix ne relevait pas de l’imaginaire, plutôt simple, se résumant surtout à des armes de bois. Je me saisi d’un sabre de bois, souhaitant afficher ma moquerie en teintant cette arme classique de ma désobéissance. Le poids de la lame sans tranchant me paru alien et je laissai pianoter mes doigts un long moment sur le manche, cherchant une forme de confort. Je me fichais de la tenir adéquatement ou non, préférant adopter une manière d’en user m’étant propre et menant vers les résultats que je désirais. Quoique . . .
Je pointai l’extrémité du glaive traditionnel vers mon ‘’opposant’’, l’approchant de son visage en gloussant à la manière d’un bambin, presqu’en train de chantonner des comptines lugubres. J’esquissai l’éventualité d’une attaque dans la direction d’un adversaire dont je ne pouvais mesurer la force d’un regard. Pas que cela ait un quelconque importance, ou un quelconque impact. Les frais d’hôpital se payaient facilement lorsqu’on était la progéniture richissime de parents honteux. Je laissai tomber l’arme que je venais de sélectionner et elle rencontra la texture d’un des tatamis en un bruit mas. L’instant de la chute du sabre de bois m’avait suffit à me jeter sur Zack, chaton enjoué, l’obligeant à s’affaler au sol, moi par-dessus.
Quoi de mieux que mes propres mains, que mon propres corps lors d’une attaque ?
Je plaquai mes mains contre son torse, m’amusant à défier ce qu’il désirait m’apprendre.
« Surprise ! Si tu n’attaques pas le premier, j’vais démantibuler ton jeu, Za-ku-ro. »
J’en ai rien à foutre de tes règles, honey.- - Spoiler:
[ Scuse, la deuxième partie est . . . nulle. .-. NE ME FLAGELLE PAS T^T. Je n'ai pas trouver de bonne relance T^T. Je me sens mal du coup. Surtout que je t'ai fait attendre mille ans. >< Soit. Voilà. Enfin posté . . . >< ]
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| | | Zakuro Fea ▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
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| Sujet: Re: I cling to. (Kohaku) Lun 21 Mai 2012 - 11:32 | |
| « Tout en désirant gagner Les profondeurs de la montagnes, Je suis poussé contre ma volonté Vers les endroits Où habitent les hommes. »
Un katana ? Directement ? J'étudiais le choix des armes de Chess avec une certaine circonspection, me questionnant sur sa ou ses motivations. Qu'est-ce qui le poussait à prendre cette arme et pas une autre ? J'étudiais le mouvement de ses phalanges se refermant autour de la fusée du sabre. Uniquement pour le décrocher. L'adaptation de sa poigne au poids et l'équilibre du sabre m'arracha un sourire moqueur, et je tournais mes yeux vers les armes possédant des tsuba. Des armes de bois, mm... où se trouvaient les armes de fer ? Est-ce qu'on les avaient rangées quelque part à l'instar de cette confrontation, pour que ni l'un ni l'autre nous ne abîmions trop ? Un rire enfantin, comme sorti directement des entrailles d'une imagination trop morbide pour être tolérée, s'éleva sur ma droite, et attrapant une arme au hasard, puisque n'arrivant pas à me décider, je me tournais vers Chess pour affronter, une seconde, une vision terrifiante ; enfant ou démon ? Si petit, si pâle, avec un trop grand sourire. Je me raidissais, le sang glacé dans un étau interne à mon propre corps. La position figée correspond à une main morte. Idiot, hurla ma conscience. Ne t'immobilise jamais !
Lorsque je réfléchis à ce que doit être un samouraï, je suis convaincu qu'il doit être intime avec l'idée de la mort, mais la Voie de la mort n'est pas le seul fait des samouraïs. Les bonzes eux-mêmes, les femmes, les paysans, même les gens appartenant aux plus basses-classes de la société doivent savoir décider de leur mort face à leur devoir ou à la honte. En ce sens il n'y a aucune différence entre les samouraïs et eux. Mais les samouraïs, quant à eux, poursuivent en plus la Voie de la Tactique. Ils se doivent d'être supérieurs en tout à leurs adversaires. Ou bien ils gagnent dans un combat singulier, ou bien ils sortent vainqueurs d'une bataille.
Mon dos heurta la surface du tatami, quand Chess, dans le claquement de son arme, se jeta sur moi. Tactique. Mes yeux écarquillés par la surprise, je m'immobilisais au sol, le chaton se jouant des règles du salut et du respect. Frappant de mes paumes le tatami, je dévisageais Chess, qui hilare au dessus de moi, appuyait sur ma poitrine, comme un signe de défiance encore plus abrupte que le combat lui même. Ses lèvres se tordirent dans un sourire dantesque, et il articula précautionneusement des syllabes qui crispèrent mes doigts.
« Surprise ! Si tu n'attaques pas le premier, j'vais démantibuler ton jeu, Za-ku-ro. »
Pris d'effroi, comme foudroyé, je fixais sans broncher le visage anguleux de l'Alien, et en admirait les tracés charnels. Une joue, une mâchoire, une arcade. Et les mouvements de ses yeux, qui malgré leur indubitable anormalité, se saccadaient, allant et revenant dans l'automatisation humaine de la compréhension visuelle. Des yeux humains... ? Je lâchais du regard un visage agité par le frisson de son rire, et posais mes yeux sur les siens, cherchant à calmer ce regard hyperactif, à l'immobiliser, pour y plonger. Pour pouvoir admirer toute la défaillance de son être, si folie il y avait. Ou alors, pour contempler ce qui, paradoxalement, se révélait comme du génie. Des frissons d'un œil rouge et noir ; ma main remonta, heurta doucement un flanc, et en caressa l'épaisseur rachitique, pour venir se glisser dans l'arrondi strict d'une épaule, tandis que l'autre main venait courir sous un ventre aux fibres tendues par le mouvement d'étirement du reste du corps. J'observais ses yeux.
« Il faudrait, Chess, que tu m'expliques ce qu'est Daresbury. »
Repliant mes doigts, j'explosais ma paume sous son ventre, tordant mon échine, courbant mon corps, pour l'envoyer par dessus moi, allant rouler avec lui. Un mouvement au rétablissement désordonné, mais qui me projetait sur mes gardes, me permettant de rectifier mes positions. À genoux, le fixant, je contemplais sa remise en équilibre, ses reprises de marques, et les injonctions soulevées par son regard. Je souris, amusé par l'air d'enfant désobéissant qu'il arborait. Avec ses cheveux en bataille, et une joue rouge, il dédaignait pourtant l'impact qu'avait laissé mon coup sur son estomac. Résistant. J'en avais la certitude, maintenant. Ne s'était-il pas reçu un poing en pleine face, plus tôt ? Si j'avais cru au début aux parades d'un simple frimeur, j'étais maintenant fixé sur le fait qu'il ne ressentait pas la douleur de manière lambda. J'espérais qu'il résistât. Sans quoi, la victoire serait difficile. Je plissais les yeux, essayant de déterminer sa vitesse, son rythme. Je connaissais le passage. Le murmurant, en levant distraitement l'index, comme enseignant, j'écoutais les mots glisser, pour prendre leur signification lucrative.
« Si l'on regarde autour de soi, on constate que l'existence du rythme est claire dans la danse, la musique, et les instruments de musique. Lorsque le rythme domine, l’exécution est bonne. »
Dans les combats de la tactique, il faut connaître les rythmes de chaque adversaire, et il faut se mettre au rythme inattendu de l'ennemi. Alors, on peut vaincre ses adversaires en se mettant sur un rythme « vide » en partant d'un rythme né de l'intelligence.
Je posais ma main sur le sol, relevant légèrement le menton. Je ne savais pas comment imposer un rythme à un Alien. Je n'avais pas la moindre idée de ce qui était capable de déséquilibrer un adversaire aussi imprévisible que celui-là. Sans règles, sans conditions particulières pour le sabre. J'eus un vague rire. Cela représentait à peu près le même niveau de difficulté que l'exercice imposé quelques années plus tôt, par Angeal : être capable de savoir regarder de côté sans bouger les pupilles. Je plissais les yeux, le regard toujours concentré sur les pupilles de Chess. J'étais ici pour défier Kohaku au sabre. Pas aux mains. Or désarmé, même en gagnant, je risquais de faillir à ma parole. Qu'analysais-je de la situation ? Chess avait attaqué en premier : il s'agissait d'une initiative de provocation. Je pouvais attendre, le laisser attaquer une deuxième fois, il s'agissait alors de l'initiative d'attente. Si nous attaquions en même temps, il s'agirait de l'initiative mutuelle.
« Vieux Bouddha de métal, debout dans le champs, As-tu vu une fille de seize ans ? Ne connais-tu pas une fille égarée ? Interrogé tu fais « bing ! » Frappé tu fais « bong ! » » Je me relevais. La chanson tapait mon cœur, à la manière de l'impact qui faisait résonner le bouddha de métal. Traversant le tatami, je jetais sur Chess un regard laconique, défiant l'éclat de ses yeux par un sourire moqueur. Allais ramasser l'arme de bois, et chemin faisant, m'arrêtais au bord du tatami pour m'emparer de son sac. Sans mot dire, éventrais les plis de tissu en ouvrant le sac, et en étudiant l'intérieur, en sortais le portable. Dans un jeu maladroit de doigts, je fouillais sans gêne les intestins pixelisés du téléphone portable, accédant au répertoire de Chess, pour parvenir à son numéro. Glissais mes yeux dessus, pour le mémoriser, je laissais mes doigts folâtrer à l'intérieur du sac à dos, rencontrant par un contact dur ce qui me sembla une seconde une jaquette de jeu vidéo, mais qui se révéla la côte d'un livre. Ce même livre que j'avais vu Chess ranger en arrivant, près de la fontaine. Je le sortais du bout des doigts, décrochant mon attention du numéro étranger de M. Mitsumasa.
Cheshire Cat lisait donc des livres pour humains ?
Un objet, mince, presque fragile, dans ma main. Qui ne m'appartenait aucunement, mais qui dégageait à mes yeux cette même vibration, ce même besoin, exhalé par un parfum de feuille et d'encre, de le lire. Je caressais, minutieusement, le S du nom de famille Sénécal, suivant du bout du doigt le tracé sinueux de la première lettre du dieu de l'univers exploité entre les deux couvertures. Je ne me permis pas de lire le synopsis, préférant me relever, et me retourner, pour marcher vers Chess. Violence. N'était-ce pas de la Violence, que je venais de voir dans les yeux de Chess ? Une seconde, ou peut-être y était-elle toujours encrée : je ne le savais pas, n'arrivant pas à parfaitement distinguer les sentiments d'un Alien qui camouflant ses yeux, ne me rendait pas la chose facile.
« Wakarimasen. Je ne comprends pas. »
Je m'approchais, réduisant trop dangereusement la distance pour une situation de combat. Me mettais en seiza devant lui, glissant le sabre près de ma hanche, la fusée déposée sur ma cuisse, la pointe dirigée vers le tatami. Je posais mes yeux sur le livre, coulant un regard inquisiteur sur le pavé de lettres imprimées en son dos. Non seulement je n'avais pas pu lire, mais en plus, je découvrais, à la minute même, que j'en étais incapable. L'alphabet latin, comme un tatouage morbide peint sur la peau de carton du livre, s'amoncelait en un texte indéchiffrable. Fuck. Fuck. Fuck. Je détestais, curieusement, ne pas pouvoir comprendre. Ne pas pouvoir comprendre ce qui était universel, ce qui était indispensable. Le livre. La transmission.
Je tendais l'objet à Chess. Le laissait s'en emparer, pour d'un éclair, dégainer, et bondir sur lui.
Trop prévisible. Peut-être pas assez. Miyamoto Musashi et moi nous en foutions, radicalement, avides d'un seul et même objectif : la victoire. Pas la victoire qui existe aux yeux des hommes, mais celle qui fait « disparaître le fond. » Dans les gestes de Chess, il y avait encore ce fond. Alors je n'avais pas encore gagné. Cela m'allait ; je n'avais pas envie d'avoir attendu tout ce temps pour me voir arracher une victoire au bout de dix minutes. Je détesterais cela. La lame de bois, malmenée par nos gestes manquant aux rituels habituels pratiqués en ces lieux, pressait la trachée de Chess, et la main écartée près de son visage, je patientais. Je patientais de le voir frémir, bouger, gigoter, se dégager, à la manière d'un serpent ; peut-être de manière déloyale. Peu m'importait. Je voulais qu'il me montre la manière dont il saurait se sortir de là. Il s'échappa. Je sifflais. L'attrapant par le collet, pour ne laisser aucune chance à ses fuites, en dépit de son escapade d'en dessous le sabre de bois, je l'attirais près de moi, pour avec plus de force le soulever, et l'abattre une première fois sur le tatami. Lui faire perdre le fond. Y arriverais-je ? Un second impact de son corps fit exploser une résonance d'entre les murs. Encore ; je rattrapais ses épaules, pour pivoter mes poignets, dans la rotation du haut de mon corps, et encore ; le balancer par dessus, contre le sol. Deux fois. Trois fois. Un enchaînement de mouvements que je créais, au fur et à mesure, abandonnant toute douceur, toute délicatesse, pour le forcer à se battre. Il avait eu l'orgueil de dire réécrire les règles d'un jeu qui m'avait happé depuis longtemps ? Mes doigts accrochés à ses vêtements, à son corps, le faisaient frapper le sol, à la manière d'une mauvaise animation de foire. Le passer par dessus ma hanche, par dessus mon épaule, pour le faire frapper toujours un peu plus violemment la surface implacable du tatami. Encore. Et encore. Et encore. Et encore. Une sorte de chaleur, de colère, qui s'immergeait totalement, tandis que les coups se répétaient, de moins en moins mollement, de plus en plus cruels. Rompre l'étau d'une politesse et d'une retenue qui me satisfaisait à rester calme ; je le frappais contre le sol. Me déplaçant, pour rester toujours en mouvements, pour ne pas une seule seconde lui permettre de reprendre un équilibre dont il aurait profité, je le jetais, contre le sol, contre les murs. Je jetais, sans considérer son visage, sans attacher d'importance à un corps que je balayais, que je frappais, dont j'ignorais les résistances. Uniquement par besoin de le casser. Une poupée que je soulevais, que je faisais tomber, que je ramassais, pour rejeter contre un mur, et dont je me rapprochais pour la ramasser encore, et l'envoyer rouler. Résistances ? Jusqu'où ? Mon corps parcouru par un frisson glacé, je m'abandonnais à cette unique règle du combat ; briser l'autre. Pauvre cliché que j'avais vu immortalisé dans les films américains par des grosses brutes se frappant dessus ; je le négligeais, parfaitement au courant que « briser l'autre » ne signifiait pas infliger une douleur uniquement physique. C'était tellement … pathétique, de penser cela. J'ignorais la surface de protection des murs qui avaient à l'origine le but d'éviter les blessures ; dénaturant leur services pour les transformer en lieu d'impact avec l'échine de Chess. Retenant mon souffle, comme pour ne négliger aucune des actions de Chess, j'affrontais chacun de ses mouvements, pour projeter sur lui mon besoin de victoire. Victoire. Je devais gagner. Pas pour la fierté, pas par crainte de défaite. Pour autre chose. Pour cette chose polymorphe et insaisissable qui me faisait arracher Chess du sol, pour toujours mieux l'y projeter. Nous en étions arrivés près de l'armoire. Déplacements occasionnés par une bataille inégale. J'avais une main totalement griffée. Une douleur s'en éveillait d'ailleurs, me faisant abandonner l'idée de m'en servir. Quand Chess m'avait-il fait cela ? A moins que je ne l'ai fait tout seul ? Je ne le savais pas, essayant de me rappeler à partir de quel moment ses ongles aient pu arracher la peau de mes phalanges avec une telle férocité. Je secouais la main, en grimaçant, faisant s'écouler quelques filets poisseux entre mes doigts. Chess restait immobile, près de l'armoire, allongé sur le sol, en équilibre entre le sol « impur » et le tatami. Je m'en approchais, lentement, comme effrayé à l'idée d'avoir pu le tuer. Son visage m'était caché, et je l'enjambais, posant mes genoux contre le sol, au dessus de lui. Mes mains se posèrent sur ses épaules, et doucement, je le retournais pour que son visage soit tourné vers le ciel. Ses joues étaient pâles, et la blessure provoquée par le coup de poing de l'homme de tout à l'heure, rouverte. Je glissais mes mains sur son visage, incapable d'affronter immédiatement son regard. Pas de la honte, puisqu'à mes yeux, je n'avais violé aucune règles. De la peur. Une peur viscérale qui me faisait craindre la douleur. Faisais-je mal, en frappant ? On m'avait déjà fait mal. Plusieurs fois. Et toujours, j'avais appris à taire et à dépasser la douleur, et ce avec fierté. Mais jamais je n'avais été en possibilité de savoir comment je faisais mal. Je fixais ses lèvres, roses, détendues, qui ne souriaient pas. Un air absent. Il avait un air étrangement absent. Qui ne lui allait pas, sans son sourire. Je posais mes mains contre ses oreilles, glissant mes doigts dans ses cheveux, pour approcher mon visage du sien, chassant le trouble de ma tête, et me concentrant sur son regard, plongeais mes yeux dans les siens.
« Si je n'attaques pas en premier, j'attaque toujours en deuxième. Mais je ne laisse pas forcément à l'autre l'opportunité de répliquer. Il faut qu'il parvienne à trouver son rythme, sinon je m'impose, et je montre que c'est MON jeu. C'est ce que je connais sur le bout des doigts, jusqu'au fond de mes os, et au plus profond de mon cerveau. Parce que c'est ce que je veux être. Ce que je suis. Et que même si je dis que j'invite quelqu'un à entrer dans ce jeu, au final, c'est toujours moi qui gagne, parce que je sais que celui qui me fera perdre à « ça », c'est moi. Alors... je ne sais pas si tu comprends ce que je veux dire... peut-être que c'est juste typiquement égocentrique, et que... au final, tu es vraiment fort, pour tenir jusque là, mais... bravo. Enfin... pardon. Je ne sais pas. »
Je baissais les yeux, désolé. Je me sentais mal. Le picotement désagréable de ma main lacérée me fit porter les yeux sur cette dernière, et je regardais les replis de la peau soulevée et arrachée, et me demandais encore quand est-ce que j'avais eu cela. Mes phalanges caressèrent les tempes de Chess, et je déplaçais vaguement mes coudes, pour continuer à le surplomber sans risquer le déséquilibre. Tu es fort. N'était-ce pas cette constatation qui nous avaient au début poussés à nous rencontrés ? Sous les allures d'une rencontre IRL, puis d'un simple programme détaillé en fonction des circonstances arrivant, c'était dans le but d'arriver à une conclusion. Lequel de nous deux est le plus fort ? Jeu viril ? Je ne l'avais pas vu comme cela, amusé sur le coup de découvrir quelqu'un d'aussi fascinant que lui.
« Qu'est-ce qui me poussait à essayer de te comprendre ? Rien que la première phrase, elle m'avait accroché. Après, des événement, qui me donnaient envie de voir jusqu'où t'étais capable d'aller. Et ça me donnait envie de voir jusqu'où je pouvais aller. Moi. C'est effrayant. Parce que si on se lâchait totalement, tu crois, toi, que tu serais capable de rester uniquement « fort » ? J'entends par là ; est-ce que tu serais capable de ne pas devenir totalement fou au point de n'être plus toi-même, d'être incapable d'exister ? Pourtant, tooooooute l'après-midi tu m'as montré que tu jouais sur le fil. Entre l'être et le non-être. C'était impressionnant, murmurais-je. Mais angoissant. Ça contaminait. Tu donnes envie de ressembler autant que tu repousse et donne l'envie d'être quelque chose d'autre. Quelque chose qu'on fantasme... ou alors quelque chose qu'on imagine... ou alors quelque chose qu'on se cache. Qu'on ne veut pas subir. Mais qui lorsqu'il apparaît, devient quelque chose d'assez tentant. C'est … Mm... dantesque. Tu l'es, à ta manière. »
Mes yeux balayèrent son visage, et je laissais glisser ma main griffée jusqu'au sol, près de son crâne. J'étais suffisamment près de lui pour avoir l'impression d'entendre les battements de son cœur. Le mien, dans ma cage thoracique, me semblait sur le point de défoncer ma poitrine, pour causer encore plus de douleur que nécessaire à la situation. Mes yeux s'emplirent d'une teinte plus sombre qu'à la normale, et je restais une seconde immobile, prisé par le désir de ne plus rien faire, et celui de trouver la bonne chose à faire. Je ne savais pas. Je secouais vaguement la tête.
« Enfin, je ne veux pas perdre, contre toi. »
Jamais. Surtout pas contre lui. J'avais trouvé en lui quelqu'un de trop remarquable pour l'abandonner après une journée intense, et un combat rocambolesque. Mes yeux s'étrécirent, et doucement, un sourire glissa sur mes lèvres. Je me relevais, appuyant sur le sol, veillant aux mouvements de Chess, observant son comportement. Il me faisait penser à un chat mouillé. Je me glissais jusqu'à la sortie de la pièce, l'observant récupérer ses affaires, sans relâcher une seule seconde mon regard de lui, même lorsqu'il se chargea de réenfiler ses bottes criardes. Un rire amusé pétilla dans mes yeux, et je lui ouvrait le chemin jusqu'à la porte, avant de me raviser, et de me tourner vers lui, au dernier moment.
« Un instant. »
Mes doigts vinrent se poser sur son épaule, et je le fit pivoter jusqu'à un mur, où doucement, je me chargeais de le faire heurter la surface boisée. Observant la structure de l'endroit, je reposais ensuite mes yeux sur Chess, avec une expression légèrement embêtée.
« Ah mince... je ne suis pas absolument certain que ce mur soit très solide pour que « je te plaque contre », dear Chess. »
Mutin, je ricanais, en plaçant mes bras autour de ses épaules, mon nez venant effleurer une demie seconde le sien. Je penchais le visage, toujours souriant.
« J'ai dit tout à l'heure que j'avais pas les condoms. »
Je me reculais, m'approchant de la porte, et l'ouvrant.
« Si tu veux, on va les acheter maintenant ? »
Je sortais, en levant les mains à la hauteur de mes cheveux pour les accrocher entre eux, l'élastique jouant entre mes doigts.
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| | | Kohaku Joshua Mitsumasa ♣ Université - 4ème année
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| Sujet: Re: I cling to. (Kohaku) Jeu 11 Oct 2012 - 21:42 | |
| MASTERPIECE Careful, Follow my Instruction And I Will Show You Self-Destruction This Masterpiece is Only Mine Entirely Guilty by Design Et c’est l’imminence du désastre que je sentis exploser dans mes os. Mes pores de peau frétillèrent de douleur au contact matraqué de Zakuro, mes muscles chantèrent leur malséance à chacun des coups portés, résonnant dans mes connections nerveuses, vibrant telle les cordes pincées d’une guitare basse. Je me retrouvais véritablement propulsé dans son espace temps, savourant la tension douloureuse, la réalité de son humanité, cette violence que son regard franc et magnétique ne transmettait que trop mal. L’air en mouvement sifflait dans mes oreilles alors que je me voyais propulsé à peine plus loin, pour être vivement ramené contre lui, ecchymoses s’érigeant dans l’invisible sur la porcelaine olive de ma peau. Sa réponse à mon offensive, dénuée de la moindre hésitation, un animal sauvage qui griffait, qui mordait, qui décrivait son territoire de sorte à ce que nul ne soit apte à lui enlever. On m’avait soulevé, avait laissé le tissu de mon haut m’étrangler, on m’avait roué de coups, on m’avait matraqué. Suave je m’échappais, suave je ripostais, sans l’intermédiaire de ce sabre qui ne deviendrait jamais une extension de ma personne. Je lui reléguais de mon plein chef cette aptitude aux intonations inutiles. Qu’est-ce qui le poussait à agir de la sorte, à s’intéresser à ces méthodes archaïques presque loyales, spécialement avec quelqu’un tel que moi, qui n’hésiterais jamais à réfuter ses convenances disloquées, ce manque de modernité ? Tout stagnait . . . Immobile, un paysage, une fresque idyllique peinte dans plénitude zen d’une bande de guerriers qu’on s’empresserait de momifier dans des musées d’histoire s’ils s’existaient réellement. Oui, je critiquais l’incongruité qui m’avait poussé à vouloir l’accompagner, qui s’était manifestée tout au long de cette journée de rebondissements jusque dans ce trait d’eyeliner que j’avais tracé sous son œil. Frémissement. Litchi se mouvait tel un fauve, mâchoire tendue dans l’exercice qui visait à me fracasser contre ces dérangeants tatamis et, moi, je frétillais comme un vulgaire chaton, cherchant le rythme dont il m’avait parlé, le rythme qui, visiblement, me glissait entre les pieds. La danse de la bataille, la chorégraphie de la brutalité, orchestrée finement par l’intermédiaire d’une série de mouvements imprécis. Je ne m’étais jamais réellement pencher sur le rythme de mes adversaires, n’ayant jamais jugé particulièrement nécessaire de me protéger. Je n’arrivais pas à le faire maintenant non plus, la technique, la valeur, ne s’attachant nullement avec mon impulsivité notoire. Incompatible. L’attaque est une brèche d’où s’écoule un flot haineux et incontenu, rien d’autre. Pourtant, Zakuro, comme tant d’autres, appréhendait cela de manière différente. Y avait-il un but autre que la rage, autre que la recherche, derrière ces élans destructeurs qui le possédaient ? Mon dos heurta une nouvelle fois le tapis, bruit mou qui perturbait mon ouïe, nerfs qui se tordaient dans des craquements tendus. Puis il recommença, et recommença et . . . recommença sans que de ma fine sature je puisse y changer quoique ce soit. Mes ongles s’enfoncèrent dans la main qui m’agitait telle une peluche de chiffon, lacérant dans l’espoir qu’on m’offre l’opportunité d’en placer une, d’attraper une goulée d’air. To no avail, apparently. Bien sûr, je ripostais maigrement à ses coups, les voyant plus souvent qu’autrement retournés contre moi avec une vivacité sauvage et j’acceptais pleinement ma défaite physique. De toute manière, le corps ne signifiait pas grande chose, ne confirmait rien de ce que j’étais, ni de ce que je deviendrais, comme un mot placé hasardeusement dans une phrase sans qu’on en connaisse le sens. Zack ne saisissait pas que l’abus réel ne se profilait pas de cette manière, que même si tous les os se voyaient broyé, rien ne changeait tant que l’intégrité ne l’était pas elle aussi. Abattue, broyée. Je réfutais l’idée même qu’on puisse m’infliger un tel traitement, plus jamais. Ce n’était certainement pas Zakuro, rempli des doutes que lui insufflait sa vison des choses, sa manière de vivre, qui me foutrait à genoux dans le sens mental du terme. Je dominerais toujours, dans l’hilarité immaculée de la cognition. Roi de l’immatérialité, de la transcendance.
