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 "Le complot c'est génial"

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MessageSujet: "Le complot c'est génial"   "Le complot c'est génial" EmptyJeu 19 Nov 2009 - 18:08

    Maintenant qu’il était juste sous son nez, ça lui paraissait on ne peut plus évident. Il était même étonnant qu’il n’ait rien remarqué avant. Depuis combien de temps ce gus le suivait-il, au juste ? Il avait commencé à trouver bizarre ces croisements à répétition le jour où il l’avait croisé au rayon lingerie d’un magasin.

    La première fois, au rayon légume du supermarché, il n’avait pas noté. Au débit de tabac non plus, il n’avait pas franchement noté. A la boulangerie, il avait eu cette désagréable impression de déjà vu. Combien de fois avant cette fameuse rencontre avec les poireaux comme spectateurs s’étaient-ils déjà croisés sans même s’en rendre compte ? Aucune idée… Ca avait continué. Dans le bus, une fois. A la bibliothèque aussi. Ca, d’ailleurs, c’était étrange, Anouck y allait tellement peu souvent…
    Dans la rue, une ou deux fois. Et puis, la fois où ils étaient intervenus pour du tapage nocturne, le voisin, encore une fois, c’était lui. Bref, un peu trop de coïncidences, mais naïvement, le policier s’en était simplement amusé.

    C’était maintenant qu’il l’avait sous son nez qu’il comprenait mieux son petit manège. Naturellement, avant ce « fameux » rendez-vous, Nouck n’était pas assez paranoïaque –ou bien trop négligeant, au choix- pour suspecter l’acheteur de persil, de cigarettes ou de pain.
    Avec un peu de recul, il aurait pu s’en douter : ce type était louche. Dans son attitude, dans son apparence. Certes, Anouck était peut être mal placé pour dire ceci… Lui qui faisait peur aux petits enfants et aux personnes âgées dés qu’il croisait leurs regards. Tous des petites natures…

    Combien de temps encore ce petit manège se serait-il perpétué s’il n’avait pas envoyé ce mail ? Longtemps peut être. Ils se seraient croisés, encore et encore, sans jamais s’adresser la parole.

    C’aurait pu … mais ce fut autrement. Anouck avait donc envoyé ce fameux mail à un potentiel informateur. Il lui avait tout simplement donné rendez vous au café à l’angle de la rue, près du commissariat, pour discuter autour d’un café. Juste comme ça. Ils aborderaient le gros du sujet plus tard, au commissariat, ou dans un appartement privé. L’informateur lui avait simplement dit qu’il saurait le reconnaître le moment venu –comme dans les films d’espionnage. C’était l’instinct de l’espion, voilà tout.

    Le jour donné, à l’heure donnée, Anouck arrivait au café. Et là…ses yeux tombèrent sur lui. L’homme au persil. L’homme aux cigarettes. L’homme aux sous-vêtements –un peu normal, non ?
    L’homme aux cheveux bleus. L’informateur. Mais-bien-sur.

    C’était un peu comme si on venait d’allumer la lumière dans le crâne d’Anouck : tout lui semblait beaucoup plus évident. Il se sentit à la fois extrêmement stupide d’avoir été si long à la détente, et profondément agacé de constater qu’il existait encore des incapables pareils sur terre. Il allait lui sonner les cloches, à cet informateur à la noix d’coco. Finalement, il était inutile qu’il reconnaisse le policier, Nouck avait été plus rapide… aussi rapide que trop hâtif. Résultat, c’est devant un pauvre psy sans défense –enfin, c’était à prouver encore- qu’il se planta, le surplombant de sa relative hauteur.

    « Je ne vous félicite pas pour votre discrétion » siffla Anouck, sur un ton de reproche, en guise d’entrée en matière.

    Sans trop se gêner, il tira la chaise juste en face de Yui et s’y installa, se laissant tomber comme une masse dessus. Là, il posa son coude droit sur la petite table, se penchant en avant pour se rapprocher du psychiatre, l’air pas franchement aimable.

    « Ca fait une petite semaine que je vous ai remarqué. N’importe qui vous aurait remarqué, d’ailleurs. J’ai du mal à croire que vous fassiez cela depuis des années » enchainna-t-il, levant les yeux au ciel.

    Avait-on déjà vu aussi piètre espion ? Et quelle idée aussi, dans un tel milieu, de se trimballer avec des cheveux bleus. Pourquoi pas une combinaison rose fluo tant qu’il y était ? L’hôpital qui se foutait de la charité, ceci dit, parce que dans la famille passe-partout, Anouck n’était de loin pas le champion. Les sosies de personnages d’heroic fantasy ne courraient pas les rues, même au Japon.

    « Et franchement dit, si vous vouliez me parler, vous auriez pu tout aussi bien débarquer au commissariat. Toute cette mise en scène était grotesque… » poursuivit-il, imperturbable.

    Effectivement, selon Anouck, suivre quelqu’un partout en mimant les gestes du quotidien pour se fondre dans le décor, c’était risible. Digne d’un novice. Certainement pas d’un pro. Et au prix où la police –enfin…Anouck détournant la caisse commune disons- le payait, il pouvait faire preuve de professionnalisme.
    Le policier soupira, pour la forme, ses doigts s’agitant inutilement sur la table en un tapotis agaçant.

    « Mais puisque nous y voilà… Je suppose que je ne perds pas grand-chose à écouter ce que vous avez à me dire. »

    Petite pause, pour l’effet théâtrale, voyez vous, et il acheva sa petite démonstration d’humeur par un très sobre :

    « Je vous écoute. »

    En fait, l'idée même qu'il ait pu malencontreusement se tromper n'effleura pas le cerveau d'Anouck. Il n'aimait pas les coïncidences, il n'y croyait pas. Il croisait le même bonhomme dans différents endroits improbables, au même moment, un informateur prenait contact avec lui, et lorsqu'il allait au rendez-vous, ce type même était présent. Nouck n'avait jamais été une flèche en math, mais là, il lui semblait bien qu'il n'y avait qu'une seule solution à l'équation...

    Les clients autour d’eux avaient à peu près tous interrompu leurs conversations, focalisant leur attention sur ces deux drôles d’oiseaux, originaux par leur look. Ou bien celui aux cheveux argentés était sacrément dérangé, ou bien il avait une manière très douteuse d’aborder et de séduire les gens…ce qui revenait presque à dire qu’il était dérangé.
    Le serveur qui s’affairait par ici apporta un thé vert à Anouck. Ce dernier était un habitué du café, il n’avait plus besoin de passer commande pour être servi depuis bien longtemps.

    Et puis, c’était l’occasion pour le serveur de rôder autour de la table et d’assouvir sa curiosité. Maintenant qu’on connaissait toute la vie de Brenda des feux de l’amour et que Brendon de Amour Gloire et Beauté a dévoilé tous ses horribles plans, il fallait bien construire son propre téléfilm en direct, et Anouck tenait le rôle du paranoïaque avec brio. Restait à voir les qualités d’acteur de Yuy.

    « Mais soyez concis » ajouta-t-il, manifestement irrité.
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MessageSujet: Re: "Le complot c'est génial"   "Le complot c'est génial" EmptyJeu 26 Nov 2009 - 20:30

    Selon Yui Valentine, c’était un jeudi que tout avait commencé. Pas de doute, c’était bien un jeudi. C’est qu’il n’était pas bête le psychologue de l’académie. Si ce n’est que son attention était sans cesse rivée sur sa petite personne… Parce qu’en fin de compte, sa mémoire à lui, elle ne flanchait jamais, elle. Enfin. Quasiment pas. Bref. On remonte la pendule.


    Entre les carottes et les navets, Yui avait mis un quart d’heure à choisir son quart de citrouille. Et un autre pour évaluer son persil. Pourquoi ? Pour faire de la soupe, évidemment. En ces temps qui se refroidissent, rien ne valait une bonne soupe au persil made by Valentine. C’était d’ailleurs les seuls légumes qu’il affectionnait. Et tandis que les gens s’affairaient eux aussi à leurs petites commissions, une chevelure blanche avait filé quelque part vers les poireaux. Bah… et alors. Osef ? Oui, osef [On S’En Fout]. En tout cas, le lendemain, environ aux mêmes heures, le farfelu –ici en occurrence Val’, bien que dans ce sujet on pourrait se demander qui des deux est plus farfelu que l’autre-, avait le nez plongé dans sa lecture. Où était-il ce jour-là ? Dans les transports en commun ; comme tout bon japonais qui se vaut. –Bon ok, Yui, c’est un français qui fait semblant d’être japonais. Quoiqu’il en soit, c’était dans les remous du bus qu’il s’était légèrement heurté à ce même individu, avant de descendre à son arrêt. A ce moment là encore, il était d’un évident clarissime que le psychologue se fichait éperdument de l’identité de tous les passants qu’il pouvait être amené à voir. Ou même à remarquer. Il est assez étrange d’en venir à imaginer que, la vie routinière mène à faire de telles rencontres. Ou plutôt ce genre de croisement, entre la bibliothèque au bureau de tabac. Entre les rues… jusqu’au rayon lingerie du magasin. L’autre jour encore, Valentine avait enfin daigné le remarquer, la nuit, alors que ses voisins faisaient trembler les quatre coins du mur avec leur java. Il avait ouvert sa fenêtre d’un air maussade et avait à peine eu le temps d’apercevoir ce policier débarquer, avec sa chevelure blanche. Et longue. Non mais qui avait idée de s’accoutrer comme ça en tant que flic? Mais à ce moment là, Yui était trop empafé dans son sommeil pour pouvoir apprécier les formes que peut revêtir l’originalité…

    Remuant son thé d’un geste raffiné, Valentine attendait un client peu commun. Une jeune patiente pour être plus exact. C’était ici même qu’il lui avait donné rendez-vous pour leur deuxième entrevue. Car, très au sérieux il se prenait, en tant que psychologue de l’académie. D’ailleurs, un deuxième psy semblait avoir poussé dans les parages… à cette idée, l’authentique égocentrique eu un léger plissement du nez. Comment ça, on osait lui chiper ses patients ? Il en ferait son affaire. Décidément, la vie d’un psychologue n’est vraiment pas simple, des fois. Ou pas.

    « Je ne vous félicite pas pour votre discrétion »
    siffla soudain une voix mécontente. Drôlement proche tiens. Et sûrement qu’elle n’appartenait pas à la jeunette qu’il attendait. Mais qui est-ce ? Intrigué, Valentine haussa d’un sourcil, jaugeant celui qui venait de s’installer en face de lui. Sans crier garde, pof, comme ça. D’ailleurs, qui lui disait que Yui Valentine avait tenté un jour, ne serait-ce qu’une seule heure, de passer inaperçu. De jouer les discrets… C’était presque au-delà de l’envisageable. Sans cesser de siroter inutilement son thé à la noix de coco, il laissa poursuivre l’intrus de sa table. Tiens et ce visage… il l’avait comme un air familier… Déjà en train de tenter de mettre une identité sur son interlocuteur, le psychologue écouta à peine le motif de sa venue.

    -…Moi j’allais justement vous félicite pour votre indiscrétion. Figurez-vous que moi, je ne vous ai absolument jamais vu, lui renvoya paisiblement l’accusé d’on ne sait quoi. Au fait, l’autre, il lui parlait de quoi au juste ? Aller au commissariat ? Alors qu’on lui parlait de grossière mise en scène depuis une semaine et tout un speech incompréhensible, Valentine mit un certain temps à démêler le pourquoi du comment. Il faudrait bien qu’il songe à répondre tout de même à cet homme originalement original. Un peu de répondant, quand même. De toute évidence, il y avait erreur sur la personne. A moins qu’il n’ait justement oublié un détail ? Tout de même. Un évènement qui aurait pu l’amener à mettre les pieds au commissariat ? Que nenni. Il croisa les bras, se raclant légèrement la gorge. Oh... le type aux cheveux blancs. Le même type que celui au poireau. Le type du rayon lingerie. Le même au bureau de tabac. Un sourire un brin mesquin se figea sur un des coins de ses lèvres.

    -Finalement… peut-être que siiiiii, s’exclama Yui en pointant l’index vers l’inconnu pas si inconnu que ça. L’homme au poireau ! Manqua-t-il de rajouter. Néanmoins, il reprit d’emblée un air posé et absolument détaché de la situation. -Vous pensez bien que nous étions voués à nous revoir tôt ou tard, car…

    En réalité, le psychologue se demandait bien ce que lui voulait cet hurluberlu tombé de nulle part. Tout en sirotant son thé, lui-même se demandait ce qu’il allait bien pouvoir rajouter pour éclaircir toute cette mise en scène. De toute évidence, il était aussi d’accord que l’autre, pour admettre qu’elle était d’un grotesque exagéré. Songeant à terminer sa phrase, Valentine lui planta son regard emprunt d’un sérieux inquiétant.

    -…il se passe des choses. Vous avez bien fait de prendre votre temps car il s’agit d’une looongue, longue histoire. Vous savez,

    Non, justement, Yui non plus ne savait pas.
    Mais c’était justement la drôlerie de la situation. Il poursuivit dans un ton de confidence, accompagné d’un clin d’œil entendu, du genre « t’as compris ce que je veux dire » …alors qu’en fait on a rien compris l’un comme l’autre.

    -…le commissariat n’est pas un lieu tout à fait adapté. Car… avouez que ça aurait paru trop suspect ; beaucoup trop, même. D’ailleurs, vous-même vous, venez de dire que je ne suis pas un être discret. Que dirait-on si on me voyait dans un commissariat ! Voyez ? Il vaut mieux donc, que je vous raconte cela ici. Pour que personne ne se doute de rien.

    Le silence s’abattit peu à peu, à mesure que les attentions convergeaient en un même point qu’était la table des deux énergumènes. Ironie de la situation, quand tu nous tiens. Le passage du serveur permit à Val’ de réfléchir à un semblant de suite. Parce qu’il aime bien qu’on le prenne pour ce qu’il n’est pas. Ah ça oui, il adore. Alors quand on s’appelle Yui Valentine against the world, un Yui Valentine comme il n’est pas permis d’en avoir deux comme ça sur Terre, on peut se permettre de faire joujou avec la situation. Or la situation présente, elle est drôle. Vraiment très drôle.

    Visiblement, ce policier à en juger son accoutrement, -à moins que ce soit du cosplay- tenait absolument à entendre un discours de Valentine. Et quel discours ! Il porta sa tasse à ses lèvres, prenant tout le temps de boire, comme si ce qui allait s’ensuivre était d’une tâche pénible. Alors bon. De quoi pouvait-il bien causer cette fois ? Difficile d'aborder les choses du bon angle quand on sait pas d’où il faut partir. Quel statut avait-il aux yeux de ce farfelu aux cheveux épurés ? Déjà, Yui se recomposait rapidement des hypothèses dans sa tête des circonstances de rencontre avec cet individu. A en juger sa façon de lui parler, ils ne devaient pas beaucoup se connaître. Bon. Comment aborder le pourquoi du comment avec des pièces manquantes ? Car il y en avait beaucoup, de pièces absentes dans ce jeu. Valentine prit une mine sceptique et se rapprocha de son interlocuteur pour baisser d’un ton.

    -Mais dites-moi mon bon monsieur. Avant de rentrer dans le vif du sujet, qui me dit que vous êtes le bon destinataire à qui je dois m’adresser ?! Allons... vous n’allez pas me faire croire n’importe quoi simplement en étant accoutré comme un poulet. Comprenez bien que je ne tiens pas à mettre en danger mon… mon statut dans toute cette affaire.

    Se redressant, Yui garda ses questions dans un silence parfaitement maîtrisé.

    -Rappelez donc-moi les circonstances de notre entrevue et je vous en donne la raison. Aussi bien en tant qu’inconnus qu’en bon professionnel, j’aime à penser que cet échange vaut le coup. Qu’en pensez-vous ?

    Inconnus ? Ils avaient intérêt à l’être si Yui ne voulait pas encore se faire griller. Pour en savoir davantage sur un quiproquo bien parti. Or… tant qu’Anouck resterait flou, Yui serait contraint de le rester. A qui tourne le mieux autour du pot pour rien.


    Restons flous, restons fous.
    Loto à qui le tour.

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MessageSujet: Re: "Le complot c'est génial"   "Le complot c'est génial" EmptyLun 30 Nov 2009 - 21:58

    Anouck eut un petit rictus. Un type au look louche au commissariat dans le bureau d’Atwoman, suspect ? Wow… ce mec avait beau l’avoir suivi ces deux dernières semaines –ou peut être plus, après tout- il n’avait pas saisi le quart de la personnalité du policier.

    « Justement, étant donné votre manque total de discrétion et votre look disons…bigarré, vous passeriez plus facilement inaperçu au commissariat. On ne vous a jamais dit que plus c’était gros, mieux ça passait ? »

    Sa propre remarque lui tira un petit sourire. Sortie du contexte, la phrase était…disons….à double-sens. Mais ça n’était pas le sujet. Nouck se demandait où ce type avait bien pu apprendre son boulot. Qu’on ne lui dise pas sur le tas, il n’en croirait pas un mot. Non, c’était plutôt le genre de gus à avoir accumulé des tonnes de théories, et à réaliser, trop tard, que la théorie ne concorde que rarement avec la pratique.

    « Est-ce qu’il faut que je vous donne des cours, aussi ? » demanda-t-il, un brin railleur.

    Pour un peu, il aurait cru que c’était un canular. Que quelqu’un allait sortir d’on ne sait où, caméra à la main. L’amusant, dans l’histoire, c’était que Yui était largement en position de penser la même chose… D’ailleurs, les gens autour d’eux avaient l’air de se croire au théatre de quartier du coin. Pour un peu, ils se mettraient à applaudir pour saluer la prestation de nos deux drôles d’oiseaux. A la place, ils les observaient, en silence. La plupart des conversations s’étaient arrêtées, comme au cinéma, pour ne pas gêner la scène. C’aurait du plaire à Atwoman, qui aimait attirer l’attention, mais en l’occurrence, ça le gênait : il était là pour le boulot, nom d’un chien.

    Et Yui qui continuait à y mettre toute la mauvaise volonté du monde… Etait-il con, buté, ou les deux ?

    Anouck garda tout d’abord le silence, l’observant en silence, de marbre. Finalement, il souleva un sourcil un brin méprisant, tandis qu’il croisait ses doigts, un air grave sur le visage.

    « Je vois. » commenta-t-il. « En plus du reste, vous êtes du genre petit rigolo »

    Ca, c’était la troisième hypothèse : il n’était ni con ni buté, il avait simplement un humour très…particulier. On disait Anouck sarcastique, et les sarcasmes laissent rarement de place aux autres formes d’humour, voilà tout. Mais il serait temps que Yui réalise que l’heure n’était pas franchement aux plaisanteries.

    Le policier se tut un instant, en profitant pour tester la température de son thé du bout des lèvres. C’était sa spécialité, morceler son monologue, délivrer les informations et les commentaires au compte goutte. Ca rendait fou tous les impatients et les nerveux. Lui, ça l’amusait. Enfin en l’occurrence, il ne s’amusait pas tant que ça. Avoir à faire à un incapable l’exaspérait plus qu’autre chose. Il avait la désagréable sensation de perdre son temps.

    « Qui vous dit que je suis le bon destinataire ? » répéta-t-il, infléchissant sa voix de manière à transmettre tout son agacement.

    C’était plutôt réussi. Si Anouck avait été un chat, on se serait attendu à le voir cracher, le poil hérissé. Heureusement, si rustre pouvait être le commissaire, il ne crachait pas au nez des gens. A moins qu’il ne soit sacrément ivre…

    Il reposa sa tasse sur la table, un sourire exaspéré s’inscrivant sur ses lèvres.

    « Vous avez passé 2 semaines à me suivre, à me surveiller, SANS être sur que je sois le BON destinataire ? »

    Sa voix restait parfaitement calme, malgré l’irritation et la tension électrique que l’on pouvait ressentir si l’on s’approchait un peu trop de lui. En revanche, son regard, lui, avait plus des allures de volcan en éruption que de magma stagnant. Il ferma les yeux quelques secondes, inspira profondément. Il n’attendait pas vraiment de réponse, c’était une question rhétorique, pour ainsi dire.

    « Êtes-vous un abruti profond ? » demanda-t-il, rouvrant les yeux, posant ses yeux rouges sur Yui.

    Et là encore, il n’attendait pas de réponse. Ca tombait plutôt bien, puisque de toute façon, le gus en face de lui ne semblait pas d’humeur à donner des réponses.

