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 You are still a stranger [PV Naoko]

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MessageSujet: You are still a stranger [PV Naoko]   You are still a stranger [PV Naoko] EmptyMer 8 Juil 2015 - 12:28

Suite de And mama's in the kitchen getting sweet papa told


Seth avait fini par sortir de la salle du club, bien vite rattrapé par sa pupille de la journée. Il était assez évident pour lui qu'il devait la piquer au vif à chaque fois pour la faire bouger. Une méthode pas si étonnante après tout, il devait donner envie. N'était-ce pas la base de l'enseignement ? Même si il y avait un côté un peu pathétique ou dramatique à la chose. Force est de constater que son entrée ne lui avait pas beaucoup réussi. Preuve que la description qu'on lui avait faîte de cette jeune fille ne correspondait pas à ce qu'elle était. La brusquer, la provoquer ne servirait à rien.

Les couloirs étaient vide mais il ne voulait pas en profiter pour trop parler. Tout au plus avait-il bien consenti à rattraper son erreur en se présentant. Ne sachant pas si une présentation du type : je-te-raconte-tout-pour-que-tu-me-fasses-confiance pouvait marcher, il lui avait simplement dit qu'il était un jeune professeur à qui ont avait l'habitude de donner des cas un peu désespérés. Une manière un peu détournée de faire référence à son ancien métier. Elle n'avait pas tellement réagi à la mention de cas désespérés. Le problème ne semblait pas venir de la motivation, on sentait qu'elle avait encore la niaque et que si elle devait utiliser ses poings elle le ferait. Il y avait quelque chose de bloqué en elle, un traumatisme qui ne lui permettait plus de s'exprimer. Mais y pouvait-il quelque chose ?

Un nécessaire retour en arrière psychique était de mise. Comme il avait l'habitude de traîner dans les salles administratives, des noms revenaient souvent. Celui de Tanaka en particulier, quasiment signalé comme une personne violente, sans motivation ni potentiel. Une appréciation qui avait proprement choqué Seth, son éducation en partie française le conduisait toujours à laisser une chance à tout le monde. Mais dans un pays comme le Japon tout cela devait revêtir un sens bien particulier, toutes ces appréciations avaient la forme d'une condamnation. Les choses étaient quasiment pliées pour elle, elle était tout juste tolérée ici. Une nuance que Seth se sentait de devoir creuser un peu plus, pour ne pas dire améliorer. Personne n'avait voulu tout lui raconter sur son histoire, mais son idée de voir si il y avait encore de l'espoir à investir sur cette jeune lycéenne avait été bien accueilli. Oh bien sûr il avait dû raconter ce qui plaît toujours à l'institution : résultat, test, travail intensif, etc. Tout ce qu'il comptait ne pas faire en somme.

C'était donc ça, essayer de faire quelque chose. Montrer qu'elle n'était pas encore toute seule. Qu'on pouvait avoir au moins de l'espoir à deux.

Ils s'étaient dirigés vers la passerelle, un endroit passant mais qui était magnifique et laisse entrevoir un paysage calme. Elle le suivant un peu en retrait, Seth ne marchait pas très vite. Quelque part il se disait qu'elle ne savait pas quel comportement adopter. Et donc comment se placer physiquement par rapport à lui.

Une fois arrivée il se planta au milieu de la passerelle faisant face au paysage. Elle avait accepté de la suivre, pas encore de se livrer. Il n'était pas tout à fait sur de ce qu'il fallait dire, devait-il expliquer l'ensemble du projet ? Ou bien essayer d'aller vers ce qu'elle pouvait aimer.  Malgré ses questions elle n'avait pas vraiment répondu, manifestant une certaine gêne. Elle avait sans aucun doute besoin de savoir si elle pouvait avoir confiance en lui. Ou si elle le devait, il était une personne de plus qui lui faisait faire des choses dont elle ne voulait pas après tout. Heureusement pour elle il avait du temps.

« Je suis là pour vous aider, ce n'est pas mon travail mais une mission. Des gens s'inquiètent de savoir ce que vous êtes, de ce que vous allez devenir. »


Il avait dit cela sans la regarder, trop d'attention allait finir par lui faire peur. Elle ne devait pas sentir comme pris au piège.

« Je ne veux pas vous embêter, seulement que vous me parliez de ce qui vous passionne montrez aux gens que vous êtes encore quelqu'un que vous valez plus que ce que vous montrez. Si je le vois d'autres le verront. »

Accouder à la rambarde, il se tourna vers elle pour lui sourire.
Alors Mlle Tanaka est-ce que vous allez me parler
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Naoko Tanaka
▼ Université - 3ème année - Vice Présidente Cuisine
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MessageSujet: Re: You are still a stranger [PV Naoko]   You are still a stranger [PV Naoko] EmptyLun 13 Juil 2015 - 4:44

J’étais restée sagement silencieuse pendant l’escapade qui ne dura pas aussi longtemps que je l’aurais cru. Moi qui m’imaginais déjà des aventures trépignantes à écumer les recoins sombres de Keimoo tels deux déserteurs en quête d’on ne sait quoi.
Et bien non. Pas d’aventure, pas de frisson de l’interdit et de découvertes. Le semblant d’arrivée, du moins, là où mon guide se décida à poser bagage fut la passerelle. Meh.
Je ne pouvais pas m’empêcher d’être déçue, mais il y avait de quoi. D’un autre côté, c’était aussi ma faut, pour avoir espéré trop haut.

Je soupirais discrètement en me tournant vers les baies vitrées de la passerelle, en me disant qu’il était étonnant qu’on ne meurt pas de chaud quand on considérait qu’elle était complètement en verre et que le soleil tapait directement dessus. D’un côté, vu le standing de l’établissement, qu’il n’y ai pas de climatisation aurait été inconcevable.

M’accoudant sur un rebord de fenêtre, je lui tournai le dos pour observer le paysage, qui ne cessait jamais de me passionner. Le peu de fois où je passais ici -vu que je n’avais pas grand-chose à faire dans le bâtiment de l’université pour l’instant-, je finissais toujours par trainer les pieds, presque collée aux surface transparente de l’édifice.