Tout de même, j’aurais pu apprécier le surprendre d’un revirement de situation quelconque, si il ne s’était pas montré si rapide, si vif, si spectaculairement entrainé, si horriblement distrayant. Muscles s’étirant dans une ondulation appréciable, contours suffisamment prononcés pour inciter. Distrait par l’attirance, distrait par l’inquiétude, cherchant des yeux, lorsque mon cerveau ne me paraissait pas cogner contre les parois de ma boîte crânienne, la couverture bleue d’Aliss. Je l’avais lancé dans une direction hasardeuse lorsqu’il s’était jeté sur mon corps, refusant catégoriquement que quoique ce soit arrive à cet ouvrage si précieux. Les mots qu’il contenait papillonnaient d’une essence vitale à laquelle j’accordais une affection sans mesure. S’il l’endommageait, s’il le malmenait. Je détruirais, j’anéantirais. Lui, eux, tous ceux qui oseraient barioler ce joyau d’infamies. Il avait ouvert mon sac à bandoulière, s’appropriant son contenu, violant mon intimité, alors que je pataugeais dans la vase d’un déséquilibre qu’il m’avait imposé, tel un caneton surpris pour la première fois par l’eau. Mon cellulaire y était passé le premier, attrapé dans une main solide et observé. Il ne trouverait pas grand-chose là-dedans mis à part des séries de numéros appartenant à d’éventuels cobayes que je m’adonnais d’observer depuis mon arrivée. Rien de plus, pas d’appels, pas de messages textes, juste le vide intersidéral du chercheur qui ballotte dans le néant de ses expériences. On ne pouvait pas être seul lorsque le monde s’étendait à nos pieds, étendard brillant de possibilités plus extraordinaires les unes que les autres. Pourtant Carter s’était toujours inquiétée des pages que je tournais sans cesse, des animaux qu’elle retrouvait en pièces détachées près des buissons à l’arrière de la maison, de la peluche féline que je trainais partout ( elle croupissait présentement dans mon lit à l’Académie. ). La solitude et la plénitude n’étaient que des termes superflus inventés par des gens en crise qui cherchaient à placer des termes sur leur mal de l’âme. Cela ne s’appliquait pas forcément à tout le monde, pas forcément à qui que ce soit d’autre que des êtres les plus conditionnés les uns que les autres.
Puis . . . il s’était emparé de mon livre, d’Aliss, avait percé des remparts précieux de son touché curieux. Envie de meurtre, envie d’arracher la peau, envie de sublimer son existence. On ne touche pas à Aliss. On ne touche pas à Aliss. OnnetouchepasàAliss. CRISS DE TABARNAQUE DE SACRAMENT DE CAVE, ON NE TOUCHE PAS À ALISS. Pourtant, comme un trip de micro ayant mal tourné, malgré les persifflassions meurtrières qui épaississaient mon sang, je restais silencieux, regard mortel le vrillant de balles imaginaires. Remet. Le. Bouquin. Dans. Le. Sac. Remet. Le. Bouquin. Dans. Le. Sac. Remet. Le. Bouquin. Dans. Le. Sac. Un instant livide qui aurait pu mal se terminer, très mal se terminer, je voulais le tuer de pénétrer mon temple, de souiller les paragraphes de son incompréhension. Il ne comprenait pas, la confusion, mitigée par l’intérêt, se lisait clairement sur son visage. Il ne comprenait pas, mais il osait. Il s’était approché, innocemment, sa bienveillance ne s’étant pas encore aliénée, m’offrant mon autel de réalisme, main tendue, veines saillant contre la peau de son poignet. Une vague de fraicheur déferla sur moi au contact du volume le plus précieux de ma collection, j’eus le réflexe de l’attirer contre mon torse, armure protectrice à ces pages de sens divin. Aliss et son impact, sa signifiance et toutes ces idéologies magnifiques qu’il me procurait, qui révélait l’essence de mon sourire, furieusement dantesque. Mes doigts pianotèrent, une fraction de seconde étendue, soucieux et soulagés sur la mince reliure de plastique.
Puis . . . il ouvrit ce combat solitaire dans lequel je m’étais vu propulsé. D’instinct, je lançai Aliss dans un coin, n’ayant pas le luxe d’entendre mon livre atterrir avant que le sabre ne tente de m’étouffer de sa lame d’échardes.
And the rest is history.
Il ne m’avait pas ressaisi cette fois, l’absence de sa poigne me permettant de m’adonner à l’activité tristement essentielle qu’était la respiration. Les mèches enneigées de ma chevelure masquaient la partie supérieure de mon visage et mes clavicules montaient et descendaient au rythme effréné du gonflement de mes poumons. Je prenais enfin conscience de l’abus intense que la totalité matérielle de ma personne venait de subir, ressentant la douleur exploser dans mon épaule droite, vrillant mon coccyx, bariolant mes poignets, mes phalanges, pimentant mon échines d’une brûlure inconfortable. Je goûtais aussi le sang, poisseux, métallique, qui goutait légèrement sur mon menton. À ce rythme là, on allait devoir me foutre des points de sutures dans la lèvre.
Je restai immobile un long moment, satisfait de pouvoir me perdre dans le flot de sensations qui m’assaillaient, de pouvoir contempler tranquillement les agissements de Litchi. Le contact calleux d’une paume se dessina sur ma joue. Une nouvelle inspiration, immobilité atmosphérique. Il pivota ma tête, ma joue quittant la solidité d’une surface pour danser avec l’air, et je sentis mon cou protester vivement, les vertèbres brusquées se plaignant de tant de mouvement et de pression. Je battis des paupières en un clignement docile, constatant le visage de Zakuro à proximité du mien. Mèches de jais transformé par la fatalité rapide de ses mouvements datant de quelques minutes et ses iris, bleus, bleus. Tellement fucking bleus. Ses prunelles ne contenaient plus la moindre trace de férocité ancestrale, maintenant de retour à leur aspect initial, des cieux d’espoirs et de convictions infinis. Ils m’étudiaient, arpentant mon visage dans une escalade risiblement attentionnée et personnelle. Que cherches-tu, soldat des âges ancien, que crois-tu voir, vassal de la féodalité japonaise ? Une toile blanche de tes inhibitions, intouchée par la portée que tu croyais savoir tes coups posséder, réfutant ton existence même de par son indifférence à la douleur physique. Du moins en apparence, je n’affichais pas vraiment le mal, ignorant le souffle des élancements qui bondissaient dans mon épiderme.
Puis sa voix m’arracha un tressaillement, souffle épousant les contours de mon visage, alors que ses doigts glissaient sur ce denier avec une douceur qui m’aurait presque arraché un sourire. Je tentai de me redresser, heurtant mon front contre le sien avec douceur, sentant les vibrations de sa gorge chatouiller mon menton et mon cou en un massage discret.
« Y’a pas de rythme dans l’immatérialité. C’est normal que l’enveloppe physique se brise dans ton jeu. C’est carnivore, c’est enivrant et c’veut rien dire. Absolument rien. Donc, don’t feel sorry, it was quite . . . enlightening, I guess. »
Les facettes convoitées de l’humanité se situaient dans ces replis insoupçonnés qu’on découvrait chez les autres au travers d’expériences particulières. Comme ce combat incongru qui me vaudrait, à vue de nez, une bonne douzaine d’ecchymose qui noirciraient et jauniraient au bout de moment. Je ne ressentais pas le moindre regret à m’être abaissé au statut de mannequin de pratique, car j’avais pu me délecter une de ces tartes humaines que j’appréciais tant. Savoureuse, charmante. Plus. Plus. Mes sens en éveil, malgré ma position passive, aspiraient lentement toutes les particules d’âme que Litchi daignait m’offrir, s’abreuvaient de ses analyses, de ses compliments, de ses observations, de tout ce qu’il partageait, comme Chess qui se servait à même les gens qui l’entouraient, les dévorant. Zakuro cherchait-il à communiquer sa frustration de la modernité au travers de batailles telles celle-ci, cherchait-il à réfuté, un peu comme je le faisais lorsqu’opposé à la société, les fondements qui faisaient tourner un monde qu’il n’appréciait pas entièrement ? Je connaissais maintenant sa violence en profondeur, une torture qui enchaînait son âme dans un besoin de dominance vocatif, bien que les raisons concrètes m’échappaient toujours. Ce n’était qu’une question d’analyse et de temps . . .
« Je suis tout ce que je veux, je ne suis rien de ce que je subis. Je deviens celui que je suis. Ne te l’aie-je pas dit . . . ? L’intérêt du jeu n’est point de le gagner en surface. De toute manière, on ne gagne pas contre moi. ~ La folie et la force, des concepts, des concepts . . . », lâchai-je dans un chuchotement moqueur, l’ombre, l’écho d’un sourire se profilant sur mes lèvres claires. Il aurait pu s’agir d’un rictus frustré, car il me cataloguait, encore une fois, indirectement comme un rescapé de l’asile, but I’d save it for later. Je réceptionnai le sourire, froideur passagère quittant définitivement son regard alors qu’il se releva, démarche assurée et aucunement désarticulée par la puissance des efforts physiques dans lesquels il venait de se perdre. Prenant moi-même une position debout, la douleur m’arrachant une brève grimace engourdie, je me trainai jusqu’à mes bottes criardes, non-loin du compartiment contenant les armes, les attrapant dès qu’elles furent à portée. Leurs lacets déjà défaits, je ne mis que très peu de temps à exécuter le processus en sens contraire afin de pouvoir me lever, glissant mes pieds enveloppés de tissus dans leurs habitacles d’un vert effrayant et les laçant méticuleusement. Zakuro patientait, valeureux samouraï à deux sous qu’il était, non-loin de moi, m’observant, me détaillant avec insistance. Encore, de la même manière qu’il avait guetté mon visage tout à l’heure. C’aurait pu être agaçant si mes yeux ne s’étaient pas immédiatement détachés de lui, fouillant la pièce avec une insistance désespérée, mal-réprimée. J’essuyai d’un revers de manche le sang qui décorait le bas de mon visage, à nouveau distrait.
Non, je ne t’avais pas oublié, Aliss. Je n’avais simplement pas envie que mon mastodonte de compagnie me fasse une autre scène alors que je tentais de te recouvrir de mes doigts adorateurs . . . ou peut-être que je m’étais un peu perdu dans le moment, hypnotisé par la vivacité de son regard, par la vibration convaincue de ses mots.
Shh. Hein. This would remain a secret.
Bottes enfilées, dédalles de doigts tournicotant terminés, je me redressai sur mes deux jambes rendues flageolantes par le combat. J’esquissai quelques pas, mon regard parcourant la pièce à la manière d’une balle de ping-pong, cherchant un reflet bleu, cherchant Bones et son masque blanc, cherchant la réceptionniste morbidement obèse du manoir des chirurgiens. La quête de l’âme dans les os et la chair, ponctuée de sons de cisaillements et de perforations sadiques. Malaise. Je ne le voyais pas. Se dérobant à mon regard qui le convoitait pourtant avec tant d’honnêteté. Where are you, my cherished Aliss ?
Perdu dans mon inattention, gobant les tatamis des yeux, je n’eus pas la présence d’esprit de me rembarrer lorsque Zakuro me saisi une nouvelle fois, me crispant telle une bombe à retardement. Tic. Tac. Tic. Tac. Avant de comprendre, évidemment, sensation d’embarras m’empourprant lorsque je décelai le mur sur lequel il venait de m’appuyer. Han . . . Contre un mur Zakuro, vraiment ? J’humectai le rebord de ma lèvre par l’intermédiaire d’un glissement de langue nerveux, saveur acide du sang, clignant des yeux pour contempler Zakuro, mes omoplates s’appuyant contre la cloison de bois. Proximité dangereuse; son nez vînt effleurer le mien dans un contact que j’interprétai comme un jeu. Je poussai l’arc osseux du bout de mon propre récepteur d’odeurs, soufflant sur ses lèvres au passage. C’était si tentant . . . Et il souriait, alors que moi pas. Je voulais dévorer sa bouche étirée, le forcer à se rembarrer sous la puissance de mes avances.
Puis, il s’écarta tel un prostitué qui désirait plus d’argent pour ses services et je lui offris une moue hébétée. Je venais de m’empêtrer, encore une fois, dans les fils de son jeu, au péril de mon livre. Livre qui ne pouvait pas se trouver bien loin. Exhalation, je perçai son regard de l’hétérochromie fausse de mes iris, rancunier, agacé.
« Attend. Aliss . . . où est-ce que j’ai jeté Aliss ? »
Je murmurai rapidement ces paroles, pianotant mes doigts blessés sur ma cuisse. Alors qu’il s’attardait sur les condoms, dépassant l’embouchure décrite par la porte, je m’enfonçais de nouveau dans l’antre du combat, ramassant mon sac et agrippant, oui agrippant Aliss, dans un soulagement infini. Apparemment la reliure remplie de pages s’était malencontreusement glissée en dessous de ce dernier. Quelle adresse de tir flamboyante j’avais inconsciemment affiché. Inertie frappante, soulagement infini. J’aurais embrassé le livre à pleine bouche si mes lèvres ne s’étaient pas vues souillées d’hémoglobine. Peu importe le fait que Zakuro attendait comme un panneau stop, se questionnant certainement au sujet de l’attachement religieux que j’affichais à l’égard du tome bleuté. Peu importe, peu importe. Je détestais me séparer de mon précieux objet, d’ignorer l’emplacement exact où il se trouvait. Je le glissai doucement dans le sac, relâchant l’exhalation inquiète qui bloquait mes poumons. It’s alright, it’s alright.
« La prochaine fois que tu y touches sans mon accord, je te tue, Zakuro. »
Regard venimeux, pupilles exaltées, claquement de mes bottes éclatantes me portant jusqu’à l’intérieur de sa bulle d’intimité, au seuil de la porte, tel un langoureux prédateur en quête de cramoisi. Je susurrai vicieusement ces mots à son oreille, me pourléchant de la simple possibilité que, si, oui, je pourrais le faire. Le tétaniser d’horreur sous le poids de mon hilarité rongeante, rires de démon fusionnés au corps d’un être humain chétif, le fracasser de par mon insoutenabilité malléable qui décrivait des arcs planant dans le ciel des consciences prisonnières. Mes doits, lames de ma menace, tracèrent une fine ligne, du bout des ongles, sur la joue de Zakuro, lui laissant en cadeau une charmante strie rouge.
Et puis, enfin, je me rompis en un sourire. Dantesque, comme il le disait si bien. Dangereux.
« And believe me, it’s no threat, I’d do it for real. »
Sortie anticlimatique, théâtrale au possible. Avec le sang à moitié séché qui décorait ma mâchoire, mes cheveux opalins dressés dans tout le sens par la bataille et l’optique provocatrice qui émanait de mes prunelles ; peut-être que je m’agençais mieux au rôle de la prostituée que lui, finalement. Une pute impulsif, instable, mais certainement pas aussi timbrée que semblait le croire mon valeureux compagnon. Je ricanai, exécutant un moulinet de bras douteux, sentant les joints endoloris de mon épaules crisser sous le mouvement. Bah, wathever.
« Allez, now, ouvre la marche jusqu’aux capotes, Litchi ! »- Spoiler:
Délai monstre. Quasi pas de relance. xD J'espère que tu y trouveras quand même ton compte ! Je l'ai écrit en plusieurs jets, so c'est peut-être un peu cahoteux. (:
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| | | Zakuro Fea ▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
Genre : Age : 31 Adresse : 3, rue la Chance, app. 11, quartier Hiryuu, avec Lawrence E. Swanster. 1580 Multicompte(s) : Kojiro Sekigahara
KMO :
| Sujet: Re: I cling to. (Kohaku) Jeu 8 Nov 2012 - 0:05 | |
| L’attentat au gaz sarin dans le métro de Tōkyō (地下鉄サリン事件, Chikatetsu sarin jiken) est un acte de terrorisme perpétré par des membres de Aum Shinrikyō le 20 mars 1995.
« Je suis tout ce que je veux, je ne suis rien de ce que je subis. Je deviens celui que je suis. Ne te l’aie-je pas dit . . . ? L’intérêt du jeu n’est point de le gagner en surface. De toute manière, on ne gagne pas contre moi. ~ La folie et la force, des concepts, des concepts . . . »
La phrase de Chess résonnait dans mes oreilles, en dépit des frottements des rails du métro. Elle résonnait jusqu'à couvrir le bruit des voix autour de nous, et Chess aurait pu se mettre à parler que jamais je n'aurais été plus déconnecté du monde qu'à cet instant là. Les silhouettes des gens autour de nous ressemblaient à ces tâches de couleurs, floutées, que l'on voit dans les films. Je n'avais plus d'intérêt particulier à chercher à les observer ou les comprendre, perdu dans un moi que je cherchais à déceler. Je m'étais toujours compris. Je m'étais toujours cherché, mais je m'étais toujours compris, dans le sens où je n'avais pas eu besoin de savoir qui j'étais. Je cherchais seulement à rester ce moi, d'où ma recherche. Qu'est-ce que cela faisait de moi ?
« Babble, Babble, Bitch, Bitch. Rebel, Rebel, Party, Party. Sex, sex, sex, don't forget the violence. Blah, blah, blah »
Le babillage calculé et musical de Marilyn m'arracha à la contemplation désabusée de mon être, et je levais les yeux, bien au dessus des têtes brunes, pour regarder un écran de télévision, accroché à l'intérieur du métro. La diffusion du clip de « This is the new shit » fit évacuer, suintement, une mauvaise humeur de la part du collectif japonais. Collectif japonais qui plus que d'habitude, m'étonnait. Parce que j'avais rencontré Chess, naturellement, et que j'avais appris de lui des choses qui je l'espérais, intégrerais. Que ce soit de ces mots, de ses regards, de ses gestes. Comme une éponge, malgré moi, j'avais ouvert les yeux sur un univers qui ne m'appartenait pas, mais qui flirtait avec le mien. J'avais simplement appuyé sur un bouton de connexion de cébé, pour me retrouver, passif, à avoir les mains imposées et apposées sur ce monde de Chess. Mais cela commençait à me plaire d'une toute envergure, parce que je découvrais la possibilité de ne plus être passif, et de faire le choix d'être totalement ce que j'avais envie d'être.
« Y’a pas de rythme dans l’immatérialité. C’est normal que l’enveloppe physique se brise dans ton jeu. C’est carnivore, c’est enivrant et c’veut rien dire. Absolument rien. Donc, don’t feel sorry, it was quite . . . enlightening, I guess. »
Les doigts, mes doigts, accrochés entre eux, mes coudes posés sur mes hanches, je fixais ce sol plastifié du métro. Sol noir, dont j'étais surélevé de peu, vu qu'assis sur un de ces sièges pliant, fixé directement aux cloisons du métro. Il n'y avait pas de rythme dans l'immatérialité ? Sûr. Sans rêves, sans réalité, qu'est-ce qui pouvait bien définir Chess ? Il n'était retenu par aucune accroche à ce monde, mais ce dernier, devait t-on le qualifier de réel ? Car si oui, alors Chess acceptait t-il le statut d'illusion ? Certes, il n'était pas aussi faible que les humains, qui s'accrochaient à leurs désirs, et leurs besoins, mais alors Chess en lui même avait il une existence ? N'était-ce pas triste, au final, d'être le seul à se comprendre ? De ne vivre que pour soi, car les autres ne pouvaient rien nous apporter au final de plus que ce qu'on désirait leur voler ? Être seul dans une réalité que l'on avait décidé de définir par nous même et pas en fonction des autres. Je trouvais cela profondément logique. Logique de la part de Chess. Illogique, fou, désespéré, de la part de quelqu'un d'autre. Quelqu'un d'autre. J'étais quelqu'un d'autre, et je ne pouvais m'empêcher de poser les yeux sur ma réalité. L'An 2000 avait été dépassé, l'ère Tokugawa aussi, depuis bien longtemps. Pourtant, depuis mes huit ans, je vivais pour ce qui n'existait pas. Ce qui n'existait pas aux yeux des autres, même pas pour ces gens dans le dojô que nous avions quittés. Eux ne voulaient pas oublier. Moi je voulais vivre. Il y avait cette nuance qui m'avait séparé du monde, et qui me permettait d'affirmer que ma réalité était bien différente de la leur. Semblable, oui, mais différente. J'étais dans ma réalité, seul. Il avait eu raison : mon jeu n'était peut-être pas assez sincère. Peut-être que je ne croyais pas assez en cela, pour qu'il soit vrai. Je n'y croyais pas assez, ce qui expliquait que l'enveloppe physique se brisât. La réalité de Chess était-elle suffisamment puissante pour balayer la mienne ? Je n'en doutais plus. Maintenant, est-ce que je devais faire en sorte d'agir de manière à ce que je puisse constater que ma réalité me satisfaisait ? En étais-je capable ?
« Attend. Aliss . . . où est-ce que j’ai jeté Aliss ? »
Qu'est-ce que c'était, que Aliss, pour Chess ? Mes prunelles étrécies, mes doigts près de ma bouche dans une attitude peu éloignée du doute et de la réflexion mêlées ensemble, j'observais le souvenir de ce livre bleu, à la côte un peu abîmée. De ce titre que j'avais pu traduire, mais pas de ce synopsis. Comme des tâches brouillées devant mon esprit, sur un fond bleu, mais un bleu qui ne me renvoyait rien d'autre que l'erreur et l'absence de savoir. Un bleu dans lequel je n'avais pas su m'identifier et qui s'était opposé à mes yeux comme un miroir sans tain. Étrange. Déséquilibrant. Il y eu une secousse du métro, et les paires de jambes face à moi, vacillant, me firent relever les yeux sur le zoo humain des japonais en sortie. Un groupe d'écolier colorait l'assemblement humain, par leurs jolies décorations fantasques de chaussettes et chaussures originales. Certaines petites filles avaient même glissés dans leurs cheveux des fleurs ou des rubans multicolores. Détails qui m'arrachèrent un sourire, heureux de percer la surface de mes pensées pour une réalité qui convenaient à beaucoup de monde. Est-ce que l'important c'était de juger ou de comparer ? Est-ce que l'important ce n'était pas de choisir si l'on était heureux ou non dans sa réalité ? Peut importait laquelle elle était. Ce qui était nécessaire, c'était de vivre naturellement avec soi même.
« La prochaine fois que tu y touches sans mon accord, je te tue, Zakuro. »
Son regard, oh, son regard, à cet instant là. Ses prunelles avaient assemblées entre elle un furieux mélange de destruction totale. Un regard que même le verre de sa pupille rouge n'avait pas su filtrer, et qui vibrait d'une puissance à en faire frémir la totalité de mon corps, tandis qu'un large sourire, ravi, avait couru sur mes lèvres, à cet instant là. Un regard magnifique, inoubliable. Et puis sa promesse. J'aurais aimé avoir Aliss à portée de main, encore une fois. Juste le temps d'une caresse, d'un effleurement.
Lorsque je réfléchis à ce que doit être un samouraï, je suis convaincu qu'il doit être intime avec l'idée de la mort...
Une frôlement pour un déchirement de l'être, un massacre du soi, de moi. Ce serait amusant. À quelles limites devait s'opposer Chess pour craindre ainsi le monde physique ? Aliss intégrait-il cette absence de règles et de désirs ? Pourtant, il y avait dans sa recherche de sécurité du livre un aspect humain, un besoin de protection de quelque chose de physique. C'était intéressant.
Et puis, j'aimerais savoir comment il oserait s'y prendre pour me tuer. Huhu. Mes doigts vinrent s'égarer sur la striure rougie de ma mâchoire, don gracieux provoqué par les ongles de Chess. Picotement surfait d'une blessure pas si douloureuse que cela, et qui valait bien le flirt.