    « Vous êtes encore plus médiocre que je ne l’imaginais. Vous n’avez pas l’impression de perdre votre temps ? Et le miens au passage ? S’il s’avérait que je n’étais pas le « bon destinataire », il serait peut être un peu tard pour le découvrir, non ? »

    Anouck leva les yeux au ciel, soupirant. Pourquoi est-ce que c’était à lui de rappeler les bases du métier à quelqu’un supposé expert dans l’espionnage ? Il était là pour récupérer des informations, à la base, pas pour donner des cours de discrétion ou de pertinence. D’autant plus que Nouck était un mauvais professeur : aucune patience, aucune tolérance, pédagogie zéro. Et adepte des châtiments corporels, mais ça, c’était un autre chapitre. Fouetter Valentine n’était pas –encore- à l’ordre du jour…

    Cela dit, s’il ne voulait pas perdre encore plus de temps de manière inutile, il avait tout intérêt à répondre aux attentes de ce gus là, sinon il n’obtiendrait probablement jamais ce qu’il souhaitait. Et mine de rien, même s’il ne fichait rien de la journée, il n’aimait pas perdre son temps. Le temps, chez Atwoman, ça n’était pas de l’argent, mais c’était du bon temps et du loisir. C’était donc tout aussi, voire plus important.

    Il fouilla dans son manteau et en sortit sa carte de police, sur lequel figuraient son rang, son nom, et sa photo.

    « Commissaire Atwoman. Il vous faut mon extrait de naissance aussi peut-être ? »

    Il rangea immédiatement le document hors de la portée de cet espion à la noix de coco. Desfois que ce petit rigolo n’essaie de le lui chiper pour une raison X,Y ou Z.

    « Vous ne voulez pas non plus que je vous dicte ce que vous êtes supposé me dire, non ? » poursuivit-il, moqueur.

    Moqueur…mais au fond, il s’attendait à tout venant de cet énergumène. Il ne devait pas être très fut-fut… A moins que ce ne soit qu’un jeu d’acteur. C’est bien connu : plus on vous prend pour un idiot, plus on baisse sa garde, moins on se méfie.

    Maintenant qu’il y repensait, Anouck songea que l’imbécile, dans l’histoire, c’était peut être lui. Heureusement, jusqu’ici, il ne s’était pas trop compromis niveau information. Il avait dit qu’il était le commissaire Atwoman, mas ça, beaucoup de gens le savaient. A part ça, il n’avait laissé filer aucune info importante. De justesse. Mais il devait rester sur ses gardes, desfois que ce type là n’essaie de le mener par le bout du nez –ce qu’Atwoman ne pourrait pas tolérer, assurément.

    « Bon. Si nous jouions cartes sur table ? Je ne vous ai pas engagé pour me tenir le crachoir autour d’un thé. »

    Lança le commissaire, ponctuant sa phrase d’une petite gorgée de thé, justement. Non parce que tant qu’à faire, s’il était là, autant le boire, ce thé.

    « A moins que vous ne préfériez un endroit plus… discret ? » Ca, il en doutait, la discrétion, ça n’était pas son dada à ce type là. « Intime ? » Comme ça il cesserait peut être de tourner autour du pot. « Secret ? » Un petit plongeon dans l’enfance, aux pays des secrets jamais longtemps gardés.

    En tout cas, Anouck l’espérait. Il n’allait pas l’attendre toute la journée, cette info, tout de même !
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MessageSujet: Re: "Le complot c'est génial"   "Le complot c'est génial" EmptyVen 4 Déc 2009 - 17:24

    Oui c’est vrai, plus c’est gros plus ça passe.
    Mais quand c’est vraiment trop gros… ça passe quand même ? Parce qu’au-delà du double sens que personne n’aura prit le temps de souligner, cette histoire prenait des allures les plus ambigües. Le ton mordant du policier ne défit en rien la tranquillité de Valentine, ni sa fâcheuse habitude de provoquer les gens avec ses « mines de rien ». Tout en douceur, on cultive l’impatience des interlocuteurs, jusqu’au moment où…
    Boom.

    Mais on n’en est pas encore là. Quoique. Peut être que ça n’allait pas tarder, tout compte fait.
    Et à cet instant là, le psychologue tentait encore de s’introduire dans une des brèches que voulait bien lâcher ce rustre de flic. Non seulement il lui tombait dessus, mais en plus il l’agressait ? Drôle de petit bonhomme lui. Peu importe, c’était toujours bon de se croire tout permis. Toutefois, cette mise en scène avait beau être insensée, ce type n’avait pas l’air de vouloir plaisanter. Ni de perdre son temps à proprement dire, même si c’était ce qu’il faisait depuis le début de cette drôle de rencontre. C’était assez drôle que ce flic là le prenne pour un sombre crétin aussi. Médiocre, abruti profond... Soit. Yui accusa sans broncher, un sourire de plus en plus amusé sur les lèvres. Quelle ironie du sort.

    -C’est moi qui ai posé une question et au final je m’en retrouve avec une dizaine… se plaignit presque le psychologue avant de reprendre tranquillement, et médiocre ou pas... je ne suis pas seulement ce genre de personne à laquelle vous pensez. Vous voyez, je dois concilier plusieurs activités… dans le cadre de ma profession, cher commissaire. Bref. Toujours est-il que, je tiens à ce que vous sachiez que je ne vous suivais pas à vous, en particulier.

    Après avoir accusé de l’index son interlocuteur, Yui se recula confortablement sur son siège, jouant un petit moment avec sa cuillère. Ils étaient visiblement les deux acteurs principaux de cette scène au milieu d’un café. Bien…

    -Pensez donc ce que vous voulez, mais vous ne m’intéressiez guère dans toute cette histoire...…jusqu’à la semaine dernière peut-être. Très bien, très bien, dites moi si votre temps vous est si précieux, nous pourrions convenir d’un autre rendez-vous. A votre convenance…

    Commissaire.
    Ainsi donc il avait affaire avec un commissaire. Sacrée histoire. Et maintenant, comment mêler un soupçon de mensonge dans un bol de vérité. Yui jeta un bref coup d’œil aux alentours et planta son regard droit sur le policier. Sans ciller. Alors que l’instant d’avant, n’importe qui aurait pu aisément déclarer la fin de leur étrange conversation. Près d’eux, un portable sonna, les gens s’apprêtèrent à retourner à leurs affaires. Là bas, à la table derrière le dos de ce rustre d’Atwoman, un vieux crouton à son journal ferma la page. Valentine put saisir quelques lignes d’un article en retrait. C’était un peu le genre d’article sans importance dans la rubrique des chiens écrasés. Les faits divers si on préfère. Quant à l’impatience du commissaire… elle n’allait pas s’étaler sur beaucoup de mètres encore. Yui ne l’oubliait pas.

    -…Cela dit, commissaire Atwoman. Dites moi juste une chose. Connaissez-vous un certain… William ?

    William.
    Dans le journal, il était question d’un certain lycéen au nom de William Lambda accusé pour agression sur son professeur. Un William au Japon... mouais. Plusieurs académie à renommée internationales se concurrençaient dans cette région, alors pourquoi pas. Et pas géniale comme histoire, mais le fond importait peu à un tordu d’esprit. Un tordu d’esprit qui avait souvent la chance du hasard. A savoir si ce hasard le ferait avancer aujourd’hui, c’était là une autre question. Bon. Et si Atwoman ne connaissait aucun William, Yui n’aurait qu’à se faire passer pour un piètre crétin s’étant trompé et puis il s’en laverait les mains avant de poursuivre sa vie de psy. Nouveau coup d’œil à son environnement.

    -Oui car… Hm. Non. Vous avez raison. Posons nos cartes sur la table. Mais dans un endroit plus… certain. Eloignons nous, je vous prie.

    Les murs ont des oreilles, se retint-il de rajouter, en présence de toutes les attentions qui revenaient de nouveaux sur eux. Non. Une autre touche de plaisanterie et ce commissaire ne le croirait probablement plus. A ce moment là, seul l’apparence de Yui pouvait porter à croire que tout était crédible. En attendant, le psychologue allait bien devoir trouver une histoire à dire sur ce fameux William. Il se leva, sans geste brusque, sans à-coup, sans sueur palpitant sur le front. Parce que mentir est un art comme les autres.
    Et, tranquillement, il laissa le pourboire sous sa tasse de thé. Il n’était pas du genre à compter les centimes, ah ça non. Yui Valentine ne compte qu’en billet parce que la monnaie, ça prend trop de place. Sans quitter Atwoman des yeux, sans lever le ton de sa voix, sans se départir de son sérieux. Un sérieux qui serait inquiétant venant de Valentine, mais ce détail, personne n’est encore censé le savoir pour le moment.

    -Cette personne dont je vous parle, je ne l’ai jamais rencontré moi-même. Il travaille par le biais de plusieurs collaborateurs *conspirateurs*, et je suivais l’un d’entre eux.

    Puis rajustant tranquillement sa veste, le psy haussa des épaules, l’air de ne plus vouloir en dire pour un moment. Il fallait bien qu’il réfléchisse à une histoire. Incohérente tout en restant cohérente. Histoire que tout le monde y perde pied, à la fin. Si une fin il y avait. Etrange spectacle que celui de voir deux zigotos se diriger on ne sait où côte à côte. Et ils étaient tellement farfelus l’un et l’autre qu’ils n’allaient pas du tout ensemble. Dans le style où personne n’aurait jamais songé à placer un des deux dans le champ de l’autre.

    Seulement voilà, Valentine pensait aussi déjà au dénouement de cette mise en scène. Parce qu’au moment où son baratin partirait en fumée, lui aussi pourrait bien l’être. Parce que ce flic là, il n’avait pas encore l’air d’avoir appris à rire. Pas pour les bêtises machiavéliques de Yui en tout cas. On verrait bien.

    Un taxi s’arrêta. Le chauffeur connaissait bien Valentine ; ce n’était pas son chauffeur personnel, non mais c’était tout comme. Quand la paye est bonne, on reste fidèle dans la plupart des cas. Un peu comme si on se mettait à acheter des gens. Système écœurant mais tellement réaliste. Quoiqu’il en soit, c’est une voiturette bien confortable où il est possible de s’assoir plus que confortablement. Où nul chauffeur ne peut laisser trainer une oreille à une conversation aussi farfelue que ceux qui les mènent. Sans savoir si le commissaire souhaitait monter ou pas, qu’il soit en droit ou non de le faire dans le cadre de sa profession, -c’était son problème-, Yui s’installa tranquillement en premier. S’il montait, une histoire vraie et en même temps fausse continuerait. Si non, tant pis. De toute façon, leur chemin était voué à se recroiser, parce qu’après l’épisode des poireaux et des persils, c’était inscrit dans les lignes.
    Etait-il monté ou non ?

    -J’irai droit au fait, commissaire.

    Encore ce regard franc.
    Le complot, c’est rigolo au début.

    -Je suis sur la trace d’une certaine personne. Et cette personne elle-même en traque une autre.

    Le jeune homme plongea ensuite dans la contemplation de ses doigts sous tous ses angles.

    -Vous êtes suivi. Et la personne qui vous suit, ce n’est pas moi.
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MessageSujet: Re: "Le complot c'est génial"   "Le complot c'est génial" EmptyLun 14 Déc 2009 - 17:58

    « Je ne vous intéresse pas ? Vous êtes un peu culotté. Je suis celui qui vous a engagé et, accessoirement, celui qui vous paye, alors j’espère que vous portez ne serait-ce qu’une minuscule intérêt à ma personne. » répliqua Atwoman.

    C’est que l’Alaskien n’avait pas pour habitude de ne PAS être le centre d’intérêt principal des gens qu’il côtoyait. C’était même pire : il détestait que la personne à qui il parlait puisse laisser voguer son attention ailleurs que sur sa petite personne. En général, son égocentrisme se manifestait surtout sur le désastre qu’était sa vie personnelle, mais de plus en plus, cela se manifestait au niveau professionnel, au plus grand déplaisir des collègues d’Anouck. Mais enfin…de toute façon, travail avec Anouck n’avait jamais rimé avec plaisir.

    A sa façon de tirer sur sa cigarette, en sentait que le commissaire aurait volontiers reporté le rendez-vous pour ce débarrassé de l’informateur qu’il considérait maintenant comme un crétin fini tout juste bon à lui faire perdre son temps. Mais Atwoman n’avait pas pour habitude de laisser tomber facilement, et cette situation là ne ferait pas exception aux autres : il obtiendrait ce qu’il voudrait, un point c’est tout.

    « Convenir d’un autre rendez-vous ? Si je l’ai mis aujourd’hui, ce rendez-vous, c’est que j’ai du temps à vous consacrer. Ca n’est pas une raison pour me le faire perdre, voilà tout. »

    Nouck eut un petit plissement de nez mécontent. Ce bonhomme le rendait étonnamment bavard, et il n’aimait pas franchement ça. D’ordinaire, il économisait ses mots. Trop. Là, il devenait une vraie pipelette. Pas pour dire des choses forcément sympathiques, cela dit. Mais il avait la langue bien pendue. Et pas pour ce à quoi il l’utilisait d’ordinaire.

    Il fallait dire que Yui ne l’aidait pas beaucoup. Il distribuait les informations au compte-goutte, et semblait prendre un malin plaisir à annoncer les moins intéressantes en premier. Anouck l’observa aussi calmement que possible poser sa question, le regard fixe.

    « William ? Plus d’un pour tout vous dire. Pourquoi ? »

    Là, honnêtement, le policier ne voyait pas bien ou l’autre voulait en venir. Des Williams, il en connaissait en tout genre : des « amis », des amants, des truands, des voyous de bas étage, et la liste était encore longue. Keimoo était une ville assez internationale avec le foisonnement d’universités.
    Nouck aurait pu en savoir un peu plus…mais non. Le sort, ou plutôt l’informateur, en décida autrement. Le commissaire dut se retenir de soupirer ouvertement. C’était comme tendre un os à un chien puis le lui cacher : frustrant.

    Le bonhomme rassembla ses clics et ses clacs, déposa de la monnaie, amorça un geste pour s’éloigner. Anouck, sans perdre de temps, l’imita. Il ne laissa pas de pourboire, pas plus qu’il ne paya : les serveurs et le patron le connaissaient bien, et les crédits se multipliaient avec Atwoman. Accord tacite, mais accord tout de même.

    Yui balança encore une information, rapide, imprécise, carrément floue même, juste de quoi attiser la curiosité. Le bougre avait compris comment faire courir Nouck. Ce dernier ne prit pas le temps de répondre cette fois-ci, se contentant d’hausser légèrement les épaules alors qu’il boutonnait lentement son grand manteau, suivant cet étrange énergumène, se demandant bien où il pouvait l’emmener. Le policier ne se faisait pas trop de souci sur le lieu de destination, de toute façon, il avait déjà du essuyé tous les lieux les plus sordides et malfamés du coin.

    Comme on pouvait s’y attendre, Yui s’engouffra dans le taxi qui venait de s’arrêter, continuant à s’adresser au commissaire qui s’était penché en deux pour entrapercevoir le visage de son interlocuteur sans avoir besoin de se glisser, lui-aussi, dans le véhicule.
    Après un petit instant de silence, où il dévisagea muettement le psychologue, le regard presque vide, il disparut à son tour dans le taxi. S’installant à son aise sur la banquette, il tourna la tête vers son nouveau compagnon de route.

    « Où va ce taxi ? »

    Question qui, en toute logique, aurait du être posée AVANT de monter dans le dit taxi, mais enfin, n’allons pas demander à Atwoman d’être logique. Depuis le début de leur rencontre, le commissaire tenait des propos étranges et décousus, alors il pouvait bien continuer dans sa lancée. Tout n’était que mal-entendu, entre eux, dans tous les cas.

    Maintenant que l’informateur s’était enfin décidé à lui lâcher des informations, il fallait les exploiter. Pas celles qu’il attendait, certes, mais des informations tout de même. L’ironie du sort voulait que le véritable informateur attendait toujours au café, s’énervant sans doute, traitant Atwoman de tous les noms pour son retard, tandis que lui s’éloigner vers un lieu inconnu avec une personne toute aussi inconnue. Soit. Anouck avait vu pire, dans la famille situations improbables.

    « A la bonne heure… » répondit-il, levant pour la énième fois les yeux au ciel.

    A ce stade, Yui avait vu le globe oculaire du commissaire sous tous les angles possibles.

    « Je vous engage pour me trouver des informations sur une personne, et vous, vous venez m’annoncer que je suis suivi ? Formidable… »

    On sentait, au ton de Nouck, que ça n’avait en fait rien de formidable, et qu’il était en train d’épuiser le peu de patience qu’il avait. L’ennui, c’était qu’il perdait son temps, là. Il s’en fichait d’être suivi. Il voulait juste ces putains d’infos pour clore ce dossier et finir son travail plus tôt. Être ici, dans ce taxi, avec un informateur incompétent, c’était perdre son temps. Pas du temps de travail, non, du temps pour trainner dans les bars, s’amuser dans des lieux de débauche et prendre son pied.

    « Bon et bien. Puisque nous y sommes : Qui, et pourquoi ? »

    Non parce que en plus d’une semaine, le gus avait du trouver d’autres informations que seulement « vous êtes suivi ». En tout cas, il l’esperait. Dans le cas contraire, Yui allait finir par subir les sautes d’humeur d’un Anouck irritable et irrité, ce qui serait fort dommage –surtout que manifester son mécontentement dans un taxi, c’était très limité…

    Et l’autre tâche qui prenait tout son temps pour délivrer les informations, détaillant ses doigts sous tous les angles possibles comme s’il espérait y découvrir la sainte vérité. Nouck eut un claquement de langue agacé, alors que sa main venait s’emparer de celle de l’étrange informateur pour attirer l’attention sur lui.

    « Je ne pense pas me tromper en affirmant que vos doigts, contrairement à mon enquête, ne sont pas une affaire urgente ? » lâcha-t-il, abruptement, ces yeux rouges fixés sur le visage de son pseudo-informateur.

    « J’ai la très désagréable sensation de perdre mon temps, avec vous » ajouta-t-il, franc à l’excès, comme toujours. « Et j’apprécierais fortement que vous m’ôtiez cette sensation. »

    Poursuivit-il, lâchant lentement la main de Yui, détachant chaque doigt, un à un.

    « Vous n’êtes pas payé à la minute, que je sache, alors cessez de laisser trainner les révélations. Si vous n’avez rien trouvé, dites le moi directement. Mon temps est cher et précieux, comme je vous l’ai déjà dit »

    Anouck venait, en l’espace de moins d’une petite heure, de faire preuve de toute l’amabilité dont il était capable –dans son travail, du moins. Anouck en tant que policier savait se contenir. Anouck en tant que civil ou Anouck en tant que strip-teaser devenait carrément flippant lorsqu’il s’énervait. Ca ne l’empêchait pas d’être particulièrement désagréable avec ses collègues ou collaborateurs lorsqu’on avait la mauvaise idée de l’ennuyer, comme le faisait avec brio Yui en cet instant.
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MessageSujet: Re: "Le complot c'est génial"   "Le complot c'est génial" EmptyDim 20 Déc 2009 - 23:00

Bon. Voilà, ils étaient à bord d’un taxi.

-Et bien, choisissez donc votre destination, au lieu de demander, rétorqua Valentine, balayant l’air de la main pour chasser la futilité de la question.

Et maintenant ? Et maintenant, c’est extrêmement simple, Yui est embauché par ce commissaire pour récolter des informations sur une personne. Erreur sur la personne ? Oui, énorme erreur, et elle était bien bonne celle là. Plus le temps passait, plus Yui se trouvait mêlé à une histoire qui ne le concernait absolument pas. Il fit mine de se concentrer.

-Chut ! Ne me secouez pas quand je réfléchis, siffla-t-il agacé, quand le policier le saisit par la main. Et moi, j’apprécierai fortement comprendre l’enchaînement logique de tout ce que j’ai pu récolter.

Il fronça légèrement les sourcils et planta son regard vers le policier.

-Le William dont je vous parlais. Et bien ce William, pense que vous faites partie d’un réseau douteux, commença Valentine en haussant des épaules, …de prostitution en fait. Il parait que certaines preuves sont à l’appui mais qu’en sais-je moi ? Je vous ai déjà dis que vous ne m’intéressiez pas dans cette affaire, jusqu’à ce que je réalise que vous étiez au cœur de tout ce circuit, commissaire. Après tout, je ne suivais que votre suiveur, moi.