D’ici, on pouvait voir la cour et les jardins. Et comme tout était bien entretenu, c’était toujours un plaisir à regarder. Les arbres, les fleurs, les oiseaux. Le ciel. Je crois que c’était ce dernier que je préférais. La voute céleste et son immensité. A chaque fois que je triste ou un peu mélancolique, j’ai pour habitude de toujours regarder le ciel.  J’ai l’impression ainsi que mes soucis deviennent insignifiant, comparé à la grandeur du monde. Alors, je ne me sens plus aussi mal.

Là, je n’étais pas particulièrement dans un mauvais état d’esprit, mais j’avais les yeux en l’air et la tête dans les nuages quand même. Disons que je contemplais sans réelle raison, pour la simple satisfaction de voir quelque chose de beau.
Les yeux dans le vague, j’en oubliais presque la présence du professeur, qui s’était d’ailleurs présenté un peu plus tôt. Darnell-sensei, l’enseignant étranger sauveur de cas désespéré. Je soufflais doucement en fermant les yeux un instant. Bien que j’avais conscience que j’en étais un, ça ne faisait quand même pas toujours plaisir d’être mis le nez dans la réalité. C’est toujours plus facile de penser que les autres sont pires, n’est-ce pas.

Je fus coupée dans mes pensées par une nouvelle prise de parole du guide improvisé, mais je ne l’écoutais qu’à moitié pour tout vous dire. Il ressortait des choses que j’avais déjà entendues 1000 fois. L’envie d’aider, soi-disant venant d’une bonne intention uniquement. Les premières fois, on y croit. Et puis avec le temps, on apprend malgré soi que les bons samaritains, ça n’existe pas.

Une pointe d’irritation venait de se lever en moi. Il voulait me faire croire que l’administration ne lui avait pas mis ça sur le dos. Après tout, j’étais en dernière année de lycée, et mes choix pour l’année prochaine allaient être décisifs pour mon futur. Lui était un newbie dans le métier, alors quoi de mieux pour le former que de lui refourguer le cas désespéré auquel personne ne croit plus.

En un instant, la sympathie que je pouvais ressentir à son égard se transforma en une vieille rancœur, nourrie par des expériences passées. Sa seule raison de m’approcher, c’était pour essayer de me remettre dans le droit chemin et de bien se faire voir par ses supérieurs. Je fronçais les sourcils. Je savais que c’était ma faute, mais c’était frustrant qu’on ne me voit que par l’étiquette élève à problème, sans chercher plus loin.

« Je ne veux pas vous embêter, seulement que vous me parliez de ce qui vous passionne montrez aux gens que vous êtes encore quelqu'un que vous valez plus que ce que vous montrez. Si je le vois d'autres le verront. »

Son baratin, je n’y croyais pas. Je ne pouvais pas nier qu’il savait manier les mots, arrondir les angles pour que son discours paraisse avenant et bienveillant. Le fait qu’il était trop à l’aise pour déclamer de telles choses ne me plaisait pas.
Et quand on y pensait, il était un peu « vieux » pour être un tout jeune professeur. Il avait sûrement fait autre chose avant de se reconvertir, mais j’étais sûre que sa manière de parler avait un lien avec son ancienne carrière.

Depuis notre premier échange, j’avais l’impression qu’il essayait de grappiller des informations sur moi. C’est comme s’il me poussait. Et je n’aimais pas ça. On pouvait au moins lui accorder le fait que sa méthode était peu orthodoxe. De tous les assistants d’éducation qui ont voulu « m’aider », aucun n’avait jusqu’ici pris la peine d’en savoir plus sur moi, se contentant de me brosser dans le sens du poil pour que moi, j’aille dans le sens de la marche. Et au pire des cas, m’y forcer à coup de punitions et autres obligations. Ça avait été utile, la preuve. Ha. Ha.

Je roulais des yeux en pensant que la plupart s’étaient sûrement fait taper sur les doigts, au vu des résultats qu’ils avaient obtenus avec moi. Mon regard se posa sur le prochain sur la liste, qui s’était à accoudé à mes côté et me regardait en souriant.

Il attendait manifestement que je lui réponde, que je lui souris et qu’on s’envole tous les deux vers le pays des bisounours. La blague. Je me redressais pour m’adosser au même endroit, déclamant froidement  en regardant droit devant moi.

« Ça ne sert à rien de vous donner cette peine. Vous perdrez votre temps avec un "cas désespéré" comme le mien, comme d’autres l’ont fait avant vous. »

Allez plutôt vous occuper de quelqu’un d’autre, avais-je envie de rajouter. Mais je me résignais, il était libre de faire ce qu’il voulait. Tout en me relevant de mon point d’appui, je me tournai doucement vers lui.

« Je sais qu’on vous a confié mon cas, et j’en suis désolée pour vous. »

Je m’inclinai alors légèrement en guise de respect.

« Mais je n’ai pas besoin qu’on vienne me tourner autour avec de la fausse sympathie. Sur ce. »

Tel le froid mordant de l’hiver, je m’en retournais et me dirigeais en direction du lycée. C’était cruel, parce que je savais pertinemment qu’il ne faisait qu’exécuter les ordres. Et qu’il ne pensait sûrement pas à mal. En soi, je n’avais rien contre lui en particulier. Je crois juste qu’au fond de moi, j’étais vexée. Vexée et blessée qu’à chaque fois où j’avais accordé ma confiance, on me l’ait sans vergogne rejeté au visage.

Et alors que je m’éloignais doucement, sans m’en rendre compte, mon allure ralentissait à chaque pas, comme si inconsciemment, quelque chose me retenait. L’espoir, peut-être ?
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MessageSujet: Re: You are still a stranger [PV Naoko]   You are still a stranger [PV Naoko] EmptyLun 13 Juil 2015 - 18:33

Seth la vit s'éloigner lentement. N'y aurait-il donc rien à faire pour elle ? C'est bien dommage d'avoir quelqu'un capable de lutter autant, mais pour dépenser son énergie dans le sens contraire de ce qu'il faudrait. Il se doutait bien qu'il n'était pas le premier à la traiter ainsi, et plus encore qu'il ne ressemblait pas vraiment à un professeur rompu au combat. Il était lui-même entrain d'apprendre.