« Allez, now, ouvre la marche jusqu’aux capotes, Litchi ! »
La phrase prononcée haut et fort m'avait tout de même enflammé les joues. Et pourtant. Ouvrir la marche avait consisté à sortir du dojo et trouver la plus proche bouche de métro, dans laquelle nous étions retournés à attendre un de ces monstres tubulaires. Les portes s'étaient ouvertes dans ce coulissement de métal, puis s'étaient claquées dans nos dos, avec ce bruit si bref, mais qui résonne pourtant encore longtemps dans la tête. Je déplaçais mes jambes, les croisant un peu, pour permettre à un homme en costar, l'air tiraillé par cette cravate lui allant si mal, d'aller s'adosser à une des portes vitrées du métro, tandis que ce dernier prenait un arrêt à la station. Des gens montaient et descendaient, tandis que j'observais sans réellement y accorder d'attention les reflets verts des bottes de Chess. Plissant les yeux, je m'y attachais soudain, comme une révélation, et me mis à jouer visuellement avec ces éclats en fonction des différentes lumières. Hop, redémarrage du métro ? La lumière se mit à défiler. Défilement du tube sous les néons électriques ? Le vert s'assombrit, se faisant plus éclatant. Théâtre amusant de couleurs aux rôles de protagonistes, je laissais mon imagination cheminer au fil des nuances lumineuses du paysage du métro. De temps en temps, je relevais les yeux sur Chess, observant son profil, ou les mouvements de ses yeux. Jusqu'où était-t-il allé pour plonger à ce point dans sa réalité ? Qu'est-ce qui selon ses échelles pouvait encore le définir ? Il devait forcément y avoir quelque chose qui le mesurait, sinon, existait-il, ne serait-ce que dans son existence à lui ? Non ? Peut-être que je me trompais totalement et qu'il y avait un monde qui était capable d'exister sans exister. Mais cela me paraissait tellement incroyable. Peut-être pourtant étais-je capable d'y croire ? Chess était après tout la preuve vivante de l'absurde personnifié. Mais est-ce qu'il y avait au moins une logique qui permettait d'expliquer l'absurde ? Est-ce que cela se définissait, ou ces concepts dont il m'avait parlé dévoraient même le sens des mots ? Qu'est-ce qui expliquait ce qu'il était ? Tout ? Est-ce qu'il était ?
« And believe me, it’s no threat, I’d do it for real. »
Je le croyais, sans le moindre doute. La porte du métro s'ouvrit. Sans même me relever de ma position penchée vers l'avant, je glissais mon sac dans mon dos, entre le plastique et ma colonne, pour faire de la place aux nouveaux arrivants. Puis reposais mes coudes sur mes hanches. Je ne levais pas la tête, mais je vis entrer deux personnes à la démarche particulière, qui les firent se détacher du groupe de japonais lambda pénétrant dans la voiture du métro. Quelque chose d'étrange, peut-être le fait qu'ils portent les mêmes chaussures et le même pantalon, mais j'eus comme un picotement, dans la nuque, et lentement, je relevais le visage vers ces deux hommes. Blonds, en costar, ils étaient décalqués de ce cadre nippon, au vue de leur origines d'apparence nordiques. Certainement des allemands, des gens de pays froids. Leurs yeux, communément clairs, glissaient sur les visages autour d'eux, et m'arrachèrent un frisson au passage. Soit ils étaient des hommes d'affaires peu à l'aise en paysage asiatique, soit … quelque chose d'autre. Je tournais les yeux vers Chess, cherchant à dire quelque chose, puis, finalement, refermais la bouche, et revenait à ma posture, bien décidé à me creuser la tête jusqu'à l'arrivée du métro. Il y eut un téléphone qui sonna. Téléphone que j'entendis malgré la cohorte bringuebalante du métro et de ses bruits métalliques. Sans faire le moindre mouvement, j'écoutais un des hommes étrangers décrocher, et répondre au coup de fil d'une voix gutturale, profonde, à la manière d'un gros chat. Une voix qui ne m'inspira absolument aucune sympathie pour cet homme. N'était-il pas au courant que nous étions au pays des conventions et des politesses, et que les règles s'assujettissaient partout, même dans le métro, et encore plus au téléphone ? Penchant le visage sur le côté, j'observais son compagnon, qui loin de porter attention à la discussion téléphonique de son acolyte, avait posé son regard sur Chess. Un regard souriant, et un sourire moqueur s'exhibaient sur son visage, dans une expression entre le jovial et le dangereux. Un homme que je devinais capable de finesse et de stratégie, d'intelligence, mais aussi de fourberie, et d'une violence intellectuelle déchainée. Un homme qui croisa mes yeux de son regard clair, qui y resta accroché une seconde, puis qui fit glisser ses prunelles à un autre visage. Quel était son problème, à ceux-là ? Je dardais mes yeux sur leurs mains, remarquant avec une légère surprise qu'ils avaient non seulement la même dégaine, mais aussi la même posture. Et ils tenaient cachées leurs mains, dans leurs poches. La discussion téléphonique se stoppa sur un « ok. », accompagné d'un sourire de l'autre blond. Ils reculèrent imperceptiblement vers la porte, dans des déplacements tout à fait naturel, mais dès qu'ils posèrent leur dos contre la surface de la porte, je ne pus empêcher ce frisson, dans ma poitrine, dans mon cœur. Il y avait quelque chose d'étrange qui était relatif à ces deux personnes. Est-ce que quelqu'un l'avait ressenti ? Est-ce que Chess l'avait observé ? Je m'interdisais de chercher le regard de ce dernier, par crainte de m'effrayer pour rien. Les secondes passèrent, lourdes, mais dans le climat du métro, rien ne changeait, et la situation restait identique : une voiture bondée de gens, avec des écoliers qui riaient entre eux, des vieilles femmes assises en train de jouer à des jeux dans des carnets, des jeunes en train d'échanger au dessus d'un portable au jeu virtuel enclenché, un père de famille en train de rire au téléphone, doucement, discrètement, riant des exploits de sa petite fille le matin même. Oui, tout cela était absolument normal. Sauf que le regard clair des deux hommes en noir accompagnait ce que m'avait fait découvrir Chess. L’irrationalité. L'immatérialité. Le blanc, l'incolore, ce qui ne se voit pas. Le non-sens. Le métro se stoppa doucement. Je jetais un coup d'oeil à la fenêtre, pour déterminer à quelle station nous étions arrivés, finalement décidé à descendre plus tôt. Je ne me sentais pas à l'aise avec ces deux hommes, et faire en sorte que Chess et moi nous éloignions d'eux me semblait la chose la plus intelligente à faire. Un regard dans les ténèbres. Nous n'étions pas à l'arrêt. Nous étions arrêtés, quelque part dans un tunnel. Il fallu moins de dix secondes pour que les japonais s'en rende compte. Dans un mouvement commun, mais calme et silencieux, ils observèrent dehors, constatèrent, mais reprirent de rien n'étaient leurs occupations. Les deux jeunes au jeu venaient de franchir le niveau deux. Je posais mes yeux sur les deux hommes blonds. L'un d'eux murmurait quelque chose à l'autre, et ce dernier approuva d'un signe de tête léger, confiant. Alors, le plus grand, celui qui avait répondu au téléphone, sortit la main de sa poche, dévoilant un revolver qu'il souleva au dessus de sa tête, de manière à ce que personne ne puisse le manquer. En vue de sa taille, ce ne fut pas compliqué, et immédiatement, un silence de mort s'abbatit dans le wagon. L'homme s'adressa alors dans un japonais avec un léger accent, indiquant avec une politesse exquise, que ceci était une prise en otage. Aucun cris, aucune exclamation exagérée ne vint accueillir ses paroles. Seulement, tous les regards nippons s'assombrirent de ce même voile que j'avais déjà observé lors de la catastrophe à Sendaï et Kobe, lors du double séisme et tsunami. Une peur froide, qui se communiqua en chacun de nous, mais que personne ne se permit d'extérioriser. Les deux hommes s'étaient faits axe des attentions, et si c'étaient ce qu'ils avaient cherchés, ils ne pourraient pas obtenir de nous plus que ce qu'ils ne venaient déjà de mettre en place. La peur. Mais pas la panique. Les deux enseignants chargés d'entourer le groupe d'écoliers s'étaient placés face aux enfants, et avaient sut leur imposer un silence total. Les enfants regardaient les hommes, les jeunes avaient ôtés leurs écouteurs, leurs casques, et les jeux étaient éteints. Personne n'avait réellement bougés, sauf ceux trop près des deux occidentaux, qui s'étaient reculés jusqu'aux cloisons, se fondant dans l'ombre. Au dessus des têtes, la télévision intégrée annonçait la météo du lendemain, sur la ville de Keimoo. Les minutes passèrent, et les deux hommes avaient débutés une conversation entre eux deux, coulant de temps à autres des regards sur nous tous. Ils avaient tous les deux des armes de poings, et ni l'un ni l'autre ne cherchait à la cacher. Mais ils ne l'exhibaient pas non plus, comme s'ils manquaient de confiance en eux, et cherchait à effrayer. Non. Ils faisaient simplement planer la menace, mais avec une douceur cruelle. Ils avaient ordonnés, avec délicatesse, que tout le monde mette les mains derrière la tête, tandis que patients, ils passaient des coups de fils. Un homme était venu les rejoindre, quelques minutes auparavant, ce qui avait permit à tout les otages de comprendre qu'ils n'étaient pas uniquement deux et que le train tout entier était maîtrisé par cette force en costard noir. Les doigts crochetés entre eux, mes paumes posées sur ma nuque, je cherchais à deviner plusieurs choses. Quel était le but de cette prise d'otage, oseraient-t-ils tirer sur quelqu'un, et comment envisageait cela Chess. Quelqu'un d'un tant soit peu sensé m'aurait certainement gourmandé quant à la vitalité de ma dernière interrogation, mais je considérais cela comme aussi important que le reste. La journée n'était pas terminée, et Chess me faisait découvrir énormément de choses. N'était-ce pas important de savoir constater de tout ? Appuyant légèrement mon dos contre la paroi plastifiée, je me retrouvais gêné par mon sac de sport, avec mes armes et mon matériel à l'intérieur. L'angle d'un sabre de bois contre mes cervicales provoqua, outre l'inconfort, une idée fugitive. Si brève. Mais qui revint dans mon esprit, voletant allègrement, à la manière d'un oiseau peu effrayé par l'épouvantail. Je plissais mes yeux, les prunelles assombries par cette soudaine tension qui crispait mes phalanges. Oserais-je ? Je me souvenais m'être demandé ce que j'étais capable de faire pour que ma réalité me satisfasse, tout comme celle de Chess semblait le satisfaire. Je m'étais aussi dit que tout le monde avait le choix de vivre dans la réalité qui lui plaisait. Et que la réalité de ce métro correspondait et rendait beaucoup de gens heureux. Or, j'avais pensé cela en excluant le malheur, ou la malchance, et maintenant que nous étions dans cette situation qui présentait des inconvénients majeurs, je ne pouvais que revenir sur ce que j'avais dit. Il y avait le malheur dans cette réalité, car l'existence de n'importe qui était mise en doute par un revolver. Un revolver capable d'ôter la vie, et de réduire à néant la réalité de quelqu'un. Qui serait-ce ? Moi ? Chess ? Quelqu'un d'autre ? Personne ne méritait de mourir, et même si c'était le cas, ici, du haut de mes dix huit ans, je n'avais pas le droit d'envisager une telle chose. Je ne me le permettait pas, en moi-même. Alors il fallait laisser aller. Il fallait fermer les yeux, peut-être, et espérer.
« Excusez-moi. »
La voix était dénuée de tremblement, mais il y avait dans les yeux de l'homme ce doute, cette peur de faire une erreur. Je le reconnaissais : c'était le père de famille qui, quelques instants avant l'entrée de l'homme dans le métro, riait avec sa petite fille au téléphone. Il portait un pantalon gris, délavé, mais propre. Une veste de la même couleur, sur une chemise blanche. Il n'avait pas l'air très riche, mais était propre sur lui, et je devinais qu'il était certainement salary-man dans une bonne entreprise. Son visage typique, était allongé par un port de barbiche qu'il avait taillé au bout de sa mâchoire, et ses sourcils, plutôt fins, surplombaient des yeux couleur noisette. Son souffle était maitrisé, mais je devinais l'angoisse qui serrait sa gorge. L'homme au regard calculateur, le plus petit des deux preneurs d'otage, lui adressa un sourire poli, comme lui permettant de prendre parole.
« Excusez-moi. Pourrions nous savoir pourquoi vous faites cela ? » « Non. »
L'homme s'était exprimé sur un sourire calme, mais ses yeux étaient glacés, et il semblait ridicule de continuer à insister là dessus. Pourtant, le japonais ignora ces détails, et avec une pugnacité presque désespéré, présenta son téléphone.
« Messieurs... il y a ici des enfants, et des aïeux. Il serait plus respectueux que vous fassiez sortir d'ici ces gens. Vous pourriez garder les hommes, mais s'il vous plait, tout ceci commence à être ridicule. Vous allez effrayer les... »
L'homme blond l'interrompit en posant son index sur ses lèvres, lui intimant le silence. « Nous faisons ce qu'il y a faire. » « Je maintiens que c'est ridicule. »
Plusieurs personnes regardaient le père de famille, avec un mélange d'admiration et de désespoir. Personnellement, j'aurais préféré qu'il se taise. Attirer l'attention sur soi n'était pas la meilleure des idées, et je craignais de voir l'autre s'énerver. L'autre en question vint tapoter contre sa hanche avec son revolver.
« Je t'ai entendu. Maintenant, … je suis d'accord, tout ceci est une gigantesque mascarade, et c'est ridicule. Principe de l'échange équivalent, on s'entend... que dirais-tu si j'acceptais ta requête ? Mais il faudrait que tu sois bien ridicule pour me faire accepter ? Par exemple, tu pourrais insulter ton empereur ! Là, peut-être que j'envisagerais de libérer les enfants, les vieux... qu'en dis-tu ? »
Plusieurs d'entre nous avaient pâlis. Voilà : l'homme blond l'avait prit au mot, et le père de famille se retrouvait maintenant sous le feu des regards. Un frisson glissa dans nos pensées à tous. Insulter notre empereur n'était même pas envisageable, mais la priorité d'un japonais ne résidait pas dans le « je ». Mais dans le « nous ». En soit, l'homme venait d'établir le plus cruel des choix qui soit. L'honneur de sa patrie, ou la survie de ses compatriotes ? L'air me manqua, une seconde, et je cherchais du regard la caméra cachée. Mais je n'avais plus cet espoir. Je savais que ceci était réel. S'accrocher. Il fallait pourtant et toujours s'accrocher à l'espoir. À ce qui poussait vers l'avant, et nous permettait de nous relever. Mes bras s'étaient durcis, et je n'osais pas tourner la tête vers Chess. Ce dernier souriait-il ?
Le japonais releva les yeux. L'homme blond souriait, comme un enfant ravi.
« Alors ? » « Va te faire voir. »
Les mots explosèrent dans les oreilles et le cœur de tous. Il osait. Il osait défier, pour le pire, refusant de choisir, refusant de trahir. L'homme en blond ne put que savourer cette vague de rebellion qui emplissait le regard des personnes autour de lui. Savourer... ou subir. Un éclair de colère traversa ses yeux, puis soudain, une expression triste déforma ses traits.
« Dommage. »
Il ponctua sa remarque d'une pression sur la détente, et dans une explosion assourdissante au milieu de ce silence, tira dans la poitrine de l'homme. Une petite fille cria, juste avant de se cacher le visage dans ses mains. Mais personne ne fit le moindre bruit, ni le moindre mouvement, quand le japonais glissa contre une des portes vitrées, opposées à celle que gardaient l'homme blond. Il glissa doucement, et dans son dos, une trace épaisse et pourpre dessina sa chute lente. Lorsque son visage vint se reposer contre sa poitrine, il ferma doucement les yeux, ses doigts ancrés à son téléphone. Sa chemise blanche se peint de cette couleur si vive, si obnubilante. Je ne pus le quitter des yeux, même quand l'homme blond se mit à pester contre quelque chose, en hurlant que le premier qui se remettait à le défier finirait de cette manière. Le bleu de mes yeux avait accroché ce rouge qui imbibait la chemise pâle. Sa petite fille ne pourrait pas rire en le voyant franchir le seuil de chez lui, ce soir. Sa femme ne pourrait pas profiter de leur intimité pour se permettre de l'embrasser. Non. Il n'avait plus de réalité. Mes doigts glissèrent jusqu'à la fermeture de mon sac, et je croisais soudain le regard de Chess. Pas brusquement, pas soudainement, mais comme s'il avait fallu qu'on soit rendu à ce moment là pour que je puisse constater qu'avec le sang qu'il avait sur le visage, et ses cheveux blancs, il était la preuve de ma volonté. Il avait son univers, j'avais le mien. Mon univers s'était fracassé contre le sien, mais de ce fait, m'avait permit de remettre mes idées au clair. Au moins, je savais ce que je voulais, je savais ce que j'avais à faire. J'allais exploser l'univers de l'homme blond. Doucement, seconde après seconde, tandis que le plus grand s'éloignait de quelques mètres pour vérifier que personne au fond du wagon ne passait de coup de fil d'urgence, j'ouvrais mon sac de sport. Sans trop de mouvements brusque, car je n'étais pas supposé abandonner la position d'otage, avec mes mains dans la nuque, je m'offris une ouverture dans mon sac, assez épaisse pour que je puisse glisser mon poignet sans frottements, et en ressortir une arme sans que cela ne fasse de bruit. La télévision affichait maintenant une émission de cuisine, présentée par une célèbre animatrice, qui saluait tout ses auditeurs avec un large sourire. Mes doigts heurtèrent une garde. Il me fallu une caresse pour reconnaître l'arme. Du bout des doigts, je la tirais légèrement vers le haut, avant de partir à la recherche tactile de sa jumelle.
« Si tu n'attaques pas le premier, j'vais te démantibuler ton jeu, Za-ku-ro ! »
La phrase de Chess semblait sortir tout droit de l'instant présent. Je l'identifiais à l'instant, comme un savoir à utiliser au bon moment. J'avais compris. J'étais résolu, même. Mon univers à moi, le sang qui coulait dans mes veines, toutes ces années d'entrainements et ces croyances qui m'avaient détachés d'un monde qui ne me plaisait pas. Ce maniement des armes, ce besoin de savoir ce qui avait été, ce qui expliquait. La disparition concrète de ces hommes que j'admirais, et la difficulté apparente du chemin qui s'offrait face à moi. Tout cela... tout cela qui avait été si dur, si douloureux, parce que cela ne correspondait pas aux normes. Mais j'avais décidé depuis bien longtemps de ne pas être dans les normes. J'avais décidé d'être samouraï. Mes wakizashi se glissèrent entre mes doigts, venant se plaquer contre mes avant-bras, morceaux d'acier camouflés aux yeux par de la chair. Mon sac me gênerait peut-être. Mais j'allais devoir faire avec. Estoc, vitesse, précision. Rassemblés en un seul coup. Je visualisais mon attaque, mesurait nos mei différent. Une balle n'allait pas plus vite qu'un sabre, cela avait été prouvé. Izuo ? Je ne me souvenais plus son nom. Mais son visage et son hakama bleu m'apparurent, comme une sorte de consolation. Le blond avait baissé son arme, persuadé qu'il avait suffisamment calmé les ardeurs. Il était de trois quart détourné de Chess et moi. Cela suffirait t-il ? Tout en moi me hurlait de ne pas perdre de vue ma cible ; j'étais déterminé comme jamais. Peut-être comme en compétition, lorsqu'il reste dix secondes, et que je suis à égalité avec mon adversaire. Que je sais qu'il faut que je le touche, et que les arbitres doivent voir cette touche. Lorsqu'il faut que je gagne. Mes doigts se resserrèrent avec soin au dessus de la garde de mes doubles wakizashi. J'étais assis, mais ma position n'était pas loin d'une garde zenkkutsu. Je plaçais tout le poids de mon corps dans mes jambes, de manière à faire de mes genoux les ressorts les plus puissants qui soient. Il faudrait de la réactivité. Naturellement. L'homme franchit l'espace de nos deux mei, d'un simple pas sur la droite, m'offrant son dos. Je plongeais sur lui. Comme prévu, mon sac me ralentit, mais cela n'empêcha pas le déroulement total de l'action. Mes bras se refermèrent sur lui, ma jambe faucha les siennes, et tandis qu'il chutait dans mes bras ouvert, je perforais ses poumons, dardant mes lames dans la chair de son être, faisant exploser sur mes mains, mes poignets et mes cuisses le sang de son corps. Je le vis ouvrir la bouche dans une recherche violente d'oxygène, mais furieux contre lui, poussé par ce désir de gagner, je lacérais l'intérieur de ce corps, le découpant, le forçant à abandonner tout espoir. J'étais samouraï. Je l'avais revendiqué. Je le hurlais de toute mon âme. Je ne permettrais à personne d'empêcher ce fait, et j'en faisais ma réalité. Mes genoux heurtèrent le sol, et je le repoussais, envoyant rouler son corps contre un siège, loin de l'allée centrale. Agenouillé au sol, je cherchais Chess du regard, ayant besoin d'un secours. L'autre homme, d'une seconde à l'autre, allait se rendre compte de l'absence de son compère. J'avais besoin d'aide.
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| | | Kohaku Joshua Mitsumasa ♣ Université - 4ème année
Genre : Age : 30 Adresse : Hiryuu : 05 rue de la Chance, app 32 ou la Chambre 110 de l'université ou chez Zakuro. 665 Multicompte(s) : Lawrence E. Swanster | Populaire
KMO :
| Sujet: Re: I cling to. (Kohaku) Mar 2 Avr 2013 - 23:47 | |
| - VOICE - And here it is, the reason you cling to it. D’insignifiantes fourmis et d’obsolètes fourmiliers qui vrombissaient sur le même territoire, dessein d’une création métallurgique destinée à l’usage publique, des opposés et des semblables qui se côtoyaient dans l’espace restreint d’un transport en commun. Nous étions de retour au métro, avions quitté l’espace archaïque du dojo pour retourner vers la civilisation, mon sac à bandoulière balançant au rythme des rames qui défilaient sous nos yeux, jets de lumière rendant des douzaines d’épidermes mattes blafardes l’espace d’une seconde qui se ramenait ponctuellement au fil des intervalles délimitant le tunnel. Des bras effleuraient les ecchymoses qui grandissaient posément sous le tissu de ma veste, accrochaient les os et muscles laissés sensibles par les assauts de la violence de Zakuro et j’analysai chaque titillement de corps avec une moue sur laquelle se lisait à la fois amusement et contemplation. Dans l’atmosphère étouffante du métro nippon, pressant mon corps contre la paroi la plus proche, d’épaule à la hanche, debout au cœur d’une foule inerte, je revisitais la sensation de bois lisse contre mon œsophage, humectais mes lèvres au souvenir de jointures s’écrasant contre mes épaules. J’étais persuadé que des lambeaux de chair résidaient encore sous mes ongles, armes vicieuses venues lacérer le visage de Zakuro dans la requête important d’air que leur hurlaient mes poumons. Un balai-massacre, une valse-assassine.
Je planais. Planais dans la contemplation de ce que cet échange m’avait appris de Zakuro, du manque de retenue totale qu’il m’avait prouvé que le rônin pouvait contenir. Une force vitale lancinante qui brisait aussi bien qu’elle maitrisait et qui peignait l’esquisse d’un relâchement qu’il prouverait excitant d’observer plus souvent dans le quotidien de la société. Si c’était ça pour lui, le passé qu’il recherchait, j’avais peut-être soudainement plus envie de le voir y retourner, pousser les aiguilles d’une horloge magique pour l’emmener près des samouraïs et des ninjas. Le garçon hésitant au souffle vacillant sur mes lèvres, l’adolescent incertain auquel j’avais donné mon nom s’était complètement éteint durant les minutes ayant délimitées notre échange corporel, il s’était reconstitué en une arme, en une lame exquise. Enchantant, gracieux, dangereux. Mes yeux cherchèrent sa silhouette, glissant, de là où je me tenais, par-dessus quelques badauds pour le rejoindre. Il se tenait assis contre l’un de ces bancs inconfortables qui caractérisaient mon moyen de transport de prédilection, perdu dans des réflexions m’étant momentanément hors d’atteinte. Je devinais derrière ses paupières, membranes vénérables, ces iris délectables qui m’avaient littéralement envouté, même lorsqu’il s’était tenu au-dessus de moi, bête meurtrière, animal sauvage, dépouillé de douceur, ces yeux avaient retenus leur facteur hypnotique. Je les imaginais percutant l’infini de leur ciel libre, heurtant chaque passant de leur contenance noble. Il m’était presque désespérant de ne pouvoir les tenir entre mes paumes, de ne pouvoir les garder pour moi, fixé sur moi.
Mes propres prunelles, artificiellement hétérochromes, laissèrent la silhouette de Litchi pour venir détailler celles des autres, une masse de cheveux sombres, mèches noires que j’aurais pu reconnaître comme miennes si l’idée d’atteinte la convergence de toutes les couleurs ne m’avait pas effleuré. La plupart des gens semblaient blasés, quelques étudiants discutaient tranquillement entre eux et le vrombissement du métro résonnait tout autour. Je sentais ma sueur refroidie me piquer les omoplates, comme une brûlure décrivant un concerto avec le reste de mon corps meurtri, chaque secousse du compartiment vibrait dans tout mon corps. Une douleur sensationnelle. Les portes s’ouvraient et se fermaient, mon sac heurtait ma cuisse sporadiquement et le monde coulait de source. Je ne savais pas où nous étions sensé quitter la rame, quelle station peignait notre destination de retour. Je n’avais rien noté, j’avais laissé ma tête avec ces humains volant qui couraient dans les plafonds. Et puis qu’importait si Zakuro m’oubliait sur cette rame, qu’importait si nous nous retrouvions dans un quartier inexploré de cette conurbation, ma gorge rauque, les traces de doigts certaines qui décoraient mon corps m’emplissait d’une vive léthargie, d’un sentiment d’exister si féroce que rien n’important. Celui que je voulais être, ce que j’étais . . .