Yui soupira, l’air ennuyé.
Voir la fureur commencer à plomber l’atmosphère était bien drôle surtout quand il savait désormais qu’elle ne le concernait pas. Bon ça serait moins drôle quand elle lui retomberait dessus, certes. Il eut brusquement envie d’éclater de rire au nez du commissaire ; mais le faire n’aurait probablement pas rien apporté de bien. Pour l’instant, au moins.

-Et je dirai que ce William ne peut être qu’une personne de votre entourage. Entourage proche… très proche. …Peut être des amis… voire de la famille ? supposa-t-il, en regardant par la fenêtre. Un proche qui pourrait vous en vouloir… ma foi. Je n’en sais pas plus parce que pour cela, il aurait fallut que je vous suive.

Valentine étira tranquillement ses jambes.

-Et comme vous l’avez dit, je ne suis qu’un petit rigolo et abruti. Mais dites-moi commissaire. Je peux vous poser une question ? sans attendre sa réponse, il poursuivit. Comment réagiriez-vous en imaginant que vous avez fait erreur sur la personne ? Je veux dire par là…

Le psychologue leva les yeux au ciel, d’un air comme hésitant.

-que… j’ai la désagréable sensation de m’être trompé de personne dans cette affaire. Car vous ne pouvez pas être acteur dans cette histoire, n’est-ce pas ?

Mais enfin ! Tout cela est dépourvu de logique. Vous êtes commissaire, vous ne pouvez pas faire partie d’un réseau de prostitution. Ni vous tromper non ? Bien qu’après tout, beaucoup de choses sont possibles. Faisant passer cette impression à travers ces fausses pensées non-dites, Valentine haussa une nouvelle fois des épaules, face à l’énormité de cette tournure.

-…Je veux dire, vous devez la connaître cette impression là, agaçante voire même humiliante ; quand nous nous apercevons que nous avons tout faux depuis le départ… parce que j’ai justement comme un pressentiment dans ce genre, à vrai dire. Et si... et si je m'étais trompé, au final?

C’est vrai ça.
Cette impression d’avoir fait le bon chemin, d’en avoir convaincu tout son entourage jusqu’à se rendre compte qu’au final, tout était erroné dès le début. A un moment, Yui eut l’idée saugrenue de se faire passer pour un amnésique. Mais alors, il aurait perdu toute sa crédibilité. A ce moment, si le psy avait simplement dit au commissaire qu’il s’était gouré, l’aurait-on cru ? Bah… au pire, est ce que c’était son problème, d’être crédible ou non ? Et un égocentrique comme Valentine ne pouvait que penser à son petit plaisir avant celui des autres alors que cela plaise ou pas…
Il eut alors un sourire sournois.

-…Commissaire, si vous perdez votre temps, sachez que je perds aussi le mien.

L’art de faire monter la moutarde au nez. Lentement, mais sûrement, qui sait ? Valentine est-il fou ? Peut-être que non, peut-être que oui. Qu’importe. A ce moment là, il se dit qu’Atwoman ne pouvait que réaliser l’ampleur de sa bêtise et sortir à grand fracas de la voiture. Ou pas. De toute façon, peu importe la suite, le psy était bien décidé à griller un peu plus inutilement le temps d’un rustre flic. Et Valentine trouva pile ce moment aisé pour tapoter à la vitre de son chauffeur, et lui commander de s’arrêter dans les prochaines minutes.

-Hector, vous permettez? Je ne voudrais pas oublier d’acheter ma baguette de campagne pour ce soir. Non, j’irais la chercher moi-même, j’insiste. Merci Hector.

Hector, -le chauffeur qui ne s’appelait que comme ça par Yui- avait probablement dû tomber les quatre fers en l’air par tant de courtoisie venant de ce farfelu. De son côté, le psy adressa un agréable sourire au flic, avant d’annoncer :

-Ensuite je rentrerai à pied. Dites moi commissaire, vous joindrez vous à ma table ce soir ? demanda-t-il comme s’il se foutait du précieux temps perdu du commissaire.

En tout cas, au prochain arrêt, Valentine irait donc acheter son pain, -pour la première fois, d’ailleurs-. Après les carottes et les navets… autant rentrer dans le routinier le plus banal.
Et qu’en dit Atwoman de tout ça?
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MessageSujet: Re: "Le complot c'est génial"   "Le complot c'est génial" EmptyMer 23 Déc 2009 - 1:32

    C’était une considération intéressante. Soudaine, pas drôle du tout, mais intéressante.
    Surtout après l’avoir bassiné avec ce fameux William. Nouck avait froncé les sourcils. Entourage proche, hein. Des amis ? Comme si le policier connaissait le sens de ce mot. La famille ? Là, ça devenait carrément ridicule. En fait, à bien y réfléchir, ce William ne pouvait être qu’un collègue, une victime, un amant, ou un compagnon de verre. C’était la question à 10 000 euros.

    Et v’là que ce bon monsieur lui parlait d’une…erreur. Elle sortait d’où cette erreur ? Et qu’est-ce qu’elle foutait là, d’ailleurs ?
    Première réaction d’Atwoman, bien connue de Yui maintenant, puisqu’il y avait eu droit presque à chaque mot, phrase ou onomatopée. D’instinct, Anouck crut que ce drôle de bonhomme voulait ENCORE plaisanter. Il plaisantait un peu trop au gout du flic. Et pourtant, le sérieux, c’était pas franchement ce qui faisait excès chez l’Alaskien.

    « Vous plaisantez ? » … encore, faillit-il ajouter.

    Là, les yeux d’Anouck lançaient carrément des éclairs. Si un français trainnait dans le coin, il aurait sans doute pu entamer le « iiiil a les yeuuuux revolveeeer » si connu… mais il n’y avait pas de français aux alentours –pas étonnant vu que les alentours c’était Hector en l’occurence- et c’était sans doute mieux ainsi. Si quelqu’un s’était mis à braire à cet instant, Nouck lui aurait sans doute fait bouffer ses amygdales. Ce qui ne doit ni être aisé, ni agréable.

    Bref, le massacre étant évité, Anouck pouvait concentré tout son mécontentement sur ce bon Yui.

    « Comment ça tromper ? Vous n’avez pas pu vous tromper, c’est moi qui suis venu vous chercher. »

    A peine eut-il dit ceci, qu’il fut pris d’un énorme doute. Et si lui-même s’était trompé ?

    Se tromper ? Impossible ! Hors de question. Il s’agissait du grand Anouck Atwoman. Du grand policier. Anouck pouvait désobéir à la loi, encourager voir aider des traffics, créer des traffics, coucher avec les interpellés du commissariat, mener une double vie de strip teaser / policier, cacher des tendances SM, être un ripoux débauché et cinglé, mais il ne pouvait pas se tromper, non.
    Atwoman peut tromper une fois, mille personnes, mais on ne peut pas tromper 1000 fois Atwoman. Prenez un chewing-gum Yui. Nous nous égarons…

    « sssssht ! » siffla Anouck, agacé. La voix de Yui l’empêchait d’achever sa réflexion.

    Et puis, techniquement, ça ne collait pas ! S’il n’était pas son espion, alors POURQUOI est-ce qu’il le voyait absolument partout où il allait ? Non parce que les courgettes ça allait bien une fois, mais à répétition, ça devient suspect, non ? Bon alors, il y avait bien quelque chose de louche là dedans.

    « Et donc, si je suis bien votre raisonnement, nos rencontres à répétition sont purement et simplement fortuites, c’est cela ? »

    Et le pire, dans l’histoire, c’est que c’était le cas. Du hasard, rien que du hasard. Un hasard qui s’acharne et qui insiste, peut-on appeler cela du hasard ? Comment auraient-ils pu l’appeler autrement ? Le destin ? Anouck n’était pas friand de ce genre de connerie. Les grandes phrases comme « c’était le destin », c’était bon pour les mollassons. Lui, il aimait diriger sa vie, alors admettre qu’une entité supérieure –qui au lieu d’être appelée destin pourrait être appelée joueur…- soit à la base de toute cette histoire, c’était un peu trop pour lui tout de même.

    Il continua de fixer Yui, l’air sévère et irrité. Si l’on pouvait user quelqu’un par son simple regard, nul doute que Valentine aurait déteint, et serait peut être même devenu transparent avec Anouck comme interlocuteur et observateur. Ce qui serait tout de même un peu dommage : pour une fois que Atwoman faisait figure de banal à côté de quelqu’un, il fallait le préserver et le conserver…

    Et toujours cette même rengaine sur le temps. A croire que Nouck avait contaminé Yui avec cette ridicule obsession du temps. Voilà qu’il s’y mettait aussi, à se lamenter sur les pertes de ces précieuses minutes, qui pouvaient rapidement se transformer en heures…en jours ? N’exagérons rien tout de même…

    « Est-ce que cette constatation est sensée me réconforter ? » répondit-il simplement, haussant le sourcil.

    Ce qui n’était qu’une manière plus ou moins polie de dire qu’il n’en avait rien à faire que l’autre perde son temps, et que le sien était nécessairement plus précieux, plus mieux, et donc plus important. 28 ans et la maturité d’un ado, Atwoman avait fait fort dans le genre « saut d’étape ».

    Surtout que le temps de Yui ne devait pas être SI précieux et son emploi du temps pas SI chargé si son problème principal était…son pain. Sa baguette. De campagne. Anouck aurait pu pleurer de désespoir s’il était de son genre de pleurer…et d’être désespéré. Comme ce n’était pas le cas, il se contenta de garder son éternel air impassible, qui avait pourtant était mis à rude épreuve durant cette conversation.
    Qu’importe. Il commençait doucement, tout doucement, à digérer l’information, et à sa résigner au fait que Yui était plombier, éboueur, fonctionnaire, fermier ou présentateur météo…mais pas espion.

    Alors vous pensez bien, quand, l’autre, mine de rien, lui lança à la cantonade une invitation pour dîner…

    « Avec plaisir. » répondit Anouck, bien décidé à rentrer dans le jeu de cet énergumène loufoque.

    Jouer la comédie, c’était un peu son truc aussi. Et puis, au final, les situations insolites, il les aimait bien. Et de toute évidence, elles l’aimaient bien aussi, puisque ça tombait tout le temps sur lui.
    Sauf que, bien évidemment, il ne faisait pas cela QUE pour s’amuser –en grande partie, tout de même. Il soupçonnait Yui de s’être bien amusé à lui avoir raconté plus ou moins…n’importe quoi. Alors il comptait, au passage, au mieux lui pourrir l’existence, au pire prendre sa revanche. Il verrait bien s’il aurait l’opportunité de. Anouck savait se montrer patient de très très rares occasions.

    « Je suis végétarien, par contre. » lâcha-t-il soudainement, comme un cheveu sur la soupe.

    Ce qui était d’ailleurs totalement faux. Nouck était on ne peut plus carnivore et n’avait absolument rien de végétarien. Bien qu’il aimait aussi les légumes –les poireaux par exemple. Il avait juste toujours rêvé de lâcher cette phrase, mine de rien, avec condescendance. Parce que tout cuisinier qui se respecte a déjà eu à faire à l’invité chiant qui balance son « je suis végétarien » alors que l’on vient de faire un dîner 100% carnivore. Comme dans « un dîner presque parfait ». Emission que Anouck regardait presque quotidiennement, bien que les apparences ne laissent pas soupçonner ce genre de passion. En fait, le policier adorait cuisiner, alors il aimait bien les émissions culinaires.

    Et puis, autant jouer son rôle de boulet jusqu’au bout. C’était plus amusant. Anouck avait une définition et une conception bien à lui de l’amusement. Pas certain que Yui y adhère, mais enfin…ce n’était pas son problème à lui, n’est-ce pas ?

    « Vous êtes bon cuisinier ? » enchainna-t-il, tout naturellement.

    Ca n’était pas comme si il y a 10 minutes à peine il le traitait d’incapable, d’abruti, d’idiot, de débile, et qu’ils discutaillaient tranquillement d’espionnage et autres comploteries du milieu.

    L’Absurde. Ce que Nouck pouvait l’aimait, celui là.
    Le véritable espion, si tant est qu’il ne s’agissait pas bel et bien de Yu, attendait toujours au café, sans doute, et était à des kilomètres des considérations du flic.

    De deux choses l’une : si ce n’était pas Yui, alors le vrai le recontacterait sans doute à l’occasion et Anouck inventerait une urgence. Il était commissaire, il avait pour ainsi dire les pleins pouvoirs. Et si c’était Yui qui voulait juste embrouiller un peu plus Atwoman, il le saurait tôt ou tard, et il l’aurait sous la main. Ca l’amusait, à vrai dire, de faire mumuse avec ce bonhomme. De savoir s’il était un vrai incapable ou juste un mauvais « espion improvisé ». Et un bon cuisinier, surtout : c’était tout de même la principale préoccupation du moment.

    D’ailleurs, le temps qu’Anouck retourne complètement sa veste en matière de « perte de temps » -notons tout de même qu’il avait du temps pour aller dîner chez un parfait inconnu mais pas pour écouter un espion prendre un peu trop de détour pour parler, logique…-, et la voiture était arrivée à l’endroit supposé. « Hector », qui ne comprenait plus grand-chose à cette histoire –il n’était pas payé à comprendre mais à rouler me direz-vous…- avait arrêté le véhicule, d’un air incertain. Devant une boulangerie. Le pain de campagne, oui oui, naturellement.

    Alors que Nouck emboitait sagement le pas à monsieur-sans-nom, claquant la portière derrière lui, il croisa les bras, dévisageant calmement Yui.

    « Vous habitez loin d’ici ? Vous voulez diner vers quelle heure à propos ? Et pourquoi du pain de campagne, au juste ? »

    Trois questions décousues et, avouons le, inutiles. Anouck était maintenant parfaitement entré dans la peau du visiteur courtois –mais un peu trop curieux. Du temps, il allait en perdre en masse, et pourtant, il semblait moins contrarié qu’avant. La perspective de se remplir le ventre, sans doute,…oupas.
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MessageSujet: Re: "Le complot c'est génial"   "Le complot c'est génial" EmptyMer 30 Déc 2009 - 1:34

Un psy et un flic, à la boulangerie.
D’un côté, ce n’était pas sorcier. Mais quand il s’agit de deux personnalités telles que ces deux types le sont, alors si, il y a de quoi se retourner deux fois sur leur passage. Sachant qu’Atwoman, dans son uniforme de travail s’était visiblement décidé à accompagner Yui, est ce qu’on pouvait pour autant dire que ce dernier était une sorte de célébrité escorté de sa garde rapprochée ? Après le chewing-gum, sors tes lunettes de soleil, Valentine.

Enfin bon. Il ne fallait tout de même pas exagérer.
L’excentrique de Valentine ne porte pas de lunette de soleil. Il aime à croire que ses yeux sont infaillibles par une journée bien éclairée, à condition –bien évidemment- de ne pas fixer le soleil, comme un abruti. Même les fous ne le font pas, ça. ‘Fin bref. Avant de sortir de la voiture, Valentine avait faillit commencer par un –vous plaisantez ?-, exactement sur le même ton que son interlocuteur, quelques instants auparavant. Mais il se retint à temps, gardant un air tout sourire à peine sournois. Et donc, l’autre sbire avait le temps de venir dîner avec lui alors qu’il n’avait pas le temps de lui soutirer les bonnes informations du nez ? En même temps, lui, son alibi pour plaider la cause de son temps précieux, c’était… l’achat du pain. Conséquence de tout ça, le psy s’était débrouillé pour inviter un policier à sa table ce soir. Mais oui, on fait ça tous les jours, voyons. En passant, notez le petit « Chut, ssst, la ferme je réfléchis » chacun de leur côté. Ces deux hurluberlus font franchement, une sacrée paire. C’est déjà à se demander comment une discussion peut avoir lieu entre eux.

-Fortuites ? Je n’irai pas jusqu’à là. Voyez ? La preuve, c’est que vous êtes venu me chercher. C’était inscrit dans les betteraves. Ne croyez vous pas aux grandes forces métaphysiques, commissaire ?

De toute évidence, Yui ne croyait pas plus « aux grandes forces métaphysiques » qu’au destin, même pas pour un sou. Non, bien sûr, Yui Valentine ne croit qu’en lui-même. Logique ; qui aurait eu l’idée ne serait-ce qu’un instant de stipuler le contraire ? L’eut-on prit pour un fou qu’il vivrait toujours aussi bien que maintenant. Et si ça se trouve, les courgettes avaient vraiment tout manigancé pour faire croiser le chemin de deux types tordus. Qu’il en soit ainsi, Valentine s’en moquait, tout compte fait. Hormis les légumes, il fallait bien admettre le fait que ce flic n’accepterait de se tromper, -détail à ne pas délaisser- nota le psy intérieurement. Dommage, il l’aimait déjà bien, son William imaginaire.

-Et si vous avez aussi suivi mon raisonnement, tout le monde peut faire des erreurs dans la vie. Vous savez, c’est le destin, lâcha Yui, exactement le genre de connerie qui dépassait Anouck. Allons… ne me regardez pas comme ça.

Et, c’est sans se soucier des yeux mitraillettes de son futur invité, qu’il lui avait proposé d’aller acheter un pain de campagne à la prochaine boulangerie. Qui aurait cru qu’une histoire d’espion allait partir sur un sujet de cuisine à la con ?

Anouck : Vous êtes bon cuisinier ?
Yui : Tout dépend ce que vous appelez un bon cuisinier.
Anouck : Je suis végétarien, par contre.
Yui : Ah bon, très bien ! Et bien, j’aurais dis l’inverse, mais soit. Je vous admire. (Et donc ?)
Anouck : Vous habitez loin d’ici ?
Yui : A une dizaine de kilomètres… Mais peut être un peu moins, tout compte fait.
Anouck: Vous voulez diner vers quelle heure à propos ?
Yui : Dès que nous seront rentrés, pourquoi pas. A moins que vous n’ayez un rituel quelconque avant ?
Anouck : Et pourquoi du pain de campagne, au juste ?

Pile au moment où cette discussion banale entre un visiteur relativement curieux et agaçant et un hôte relativement courtois et agaçant allait finir par un agréable –Et moi, je vous en pose des questions ?- la boulangère, et oui, la petite jeunette de la caisse, les interrompit, un grand sourire aux lèvres. « Ah bonsoir Monsieur Valentine ! » Et comme d’ordinaire, elle alla lui servir une baguette au pavot, sauf que justement, cette fois, le psy réclama un pain de campagne et que pile à cette heure là, il y avait comme une rupture de stock. Enfin bon. Ce sont là les aléas d’une vie on ne peut plus normale. Mais franchement, il y a des fois où on a vraiment l’impression qu’elle complote vraiment contre nous.

-Le complot, c’est toujours aussi génial-

Il s’avéra que la fameuse rue où habitait Valentine ne se trouvait qu’à quelques angles de rues plus loin, et que le psy s’était trompé d’une façon ou d’une autre, volontaire ou pas, dans ses indications temporelles. Finalement revenu sans le pain exigé, Valentine avait néanmoins répondu avec une certaine patiente à toutes les questions qui avaient suivi sa conversation avec le flic. Yui expliqua même d’un ton platonique, que, rien ne valait un bon pain de campagne pour se rappeler la bonne vieille France, terre d’origine. Un entourage proche de Valentine –parmi les peu existants-, auraient pleuré de rire en imaginant Valentine raconter de telle banalités avec son espèce d’air sérieux à deux balles. Dans la rue, des regards intrigués s’attardaient à leur passage. A savoir si c’était comme une star ou comme un criminel qu’on le zyeutait ainsi, ce sujet n’avait qu’à faire débat. Mais même dans un instant aussi banal, fallait-il que monsieur fasse la une des journaux. Ou peut-être que son invité en était la cause aussi. Oui, probablement, ça devait lui, sans aucun doute. […]


Et donc alors, l’inimaginable se produisit, Yui se vit lui-même en train de cuisiner. Pour être exact, il y avait eu Martha, qui s’était proposée, comme à l’ordinaire. Cette dernière se fit toutefois congédier de la demeure, ce soir-là. Elle ne chercha d’ailleurs pas à en rajouter, presque accoutumée aux délires du maître du logis. Et sur ce départ discret, Valentine avait sorti ses chers légumes, les étalant côte à côte sur la table longue. On précisera que le verbe cuisiner chez un tordu, commence dès lors que le pied a franchi la cuisine. En pratique et en théorie donc, Yui est donc en train de cuisiner.