La réalité à laquelle il était entrain de se confronter le dépassait largement. Si il avait toujours été un peu à l'écart, il n'en demeurait pas moins un élève avec des facilités qui ne s'était pas arrêté au mal être de la vie. Il n'avait pas eu besoin de qui que ce soit pour s'en sortir, et demeurait dans un classicisme ennuyeux mais qui lui facilitait la vie. Alors évidement il ne pouvait pas se mettre au niveau de cet élève, non seulement il n'en avait pas les idées mais ce n'était certainement pas son rôle. Lui n'était là que pour faire en sorte qu'elle dispose du plus de choix possible pour la suite, ce qu'elle ne semblait pas avoir totalement conscience du risque. Bien que pour Seth tout cela n'était que mystère, se refusant à donner dans l'interprétation facile il en était réduit aux tâtonnements.

Toujours lascivement accoudé à la rembarre il lui lança
« Personne ne m'a confié votre cas »

Il avait dû en passer par tous les éléments clichés d'une prise de contact, des étapes nécessaires afin de comprendre clairement qui il était. Il n'en démordrait pas, il était là et pour de bon.

Il se redressa et fit quelques pas dans sa direction alors qu'elle se retourna contre son gré.
Poster devant elle sans toutefois la regarder totalement, il préféra ne pas afficher trop de hargne qui pouvait lui faire peur.

« Déjà parce que personne n'a envie d'essayer quoique ce soit pour vous, bien que ce désintérêt ne dépasse pas celui qui vous est propre»

Bon là il y allait peut-être un peu trop fort. Mais mieux valait une réaction que pas du tout.

« Ce qui est bien dommage de vous complaire dans cette attitude »

Ne sachant plus sur quel pied danser, alors qu'elle était certainement entrain de se décider à partir ou bien frapper Seth, celui-ci reprit sur ce qui était pour l'instant le point d'incompréhension : que faisait-il là ?

« Quoiqu'il en soit soyez sur que je ne suis pas là par obligation, ma présence ici n'est rien d'autre qu'un choix. Je ne suis pas spécialement pour le repêchage des âmes en perdition, seulement je ne tolère pas l’injustice qui consiste à un moment de laisser tomber sous-prétexte que tout le monde a essayé. »

Malgré toute la colère que l'on pouvait ressentir dans son discours, Seth resta calme fixant la lycéenne en quête d'un regard qui allait signifier enfin qu'elle avait compris quelque chose. Évidement ce n'était pas simple, ça Seth avait fini par le comprendre.

« Une chose étrange d'ailleurs, des personnes très différentes essaient mais rien ne fonctionne. Alors d'où vient le problème quand tout change sauf un seul élément ? »

Alors qu'il voulait cette fois continuer sur la nécessité pour elle d'arrêter de se comporter comme une enfant ; il vit se diriger au loin un personnage pour le moins inquiétant. Inquiétant parce que il était loin d'une part, mais surtout parce que il s'agissait du directeur de l'académie. La situation devenait un peu plus complexe, puisque la lycéenne n'était pas censé se trouver là et Seth non plus. Et il n'était pas encore prêt à expérimenter sa loyauté, encore que par pure esprit de contraction elle était bien capable de tenter le diable. Ils allaient bien finir par avoir cette course poursuite dans les couloirs. Fallait-il assumer cette situation, qui n'avait rien d'officiel? Ce n'était pas tant un problème, mais si le directeur comptait s'adresser à Naoko les choses allaient vraiment finir par se gâter, surtout pour elle.

Seth tenta de trouver issu ; derrière lui les couloirs, les amphis, hum rien de réjouissant. Néanmoins juste avant l'entrée des bâtiments de l'université il y avait un petit couloir qui devait mener certainement ailleurs. Peut-être sur le toit ? Une question qui devait trouver une réponse rapidement. Mais pouvait-elle le suivre avec sa jambe ?

« Eh bien si vous voulez fuir c'est maintenant, mais pas dans ce sens là »

Seth lui attrapa le poignet, et tenta de la tirer. Ce qui évidement ne marcha pas. Si il en avait eu le temps Seth aurait levé les yeux au ciel en soupirant devant tant d’acharnement.

Mais il ne pouvait pas, donc devant l'air satisfait de la lycéenne il s'approcha doucement, lui sourit avec un air narquois et l'attrapa par la taille pour la déstabiliser et la tira donc par le poignet. La course ne fut pas bien longue, et heureusement car en entrant dans les escaliers il dut bien constater qu'ils y avaient beaucoup de marches et en plus pas des larges !

Bon là Seth ne savait plus trop quoi faire, et devant l'air courroucé de la jeune fille encore moins, au moins avait-elle abandonné son attitude hautaine. A priori elle n'avait pas compris ce qui était entrain de se passer. Mais cela n'avait pas d'importance, cette fois Seth était presque sur qu'elle allait lui tomber dessus.

Ce qui eut pour effet d'amuser Seth, ce qu'il ne manqua pas de lui signaler. Après tout le rire n'est-il pas la distance nécessaire pour passer du tragique au comique. Enfin il était le seul à rire. Décidément elle n'avait pas d'humour et prenait tout cela avec trop de sérieux. Il fallait supposer que la horde de psy, d'éducateur avaient dû dramatiser la chose.

« En voilà une attitude qu'elle est bonne ! Bon vous savez où ça mène, parce que l'autre va pas tarder à rappliquer »
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MessageSujet: Re: You are still a stranger [PV Naoko]   You are still a stranger [PV Naoko] EmptyJeu 16 Juil 2015 - 4:41

Lorsque la voix masculine du professeur résonna entre les parois de verre de la passerelle, je me retournais légèrement et le toisais. Je ne savais pas exactement pourquoi je m’évertuais à l’écouter. J’aurais pu l’ignorer, le laisser essayer de me convaincre dans le vide. Mais le fait qu’il s’accroche autant pour moi, je pense qu’au fond, ça me touchait.

« Personne ne m'a confié votre cas. »

Le visage toujours impassible et les yeux fixés dans les siens, je le regardais s’avancer vers moi. C'était bizarre, mais il semblait émettre une aura de confiance et de détermination. Comme si il était en train de me faire comprendre que peu importe où j’irais, il ne me lâcherait pas et qu’il continuerait de me harceler jusqu’à ce que j’aille dans son sens.