Les mots d’un poète dans la bouche d’un monstre.
Je me demandais si Zakuro s’était lassé de son mimétisme pour en saisir le réel sens, pour accrocher de ses doigts solides le raisonnement derrière ce désir qui m’animait. Du sang sur mes lèvres pour la seconde fois de la journée, cette plaie ré-ouverte qui écartelait ma peau et peinturlurait ma bouche de rouge à la manière d’un gloss drôlement assaisonné. Ma langue venait la tenailler, cette plaie, la picorant tel un oiseau en quête de ver, appréciant les éclairs fulgurants qui traversaient la blessure. Peut-être y aurait-il quelque chose d’intéressant à découvrir dans ses tréfonds poisseux, si j’avais la force de la fendre, de déchirer ma propre bouche. Zakuro se trouvait toujours sur le même banc, trop loin pour que je lui demande ce qu’il penserait de la situation si j’advenais à massacrer ma bouche, répandant des teintes carmines tout autour. Trop loin, si loin que je posai ma main sur l’épaule d’une jeune femme, gesticulant mon menton à l’intention de Zack lorsqu’elle se retourna air mi-surpris, mi-inquiet illuminant ses traits pour pouvoir m’en approcher.
Le métro s’arrêta, les portes claquèrent leur ouverture et la femme se pressa une fraction de seconde contre moi, tournant sur elle-même de manière synchronisée à la mienne de sorte à ce que nous échangeâmes de place, elle plus près du mur et moi plus près du rônin archaïque. Je lui lançai un sourire, communiquant une gratitude polie qui déteignait avec mon attitude habituelle. Elle me le rendit, se croyant certainement charmante avec ses petits airs de souris, pelage d’un chocolat synthétique et prunelles d’un vert l’étant encore plus brillant dans la luminosité de la station. Il était si facile de mettre les gens en confiance . . . un beau visage, puis un sourire et le tour était joué plus facilement qu’un tour de magie devant grand public. J’élargis mon rictus un brin, politesse disparaissant de sa surface.
Mon rire fut noyé par bourdonnement du métro qui redémarrait et je quittai la fille du regard pour l’envoyer valsé ailleurs. Sur les mèches d’un Zakuro toujours concentré, sur la paires d’épaules rattachées à son corps que j’avais le luxe d’observer de haut. J’hésitai à les brusquer de mes mains, revisitant les sensations, revoyant le mur, le souffle court et ces criss d’yeux, bleus, bleus, bleus, si bleus. Je laissai mes paupières papillonner un instant, les lassai se clore contre mon gré et cesser les observations du monde environnant. Pendant quelques secondes, je me contentai d’écouter, les crissements du métal, l’électricité rampant dans la rame, les respirations nombreuses qui vrillaient silencieusement l’endroit. On peut voir avec d’autres sens que la vue, je crois.
Les portes se refermèrent, encore une fois et l’engin repris son chemin à une vitesse considérée comme posée malgré sa rapidité notable. Je sentis Zakuro bouger son sac, celui contenant cette arme qui avait tant semblé apprécier tenter de découper ma chair, il cogna contre ma hanche, probablement le manche de l’objet qui balançait. Mes paupières tressaillirent et je me retins d’ouvrir les yeux pour de nouveau poser mon regard sur sa silhouette, sur ses mains, ses avant-bras. Un demi-soupir, le même genre de soupir qui m’avait fait le désigner prostitué lorsque nous étions encore dans le dojo, omoplates appuyées contre une cloison solides et frémissant dans l’attente d’une action équivoque. Action qui n’était pas venue, action que j’avais encore du mal à intelliger désirer. Je serrai la mâchoire, une milliseconde, puis deux avant de voir mon élan de cognition dérisoire voler en éclat.
Un téléphone retentissait dans le métro. Un téléphone auquel répondait une voix profonde et caverneuse, une voix s’exprimant dans une langue autre celle couramment parlée dans les environs. Ce n’était pas de l’anglais non-plus, ni du français, d’ailleurs. Ma première pensée fut de me dire que ce mec devait être riche pour que son forfait lui permette de bavasser au téléphone alors qu’il se trouvait sous terre, dans un métro en marche et là où cela ne m’impressionnait guère, après tout, j’aurais certainement pu acheter la moitié des gens présents ici, ça avait tout de même le mérite d’être intriguant. Ma seconde pensée fut qu’il parlait sacrément fort pour que je puisse l’entendre si clairement malgré les sons environnants qui explosaient de toutes parts, crissant et perdurant dans l’atmosphère.
J’ouvris les yeux et réceptionnai immédiatement la clarté du personnage. Je n’étais pas le seul à le fixer, plusieurs regards s’étaient tournés, majoritairement discrets, vers lui, le détaillant, lui reprochant certainement sa cacophonie. Parce que les japonais et le trop-plein-de-bruit ça fait dix, pfhaha. Quoique le plus amusant était le presque-clone qui trainait à côté de lui, tout aussi clair, mais sans cellulaire, clone qui observait la foule dans ses costume de mafieux classique. Un sourire goguenard vint gruger mon visage, étirant cette même plaie que j’avais agressé plus tôt. Sang séché pas tout à fait nettoyé, si eux dérangeait par leur sonorité, je perturbais par ma présence dans les globes oculaires. À croire que la demoiselle avec qui j’avais échangé de place n’avait pas remarqué ou avait un talent inné pour la comédie. Je lui jetai un regard, elle se tenait toujours au même endroit, attendant patiemment son arrêt. Je lui jetai un regard puis me retourner vers les deux énergumènes, croisant le fer quasi-translucide des iris de l’un d’entre eux. Il me fit penser à un renard, un renard souriant cette ruse qu’on devinait aisément sans toutefois pouvoir la détaillée. Je lui rendis son sourire en puissance, soutint son expression faciale de mon hérésie, puis il passa au prochain passant, observant les fourmis et les fourmiliers un à un.
Il y avait quelque chose de nauséabond dans leur présence, à lui et son compagnon, comme un relent de moisissure qu’on ne pouvait s’empêcher de fixer, immobile, incertain de la manière dont on doit s’en débarrasser. Je les toisai allègrement, contemplant leurs multiples similitudes avec un rictus bafoué. Parfois, ce genre d’individus entrait dans les bureaux de mon paternel pour conclure des marchés fiscaux, je me souviens de costumes, de la menace silencieuse, du cliché total. Une ou deux fois, imprimées dans ma tête, sans réelle incidence ou importance. Pourtant, ça crevait les yeux, plus ardemment que la balle d’une roulette russe. Et la douche froide de ma réalisation se fit sentir lorsque notre transport s’arrêta, ralentissement d’abord doucement de sorte à ce que j’aie l’impression d’être le seul que l’appréhension saisissait, sans que la lumière qui aurait du accompagné la station ne se manifeste.
L’envie de rire me pris, rire ce film de mafieux dans lequel on m’avait propulsé. Parce que c’était assurément ça. Fuck les bris techniques, fuck les pannes, fuck les suicidaires qui se jetaient devant les rames, non. Non, on avait arrêté le métro pour limiter les pertes, parce que l’alerte ou la menace avait été lancée. Entre jubilation et nervosité, je mordis ma lèvre déjà meurtri. Mieux vaut valait ne pas me faire remarquer plus que je ne le faisais déjà.
Les gens semblaient croire à une panne, après tout, c’était tout naturel de penser à l’événement récurrent plutôt qu’à l’apocalypse passager d’une vie. Mais cette quiétude relative ne dura pas, non, parce que j’avais évidemment raison. Le langage corporel, la dégaine de leur sourire, je connaissais ces trucs là, heh. Et le revolver qui brilla au dessus de la tête du mec au téléphone portable répandit le relent moisi que j’avais senti.
La mort s’installa, les souffles cessèrent et l’autre déclara d’un ton rappelant davantage celui qui invitait un ami à déjeuner qu’un faucheur de vie que nous étions tous coincés au beau milieu d’une prise d’otage. Une sensation glacée déferla sur mes épaules, de la peur peut-être, peur qui fut vite noyée par l’envie de rire qui me transperçait, je crispai mes poings dans ma veste, raidit mes jambes à demi couvertes par mes bottes limes de sorte à ne pas exploser. Exploser d’hilarité pour m’exclamer que c’était tellement trop cliché comme scène de film.
Les gens, eux, étaient plus sensés, ils s’étaient repliés sur eux même, conscients du danger, mais pas suffisamment faiblards pour s’affoler. Les piaillements des enfants s’étaient éteints. Que voyait Zakuro, que pensait Zakuro et cette fille, près de moi, jusqu’à quel point était-elle effrayé. Tous ces visages qui m’avaient entouré depuis les dernières minutes se faisaient maintenant plus familiers, comme si nous étions maintenant unis par un lien en fer. L’envie de survivre, la peur se pourléchant nos entrailles. Et l’hilarité la plus totale que me conférait mon statut d’immatériel. Les gens ne se mouvaient pas, ils attendaient posément, sans oser réagir, sans oser tourner la page qui les porterait au prochain chapitre.
Les deux salopards nous ordonnèrent de mettre les mains derrière la tête et l’ordre me fit frémir, non d’horreur, mais d’une rage mal placée que je savais inopportune pour le moment. Je glissai mes longs doigts à l’arrière de ma tignasse opaline, ne quittant pas une seconde les armes à feux qu’ils exhibaient casuellement. Je perdis, pour l’instant du moins, l’envie de sourire ou de me marrer, insulté par la contrainte que je savais pourtant inévitable, aliéné par mon corps mortel. Sourcils froncés, moue quasi-boudeuse, je les toisai de plus belle.
Jusqu’à ce qu’un téméraire vêtu de gris consente à ouvrir sa gueule et a tenter de résonner avec les criminels. Mon regard glissa vivement jusqu'à lui et mon éternel sourire se chargea de renaître de ses cendres. Il semblait fébrile, mue par le sens du devoir, une pulsion légitime, qui se voyait surplombée par le char noir de l’angoisse, de l’incertitude. Sa politesse me frappa de plein fouet, me semblait terriblement incongrue au cœur de cette scène quasi surréaliste qu’il serait plus confortable de visionner dans le cadre d’une projection hollywoodienne. Encore un truc totalement idiot, gracieuseté du bon japonais courageux et suintant d’honneur. Je levai un sourcil, m’autorisant la mimique considérant que l’attention de tous s’était tournée vers l’homme, banal, du genre qu’on voit partout, qui avait pris la parole. Il posa une question qui brûlait les matières cervicales de tous, sa voix se porta nerveusement à l’extérieur de sa bouche. Grisonnant et simplet, il se heurta à la froideur de nos détenteurs, gardiens d’une prison mouvante qui se prélassaient dans le confort du rôle qu’ils jouaient dans cette scène. Des bourreaux, les Chair et les Bone de Michelle. C’est celui qui nous avait tous regardé en premier qui lui répondit, platement, en un mot éloquent. Je m’attendais à ce que le quadragénaire se dégonfle, m’attendait à ce qu’il se retirer sagement dans son coin, préservant sa vie et celle des autres, mais non, contre toutes attentes, il leva le menton et insista de la même voix mal-assurée que depuis le début, pesant son point.
Une étincelle d’admiration folle naquit dans mon regard, pas qu’elle ne servit à quoique ce soit considérant qu’aussitôt sa protestation émise l’homme, un père peut-être, un oncle certainement, se vit rembarrer, refuser. C’était presque artistique, cette manière qu’il avait d’insister, de s’opposer, brusquant l’état conventionnel de l’otage glapissant avec son franc parlé éclairé. Les enfants et les aïeux, such self-servitude. Les hommes aux bûcher, rien que parce qu’ils avaient un pénis. Qu’aurait-il fait si celle avec qui il baisait était du genre dominatrice, violente et invertébrée dans ses actions ? Faites sortir les enfants et les aïeux, les gens aux défenses moindres, mais n’excluez pas les dames du jeu, mon cher monsieur. Ce serai beaucoup trop sexiste aux yeux de ce chat, voyez vous.
Blondie tapota son revolver, suggéra un compromis qui m’arracha un nouveau sourire. Probablement parce qu’il s’agissait du type d’ultimatum que je trouvais amusant. J’aurais adoré foutre ce dilemme au visage de quelqu’un, craché sur des valeurs pour avoir la possibilité recouvrir, de s’accrocher à, quelque chose d’une valeur inestimable. En l’occurrence, cette chose à laquelle il devait s’accrocher, ce brave bonhomme, était la vie. Rien de compliqué comme concept. Vivre ou mourir et emportait une nuée de passagers avec lui. Mais les japonais sont des gens bien étranges qui accordent beaucoup d’importance à des trivialités qui, au bout du compte, n’en auront jamais vraiment, une masse informe qui pense en symbiose. Individualité destituée, le rêve d’un communiste enhardi que je barbouillai mentalement de crachas acide.
Nouvelle opposition, la dernière vraisemblablement. Dans un ‘dommage’ résonnant de fatalité, il releva son arme, tristesse colérique et caricaturée adornant ses traits faciaux. Mes yeux s’écarquillèrent, un, deux, trois et le bout de métal meurtrier fila sans que je puisse l’observer. La dénotation vrilla mes tympans et j’eus comme réflexe de reculer, mes muscles se crispant aussi conséquemment que l’hémoglobine venait teindre la chemise blanche surmontée d’une veste argent terne du porte-parole de la foule. Déversement sanguin qui laissa une strie sur le mur et le murmure d’un cerveau bouillonnant d’idées s’éteignant posément. Une existence réduite à néant par le caprice d’un mégalomane mal-foutu.
Un mort.
Un corps mourant qui gisant sur le carrelage métallique d’un wagon sous-terrain, qui se vidait de son sang sans que nul n’esquisse le moindre mouvement pour lui venir en aide. La fille à côté de moi retenait visiblement ses larmes et la fillette dont le cri résonnait de concert avec le fracas de la balle déversait les siennes éperdument.
Il ne fallait pas tuer les humains. Et bordel que j’en avais mon cul de tenir mes bras en l’air.
J’accrochai mes mains à mon cou, baissant la tête l’instant d’une inspiration décisive, uniquement pour me heurter aux iris à se damner de mon compagnon, une mèche noir trainant sur son front d’une manière incitant l’image de ma main la balayant à s’immiscer d’elle-même dans mon imagination, comme un papillon annonçant la gravité funeste du pétrin dans lequel nous nagions. Je lui souris et plongeai dans cette lueur agressive et décidée qui embaumait le ciel de ses yeux, faisant d’eux de sombres orages emplis de rancœur. Avec une grâce innée, mouvements fluides que j’observai du coin de mon œil dépourvu de lentille, je le vis tirer sa lame de son sac, discrètement, couvert par la panique muette et les gémissements diffus du mourant qui se vidait posément par terre. La flaque carmine grandissait sous son corps, à ce rythme, si personne n’en arrêtait le flot, il décéderait assurément.
C’était perdu d’avance pour lui et la pensée laissait un vide bizarroïde croitre en moi, une rage blanche et émoussée qui titillait mes entrailles. Je fixai Litchi se jetant sur le tueur, le perforant, éclaboussant d’un peu plus de sang les portes closes du métro, je le fixai comme en sourdine pendant quelque secondes qui me parut incroyablement longues. Les mouvements nets, la colère palpables et le manque de réactions des gens nous entourant, des enfants se cachèrent les yeux et le fusil du blond virevolta, danger en liberté, sur le sol. Zakuro le cercueil humain, Zakuro la paume écrasante. Mes tempes pulsèrent et j’inspirai, avançant le pied, comme hors de mon propre corps.
Revolver qui glisse, revolver qui file et ma silhouette qui l’arrête en avançant simplement sa botte avant de se pencher pour le ramasser, pour le saisir avec une appréhension au cœur de laquelle semblent se côtoyer l’incertitude d’un fou rire et le dédain le plus lancinant qui soit de l’humanité. Le métal était froid dans ma main, le cran de sûreté était retiré et la pesanteur de l’objet eu tôt fait de me surprendre. Sans m’attarder sur la moindre réflexion, sans me dire que là où je savais relativement comment utiliser une arme, je n’en avais jamais manié une, je pointai le canon de l’objet en direction du second terroriste.
Inspiration, expiration, puis sourire.
« Si je ne m’abuse, vous avez choisi le mauvais wagon, darlin’. »
Mon index voletait au-dessus de la détente et du sang était venu se loger sur mes bottes, s’infiltrant dans les plis et en souillant la surface. Ça allait être horrible de nettoyer ça, surtout que c’était l’une de mes paires favorites. Soit, le second danger me toisait maintenant de son regard clair, peinant à ne pas osciller vers la carcasse ensanglantée de son partenaire qui gisait près d’un Zakuro agenouillé. Il pointait son arme sur moi, mais semblait en proie à une hésitation grandissante. Hésitation qui m’insuffla un brin de contenance, qui me permit de laisser un gloussement arrogant filtrer hors de mes lèvres. Mes bras engourdis tenait fermemant l’arme et les regards des passagers ne savaient plus trop où donner de la tête. Quelques paires de bras se baissèrent, délaissant la posture de l’otage vu la position de moins en moins reluisante dans lequel se trouvait leurs tortionnaires. Je lâchai à l’aveuglette laissant une part de moquerie remonter à la surface de ce passage surréaliste de mon existence une phrase bancale prononçant le cliché ressentit.
« Shoot me, kill me, I’ll kill you back. »
Les mots résonnèrent doucement dans le compartiment et je vis une paire de jambes se faufiler discrète derrière l’homme du Nord restant. Mes poumons se relâchèrent, mon cœur se calma. Je n’aurais pas besoin de risquer sa vie ou celle de qui que ce soit d’autre, pas aujourd’hui, pas demain. J’étais beaucoup de chose, immatériel, hilare, Chess, mais je n’étais pas le genre de tueur qui versait du sang, qui laissait l’âme s’envoler hors de ma porté. Tant que je n’aurais pas découvert comment aspirer une âme avec ma bouche, comment me délecter une cognition, je ne serais pas un tueur.
Jamais.
N’osant pas cligner des yeux de peur de le manquer, fixant avec des prunelles embuées mon allié soudain, je vis à peine la batte de baseball se relever dans les airs et prendre un élan douteux avant de s’abattre avec force à l’arrière du crâne de l’homme. Homme qui bascula vers l’avant, vers moi, je ne baissai pas l’arme, juste au cas où, mais . . .
Je crois que c’était fini. Une femme s’était approché du corps sanglant du courageux quadragénaire et tentait d’éviter l’inévitable en stoppant le flot sanguin, pleine d’espoir, plus naïve qu’une enfant de trois ans.
Et au beau milieu de cette scène de carnage relatif, j’éclatai de rire, rire, rire, rire.
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| | | Zakuro Fea ▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
Genre : Age : 31 Adresse : 3, rue la Chance, app. 11, quartier Hiryuu, avec Lawrence E. Swanster. 1580 Multicompte(s) : Kojiro Sekigahara
KMO :
| Sujet: Re: I cling to. (Kohaku) Jeu 4 Avr 2013 - 3:55 | |
| Watashi wa chesha neko no egao ni shigamitsuku. I cling to Cheshire Cat's smile.
Je m'y accrochais. Je m'accrochais à ce sourire, à ce rire noyé dans ces yeux d'orage, mi sang mi nuit, pour ne pas me perdre dans une contemplation qui m'aurait me fait m'abandonner moi-même. Je m'accrochais au sourire qui appartenait à ce type tenant le revolver, à ce type qui avait les cheveux blancs, à ce type qui avait la lèvre dévasté, et à ce type, maigre comme un clou, qui se tenait fièrement dans sa condition d'existence choisie. Il avait que trop choisi son rythme et sa vie ; il fallait être aveugle pour ne pas comprendre à quel point il n'était pas normal. Mais depuis le début, c'était peut-être ça qui m'avait fait m'y intéresser. Depuis le début, c'était peut-être ça qui m'avait donné envie de le suivre. Je m'accrochais à son sourire, parce qu'il s'était fait découvrir ainsi, et que si, pour quelqu'un d'autre, je devrai, à l'avenir, le décrire, je commencerai par son sourire hilare. Dans un claquement du bois contre l'os, le revolver entre les doigts de Chess acheva sa menace sans que ne retentit la moindre explosion. Un étudiant, audacieux, avait eu le courage de frapper, et un abrutissant sentiment de soulagement plongea sur mes épaules ; comme une digue se rompt. Chess n'avait pas été blessé. Ce constat, alors, permit à mon souffle de repartir. Bloqué dans ma poitrine depuis l'instant où le corps de mon adversaire avait chuté, et que j'avais pris conscience d'une possibilité de décès. De ma mort. Mourir. Le samouraï est l'homme qui est capable de se lever le matin en se disant qu'il va mourir le soir. Le samouraï est l'homme qui dans chacune de ses respirations, se concentre quotidiennement sur la mort, pour être capable d'apprécier la vie ; parce qu'elle ne lui appartient pas. Il n'y a que la mort et le choix d'agir que possède un samouraï. Un samouraï qui vit pour vivre n'existe pas. Chess, lentement, abaissa le flingue, et suivit des yeux le mouvement de chute de l'homme assommé. Il faudrait s'occuper de lui, songeais-je. Il faudrait s'occuper de lui, parce qu'il vivrait, et que ce qu'il l'attendait n'était pas supportable pour moi. Une femme se glissa près de moi, pour venir au secours de l'homme père de famille. Je sentis ses balbutiements étranglés sous l'émotion, mais mes yeux ne la regardaient pas. Maintenant, je prenais conscience des mouvements et de la vie qui se diffusait tout autour de moi. Les enfants que les professeurs avaient protégés derrière dilapidèrent le petit groupe qu'ils formaient, des vieillards se mirent à caqueter entre eux dans des intonations terribles, et les bavardages explosèrent à mes oreilles, comme des échos de soixante dix ans de retard à Hiroshima et Nagasaki. Mais il y eut un rire qui s'éleva. Un rire complètement fou, complètement hystérique, qui me fit tressaillir. Je relevais mon visage vers Chess, mes prunelles fendues par la perception de mon âme quant à cet hilarité, et le souffle me manqua. J'avais décidé. J'avais décidé, et c'était ce rire que je voulais choisir comme baptême pour ma décision. Je m'y engageais, et c'était ce rire qui hurlait à mes oreilles, tandis que je plongeais dans ma voie. Alors je l'attrapais. De toute la force de ma main, mes doigts se refermant sur sa peau, tirant sur son bras pour me relever de mes frissons, je le tenais comme on retient une corde qui vous arrache aux flots. Mes doigts comprimant son poignet, ignorant les muscles qui hurlaient, je me relevais, et lorsque je fus debout, j'ouvris mes lèvres, pour dire quelque chose. Quelque chose qui ne naquit jamais ; je me contentais de le regarder, de plonger dans l’ambiguïté de son regard, de son être. J'avais choisi. Son rire, sous sourire, et ma Voie. La conscience du sang sur mes mains, sur ma poitrine, n'avait que trop attendue. Comme un hurlement vivant de la chose, de l'acte, mes yeux abandonnèrent Chess pour plonger sur le ravin, l'abîme de vie, que représentait la souillure du corps par la tâche de sang. Immémorial blasphème. Ancestrale erreur. Nippone tragédie. Je lâchais le poignet rachitique du Chat, déposant sur lui une empreinte pourpre sur le blanc de sa peau. Mes lèvres gonflées en une expression boudeuse, le regard exalté ; du revers du poignet, je me permis un second contact, pour nettoyer le rouge sur son derme, dans une obsession morbide de ne pas le voir tâché.
« T'sais, le truc dont tu m'as parlé... L'immatérialité … Je crois que j'ai capté. J'ai tilté, dans le sens où je sais à quel point ça t'appartient, maintenant ... »
Je glissais mes mains contre mes hanches, essuyant avec insistance mes paumes sur le tissu, et me penchant, récupérais mes lames. Dans des glissements feutrés entre mes doigts, l'une après l'autre, je réitérais l'exercice, essuyant leur lame contre mes vêtements pour qu'elles ne soit pas tâchées. Je ne pouvais pas, absolument pas, les laisser pleines de sang. Non. Je frottais avec frénésie, mes doigts englués par la sensation poisseuse, en posant mon regard sur l'homme encore allongé, près de nous ; dont l'âme dérivait maintenant à des millions d'années lumière. La gorge nouée, je contemplais le spectacle infâme de la profondeur de sa blessure, et le sang qui avait coulé sur son portable. J'aurais préféré qu'il ne meure pas. Mais sans lui, peut-être qu'on aurait pu compter plus de morts. Sans lui, je n'aurais pas entendu le rire de Chess de la même manière. Parce que je n'y aurais pas fait attention. Pas de la même manière, précisément. Parce que sans lui, je ne me serais jamais fait intime avec la mort. Un vent silencieux, moqueur, déposa sur mes lèvres un sourire tranquille. Je m'y accrochais, je m'y accrochais, de toutes mes forces, avec toute ma volonté, tout ce que j'avais de détermination et de pugnacité, à ce sourire, et à sa réalité. Je m'y accrochais pour trouver ce que j'avais à faire, pour ne jamais faire autre chose de moins sincère. Bouge, hurla ma conscience, lançant cet aboiement à chaque fibre de mon corps. À regret, par suffisance d'insécure, je m'écartais de Chess, pour récupérer mon sac. Comme un indéfinissable retour en arrière, comme si je revenais à ma place en remontant un étrange engrenage de temps, et qu'avec des gestes codifiés par un langage binaire convenu par les soins d'une pseudo entité jouant à écrire nos actions les plus folles, je récupérais le sac, et y rangeais mes lames. Comme une bande qui se rembobine.