-Et vous alors, vous cuisinez commissaire ? demanda l’excentrique, après avoir sorti tout son artillerie légumifiée, menaçant à présent de rouler sous la table. Car, du végétal, le psy en avait plein l’appartement ; à vrai dire, il aurait pu se rassasier la panse pour six bon mois au moins, avec une cuisine si blindée. Et, plus il y avait, mieux c’était : tel était la théorie de Yui. Pour autant, il était bien connu pour ne pas être un grand mangeur, ni même un simple gourmand. Mais, mieux vaut mourir le ventre vide que le ventre plein, et la perspective de se dire qu’il y à bouffer dans la cuisine a quelque chose de rassurant. Soit. Il attrapa une patate et une carotte qu’il remit dans les mains du flic. A noter que le psy ne lui demandait si ce que ce farfelu de policier cuisinait était bon ou pas.

-Je vous offre un bout de table, et vous m’offrez une cuisine saine, suggéra Valentine, tout sourire. Allez-y, je vous regarde.

Et pile à ce moment, la télé annonça le début d’Un Dîner Presque Parfait.
Valentine n’avait pas vraiment peur de se recevoir une betterave sur la tête… Sans savoir ce qu’il allait faire de son poivron, il entreprit de le tailler avec application au couteau. Ça ne veut pas dire que le résultat y est, non plus. Mais bref. A la fin de la soirée, Anouck pourrait ainsi faire le trait des métiers à barrer concernant un type comme Yui Valentine. Pas espion, ni cuisinier, comme ça, c’est clair. Bah… que personne ne s’y trompe, ça ne ferait qu’un dîner presque bien fait. Ou… presque mal fait.

-Dites moi, commissaire? Si je faisais partie d'un complot et que j'essayais de vous empoisonner avec mes légumes, vous y croiriez, vous? lança à tout hasard Valentine sur un ton de discussion. -En tout cas, si vous m'aviez proposé votre table ce soir, il ne me serait jamais venu à l'idée d'accepter. Vous êtes un tordu, vous, en fait!


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MessageSujet: Re: "Le complot c'est génial"   "Le complot c'est génial" EmptySam 2 Jan 2010 - 16:34

    C’est ainsi que d’un complot génial –fomenté par on ne sait qui, si ce n’est le hasard- Anouck et Yui en arrivèrent à un dîner en tête à tête…ou presque. Pour l’instant, ils arrivaient surtout chez Yui, après avoir fait un détour par un pain de campagne absent. A défaut, Nouck avait eu droit à un long et beau discours sur les traditions et la patacaisse. Il avait, donc, entre autre, appris que le bonhomme était français. L’Alaskien, tout ce qu’il connaissait de la France, c’était la nourriture. Et ça tombait très bien, ce qui les réunissait ce soir, c’était JUSTEMENT la nourriture.

    C’est en arrivant sur les lieux du crime –de qui ? des légumes naturellement- que Anouck, pensif, se crut subitement obligé de déclarer la phrase suivant :

    « Je n’y crois pas trop quand elles finissent dans mon estomac. »

    Il n’était pas rare qu’Anouck réponde à des questions avec un temps de retard plus ou moins long. Il n’était pas attardé, non. Il aimait bien murir le sujet dans sa tête, le tourner dans tous les sens, l’oublier, y repenser. Alors forcément, quand la réponse tombait, comme un cheveu sur la soupe, 2h plus tard, il n’était pas toujours évident de resituer le contexte. Mais Nouck, bon seigneur, le faisait parfois.

    « Aux forces métaphysiques. Les betteraves. Tout ça, quoi. »

    Merci Anouck. Cette remarque essentielle étant dite, il fallait passer aux choses sérieuses, en d’autres termes : aux estomacs.
    Mais avant la case estomac, il fallait passer par la case cuisine, ce qui ne semblait pas le loisir principal de Yui. D’ailleurs, pour éviter cette case là, il avait la solution miracle : la délégation.

    « Un peu » répondit Anouck

    Et pour une fois, le policier était plutôt modeste. En fait, il était plutôt doué en cuisine. On ne soupçonnait pas cela chez lui, mais Nouck aimait cuisiner. Ca l’amusait, ça le détendait. C’était peut être même l’unique passion normale chez ce tordu de flic.
    Il observa d’un œil appréciateur les légumes qu’étala le psy dans sa cuisine. C’est qu’il en avait, des réserves. Il se préparait pour la future guerre mondiale ou quoi ?

    « Vous avez du être écureuil dans une autre vie, monsieur Valentine » lâcha-t-il, l’air on ne peut plus sérieux, comme s’il était un grand connaisseur en matière de réincarnation.

    Après tout, tout était possible avec ces deux zigotos, même d’avoir à faire à un fanatique de réincarnation. En vérité, Nouck était même pire : fétichiste des uniformes, strip teaser la nuit, pas de doute, si Yui voulait le psychanalyser, il y avait matière à. Mais pas de déformation professionnelle entre eux : Nouck ne le menottait pas, alors Valentine pouvait bien s’abstenir de trifouiller son esprit tordu. Accord tacite.

    D’ailleurs, visiblement, les accords, les compromis, ça le connaissait, le Yui, puisqu’il venait de proposer un deal à Anouck.
    Première réaction, le policier haussa le sourcil, prenant tout de même la patate et la carotte.

    « J’ai un bout de table chez moi, vous savez. »

    Ce qui était une manière comme une autre de dire que Yui aurait AU MOINS pu cuisiner si déjà il l’invitait ici. C’était dans l’ordre des choses, après tout. Mais soit. Puisqu’ils étaient au pays de l’absurde, il pouvait bien faire un truc potable pour son hôte. Le seul ennui, c’était qu’Anouck cuisinait rarement « végétarien ». Il aimait bien préparer les viandes. Les légumes aussi, mais moins.

    L’Alaskien observa donc ses ingrédients et ceux de Yui. Bah, le mieux rester sans doute de faire une bonne ratatouille. Détrompez vous ! Ca n’était pas un repas de célibataire nul en cuisine. Même les grands restaurants peuvent servir des ratatouilles. Si vous n’en êtes pas convaincus, regardez Ratatouille…

    Alors que le policier commençait donc son chef-d’œuvre, Yui semblait plutôt d’humeur à faire la conversation –absurde, comme toujours.
    Considérant la question, Nouck interrompit quelques secondes son découpage, couteau en suspens.

    « J’y croirais tout à fait. » répondit Anouck, reprenant son activité, un air horriblement sérieux sur le visage.

    Car si le commissaire n’était pas doué pour l’être –sérieux, si vous me suivez- il était très doué pour le sembler, et encore plus pour le jouer. Il s’amusait bien, mine de rien. Car oui, Anouck était d’accord de perdre son temps SI c’était pour s’amuser. Trainner dans les bars, harceler les petits jeunes, baiser, c’était de la perte de temps. Mais c’était drôle, alors ça excusait tout. Finalement, et bizarrement, Anouck préférait Yui en guignol qui s’est trompé qu’en véritable espion. Allez comprendre son raisonnement.

    « Mais je ne crains pas grand-chose » ajouta-t-il calmement, alors qu’il épluchait soigneusement la patate.

    « Lorsqu’on est policier, on subit une formation spéciale où on nous bourre, entre autre, de produits qui nous immunisent contre toute sorte de poisons. Tous les poisons en fait. Mon estomac résiste à tout. » déclara-t-il, solennel. « Enfin, tout ce qui l’attaque de l’intérieur, en tout cas. »

    Ce qui, en plus d’être un mensonge plus gros qu’Atwoman lui-même, était grotesque et risible comme histoire. Mais soit. Anouck semblait s’être pris au jeu, bien décidé à étaler bobard sur bobard. Tenez, dans quelques instants, il annoncerait qu’il était marié –pour la seconde fois, après un divorce difficile- et qu’il avait 3 enfants. Et même 2 petits enfants. Oui, à 27 ans. Et alors ?

    « C’est ma femme qui serait malheureuse, sinon. Je serais déjà mort une bonne demie-douzaine de fois » poursuivit-il, visiblement bien parti pour s’inventer une nouvelle vie. Que pouvait-il inventer de plus ? Pas son métier, Yui le connaissait déjà.

    « Je ne suis pas tordu, je suis policier. »

    Oui car BIEN ENTENDU, l’un justifiait l’autre, et l’autre l’un. Quoique, un policier était nécessairement tordu –dans les yeux d’Atwoman, bien sur, et il n’était de loin pas la référence absolue-, mais un tordu pas forcément policier. Ou alors ça supposait que Yui était policier. Etrange. Mais pas impossible. Anouck connaissait à peine les collègues de SON commissariat, alors connaître les autres…

    « Etes vous policier monsieur Valentine ? »

    Oui parce que maintenant, au moins, il connaissait son nom, c’était un bon début, mine de rien.
    En fait, il était presque certain que Yui n’était pas policier. Pourquoi ? Mais parce qu’un déjanté par police locale, ça suffit amplement ! Et comme Atwoman occupait déjà le poste, plus de place pour Yui. Dommage. Au jeu de l’imbécile, il égalait Anouck. Les deux ensemble formait un sacré duo. Tous deux débiteurs de conneries et de mensonges. Tous deux proprement conscients que l’autre était en plein délire mythomane ou conneriemane.

    Brandissant sans prévenir la carotte encore entière dans la direction de Yui, comme s’il s’agissait d’une arme, il lui adressa un sourire sinistre.

    « Mais dites-moi, qu’est-ce qui vous dit que JE je ne compte pas vous empoisonner ? Après tout, puisque vous me laissez cuisiner, ça me serait plutôt facile. »

    Et non, le fait qu’Anouck était policier n’était pas une raison suffisante pour l’empêcher d’empoisonner des gens. Au contraire, même, ai-je envie de dire.
    Mais si Yui pensait que Anouck s’arrêterait là dans ses grotesqueries, il avait tout faux.
    Reposant soudainement et les outils, et les ingrédients, il alla se planter devant son hôte, poings sur les hanches.

    « Dites moi monsieur Valentine, vous n’auriez pas des vêtements à me prêter ? »

    Sans gêne ? Oh si peu.
    En même temps, vous remarquerez qu’Anouck était toujours en tenue de service. Non seulement c’était intimidant, mais en plus il n’était pas totalement à l’aise, dedans. Fétichiste des uniformes, oui, mais pas 24h/24….
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MessageSujet: Re: "Le complot c'est génial"   "Le complot c'est génial" EmptySam 9 Jan 2010 - 18:45

    [Yui] -C’était inscrit dans les betteraves.
    [Anouck] -Je n’y crois pas trop quand elles finissent dans mon estomac.
    -…Vous savez, c’est le destin.
    -Les betteraves. Tout ça, quoi.
    -Ah. Oui, je vois…

Le destin et les betteraves, ça va de pair, bien sûr.
C’était là une discussion on ne pouvait plus anodine, même si un brin superstitieuse. D’un point de vue extérieur, cette situation aurait presque failli passer pour crédible. Enfin, presque autant qu’il faut se référer aux lignes entre les betteraves pour entrapercevoir le destin. Un destin sympathique qui d’ailleurs, les réunissait pour un diner des plus anodins… ou pas. Par ailleurs, selon les dires de ce flic, il cuisinait « un peu ». Au moins, il y en avait un pour rattraper l’autre. Certes, tout dépendait de ce qui se cachait derrière ce « un peu » parce que dans ce cas, tout le monde pourrait dire qu’il cuisine un peu.

-Hm. Ecureuil dites-vous… reprit Valentine tout aussi sérieusement, en alignant une aubergine à une courgette. Croyez-vous cela, mon cher ? Il y avait de quoi s’étrangler de rire. Malgré tout, le sérieux du commissaire lui permit de garder le sien. Alors le farfelu aux cheveux de psy poursuivit, avec un simple haussement des épaules. -J’aurais préféré quelque chose de plus subtil, ma foi. Genre ornithorynque, colibri. Pourquoi pas girafe… Mais pensez-vous que les écureuils se gavent de légumes, commissaire ?

Mais oui c’est cela, Valentine, colibri. Non, écureuil.
Dans les deux cas, ça aurait été folklorique. Valentine qui se met à manger des légumes et les écureuils des citrouilles. Bah… peut être que c’était le cas dans une autre vie. La réincarnation… que demander de mieux comme sujet de conversation. Un moment, Yui faillit se dire que ce commissaire était un étrange gaillard. Par rapport à lui, le psy, lui, il se trouve parfaitement normal, naturellement. Stock de légume vidé, l’excentrique se redressa, les deux poings contre les hanches, signe du travail bien accompli, et patates bien alignées. Alors à savoir s’il était maniaque et ordonné, il fallait croire que oui, à ses heures.

Mais cette question de réincarnation venait de tilter dans esprit. Oui, alors Valentine se fichait éperdument de savoir quel animal il aurait été dans une vie lointaine. Mais de là, à savoir pourquoi un écureuil, il était bien curieux. Et, tout en proposant un bout de table à son invité qui se retrouvait à devoir cuisiner, le français le zieuta de biais pour savoir qu’est ce que lui, il aurait pu être dans une autre existence. C’est la métaphysique d’une cuisine.

-Bien sûr que vous avez un bout de table, je n’en doute pas. Mais vous n’avez jamais eu un bout de table avec quelqu’un supposé avoir été un écureuil dans une vie d’antan.

Et vous verrez, ça fait toute la différence, avait évidemment rajouté une pensée silencieuse.
Compromis passé, deal accepté sans cérémonie, le psy constata l’habileté de son invité à trancher les patates. C’est qu’il est modeste ce policier en plus ! Ah les talents cachés, y a que ça de vrai. Dommage, parce que Valentine aurait prit malin plaisir à fuser deux trois petites critiques sur la manière d’éplucher ou de découper, au comble de la situation. Mais là, rien à redire. Et, le couteau à la main qui s’arrêta un moment à sa question de l’empoisonnement, le dissuada bien vite. Pas question de finir égorgé comme une truie, il était déjà écureuil et ça suffisait amplement.
    [Yui] -Dites moi, commissaire? Si je faisais partie d'un complot et que j'essayais de vous empoisonner avec mes légumes, vous y croiriez, vous?
    [Anouck]-J’y croirais tout à fait. Lorsqu’on est policier, on subit une formation spéciale où on nous bourre, entre autre, de produits qui nous immunisent contre toute sorte de poisons. Tous les poisons en fait. Mon estomac résiste à tout. Enfin, tout ce qui l’attaque de l’intérieur, en tout cas.
    -Hm… une formation de masochiste j’ai l’impression. commenta Valentine, comme s’il compatissait. Comme si. Et la discussion se poursuivit.
    -C’est ma femme qui serait malheureuse, sinon. Je serais déjà mort une bonne demi-douzaine de fois
    -Ah j’imagine bien, oui… approuva Yui, dans un aller-retour à la pièce adjacente pour poser un semblant de table. C’est que cette fois, le psy voulait bien le croire, que ce flic avait une famille à nourrir. Enfin, tout au moins une femme. Bah, c’était la seule chose qui paraissait trop naturelle pour pouvoir être inventé. -Et d’ailleurs si elle vous attend à la maison, ne s’inquiètera-t-elle pas de votre retard ?

Si Yui avait su qu’Anouck Atwoman, -le grand Atwoman-, côtoyait les bars, baisait tout sauf ce qu’il pouvait prétendre être sa femme, et qu’il picolait dans le comble de l’indécence… et ben Yui aurait simplement ricané. Et non, il n’aurait pas naïvement posé de questions concernant la dite « sa femme ». En plus, il était sur le point de lui proposer son téléphone pour la prévenir aussi. Mais il oublia ce futile détail lorsqu’il entendit déclarer son interlocuteur, qu’il n’était pas tordu, mais policier. Ah bon, bien, c’est soit l’un soit l’autre, pourquoi pas. A choisir, Valentine préférait mille fois être tordu que policier, tiens.

-Etes-vous policier monsieur Valentine ?

Le répondant pouffa.
Parce qu’après l’écureuil, il a une tête de policier peut-être ? C’était une idée qui dépassait complètement les limites du folklore. Mais bien vite il se reprit : l’envie de rire un bon coup pour tout et n’importe quoi était bien présente. Il y a cependant des fois, où ça devient plus drôle de résister à cette envie. Oui, en matière connerie, la dose était considérable en quelques heures, mais c’est ça qu’est bon. Et Valentine lui, se foutait de perdre son temps. Puisqu’il se débrouillait à peu près 9 fois sur 10 pour ne pas perdre son temps en ne rien faisant, et à se retrouver face à des situations les plus absurdes. Absurde, et il fallait le dire, inutile, quoique toujours enrichissante. Enrichissante, dans le sens où il s’y complaisait bien, à ses trucs de tordus. Que ne ferait-il pas pour un brin d’originalité… A force, il devait paraître lui-même totalement absurde c’est vrai. En même temps, sa profession en elle-même s’avérait souvent folklorique. Et alors ?

-Dans une autre vie, éventuellement. J’aurais fais un bon policier, je crois se jugea-t-il tout seul, pensif. -Mais pour l’instant, je pourrais dire que je n’en suis pas un. Ou presque, à quelques détails près…

Bah dans un cas comme dans l’autre, le but était bien de poser des questions pour mettre la main sur une pseudo-vérité. Alors de près comme de loin, pourquoi Yui ne serait pas un espèce de flic.

-Et vous commissaire, j’ai bien envie de croire que vous étiez hérisson dans une vie antérieure. Vous n’êtes pas d’accord ? Sinon et bien hm… empoisonnez tous les plats que vous voulez, monsieur Atwoman. Mais j’aimerais mieux goûter à votre plat en toute sainteté.

Le mot sainteté, intrus de la conversation, sied tellement mal à l’un comme là l’autre.

-Dites moi monsieur Valentine, vous n’auriez pas des vêtements à me prêter ?
-…Pardon ?

Cette fois, le psy haussa d’un sourcil, deux assiettes à la main, intrigué.
Il devrait bien conclure que la tenue de flic constituait un barrage à la cuisine. Comme ce serait fâcheux de tâcher une tenue de travail… bah. C’est comme se retrouver avec un morceau de tomate sur la blouse de psy –qui ne sert à rien mais que le tordu enfile quand même à son travail-. Ça ne le fait pas trop… et bien soit. Il haussa des épaules et lui indiqua la pièce au fond du couloir, qui faisait office de penderie, entre les armoires et tiroirs remplis de vêtements. Il y avait aussi les affaires de la charmante Martha, ainsi que celles d’autres jeunettes qui avaient fini par craquer sous les allures farfelues d’un maître du logis trop excentrique. Mais ce n’était pas les affaires de Martha qui intéresserait un flic de la carrure d’Atwoman, certainement pas. Et alors bon, Yui n’était pas doué pour aller dégoter ce que pourrait bien enfiler un commissaire, marié de surcroît. Alors dans ses affaires en tout genre qui ne demandaient qu’à être trouvés, quoique soigneusement rangés, le policier n’avait qu’à y dénicher ce qu’il voudrait. Le français étant lui-même un sans gêne, autant que ses invités le soient aussi, c’était là chose réglée.

-Prenez bien la porte à droite, car à gauche, c’est la chambre à la jeune Martha ! annonça Valentine, haussant la voix.

Et profitant du moment d’absence d’Atwoman, ce dernier s’essaya dans l’épluchage d’une malheureuse pomme de terre, sauf qu’au bout de deux trois coups, cette sale fuyarde lui échappa des mains et qu’au final il faillit s’éplucher le pouce en entier. Comme quoi Yui Valentine aussi cuisinait « un peu » et tout était relatif à travers cette mesure. Néanmoins obstiné, le psy tailla grossièrement un oignon, -quoi de plus facile, certes- sauf que c’était pas malin, parce qu’une fois bien décortiqué, il avait comme l’air de sortir d’un deuil, et que la vache ça nique bien comme il faut. Enfin, pas la vache l’oignon. Ce soir, il y a beaucoup de légumes et d’animaux au rendez-vous pour un simple diner. En fin de compte, ce n’est peut être plus un simple diner. Reniflant et se frottant les yeux, Valentine laissa bien vite tomber –à chacun sa spécialité, oké ?- et un hurlement de la mort retentit comme si l’auteur voyait sa vie passer. L’auteur, c’est bien Yui, et il ne hurle jamais pour rien, le téméraire de psy. Car, ce soir là, une minuscule entaille débile sur son pouce est née.

Bon d’accord, il a hurlé à cause d’elle, mais ça c’est parce qu’il est un peu hypocondriaque, le Valentine, et que sur le coup, il a bien cru qu’il allait y rester ; quelle misère. Alors il jura comme le fait le commun des mortels, se passa la main sous l’eau, même bien après que plus rien ne soit visible, et entreprit de détacher un mercurochrome le super pansement des héros, toujours les yeux qui brûlent, le nez qui renifle et les bruits de pas qui reviennent à la cuisine, lieu du crime.