« Déjà parce que personne n'a envie d'essayer quoique ce soit pour vous, bien que ce désintérêt ne dépasse pas celui qui vous est propre. »

Ah. Touché. Je le savais déjà. Que ce soit l’établissement, qui ne me voyait que comme une nuisance à leur bonne réputation, ou la famille de mon père qui me considérait comme une tâche pour la lignée. Même mes parents, même s’ils m’aimaient beaucoup, je savais qu’ils n’y croyaient plus depuis longtemps, et qu’ils avaient reportés tous leurs espoirs sur Himiko.

« Ce qui est bien dommage de vous complaire dans cette attitude. »

Je baissais les yeux. Qu’est-ce que je pouvais faire de plus ? Peu importe les efforts, je ne ferais jamais partie des premiers de la classe et resterais dans la moyenne sans importance. Peu importe la bonne volonté, je finirais toujours pas être embarquée dans des histoires pas possible. Je ne pouvais pas effacer le passé. Je ne pouvais pas tout recommencer. La violence n’engendre que la violence, je le savais. Et même si j’avais envie de sortir de ce cercle vicieux, quelqu’un, quelque part, finirait toujours par m’y trainer à nouveau dedans.

Ce n’est pas tant que je m’y complaisais. Enfin. Si, peut-être un peu. Mais, c’est surtout que j’étais découragée. Et je pense que moi-même, je n’y croyais plus. Je ne croyais plus en moi, en mon avenir, en la possibilité qu’un jour je guérisse et que j’ai une vie normale sans angoisses. C’était comme si j’étais condamnée. A vivre comme je le faisais actuellement. A éviter les gens, à éviter de me lier, à gérer les conflits seule, et à enchainer les galères. A avoir honte de ne pas être capable de faire quoi que ce soit de bien. De ne pas rendre mes parents fiers. A être un rebut de la société.

J’étais en train de me perdre dans une spirale de négativité, et une angoisse profonde commençait à me submerger. Une situation nouvellement anxiogène liée à mon agoraphobie. La terreur de ne pas trouver d’échappatoire n’était pas concrète cette fois-ci. Ce n’était pas la foule autour, ou une pièce fermée qui provoquait la boule au ventre. C’était la peur de ne pas m’en sortir, qui venait de remonter avec cette conversation, avec ces pensées. Être piégée dans ma propre vie.

Je sentais que mes mains se mettaient à trembler. Ma respiration se saccadait. Mais il était proche. Je devais me calmer. Ce n’était pas la peine d’angoisser. Si je ne me calmais pas, il allait s’en rendre compte. Respirer. Arrêter de trembler. Je me concentrais sur mes pieds tandis que ma vue se brouillait. En dernier recours, c’était sa voix qui me maintenait en conscience dans une tentative -vaine- de contrôle.

« Quoiqu'il en soit soyez sur que je ne suis pas là par obligation, ma présence ici n'est rien d'autre qu'un choix. Je ne suis pas spécialement pour le repêchage des âmes en perdition, seulement je ne tolère pas l’injustice qui consiste à un moment de laisser tomber sous-prétexte que tout le monde a essayé. »

Je l’écoutais sans pouvoir comprendre pour l’instant le sens de ses phrases. Ses mots restaient dans ma mémoire, mais je percevais vaguement les sons, comme s’il me parlait dans une langue étrangère. A mes pieds, le sol commençait à tourner.

« Une chose étrange d'ailleurs, des personnes très différentes essaient mais rien ne fonctionne. Alors d'où vient le problème quand tout change sauf un seul élément ? »

Bizarrement, cette question fit sens pour moi. Je l’avais compris. Et j’avais la réponse. Je savais que c’était moi. Je savais que c’était ma faute. Il n’y avait rien à faire. Peu importe les méthodes ou le nombre de personnes qui s’y pencherais, il n’y avait qu’un problème. Moi.

J’étais piégée.

Plus aucun son extérieur ne parvenait à mes oreilles, et seul le tambourinement de mon cœur résonnait dans un vacarme assourdissant. Mon sang tapait dans mes tempes et l’air me manquait. Quelque chose dans ma gorge semblait y être coincé. J’avais beau aspirer autant d’air que possible, discrètement, c’était comme si il ne contenait pas d’oxygène.

Et puis, un contact sur mon poignet me ramena pendant une demi-seconde à la réalité. Surprise, je retirais d’un geste brusque ma main en dévisageant le professeur. Il ne fallait pas qu’il me touche. Sinon, il allait comprendre. Il allait savoir, et ç'aurait été la fin. Cependant, à cause du mouvement rapide, les étourdissements revinrent de plus belle. Mon corps ne voulait pas coopérer, et j’affichais pendant un court instant un sourire désabusé. C’était presque comme-ci il voulait foutre en l’air tout le travail que j’avais fait pour cacher ce… problème. Il ne fallait vraiment pas qu’il sache.

Faisant un pas en arrière, je m’apprêtais à lui demander de s’écarter, de ne pas s’approcher, de me laisser tranquille et de prendre les jambes à mon cou pour être seule. Mais les forces me manquaient, et l’asthme surtout, rendait ma respiration de plus en plus bruyante et difficile. Mais j’eu à peine le temps d’ouvrir la bouche que je me sentie attrapée par la taille et tirée par le poignet. Incapable d’émettre une quelconque résistance, je me retrouvais emportée contre mon gré sans comprendre, tout en essayant de gérer comme je le pouvais les quelques forces qui me restaient.

Un court instant après, nous étions dans une cage d’escalier, et j’étais prise dans un mix d’émotion. Au début la stupeur et l’incompréhension, puis la colère. En plus, il se marrait, ce qui m’énerva encore plus. Le choc face à la situation avait eu pour effet de stopper momentanément ma crise, et j’étais presque prête à lui crier dessus malgré la pâleur alarmante que devait afficher mon visage à ce moment-là.