« Allez. Chess. »
Je murmurais. Ma main se posa sur l'épaule de Chess, et je cherchais son regard dans la folie qui illuminait ses yeux. Je cherchais un regard humain, capable de lui dicter une conduite à suivre, raisonnable. Mais s'il fallait que ce soit Cheshire qui m'entende, alors j'espérais que Madness soit assez intelligente pour comprendre que nous devions partir. Bloqués dans la bulle de nos violence, sous terre, il n'y avait pas beaucoup de choix. Celui d'agir ou celui de subir. Il y avait toujours le choix de choisir, et de ce fait, il y avait la possibilité de créer un nombre de réalité avenir ou à venir. Peu m'importait. Je voyais s'étaler devant moi la capacité de choisir, et d'ignorer ce que j'avais cru infaisable. Mes doigts attrapèrent son visage, mes phalanges se crispant sous la tension de la diffusion de son rire, et je plongeais mes yeux dans les siens, pour l'emprisonner dans l'univers de mon regard.
« Il y a les veines d'une monotonie à ouvrir. Tu m'as dit que tu la haïssais, sur le bord de la fontaine. Tu m'as dit que pour qu'ils deviennent mes jouets, il fallait que je me les approprie. Tu m'as dit que tu aimerais me battre « d'un trait ». Tu as dit que tu t'imposais et que tu jouais. Tu as dit que tu ferais bien plus que tu me tuer. Tu m'as fichu une claque telle que ça a ébranlé mon ego. Tu m'as montré ce qu'était Chess. Tu m'as montré ce que tu étais. J'ai passé l'après-midi avec toi. Heures après heures. Secondes après secondes. Avec toi. Je t'ai dis que je croyais avoir capté. Je ne crois pas. J'en suis sûr. Maintenant. »
Autour de nous, les humains. Les humains, les morts. Le sang. Les existences. Les nôtres. Alors dans le même murmure que le sien dans la ruelle, j'imposais.
« Tu m'appartiens. »
Tout me hurle que ce n'est pas possible. Qu'il est Chess. Qu'il est immatériel, inaccessible. Que mes mains, quand bien même ne le lâcheraient pas, vieilliraient, faibliraient, et disparaîtraient. Mais tant que je vis. Tant que j'existe. Je veux imposer mes lois, je veux ordonner ce qui n'a encore jamais existé. Je ne veux pas être une laisse, je ne veux pas être une chaîne, je veux être Litchi, et je veux qu'il soit Chess. Je veux construire ce que personne n'a jamais osé, et je veux frapper dans le grès de l'impossibilité, pour, par la lézarde, arracher son essence et en faire mes capacités. Les miennes. Je veux ce que personne ne pourra. Je ne veux pas d'imitation, je ne veux pas copier. Je veux que ce que je décide, je sois capable de le faire, et je veux être capable d'être fier de ce que je choisis et agis. C'est une explication. Cette explication au fait que j'ai plaqué mes paumes contre ses tempes et ses mâchoires. Une explication au fait que j'ai noyé le bleu dans le jais sanglant de ses yeux. Une explication au fait de mon affirmation. Il m'appartient. Qu'il joue … Ne le fait-il pas depuis le début ? N'a t-il pas profité de ma présence comme d'un jouet, dès l'instant symbolique de la fontaine ? Qu'il joue. Moi, j'ai reconnu en lui Chess. J'ai reconnu en lui le fait qu'on ne blâme pas et qu'on n'exhorte pas à une rébellion de ce fait. Il est Chess, et nous sommes les Humains. Moi, j'ai simplement décidé d'avoir un nom et une existence, parce que je suis capable d'apprendre du jeu qu'il a eu avec moi. Et que ce jeu me plaît. Et que je ne veux pas l'arrêter. Je ne veux pas, je ne peux pas, et je le refuse dans un cri gigantesque de mon âme. J'interdis quiconque d'essayer achever ce jeu. Je l'ai engagé avec Chess, et c'est Chess qui existe en cet instant là. Le monde devient signifiant, mais je ne peux plus le voir sous le même angle que d'habitude. Je ne peux que contempler et jouer. Déstabiliser ? Fouiller ? Il y a, dans les tourments de sa consciente souriante et déréglée, ce hurlement de mon esprit. Tu aurais pu résister, Zakuro, sermonne quelqu'un, dans ma tête. J'aurais pu. J'aurais pu le détester, le trouver ignoble et manipulateur. Violent, et dégueulasse. J'aurais pu m'emparer de mon âme féodale, et m'enfuir en l'abandonnant, le considérer comme inutile. J'aurais pu. Ignorer ses babillages incorrects pour la société et rire de lui qui méprisait mon Japon. Le détester pour ses moqueries à mes faits d'être, et abandonner ce gosse qu'il était. Ses cheveux blancs, le mensonge sincère de ses yeux, et ses lèvres tordues. J'aurais du le haïr profondément, et frapper avec mon sabre sous son menton. Il aurait rit, se serait foutu de moi, mais je n'en aurais pas tenu compte et je serai parti. Une saleté de chose occidentale. Mais. Mais. Mais. Mais j'avais été fasciné. J'avais été impressionné. J'avais été attiré. Et il m'avait ouvert, que ce soit consciemment ou non n'avait pas d'importance, une porte qui me serait resté invisible, si j'avais continué à essayer de correspondre aux règles et aux dogmes. Ç'avait été ma connerie que de rester englué dans la normalité. Ça serait ma connerie que de me démarquer. Mais c'est ce que je ferai, parce que dans la vérité qu'il venait de me faire découvrir, j'avais ma place. Il y avait le goût du sabre. Il y avait la garantie d'un avenir sur lequel je refermais mes doigts. Il y avait eu Chess. Ses yeux, son rire, sa lèvre explosée. Le fait qu'il se relève, parce qu'il était Chess. Je crois que c'était une promesse.
La prise d'un souffle.
Pour le lâcher. Pour me détourner, et d'un regard bleu sur ces visages aux yeux noirs, balayer leur réalité des choses, remonter la sangle de mon sac sur mon épaule, dans le murmure claquant des lames, et d'une pression sur l'automatisme des portes de la chenille métallique, sortir de la bulle. Sortir d'une ancienne réalité, avec le choix d'être plus samouraï que jamais. C'était faux, c'était improbable, c'était anachronique ; peut-être. Pas pour moi. Plus pour moi. Mes semelles claquèrent sur le sol, en atterrissant sur la rame noire et vide. Le métro était arrêté ; alors il devait y avoir plusieurs autres preneurs d'otage. Peut-être. Je m'en fichais ; ils ne m'intéressaient pas. Mon centre d'intérêt, ma possession, elle venait de témoigner de sa présence derrière moi. Et il y avait, dans le noir du sous-terrain le reflet gigantesque d'un sourire que je devinais. Réel ? Imaginaire ? Chess était ce qu'il était, et les règles et les notions logiques, visant à exprimer l'absurde avaient volées en éclats. Il existait. J'existerai.
(…)
« Le jour où Cheshire Cat m'a suivi dans le métro. ... »
Dans le noir, ma voix résonnait entre les parois lisses des murs. Derrière nous, la rame avait disparue, emportée par l'incapacité de l’œil à suivre ce qui restait plongé dans les ténèbres lorsque les distances se nourrissaient entre elles. Nous avions avancé, nous avions franchi la normalité d'une prudence qui aurait du nous dicter de rester immobiles à attendre l'arrivée des secours. Mais c'était impossible, et je n'avais pas pu accepter l'idée. La police serait venue. J'ignorais ce qui se passait dans les cadres juridiques. Je n'étais pas au courant de tout ce qui était sanction et ou pénalité. En revanche, je savais deux choses. Petit un, que l'actuel gouvernement interdisait le meurtre d'un homme. Secondement, que dans l'esthétisme samouraï, verser le sang de son adversaire en dehors d'un champs de bataille consistait à un ticket gratuit pour la cérémonie du seppuku. Prêt à mourir n'importe quand, dans un décès fanatique, le samouraï était l'homme le plus fou du Japon. Je comprenais que la voie du Amourai soit celle de la mort. Je comprenais mes choix. Je comprenais les intérêts et les motivations d'un Bushi. Puisque j'étais. Mais je ne parvenais ni à ressentir le besoin ni le refus de mourir. Une absence totale de sentiment. Puis, l'explosion d'une bulle mentale, et l'idée d'une tête qui vole. Si je devais mourir, que ce ne soit pas pendaison. Jamais. Je me ferai le seppuku avec joie, plutôt que de laisser la moindre corde s'approcher de mon cou. Je laissais échapper un rire, en jetant un regard à côté de moi, pour le regarder. Dévisagé, dans les ténèbres surfaites des profondeurs humaines, Chess était cette ombre maigre, ces pommettes ciselées par les ombres, ce sourire exhaustivement révélé. Si léger. Si différent.
« Tu crois qu'Alice nous attendra, au détour d'un carrefour ? Il y a peut-être cette personne, quelque part, qui attend que tu lui dise où est-ce que le lapin blanc est allé ? Qui attend que tu l'envoies chez le lièvre de Mars, ou chez le Chapelier fou, pour prendre le thé ? »
Un silence. Le temps de penser que sur ma route à moi, je n'avais plus besoin de panneaux. Je ne cherchais plus de lapin blanc. J'avais planté mon sabre dans le sol, j'avais avancé là où je voulais aller.
« Je plains cette personne. »
Sans attendre de réaction, j'avisais un débouché de lumière électrique, un sourire éloquent étirant brusquement mes lèvres. Certainement la station précédente, une de celles devant laquelle nous étions passé alors que les preneurs d'otage décidaient encore mentalement de la manière dont ils agiraient. Avant que tout ne se fracasse. Avant qu'ils ne tombent, irrémédiablement. Absolument. Il fallait nous considérer comme chanceux de ne pas avoir croisé de navette. Mais le trafic d'informations des agents de ce monde souterrain avait très probablement fait arrêter les passages, et je me doutais que derrière nous, quelque part, des hommes à casquettes noires devaient être en train de s'occuper de la situation. Des hommes sans sabres, sans mei, sans zanshin, mais japonais. Allons bon, ce seraient mes paradoxes, désormais. La lumière se diffusa au rythme de nos avancées, et lorsque nous atteignîmes le niveau du quai, je constatai à quel point il était étrange de voir une station de gare de métro aussi silencieuse et vide. Mes prunelles, comme des moineaux empressés, se rivèrent sur les caméras, petits oculaires ronds, collées dans les ombres du plafond sousterrain. Je n'avais pas les motivations nécessaires pour essayer de m'y soustraire. Ni la volonté même de me figer parce qu'elles représentaient un obstacle. Les gens de la sécurité avaient peut-être mieux à faire en cet instant que de surveiller le fait que deux types sortent de la voie rapide des navettes pour monter sur le quai et sortir de la gare. Peut-être même qu'ils étaient morts. Huhuhuhu.
« Mm. Tu crois que ça les amusera de voir deux types avec du sang partout, là haut ? »
Dédaignant avec soin la critique qui s'adressait tout autant à moi qu'à lui, j'entrouvrais mes lèvres, pour, tordant ma langue en désignant ma lèvre inférieure, lui faire aviser l'état de sa face. Les commissures de ma bouche s'étirèrent en un sourire pointu, tandis que je grimpais maintenant les premières marches des escaliers qui nous conduiraient vers la sortie. Instabilité et obsession. Deux maîtres mots qui n'étaient pas là pour me définir moi, mais qui hurlaient les louanges de la découverte de l'autre ; et de tout l'intérêt qu'il pouvait représenter. Passion. Anticipation. Fascination. Est-ce qu'il est humain, seulement ? Nos discours se construisent sur une normalité, sur des actes et des prises de conscience humaine. Juste son regard, juste son illusoire fragilité. Est-ce qu'il est humain ? Pour moi, il est comme ce symbole des Dieux chrétiens que l'on nous impose, aux cours de catéchisme, enfants. Certains écrits nous interdisent de représenter toute icônes, mais l'image commune d'un vieillard barbu flotte dans les esprits, avec une compréhension générale de cette représentation. Il est comme une représentation, de par son corps, d'une attache humaine : quelque chose qui le retient au sol. Mais dans sa tête, derrière ses yeux, il y a ce quelque chose, plus léger que l'hélium, qui flotte. Qui flotte en riant. Qui ne demande qu'à être libéré, et qui déchire son ventre d'humain. Est-ce que Kohaku le libérera, un jour ? Est-ce qu'il perdra son statut d'humain ? Je ne parviens pas à discriminer l'humain. Il reste une chose merveilleuse. Et je suis humain. Mais parce que j'ai décidé d'être plus, je peux me permettre ce recul. Alors, comment sera ce type aux cheveux blancs, lorsqu'il n'y aura plus que Chess ? Nous atteignons l'air, la surface. Je ne le regarde pas, mais ma voix s'élève. Vers le ciel, là haut. Tout en bleu.
« Tu fais partie de mon existence. Alors 'tu m'appartiens'. Mais. »
J'avance d'un pas, juste pour le distancer à moitié, et en même temps, avoir l'impression d'être plus proche de lui.
« Quand tu auras libéré ce qu'il y a dans ta tête, et dans ton ventre. Quand tu riras, encore. Ce jour là. J'aimerais être là, pour pouvoir te regarder. Je ferai en sorte d'être présent, et d'avoir les yeux braqués sur toi. »
Je serais là. C'est une promesse. C'est mon serment. Je serai là, peu importe comment, peu importe où, dans quelle situation, peu importe si ça fait mal où si je dois m'esclaffer devant une souffrance ridicule, je serai là. Parce que je ne peux pas croire que ça n'aura pas lieu. Même si c'est vingt ans après ce jour, trente, quarante, et même s'il tue ma famille et mes amis, je serai là. Je le regarderai. Et je ferai en sorte de sourire. Mais cela, je ne lui dirai pas. Pas pour le moment. Ce n'est pas très important. Je me retourne, m'immobilise et le fixe. Le temps d'un sourire. Puis, je me détournais, et les lames claquèrent encore entre elle. La vie, à la surface, qui aurait presque pu s'arrêter pour contempler nos frasques souterraines, n'avait même pas été touché par les réalités qui avaient eu lieu sous ses pieds. Ces filles en jupe, qui marchaient, ces hommes qui se déplaçaient, ces femmes qui roulaient, ces enfants, qui couraient. Ils vivaient, mais ne se rendaient pas compte. Ou peut-être, que brusquement, c'était moi qui était devenu aveugle, pour ne plus rien comprendre que ma réalité, et celle de Chess. Ma réalité. Qui m'appartenait. Oh, seigneur. Dans une grimace cicatrisée, comme une plaie qui s'ouvre sur une gueule béante, un gigantesque sourire déchira mon esprit. Ma réalité, si elle s'associait à celle de Chess, faisait de moi un humain. Un simple humain, dans toute son humanité, magnifique et ridicule, absurde, et gouverné par ses logiques. Ma réalité, seule et liée à la fois, par conte, me faisait Ronin. Ronin dans toute la splendeur et la décadence que représentait cette folie d'être. Une chose déchirée et implosée, consumée par tout l'élan que je lui accordais. Par toute la violence de ma passion. Par tout ce que j'étais. Le Samouraï, avec tout mon respect, était un chien avec un collier. Le Ronin, un chien sans maître. La passion. La folle passion, qui n'appartenait qu'à moi, qu'à mes heures, enfant, passées à contempler le passé d'une montagne qui s'élève vers les cieux ; qui ne change pas pour les hommes, mais qui reste unique. Qu'à ces instants passés dans le dojo, à frapper encore et encore, et à encaisser encore et encore. À serrer les poings, en écoutant le murmure grave du Sensei, qui étale sa propre vision du monde. Longtemps je l'ai cru, lui et sa vanité. Lui et son orgueil brisé. Mais il n'a jamais réussi à vivre ses rêves. Je ne suis pas là pour reprendre son flambeau. Je marche. J'avance. J'avance, et je sais que je suis comme la fleur de cerisier, et qu'à la moindre brise matinale, je peux disparaître. Mais je veux profiter et avancer. Avancer sur ma voie. Le bonheur m'étreint comme une accolade violente, et un étau dans ma poitrine comprime mon cœur. Je glisse, nerveusement, mes doigts sur ma poitrine. Du bout des doigts, tamponnais les fleurs de sang, et pris conscience des regards qui se posaient sur moi. Dans un glissement de pas, je me rapprochais de Chess, le tirant par le bras, pour l’entraîner sur notre gauche, mon regard ayant accroché ce que je cherchais depuis plusieurs minutes déjà. Dans une illumination jaune, la façade imbriquée d'un Matsumotokiyoshi, une des plus grandes chaînes pharmaceutiques du Japon. Nous n'étions tellement pas discrets, tout nuancés de rouge ! Mais ignorant les regards surpris, les commentaires sur la lèvre de Chess ou la customisation pourpre de mes manches, et de ma poitrine, qui s'étalait maintenant en des arabesques entrelacées et sombres, je me concentrais vaguement sur les repères soucieux d'une bonne coordination des foules : itinéraire random, je pris le soin de déambuler dans les rayons, jetant mon regard sur la multitude d'article, veillant à ce que Chess ne disparaisse pas, emporté par ma paranoïa personnifiée. Le voir partir maintenant me rendrait furieux. Je jetais un coup d’œil aux apothicaires empressés, qui malgré leurs airs professionnels, laissaient entendre les discrets murmures sur le « sang ». L'esquisse d'un sourire épousa mes lèvres, et je me stoppais finalement devant une esplanade de plastique, sur lesquels s'alignaient des articles s'attirant peu de visiteurs. Je levais la main, faisant glisser le bout de mes doigts sur un objet aux courbes plastifié, affiché comme article de présentation, dans ce demi-sourire, avant de m'intéresser à autre chose. Choppant avec soin un petit paquet carré, je le jetais à Chess, en me tournant vers lui, croisant mes bras.
« Condom, check. »
Cette fois-ci, je ris.
« Et je crois qu'à partir de là, le programme pour la journée s'achèvera. Nous n'avions rien prévu de plus ? … Le maquillage, le sabre, les condoms... Rajoute le détail d'une pulsion de mort, d'une pulsion de vie, d'un rancard autour d'un revolver et d'une marche dans les souterrains du métro … La journée a été plutôt remplie. »
Une femme passa à côté de nous en gloussant, et je la suivais du regard, avant de reporter mes yeux sur Chess, puis détournant les yeux, pour m'intéresser aux godes en tous genres, étudiais avec circonspection les formes et les saveurs que prenaient certains de ces jouets. Saveur hibiscus, notait l'un d'eux. Je retrouvais, imprimé sur la boite en carton d'un autre, la même passion étrange pour la plante, qui accompagnait le thème hawaïen d'un ustensile en plastique. Je fus pris d'un fou rire, décidant de m'écarter du rayon. Virevoltant, je me dirigeais vers les caisses, pour plonger la main dans mon sac de sport, et en sortir un porte monnaie, ce qui, -était-ce mon imagination.-, sembla soulager la préparatrice. Elle accueillit la boite de préservatif sans que le moindre sentiments ne trahisse son esprit, sur son visage, mais ne se contint pas longtemps, et face à Chess, un minuscule éclat explosa dans ses prunelles ambrées. Je dévisageais Chess, dans une interrogation silencieuse, avant de déposer l'argent sur le comptoir. Elle empocha l'argent, rendit la monnaie, et tendit le petit sac plastique dans lequel elle venait de glisser le petit carton carré. Je saluais, la remerciant, et m'écartais, avant qu'elle ne me rappelle d'une voix claire. Surpris, je fis un pas en arrière, tandis qu'elle me présentais une boite de strip.
« Pour la lèvre. » Précisa t-elle.
Elle se détourna, sans rien demander de plus. Est-ce que c'était une invitation à vite nous en aller, ou une marque profonde de gentillesse ? Je me tournais vers Chess, avec la boite de strip entre les mains, un peu perdu. Par un automatisme mû avec soin par une sorte d'instinct de survie, je sortis de la pharmacie gigantesque, pour revenir dans l'effluve violente de la ville, en soirée. Le soleil baignait dans un sang divin, les nuages éventrés pour le bon plaisir des yeux. Je tenais ma boite de semi-sparadrap comme l'on tiendrait une offrande, et soudainement abattu, soudainement las et incapable de dire ou de deviner ce que je devais faire, je me tournais finalement vers Chess, pour lui présenter la boite. Un soupir épuisé glissa d'entre mes lèvres, et je vins essuyer mes yeux avec mon poignet.
« Chesha Neko, si vous connaissez les lignes de bus pour rentrer à l'Académie, ainsi qu'un moyen d'expliquer aux tuteurs la présence de sang sur nos effets sans encourir trop de danger, ça m'intéresse. Dans tous les cas, je suis partant. »
J'abaissais mon bras, pour projeter mes yeux sur le ciel déchiré par le rouge et l'or. Quelque part, vers l'Est, il y avait le mont Fuji qui s'illuminerait sous la voûte solaire. Il y avait toute la promesse d'un passé qui ne s'appartenait plus, et qui fondait les bases d'un savoir de ma propre vie, et les fondations pour un lendemain rouge. Il y avait la promesse que je lui avait faite, il y avait le simple fait d'avoir son numéro de portable et ce sentiment jouissif de pouvoir le harceler à l'avenir. L'envie, aussi, de découvrir ce qu'était que « Aliss ». De comprendre ce langage inconnu imprimé sur la jaquette en carton bleu. De comprendre. D'observer. De pouvoir contempler Chess. La fascination exercée. Tout, tout.
Ses yeux.
« Eyh, Chess. J'aime tes yeux. Rouge, noir. … »
Un sourire s'étira doucement sur mes lèvres, tandis que mon regard passait de la tâche rouge à la ciselure noire. Rouge, noir, qui défilaient l'un après l'autre, dans un enregistrement de son regard dans ma mémoire. Que je me souvienne de son tout premier regard, que je me souvienne de tout, pour ne jamais rien oublier. Sa voix à lui résonnait dans ma tête, apportée par le vent des souvenirs. Comme si l'expérience de la fontaine ait pu avoir lieu un an auparavant. Un an. Voir deux. À quelques mois près. À quelques heures près. À quelques sourires près.
« Petit deux, si tu veux être un rônin, pourquoi ne pas le devenir immédiatement ? Qu’est-ce qui t’en empêche ? La société ? La modernité ? J’doute que tu puisses recréer le passé . . . détruire les avancements technologiques, mais . . . tu pourrais faire évoluer la signification ancienne de tes idéaux, la faire basculer dans les temps d’aujourd’hui. Qu’est-ce qui t’arrête au final ? Quelques siècles de différence ? Quelques mentalités de modifiées ? Tout change, succombe à la folie de l’immatérialité . . . mais, on peut quand même tout recréer en mieux. C’sûr que si tu te laisses abattre . . . Pour ma part, je préférerais être le seul rônin du monde que de voir sombrer dans l’oubli. Si ça me tenait à cœur, mais bon. . . Je m’en fiche, à vrai dire, du passé. Ce qui compte c’est le présent. Alors. . . c’est ton problème. Ton tourment. »
« Je crois que je sais ce que je ressens pour toi. Est-ce que ça t'intéresse, le Chat ? »
Ne te moques pas. Je serais sincère. Alors, ignorant la modernité des lieux, la rue, la ville, les gens en jean et en basket, les gens avec leur mp3 et les bus, les voitures qui défilaient et les nuages de pollutions, les ordinateurs et les feux de circulation, et les vrombissement des gigantesques pales d'aération, les yeux éteints ou illuminés par des passions anachroniques aux miennes, je pliais mes genoux, et vint poser mes rotules contre le sol, en déposant mes paumes contre le sol, dans un triangle dont il était le sommet. Je m'inclinais. Un dogeza ni soumis ni repentant. Un salut pour ce qu'il était.
« Je te respecte profondément. »
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| | | Kohaku Joshua Mitsumasa ♣ Université - 4ème année
Genre : Age : 30 Adresse : Hiryuu : 05 rue de la Chance, app 32 ou la Chambre 110 de l'université ou chez Zakuro. 665 Multicompte(s) : Lawrence E. Swanster | Populaire
KMO :
| Sujet: Re: I cling to. (Kohaku) Jeu 25 Avr 2013 - 23:02 | |
| “ ONCE, THE EARTH WAS A SQUARE. NOW, THE EARTH IS A SPHERE. WILL IT BE A TRIANGLE NEXT TIME ? ” Et des bulles explosaient hors de ma gorge, bulles d’hilarité rachitiques et maladives qui avaient tôt fait de se faire avaler par les voix gourmandes qui résonnaient tout autour, voix gourmandes de réponses et d’une suite à ces événements qui étaient venus tâcher ma veste de poisse, tâcher le carrelage métallisé du métro d’entrailles. Les bulles voletaient, jaillissaient et mon souffle tressaillait à la vision du corps inerte que le garçon à la batte abaissée avait laissé s’effondrer devant moi, comme un domino solitaire qu’on aurait fracassé encore, encore et encore contre une surface sonnante. Mes paupières papillonnaient et mon éveil me semblait plus relever du sommeil que de la vérité. Le monde en sourdine, derrière une vitre incassable, mon sac pendouillant au niveau de ma cuisse et l’halètement grotesque de mes synapses composaient la symphonie de mon érosion mentale. Un état de choc inadmissible qui brusquait ma contenance et me laissait figé, coincé dans mes éclats de rire, au beau milieu d’un wagon de métro en panique.