-Je vous interdis de croire que je suis un cuisinier. Tout, sauf cuistot, avertit-il en levant les yeux vers Atwoman.


Maudits soient les oignons.
Petit mouchoir et on continue l’histoire.


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MessageSujet: Re: "Le complot c'est génial"   "Le complot c'est génial" EmptyJeu 14 Jan 2010 - 18:50

    Spoiler:

    Bien sûr que vous avez un bout de table, je n’en doute pas. Mais vous n’avez jamais eu un bout de table avec quelqu’un supposé avoir été un écureuil dans une vie d’antan.

    « Qu’en savez vous ? » répondit Anouck avec un sourire.

    Et oui, rien ne disait que tous les jeudis Anouck ne se rendait pas à la réunion des EARA (ex animaux réincarnés anonymes) et qu’il n’y rencontrait donc pas régulièrement des anciens écureuils avec qui il dinait. Que mangeraient-ils, ces écureuils ? Un gateau au noisette. Puis ils se montreraient leurs glands. Ou pas. L’idée fit sourire Anouck.

    Masochiste ? C’était l’image qu’il donnait ?

    « Plutôt l’autre bord, en fait »

    Sadique. Oui. On l’imaginait bien, avec sa tenue de policier. Ou sans, d’ailleurs. Drôle de personnage, ce Atwoman. Difficile de lui imaginer une femme. Encore moins une femme l’attendant bien sagement au foyer.

    « Elle ne m’attend pas. » répondit Atwoman, en haussant les épaules.

    Elle aurait du mal, là où elle était. C'est-à-dire, dans l’imagination d’Anouck. De toute façon, si tant est que Nouck se marie véritablement un jour, sa femme avait intérêt à lui laisser du large. Beaucoup de large.
    Pour ça fallait-il encore qu’il se marrie, ce qui ne risquait pas d’arriver. Difficile, quand on ne supporte pas les femmes.

    « Hérisson ? » répéta Atwoman, songeur. « Parce que j’ai du piquant ? » hasarda-t-il, amusé par la comparaison.

    Ca lui rappelait une histoire. Une chanson pour être précis. Celle d’un hérisson qui piquait et qui voulait qu’on le caresse. Oui. Ca lui collait bien, quelque part, ces histoires de piquants et de caresses. Un hérisson pervers, on n’aurait tout vu ce soir.

    En attendant, le hérisson semblait vouloir changer de peau. A trop retourner sa veste, il avait du se retrouver avec les piques tournés vers l’intérieur, ce qui ne devait pas faire du bien, mine de rien.
    L’information sembla avoir du mal à remonter au cerveau de Yui. Allons bon, c’était tellement intriguant d’avoir un invité qui souhaite vous emprunter des vêtements ?
    Soit. Lorsque vous connaissez cet invité depuis 2 petites heures tout au plus, oui, ça l’était, et pas qu’un peu. Quelque part, c’était un lien qui se créait entre eux. Et oui : unis par les liens sacrés du vêtement prêté. Parce que nécessairement, Anouck allait devoir les ramener chez lui, pour les laver, et revenir les lui rendre plus tard. « Vous pouvez les laisser ici » « Oh non, oh non, laissez très cher, je vais au moins vous les laver ». Anouck, aimable, comme toujours.

    Lorsque Nouck s’engouffra dans le couloir, il entendit son hôte lui crier une indication, et il eut un sourire amusé.

    « C’est que vous ne connaissez pas mes tendances monsieur Valentine » répondit-il, le plus naturellement du monde.

    Il imaginait volontiers la tête de Yui s’il se pointait avec une tenue appartenant à cette fameuse Martha. Moui. Mais Martha, elle, risquait d’apprécier moyennement que ses vêtements disparaissent ainsi. Autant piocher dans les trésors de son hôte.

    La fouille fut rapide, et Nouck opta pour du simple de chez simple : un jeans, parce que c’est ce qu’il y avait le plus, et un pull noir. Anouck n’aimait pas les chemises : long à boutonner, long à déboutonner, ça ne présentait que des désavantages.

    Il revint donc à la cuisine, déguisé en Yui, juste à temps pour entendre le commentaire de cet apprenti cuistot pas doué.

    Anouck l’observa l’air calme et impassible, comme toujours. Toujours sauf lorsqu’il s’énerve. Mais Yui avait déjà épuisé le quota d’énervement chez Atwoman. Maintenant, le policier était obligé d’être calme. C’était comme ça. Une règle tacite entre lui et son subconscient. Oui. Nouck était ce genre de personne étrange à passer des accords avec son subconscient. Et pourquoi pas ? Si l’on fait un pacte avec le Diable, pourquoi pas avec le subconscient ? Moui. En attendant, il ne s’agissait pas de pacte au diable, plutôt de palette au diable. De bouffe, quoi. L’art de passer du coq à l’âne. Quoique, le premier était bon au vin, le deuxième faisait partie des grands épargnés de la cuisine humaine.

    Tout ce petit bout de chemin pour dire que Nouck avait l’air aussi vivant et réactif qu’un menhir. Un peu moins petit tout de même –quoiqu’il fut grand, le Nouck. La taille d’Obélix sans doute, mais les menhir dépassent la tête d’Obélix alors…

    Il cligna des yeux, observant Yui. La larmichette au coin de l’œil. Un coup d’œil du côté de la table et le coupable était tout désigné : le redoutable oignon.

    « Je ne pensais pas que ma très courte absence vous mettrez dans un tel état, remettez vous Valentine ! »

    C’est pas tes oignons Atwoman. Haha. Oui, l’auteur fait de l’humour. Grosse production ce soir dans le théatre de l’absurde. Bientôt le duo de choc pourrait concurrencer Beckett. Même s’ils n’avaient pas de tels ambitions…

    L’ambition d’Atwoman ? Réussir le repas de ce soir. Celle de Yui ? Question pertinente.

    « Êtes vous ambitieux monsieur Valentine ? »

    Non, Anouck n’avait pas fini son interrogatoire grotesque. Finalement, la déformation professionnelle était là. Dans peu de temps, il irait piquer l’allogène du salon pour aller la pointer sur le visage de Yui, puis lui plongerait la tête dans les toilettes pour le faire avouer. Avouer quoi ? Ses ambitions peut être. Desfois qu’il refuse de les dévoiler. Anouck était tyrannique parfois. Mais il se soignait. Dans des clubs SM. Pouvait-on vraiment parler de soin ?

    Ca, c’était le boulot de Yui, pas celui de Nouck. Celui d’analyser. De psychanalyser même. Psychanalyse du légume et de son bourreau. Ca ferait un titre de livre sympathique. Le jour où Nouck se transformera en Nothomb, il songera à ce genre de titres loufoques.

    « Pas cuisinier, d’accord. »

    Approuva Anouck, revenant sur la demande précédente de Yui. Ou plutôt l’ordre.
    Il croyait volontiers que l’homme n’était pas cuisinier. Tous les cuisiniers ont des recettes –plus ou moins efficaces, plus ou moins ridicules- pour éviter la crise de larme post-oignon.

    « Barman peut être alors ? » proposa-t-il, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres.

    On ne change pas un alcoolique qui gagne. Une équipe, pardon. Mais un buveur et son verre, c’est une forme d’équipe, non ? Equipe : groupe de personnes ayant le même but ou devant accomplir un travail. Bien, si on écartait le fait qu’un verre n’est pas une personne –à part peut être dans la tête d’un ivrogne…-, il y avait de ça. But commun : se bourrer la gueule. Travail à accomplir : mettre son cerveau et son corps hors service. Oui, ça se tenait à peu près.

    « Mon équipe et moi on ne serait pas contre un petit apéro » enchainna Anouck, faisant, au passage, profiter Yui de sa réflexion personnelle sur les équipes.

    Bah, Valentine y comprendrait ce qu’il voulait y comprendre. L’équipe d’Anouck, ça pouvait être plein de choses : lui et ses légumes, lui et sa nouvelle tenue, lui et ses ustensiles. Certes, il était étrange de servir un verre à des légumes, des tenues et des ustensiles. Soit. Anouck et Valentine dans ce cas ? Et pourquoi pas.

    L’autre solution envisageable –surtout par un psy- était qu’Anouck était schizophrène. Le plus amusant dans l’histoire était que, si le flic cumulait un nombre consistant de tares et de névroses, voire de psychoses, il n’était, jusqu’à preuve du contraire, pas encore schizo.

    Mais ce n’était pas tout ça. Les légumes maintenant coupés, ils n’allaient pas se chauffer tous seuls. Ca n’était pas comme les humains, plutôt doués pour se chauffer à coup de chaleur humaine ou autre procédés du genre.
    Atwoman alluma donc les plaques de Yui et y disposa une poelle, qu’il n’eut pas trop de mal à trouver. Ce type devait être un maniaque.

    « Qui est Martha, par ailleurs ? » se renseigna-t-il, se rappelant de ce qu’avait dit le psy un peu plus tôt.

    S’il lui répondait que c’était sa femme –ce qui était on ne peut moins sur, car tout le monde n’est pas conneriemane comme Anouck- alors les deux crétins pourraient discutailler foyer et couple sans même y connaître quoique ce soit, l’un comme l’autre. L’apéro –que Yui lui servirait très probablement- aidant, ça promettait des discussions passionnées. Ils finiraient peut être même par dériver sur les clubs échangistes. Echanger une femme inexistante contre une autre femme inexistante, c’était plutôt incongru. Mais impossible n’est pas Atwoman.

    Restait à savoir si Impossible était Atwolentine.
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MessageSujet: Re: "Le complot c'est génial"   "Le complot c'est génial" EmptySam 23 Jan 2010 - 19:28

C’est vrai ça : que savait Yui sur la vie d’un commissaire de la trempe d’Atwoman ? Pas grand-chose en fait. C’est bien la raison pour laquelle le psy ne pouvait qu’émettre de pures hypothèses, partant du plus plausible au moins probable. Comme par exemple émettre l’idée que l’invité de ce soir ne pouvait pas déjà avoir dîné avec un écureuil réincarné en Yui Valentine. Mais enfin, Anouck pouvait bien diner avec n’importe qui, -certes-, mais son « qu’en savez-vous » donne toujours l’impression de croire que même les choses les plus métaphysiques peuvent avoir eu lieu dans sa vie. Peut-être que j’adhère à une compagnie d’animaux réincarnées… peut être aussi que tous les matins, je vais voir les martiens en scooteur volant ; peut être aussi que j’ai déjà vu des écureuils se montrer leurs glands… enfin. Voyez ? C’est un peu le type de propos décousus qu’on ne s’attend pas à entendre dans la réalité, -enfin peut être que si-, mais pas pour une personne trop terre-à-terre. Tout ça pour dire qu’au sourire de ce flic que le psy ne sut interpréter, ce dernier eut presque l’impression d’être quelqu’un de justement terre-à-terre. Et ce fut un choc.

Un sacré choc émotionnel, sur le fait de se découvrir une nouvelle qualité –il suffit de le tourner en tant que qualité-, après genre 25 ans de vie. Ça fait toujours quelque chose de se dire qu’un pan de nous-mêmes nous avait été voilé jusqu’à là, oui, vraiment, c’est quelque chose de très émotionnel. M’enfin, ces quelques secondes de découverte de soi ne laissèrent pourtant rien paraître à l’expression à l’aise de Valentine qui se paye le luxe d’une ratatouille d’un flic ; et en plus, comme c’est une situation plausible et probable à la fois, ça fait la magie du moment. La magie de la connerie quoi, faudrait pas non plus chercher à creuser d’autres détails féériques. Oui, et pour l’expression à l’aise de Valentine, c’est simple, il est toujours chez lui où qu’il aille. Alors comment être mal à l’aise, c’est une nouvelle question… à exploiter peut être si un jour il se trouvait à prendre des cours d’estime de soi, nouveau cours à la mode de l’école. Bref, car, Valentine pourrait passer encore beaucoup de temps à penser à ses petites affaires, mais là n’est pas l’intérêt de cette soirée.

-Hum je vois… plutôt de l’autre bord, répéta docilement Yui comme s’il cogitait dessus. Ne le connaissant que depuis quelques heures –malgré cette apparence de convivialité à discuter avec un homme marié à une femme qui ne l’attends pas au bercail et un autre dont on se passera la description-, l’image d’un commissaire tyrannique et sadique était encore difficilement imaginable. Nul n’expliquera pourquoi Valentine eut une brutale pensée pour Madame Atwoman dans le rôle de la soumise. Enfin, l’imagination ne se réprime pas : je ne suis pas un tordu, je suis psy, le français pouvait aussi transformer ça à sa sauce. –Et vous êtes plutôt friand du courant sadomasochisme, commissaire ?

C’est tout à fait le type de question qu’on pose aisément à un inconnu, en plein milieu d’une discussion fondée.

-Et bien. Vous êtes bien mystérieux bonhom…, non, je dirai que vous êtes flic plein de mystères, rectifia et conclut simplement Valentine pensif, toujours avec son sérieux déconcertant, qui semblait prendre tous les propos de son interlocuteur à la lettre. C’était plutôt funky, ma foi.

De toute façon, la vie d’un marié relevait déjà un mystère. Il ne manquait plus que les bambins dans les pattes, et le mystère aura atteint son apogée pour ce soir. Mais bon, il fallait rester un brin réaliste, tout est dans le réalisme d’un hérisson piquant aux caresses et d’un écureuil glandu, s’il vous plait. De là, la perversité viendrait peut être à égaler la connerie du moment, mais comme ce n’est pas encore le cas, il restait encore de la marge. Et hoho non, Valentine ne connaissait pas les penchants d’Anouck. D’où la magie du mystère, cqfd, même s’il ne fallait rien démontrer du tout. Finalement, c’était peut être la magie de la connerie à l’état pure.

Par exemple, qu’aurait dit Yui s’il avait vu revenir Anouck avec le tablier rose à petit poids blancs et à fleur de la douce Martha ? En réalité, Valentine se foutait éperdument qu’on touche aux affaires de Martha : normal c’étaient pas les siennes. La douce Martha pouvait dire ce qu’elle voudrait, que la conscience à Valentine resterait toujours où elle est. Oui, et le qualificatif de douce-Martha donne quelque peu plus de charme à un prénom qui sonne toujours un peu comme personnel de chambre, mais cela n’est vrai que du point de vue d’un farfelu comme Yui. Mais, -car il y a toujours un mais qui a sa place dans une histoire-, Anouck Atwoman est un homme plein de mystères, plein de surprises car le voilà qui se ramène, déguisé et habillé en Yui Valentine, et voir quelqu’un rempli de mystères revêtu de ses propres vêtements, c’est aussi un choc émotionnel. Ça fait l’effet de se voir dans une autre vie, dans la peau d’un second personnage… Enfin bon pour être exact, Yui n’a pas pensé jusqu’à là et a eu un air amusé à son retour. Malgré les oignons.
    [Anouck]-Je ne pensais pas que ma très courte absence vous mettrez dans un tel état, remettez vous Valentine!
    -Il faut croire que votre absence m’a énormément affecté, ironisa le français, mécontent de sa prestation.

-Et vous êtes resplendissant, commissaire, avait-il noté, comme s’il s’auto-attribuait cette remarque. Enfin, à ce stade, ce n’était plus du « comme si » ; ça l’était, tout simplement.

C’était quand même folklorique, deux Yui dans une même pièce.
Enfin, un vrai Yui, et un déguisé en Yui. Face à son propre reflet, un reflet qui persistait à un pseudo interrogatoire. Ce qui, en somme, ne dérangeait pas tant que ça l’interrogé, puisque Yui Valentine pouvait passer des heures à parler de sa chère personne. Oui et donc, on aurait tous pu croire que le flic pouvait bien analyser le tordu en face de lui, alors que dans l’ordre des choses, le psy devrait être en train de comprendre et tirer des conclusions sur l’autre tordu de devant. Le genre de truc qui au final ne rime plus à rien du tout. Et puis l’ambition, dans tout ça… ah l’ambition.

Une chose bien étrange qu’est l’ambition.
Enfin, ça a toujours une tournure pompeuse, quand on parle d’ambition, à vouloir se fixer des objectifs à long terme, là bas, dans le fort –fort- lointain. Un truc rigolo d’ailleurs, cette quête à un ce futur qui s’avère parfois, malencontreusement irréalisé. Et c’est sur ce début de pensée que Valentine se mit à réfléchir à cette question, bien sérieusement. Parce que oui, Valentine, -mine de rien-, réfléchit beaucoup, et énormément, dans sa vie de psy. Faut pas croire les apparences, ce serait presque trompeur. De là, pour simplifier les choses, Yui réfléchit à sa propre manière, et là, réside tout l’intérêt de la chose : car, monsieur aime à réfléchir sans se prendre la tête, et quand il réfléchit… c’est souvent singulier. Enfin, le résultat des choses quoi. Bon, pluriel aurait été étrange aussi.

En attendant, Cuistot, c’est rayé de la carte.
Venons-en à barman. Mais oui, bien sûr, barman, voyons.

-Oui, barman, dans ma vie d’écureuil, je l’étais. Mais il faut croire que ma vocation ne se trouvait pas là… répondit finalement Yui haussant des épaules. Dans le même ton que si la météo avait annoncé la même température dans l’après-midi. Enfin bon, la météo n’est peut-être pas le bon comparateur ; la météo, ça rentre aussi dans la folie de l’au-delà de la nature, métaphysique, une fois de plus. Normal, puisqu’avec l’autre blablateur/trice qui annonce « une belle éclaircie » le lendemain avec un sérieux à tuer un mufle, et qu’il aurait mieux valu au final, faire une traversée chez les chtits le jour J…
De toute façon, Yui avait aussi été météorologue, dans une 41ème vie d’antan. Quant au métier de barman et un Yui Valentine, ça semble un tantinet dérisoire. Du genre, on a toujours en tête un bon gaillard derrière le comptoir, et y imaginer un espèce de maigrichon anguleux comme Yui, c’est simplement comique.

-Et bien disons que je suis barman chez moi, par exemple, déclara le psy pensif, haussant légèrement d’un sourcil à l’équipe du flic. Allait-il en ramener d’autre comme lui ? Remarque, des plusieurs comme ce commissaire là, il ne doit pas y en avoir des masses, même Valentine l’a comprit. -Parce que vous êtes plusieurs ? Ma foi ; proposez à votre équipe donc de venir prendre un verre avec nous je pense avoir assez de réserve; mais en attendant leur venue, je vous suggère d’entamer cet apéritif. Installons-nous, puis demandez, c’est servi.

Place à l’apéro, on n’aura jamais vu un Valentine si aimable et si paisible dans la vie.
Il fallait croire que ses weekends passés au Luxure’s Café lui avait fait prendre goût au jeu du serveur. Enfin ce soir, comme il l’avait dit, Yui était barman de chez lui.
Et, tandis que le français ramenait le verre désiré par son invité, -très certainement que dans le coffre de Yui se trouvent les vins spiritueux et plusieurs gammes alcoolisées aussi diversifiés que ses légumes- on pouvait tout aussi croire que ce tordu avait ses propres névroses, psychoses, tares etc., avec ses tendances à avoir toujours plus que nécessaire. On n’a jamais dis qu’un psy était le type parfait. Peu importe, les névroses font la richesse de cette soirée, faut croire. En attendant, la ratatouille est mise à chauffer et il est temps de profiter des verres.

-Aah la douce Martha, fit amoureusement Yui avec un air rêveur et songeur à la fois, -c’est… hm. Une secrétaire.

Parfaitement, secrétaire.
Le pire dans tout çam c’est qu’il avait vraiment prit un air attendri en évoquant sa Martha. Bah, il l’aimait bien cette jeunette bien sage avec si peu de répondant. Enfin, aimer bien a un sens très relatif chez Valentine. Mais bon, elle s’occupe bien du logis, fait les courses que le propriétaire de l’appartement ne fait pas, trie ses courriers, fait son linge, n’est pas encore passée sous la table, ah ça non, mais au final c’est bien une secrétaire de maison. Irréprochable, par ailleurs, c’est bien pour ça qu’elle habitait en ces lieux. Le reste du temps, Valentine ne la voyait pas et elle ne subissait pas ses humeurs tordues : parfait. Et comme le français aime l’ordre et la propreté d’une manière presque maladive, il aime bien ceux qui y contribuent dans sa vie de tous les jours. En conclusion, ce n’est pas Martha qu’il affectionne, c’est l’ordre de son chez lui qui en résulte. Sur ce, il secoua un moment son verre, faisant tournoyer la liqueur couleur rouge-bordeaux, pensivement.