La tachycardie et l’afflux sanguin provoqué par la colère eu effet de me redonner des vertiges, avant que je n’eus le temps d’exprimer mon mécontentement. Je me laissais tomber sur les marches de l’escalier pour être plus près du sol, et éviter de m’étaler de trop haut si je perdais connaissances. Mes forces se vidèrent d’un coup et je faisais face au sol alors que la crise faisait son grand retour, avec force.
L’asthme me forçait à respirer à grandes bouffées par la bouche alors que l’air sifflait dans ma gorge.

Dans un effort surhumain, je m’écartais du professeur en glissant sur la marche pour me coller au mur, tout en levant une main entre lui et moi. J’espérais que ça le dissuaderais de s’approcher. J’aurais voulu articuler de me laisser, mais j’en étais incapable. Habituée à ce genre d’événement, je savais relativement comment me gérer lorsque j’étais seule. Mais le fait qu’il y ai un témoin, et lui en particulier, amplifiait mon angoisse. Ramenant mes jambes contre mon corps, je mis ma tête dans mes genoux en espérant que me couper du monde m’aiderait à me calmer.
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MessageSujet: Re: You are still a stranger [PV Naoko]   You are still a stranger [PV Naoko] EmptyMar 28 Juil 2015 - 19:48

Évidement alors que quelque chose pouvait enfin passer, il avait fallu qu'ils soient contrains à partir. Une fois dans l'escalier, il constata que c'était un peu trop pour la lycéenne. La situation, le fait de voir courir, de comprendre que Seth était là pour elle. Un peu trop de changement, et peut-être la torture de ne pas savoir si elle devait parler ou continuer à le repousser. Elle était pourtant entrain de repousser encore un peu plus Seth, mais surtout elle voulait s'enfermer. Une crise angoisse qui n'en avait que la forme, Seth ne comprenant pas totalement ce qu'il y avant d'angoissant ici. Il voulait bien admettre qu'il avait pu la surprendre, ce que ce n'était certainement pas agréable mais de là à vouloir couper les ponts. Pourquoi ?

C'était certainement plus évident, il avait réussi si l'on peut dire à la poussée loin dans la réflexion. Faisant malheureusement ressortir ce qu'il y avait de pire pour elle, être confrontée à ses propres échecs. Est-ce qu'il fallait en passer par là ? Non certainement pas, Seth reconnaissait son erreur d'être allez beaucoup trop loin. Il ne voulait pas la piéger seulement qu'elle prenne conscience avant tout de ses propres intentions, qu'il n'était pas au courant de tout mais qu'il voulait faire quelque chose. Au moins pouvait-on considérer qu'il avait touché quelque chose.

Mais maintenant que faire ? La situation était plus que bloquée à présent.

« Prenez votre temps, il n'y a plus d'urgence »

C'était la seule chose qui lui était venu, bon il ne s'attendait à rien mais au moins c'était sans doute vrai. Après l'avoir mis au pied du mur il pouvait bien lui laisser le temps de digérer tout cela.

Elle ne semblait cependant rien entendre de ce que pouvait dire Seth, et elle ne lui faisait pas assez confiance pour tenter quoi que ce soit en terme de manipulation. Pour cette fois il ne restait donc pas grand chose à faire à part attendre.

Seth se dirigea donc vers l'escalier, il passa prudemment près d'elle et alla s’asseoir quelques marches au-dessus pour patienter. Peut-être pouvait-il faire office de présence bienveillante ? Quoique il était surtout dans la position de quelqu'un qui observe. Au moins devait-il prouver que la situation n'était pas effrayante pour lui. Il lui avait dit être là pour elle, il allait pouvoir le prouver.

Néanmoins ne rien pouvoir faire avait quelque chose de gênant pour lui, il se sentait un peu coupable et voulait montrer aussi qu'il était capable de l'aider. Il était là pour ça, il avait su trouver pour la toucher, et lui dire que ce ne serait pas comme les autres fois. Dans cette situation les choses étaient un peu différente, il voulait essayer mais rien ne pouvait totalement convenir. Il y avait certainement des trucs. Mais aucune option ne lui venait en tête.

Il était possible de boire, de prendre des médicaments, de la drogue, de se battre. Bref autant de choses pour ramener un peu de réalité à quelqu'un qui était entrain de se couper du monde totalement submergé par des émotions contradictoires. Le contact physique avait un statut particulier dans son esprit, comme beaucoup de gens elle n'appréciait pas cela, d'autant plus venant d'un inconnu. Et en même temps c'était sans doute un moyen d'expression, peut-être qu'il y avait là une solution. Une manière à la fois de lui rappeler qu'elle n'était pas seule, qu'elle avait les moyens de s'en sortir par elle-même avec ses propres armes. Tout cela sans être seule, avec quelqu'un qui pouvait l'accompagner.

Que des propositions réjouissantes pour Seth. Quand il avait eu des crises de paniques, quelques exercices de relaxations lui avaient toujours fait du bien mais encore fallait-il le vouloir. Ce qui ne devait pas être totalement son cas. Et le lieu n'était pas vraiment propice pour ce genre de moment. Peut-être pouvait-il essayer le « c'est pas ta faute » de Will Hunting, avec de la chance elle ne connaissait pas ce film. Mais lui n'était pas sur de pouvoir tomber dans une attitude aussi pathétique, et en plus la lycéenne était beaucoup plus combative que le jeune Matt Damon. Et puis il ne ressemblait pas à un psy grassouillet amoché par la vie. La différence était un peu trop grande pour que Naoko se laissa aller.

Il songea à réciter des Haiku, un truc un peu bête dont le sens lui avait toujours échappé. Mais c'était relativement apaisant, on pouvait y projeter tout et n'importe quoi. Mais il n'en connaissait pas, et pas assez bien pour donner le change face à une japonaise. Peut-être qu'il pouvait au moins déclencher le rire, ou simplement faire ressortir son ironique cassante. Chose qu'il appréciait assez.

Après tout cela faisait déjà bien dix minutes qu'il ne faisait rien, elle ne semblait pas aller bien mieux. Au pire elle ne l'entendrait pas et cette entreprise resterait vaine. Il fallait se souvenir de quelque chose, les cours de japonais remontait à une période lointaine. Il se souvenait de quelque chose, un lac ou un étang avec une grenouille. Les choses était encore un peu confuses dans sa tête.