Mes yeux, alors que ma cage thoracique se gonflait et dégonflait à un rythme sporadique, détaillaient les courbes sinueuses que décrivait le corps inerte de l’homme sous son costume, devinant la force de l’être. Pas la même force que celle que représentaient les muscles tendus de Zakuro, pas la même force que celle du mourant qui jamais, jamais n’aurait le luxe de parler de nouveau au téléphone. Pas même la même force que la mienne, terrée dans l’immatérialité, se dessinant dans la transcendance. Non, sous son costume se cachait un danger, une cruauté qui n’avait probablement que pour seule justification des préoccupations capitalistes et monétaires. J’aurais préféré qu’ils le fassent pour le plaisir, à leur propre compte, simplement parce qu’il le pouvait plutôt que de se laisser défigurer par les mœurs d’une société hideuse. L’individu seul, pas le groupe. Une seule personne ne pouvait détruire la planète, pourtant, le groupe, si un tantinet organisé, pouvait certainement arriver à réduire l’univers entier en cendre. Je frissonnai de dégoût à l’idée d’une domination accrue et ultime, des prétextes religieux qui revêtaient des idoles magiques de capes royales. Je frissonnai, mes gloussements hystériques mourant au fond de ma gorge, les bulles éclatant et ramenant le silence sur mon être. Pas autour, juste sur moi, les voix continuaient de piailler, les pleurs des enfants et adolescents, et même de certains adultes, fusaient de manière funèbre dans l’atmosphère. Je mis du temps à réaliser que je tremblais, fusil délaissant ma poigne pour tomber par terre et s’écraser dans un bruit sourd qui me valu quelque regard de biais, un peu comme si maintenant, c’était moi la menace qu’il fallait craindre. Paume chevrotante, nerfs à vifs et lèvres anormalement sèches, choc transitionnel. Amer, surréaliste, mes bras me faisaient mal, mes oreilles cillaient et . . . mes yeux tournaient, n’arrivaient pas à éviter tout ce sang.
Pas le mien, pas intentionnel . . . Ce ne devrait pas être grave, vous saisissez, juste une boutade, un détail, un filament carmin et poisseux ne valant pas plus ou moins que les doigts tremblotant de la dame qui tentait de sauver une vie. Mes yeux les fixaient, ses maigres doigts indécis, auxquels s’accrochaient, faute de la tête penchée de la femme, des mèches sombres. Haut de cœur, épaules qui vacillent, regard qui penche vers l’arrière, je voulais me cacher, ne pas voir, je voulais m’approcher et toucher. Contradictoire.
Heureusement, je n’eus pas le temps de sombrer dans cette matérialité dédaigneuse, dans ce trop vrai de tout, dans cette spirale infernale d’événements. Le pas que je m’apprêtais à esquisser vers le corps du héro ─il était mort en héro, right ?─ dans l’intention d’aider ou d’achever, ma cognition n’arrivait pas à se décider, humain ou Chess, Chess ou humain ─Qu’avais-je envie d’être, exactement ?─ n’atteignit jamais la réalité. Nope, vraisemblablement, cet autre héro, ce corbillard couvert d’hémoglobine et de meurtre, était venu à ma rescousse, vêtu de son armure d’entrailles vermeilles.
Et cette main sur mon poignet, cette odeur fétide et cette envie de grimper dans la légèreté du monde pour disparaitre. Je recourbais mes doigts dans sa poigne, débattant mon poignet enfermé pour venir enfoncer mes ongles dans sa chair, panique palpable, regard exalté d’une émotion inconnue. Pas de la peur, c’aurait été trop simple d’avoir peur, d’être effrayé. Gorge désertique, cœur rompant mes os pas ses battements et les yeux bleus de Zakuro. Je voulais les manger, les avaler, je voulais . . .
Que le monde se taise. Je ne voulais plus l’entendre. Le doute, l’agonie et la possibilité de rompre cette fine barrière de limite en tirant sur cette gâchette de métal, en poussant la main de la femme reconvertie en médecin trop loin dans la pièce. Jouer au maître de tout, s’approprier les droits de la vie, le pouvoir absolu. Laisse-moi me noyer dans la possibilité d’être Dieu et disparait bruit, je t’emmerde réalité.
Taisez-vous, taisez-vous, taisez-vous.
C’était à moi. Vous étiez tous à moi. Rien qu’à moi. Je dévorais ce bleu, m’embaumais de ce qu’il pouvait m’offrir à la manière d’un mourant face à de l’eau, valsant dans une intensité peu fortuite, dans la possibilité d’une échappatoire à cette sensation incontrôlable, à toutes ses pensées qui se bousculaient sans réponses et sans sens, à cette idée saugrenue d’être trop désemparé pour bouger. Lorsqu’il dévia de ma silhouette, ce regard, cette abysse, mes entrailles se tordirent dans des spasmes presque plus lourd contre mon égo que cette vulgaire position de l’otage l’avais été. Je voulais jouer, mais je craignais les répercussions du jeu, ce visage que je verrais dans le miroir après la partie. Ce sourire.
Mon sourire.
La main glissa, paume large, paume solide, et mes ongles tentèrent de la retenir, crissant contre la peau, larmoyant contre la chaire ensanglantée. Je décelai une brève moue sur ce visage que je ne pouvais lâcher, et le retour de cette main, un retour bref destiné à me restituer ma blancheur, mon aspect faussement immaculé. Je n’étais pas humain, je n’étais pas comme tous ces gens qui scandaient leur panique dans des voix aux tons variables. Non. Non. Nononon. Jamais. Jamais. Jamais. Jamais.
L’immatérialité se glissa hors de sa bouche, particules insaisissables, indiscernables que je m’appropriai derechef. Il me les appropriait aussi, ces bribes indéchiffrables, perçait ma désorientation maladive de composantes sensées en me les apposant sur le front d’une manière pratiquée. Inspiration fautive de trouble et mes mains qui n’arrivaient de trembler en face de la tension. Insuffle le moi le calme de tes prunelles, le ciel libre et voltigeant de tes iris. Je veux me réfugier dans ces prétentions que je cultive, comme un héroïnomane cultive les rêves de guérir avec la drogue. Calme-toi, calme-toi, calme-toi, ou attrape ces cheveux noirs, matraque ces pleures et perce ses yeux. Englouti dans ton rire toutes les âmes brusquées et garde-les, garde-les consciencieusement dans un coin de ton enveloppe physique.
Litchi s’éloigna et mon champ de vision perla un instant sur la charcuterie divine qu’était devenu l’autre homme. Pas celui que j’avais épargné, non, celui-là s’en sortait avec la prestance d’une charogne, non, l’autre, le plus petit, le plus fragile, le plus atteint, qui gisait dans des gargouillements de gorge mouillés qui n’en finissaient plus d’être réitérés.
Je ne voulais pas hésiter, je refusais l’immobilité, j’asphyxiais la gangrène m’éloignant de moi-même, m’habillant des mêmes instincts primaires que tous ces idiots balbutiant leur effroi. Inspiration, expiration, Chess qui aspirait, sans tuer la matérialité, simplement en s’abreuvant de ce qu’il y avait dessous, de ce qu’on ne pouvait voir si on ne savait que voir. Je crispai mes mains, forçant les spasmes nerveux dans un arrêt manquant de souplesse. La main contre mon épaule, cette intonation à mon oreille, confirma la suite des événements, ce retour chevrotant d’une maitrise jamais proprement réelle, toujours plus imaginée qu’instituée. Il était vrai que j’exécrais la monotonie jusque dans les plus profonds replis de tout ce qui me déclarait ‘moi’, que je tenais en horreur cette homogénéisation de la pensée, cette folie presque médiatique qui rampait dans l’esprit des gens et les figeait, sur place, comme des statuts de cire se condamnant elles-mêmes à moins, elles-mêmes être pathétique.
« Je t’ai battu, aussi. Vaincu dans la poussière de tes croyances . . . »
Et je voulais bien taire la réfutation qui brûlait le bout de ma langue comme de l’acide, cacheter la démangeaison de lui cracher au visage, qu’une laisse ne siérait jamais autour de mon cou, mais . . . c’est le regard de l’incertitude qu’il percutait, le reste s’éparpillant dans une danse frivole visant à reconstituer l’existence. Et je . . .
« Mais . . . »
Je n’appartiendrais jamais à qui que ce soit, mais peut-être que pour l’espace de quelques heures, jusqu’à ce que le brouillard se dissipe et me laisse l’opportunité de réfléchir correctement, je pouvais me prélasser dans une prétention joueuse. Faire comme si.
Comme si je lui appartenais. Bien qu’il serait évidents pour tous les partis inclus qu’il ne s’agirait que d’un passage temporaire, momentané dans le cheminement de l’existence et qu’aussitôt que la situation pencherait dans un autre sens que je m’éclipserais là où mon intérêt aurait plus de chance de proliférer. Ses paumes sur mes tempes, la chaleur sanguine et ce monde qui rapetissait jusqu’à n’en devenir que la combinaison de deux êtres opposés. Regarde-moi comme je te regarde, l’océan stellaire de tes iris ricochant contre les flammes damnées des miens.
Zakuro avait trouvé quelque chose dans ma façon d’esquisser mon parcours dans la réalité d’autrui à la manière d’un courant d’air froid qui exerçait une puissance et me le renvoyait, infaillible derrière cette humanité archaïque qui le caractérisait. Pourfendrait-il le monde de son sabre, carnassier et indestructible, apposant sa vision du monde à la société actuelle, cesserait-il de se noyer dans ses hésitations.
Cesserais-je moi-même de le faire ? Une rencontre rampante, un murmure philosophe et la ville aussi grise que les parois de ce compartiment de métro s’étendant derrière mes paupières. Le voir dans cet environnement, féérique, fantasmagorique, irréel, me donnait envie de réfuter immédiatement la quiétude de jouer lui appartenir pour inverser les rôles, basculer, faire basculer, remodeler, encore une fois, la perception des choses. Mes propres mains surplombant les siennes, plus délicates, mais toutes aussi létales, glissant sur sa peau, oubliant le sang, oubliant l’agonie du métro, réunion cognitive poussant les limites de ce qui était et ce qui n’était là pourquoi plus loin que la matérialité.
« Non, non, je t’ai construis, tu es à moi. »
Viens valser avec moi, dans le ciel d’aurore humain, viens admirer le fourmillement de la vie en contrebas. Les gens meurent, les gens disparaissent, mais plus que n’importe quoi, ils vivent, perdurent et persistent. Perds-toi dans la renaissance de mon sourire et regarde, regarde, l’éternité qui transcendera tout.
Sérénité équivoque, aussi longtemps que j’encastrais mes pupilles sur l’épiderme de Zakuro et rien d’autre, aussi longtemps que j’oubliais quelques détails au profit de d’autres, jouant sur mes intérêts, jouant sur mon parcours, je pouvais devenir celui que je voulais être.
Je n’étais pas celui qui avait tué, après tout, je ne m’étais pas désobéi. Absolument, certainement, possiblement, malgré le chatouillement véreux qui obnubilait ma matière grise. Et l’extérieur m’appelait, l’idée de me retrouver mêlé à des lentilles répendant la fausseté me répugnait, si bien que mes pas s’enchaînèrent automatiquement à ceux de Zack, laissant la cacophonie pour rejoindre l’obscurité et le silence.
La redondance possible de la situation, imaginant chaque rame de métro attaquée pas des tyrans en proie aux mains de la société me fichait la nausée, et je préférais taire mes pensées, m’immoler de noir et suivre le son de la respiration de Litchi, appuyant ma main contre ses omoplates.
Dans le noir, on ne voit que ce qu’on est apte à voir, souvent nos plus grandes peurs ou ce qu’on préférerait avoir sous les yeux.
And that is great. That is good. Car je ne me vois pas, dans le noir. “ WAS IT A SUCCESS ? WAS IT A FAILURE ? ” Couvertures d’encre et de confort silencieux. Mes oreilles, tympans tendus dans l’attente d’un bruit n’émanant pas d’un des deux membres de notre duo poisseux, restaient à l’affut d’éventuels coups de feu supplémentaires, ne délaissant pas la possibilité que peut-être tout le métro était assiégé par ces tyrans. Une simple possibilité que je n’avais pas le cœur d’aller confirmer, me tenant le plus près possible de la paroi du tunnel, évitant tranquillement les rails habituellement électrifiées de l’endroit. Mes paumes allaient et venaient sur le dos de Zakuro, craignant de le voir s’évanouir parmi les ténèbres si j’arrêtais par malheur de faire perdurer mon contact avec son vêtement.
Le jour où le chat de Cheshire suivit Zakuro Fea dans le métro, indeed.
Le choix, coup de tête se réfléchissant à mesure où nous avancions, qui nous avait poussé à quitté les autres otages pour nous enfuir par la porte forcée d’un métro arrêté, me paraissant de plus en plus judicieux. Il y avait un bon nombre de cadavres ─que deux, mais cela me semblait un nombre terriblement faramineux─ qui gisaient dans l’espace restreint où une détonation meurtrière avait retentit. Une détonation accompagnée d’un cillement métallique. À vrai dire, j’aurais voulu partir, quitter l’endroit à la vitesse du vent, œsophage bloqué par l’envie de rire le sang, de pleurer la mort et de me perdre dans les ruelles d’une pensée atypique que je ne maitrisais que dans mes plus grands élans d’impulsivité, même si ce crissement de lame, cet affront à la chair n’avait pas eu lieu.
Ça me faisait pourtant une belle jambe de pouvoir l’utiliser comme excuse. Si Zakuro se faisait coincer, je n’en donnais pas cher de sa peau, corps pendouillant au bout d’une corde, ou sur une chaise chargée de le calciner de l’intérieur. Si Zakuro se faisait coincer on le passerait sous la loupe d’un juge, menton relevé, regard ferme. Je le voyais déjà se jouer de la loi, pourfendre sa propre gorge de sa lame. Une tête volant en éclat, roulant, roulant, devant une multitude de regards acharnés, les spectateurs du procès étudiants. Les gens qui justifieraient l’acte par la légitime défense et les autres qui lui accorderaient la dégaine d’un monstre. Ils verraient la tête tracer son chemin sanguinolent sur le sol, cheveux virevoltant au rythme des tonneaux et penseraient : what have we done ?
Mieux valait s’éclipser et prévoir user de ma fortune familiale si les choses tournaient au vinaigre. Zakuro ne se doutait certainement pas des milliards qui rampaient derrière ma personne, des attaches matériels qui me permettaient d’œuvrer en marges des conventions plus facilement. Oui, l’argent adoucissaient les mœurs de plusieurs et je l’aimais de pouvoir me faciliter la vie tout autant que je le haïssais de trop facilement obnubiler la gente humaine. Ce n’était qu’une valeur secondaire qui positionnait les gens dans une hiérarchie foireuse se basant davantage sur les conditions des uns plutôt que sur le potentiel.
Flagrant dédain. Et après on disait que j’étais le fou, heh.
Je m’amusai à croire, arpentant les ténèbres de mes yeux aveugles, que le rire de Zakuro était dû au fil de mes pensées plutôt qu’au sien, l’imaginant hilare d’envisager sa tête rouler sur un parquet poli. À demi retourné, penchant sur le côté, car il ne se tenait pas aussi près du mur que moi, il semblait me détailler de ces prunelles que j’imaginais briller dans l’obscurité. Une question, un rêve, un envol de pages trop souvent lues. Un sourire se glissa sur mes lèvres, trop large pour ma morphologie, trop étroit pour suffire.
Alice. Les paroles me firent frissonner, la petite blonde qui sautillait le long d’un trottoir, lançant des mots en ‘M’ dans les airs de sa petite voix flûtée. Si innocente, si pure . . .
« Elle me trouvera d’elle-même lorsqu’elle aura suivit le lapin . . . »
Un rire éthéré, la perspective d’attraper cette main à la peau intouchée, de la teinter d’idées contradictoires, d’idées qui, de la même manière que cet avènement de conversation, dissonaient du reste de la réalité préalablement vécue, connue. Je l’attraperais par la main, cette enfant ingénue d’imaginaire, et la ferait valser jusqu’à la table du Chapelier, lui déposant un haut de forme sur la tête pour faire concept, lui chantonnant des boutades obscènes à l’oreille. Ne crois-tu pas, ma jolie, que celui qui se trouve devant toi est . . . ---
Zakuro disait la plaindre, pourtant, n’était-il pas une Alice en lui-même. Pas le spécimen originel, j’en convenais, mais une Alice tout de même, quelqu’un de perdu, ayant été guidé à travers un monde de merveilles. Réveilles-toi, ma chère Alice, c’est le moment d’assumer qui tu es et de répondre à la bonne question.
« C’est hypocrite de la plaindre. », grommelais-je, appréciant l’écho indistinct de ma voix dans le tunnel et la lumière qui perlait dans l’horizon. La sortie.
J’accélérai le pas, rejoignant la zone d’embarquement, portant mon regard sur un quai vide, sur la diffusion et l’oblitération de l’une de mes passions. C’était anormal de ne voir que silence et absence entre les cloisons d’une station de métro. Un métro japonais, qui plus est. Ces trucs n’étaient pas faits pour être vide, pour être tranquille, pour ne laisser filtrer qu’un vieux relent d’odeur humaine s’évacuant lentement. Je jetai des regards aux alentours, me perturbant du vide, un vide lourd et réel qui perdurait dans la possibilité que j’avais de le toucher. J’écartai ma paume devant moi, cherchant, analysant, me perdant. Disparaissant et ne laissant pas même mon sourire confirmer ma présence, diffusant mon existence dans l’atmosphère. Immatériel. J’enjambai les marches menant aux hauteurs coutumières du quai. Pas de sécurités, pas de retardataires. Combien de temps avions nous subit cette foutue position d’otage comme des dindes incapables de s’opposer à une dictature humaine ? Zakuro s’interrogeait aussi, même si la ligne de ses questions n’arpentait pas le même chemin que la mienne. Je claquai ma langue contre mon palet, désabusé. Cela voulait-il dire qu’il n’avait pas imaginé sa tête ?
« Pas autant que de savoir ce qui se trame là-dessous. Visiblement. Sinon, ils seraient là pour nous accueillir, don’t you think ? »
Puis je le détaillai du regard, ne prenant pas la peine de masquer mon rictus oscillant toujours entre le mépris de son acte et la fascination de son geste. Je n’arrivais pas à me décider, peut-être que je n’y arriverais jamais. Ma langue vînt plonger dans le ravin sanglant de ma lèvre inférieure, mimétisme de son mouvement visé. Oui, j’avais remarqué l’état de ma tronche, je le ressentais, vrillant d’une douleur diffuse qui n’atteignait plus vraiment mon cerveau. Habituation sensorielle.
« Tu es couvert de beaucoup plus de sang que moi, dans tous les cas. »
Les fluides carmin le peignaient comme un artiste sur son canevas, oblitérant la possibilité de me dire que ce moment n’avait rien de réel, rien de tangible, me plongeant dans une fougue soucieuse de m’accrocher au déni. Couvert de sang, avec cette dystomie intérieure qui m’empêchait d’en rire, qui m’empêchait d’en pleurer. Juste quelque chose, quelque chose de coincé et qui s’empalait dans le mutisme des lieux. Zakuro le guerrier, l’aguerri personnage dont on relatait les aventures dans les contes les plus glauques. Contes parés de couleurs scintillantes, mais qui au final, ne relataient qu’une épopée enveloppée d’une débilité profonde qui nécessitait l’analyse pour la compréhension.
Pensées encore une fois divergentes, mes pas me promenant jusqu’au centre de la plateforme, plus loin des rails, plus près de la sortie, franchissant cette même embouchure qui ramenait au vide, au ciel, comme ses yeux. Litchi revenait à la charge avec cette notion d’appartenance. Je tournai la tête, le toisant avec une condescendance absente, fléchissant dans un sourire obtus. Une réfutation énervée sur le bord des lèvres. Quoi.
Une réfutation décédant, décédée, qui plongea dans l’abîme d’une fascination obsédée, alors qu’il décrivit la libération du corps, de mon corps, et les répercussions du rire. Comment il voulait le voir, la promesse d’être quelque part dans les loges, portant éloges. Je serais tout ce que je voulais, ne serais rien de ce que je subirais et deviendrais celui que j’avais toujours voulu être. Un jour, lorsque la possibilité de tout concilier se profilait comme évidente, englobant toutes ces miettes absolument, littéralement, encastrés en ma propre âme. En marge du monde, gobant la vitalité et les secrets.
J’éclatai de rire, ululant ma cognition, placardant l’effet de mes synapses sur lui. Un hochement de tête succinct vînt dominer sa requête. Bien sûr que je voulais qu’il soit là, toutes mes réussites seraient invitées à assister à l’extraction de la matérialité, à l’hilarité légère plus ultime que n’importe quelles bullshits des divinités illusoires créées par les peuples. Elles seraient toutes invitées et lui, je l’installerais sur un trône de verre pour qu’il puisse m’admirer, me désirer. Absolument. Mon petit rônin vêtu de passé, revêtant les vêtements ancestraux de l’époque qu’il convoitait, cheveux de jais retenus vers l’arrière, regard convergeant avec le reste de mes capacités, se perdant dans les pulsations de mon hilarité.
Donne-moi tes yeux, je les élèverai avec moi. Et tu pourras voir, l’instant d’un moment, le monde à travers mes lentilles. Rouges, bleues, violacées, je te laisserai même choisir la couleur. Mais pour cela, tu dois tenir ta promesse, t’accrocher à moi, m’aduler pour l’éternité. Pas comme tu le ferais avec un dieu, non, comme tu le ferais avec moi, simplement. Réécris tes règles, dessines-les à ton image et appliques-les. On peut aussi faire sans ces trucs dégoutant, sans les règles et les mises en forme, mais tu as l’air de les aimer, juste assez pour ne pas savoir t’en passer. Rire, rire, rire, je laissai ce sourire, vassal d’un monde inexistant, gonfler mon visage de ses ardeurs, déposant mon regard d’hétéchrome mensonger sur la silhouette ciselée de Litchi.
« C’est toi qui m’appartiens, Za-ku-ro. Je le répéterai autant de fois qu’il le faudra. »
Nous avancions entre les immeubles, de retour au gris de la ville et du monde, à l’homogénéité détestable de la surface. Les gens pullulaient tout autour, déposant des regards sur les formes malmenés et vermeilles que nous apposions dans le décor. Ils sautillaient entre la curiosité et le dédain, entre la surprise et l’intérêt, touchant avec les yeux sans pour autant s’écarter de la monotonie de leur parcours. Que leur aurait-il coûté de nous aborder, un détour de pas d’une brève durée, une question libérée au lieu de rester pendue au bord d’une bouche toujours trop silencieuse. Je leur rendais leur regard, lorsque j’arrivais à croiser leurs pupilles fuyantes, effronté et fier de l’être.
Zakuro nous amena dans une sorte de magasin pharmaceutique, une pharmacie pour faire plus simple, mais je n’y portai pas réellement attention, le suivant entre les rayons comme une poupée de chiffon, laissant mes prunelles glisser sur les étagères. Les bouteilles colorées des shampooings, les multitudes de types de déodorisant, les formats variables de brosses à dents ou de tampons. La poupée de tissu que j’étais se voyait tout de même pourvue d’oreilles fonctionnelles et suivaient les sons, en même temps que ses yeux concentrés arpentaient les étagères. Le mot ‘sang’ tendait à se matérialiser dans toutes les conversations de ceux que nous passions, et limite, il serait aisé de justifier le sang qui nous rougissait par le prétexte d’une querelle, d’un combat. Et non par l’apposition d’un meurtre, d’une lame et d’un fusil échappé contre le métal.
Quoiqu’après réflexions, mes plaies étaient davantage dues à Litchi lui-même qu’à notre mésaventure du métro. Les omoplates contre les tatamis, contre un mur et Aliss voltigeant dans les airs. Mes les questions n’affluaient pas, donc les justifications ne possédaient que très peu d’importance, qu’elles soient véridiques ou fausses.
Zakuro s’arrêta, d’une manière que j’interprétai comme subite, laissant mon épaule heurter mollement son corps, avant que je ne juge pertinent de lever les yeux. Lever des yeux sur l’étalage aux indications érotiques. Langue soudainement pâteuse, lançant un regard de biais, sournois et incertain, à mon partenaire.
« Oh . . . », onomatopée discrète se glissant d’entre mes dents.
Les couleurs défilaient encore, similaires à celles perçues sur les bouteilles de lotion à cheveux, mais se différenciant dans le détail de la forme, bien qu’au final tout était phallique ici, allongé, par pratiqualité et ou par soucis du symbolisme masculin. Qu’importait, au final, il serait bien difficile de m’attaquer à cet aspect dégradant de la société, la domination phallique, l’assouvissement vaginal, surtout lorsque mes paumes fébriles se voyaient gratifiées d’une petite boîte carrée.
« Condom, check. »
Voix joyeuse, loin d’être ambré par la désopilance des événements, suave et fraiche contre mon cerveau tournicotant. Je ressentais le feu dans mes joues clairs, réalisais l’impossibilité de me cacher derrière l’obscurité ou ma tasse de café, tournoyant, pas nerveusement, jamais nerveusement, le paquet de préservatifs entre mes fins doigts.
Effectivement, notre exhaustif planning, qui s’était vu perturbé par quelques imprévus, touchait à sa fin, amorçant la conclusion au bouquin que nous dressions, une conclusion que je n’étais pas certain de vouloir toucher, malgré la fatigue s’immisçant lentement dans mes os, malgré le besoin de me retirer de l’extérieur pour me terrer quelque part et ne plus rien voir.