-Finalement commissaire Atwoman, mon ambition est bien simple, puisqu’elle est la même que tous les jours, oui parce que Valentine n’avait pas abandonné la partie de mettre une idée à ses ambitions, -effectivement, j’aspire à sortir d’un quotidien routinier.

Comme aujourd’hui par exemple.
Du coup ses soi-disant ambitions changent sans arrêt.

-D’ailleurs, en parlant de femmes et de choses extraordinaires, c’est peut être trop ambitieux, mais vous pensez que je devrais me marier, commissaire ?

(Avec la secrétaire ?)
Oui, le mariage est une chose extraordinaire, dans la mesure où Valentine ne porte aucun intérêt sur ce sujet. Le jour où il le fera, ça sera extraordinaire, voilà tout. Maintenant, il se fichait de la nature de la réponse du flic, mais l’idée de recevoir une réponse ou un avis quelconque avait en soi, quelques aspects amusants. Discussion non plus métaphysique mais carrément philosophique, qui obligea Valentine à s’affaler sur le fauteuil, laissant passer une gorgée tranquillement.

-Dites-moi Atwoman, votre épouse, quel genre de femme est-ce ? La vie de famille est une chose curieuse… remarque, vous faites déjà un bon conjoint, je suppose, avec votre habilité culinaire ; à moins que vous ne soyez déjà père, se prit-il le loisir de rajouter.

Impossible n’est pas Atwoman, impossible n’est pas Valentine : laissons l’imagination courir, à l’image d’une poignée de bambins déboulant entre les jambes du père Anouck. Si bien que Yui n’entendit que partiellement la réponse du flic –si il en donna une-, et le regarda avec un air compatissant, comme si ce dernier vivait la pire des sentences.

-Et êtes vous vraiment heureux, Anouck ?

Après avoir rempli le verre de son invité, Valentine vida le sien.

Imposible n’était pas Atwolentine.
Parce qu’Atwolentine est justement au-delà d’Impossible.
Bien plus.



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MessageSujet: Re: "Le complot c'est génial"   "Le complot c'est génial" EmptyDim 24 Jan 2010 - 17:14

    La question fit sourire Atwoman. Il fallait dire que, en effet, ça n’était pas le genre de chose qu’on demandait ça au détour d’une conversation. Ca tombait comme un cheveu sur la soupe, comme un « et sinon vous voulez un verre d’eau ? ».

    « Je m’y…intéresse. » répondit donc le sadique de commissaire, un mince sourire difficilement déchiffrable flottant sur les lèvres.

    Inutile de rentrer dans les détails. Yui se fichait sans doute de savoir la fréquence –impressionnante voir effrayante- à laquelle Anouck se rendait dans ces fameux clubs SM. Bah oui mais que voulez vous, ça fait partie de son travail d’inspecter ce genre de boîte louche…comment ça « pas du tout » ? Ah oui mais il est comme ça le Atwoman : il préfère trop bien faire que ne pas faire assez… Enfin. Ca lui arrive, disons.

    « Vous en revanche… je ne crois pas vous avoir croisé souvent dans les réunions de ce genre » ajouta Anouck, comme si c’était une remarque que l’on faisait aussi simplement.

    En même temps, vu le tour que prenait la conversation, plus rien n’était normal ou bizarre. Tout se confondait. M’enfin, autant jouer franc jeu dés le début, comme ça il était toujours temps pour Nouck de s’enfuir en courant et pour Yui de le foutre dehors à coup de pieds aux fesses. Pour l’instant, ils semblaient plutôt paisibles et bien dans leur baskets, et ce malgré les sujets abordés.

    Ils étaient donc faits pour s’entendre…Enfin, peut être pas, mais ils étaient au moins faits pour manger une ratatouille ensemble, ce qui est déjà un sacré lien en soi. On ne mange pas sa ratatouille avec n’importe qui. Pas quand on s’appelle Atwoman en tout cas.
    C’était la règle numéro 1.

    La règle numéro 2, c’était qu’on ne mange pas une ratatouille dans n’importe quelle tenue, ce qui justifiait le changement de vêtement. Pas question de tâcher le joli costume de policier d’orange, de quoi il aurait l’air, après, pour verbaliser ses victimes ?
    De retour flambant neuf –près à salir non plus ses vêtements, mais ceux de Yui- le policier eut droit à un compliment de la part de son hôte. En fait, il avait du mal à qui s’adresser véritablement ce compliment, mais son besoin de reconnaissance le détourna automatiquement sur sa petite personne.

    « Vous allez me vexer. Vous insinuez que je ne l’étais pas en tenue de travail ? »

    Pourtant, on lui avait souvent dit que son uniforme lui allait à ravir. Il faut dire qu’il avait le look, entre la tenue toute de noir, ses cheveux longs et argentés et ses yeux rouges. D’un autre côté, le contraste entre sa tenue « banale » et son look naturellement… ben pas banal, était intéressant aussi. Voir carrément hilarant si on ajoutait au tableau le décor « cuisine familiale » et la poelle dans la main.

    Et le détail ultime : la conversation. Tout venait de là, même. On leur prêterait n’importe quelle discussion sauf peut être celle-ci : les vocations, les ambitions, les réincarnations. Que de passions pour les sions.
    Que d’illusions et que de suppositions. Anouck était très doué pour tout ça –la passion les illusions et les suppositions. Surtout pour les dernières d’ailleurs, comme Yui avait déjà pu le remarquer maintes fois.

    « Vous serviez des noisettes ? » hasarda Anouck, plein de préjugés sur ces fameux écureuils, avec un ton sérieux complètement inconvenant dans pareille discussion.

    Effectivement, leur discussion était bien loin de la météo. Déjà parce que l’enjeu était tout autre –sisi, votre réincarnation en humain après une vie de barman écureuil, ça conditionne toute votre 2eme vie !
    Ensuite parce que lorsqu’une présentatrice vous présente la météo elle a l’art et la manière de prendre un ton qui cherche à vous faire croire qu’elle vous annonce la chose la plus importante du monde, celle qui va changer votre semaine, limite l’apocalypse. Alors que là, c’était tout l’inverse : ils discutaient de choses loufoques comme si c’était d’une banalité absolue. « Ce matin j’ai fait mes lacets. » « Ah ouais ? Bah moi avant j’étais un écureuil barman mais j’ai décidé de changer de vie »… Oui, c’était à peu près ça.

    « Si je suis plusieurs ? » répéta Anouck, haussant les sourcils, l’air pseudo-offusqué

    « Mais ça dépend de vous. Ca dépend si vous m’appréhendez dans mon entiereté, ou si vous me voyez comme la somme de plein de choses ! »

    Mais oui Anouck, mais oui… La somme de quoi ? De plein de petits grains de folie ? Sympathique. Anouck, le premier château ambulant de sable de folie à taille humaine. Quel honneur pour notre Valentine préféré.

    « Sachez que l’un et l’autre me vont très bien. Tant que vous me servez à boire. »

    Oui, elle n’était pas bien difficile notre petite bâtisse fortifiée.
    Et obtempérant, il alla s’écraser avec la grâce d’un château qui s’effondre sur un fauteuil, prêt à se remplir la panse et l’esprit de créativité brute. Et surtout, prêt à écouter Yui délirer sur la douce Martha. Etonnamment, Atwoman trouva que les mots « douce » et « Martha » s’accordaient mal. Sans doute parce que Martha était un prénom féminin, et que Anouck et les femmes, ma foi…

    Il l’écouta cependant avec un grand sourire hypocrite, faisant mine de s’intéresser grandement à la vie de cette douce femelle. Au fond, tant qu’elle ne débarquait pas quand lui était ici, elle ne le dérangeait pas tant que ça.

    « Oh vous avez une secrétaire »

    Commentaire inutile, mais c’est ainsi, il faut toujours marteler une conversation qui ne vous intéresse pas beaucoup pour faire croire à l’interlocuteur que ce qu’il dit est fascinant.
    Anouck aussi avait une secrétaire. Enfin UN secrétaire, plutôt. Qu’il traumatisait régulièrement, quand il ne le harcelait pas –tant sexuellement que moralement. Du coup le secrétaire changeait très souvent… La vie est dure parfois quand on est un tyran à tendance sadique.

    L’attention du commissaire se trouva un peu plus piquée lorsque Yui aborda le chapitre ambition. Pas qu’Anouck soit fondamentalement ambitieux –en fait il ne l’était carrément pas- mais parce que l’aspect « anti-quotidien » de Valentine éveilla quelque peu son attention. Ca, c’était autrement plus intéressant et amusant que Martha la patate douce.

    Sauf que Yui semblait bel et bien se raccrocher à cette histoire de femme. C’était quoi cette obsession pour les femmes ?
    Ah, oui, c’est vrai. L’obsession de 99,9% des hommes. Atwoman l’oubliait parfois. Il ne fréquentait pas les 99,9%. Il fréquentait les 0,1 autres %.
    En même temps, il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même, c’était lui qui avait lancé cette stupide idée… Il avait oublié que même dans une conversation, les femmes l’irritaient.

    « Eh bien… » commença-t-il, tentant de considérer la question de manière objective. « Au vu de votre ambition, j’aurais tendance à dire que non. En fait. »

    Secrétaire ou pas, femme rimait avec routine. Quoique ça dépendait des femmes, naturellement. Mais Atwoman ne voulait pas rentrer dans ce sujet là. Une femme imaginaire, c’était déjà bien assez fatiguant comme ça. Y penser l’épuiser, heureusement qu’elle n’était que le fruit de son esprit tordu.
    Fruit qui semblait fasciner ou bien perturber Yui, puisqu’il ne le lâchait plus d’un centimètre.
    Nouck fronça les sourcils un instant. Cela pouvait presque passer pour de la jalouserie. En fait c’était du dépit : « pourquoi j’ai raconté ça, moi ? »

    « Une femme effacée. » répondit Anouck, ce qui était le moins que l’on puisse dire puisqu’il était carrément inexistante. « Pas contraignante » Elle aurait du mal à l’être.

    Et puis, yui dériva bizarrement sur un sujet tout autre : la paternité.
    C’était une chose TRES étrange chez Anouck : autant il détestait les bonnes femmes, autant il adorait les enfants. Non, ne posez pas ce regard suspicieux sur lui : le policier n’était pas pédophile. Il avait juste un instinct paternel anormalement développé étant donné le personnage. Nul ne pouvait lui deviner des velléités de paternité. Alors qu’on lui devinait facilement une vie de couple. Hors c’était tout l’inverse. Dans l’idéal, il voulait des enfants, et pas de femme. A la limite un homme, et encore, c’était à rediscuter.

    « Pas d’enfants, malheureusement » répondit-il, dans un sourire, et c’était sans doute l’information la plus sincère depuis le début de leur rencontre

    S’il était heureux ? Drôle de question. Une question de psy, assurément. Sinon personne n’en a jamais rien à faire de savoir si intel est heureux ou non. Surtout pas Anouck Atwoman. Atwoman fait partie de ces gens qu’on n’imagine pas avoir une vie, heureuse ou non. Il ne fait pas les courses, ne va pas aux toilettes. Il existe au commissariat et c’est tout. Comme les personnages des films et des mangas. Byakuya ne va pas aux toilettes et ne fait pas de course : il se contente de snober et de se battre.

    Sauf que la, ça marchait un peu moins bien. Car si Yui n’avait pas vu Atwoman aux WC –Dieu soit loué- il l’avait bel et bien vu faire des courses, et donc il savait qu’Atwoman vivait normalement –enfin…presque normalement.

    « Mais qu’est-ce qu’être heureux, Valentine ? » répondit Anouck, ce sourire goguenard accroché aux lèvres.

    Et oui, Nouck aussi pouvait donner dans la philosophie de café à 2€50 la question cruciale. C’était cher payé ceci dit. Mais on doit s’ennuyer vite, à soulever des questions existentielles de la sorte.

    « Je n’ai pas à me plaindre » ajouta-t-il, hochant la tête d’un air docte

    Et il se crut obligé de développer le stéréotype, pour plus de crédibilité –ou plutôt de non-crédibilité, car il aurait fallu être particulièrement gourde pour croire de telles niaiseries.

    « J’ai un boulot fascinant, une femme formidable et des amis géniaux »

    Ce qui était, pour 95% des gens, la recette type du bonheur et la définition même d’une vie réussie.
    L’ennui, c’était qu’Anouck, n’avait, en vérité, aucun des trois. Son boulot n’était, d’après lui, pas fascinant. Juste délirant, amusant, divertissant. Il n’avait pas de femme. Il n’avait pas d’amis non plus, ou alors très peu.

    Pouvait-on en conclure qu’Anouck était malheureux ? Non. Tout simplement parce que ça n’était pas SA définition du bonheur. Il s’en fichait éperdument. D’ailleurs, si l’on se montrait un peu attentif, il n’était pas difficile de remarquer que le policier mentait. Il n’avait pas essayé d’être convaincant. Il avait dit cela presqu’avec dérision. A sa façon d’hausser les épaules lorsqu’il l’avait dit, d’afficher un sourire en coin méprisant et de lever les yeux au ciel, on comprenait bien que non seulement il n’avait aucun des trois, mais en plus il ne les cherchait pas.

    Anouck n’était pas malheureux parce qu’il était fou et tordu.
    Heureusement, il y avait l’alcool pour noyer son non-malheur. Et joignant le geste à la pensée, il termina lui aussi sonv erre, d’un geste déterminé de dépressif chronique.

    « Je suis heureux par moment » résuma-t-il

    Ca, en revanche, c’était vrai. Les petits bonheurs de la vie, ça il connaissait bien. L’euphorie de l’alcool, la jouissance de la luxure, …. L’extase de l’absurde ?
    En un sens, on pouvait donc dire qu’actuellement Anouck était heureux. Drôle de bonhomme. Drôle de vie surtout. Mais Yui était sans doute mal loti pour lui en faire la remarque.

    « Je manque un peu d’adrénaline, c’est vrai » diagnostiqua-t-il lui-même, hochant la tête. « Un de ces 4 je planterai ma femme, lâcherai mon boulot… et je partirai avec un baluchon. Qu’en pensez-vous ? »

    Qu’y avait-il à penser de cela ? Qu’il se prenait pour un aventurier de pacotille. Ne s’invente pas Phileas Fogg qui veut n’empêche ! Même si Anouck était assez taré pour se lancer dans n’importe quelle aventure loufoque. C’était le genre de type à qui on disait « allez vient on va faire un saut en Mongolie » et qui vous suivez. Enfin, si l’idée lui plaisait, naturellement. M’enfin plaire à Anouck n’était pas difficile : si on était un homme, il fallait être beau ou fantasque ou les deux. Si on était une aventure ou un projet, le fantasque suffisait. Si on était une femme…c’était mal barré. Nouck était un peu sexiste –juste un peu. Disons qu’il n’était pas contre l’extermination des femmes. En revanche, il aimait s’en inventer une. Lo-gique.

    « Bon. Et vous dans tout ça, ça vous tente les voyages en Mongolie et autres périples sympathiques ? »

    Non, Anouck ne proposait pas à Yui de faire ses valises sur le champ et de ses barrer. Quand même pas. Quoique ? Si l’on partait du principe que n’importe quelle personne saine d’esprit refuserait son invitation, Nouck pouvait le proposer. Proposer n’engageait à rien tant qu’on était certain du refus de l’autre. C’était réfléchir par le négatif, par l’absurde, mais plus rien n’étonnait.

    C’était à se demander quel genre de fin il pouvait y avoir à ce genre de rencontre. S’il y avait une fin, car pour l’instant, l’un comme l’autre excellait dans l’art de renchérir aux conneries de l’autre avec d’avantage de conneries. Yui et Nouck avaient des ressources aussi insoupçonnées qu’infinies. Ca avait quelque chose d’inquiétant, même si l’un comme l’autre ne semblait pas plus dérangé que cela de la situation.
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MessageSujet: Re: "Le complot c'est génial"   "Le complot c'est génial" EmptySam 30 Jan 2010 - 15:05



Spoiler:

Et bien, c’est intéressant allait répondre Valentine quand le commissaire lui fit remarquer ne pas l’avoir vu dans ce genre de réunion. Et bien, il faudra bien avouer que si le hérisson a pensé en premier à fréquenter de tels clubs, l’écureuil, lui, n’y a pas pensé, lui. Mais que grand bien cela soit-il, car ça s’appelle de la complémentarité, ou tout simplement, de la divergence d’esprit. Mais fréquentation ou pas fréquentation, ce soir, les grands esprits sont voués à se rencontrer en ce diner presque fabuleux. Mythique.

-Vous avez raison… mais peut être ne fréquentons-nous pas le même organisme, envisagea Valentine tout à fait songeur, avant de finir par un -et bien. Peut-être songerai-je à venir vous y voir, sur le même ton que si on annonce qu’on va rendre visite au voisin.

Mais il était clair que derrière cette phrase anodine, Valentine laissait bien passer le message qu’il n’en n’avait pas tellement fréquenté jusqu’à là. Oui parce qu’en deçà des phrases et leur plein de bon sens, entre un flic et un psy ça va au delà, puisqu’il y a même des messages sous-jacents qui filtrent : c’est le summum de la communication. Certes, les sujets partaient bien en couille, mais ce détail-là, c’était aussi un accord tacite conclu dès le début où était né le complot. Enfin, plutôt dès le début ou le complot n’était justement pas né. On y perdrait (presque) la tête dans là dedans.

A part ça, tout à l’heure, Yui avait bien relevé que le flic semblait dérangé à l’idée de tâcher son uniforme ; en revanche, ça ne le gênait nullement de le faire sur les vêtements d’un autre. Bah… il n’y a pas de quoi en faire un plat de ratatouille, il faut bien des sans gênes –comme des gênes- sur cette terre, ne serait-ce que pour l’animer un peu. Et il faut avouer que Valentine aime bien l’idée de se dire que sans sa petite personne, le monde aurait été bien plat. Enfin bon, en compagnie de ce sacré commissaire, le monde prenait déjà des angles plus étranges, pour ne pas aller jusqu’à dire, une allure carrément cabossée. Tordue.
Bah oui, la fantaisie en somme toute. Y a plus que ça de vrai.

-Mais je n’insinue rien du tout commissaire, vous êtes un bon homme/bonhomme bel homme ma foi, je n’ai jamais prétendu le contraire, je n’oserai pas.

Blague numéro 1 : Valentine qui n’ose pas.
Au moins n’avait-il pas menti à son invité, qui n’avait en rien la déplaisance visuelle des clients singuliers du LuXure’s Café.

-Je rajouterai d’ailleurs que votre uniforme de travail vous donne un certain aspect charismatique, commenta tranquillement Valentine levant un index, comme s’il résumait la leçon du jour. Il ne se prit pas jusqu’au loisir de lui faire remarquer que la poêle à la main, « ça en jette un max » tout simplement parce que trop de compliments d’un coup tue le compliment, et le trop de fioritures est lourde à porter. Tout réside dans l’art d’user une chose, c’est évident… Et puis ce « ça en jette un max », c’est le langage d’un petit jeune ; pas d’un digne psy comme Yui, allons. De plus, un écureuil qui sert des noisettes ne parle pas le petit jeune.

-Je suppose que je ne servais pas seulement des noisettes. Je donnais aussi des coups de queue à ceux qui voulaient me les dérober ; enfin vous voyez le genre de choses… Mais à vrai dire, je ne m’en souviens guère. Alzheimer, en fin de cette vie-là, probablement. La vie d’un écureuil semble très mouvementée je crois bien, conclut Valentine, d’un ton plus convaincu que convainquant. –Si bien que je me demande comment est celle d’un hérisson.

Un hérisson qui semble doublé, quadruplé, voire même décuplé. Il parlait en groupe, alors va savoir de quoi il en retourne. Yui est déjà dans sa tête alors s’il faut qu’il se trouve dans la tête des autres de la trempe d’Atwoman… ce serait scandaleux.

-Pour faire simple disons que vous êtes une seule entité et cela m’ira très bien.

C’est vrai ça. Anouck était déjà Anouck, flic, hérisson, un Yui-déguisé, cuistot, membre de club aux pratiques poussées, l’homme aux trousses de l’espion, l’homme à la ratatouille… ah l’homme –plus ou moins- marié aussi au passage. C’est déjà beaucoup, et devoir s’adresser à tant de facettes s’avère assez complexe. Surtout que d’autres doivent encore se cacher derrière ces mêmes facettes… En somme, c’est une entité de choses, avec des interrelations à l’infinie. Qui d’ailleurs, à force de s’accumuler, s’écrase violemment –ou presque-, sur le fauteuil. L’art du sans-gêne est un art à part entière que Yui pratique et apprécie plutôt bien. Yui Valentine est donc un artiste dans son genre.