La grenouille devait logiquement aller dans l'étang, donc cela devait produire quelque chose comme du bruit. Oui il y avait de ça. Il tenait le bon bout, espérant que cet effort allait lui rapporter quelque chose. Donc l'étang, la grenouille qui saute dans l'eau, et le bruit de l'eau. A priori il était plutôt face à un pitch de cartoon. Il allait lui manquer un peu de sérieux et de sérénité pour le réciter. Ah l'auteur lui revenait, Basho. Ce qui n'était d'aucune utilité mais au moins il le savait.

« Un étang et
Une grenouille qui plonge,
Le bruit de l'eau. »



Il était content d'avoir pu dire quelque chose, mais il y avait un problème il lui manquait un mot. Ce qui sonnait étrangement faux du coup. Bon voilà cette fois il était bien foutu , et ne savait plus où se mettre. Il y avait quelque chose avec l'étang mais quoi dont ?
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Naoko Tanaka
▼ Université - 3ème année - Vice Présidente Cuisine
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MessageSujet: Re: You are still a stranger [PV Naoko]   You are still a stranger [PV Naoko] EmptyMer 5 Aoû 2015 - 3:44

La tête dans les genoux, je sentais ma respiration se bloquer de plus en plus. Je fermais les yeux le plus fort possible, me répétant que tout allait bien, que je devais me calmer. Mais la voix insidieuse de mes angoisses continuait de me susurrer aux oreilles les négativités qui tournaient dans un coin de mon esprit.
Je resserrais mon étreinte sur mon propre corps et enfouissait un peu plus ma tête.

Tout était noir, et je n’entendais plus rien autour de moi. Seulement le bruit de ma respiration rauque qui s’élevait dans la cage d’escalier, entrecoupée de quintes de toux si puissantes qu’elles me décollaient presque les poumons. Seulement le sang battre dans mes veines et mon cœur s’accélérer si fort que j’avais l’impression qu’il allait sortir de ma poitrine.  Seulement ces voix, cette voix, ma voix, perfide et sombre.

Je ne contrôlais plus rien, je perdais pied. Ça allait finir mal. Je le sentais. Et je ne pouvais rien faire. Impossible de me calmer. Impossible de respirer correctement. Impossible d’arrêter ces pensées qui m’empêchaient de faire quoi que ce soit de positif. Les larmes commençaient à me monter aux yeux. Le fait que la crise avait lieu ici était la pire des choses.

Exposer mes faiblesses était ce que je souhaitais le plus éviter. Parce que les gens ne font que de vous poignarder dans le dos. Et que personne ne pouvait comprendre. J’étais seule. Même mes parents, même ma sœur. Personne ne me comprenait. Personne ne savait ce que c’était. Alors pourquoi des inconnus ? Non, non, si quelqu’un apprenait, il allait se moquer. Il allait rire. Il allait avoir pitié. Et j’allais me retrouver seule, rejetée.

J’étais déjà seule. Mais pas rejetée. Au moins je choisissais. Au moins, je contrôlais ça. Et je ne souffrais pas de la déception. Je ne souffrais pas du manque. Je ne souffrais pas du regret. Juste de la solitude. Mais comme c’était la seule issue possible, autant qu’elle soit amenée par moi-même plutôt qu’elle me sois jetée en plein visage. Oui, c’était mieux. Et je devais continuer. Je devais faire face seule.

Je n’ai besoin de personne.

Bizarrement, ma respiration devint légèrement plus calme. Je commençais à retrouver raison. Ma raison. Je savais que ce n’était pas la bonne. Que je ne partais pas dans le bon sens. Mais ça me préservait. Ca l’avait fait jusque-là. J’avais trop peur de l’inconnu pour ne pas reculer. C’était deux pas en avant pour un en arrière. Et sûrement, doucement, un jour, j’arriverais à avancer.

Mais pour l’instant, je me carapatais dans mes habitudes, dans la partie connue, dans ce que je faisais toujours. Je me cachais dans les philosophies que je suivais depuis des années, dans les lignes de conduites depuis bien longtemps tracées. Il le fallait. Pour échapper au pire, pour ce moment. Il fallait.

Ayant repris un peu plus possession de mon corps, je pu fouiller de ma main tremblante une de mes poches pour en ressortir ma ventoline. Bien qu’en temps normal je n’étais pas asthmatique, elle s’avérait très utile lorsque l’asthme prenait le dessus dans mes crises. Secouant fébrilement l’objet bleu, je le glissais dans ma bouche et aspirait le spray. Cela me fit tousser bruyamment, mais je sentais déjà ma gorge se libérer. Je repris un coup de ventoline et la rangeait dans ma poche.

L’asthme allait se calmer, ce n’était qu’une question de temps, mais je n’étais pas sortie d’avance. Je ne devais pas me précipiter. Ainsi, je remis ma tête au creux de mes bras et tentait de ralentir peu à peu ma respiration. Les yeux fermés, j’essayais de visualiser un ciel bleu, avec des nuages blancs, paisible. C’était difficile et l’image ne voulait pas rester. Mais je m’efforçais. Depuis que j’avais récupéré mes moyens, je me sentais me calmer lentement.

Prise d’une fatigue monstre, mes paupières pesaient lourd et j’avais sur le coup envie de m’endormir, épuisée. Je n’essayais pas vraiment de combattre cette fatigue, puisqu’elle m’empêchait de paniquer, me transportant dans une léthargie apathique. Je faisais juste en sorte de ne pas m’endormir complètement.

J’y étais presque.

Le souffle de plus en plus régulier, j’expirais doucement l’air, sentant mes voies respiratoires maintenant complètement dégagée. Je commençais à reprendre conscience du monde autour, aussi. Le brouhaha des couloirs, la chaleur de l’été, le non-confort de cet escalier. La présence du professeur derrière moi.
Etrangement, elle avait quelque chose de rassurant. Si angoissante tout à l’heure, elle me semblait maintenant veiller sur moi, comme lorsqu’on reste au chevet d’un malade. Je pouvais sentir son inquiétude concernée. Et c’était apaisant. Je soufflais légèrement, les yeux clos, le corps appuyé contre le mur de la cage d’escalier. La fraicheur du mur était agréable, et sur le coup, je du presque faire un effort surhumain pour ne pas sombrer.

