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 Pink Rashes. | Post-unique.

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AuteurMessage
Kohaku Joshua Mitsumasa
♣ Université - 4ème année
Kohaku Joshua Mitsumasa


Genre : Non Binaire Verseau Coq Age : 30
Adresse : Hiryuu : 05 rue de la Chance, app 32 ou la Chambre 110 de l'université ou chez Zakuro.
Compteur 665
Multicompte(s) : Lawrence E. Swanster | Populaire

KMO
                                   :

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MessageSujet: Pink Rashes. | Post-unique.    Pink Rashes. | Post-unique.  EmptyLun 23 Déc 2013 - 0:39

Spoiler:

PINK RASHES.
Je vais t’étouffer avec ton fucking string, salope.
15 NOVEMBRE 2013
.

Marre.  Les lames des mes ciseaux glissent contre les portes des casiers qui croisent ma route en une série de crissements aigus. J’en ai crissement marre. Déjà qu’avec Lawrence, c’est parfois agaçant, tous ces sourires et ses ‘Swanster-sempai’ semblant fuser de nulle part, déjà qu’avec Lawrence c’est souvent lassant, des piques, des ‘mais qu’est-ce que tu fais là, toi ?’ qui serpentent hautainement sur ma silhouette, le genre de gens que je défigurais à l’école secondaire. Avec Zakuro c’est d’autant plus insupportable, les cheveux d’Ethel contre mes poignets semblant irradier mon être de leurs flammes stellaires, et j’envisage avec une clarté étouffante tous les regards qui tentent de me l’arracher. Ma possession, ma création, mon échafaudage de réalisations et de choix et de tout ce que tu m’as prouvé pouvoir être par toi-même Zakuro.  

Za-ku-ro.

Je dépasse le seuil de la porte menant à la classe généralement attribuée au groupe 4A, balayant l’air de mes ciseaux et accrochant la bouille coréenne du voleur de macarons qui se fissure en une inquiétude amusante. Je ris tout haut, le lacérant mon regard abandonné à sa couleur naturelle, de la même manière que mes cheveux qui laissent leurs racine ébène pointer et s’étendre. J’en ai marre, vraiment, vraiment marre. Et si je ris, c’est le genre de rire vicieux qu’on associe plus à l’avènement d’une situation contraignante qu’à un tour humoristique. Takihide semble vouloir se fondre dans le mur, Kojiro me désapprouve du regard et Zakuro . . .

Je cligne des yeux, fracasse et laisse crisser mes lames doubles contre les pupitres que je dépasse, m’imaginant un rythme et une mélodie. Le son du métal qui déchire et perfore, les inspirations inquiètes et dubitatives qui excitent le prédateur. Une symphonie de sons banals se déroulant comme un long tapis violacé sous chacun de mes pas. Au bout du tunnel de tissu imaginaire ; un rônin de calcaire, l’exilé d’une modernité essoufflée et les aiguilles d’une horloge arrêtée. Je me concentre sur ses yeux irréels, d’un bleu qui ensorcèle mieux que n’importe quelle histoire, le ciel, le ciel, le ciel, et snip-snip font les ciseaux, sectionnant chacune de mes enjambées sèches.

L’atteindre n’est ni long ou particulièrement déroutant, une arrivée coutumière, mes phalanges qui s’accrochent au premier bout de lui qu’elles peuvent attraper. Bien que cette fois, l’une de mes extrémité se voit pourvue d’un ajout, de jumeaux acérés et luisant d’argent qui frétillent dans son étreinte. Je les laisse se clore, se rapprocher et s’enlacer, appuyant leur matériel froid contre la gorge de Fea. Fea, qui rime avec Litchi et non avec B.A. Il n’est pas un bon samaritain désintéressé, il ne l’a jamais été. Hein, que tu n’es pas foncièrement bon comme cet horrible psychologue humaniste dont je ne prononcerai pas le nom te prétendrait l’être. Right, huh ? You’re not like that at all.

« Bonjour toi. »

Les ciseaux remontent le long de son cou pour atteindre sa mâchoire et je le contemple avec une douceur calculée, momentanément calme, mais sentant déjà la tempête barbouiller mes entrailles. Snip. Snip. Snip. Les lames se séparent et pleurent la moitié qu’elles viennent de perdre en un chuintement de fer aigu. J’entoure la pommette droite de mon rônin de leur désarroi, sondant ses yeux avec une insistance porteuse de malaise, laissant ma seconde main lui griffer les côtes de par-dessus le tissu de son haut. Noir. Il porte toujours du noir.