-Oui, une secrétaire. Et vous en avez une peut-être ?

Et hop la balle dans le camp adverse, parce qu’il serait malséant de faire l’éloge d’une secrétaire que Yui ne regarde pratiquement pas hormis pour lui recommander parfois, des instructions tordues par ci par là, comme on sèmerait des noisettes sur le chemin, genre le petit poucet. Mais bon à ce stade, on aura vu défiler tout les animaux, voire les fables puis les contes de gosses, c’est pourquoi le poucet va passer gentiment son chemin pour vaquer à ses affaires. Quand on dit que les accords son tacites, et qu’il y a bel et bien des messages sous-jacents, la preuve : le sujet de la douce Martha passe bien vite à autre chose. Poucet est passé et c’est tant mieux car il n’y aurait pas grand-chose à rajouter. En revanche, au-delà de Martha, Yui aime bien les gens, dont les femmes incluses. Mais pas le mariage ni les bambins autour ; ça engage à trop de choses vraiment insensées qui ne lui permettraient pas de vivre à ses loisirs. Le mariage et les gosses, ça sort de la catégorie des gens ; normal pour le premier cas, burlesque dans le deuxième.

-Hm… tant mieux donc, mon idée se conforte, opina Yui, hochant légèrement de la tête. Il ne lui manque plus qu’un calepin et prendre quelques notes et le décor est parfait pour le rôle d’un prof à élève. Enfin bon, on saurait que l’un comme l’autre ne sied pas réellement à ce genre de métier. De toute façon, que pouvait envier davantage Valentine par rapport à sa propre vie ? Issu d’une famille aisée, vivant dans un cadre de vie plus que confortable, un boulot de psy –histoire de-, quelques bêtises par ailleurs, un culte à sa propre personne… moui, avec un joli bagage comme ça, Yui ne pouvait qu’avoir envie de quelques faits le sortant d’une routine à tuer. Et c’était là, une formidable ambition. Enfin, le psy le voyait ainsi, et le verrait ainsi quoique les autres en disent.
A moins de se dégoter une femme effacée et pas contraignante, comme il n’en n’existe pas, était-il sur le point de le rajouter, de plus en plus sceptique du bien fondé d’une telle femme. Hm… tout être est un minimum contraignant, même une chose est contraignante. La femme d’Atwoman pouvait n’être, après tout, ni un être, ni une chose… et bien, ainsi soit-il. Finalement Valentine rechigna à aller chercher à quatorze heures des réponses aux intérêts peu profonds. Au moins n’était ce pas le cas pour les demi-portions, ce qui au passage, surprit passablement le psy. Ah bah… tout le monde a des problèmes. Anouck avait peut-être des problèmes pour engendrer ou c’était peut être sa femme, le problème. Allons. Trèves de pensées inutiles… comme si les pensées jusqu’à présent l’avaient été. Comme si aussi, ce sujet sur les gamins et la famille, n’était pas aussi fondé que les superstitions.

-Etre heureux… ? répéta Valentine, amusé à l’idée de se voir retourner sa question. –Chacun s’en fait sa définition.

En réalité, il avait sorti cette question en imaginant des gosses –ouais encore eux- courir entre les jambes de sieur Atwoman, criaillant et piaillant pour que quelqu’un subvienne à leurs besoins. A cette pensée se rapprochant fortement d’une nichée d’oisillons infernaux, Valentine avait soudain douté de la belle vie de son invité. Pas étonnant que le commissaire se retrouve à faire les courses aussi souvent. Alors dans ce cas pourquoi Valentine l’avait croisé aussi fréquemment ces derniers temps dans les rayons légumes, -non ce n’était pas parce que Valentine avait aussi des bouches à nourrir- mais tout simplement parce que sieur psychologue avait décidé d’avoir ses périodes-courses. Et que leur quotidien à ces deux types-là, étaient voués à se croiser. Voilà.
    [Le hérisson se mit à parler] « J’ai un boulot fascinant, une femme formidable et des amis géniaux »
    -Par exemple… ce pourrait-être travail, famille et amis, suggéra Valentine avec un regard narquois, exactement en synchro que son invité.

C’est le summum de la communication.
Elle a atteint un tel point que la parole à tour de rôle n’est plus nécessaire : il suffit de parler en même temps. Bon, trêves d’absurdités absurdes.

Yui a bien vu que le bonheur d’Anouck ne se trouve pas dans ce triangle qui pour certain frise le parfait. D’ailleurs, il avait été sur le point de rajouter que flic devait vraiment avoir une vie monotone si son idéal se résumait en taff-famille-potes. Voilà comment de gamins on passe au sujet du bonheur philosophique, sacrebleu.

-Je pense que c’est la chose la plus fondée que vous avez dite depuis le début, fit le français absolument sérieux et sincère.

S’il portait des binocles, il aurait eu un regard par-dessus, avec le même air du type qui prend enfin en considération les propos. Juste histoire de mieux illustrer un Valentine sérieux. Donc partir en baluchon et tout plaquer à coté était une chose la plus fondée qui soit, selon lui. Un hérisson à baluchon, ça rime, c’est un signe, et ça ne peut qu’être un bon présage. Allons, voilà qu’on en venait aux prédilections ; après le passé, le futur pouvait bien être abordé, non ? Non.
…Si.

Les inquiétudes peuvent par conséquent, continuer à exister.

-En Mongolie, vous dites…, médita fortement Yui en s’adossant plus tranquillement au fauteuil. Aller en Mongolie, c’est comme aller se faire un ptit Mc Do’ ou une pizza après un creux. Enfin, presque…
La question eut le mérite de donner une expression dubitative à Valentine.

–Mais bien entendu Atwoman. Fixez donc une date et allons-y.

Même mécanisme que pour décrocher un rendez-vous à son cabinet.
Etrange, parce qu’on aurait juré que le français allait prendre quelques minutes supplémentaires à réfléchir, et qu’au final, il aurait rétorqué un –vous plaisantez-. De toute façon, qu’y perdait-il dans sa réponse ? Pas grand-chose en fait. Pourquoi se priver à répondre par l’inverse que l’auteur s’attend à entendre ? En fin de compte, c’était bel et bien réfléchir par l’absurde.

–Vous avez envie de montagnes et de poneys, commissaire ? avait ensuite demandé le psy le regard amusé.

Oui parce que parmi toutes les destinations possibles, pourquoi avoir pioché la Mongolie, hein. Même s’il n’y avait pas de justification derrière, c’était quand même source de curiosité. Dans cette discussion, ça faisait très Marine à la ferme, Marine chez sa grand-mère, etc. -collection inédite de chez ma petite cousine- où l’on pourrait éventuellement rajouter Yui et Anouck à la poursuite du bonheur. En attendant, ratatouille fin prête, -l’invité avait eu l’extrême gentillesse de cuisiner- il fallut bien passer à la dégustation. Alors, tout naturellement, ça se fit, sous le ton de la Mongolie, entre les poneys et la montagne. Comme quoi, la montagne, ça vous gagne. En attendant, trinquons au nom de la ratatouille.

-…d’ailleurs à quel genre de périples pensez-vous ? poursuivit le psy, verre en main, dans la suite d’une conversation de plus en plus folklorique. C’est vrai quoi, périple, c’était quoi pour Anouck ? Parce que Valentine, lui il voyait tout et rien à la fois.

Ah le mot « périple »… qui ne ferait-il pas frissonner ? Enfin Yui n’ira pas jusqu’à frissonner, la fourrure d’écureuil est très efficace à ce qu’il paraît. C’était quand même une idée alléchante, bien sympathique. Tout laisser de côté pour partir sac-à-dos avec un flic, mais oui. Un flic dont seul le lien de la ratatouille avait rapproché ces deux types autour de légumes. Le plaisir de la fantaisie… il fallait croire qu’elle vous gagnait plus que la montagne, ah ça oui. En parlant de fantaisie d’ailleurs, Yui aurait bien désapprouvé l’extermination des femmes, ah ça non par contre. Il fallait bien de tout pour former un monde, parce qu’évidemment, toujours plus pour donner matière à ricaner un peu plus, pour un brin de folie supplémentaire. De la folie comme imaginer ne serait-ce qu’un instant un policier et un psychologue en compagnie de mongoles. Dans un sens péjoratif, ce serait peut être eux qui se feraient passer pour plus mongoles que les vrais Mongoles, mais il serait malséant de confondre folie, envie de folie, et débilité naturelle. Et puis quoi de plus fantaisiste de pouvoir dire un jour, j’ai fait du ski …en Mongolie ! Ou j’ai fais du poney… en Mongolie. Alors certes, ces deux figures là restaient dans le classico-classique des scènes possibles, et l’inimaginable devait probablement encore attendre deux tarés au coin de la rue.

-Et vous savez ce que j’en conclue commissaire?

Quand on disait que les inquiétudes étaient loin de tarir…

-Et bien je dirai que c’est sur le chemin de la Mongolie, que quelques shooters promettraient des périples pimentés.


***

Une heure plus tard, dans la rue –on n’omet pas que les rues japonaises sont aussi animées le jour comme de nuit-, les regards ne cessent de suivre ces deux étranges énergumènes à la chevelure couleur artificielle. Même dans un paysage nocturne, les inaperçus de jour ne parviennent à jouer les inaperçus de la nuit. C’est alors qu’un couple, -peut être à la quarantaine tous les deux-, approchent du psy et de son –plus ou moins- clone.

-Dites-moi messieurs.

Face au silence qui s’impose, la femme se sent de rajouter quelque chose.

-Seriez-vous par hasard de la même famille ?
[Yui]-…Mais vous n'y êtes pas du tout, nous sommes clones, voyons.

[silence de tous les côtés]

-Ah très bien, quel blague ! (Haha) Ne soyez pas surpris, mais c’est que... nous vous observons depuis un moment.
-Vous me suiviez ? répète Valentine, quelque peu surpris, sur un élan d'égocentrisme.
-Nous vous suivions, chacun de votre côté… jusqu’à aujourd’hui.
-…jusqu’à aujourd’hui. Et ?
-Oui cela fait un petit bout de temps maintenant… néanmoins, cela n’est pas sans fondé, rassurez-vous.

Ce sont des chasseurs de têtes, de casting. Visiblement, ils cherchent deux certains types d’acteurs pour leur tournage en Australie.


En Australie ? Mais je voulais aller faire du poney à Oulan-Bator!
C'est scandaleux.
Et si c’est pas du complot, ça...


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MessageSujet: Re: "Le complot c'est génial"   "Le complot c'est génial" EmptyDim 28 Fév 2010 - 22:24

    Spoiler:

    Être acteur était le rêve de plein de petits garçons et de petites filles. Anouck y avait déjà songé, lui aussi. Pas parce qu’il était formidablement doué pour le théatre –bien qu’en fait, il soit plutôt bon dans le domaine- mais plutôt parce que la vie de bohème lui parlait bien. A défaut, il avait fini flic. Ca n’était pas si mal, surtout lorsqu’on était en tête de hiérarchie. Son boulot l’amusait relativement bien…mais c’était sans doute grandement lié au fait qu’il ne respecte aucune règle normalement imposée dans ce genre de job.

    C’était un peu ironique, en un sens, que Nouck soit policier, lui qui avait tous les vices du malfrat, et aucune qualité d’homme de pseudo-justice. Acteur lui irait, en fait, mille fois mieux. Mais Anouck ne roulait pas sur l’or, et il lui fallait bien un gagne pain fiable pour pouvoir se payer ses folies et ses voyages soudains en Mongolie. Alors à défaut de pouvoir jouer sur le grand écran, il faisait le guignol au commissariat. Ca se valait presque.

    Néanmoins, les rêves d’enfant ou d’ado, bien qu’enterrés, ne sont jamais bien loin. Il suffit de les évoquer pour qu’ils refassent surface et agitent leurs ombrelles tentatrices sous un nez trop facilement…tentable.

    « Vous tombez à pique » lança Anouck, un petit sourire niché au coin de ses lèvres

    « Tout, aujourd’hui, n’est qu’histoire de poursuite, voyez vous. Sans les poursuites mon ami et moi ne serions même pas ici. D'ailleurs nous ne serions même pas amis. »

    Et oui, nous avons sous-estimé le potentiel bisounours d’Anouck Atwoman : le policier aussi peut se faire des amis à la vitesse de l’éclair : ce n’est plus l’exclusivité des bonnes poires, ou plutôt des pommes, que l’on trouve à Keimoo. Qui a dit que le hérisson est un animal asocial ? Certes, il pique, mais une fois qu’Emilie est venue caressée le hérisson, la chanson n’est plus triste et le hérisson non plus. Sauf qu’ici Anouck n’avait pas rencontré Emilie, il avait plutôt rencontré l’extra-terrestre. A440. Qui avait entre-temps humanisé son prénom.

    Comment tu t’appelles ?
    Valentine Yui.
    On se fait la belle ?
    Direction : Mongolie !


    Ou Australie. Ca n’était plus à eux d’en décider, à partir du moment où d’autres intervenants entraient dans le jeu.

    « L’Australie, hein ? Mm… l’offre est tentante, j’ai toujours rêvé de voir des kangourous. »

    Faux. Anouck n’en avait rien à faire, des kangourous. Créatures stupides capables de se tuer juste pour pouvoir faire la course avec une voiture. Ridiculement dessinée, avec un air abruti et des pattes trop grandes. Le seul point commun entre Anouck et le kangourou était peut être leur propension à sauter sur tout et n’importe quoi. Mais quand le flic sautait sur quelqu’un, ça ne le tuait pas, au moins.
    Enfin soit, là n’était sans doute pas le problème.

    « Et si vous vous joignez à nous pour discuter de tout ceci ? Nous nous apprêtions justement à prendre un verre… »

    …ou deux, ou trois, ou plus. Anouck n’était déjà plus tout à fait sobre. Mais on ne voyait pas tellement la différence : il était toujours aussi bizarre, aussi tordu. Il n’avait pas encore assez bu pour se prendre pour un strip teaser, aussi ne voyait on presque pas l’évolution.

    Son regard rouge se posa sur Yui, et sa main s’abattit sans douceur sur la tête du psy, ébouriffant sa chevelure claire comme s’il s’agissait d’un môme. Un môme sacrément grand quand même…

    « Enfin, si mon cher ami est d’accord, naturellement ! »

    Mais comment ne pourrait-on pas être d’accord pour se faire la malle en Australie du jour au lendemain, suivant ce qui semblait, de toute évidence, être soit un énorme coup de bol, soit une arnaque grandiose…. Ou un complot, naturellement. Toujours les complots. Partout les complots.

    « Au pire des cas je peux vous laisser mon numéro, votre offre m’intéresse beaucoup » poursuivit-il, on ne peut plus sérieux

    Est-ce que Anouck était prêt à faire ses valises dans 2 jours et se barrer à Sydney en plaquant tout derrière lui ? Oui. Ca ne voulait pas dire qu’il le ferait, juste qu’il n’y aurait rien d‘étonnant à ce qu’il le fasse. Contrairement aux énormes bobards qu’il avait racontés à Yui, il n’avait aucune attache nulle part. C’était un avantage…comme un inconvénient. En revanche, il n’avait pas menti en disant manquer d’aventure. A force, les vols de portfeuilles et les petits branleurs dealant leur shit, ça devenait ennuyeux. Quoi de mieux qu’un tour chez les marsupiaux pour se ressourcer un peu ?

    « Mon cher Yui, j’ai beau m’être engagé auprès de vous pour un formidable voyage, je crains que les poneys fassent pâle figure à côté des kangourous et des caméras. Mais enfin, nous nous étions entendus sur « des périples », et l’Australie est un périple comme un autre, n’est-ce pas ? »

    Anouck était un homme imprévisible, à la limite de la folie. Ce qui ne voulait pas dire qu’il ferait n’importe quoi : il faisait n’importe quoi si n’importe quoi l’amusait. Si ces deux zigotos savaient lui vendre leur petit délire tripédélique, il signerait. Et si Yui avait le malheur de plaisanter sur le sujet avec des paroles en l’air, ma foi, le policier l’enfermerait dans sa valise et l’embarquerait avec lui. Anouck Atwoman, c’est comme Chuck Norris : On ne plaisante pas avec Anouck Atwoman.

    Mais on voyage avec lui, oui. C'était un peu, "qui m'aime me suive". Ouplutôt "qui aime l'Australie et les périples me suivent". Tous A(nouck)-A(twoman)-A la queuleuleu. Non, il n'avait pas assez bu pour chanter. Mais ça ne saurait tarder. Quelques gouttes de plus et le policier sortait le grand jeu...mais ça n'était pas nécessairement une bonne nouvelle. Ca risquait même d'effrayer le pauvre couple qui devait déjà commencer à se poser certaines questions sur le duo de choc. Surtout sur la partie policière du duo, en fait...

    « La nuit est longue. Ca nous laisse le temps de tout planifier »

    annonça Anouck, hochant la tête d’un air décidé, allongeant le pas pour montrer sa détermination. Mauvaise idée : il tangua dangereusement, son épaule venant heurter celle de son potentiel compagnon de voyage.
    Froncement de sourcil soucieux de la part d'Atwoman.

    « Il me semble que les derniers shooters ont rendu le chemin bien sinueux. Vous allez devoir m’aider à atteindre le bar… »

    marmonna Anouck, plissant les yeux en constatant qu’il avait, effectivement, un mal fou à marcher droit.

    Et c’était nécessairement la faute de la route, pas la sienne. Comploteuse, cette route.

    Car oui, on peut comploter avec ou contre Anouck. C’est plus fun.
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MessageSujet: Re: "Le complot c'est génial"   "Le complot c'est génial" EmptyMer 17 Mar 2010 - 17:47

Le « vous tombez à pique » du commissaire annonça avec force des sonneries des trompettes, ou plutôt avec la force des roulements des percussions, les prémisses d’une aventure sans merci.

♫ Et ainsi commence l'aventure ♫

Valentine, lui, n’avait jamais vraiment rêvé d’être acteur. Allez savoir pourquoi ; peut être parce qu’il l’était déjà plus ou moins dans sa vie de tous les jours. En fait, il devait l’être dans l’âme… si c’est pas beau ça. Et, se découvrir une telle nature en l’espace d’une soirée, c’était émouvant, ça aussi ! Sans compter en plus que, Valentine avait trouvé, en plus d’un compagnon de voyage en Mongolie, un ami de course-poursuite, et un collaborateur pour tourner un film. A ce stade là, on pouvait, carrément sortir les mouchoirs. Enfin bon, ça fait quand même pas mal d’un coup, c’est ça qu’est sacrément chouette.

Comment tu t’appelles ?
Anouck Atwoman.
On s’boit un shoulter ?
Et hop, on se fait un ptit zoo en Australie.
Voir les kangourous par exemple.

Au passant, que l’auteur a failli taper « et hop, on se fait un ptit kangourou en Australie » mais comme le sens en prend une autre allure… et que d’ailleurs, Valentine, c’est les koalas, qu’il a toujours rêvé de voir. Mais voyons, toujours plus burlesque. Au moins, le koala, s’il ne saute pas sur tout et n’importe quoi, il grimpe aux arbres. Pour y rester accrocher et bouffer de l’eucalyptus toute la journée. Au final, c’est comme un écureuil, à quelques détails près. ‘Fin bon. Il paraît que l’Australie fait jazzer les kangourous et les koalas dans les esprits, dès qu’on parle du pays.

-Ma foi, pourquoi pas, après tout… mouarf.

Et shpook, la main du commissaire s’abat sur la tête à Yui, qui a presque comme l’impression qu’elle va se détacher sous le coup. Assassin de hérisson. L’écureuil se masse alors la nuque, tout en recevant la carte de visite que leur tend le couple. Un couple amusé, mais qui hésite d’ailleurs à rester où non avec cette bande de délurés. Aussitôt, Valentine, un épi au crâne, brandit sa propre carte pour la leur tendre, -ça fait tellement pro- tandis qu’Anouck propose de leur offrir son numéro de téléphone. Bah, même à demi sobre, un voyage frais payé en Australie, ça se vaut bien ! Mais attendons de voir… Yui se dit qu’il devrait de mettre à réflexion avant de lancer n’importe quelle réponse. Son dilemme du moment : la Mongolie ou l’Australie ? Quel choix difficile, surtout lorsque la magie suprême de l’alcool est un tantinet au rendez-vous. Et, tantdis qu’il réfléchit,- ou fait semblant-, Yui secoue la tête de droite à gauche, l’air tellement désolé pour un Anouck, dont la femme sera forcée de vivre seule, au foyer, dans l’attente du retour de son cher mari. Parce que maintenant qu’il a pas mal bu le Valentine, il y croit ferme. D’autant plus, à son histoire familiale au commissaire. Et il s’en souvient de leur discussion !