J’avais réussi.

A me calmer. A surmonter. Elle n’avait pas duré si longtemps, même si j’avais l’impression que le temps s’était dilaté en une éternité. J’étais toujours consciente et pas évanouie à force de manquer d’air. J’étais en un seul morceau. Physiquement du moins. Mon égo et ma confiance en moi venait d’en prendre un coup, même s’il n’était déjà pas en très bon état. Mais bizarrement, pour l’instant, ma confiance dans l’homme qui fourre son nez partout n’était pas brisée. Au contraire. Son comportement, sa constance, son calme, tout ça semblait me donner un infime espoir. Que je ne percevais pas encore consciemment. Parce que la méfiance, toujours, guettais au coin de mon esprit.

Le silence s’était imposé, maintenant que les sifflements de mes respirations s’étaient tus. Ce n’est qu’après un certain temps que la voix masculine derrière moi vint le briser. Sur le coup, le son me ramena à mes sens, et j’avais l’impression d’émerger après un long sommeil. Et à mes oreilles, le Haïku sonnait faux. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi il avait récité ça. Sur le coup, j’eu presque envie de sourire. Mais comme ce n’était pas vraiment naturel pour moi, ça m’aurait demandé un effort, et, je n’avais pas l’énergie pour ça.

Mais, sans vraiment réfléchir, alors qu’il faisait toujours face à mon dos, les mots sortirent de ma bouche. C’était presque comme si je ne les contrôlais pas :

« Dans un vieil étang. »

Je l’avais repris sur le haïku. Sans prétention. Mais ça avait été plus fort que moi. C’était comme si me rattacher à ses mots me permettais de sortir la tête de l’eau. De reprendre pied avec la réalité.
Je fermais les yeux une dernière fois et relevais la tête. Je vis le passage de quelques étudiants se dirigeant vers la passerelle. Ils ne tournèrent même pas la tête vers moi. Et sur le coup, je me suis sentie rassurée. Je craignais que tous les regards ne soient tournés vers moi.

Mais la vie suivait son cours.

N’ayant pas vraiment la force de me lever, je décidai un peu par obligation d’attendre ici. Le temps que je récupère l’énergie nécessaire pour me trainer jusque chez moi. Je fus découragée à l’idée de faire tout le chemin à pied d’avance, alors, pour me donner du baume au cœur, je récupérais un bonbon au caramel que je calais dans un coin de ma joue. Et toujours en tournant le dos au professeur, les yeux rivés sur l’activité du couloir, je murmurais :

« Désolée pour… ça. J’ai souvent de l’asthme quand je dois courir et que je suis fatiguée. »

Mensonge. Je faisais passer ma crise d’angoisse pour une simple crise d’asthme. J’espérais qu’il ne me pose pas de question. Qu’il abandonne ce sujet. Mais je sentais au fond de moi que cette phrase ne suffirait pas à le convaincre.
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MessageSujet: Re: You are still a stranger [PV Naoko]   You are still a stranger [PV Naoko] EmptyMar 11 Aoû 2015 - 14:48

« Dans un vieil étang. »

Ah elle était donc entrain d'émerger, de revenir. Apercevant cette lumière au loin qu'elle pouvait tenter de saisir, celle qui nous dit que tout va bien, que l'on peut s'en sortir, que ce n'est pas si grave.
Tout va bien je suis là
Mais le malaise ne pouvait s'en aller ainsi, toute cette énergie déployée était entrain de tournée en rond, cherchant une nouvelle activité, une nouvelle émotion à investir. Ce quantum d'énergie qui doit se répartir entre soi et les autres, ici tournent dans une seule et même âme détruisant tout.

Après tout ce n'est que de l'angoisse, une mauvaise réponse à une situation. Un moment d'égarement de la psyché. On se sent simplement oppressé, enfermé dans un esprit en panique qui nous semble alors étranger, qui ne plus de nous. Peut-être qu'il veut nous faire du mal d'ailleurs ? Quel est le sens de cette perte totale de contrôle sinon ? Pourquoi serait-ce un mécanisme de défense, si cela est si douloureux, si cela nous empêche alors de fuir.

Un mystère si grand, qui ne le doit qu'à sa forme la plus concrète. La structure d'une névrose est d'abord une question. L'articulation des éléments forment alors la souffrance de cette névrose.

Aussi loin que les angoisses étaient pour Seth, elles étaient restée un mystère. Il ne pouvait qu'être soulagé de voir qu'elle avait pu reprendre le contrôle. Qu'elle était en mesure de s'ouvrir un peu au monde, pour faire sortir ce trop plein d'énergie.

Il murmura

« ah oui le vieil étang... »

Bien sur qu'elle connaissait la fin, ce n'était jamais que le Haiku le plus connu. Est-ce que il fallait en dire un autre ? Peut-être qu'elle devait encore sortir un peu plus de sa propre étreinte ? Avant que Seth ait pu terminé de réfléchir il put entendre de nouveaux sa voix.  

« Désolée pour… ça. J’ai souvent de l’asthme quand je dois courir et que je suis fatiguée. »

Un pieux mensonge apparemment. Qu'est-ce qui pouvait l'empêcher de tout avouer ? Seth comprenait bien qu'elle ne voulait pas le prendre pour un idiot, et seulement ne pas avoir à en parler. Mais cacher cela semblait appeler à toujours plus de questions, ou du moins d'interrogations.  Que dire, il n'allait pas la mettre au pied du mur à chaque fois non plus. Mais feindre de croire cette vérité n'était pas la solution non plus, au risque qu'à chaque devoir croire et accepter un peu plus. Et dans ce cas la mission qu'il avait voulu se donner ne servirait à rien, surtout pour elle.

« Ce n'était pas de l'asthme Mlle Tanaka.»

Malgré sa première hésitation, les mots étaient sortis un peu rapidement. Il avait voulu se montrer ferme, cela ne servait à rien de trop rentrer dans son jeu. Cependant la question restait entière de savoir ce qu'elle allait faire ensuite. Il fallait lui laisser un échappatoire, et même pour lui sans doute. L'investissement était déjà grand pour sa part, s'adonner ainsi à quelqu'un d'autre n'avait rien de forcément bon et de toute évidence il était un peu trop présent.