Et du bleu.

Un sourire omnipotent pour sa raideur, qui tire sur les commissures de mes lèvres sans réellement les soulever. Crois-tu que je pourrais déchirer ta peau Zakuro, que je pourrais la barioler de disgracieuses cicatrices ? Peut-être qu’on te foutrait la paix comme ça . . .

Les ciseaux font toutefois la course jusqu’à sa pomme d’Adam. Parce que sa tête qui roule entre les sièges d’un tribunal pour atterrir devant le juge est tellement plus jolie qu’une bande de cicatrices informes et infectées. Plus significative. Tu as tué comme tu as sauvé, au-dessus du commun des mortels, valsant contre gré des règles et on ne te pendra pas, non. Mais advenant que la mort doive croiser ton chemin . . .

Me laisserais-tu te couper la tête ?

Je me recule un brin, laisse ma paume outillée redescendre contre ma cuisse, les ciseaux de nouveaux unis dodelinant contre les jointures de deux de mes doigts. Je tourne la tête pour prendre conscience des regards, des gens qui toisent sans gêne, interloqués, de ceux qui font mine que tout est parfaitement normal et qui annotent déjà des mots dans la marge de leurs cahier en nous lançant des œillades à la dérobées. Il y a Kojiro, tout près, qui fronce les sourcils, plus statufié encore que Zakuro ne l’était il y a quelques secondes.

Mon sourire fantôme se prononce, perdant sa douceur pour muter en un rictus oscillant entre le dédain et l’arrogance. Les ciseaux regrimpent, fébriles, tracent la ligne du crâne du héro qui fait la une des journaux avec plus de force que nécessaire, et un élan de frustration fait presque trembler mes poignets. Mes lèvres rencontrent les siennes comme un dramaturge rencontre sa scène, avec cette pointe d’exagération qui vrille l’obscène.  C’est marquer son territoire à coups de dents et à coups de paupières papillonnants lorsque je devine le sourire qui étire sa bouche, c’est ouvrir un rideau à coup de griffes et de ronronnements à demi songés. Une apposition, une démonstration. Rien de plus.

Right ?

Je m’écarte comme je me suis approché, en un souffle vague qui bondit au rythme des ciseaux qui s’ouvrent et se referment maintenant près de l’une de ses clavicules, brusquant l’air et les âmes sensibles. Des hoquets, des murmures. Il serait si facile de simplement m’abandonner à la quiétude, d’ignorer le monde comme j’ignorais mes parents à douze ans, de grimper sur son bureau comme je grimpais sur les genoux de Carter, mais . . . ça n’a jamais vraiment fonctionné comme ça, hein ?

« J’en ai franchement marre, tu sais ? »

Son sourcil s’élève dans une surprise franche et silencieuse, dans une attente tout aussi posée que patiente. Il s’accorde au rythme comme je ne veux m’accorder à rien et si l’embrasser avait été mon théâtre, le sien se résumait à simplement se tenir là. Quasi-immobile, sa main tiraillant finement mes cheveux agissant comme une tâche sur son affligeante inertie. Bouge plus, parle-moi, proteste, toi aussi.

« Ça m’énerve. Ça m’énerve vraiment. »

Je claque ma langue contre mon palet, agacé, et entends à peine les bêlements rageux de Sentasaurus qui vrombissent en arrière-fond. Des insultes bancales, sans saveurs, un peu comme lui. Mon regard s’accroche à une des filles de la classe, ou plutôt s’accroche à son t-shirt. Rouge brillant.

Un fucking fan club.

Les ciseaux s’envolent et je les suis, flottant vers elle tel un esprit vengeur, un courant d’air glacial. Les centimètres qui nous séparent sont trop peu nombreux et j’ai pleinement conscience d’envahir son espace personnel, voutant mon dos pour davantage me rapprocher de son visage. Ma question est lente, dénuée de ton précis, mais les syllabes sont suffisamment pointillées, pesées, pour qu’on devine une intention.