« J’aurais dû garder le revolver, j’aurais pu te faire jouer à la roulette russe . . . »
C’avait été une journée bouillonnante de rebondissement, sauvage en son intérieur, portée à son comble par la couleur et les teintes immatériels de nos mentalités. Je lu la marque japonaises des bout de plastique lubrifiés, saveur d’hibiscus, me perdant dans la contemplation imagés de ce que nous allions faire avec ces trucs. Les muscles crispés de Zakuro, les lignes de son corps. Il nous faudrait laver sa peau, retirer le sang, barioler de savon. Le mur de la douche . . .
La suite . . .
Je déglutis, chaton pathétique, subissant une seconde, encore, avant de me raviser, avant de réfuter. Si Zakuro arrivait à en rire, c’est qu’il n’y avait strictement rien de formalisant dans la situation, dans aucune situation, même. Je glissai un sourire goguenard sur mes lèvres explosées, tenaillant un brin davantage ma blessures, observant les godes, avant de suivre le son des ricanements de Litchi en direction de la caisse. J’y déposai la boîte de condoms.
Une dame fine, cheveux de jais, traits doux, nous accueilli d’une impassibilité polie, tressaillant à peine à la vue de ma lèvre, plus professionnel qu’une reine. Je lui accordai un sourire, étirant ma lèvre ouverte un peu plus sous ses observations analytiques, gardant le silence, sans pour autant m’empêche de glousser subrepticement. Je détournai la tête, accrochant au passage l’expression inquisitrice de Zakuro avant de m’écarter de la caisse pour esquisser quelques pas en direction de la sortie, dévisageant les gens qui ne se lassaient pas de nous observer avec toute l’intensité de mon rire, de mon sourire, si large, trop large, dantesque.
Le claquement de la monnaie, puis une parole ou deux de la part de la caissière, créant sur le facial de Zakuro une expression pantoise qui bordait l’adorable. Je sortis, le laissant trainé derrière moi plutôt que le contraire cette fois, orientant mes yeux vers le ciel, appréciant les percées de bleus de plus en plus striées de gris et le soleil qui se terrait graduellement derrière de lourds monticules de nuages grisonnant.
Il allait pleuvoir. La pensée adoucit mon sourire, une expression bénévolante venant se poser sur mes traits comme un papillon, filtrant mon regard de calme lorsque je le posai sur la forme de Zakuro, plus particulièrement sur cette main qui me tendait une nouvelle boîte, des sparadraps, cette fois, ou plasters, dans le jargon de chez moi. Je la lui chipai, la fichant dans mon sac sans réellement prendre le temps de l’observer ou de m’en intriguer.
Je relevai les yeux vers le ciel et la première goutte se fracassa contre mon nez.
“ THE VOICE OF THAT TIME, EXISTENCE. ” « Chesha Neko, si vous connaissez les lignes de bus pour rentrer à l'Académie, ainsi qu'un moyen d'expliquer aux tuteurs la présence de sang sur nos effets sans encourir trop de danger, ça m'intéresse. Dans tous les cas, je suis partant. »
Dans tous les cas, heh ? I’ll have fun with that, don’t go regretting it.
Délaissant les étendues aériennes et pluvieuses du ciel, rien de bien pesant, juste quelques gouttes cristalline s’étant données pour mission de nous laver, je reportai à nouveau mon regard sur Zack, le vrillant d’une moue amusée. Un compliment sur l’habillement de mon regard, pointillant cet amusement presqu’affectueux, un brin léthargique. Ma langue mâchouillait la possibilité de lui renvoyer son compliment avec un claquement, susurrant que dès demain, ils ne ressembleraient plus à ça, qu’ils auraient changé, qu’ils changeraient toujours. Un regard noir, vacillant, humain. Je préférais nettement pouvoir m’attribuer des couleurs équivoques, s’apparentant à mon élan du jour, à ma perception ondoyante.
Mes mains valsaient près de la terminaison de ma veste, à peine plus bas que mes hanches, arpentant mes propres globes oculaires sur l’étendue ‘Fea’ dans une observation lascive, alors qu’il posait sur moi un regard si doux, si voluptueux d’une pensée qui charmerait certainement.
Je retirai ma veste, puis le haut dissimulé en dessous, dévoilant le désordre de muscles discrets et d’os qui résumait mon corps. Épiderme maculée d’ecchymoses en formation, gracieuseté de la violence trépignante de Zakuro, de son adresse démoniaque. Un bas ronronnement dans ma gorge au souvenir et des paroles lancées dans la pluie, accompagné d’un sourire joueur.
« On se déshabille et on fout les trucs souillés dans ton sac d’arme. Parce qu’ils ne s’approcheront pas du miens. »
Inutile de me débarrasser des mes jeans, le sang n’ayant pas vraiment pu les souillés grâce au couvert lime de mes bottes qui, elles, toutefois, avaient subis une vague agression. Je n’aimais pas les voix striées de rouge bruni, fronçant un instant les sourcils avant d’en détacher mon regard. Si on demandait, c’était de la boue et pas du sang. Qu’est-ce que du sang serait venu faire là, asshole.
Je lui tendis mes vêtements, tissus souillés de mon propre sang et de celui qu’il s’était chargé d’ajouter à ma personne, au même moment où sa voix retentissait, presque solennelle dans le décor emblématique de la ville bercée d’un halo de pluie. Je passai une main dans mes mèches d’opales humides, écoutant avec une attention maladive chaque syllabe prononcée, lui accordant un sens et un visage, avant de tout combiner en une phrase. Une phrase débordante qui lui valu un regard pointu, curieux, affamé.
Bien sûr que tes paroles m’intéressent, enfonce-les dans mes yeux, dans ma gorge, dans ma tête.
Donne-moi ton âme.
Et puis l’interprétation s’effondra, un nœud dans ma gorge, une boucle dans ma poitrine, ses genoux fléchirent et il s’inclina. Là où la signification en elle-même aurait pu me blaser, m’indisposer par sa simple présence de coutume, de morale, elle préféra m’étouffer un bref instant. Je le toisai, écarquillement surpris de mon regard, connaissant, sans patauger dans les notions précises, l’importance d’un tel mouvement, sa portée. Du respect de corps, du respect de locution. Je veux ta tête, pourtant. Statutification brève, figer sur mes jambes dans l’attente de quelque chose pour faire tourner la situation, une apposition inconcrète. Je le malmenai des yeux, le brusquai silencieusement, ne sachant si je devais me perdre dans la déception ou la fierté, ne sachant qu’elle était l’emblème exact de ce respect pour lui.
J’ouvris lentement la bouche, mes lèvres se décollant de façon posée, attrapant au passage quelques gouttelettes polluées. Puis j’hésitai, malgré moi, cherchant mes mots le temps d’une simili seconde, trouvant la raison pour laquelle son ressenti m’indisposait, mettant le doigt dessus et la lui lançant d’un ton conciliant, bien qu’un tantinet accusateur.
« Si tu me respectes, c’est que tu te censures. »
Il censurait la critique qu’il se permettait de faire, brouillait les pistes de son jugements pour ne voir que ce qu’il interpréterait comme clément, comme digne de se vautrer dans les définitions de l’élément ou, en l’occurrence, de l’individu respecté. Je ne voulais pas de cela pour lui, certainement pas lorsque ma personne était concernée, pas de cette barrière qui séparerait nos deux êtres, qui nous empêcheraient de communier sur un même pied d’égalité. Égalité qui laissait place à l’interprétation d’autrui, de ceux qui regarderaient, mais jamais de nous, de ceux qui participaient. Ma création . . .
« Je n’en veux pas tu sais . . . de ton respect. »
Je ne voulais pas le voir bloquer par quelque chose d’aussi répugnant qu’une fausse interprétation de celui que j’étais. Je m’approchai de lui, posant des doigts blêmes sur la peau de sa joue, élevant le bras pour l’atteindre. Une caresse fluide, un plissement de nez accompagné d’une moue oscillant entre la compassion et la condescendance, puis une simple phrase. Pas un aveu, pas une déclaration, un fait.
« Mais je veux bien t’avoir toi. »
Ma paume quitta sa joue, phalanges s’attardant pour y pianoter quelques notes muettes avant de se retirer, pour descendre et attraper les boutons de sa chemise. En défaire un, puis deux, puis trois, vois le tissu s’affaisser sur ses muscles et le tirer pour l’arracher complètement.
« Alors, enlève ça et viens avec moi, alright ? »
Ne regarde que moi, ne suis que moi. J’agrippai l’un de ses poignets, mon visage se tordant en un rictus dément, toujours trop doux pour être odieux, mais gardant cet aspect fantasmagorique qui prédominait dans mon atmosphère. Je l’entrainai à ma suite, marchant au début pour simplement finir par me laisser aller à une course folle sur le trottoir, les couleurs se brouillant, la pluie conférant au monde entier une odeur enivrante. Je savais qu’il avait la force de me suivre. Le sentiment d’exister en marge de tout, de brûler mes poumons d’efforts, d’exploser tout ce qu’il y avait de tangible chez moi. Des minutes, des heures, ce dédalle temporel qui me paraissait aussi significatif qu’un insecte. La route choisie important autant que le résultant.
Et l’académie. Elle me paraissait presque surréaliste, ainsi dressée dans mon champ de vision. Je frémis à la perspective d’une chaleur confortable contre mon épiderme, de l’eau brûlante plutôt que froide, une douche, et orientai mon menton pour lacérer les iris de Zakuro de mon propre regard. Un sourire, exalté, un rire chevrotant de souffle absent.
Et ses yeux.
Ses yeux. | |
| | | Zakuro Fea ▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
Genre : Age : 31 Adresse : 3, rue la Chance, app. 11, quartier Hiryuu, avec Lawrence E. Swanster. 1580 Multicompte(s) : Kojiro Sekigahara
KMO :
| Sujet: Re: I cling to. (Kohaku) Dim 28 Avr 2013 - 15:25 | |
| C'est une belle journée, je vais me coucher, mordre l'éternité à dents pleines. Le robinet couina sous mes doigts, comme un petit animal que l'on confond dans un jeu aux arômes sadiques. Cette journée avait, à mes yeux, commencée avec le soleil. Elle s'achevait cependant dans l'humidité chaude d'une averse de salle de bain, mais j’appréciais le contraste orageux de l'évolution. Derrière les fenêtres d'une cognition qui se perdait dans les limbes d'une assurance, d'une confiance en soi, et de toutes ces sensations nouvelles en embrassées par toute l'âme, il y avait la pluie d'un ciel gris qui pleurait sur un Japon que j'envisageais d'un œil différent. Il y avait cette pluie, lourde, qui hurlait dans les mélopées du vent, et qui teintait maintenant ma réalité d'une prise de conscience effarante. Je laissais glisser mes doigts sur ce métal de la plomberie, pour soulever mon visage sous le jet d'eau, les yeux fermés. Dans la puissance du jet, mes cheveux avaient été plaqués contre ma peau, et l'entrelacs de mèches brunes tâchait ma perception des couleurs, au delà de mes paupières, pour une considération qui dépassait les couleurs. J'abandonnais la chaleur de la réalité de la douche, pour envoler mon esprit, le noyer au vent, derrière cette fenêtre close, ce vent battant, et cette eau qui tombait en drue sur le béton armé d'un sol ayant sut façonner mon passé. J'abandonnais la réalité, je revenais une heure en arrière, je me perdais dans l'éclatante destruction de moi-même. Une heure. « Si tu me respectes, c’est que tu te censures. »Ça n'avait plus été normal. Ça n'avait plus été familier, connu, et rassurant. Ç'avait été cet inconnu que l'on s'acharne à fouiller, à comprendre, et que j'intégrais. Ça avait été l'explosion de quelque chose dans ma tête, et puis la destruction d'autre. Une reconstruction, certainement. Et ça expliquait pourquoi, alors que la pluie frappait le sol, mon dos, ma peau, j'avais cette sensation de ne plus appartenir à ce qui me fuyait. Ce monde japonais dans lequel mon père, si anglais, m'avait accroché, en m'expliquant, furieux, qu'il ne fallait pas s'éloigner de ses parents. Il avait pris ma main, et m'avait entrainé vers ma mère, pour qu'il ne me perde pas, dans ce monde de festivité du printemps. J'avais levé les yeux vers ma mère, habillée dans son kimono rose. J'avais contemplé cette fleur de cerisier. J'avais reporté mes yeux sur ceux, bleus, de mon père. Et je m'étais légèrement retourné, pour contempler le mont Fuji. Mais autour de moi, les japonais habillés de vêtements traditionnels, les japonais bavards et fourmillants, m'avaient cachés la vue de la montagne sacrée. Dans leur modernité, ils m'avaient cachés mon pont à la féodalité. Grandir, ça n'avait pas été si effrayant, pourtant. Ç'avait été le fait de se rendre compte, aujourd'hui, que malgré ce que je m'étais dit, Fuji-sama était resté caché à mes yeux, par un monde bariolé de couleurs qui se voulaient ancestrales, mais qui trempaient dans les nuances de quelque chose qui oublie et qui avance, avec la violence d'un courant d'humanité. Alors, lentement, mais pris par un frisson qui n'appartenait ni au froid ni à l'angoisse, j'avais relevé mon visage pour le contempler, et comprendre. Pour comprendre cette affirmation qu'il me jetait au visage, comme les claques du vent, qui balayaient mes joues, griffant mes dermes, déchirant des larmes de pluie contre mes yeux. J'avais serré mes lèvres, pour ne rien dire, et tenter de comprendre ce qu'il assurait, mais il y avait dans l'éclat de ces yeux tout le secret de ces choses qu'il explique, sans jamais appartenir réellement à la logique. Me censurai-je de par mon respect pour lui ? Pourquoi ? J'aurais aimé lever mes mains, et les refermer autour des siennes, en enserrant mes doigts sur les siens pour être sûr qu'il ne m’échappât pas. J'aurais aimé me relever, et plonger mes yeux dans les siens. Dans ce rouge et ce noir qui traçaient dans ma tête les sillons des tranchées entre la réalité et le possible, entre le fantasme et l'insaisissable ; ces sillons qui creusaient mon cœur pour le saigner à blanc, et pour modifier la régulation de mon être. Pour transformer, pour modeler. Et j'acceptais. Je réclamais. Je hurlais à ce changement qui secouait mon corps de ce frisson, à ce changement qui me faisait me tenir sous la pluie devant lui, juste parce que c'était lui, et qu'il était là. Et qu'il était Chess, et que je n'arrivais pas à l'exprimer autrement que par ce cri dans ma poitrine, ce cri silencieux de l'être qui contemple, fasciné. J'aurais peut-être du ressentir le froid de mes rotules contre le béton, contre la surface dure et mouillée, de ma peau éraflée, de mes mains trempées, et du vent dans ma gorge. J'aurais peut-être du avoir mal quelque part, ou ressentir quelque chose qui s'approchait de l'appréhension du regard des Autres ? De l'Autre ? Mais j'avais centré mon attention sur lui, j'avais posé mes yeux sur lui. Sur lui, et sur personne d'autre. Même plus moi. Moi, je ne me contemplais plus que de l'intérieur de ma tête, sans parvenir à le désirer. Alors il y avait cette absence de jugement, cette absence de besoin de correspondre et de répondre à la demande. Il n'y avait que la logique de ce qui ne censure pas ; et l'être, dans mon cœur, palpitait follement, en se rendant compte qu'il commençait à exister. Il assurait sa mise en vie, et mon dageza était le vagin d'une vérité qui naissait. Il n'y avait tout simplement plus d'hésitations, et sous la pluie, mon regard pleuré par la pluie n'exprimait rien de plus que l'observation de ce qu'il était. De ce qu'il serait, aussi. Je ne devinais pas ce qui se cachait derrière les nues de son existences. Mais j'avais décidé de mordre à son âme, pour ne pas m'en défaire. « Je n’en veux pas tu sais . . . de ton respect. »J'avais écarquillé les yeux. Puisque je n'avais pas compris, mais je n'avais pas réagi autrement. Mais il n'y avait pas eu cette douleur. Seulement cette seconde folle d'excitation qu'est l'attente d'une suite, qu'elle soit massacrante de mon humeur ou non. J'avais crispé mes doigts lorsqu'il avait levé sa main, et j'avais frémi, pour taire tout ce silence dans ma tête, pour faire éclater un chaos organisé de quelque chose qui se relève. Mes cheveux avaient balayés mes mâchoires, glissant sur ses doigts lorsqu'il avait posé sa paume contre ma joue. Une vague de froid avait parcouru mon dos et mon ventre. Tout avait t-il été dit, pour que je me sente aussi vide ? J'avais le souffle court, et j'aurais aimé disparaître. Ne plus posséder de corps, et simplement fermer les yeux pour ressentir ou contempler. Mais ç'aurait été lâche, ç'aurait été refusé le rônin qui était pourtant si accessible, si près, désormais. Dans son regard, pourtant, quelque chose de si léger. Comme une plume, une plume envolée, si légère et libre, portée par le rien, dictée par rien, sans objectif et volonté, simplement le fait d'exister. Une plume. Puis, je me serai rendu compte, si j'avais essayé de l’attraper, que c'était bien plus. Que c'était un sourire. Que le blanc n'était pas une plume, que le blanc était immatériel. Pas de respect. Pas de censure. Et pourtant … Pourtant, c'était tellement plus. « Mais je veux bien t’avoir toi. »L'eau devint brûlante, et je fis glisser mes doigts sur les robinets, pour modifier la température. Les couinements irritants du métal s'élevèrent au rythme des circonvolutions des deux axes d'acier, et je reculais contre le mur, en amenant mes mains à la hauteur de mes tempes. Écartais les mèches qui collaient contre ma peau, pour les rejeter en arrière, alors qu'elles seraient immédiatement replaquées contre mes dermes ou entre elles, par le jet d'eau chaud. Je baissais les yeux. Contre l'ivoire des sols blancs, les dernières traces de sang s'enfuyaient dans un désordre aqueux, preuves emportées par le courant des gouttelettes qui chutaient dans tous les sens, déchirant même jusqu'au rouge, pour en faire un orange délavé. Je soulevais un pied, mais c'était mes bras, ma gorge et quelques mèches qui avaient été tâchées. Tâchées par l'écho d'un revolver. « J’aurais dû garder le revolver, j’aurais pu te faire jouer à la roulette russe . . . »Aurais-je refusé ? Rien n'était moins sûr. Mais peut-être aurais-je décliné. Pas par crainte du décès en lui-même, dans le cas d'une malchance. Mais par phobie de le voir disparaître, puisque je mourrai. Je n'aurais peut-être pas accepté. Parce que maintenant que je l'avais rencontré, je ne voulais plus le voir s'éloigner. Je ne voulais pas l’enchaîner, car je ne doutais pas un seul instant que cela fut possible. Je voulais simplement qu'il fasse partie de mon existence jusqu'à la fin. Qu'il m'appartienne. Il était mien puisqu'il existait pour moi. Pas grâce, ni à cause, mais simplement parce qu'il était rentré dans une journée lumineuse qui m'appartenait, et qu'il l'avait peinturluré, en m'imposant sa cognition. Et que je m'étais perdu pleinement dans la contemplation de ces mains s'agitant pour me défaire de ce que je connaissais. Et que j'avais voulu de cela, parce que je l'avais suivi, et qu'il m'avait obsédé. « Non, non, je t’ai construis, tu es à moi. »J'aurais du dire « oui ». Mais dans le noir du métro, je ne m'en étais même encore rendu compte de cette construction opérée. Sur mon âme, dans mon âme. Je ne l'avais compris que lorsque j'avais décidé de plier les genoux. Que lorsque je m'étais souvenu que, par compréhension, j'avais enfoncé deux lames dans le corps d'un homme. Lorsque mes genoux avaient touchés le sol, et que la pluie avait tâché ce sang qui, blasphématoire exhibition, avait hurlé ma prise de conscience. J'aurais du rire, en fait. Rire de cette Alice que j'avais plains, puisque je me plaignais moi-même. J'aurais du lui dire que je m'étais trompé. Mais peut-être savait t-il maintenant que j'en avais conscience, et que j'avais transformé tout cela. Peut-être. Cette idée d'être sien me plaisait. Indubitablement, elle était l'orgueil d'une passion que j'assumais, et qui me fascinait pour tout ce qu'elle enclenchait, salvatrice et destructrice à la fois. La rédemption était cruelle, mais la chute n'avait pas été douce non plus. J'avais saigné mon cœur, mon âme, ma réalité, j'avais pleuré cet être que j'avais été. Mais il était Chess, et Chess avait mangé quelque chose de mon âme, en me faisant prendre conscience de la manière d'être ce que je voulais être. Ne plus subir ces intempéries de la réalité des autres. Ne plus subir, tout simplement. Ce n'était plus le jeu que j'avais cru avoir engagé. C'était bien plus intense, bien plus dantesque. Et ça hurlait dans ma tête, comme ces milliers de souvenirs que j'avais construits sur ce qui n'était pas réellement faux, pas réellement vrai. « Comment fais-tu ? Comment fais-tu ce que j'essaie de faire depuis mes huit ans ? » Mon cri, mon angoisse n'avaient jamais franchi mes lèvres. Ce n'était pas grave. Plus important. Mais il l'avait fait, et en bousillant le Zakuro Fea du matin, il avait construit un Zakuro Fea pour le soir et le lendemain. « Je t’ai battu, aussi. Vaincu dans la poussière de tes croyances . . . »Ces croyances qu'il avait écorché, ces poussières qu'il avait balayé. En y repensant, lorsqu'il avait refusé mon respect, j'aurai peut-être du m'en formaliser ; il avait pourtant fait tout ce qui méritait mon respect. Mais je ne savais pas qu'il y aurait une autre phrase après ce refus. Je ne savais pas qu'il y aurait une autre acceptation, et ce fait était à ne jamais oublier. Je penchais ma tête, en arrière, puis en avant, les pensées perdues entre elle, sous cette douche trop chaude pour être la pluie, assez perplexante pour être un orage à elle toute seule. Il avait plaqué ses mains contre ma poitrine, en me renversant, en riant, et en disant que si je n'attaquais pas le premier, il me démantibulerait mon jeu. Pourtant, ce jeu, il l'avait transformé. Sans me le démantibuler. Sans en tuer l'essence. Bien au contraire. Mm ? Hein, Chess ? Peut-être que les poussières s'étaient trop amoncelées. Je coupais l'eau. Salle de bain random, pièce aléatoire dans toute l'Académie, nous n'avions pourtant pas attiré l'attention sur nous. Comme deux oiseaux perdus et piaillant dans une jolie cage, il n'y avait pourtant eu personne pour arracher nos plumes, et tordre nos cous. Quoique je n'aurais de toutes façons plus laisser faire. Et j'avais l'intime certitude que Chess n'aurait même pas envisagé cela comme possible. Peut-être. Si mon monde se construisait sur des peut-être, il évoluait en des convictions acharnées. Sincères, aussi. Et c'était peut-être ça qui faisait tout l'authenticité de l'univers de Chess. Parce qu'il y croyait. Je m'emparais de serviettes, frictionnant ma peau jusqu'à la rougir, pour assurer que je vivais, et que je choisissais. Mes mèches ébènes retombèrent sur mes joues quand j'abaissais mes mains et mes bras, en revêtant des vêtements toujours plus sombres, toujours plus sobres, mais qui ne m'importaient plus. J'allais jusqu'au centre de la salle, en attendant, en ignorant s'il chantait sous sa douche, ou s'il jouait avec ce sang. J'attendais, et les bras croisés sur la poitrine, j'étudiais les ouvertures et les possibilités des lendemains. Pas de censures. Pas d'hésitations. Les courbes de mes yeux s'étaient étirées en un regard plus pensif, plus songeur, perforé par les rêves qui s'y enchaînaient, et je relevais finalement les yeux sur lui lorsqu'il rentra dans mon champs de vision et de perception. Dans mes paumes refermées, derrière mes bras croisés sur ma poitrine, il y avait le mécanisme d'un rouage qui répondait au nom du Mû, qui avait palpité. Qui prenait tout son sens. J'effleurai des pensées cette existence. Avec pudeur, presque, j'en dessinais les contours, j'en caressais les teneurs, pour deviner ses aboutissants. Comme un sursaut aux battements de mon propre cœur, je défaisais mes bras, et m'avançais sur lui. Mes doigts s'emparèrent de ses épaules, et j'évaluais vaguement la chaleur d'une peau réchauffée par la température élevée de l'eau chaude. Il y avait ce regard. Ce regard-là. Ces yeux noirs et rouges. Mes doigts se refermèrent un peu plus sur l'articulation, et je me penchais sur lui, pour glisser outre ce souffle, pour caresser avec du bleu les angles de son visage, pour ne pas sourire, quand bien même l'expiration se serait faite douloureuse dans ma gorge. Et pour finalement effleurer des lèvres sa carotide. Un baiser, sur son artère, juste pour me souvenir. Du corps humain, de l'âme alien. De la chaleur de sa gorge, de la perception du sang sous mes lèvres, sous sa peau, de la pâleur de sa peau. Pour imprimer dans ma mémoire la sensation de sa pomme d'Adam en mouvement, et de la peau de sa gorge qui s'étire. Pour me souvenir de cette silhouette assise sur la fontaine, sur laquelle je m'étais