« Nous ne sommes pas obligés de l'évoquer, il n'y a pas de problème pour moi. »

Il avait l'impression de trouver les mots plus facilement à chaque fois, sans doute par mimétisme il parvenait à comprendre ce qu'il pouvait dire à présent. L'idée était sans doute bonne de passer pour cette fois au-dessus de questions difficiles, sans pour autant donner l'impression de jouer à ce jeu de dupe. Il espérait néanmoins vraiment lui donner une note d'espoir à la fin de cette journée, sans pouvoir parle de victoire mais simplement montrer qu'il y avait de l'espoir. Qu'il pouvait certes se montrer confiant, inflexible mais que lui aussi allait avoir besoin que quelque chose se passe. Que les efforts seraient partagés. On peut sans aucun doute tout accepter à condition, d'avoir l'assurance nécessaire, minimale que ce n'est pas en vain. Il ne pouvait pour le moment d'offre qu'une autre possibilité à sa perte de confiance.

« Et maintenant qu'est-ce que vous voulez faire ? »

Peut-être que le fait de décider quelque chose maintenant, pour elle serait une bonne idée.  Au moins si elle voulait se reposer, se calmer ailleurs elle le déciderait. C'était une solution envisageable pour Seth. Elle devait disposer de toute son énergie pour tout ce qu'il y avait à entreprendre.

« Ou vous voulez que je massacre encore des Haiku ? »

Il avait le temps, il attendrait sans avoir besoin de plus de toute façon, comme il l'avait toujours fait.
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MessageSujet: Re: You are still a stranger [PV Naoko]   You are still a stranger [PV Naoko] EmptyMar 18 Aoû 2015 - 1:38

« Ce n'était pas de l'asthme Mlle Tanaka.»

Ces mots me glacèrent le sang. Parce que je les attendais. Je savais qu’il savait. Il était évident que je mentais. Et j’avais espéré si fort que l’implicite soit compris que j’en serrais les dents. Mes sa phrase avait coupé court à mes espérances, et je restais figée. Je n’avais pas la force. Je n’avais pas le courage d’affronter. Mais faire une crise en présence de quelqu’un ne me laissait pas grand choix.
Et mon esprit se remis à tourner en rond, en panique, en manque d’idée de fuite, pris au piège.

« Nous ne sommes pas obligés de l'évoquer, il n'y a pas de problème pour moi. »

J’écarquillai les yeux. Comme en ayant reçu un choc, j’eu le souffle coupé. Et le poids naissant se souleva de mes épaules et de mon cœur. Je n’en revenais pas. Je n’avais pas envisagé cette solution. J’étais persuadée qu’il allait creuser, encore, et toujours jusqu’à être satisfait, ou lassé. Et non. Il me laissait souffler, un peu. Et comme une réprimande affectueuse, il me rappelait que je ne passerais pas toujours entre les mailles du filet. Mais que pour cette fois-ci, ça passait.

Alors, je soufflais de soulagement, discrètement. J’avais toujours cette fatigue qui me prenait au trippes, mais, je me sentais plus légère sur le coup. C’était étrange. D’habitude, après mes crises, j’avais toujours ce sentiment de culpabilité, d’inutilité qui me retournait l’intestin. Cette impression que le monde s’était effondré et que je ne pouvais plus rien faire, à part endurer la prochaine, dans un cercle dont je n’en verrais pas le bout.

Mais pas cette fois. Enfin. Pas entièrement. Je ressentais le contrecoup d’une agitation physiologique trop importante. Et mes pensées n’étaient pas encore rentrées dans l’ordre, puisqu’elles penchaient toujours du mauvais côté, bien que moins omniprésente. En fait, en plus de ce champ de bataille psychique, j’expérimentais comme un sentiment de… relâche. C’était bizarre, mais, j’avais l’impression que quelque chose s’était débloqué. Je ne savais pas exactement quoi, mais je me sentais plus paisible. C’était comme si une des chaines qui me retenais venait de céder.

Bien sûr, il en restait d’autres, mais c’était un bon début. Pour l’instant.

Je pu entendre sa voix à nouveau, faisant vibrer doucement l’air jusqu’à mon tympan, collé au pan du mur. Je levais les yeux vers le plafond, espérant trouver une réponse. Ce que je voulais faire ? Je ne savais pas.

« Je ne sais pas. »

Qu’est-ce que j’étais censée faire maintenant ? Nous étions en mai, la rentrée venait de se faire, et la plupart de mes camarades savaient dans quoi ils voulaient poursuivre. Mais pas moi. Et même si j’avais un peu plus d’espoir quant à l’avenir à cet instant, il restait tout de même flou. Je ne me projetais dans rien de concret.

Et puis il posa le reste de sa question, qui était plutôt une suggestion. J’avais compris le sens de travers, pensant qu’il me questionnait sur mes projets sur mes ambitions. Mais en fait non. Il s’interrogeait sur maintenant. Et en un sens, c’était plutôt logique. Mais bizarrement, ce n’était pas la première chose qui m’était venue à l’esprit.
Accusant un léger sourire au coin des lèvres, je fermais à demi les paupières.

« Je me passerais de haïku. »

Après tout, ce n’était pas vraiment ce que je préférais. Je les trouvais souvent assez vide de sens, et même si leur rythme était poétique, disons que je n’étais pas spécialement sensible à cette forme. Je reprenais, doucement.

« Sinon… Je pense que je vais attendre un peu. »

Le temps de retrouver des forces. Le temps de remettre de l’ordre dans mon esprit chamboulé. Le temps que je puisse afficher ma sempiternelle expression neutre et pas la mine bouleversée qu’on pouvait actuellement lire sur mon visage, les traits tirés et les yeux rougis par les larmes naissantes.

« Je rentrerais chez moi après. »

Annonçai-je au professeur. A l’heure qu’il était, j’étais censée être encore en club duty. Mais un certain professeur m’avait permis de les esquiver. Il n’y avait rien d’autre à faire pour moi. Après tout, la seule chose qui me retenait ici, c’était lui.
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