« Pourquoi tu le regardes, toi ? »

Elle me fixe, Sentasaurus continue de s’agiter comme une chèvre quelque part derrière-moi, certains élèves se sont remis à murmurer, des commentaires fusent. Je n’entends pas Zakuro, par contre. Ni cette étudiante, Suzume, je crois. Elle me fixe, ses cils semblant toucher son front, hésitante et frappée de mutisme. Aucune réponse et pourtant je ne vois qu’elle et ses petits yeux noisettes et ses longs, longs, longs, soyeux cheveux d’onyx.

Les lames jumelles fendent l’air.

Snip.

Ce n’est pas elle qui réagit la première, à moins qu’on considère une main qui se lève pour attraper des filaments noirs, une mâchoire s’affaissant et des yeux s’écarquillant comme une réaction. Toujours, elle ne dit rien, comme en proie à un choc. Une horreur bien puérile se lit sur son visage.

« Fallait me répondre. Pourquoi. Tu. Le. Regarde. »

Je réitère, sauvage, toxique, mais la main d’une étudiante me poussant, ainsi que la voix de Kojiro, je n’entends plus Senta, fusant comme un gong m’empêche de lui offrir la suite de sa coupe gratuite. Elle résonne, profonde et placardante, sa voix, pétée comme on a pété le corps de sa petite sœur, et elle me heurte, comme un char dirigés par des bovidés fous, apeurés. J’entends presque les os de son esprit craquer, craquer.

« T’AS PAS LE DROIT. »

J’ai tous les droits, bordel.

Je me retourne vers lui, vers eux, retroussant presque les lèvres, dévoilant à demi mes dents que j’aimerais présentement avoir en pointe. Pour faire mal, pour faire peur, pour percer les yeux des gens, pour qu’ils ne voient plus rien.

« Ça vous pose pas problème, à vous ? »

Je les toise, vais même jusqu’à brusquer la forme discrète de Takihide qui cherche encore à se fondre dans le mur. Je communique le défi, le défi de garder le silence, une menace silencieuse . . . Si on ne répond rien, cela signifie-t-il que la situation ne les trouble pas, que d’arpenter les couloirs aux côtés du grand rônin ne les dérange pas ? I don’t mind it when people look, but I don’t like it when they try to take away what’s mine. Les ciseaux rugissent leur métal près de mon oreille, sournois et attendant le prochain moment où il sera propice pour eux de fondre sur une cible.

Leur silence me nargue, même Senta ne dit plus vraiment rien, des grommellements intelligibles pendus au bord de ses lèvres. Ma langue claque et je pivote à demi pour chercher le ciel des yeux, les lames jumelles suivant mon mouvement en une esquisse large. Nous décrivons un rond ample et ce n’est qu’à ce moment que les deux autres automates recouvrent enfin leur aptitude à communiquer. Pas pour me répondre, non, pour lancer des avertissements. Des avertos à la con qui cinglent comme les larmes que je remarque enfin décrire des tranchées le long des joues de Suzume. Ne va-t-elle pas me frapper ? Petite conne.

« Dépose ces ciseaux immédiatement Mistumasa ! », ordonne Kojichat.

« Bouge plus ! », meugle Senta la vache.

Ma langue claque, pft, pft, pft, et les épées doubles dansent avec provocation. Je fais un pas dans la direction de ma première victime, ample, parce que le théâtre continu, ça te plairait Marv, je suis doué, très doué, avant de bifurquer sans préavis, un sourire mortuaire fixé aux lèvres. Je m’approche d’une seconde fille, qui se recule lorsque nos yeux croisent le fer et qui s’approche de Zakuro avec l’intention visible de l’utiliser comme bouclier.

La protégerais-tu si je me décidais à lui enfoncer l’argent lustré dans la joue ? Réagirais-tu ? Je cherche le ciel, cherche ma raison oubliée dans les casiers et remplacée par cette sensation de gouffre sans-fond qui gagne en largesse au creux de mon estomac. Le désir de dévorer tout ce qui existe et de déguster le ciel mille fois avant de le régurgiter pour tout recommencer en mieux. Toujours en mieux. Un jour, je deviendrai . . .

Les ciseaux ricochent et résonnent contre le parquet de tuiles lorsque je les échappe, le souffle entrant déjà difficilement dans mes poumons s’estompant entièrement le temps de quelques seconde. Ma vision se brouille de picots grisonnants et scintillants, mes côtes crissent leur guérison incomplète et, pendant un bref instant, mon monde chavire sous la douleur. Quelqu’un a réagit, quelqu’un m’a attrapé.