penché, et qui avait levé vers moi son visage, pour un mouvement de ses mèches blanches. Pour ses deux yeux rouges, pour la première esquisse de son sourire, pour sa voix et ses mots aux intonations moqueuses, au rire dans sa gorge, et à son intérêt au monde qui m'avait frappé de par son étrangeté et mon incapacité à comprendre l'essence de ce qu'il pouvait être. De ce violet, de ces bottes criardes, de ces mouvements, de nos marches, et du poing de l'homme. De ce qui l'avait fait se relever, et de ce sourire si dantesque. De son sourire qui avait commencé à me dessiner son inhumanité, et de mon refus d'être son jouet, parce que j'étais bercé dans une constitution qui m'ordonnait d'être japonais moderne, qui m'ordonnait d'être l'enfant de la masculinité qui se veut générale et commune. De cette gifle portée par ses mots, sa vision de la société et de l'individu, du mascara autour de mes yeux, de son pouce sur mes lèvres. Du sourire qui aurait du en découdre. De la lumière du soleil, aussi. Il y avait eu le rire de ces lycéennes, il y avait eu l'odeur de café, et il y avait eu ce besoin de nous écarter. Il y avait eu son contact sur mon corps, il y avait eu le métro, et alors la sensation de poursuivre quelque chose que je n'arrivais pas à attraper. Il y avait eu mon jeu, son démantèlement, il y avait eu tout ces souvenirs ressassés, et les coups qui pleuvaient. J'avais essayé de trouver, avec mes propres moyens, comme si j'avais pu attraper son âme avec mes mains. Comme si, en le malmenant avec mes doigts et mes bras, j'avais pu essayer de le manger. Mais l'éclair bleu d'Aliss qui traversait l'air, et survolait les tatamis … Mais. J'étais tombé. J'avais perdu. J'avais perdu, et j'avais posé ma main sur sa joue. Nous nous étions relevé. Le soleil avait commencé à décliner, et la lumière avait commencé à changer. Allongé, le corps est mort. Pour des milliers, c'est un homme qui dort. J'avais suivi, abandonnant l'idée d'imposer ; pour essayer une autre motivation. Pour oublier ce que je connaissais, pour abandonner ma logique dont je venais de tester les logiques, et pour essayer de le comprendre. Pour le contempler. Pour rester fasciné. Pour observer ce métro dans lequel les gens me ressemblaient tellement, mais étaient si différents de lui. L'éclatant écho hypnotique du sourire du Chat quand il rit, et lorsque les deux hommes avaient ordonnés l'esclavage des mœurs, ils avaient essayés d’enchaîner ce que Chess venait de me révéler. Dans leur demande de se plier à la crainte et à la logique, ils exposaient aussi le moyen de ne plus hésiter ; ils soulignaient mon choix ou non de décider d'être et de ne plus hésiter. C'était une fleur pourpre qui était entré dans une vie qui s’achevait, dans une journée qui se terminait, et si une âme partait rejoindre l'éternité, moi, j'embrassais la découverte. Mes doigts s'étaient refermés sur mes lames. Il y avait eu ce regard de Chess. Il y avait eu ce frôlement d'énergies ; ces mei qui se déchiraient sous mes pieds, dans mon corps, et j'avais fait le choix d'avancer. Il y avait eu ce revolver qui avait fini dans les doigts arachnéens, et il y avait eu cette menace de Chess à l'adresse de l'autre homme. Parce qu'il avait un jour choisi d'être Chess, et qu'il l'était. Il n'était plus assez humain, trop crédible pour qu'il puisse se permettre de clamer cette menace. Moi, je l'avais cru. Il y avait eu ce rétablissement du juste, il y avait eu tout ce bruit, qui m'avait noyé dans ce flot d'humanité, et j'avais levé ma main pour m'accrocher à Chess. Tout ce rouge sur mon corps, pourtant … Ce sourire sur ses lèvres. Il s'était tellement répété. Jamais instable, jamais faux. Toujours sien, toujours celui de l'Hilare. Il m'avait répété que j'étais plus rouge que lui. Je n'avais rien dit. Je m'étais dit que c'était un baptême. Comme son rire, comme son rire. Je lui avais dit qu'il m'appartenait. Il avait dit non. Il avait dit non, et avait dit qu'il m'avait construit. Cette construction si effroyable, si effarante. Si plaisante. Si mienne, aussi. J'avais refermé les mains, en repliant mes doigts dans mes poings, pour ressentir. Le corps n'était pas mort. Plus jamais. Désormais mien. Désormais plus cerisier et sabre que jamais. Mais j'avais discerné ces bulles de blanc dans cette pluie de rire et de sang, dans ce noir et ce rouge. Discerner quelque chose dont je ne détournerai plus les yeux. L'éternité de Chess avait le goût de l'insaisissable, mais j'avais décidé de lever la main. Je m'étais demandé si cette main dans mon dos, tandis que j'avançais dans le noir d'un métro éteint, d'un terrier disparu, avait pour but de me pousser quelque part. Hein, Alice. C'était hypocrite. C'était pour saluer ma propre disparition, au final. Sauf que ce n'était pas une mort. Il n'y avait pas eu d'accueil, oui. Même pas pour nous, oui. Pas d'accueil pour les deux êtres que nous étions, pourtant. Revenus du noir, dans ce silence troublant qui vide qui effraie. Pas d'accueil, tout simplement, mais ce n'était pas nécessaire. Il y avait eu cette lèvre ravagée qu'il avait creusée toujours un peu, toujours à chaque fois, en en étudiant les contours de la plaie, en violant un peu plus la blessure. Heh, il avait ri face à ma promesse. Mais il n'avait pas dit non. Et quand bien même... C'était une promesse. Ça ne se défaisait pas comme ça. « C’est toi qui m’appartiens, Za-ku-ro. Je le répéterai autant de fois qu’il le faudra. »Mais je serais là. Et qu'il répète. Qu'il répète autant de fois qu'il le faudrait. Et je ferai en sorte que jamais, cela ne suffise. Ainsi, je m'assurerai qu'il ne s'éloigne jamais trop longtemps. Aha, que d'égoïsme. Que d'égoïsme plaisant. Serai-je pardonné si je disais que c'était pour Chess ? La lumière avait disparue, et la pluie était tombée sur nos fronts. Le soleil, qui avait accueilli un moi normal, bordé par mon existence de la veille, avait été caché par les cumulonimbus, et j'avais abaissé mon corps devant le sien. L'eau avait nettoyé un peu du sang, qui, dans les fluides emportés par les descentes du trottoir, avaient glissés sous mes doigts. Un peu comme le rouge de ses yeux, ou le rouge qui avait empourpré ses joues dans la pharmacie, à l'instar de mes propos sur la boite carrée que je lui avais tendu, sans rien sous-entendre, pourtant. Adorable. Vraiment. Immortel instant d'adorable que j'avais photographié dans ma mémoire. Un de ces éléments, tout petit détail de cette journée à ne pas oublier. Les préservatifs avaient disparus entre ses doigts. Sous la pluie, j'avais eu ce frisson. Sous la pluie, il y avait eu ce « moi ». Ce moi de maintenant. J'avais fermé mes yeux. Une seconde. Une seule seconde. Ça avait suffit, pourtant. TU TE CENSURES. Si tu me respectes. Pourquoi ?De ne plus voir comme savoir. Il avait posé sa main sur ma joue, et j'avais tenté de comprendre. Vraiment. « Je n’en veux pas tu sais . . . de ton respect. »J'avais compris que le respect n'était pas à utiliser pour lui. Pas de la façon dont je l'envisageait. Oh, peut-être … La pluie avait baigné mes joues, mes lèvres, mes yeux, lorsqu'il avait bouger ses doigts. Dans un geste si léger, presque imperceptible sous cette eau. « Mais je veux bien t’avoir toi. »L'avait t-il remarqué, lui ? Le ciel était bleu. Les nues pleureuses avaient parées leur cotonneuses silhouettes d'un apparat aux gris transcendants, mais les bleus avaient été là. Partout, au dessus de nous. Que le sang ne s'approche pas de son sac, n'est-ce pas ? Oh, Aliss. Il avait lentement enlevé ma chemise, et j'avais enlevé mon vêtement, avant de détacher lentement mes yeux de son visage. Pour observer le ciel, pour étudier ce bleu qui pleure. Il avait pris ma main, et dans son sourire, comme un signal, m'avait traîné. Courir. Courir, dieu, que ç'avait été épuisant. Mon cœur avait hurlé à l'effort non justifié, mes muscles dévorant une énergie que je n'avais plus, mes poumons avaient enflammés un sang qui bouillonnant dans mes veines, striait mon esprit par une chaleur qui contrastait à la pluie. Mais j'avais couru. « Viens avec moi. » Je venais. J'irais. Nous avions atteint l'académie, sans que je ne m'en rende réellement compte. C'était uniquement lorsque j'étais passé devant une porte que j'avais reconnu comme la mienne que j'avais serré mes doigts autour de son poignet. Stop. Stop, stop, stop. Cette sensation d'arriver face à une porte que je n'avais jamais franchi de cette exacte manière avait quelque chose de grisant. D'inconnu, tout autant. J'avais reconnu la porte, et j'avais remarqué qu'il n'y aurait plus de menace. Je l'avais poussé dans le dortoir, puisque ni Gabryel, ni Lindsey n'y seraient. J'avais jeté mon sac sur mon lit, j'avais attrapé des vêtements, je lui avait tendu de quoi s'habiller, quoique cela sortait particulièrement de son style criard, et j'avais pris un survêtement noir pour moi. J'avais ouvert le sac, j'avais enlevé les lames, et j'en avais ôté une fois de plus le sang. J'avais marché d'un pas lent jusqu'à la salle de bain, sans réellement savoir s'il venait aussi ou non, je m'étais glissé dans une cabine, m'étais dénudé, et je m'étais simplement laissé aller sous l'eau. Le sang avait coulé. Coulé de mon cou, de mes ongles, de mes phalanges, des vêtements que je laissais traîner sous mes pieds, sous la douche. Mes cheveux, que j'avais rejeté en arrière, et de cette pluie chaude. Le savon, avec ses bulles multicolores, qui s'envolaient dans tous les sens, comme des centaines de petits nuages faussement blancs. J'avais nettoyé mon corps, pour ne pas oublier les erreurs, mais pour qu'elles cessent de me tâcher. J'avais laisser l'eau couler. Le visage de l'homme blond était venu se poser sur le mur de la douche, mais je n'avais pas tourné les yeux vers lui. Je n'avais plus peur. L'eau avait cessé, et j'étais sorti de la douche. Le son d'une seconde douche m'avait appris que Chess devait peut-être en utiliser une aussi. Ou alors quelqu'un d'autre ? J'avais remonté la fermeture éclair de la veste de survêtement sur ma poitrine, et j'avais croisé les bras sur ma poitrine. En attendant. En réfléchissant, sans besoin de comprendre. J'avais compris, déjà. Mû.Un baiser sur sa carotide, simplement parce que j'en avais besoin. Et envie. Un baiser qui renfermait un silencieux « merci », que j'achevais en abandonnant ses épaules, en reculant lentement, pour ne pas oublier, pour tout retenir. Et je plongeais mes yeux dans les siens, en essayant de lire les secrets de son regard. « Tu as dit que tu me tuerai. »Je tendais mes doigts, posant ma paume sur sa peau, en maintenant avec douceur sa paupière des doigts gauches, et de l'index droit, m'emparais de sa lentille rouge, que je tins sur mon doigt, avant de reculer. « Uniquement si je redisais quelque chose à propos de tes yeux, mm ? »Le petit disque rouge, de verre sur mon doigt, je l'observais quelques temps, avant de darder mes yeux sur ces deux disques noirs de ses yeux. Deux yeux noirs. Dans ma poitrine, lentement, mon souffle se perdit. Et je souris. Je souris, parce que ça n'avait rien de choquant, mais je me perdais dans une contemplation qui m'effrayait. Chess. Absolument. Jusqu'à dans ses yeux, que ce soit ses lentilles ou ses prunelles. Je tendais la main, pour qu'il récupère la lentille, avant de me détourner, et de ne sortir de la salle de bain. Un murmure, un simple « Attends ici, s'il te plaît. » Je ne le regardais pas, pour qu'il ne voit pas les larmes qui vinrent couler en dehors du secret de mes yeux, et je me rendais jusqu'à ma chambre. Une marche rapide, une distance si rapide à parcourir, que j'aurais du courir. Mais je n'avais pas la force de courir, de bouger plus vite dans ce monde emporté. J'avais déjà poussé les portes, et je ne craignais plus grand chose. Peut-être seulement qu'il parte de la salle de bain ? Peut-être pas. Peut-être que ça s'appelait simplement la confiance. J'essuyais ces larmes, je m'emparais d'un pinceau, d'un encrier, d'un papier, et je me tournais vers la fenêtre, dans une seconde d'hésitation. La pluie avait cessé. Le ciel s'était assombri, et les premières étoiles étaient apparues, comme les témoins gueulantes des heures passées aujourd'hui, de ces instants qui s'étaient enchaînes les uns aux autres, après chacune des secondes de cette journée. Indéfinissable. Je traversais la chambre, en comptant mon souffle, en calmant ma respiration, jusqu'à la salle de bain. Je levais mes yeux jusqu'à lui, pour lui tendre la feuille vierge. Je l'aplatissais dans ses mains, en ouvrant ses doigts, comme un support à mes idées. Le blanc de ses doigts, de son immatérialité, pour le support de mes idées. Cette idée de construction pouvait t-elle se permettre de m'obnubiler à ce point, ou devais-je rire ? J'en rirais. J'en rirais, plus tard. Dans un glissement des doigts, sur le coulissement du bouchon de plastique, de ce mécanisme actionné par mes doigts, je retirais la petite protection ronde de plastique, que je laissais tomber au sol. Il rebondit, une fois, deux fois, trois, dans des claquements sonores, avant de s'immobiliser près de nos pieds, et je me concentrais sur le pinceau, que je souillais par le noir de cette encre, le noyant jusqu'à sa garde, avant de le soulever. Essuyée avec lenteur sur le contour de verre, l'encre s'écoula sur les formes courbes de l'encrier, avant que je ne soulève le pinceau, pour en survoler le papier. Aucune goutte ne s'éclata contre le papier, dans ce survol de ce blanc vierge. Immaculé par son vide, je vins le violer par le baiser du pinceau contre la paume de Chess. Les mots s’amoncelaient dans ma tête, mais trop épais, trop abstraits, trop futiles par rapport à ce que je voulais écrire. Les kanjis défilaient dans mon esprit, et je tordais mon poignet, pour une première courbe, alignant un trait, pour surelever mes doigts, et amincir mon trait. Je pensais une seconde à Lun que j'avais rencontré avec mes dessins. Une seconde, avant que je ne me reconcentre sur cette feuille dans les mains de Chess. Mes yeux abaissés sur cette feuille tâché par l'ébène que je caressais, par ce noir que je faisais onduler sur le blanc, pour le dompter, dans une harmonie qui dort, et qui vibre tout à la fois. J'alignais lentement les idéogrammes, pour ne pas me presser, pour que le message naisse lentement, avec tout le soin que je lui apportais. La journée s'achevait, et la fatigue commençait maintenant à faire frémir mon corps. Le plaisir, pourtant, de pourfendre la feuille de ce message que je lui adressai pourtant, me laissais assez concentré sur cette surface blanches, et ces katakanas, hariganas et kanjis de jais. Mon alphabet d'idées sombres sur cette projection transcendante et blanche. '' Le noir renferme toutes les couleurs. Il n'y a que le blanc qui ne s'enferme pas dans son étreinte. C'est peut-être pour cela que le noir est ce qui exalte le blanc, dans son immatérialité. Parce qu'il est noir, et qu'il est l'inverse exact du blanc. Pour autant, il ne le rejette pas. Il l'intensifie. Il le magnifie.''
« Je peux te poser une question ? »Je m'écartais, délaissant finalement la feuille, en gardant mes yeux une seconde accroché et me baissais, pour récupérer le bouchon de plastique, avec lequel je refermais l'encrier. Je me permis le suspens de la fermeture de la petite bouteille noire, et le fait de jeter le pinceau dans le lavabo avant de ne lui poser la question. L'objet qui claqua contre l’émail, en répandant plusieurs gouttes d'encre noire sur tout ce blanc mouillé. J'avais effleuré de mes prunelles le papier dans ses mains, que je ne récupérerais pas . C'était un cadeau, à lui d'en tenir compte, et de voir ce qu'il en ferait. Qu'il le déchire ou qu'il le garde ne regardait que lui, et je relevais mes yeux sur lui, pour le fixer. « Est-ce que, si tu devais me donner une couleur, tu choisirai le bleu ? Ou bien le noir ? »Je souriais, et je me détournais lorsque la porte s'ouvrit. Quelqu'un entra, et dans ses cheveux faussement décolorés, dans ses mèches repeintes avec un blond éteint, dans sa face ronde et calme, je reconnus le profil coréen de Senta. Le jeune homme s'approcha de nous, ses yeux arrondis par la surprise, avant qu'il ne torde ses lèvres pour sourire. Pour sourire si calmement, que cela m'horrifia devant cette prise de conscience d'avoir la sensation désagréable de ne pas le voir de la même façon. Je contemplais cet ami, que pendant un instant, je ne reconnaissais plus. Mais je souriais. « Je te cherchais. Enchanté -qu'il ajouta lentement à l'égard de Chess-, me suis permis d'entrer dans ta chambre, et comme il y avait ton sac sur ton lit, je t'ai cherché. J'ai fait la moitié de l'Académie. Vous savez qu'à cette heure-ci, si on se fait chopper ici, il y a un risque de punition ? Enfin ... Il y a eu une prise d'otage dans le métro, aujourd'hui. Y'a eu des morts. Comme tu étais en ville, j'espérais que tu ne sois pas au nombre des victimes. En revanche, Kojiro ne répond pas à son portable, et je m'inquiètes un peu. »Je vis son regard paraboler sur le pinceau jeté dans le lavabo, avant qu'il ne revienne déposer ses yeux noisettes sur nous. S'attarda sur la lèvre dévastée de Chess, sur la rougeur de sa peau malmenée par la journée, sur ma main déchirée, sur la griffure sur ma joue. Je souriais, je souriais, et je n'avais pas envie de ne pas sourire. Je répondais à la question silencieuse avant qu'il ne la pose. « De simples preuves. Des preuves qui s'effacent, mais qui ne s'oublieront peut être pas. Un trip mi-québécois mi-japonais, avec le goût amer de la réalité. »Je jetais un regard entendu sur Chess. « Mais c'était nécessaire, dans mon cas. »Et l'air s’enchaîna sur un « Pom pom we we we, pom pom we we pom pom we we ». L'hystérique mélodie nippone hurlante de Machigerita se mit à hurler dans ma tête, et appréciant étrangement le confort du survêtement, sans aucun rapport direct avec la réalité de l'instant, du moment, je refermais mes doigts sur la poignée de la porte de la salle d'eau. La fatigue commençait réellement à se faire ressentir, et j'amenais mes doigts à la hauteur de mes doigts, de mon front, de ma tempe, tandis que je secouais lentement la tête, pour un déni dont j'ignorais la cause. Je serrai mes doigts sur la poignée, en considérant vaguement que la présence de Senta me dérangeait, avant d'accrocher mon attention sur le sommeil qui m'envahissait et sur l'évaluation que je pouvais faire de Chess. Senta marmonna quelque chose, mais je l'entendis passer à côté de moi en affirmant haut et fort quelque chose que je ne compris pas, et il s'éloigna dans le couloir, apparemment pour aller se coucher. Ou appeler Kojiro encore une fois. J'inspirais. « Je suis fatigué. »Mais je commençais à les voir. Ces rêves qui se brisaient pour devenir plus vrais qu'ils auraient pu l'être, et ces rires des tengus que j'avais noyé dans ma tête, pour qu'il ne dépasse jamais autre chose que ma tête. Ce kapas qui marchaient sur l'eau, dans les ombres filamenteuses des reflets de lune sur les étangs, et ces carpes qui nageaient sous des surfaces polluées d'un Japon qui se refusaient. J'avais envie de leur dire « Je m'en fous, je m'en fous, j'ai rencontré Chess, alors taisez-vous avec votre modernité qui essaie de m'étouffer. » « Je crois cela possible, maintenant. Je crois cela possible, parce que je sais comment tenir mon sabre. J'ai mis un peu plus longtemps que le temps habituel, tu sais ? Normalement, les livres d'histoire expliquent qu'il faut cinq ans pour apprendre à devenir un guerrier. J'ai mis onze ans à apprendre à utiliser mes armes. Une seule journée avec toi pour dépasser l'apprentissage. Enfin... Miyamoto Musashi a mis trente ans, lui. J'estime que je commence tout juste à avancer dans cette voie. À partir d'aujourd'hui … Ce sera différent... »Je resserrai mes doigts sur la poignée de la porte. Mes lèvres se tordirent lentement, pour un sourire joueur. « Miyamoto Musashi, Chess, si tu étais d'accord, j'aimerais t'en parler une vie, ou une nuit entière. Une nuit, ça suffirait peut-être avec toi, si on considère que là, t'a fallu une journée pour … enfin. Je pourrais te raconter qu'il ne s'appelait pas comme ça, au début, et que lui aussi, il a été détruit par quelque chose qui l'a reconstruit, sans que ce soit un trauma. Je ne sais pas s'il a eu un chat de Cheshire, je ne sais même pas s'il a eu quelqu'un qu'il a pu considérer comme une fascination. Il était horriblement égoïste, et il ne croyait pas aux dieux que je crois. Pas quand il avait mon âge. Il s'est mis plus tard, pourtant à y croire. Tu ne peux pas croire aux dieux, n'est-ce pas ? Je ne comprends pas pourquoi Musashi s'est mis à y croire, lui. Je sais juste que si un jour je me fais tuer par une femme, je pourrais lui sourire en lui donnant le nom de Kannon. Je sais que j'aime appeler le soleil « Amaterasu », parce que comme ça, les anglais autour de moi ne me comprennent pas, lorsque je vais à Londres. Miyamoto Musashi... il a tué à treize ans, pour la première fois. Dans son défi à son adversaire, il y avait toute la beauté de l'être qui se cherche. Il a mis tellement de temps à se trouver, finalement … »Figé contre la porte, mes doigts sur la poignée de celle-ci, j'avais baissé mes yeux au sol. Un sourire distrait avait étiré mes lèvres. Et la voix de cet homme que j'avais si longtemps imaginé vint murmurer à mon oreille cette phrase, qui imprimée parmi d'autre, dans la millième ou dix millième lecture des 5 roues, résonnait de manière tellement différente à tout ce que j'avais pu comprendre autrefois: « La position figée correspond à une main morte ». « Pourtant, je ne me suis jamais senti aussi vivant. »Les larmes coulaient, et j'amenais mon poignet à mes yeux, pour les essuyer, pour taire cette boule dans ma gorge, cette douleur dans ma poitrine. Pour des milliers, peut-être, de la tristesse. C'était tout autre, pourtant. Un bonheur immense. J'avais un sursaut de cœur, un sursaut de l'âme, et seigneur, c'était quelque chose qui s'achevait avec les heures, et qui se construisait à la fois. Plus de censure, plus d'hésitations. Le pli du tissu griffa ma peau, et je retirais lentement mon bras, l'abaissant. Mes doigts se refermèrent dans un claquement, et je relevais ms yeux sur lui, avec toute l'assurance dont j'étais capable, avec tout le calme de mon cœur. Mes mâchoires se crispèrent. J'avais choisi ma Voie. Je l'avais choisi, et je m'y engageais. Mais plus encore, j'avais décidé de ne pas m'en détourner. De la fouler, et d'aller le plus loin possible, pour trouver au bout ce qu'il fallait que je trouve. Je connaissais les obstacles de Miyamoto-sama, mais je ne connaissais pas les miens, car je m'étais arrêté trop longtemps aux premières difficultés. Ce souffle court que je n'avais jamais dépassé, cet insurmontable que je voulais abattre, désormais, de la force de mes poings, de ma poitrine, de mes hanches, de mes lames. Je me battrais à deux lames, et pas avec une seule, comme me l'avait apprit Angeal. J'avais deux mains. Et c'était avec ces deux mains que j'avais touché Chess. Deux lames me convenaient parfaitement. J'estimais être capable de soulever deux sabres en même temps. Je venais de le faire, alors je recommencerai. Un sourire. Je poussais la porte avec mon épaule, en venant heurter doucement le panneau de bois avec le côté de ma tête, froissant quelques mèches sous le contact. « Je vais aller dormir. »Je suis épuisé. Mes yeux glissèrent sur le pinceau, sur l'encre, mais je n'avais aucune motivation à les récupérer ni l'un ni l'autre. Je cherchais la feuille des yeux, une seconde. Abandonnais la seconde d'après, pour me concentrer sur ses yeux. « C'est peut-être des conneries, tu sais … Je sais juste que c'est ce que je pense, parce que tu camoufles tes yeux noirs sous une autre couleur. C'est juste … que ça m'est venu à l'esprit … et que j'aime un peu plus le noir, maintenant. »Et le blanc. Je taisais. Un sourire vint se poser sur mes lèvres. « Dors bien. »Je poussais la porte, pour reculer, pour me détourner, pour aller jusqu'à mon lit. M'y effondrer. J'avais besoin de m'y effondrer. Un rire s'échappa hors de mes lèvres, et je traversais la distance dans un mélange d'hilarité folle, et de nervosité profonde. Une si belle journée, au final. Une si belle journée qui s'achevait avec l'envie d'aimer. Je refermais mes doigts. L'idée était souveraine. Me coucher, dormir. Grandir. Son sourire. Je m'y accrochais. | |
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