-Mais mon cher Anouck, nous sommes évidemment d’accord pour tous les périples à venir, mais votre femme…, fait-il tout haut un ton tragique, rendu sincère par un léger surplus d’alcool. Votre chère femme ! Je suis presque triste pour elle… dire qu’elle ne pourra voir ni caméra, ni kangourous… quelle tragédie. (Et vous avez l’air de tellement tenir à votre femme…)

L’allure des deux zigotos fait même sourire le couple.

-Je vous vois sourire ! rétorque Valentine, un brin froissé. -Mais vous croyez que je vais y arriver ? A faire un choix entre la Mongolie et l’Australie. Et vous, que feriez-vous à ma place !
« La nuit est longue. Ca nous laisse le temps de tout planifier »

Les deux chasseurs de tête semblent convaincus du bien fondés de la parole du commissaire. Et ce couple a sûrement d’autres choses à faire, et peut être même, d’autres tête à chasser, même en ces heures tardives. Valentine n’en sait rien, il n’est pas né chasseur. Et tandis qu’ils s’apprêtent à aller chacun de leur côté, cartes échangées, promesses de contact bien formulées, Valentine leur propose sagement de leur payer la tournée. Allez, un petit verre, ça ne se refuse pas. Avec pour argument à la clé, de mieux discuter des termes du contrat, si la discussion est un tant soit peu rendue possible. Et, en bon écureuil, le gentil Yui passa un bras du flic autour de ses épaules pour mieux tanguer sur la route. Pas très robuste le Valentine, encore moins avec un peu de boisson dans le sang.

-Vous êtes sûrs que c’est une bonne idée ? s’enquérit la femme, examinant Anouck d’un air dubitatif.
-Evidemment, et cette idée est d’autant la plus conviviale, renchérit Valentine occuper à marcher un peu plus droit avec un hérisson à la clé.

Et leur première épreuve dans ce parcours empli d’embuches,
fut celui de trouver le chemin qui mènerait à l’alcool.


***

-Et quel genre de film allons-nous devoir tourner ? demanda Valentine, jetant un coup d’œil à Atwoman. C’est que Yui, il s’y croit déjà lui.
-N’en parlez pas si fort, aucun bruit ne doit courir !

Les bruits, ça court ?

***

Accord tacite passé, rendez-vous fixé –retenu, on ne sait pas, mais fixé oui-, le couple laisse congé à ces deux rigolos d’hurluberlus.
– Vous vous en rendez-compte, Atwoman ? Nous partons pour l’Australie voir les koalas ! Et hop, ça vaut un autre shoulter, ça, on trinque !

Le joyeux Valentine qui se promet que c’est son avant-dernier verre. Mais sa logique est telle, qu’avant le dernier, il y a le post-dernier, le faux dernier, l’ultime dernier, et le dernier pour de bon. C’est déjà pas mal…

– Vous savez, je suis ému.

Nous sommes des acteurs dans l’âme.

Même dans un état d’ébriété plus marqué, les plus saouls remarquent aisément ces deux hommes, au physique pour le moins, superficiel. Bien des regards se tournent vers eux à plusieurs reprises. C’est là, les prémisses d’une carrière d’acteur, faut s’y préparer. Et là, un saoul passe, titube à moitié sur Yui, le bouscule et poursuit son chemin vers la sortie.

–Mais enfin Anouck ! Vous pourriez au moins éviter de me tuer ! Vous avez une de ces poignes, contrôlez-vous ! s’exclame Yui, se rappelant de la scène où il a failli perdre sa tête. Les souvenirs du psy, ainsi que ses pensées, sont passablement assez décousues, à ces moments là. Il se souvient de ce passage, mais a déjà oublié l’homme saoul qui vient de le bousculer.
C’est à ne plus rien comprendre.

–Or, je refuse de render l’âme avant d’avoir vu les poneys d’australie! Les poneys ? Mais que dis-je ! Les koalas, bien sûre!

Il était une fois, Ecureuil et Hérisson,
...à dos d'un kangourou.
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MessageSujet: Re: "Le complot c'est génial"   "Le complot c'est génial" EmptyMer 28 Avr 2010 - 23:23

    (Désolée pour le temps de réponse ET la médiocrité du poste Nec’ureuil, j’ai du mal à m’y remettre là Oo’ …)

    Se faire un kangourou ? Et pourquoi pas … Au point où en était notre duo de choc, partir dans des délires zoophiles n’avait rien d’outrageant ou de choquant. Enfin la zoologie métaphorique, entendons-nous bien. Anouck était un brin dérangé, certes, m’enfin de là à ce qu’il aille se taper de vrais animaux, il y avait tout de même un pas. Il n’était pas assez désespéré pour ça.

    Quant à faire croire à Yui qu’il était Zoophile… Non, c’était too much. Il lui avait déjà fait avaler cette histoire de femme… s’il ne voulait pas définitivement perdre son compagnon de voyage, il allait devoir freiner sur les fantaisies. Ok, l’écureuil avait l’air résistant et tenace, mais il devait bien avoir ses limites lui aussi en matière de compagnie tordue et peu recommandable. Quoique…pour un psy… Certes. Mais le flic n’était pas sensé savoir qu’il était psy. Officiellement, Yui était espion. Un mauvais espion, c’est vrai. Et il allait devenir acteur. Tout un programme sur le CV.

    Enfin bref.
    Lorsque la carte de Yui jaillit de nulle part (enfin… a priori de sa poche) droit vers le couple, Anouck ne put s’empêcher d’allonger la main, à toute vitesse, tel un hérisson hypra rapide (un peu comme Sonic quoi…), pour s’emparer de la chose sous le regard décontenancé et surpris du couple. Les ignorant totalement, Anouck approcha la carte au plus près de ses yeux –l’alcool rend myope- et fronça les sourcils, avant d’exploser bruyamment de rire.

    « Aaaaaaah. Psy. Je me disais bien que pour un espion vous étiez vraiment nul à chier »

    Fin Anouck, très fin. De quoi déstabiliser encore plus le couple : hein ? Espion ? qu’est-ce que c’était encore que cette histoire ? Qu’importe. Ce qu’il leur fallait, c’était des acteurs o-ri-gi-naux. Et plus ils observaient ces deux énergumènes, plus cela les confortait dans leur choix : originaux, aucun doute, ils l’étaient.

    Se rappelant alors que cette carte n’était pas à lui en plus de ne pas lui être déstinée, Anouck esquissa un sourire amusé avant de la tendre à ses potentiels futurs employeurs. Comme si de rien n’était. Il avait eu l’info qu’il voulait, ça les mettait donc sur un piédestal : Ils savaient tous deux le métier de l’autre, Yui savait que Anouck avait une femme, même si ce n’était pas vrai, Anouck savait que Yui couchait avec sa secrétaire… à moins que ça ne soit lui qui fabule. Anouck savait que Yui avait été écureuil dans une autre vie, et yui savait que Nouck avait des traces de gêne hérisson. Tant de secrets partagés, s’en était presque émouvant.

    Sauf que voilà l’ex écureuil en train d’utiliser ces fameuses informations top-secrètes –les révélant au passage, honte à lui ! – comme fausse excuse pour annuler ce merveilleux voyage. Tatata. Ca ne marche pas comme ça avec Anouck. Tant pis pour sa femme imaginaire, elle se trouverait un amant imaginaire avec qui faire des galipettes imaginaires, point final.

    Esquissant une moue mi-vexée, mi-déçue, Anouck haussa les épaules.

    « Voyons Yui, c’est mon affaire, ça. N’utilisez donc pas ma vie privée pour vous débiner. Ma femme préfère me savoir heureux en Australie qu’à me morfondre ici, à regretter de ne pas avoir saisi une telle opportunité. »

    Admirable comme Anouck semble croire en cette femme imaginaire. Il en parle avec une conviction telle qu’on la croirait presque réelle… Mais ceci serait admettre 1) que Anouck peut supporter une femme 2) qu’une femme « normale » peut supporter Anouck. L’un comme l’autre étant improbable.

    Nouvel haussement d’épaule de la part du hérisson (avouons qu’imaginer un hérisson haussant ses épaules piquantes a quelque chose de…drôle).

    « Pourquoi choisir ? Partons en Australie, PUIS en Mongolie »

    Bah oui, plaquons tout, vivons comme des hippies d’amour (propre ?) et d’eau fraiche ( de shooter ?). La stabilité, qu’est-ce qu’on s’en fout… Faisons des écureuils et des hérisson des oiseaux migrateurs. The flying squirrel (http://cache.thephoenix.com/i/OldBlogs/OutsideTheFrame/flying_squirrel.jpg) and the flying hedgehog (http://www.image-drole.org/albums/Image_insolite/herisson_volant.jpg).

    Après tout, on dit que les choix sont pour les grandes personnes. Yui et Anouck ne sont pas des grandes personnes, pas même des personnes. Ce sont des réincarnations.

    En attendant, il s’agissait de migrer vers le bar, en compagnie de leurs potentiels employeurs. Discuter des termes du contrat autour d’un verre, c’était une bonne idée…si le verre n’était pas alcoolisé. Parce que là, les deux gugus étaient déjà dans un état critique. Surtout Anouck, à le voir tituber bêtement comme un ivrogne. Yui fut même obligé de lui prêter main forte. Epaule forte et bras fort, en l’occurrence.

    « Vous êtes brave, pour un écureuil » lâcha Anouck, avec le plus grand sérieux

    Comme si l’écureuil était un animal lâche d’ordinaire. En fait, ça l’était. Ca se planque dans les branches, loin du sol. Les voilà donc à tituber en chœur, un peu comme une balancelle…en moins romantique et moins poétique, naturellement. De quoi inquiéter les réalisateurs, qui se jettent des regards inquiets et semblent hésiter. Yui les rassure. On fait comme on peut pour ne pas perdre cette opportunité.

    Quoiqu’il en soit, l’un comme l’autre parviennent à trainner de gré ou de force –les souvenirs se mélangent un peu- dans un traquenard à boire encore et encore. L’alcool désinhibe les uns et les autres, fait ressortir l’excentricité d’Anouck et l’originalité de Yui. Finalement le couple, un peu pompette aussi, n’en est que plus séduit.

    C’est donc sur de grandes embrassades et des promesses que les 2 laissèrent Yui et Anouck seuls avec en poche un numéro de téléphone pour leur avenir d’acteur.

    L’heure était donc à la fête. Levant son shooter de… de quoi d’ailleurs ? Peu importe, Anouck eut un sourire triomphant.

    « Fêtons cela, en effet ! »

    Comme s’ils n’avaient pas déjà assez fêté vu l’état –pathétique ?- dans lequel ils étaient tous les deux. Et contrairement à Yui, Nouck ne se met pas de limite. Le dernier shooter sera celui où il n’arrivera plus à refermer ses doigts sur son verre. Anouck est résistant à l’alcool, chaque étape dure une éternité : il est d’abord indéfiniment joyeux, puis indéfiniment pompette, puis indéfiniment bourré, puis indéfiniment mort bourré, puis indéfiniment mort bourré…. Là il en était au stade bourré, autant dire qu’il avait encore une bonne marge de manœuvre.

    Allez hop, encore un petit verre dans le gosier, histoire de.
    Et voilà notre Yui en pleine confession. Confessions intimes…oui, c’était à peu près l’heure.

    « Allez-y, pleurez » répondit Anouck en tapotant sa propre épaule pour indiquer à Yui que s’il voulait venir s’épancher il pouvait. On aurait tout vu… La scène à faire pleurer dans les chaumières… enfin, ça l’aurait été s’ils n’avaient pas tous deux des têtes de poivrots invétérés.

    Mais Yui semble se remettre bien vite de cet élan pleurnichard, et, grâce à une faille spatio-temporelle –sans doute Doc’ qui est de retour- le voilà qui réplique à un évènement se passant temporairement une bonne heure avant au moins. Anouck ne lui en tient pas rigueur, il n’est plus en état de.
    A la place, le voilà qui se lance à la poursuite du bousculeur, l’attrape fermement par l’épaule, le force à se retourner et… lui fout un coup de boule. Une femme crie à côté, mais sa voix ne recouvre pas la musique, les gens s’écartent un peu, ne comprenant pas ce qu’il se passe. Anouck empoigne sa victime par le col et le soulève à moitié pour le hisser à sa hauteur, afin de pouvoir coller ses lèvres à son oreille.

    « Tu bouscules pas mon pote, sale brute »

    Certes, c’était lui la brute, certainement pas Anouck.

    « C’est fragile un écureuil, et si y a plus d’écureuil, y a plus de voyage en Mongolie, et si y a plus de voyage en Mongolie… y a plus de… »

    Ca y est, l’autre a cessé d’écouter pour essayer de se dégager. Une main c’est abattu sur l’épaule d’Anouck pour essayer de le calmer. Le policier s’apprête à répliquer, mais une autre main intervient, lui tendant un verre. Aaaah, ben voilà quelqu’un qui sait parler aux hérissons. Le policier lâche sa victime, puisqu’il a besoin de ses mains pour saisir le verre. La victime en question en profite pour déguerpir, et Nouck pour boire le verre d’une traite, avant de revenir vers Yui dans un état encore plus critique.

    « Mon cher Yui… il va falloir apprendre à vous défendre par vous-même, je ne serai pas là à chaque fois qu’un kangourou voudra vous boxer la tronche… »

    Déclare-t-il, attrapant un nouveau shooter pour l’avaler cul sec. Le verre de trop sans doute. Nouck a le temps de murmurer un « oups », et voilà que ses jambes le lâchent lamentablement, le projetant directement au pied de la table, alors qu’un grand éclat de rire se laisse entendre.

    Anouck vient de passer de indéfiniment bourré à indéfiniment mort bourré et indéfiniment pathétique….
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MessageSujet: Re: "Le complot c'est génial"   "Le complot c'est génial" EmptyDim 2 Mai 2010 - 11:05

[Bah tu vois, c'est à ton tour de faire la danse de l'inspiration pour t'y remettre A07 Prends ton temps, j'ouvre le nouveau sujet, celui là il commence à vieillir]


    D’infiniment mort bourré, à infiniment pathétique.
    Ainsi commence le fabuleux destin d’Anouck Hérisson, suivi de près par celui de Yui l’Ecureuil. Cette soirée-ratatouille là, le psychologue s’en souvient encore, parce que des cuites mémorables comme ça -au point de ne plus se souvenir de comment il a retrouvé son pieux le lendemain…- ce n’est pas toutes les nuits qu’il le fait. Honorable psychologue qu’il fait là, mouais-ouais. Contrairement à son comparse le flic-man, Yui ne fait pas de démonstration dénudée sur ou contre un podium/bar/barre (… ?), mais tous ces détails, ni l’un ni l’autre ne le savent. Que de nouvelles surprises toujours plus folichonnes qui s’annoncent là… ou pas. Quoiqu’il en soit, l’originalité entre ces deux énergumènes n’a pas fini d’atteindre son apogée, voilà qui est sûr. Et d’ailleurs, c’est sur un même piédestal –en matière secrets dévoilés- que ces deux clowns s’en iront bel et bien à destination prévu par les temps qui s’ensuivent.

    Alors à dent pour dent, pique pour pique, le lendemain de cet interlude, Yui est quand même retourné à l’école faire son psy –normal, il l’est-, avec un mal de crane de chien, tirant une tête de 3 km, de quoi effrayer toute la galerie. En réalité, monsieur Valentine devait bien se donner une bonne image auprès de son dirlo, avant d’annoncer un petit départ imprévu à l’étranger –dans le cadre de ses fonctions, rajoutera-t-il évasivement-. Il est par ailleurs vrai que d’aller rendre visite aux kangourous, rentre parfaitement dans la fonction d’un psy. C’est bien connu, ces spécimens là ont eux aussi besoin d’une thérapie, faut pas croire…
    Tiens et en parlant de kangourou, il suffit de se rappeler de celui qu’Anouck avait tenté de dégommer la veille ; et bien sûr, la brute, c’était le kangourou, pas celui qui l’avait agressé : ah ça non, jamais.

    -

    Nous sommes un Jeudi après midi, quand arrive un coup de fil. The coup de fil. Et comment ça, Valentine avait failli l’oublier!

    -Mercredi à 14 heures.
    -Mercredi ? Sapristi. Vous croyez madame ?

    Sapristi, merci au boss du LuXure’s Café et ses insultes à deux balles.

    -…Je crois, et suis même sûre.

    -Alors je crois aussi.

    Saperlipopette.
    A peine la date est confirmée que l’heureux psychologue élu –élu de quoi ? Elu du séjour en Australie-, raccroche le combiné, boucle les formalités administratives en un clin d’œil, -quand il se bouge, il sait le faire- et, remet la clef de son bureau à mademoiselle Elise la concierge. Seulement voilà, il manque quelqu’un pour boucler cette histoire. Parce que le flic, voyez vous, il a gentiment fait sa ratatouille chez lui, mais il n’a pas laissé de carte, lui. Sans compter que sa tenue de flic est restée dormir chez Yui Valentine. C’est à se demander comment on peut zapper sa tenue de travail –même en admettant qu’il en ait d’autres chez lui. Non mais c’est vrai quoi, en imaginant qu’il sème son uniforme à chaque fois qu’il fait de la ratatouille, a vous de faire le calcul… ou non. Est ce que le psychologue oublie sa blouse de chirurgien, lui ? Non plus.

    Même s’il n’en n’a fichtrement pas besoin.
    Là est tout le désintérêt de l’histoire.

    Les recherches sur Anouck Atwoman dureront exactement …4 jours et ½. Yui n’est pas un bon espion, mais un espion à (faire) chier. Un espion à (objectif de faire) chier. D’où toute la subtilité de la chose. Or quand monsieur veut, il aime bien obtenir. En l’occurrence ici, son intrépide aventure près de la barrière de corail, en compagnie d’un individu avec des gènes de hérisson. Il paraît que c’est plus très courant de nos jours ces spécimens là. Et donc, 3 jours à part entière, où il envoie Hector le conducteur guetter la ville, Martha la secrétaire de maison recenser toutes les commissariats de la région, et des dobermans pour flairer les traces du flic. On remarquera ici que ce sont les flics qui se font désormais courser par les molosses. Enfin, en exagérant un peu puisque des chiens, on dira que ce n’en sont que des imaginaires, pour rendre les évènements un tantinet plus crédible. Un tantinet.

    [Lundi]
    -Allez César, trouve la trace du commissaire. C’est Valentine qui te l’ordonne.

    Accroupi près d’un cabot minuscule, Valentine se retrousse les manches de son nouvel uniforme. En toute objectivité, c’est celui du hérisson, mais peu importe. Rajustant ses lunettes de soleil sur le pif. Quel soleil, chers amis. Alors qu’il se relève, de curieux regards ne cessent de s’attarder sur ce flic qui tient en laisse… un demi-portion de chien ridicule ; le genre de chihuahua maigrelet croisé à une espèce de truc minuscule non identifiée. Pas du genre doberman comme il se devrait d’être dans les mœurs, non. Pas le chien qu'on associe au flic quoi. Ah et au fait… d’où il sort le petit? Et bien. Yui l’a « emprunté » sans permission, détachant l’animal de la caisse près de laquelle une gentille mémé devait l’avoir accroché, le temps de faire ses courses. Probablement que cette bonne femme s’affolera de ne plus voir son toutou l’attendre à la sortie, mais Yui a déjà prévu qu’elle placarde des affiches un peu partout la ville et puis une bonne âme lui retournera son bien… ou pas. Peut être que le mieux c’est qu’il la reçoive à son bureau, en cas de dépression pour perte d’un être aimé. Du reste…qu’en a-t-il à faire ?

    Et alors qu’il longe le trottoir –chien en laisse- le hasard fait que Valentine tourne justement la tête vers la gauche, et sur cette gauche se trouve miraculeusement un flic. Miraculeusement. Pour abuser, on va même dire que c’est Atwoman. Ah c’est beau, le miracle.


    « Monsieur Atwoman, vous savez quoi? Je vous arrête au nom de la loi. »

    -To be continued-
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