Un craquement de mon cou qui tourne m’annonce qu’il s’agit du même taureau sans corne qui me bafouille des calomnies depuis mon entrée dans la classe, ses cheveux synthétiques, son regard de palette de chocolat noir et ce malaise qui transparait dans la fébrilité de sa poigne. Je tousse et ses doigts pressent un tantinet davantage contre ma cage thoracique.

« Sentaaasauuurus, si tu me re-pètes les côtes, je viens t'étouffer dans ton sommeil. Lâche-moi, connard. »

Sa réaction est immédiate et laisse mon esprit osciller en une contemplation cynique de l’exaspération que le moindre de ses agissements m’impose. Il me lâche comme on lâche du métal à souder fondant et brûlant, comme on fuit un essaim de guêpes. Tu voulais me faire mal, pourtant, il y a peine cinq seconde. Te rappelles-tu ?

Je me rappelle, moi, et ça ne rend la constatation de ta faiblesse mentale que plus intense. Mes crocs simples s’entrechoquent et je siffle entre ceux-ci, sourire de gorgone, sourire de diablotin. Je lance d’un revers de langue quelques enjolivures frivoles avec lesquelles j’aimerais bien qu’il s’étouffe.

« Thank you very much. »

L’acide dégouline de ma langue en longues coulées corrosives, et si je me penche pour récupérer les ciseaux, jumeaux lancinant, échappés sous la force de l’impact, lui en profite pour sortir de la classe à la course, se parant des honneurs qu’on attribue aux gestes héroïques et laissant sonner les gongs de l’urgence dans mon esprit. Une urgence familière qui se dessine comme le visage contorsionné de rage d’un titulaire, alors que Carter le fixe sévèrement du siège qu’on lui a suggéré de prendre, juste en face du bureau. Une urgence qui me fait donc rire.

Oh le con, le petit con, le petit veau auquel on a mangé le cerveau, insignifiante créature, je me retourne, exécutant un moulinet sur moi-même, un tour sur ma personne, attrapant les profils de Takihide et Suzume qui pleurnichent similairement à chaude larmes, puis celui de Kojiro fendu en une expression que je n’arrive à déchiffrer d’un simple coup d’œil. Qu’importe. Ce n’est pas important, ce n’est pas important. Je baisse les bras, les lames siamoises et closes heurtant mollement ma cuisse et me désintéresse de tout pour retourner valser dans les environs de la cause des effets. Zakuro Fea est grand, immense pour certains, mais c’est quelque chose qui ne me saisit plus vraiment, un détail qui, plus qu’un fait, est simplement une présence, qui n’empêche pas mes doigts de se crocheter contre se menton en une apposition simple de mon désir à le voir poser ses yeux sur moi, à m’accorder toute son attention. Si je souris, c’est un sourire sans intention et sans contenu, qui vient simplement en existence pour compléter le tableau absurde imposer à la classe 4A. Je souffle, entre mes dents, propulsant mon air contre son visage, redressé sur mes pieds :

« Sèche avec moi. »

Il ne dit rien, mais le hochement imperceptible de sa tête me signale son approbation et je me retourne sans contempler cet univers alterné dans lequel il pourrait choisir de me mentir, car Zakuro m’appartient et que le ciel et mien que . . . c’est très exactement ce que je désire qu’ils comprennent tous. Il n’a pas à être le logo d’une quelconque chaîne d’actions fortement commandables ou l’objet des fantasmes d’une foulée d’imbéciles qui ne connaissent rien à rien. Je lui attrape tout de même le poignet, y enfonçant distraitement mes ongles parce que . . .

Mine. Mine. Mine.

Nos pas contre les tuiles du couloir une fois nos formes sorties de la salle de classe, les voix gagnant en volume derrière nous et l’une d’entre elle se détachant du lot, rugissante, frigorifiante d’un sentiment qui ne m’est probablement pas destiné. Kojiro.

« CE QUE TU AS FAIT EST TOTALEMENT INTERDIT MITSUMASA. TU VAS LE PAYER. »

Je feule, resserrant ma prise sur l’avant bras de Fea qui joue toujours au pantin dans ce qui semble avoir pris les proportions d’un ouragan entre mes synapses. Je ne me retourne pas, je n’amenuise pas la cadence de ma marche décidée, mais ma gorge se froisse en l’avènement d’une réplique et je gueule, je crache.

«  NAN, SI ON LUI TOUCHE, JE BOUFFE. QU'ILS ARRÊTENT ET JE FERAI RIEN. FERME-LÀ SASAKI. »

Il y a cette amertume dans le fait que ce soit Kojiro qui nous poursuive, ses longs cheveux battants au rythme de ses enjambées. Il y a cette étrangeté dans le fait qu’il s’implique, dans le fait qu’il devienne un acteur dans l’une de mes machinations. Et il y a ce silence qui le quitte, qui tétanise comme les cris qu’il ne pousse pas dans la bonne direction. Il me barbouille de noir, de grosse stries voraces qui viennent mordiller les coins de ma conscience, tais-toi, tais-toi. Ne prend pas leur défense, pas toi. Les lames jumelles crissent dans ma paume, vicieuses, prêtes.

Et Zakuro qui ne dit toujours rien, même alors que nous passons les portes de l’Académie pour atteindre l’extérieur. Les vertèbres de mon cou craquent lorsque je consens à tourner ma tête vers lui pour initier un dialogue, marchant toujours sans trop savoir où je souhaite me rendre. Ma voix se fait plus discrète qu’auparavant, un murmure incertain dans l’air tiède de l’automne, un chuchotement incertain qui laisse mon regard remonter presque nerveusement le long du visage de Litchi jusqu’à atteindre ses yeux.

« T’es fâché. Tu dis rien. »

Et c’est à son tour de tourner la tête pour me contempler, déposant dans mon regard toute l’immensité d’un ciel clair et sans orage. Je le réceptionne à grande goulées, m’y accroche et entrepose toutes ses mimiques faciales qui refusent de communiquerde la désapprobation, de la colère. Il me sourit à-demi, m’attache à ses paroles et je fais le pendu au bord de ses lèvres simulant ma patience.

« T’as été brillant. »

À peine une phrase qui me douche d’un soulagement difforme, n’effaçant pas le bourdonnement du dédain animant mes pores, mais me rassurant dans mes perceptions, dans mon affirmation de ce que je suis, de ce que je veux et de ce comment je choisi de modeler mon monde. Je lui rend son sourire, faible, papillonnant des paupières avec une lassitude soudaine qui provient très certainement de la descente de l’adrénaline, de la conviction qu’il me choisira toujours. Moi. Je pourrais me caler contre sa silhouette, m’y lover pour dormir tel un chat qui sélectionne le premier perchoir inopportun pour faire la sieste.

Je pourrais, mais le fracas de Kojiro qui n’a point cessé sa fuite nous rattrape et je me retourne à contrecœur, pinçant mes lèvres blafardes, claquant automatiquement ma langue contre mon palet. Quelque peu surprenante, est la forme moindre de Takihide qui halète près de Kojiro, un arbuste sans voix dans le décor de mes dédalles. Je le considère fiévreusement avant de reporter mon regard d’onyx sur Sasaki. Sasaki que je heurte avec un sentiment plus fort, un mécontentement pour l’interruption, pour l’opposition et cette amertume fugace, mais intense qui accompagne tout désaccord.

J’attends qu’il m’exhorte, qu’il me couvre d’admonitions, mais rien ne vient. Nous restons là, debouts, quatuor se dévisageant  dans le plus obtus des silences. Celui-ci résonne dans ma tête comme une envie très pointue de vomir, de répandre le contenu de mon estomac vide sur les chaussures de Kojiro. Il me fait aussi réaliser que mon épaule me brûle légèrement et que mes côtes s’amusent certainement à convaincre mes organes internes de jouer au xylophone contre leurs parois. Accrochés au bout de mes doigts, les ciseaux dodelinent dans la brise d’automne.

Seul Zakuro trouve le loisir de sourire, perçant mes tympans de son expression qui semble signifier à son dentinaire qu’il vient de louper la blague du siècle. J’appuie un tantinet mon épaule blessée contre son bras, sans toutefois relâcher Kojiro attendant, patientant.
Et les paroles viennent sous forme de question. Question qui m’ébouillante, car la réponse me parait si terriblement évidente que le fait qu’il ne comprenne pas le pourquoi des mes agissement attise le typhon de ma rage.

« Mais pourquoi t’as fait ça ? »

Pourquoi j’ai fait ça. Et pourquoi tu ne fais strictement rien, toi ? Son visage me semble tiré et je n’arrive plus exactement à définir ce qui écartèle inscrit son expression oscillant habituellement entre une sévérité amusante et une tranquillité reposante. Ta sœur, la situation, demain. Qu’est-ce qui se passe, Kojichat ?

« Elles m’énervent, ils m’énervent. Il est à moi. Ce n’est pas un héro. Je ne veux pas de cette masse informe et horrible qui guette ses moindre pas et gestes. Ça me stresse. Ça le stresse. Ça te stresse toi aussi. »

À moi comme l’immatérialité, comme cette entité remodelée par des paroles et des actions, comme ce souvenir indélébile qui gratte chaque jour les murs de ma mémoire, le métro et les respirations de ses occupants, le sang sur la portière et les sabres pourfendant. Tu n’es pas un héro, Zakuro et je ne veux jamais que tu le sois ou que tu te prétendes l’être.

« He’s mine. Not theirs. He’s not everyone’s fucking Zakuro. He’s mine. »

Une réécriture des règles, car un rônin n’appartient techniquement à personne, une interprétation différente parce que les temps archaïques étaient sont et que je peux mettre n’importe quelle définition sur les termes qui chahutent dans la matière grise animant ses yeux. Intemporel, lui peut toutefois choisir de s’y conformer, d’apposer des morceaux de ces vieilles phrases à son existence comme le font les religieux éhontés avec les mots d’autrui, comme le fait ma bouche lorsqu’elle emprunte les boutades Nietzschéennes employées par le Chess de Sénécal. Il peut accéder à tout cela, parce que je l’ai crée, car je l’ai détruit, car je l’ai reconstruit et que de par ce fait, il devient indubitablement mien, le ciel dans lequel mon rire s’étendra, en marge des mailles du temps. Dans une vision infinie.

Même si je n’ai pas vraiment envie de rire, à l’instant.

Je lève les yeux pour les déposer dans bleu clair boutonné de nuages du ciel, ma conscience s’adoucissant dans la réalisation enfantine de ce que le fait de poser un geste répréhensible sous trop de regards provoque. C’est arrivé tellement de fois auparavant. J’aurais dû y penser, j’aurais du réfléchir. Cette fois, les enjeux n’impliquent pas un changement de trajectoire ou un réveil sonnant plus tôt le matin, non, ils impliquent un avion et des aurevoirs, ils impliquent la perte d’un univers. Et je refuse, je refuse. Je ne regrette de m’être emporté, d’avoir puérilement sévit à l’endroit de visages empreints de grossière uniformité, non, mais . . .

« . . . j’ai pas envie de me faire virer. »

Je n’ai pas envie. Je n’ai pas envie. Je n’ai pas envie. Et je sens les doigts de Zakuro qui cherchent à m’attirer dans une étreinte, je sens l’incompréhension glousser qui explose hors de ma gorge et j’entends les ciseaux qui tintent dans une chute finale. Je les rejoins, tombant dans l’ascension de mon rire, et plaquant mes paumes dans l’herbe pour amenuiser le choc à l’endroit de mes côtes. Mon épaule s’en froisse donc, et mon hystérie s’éteint dans un hoquet douloureux.

Je me laisse choir sur le dos, les yeux rivés dans l’océan bleu et stellaire. Je ne veux pas qu’on me vire de l’Académie Keimoo. Je n’ai, et je n’ai pas souvenir d’avoir ressenti ce changement malgré sa présence actuelle, aucune envie de rentrer dans mon Québec natal. Je veux rester ici. Je veux rester ici, mais ce n’est pas avec des idiots comme Senta qui détalent pour colporter les gestes de leurs camarades que cela se fera. Quoi faire, quoi faire, quoi faire.

Je me passe une main dans les cheveux. Je ne sais plus trop. Sous mes yeux, il y a la neige des mois à venir qui danse comme une tempête démoniaque, blanche et éthérée. Sous mes yeux, il y a un angle du visage de Zakuro qui me contemple avec un air soucieux que j’aimerais repeindre de ce blanc poudreux. Sous mes yeux, il y a un Kojiro effrité aux cheveux dispersés par le vent, un peu comme sa contenance.

Un soupir. Mes yeux se ferment et mes lèvres s’entrouvrent.

« J’vais aller lécher les bottes de Ryo. »
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