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 Walk the Moon.

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2 participants
AuteurMessage
Zakuro Fea
▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
Zakuro Fea


Genre : Non Binaire Lion Coq Age : 30
Adresse : 3, rue la Chance, app. 11, quartier Hiryuu, avec Lawrence E. Swanster.
Compteur 1580
Multicompte(s) : Kojiro Sekigahara

KMO
                                   :

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MessageSujet: Walk the Moon.    Walk the Moon.  EmptyJeu 5 Déc 2013 - 2:15


    Défenestration de la réalité.Dans la réalité ?Je ne sais plus. Causes et conséquences. Ces deux mots, je n'en connais plus les précisions, je ne me souviens plus vraiment le pourquoi. Mon esprit s'est arrêté sur le « comment », et comme un gyrophare qui fait tourbillonner son faisceau électrique, je garde les yeux dardés sur tout cet univers qui s'effondre, qui s'écroule, et cette sensation de mon corps qui chute en avant. Et pourtant, je le sens bien ; je ne tombe pas. Je suis au rebord du précipice, et le monde est figé. Le gyrophare braille dans ma tête, et les lumières se sont évanouies pour ne laisser place qu'à ce gouffre immonde qui s'étale devant toute chose. Je contemple, et si je ne me pose plus la question « pourquoi », « quand », « où », il y a ce « comment ». Ce COMMENT qui me fait prendre conscience d'une chose. (…) Allongé sur ma poitrine, Ragnarök ronronnait. Mes doigts allaient et venaient sur les petits triangles soyeux que formaient ses oreilles, et les yeux mi-clos sur un regard satisfait, le chat me fixait, ses prunelles éclairées par un feu que j'aimais à considérer comme pâle, dans l'idée de pouvoir satisfaire mes interprétation baudelairiennes. Un sourire courut sur mes lèvres, et je vins glisser mon bras sous ma nuque, conservant l'autre main sur le crâne rond du chat. Quelque part dans la cuisine, j'entendais les pattes griffues de Dji Hong crisser sur le sol, se déplaçant avec sa mouvance délicate. Allongé au pied du canapé, tout près de moi, Hinako sommeillait, sa truffe posée sur ses pattes, sa poitrine se soulevant au rythme de ses respirations profondes. Mes prunelles glissèrent sur la robe du berger-allemand, et lâchant brièvement Ragnarök, je vins déposer ma main sur le flanc épais du chien. Son gros cœur contre ma paume fit résonner ses pulsations contre mes phalanges, dans le rythme lourd du battement de sa myocarde, et je revins déposer ma main sur le corps plus fragile du chat. Dans la cuisine, le singe était en train de manger des cacahuètes. Fin décembre, journée qui s'achevait dans le confort d'une pièce réchauffée, et de mon corps allongé sur le canapé. Les jambes croisées, un livre abandonné sur le côté, occupé à caresser le chat, je naviguais mentalement dans ce silence qui s'étalait à travers l'appartement, puisque dompté en vue de la présence et de l'absence de ses habitants. Hell n'était pas là, et dans le grattement discret d'un crayon sur le papier, qui s'élevait de derrière sa porte, quand je passais devant sa chambre, Swan travaillait avec une frénésie active. Je n'osais le déranger, quoique l'heure du déjeuner soit passée et qu'il me semblait important qu'il mange. Sur la table basse face à la télévision, une vibration sonore vint perforer la bulle de tranquillité dans laquelle j'hibernais, réveillant en sursaut la léthargie douce de notre environnement. Les griffes de Ragnarök devinrent des crochets qui se jouent des épaisseurs de mon haut et de ma peau, pour venir s'y coudre, et s'y découdre, me faisant pincer les lèvres quand il tira sur ma peau, griffant ma poitrine. J'aurais du m'y accrocher, à la douleur vivifiante de cette griffure de chat. J'aurais du m'y accrocher, m'y concentrer et ne réduire mon attention que sur ce fait, car lorsque je décrochais le téléphone, lorsque je le portais à mon oreille, il y eut la voix de mon père qui résonna. Et John Fea m'apprit le début de la fin du monde. « Elle a eu une crise d'asthme plus violente que d'habitude. Elle a été conduite d'urgence à l'hôpital. C'est son collègue qui vient de me prévenir, et l'hôpital a appelé. »Les enfants n'aiment pas savoir que leur parent peuvent souffrir. Même en grandissant, je ne pouvais pas envisager l'idée que ma mère soit en mesure d'avoir mal ou de pleurer. La mienne, ma mère, elle était cette image que j'avais, que je chérissais, et que je touchais peu des yeux et du cœur, de peur de ne la froisser, de l'abîmer. Elle était une image qui restait intemporelle, qui résistait et accompagnait les rides qui naissaient au fil des ans sur son visage ovale. Au coin de ses yeux bridés, il y avait ces fourmillements de rire qu'il me plaisait d'admirer, et ces yeux étaient ceux qui m'avaient offert toutes les choses qu'elle avait vu. Elle était celle qui m'avait regardé. J'aimais ma mère, parce qu'elle était ma maman. Enfant paniqué d'un monde qui devient friable, je suis le vent qui hurle sa propre terreur. Pas d'explications pour Swan dans sa chambre, pas d'explications pour le chien que j'ignore, pas d'explication pour moi-même, car je me précipite, et j'attrape blouson, clefs et casques. Je suis le vent qui gémit lorsque les moteurs rugissent, et qui devient complètement silencieux, enfermé dans le mutisme d'une terreur qui me saisit au ventre et qui lacère ma poitrine avec ces griffes immatérielles, cette douleur qu'on ne peut pas saisir avec les doigts, qu'on ne peut pas soigner. Je voudrais pleurer, mais le casque s'est refermé sur ma mâchoire, la visière obscurcit mes yeux, et il n'y a pas de ciel à qui je peux offrir mon désespoir. Mon portable dans ma poche vibre, mais j'ignore. Je connais l'itinéraire, car le chemin qui mène jusqu'à ma mère, il est gravé au fond de mon cœur. (…)Les lumières défilent, les horizons s'alignent, et je m'apprête à quitter les dernières périphéries de Keimoo. La voix de mon père résonne encore entre mes tempes, annonçant qu'il quitte immédiatement l'Angleterre et se jette dans le premier avion pour rentrer au Japon et venir la voir. Je sais qu'il ne m'a pas demandé à haute voix d'aller la voir. Je sais qu'il ne me l'a pas demandé avec ses mots. Mais ce silence, peut-être, ma panique, mon angoisse, sa terreur, et notre peur combinée fut-elle l'écho de ce dont nous avions besoin pour nous rassurer. Il nous fallait, l'un l'autre, l'assurance d'un de nos deux regards bleus projetés sur elle. L'assurance que nous serions là, et qu'elle n'irait pas plus mal. Qu'on l'a regarderait, qu'on serait présents, et qu'on la ramènerait à la maison. Maman, ne va pas mal. J'arrive. Maman, ne va pas mal, nous serons bientôt là, Papa et moi. Tu es trop importante pour t'en aller. Et parce que je sais que c'est fragile, et que tout ne tient qu'à un fil, je ne veux pas croire que tout ira absolument bien. Laisse moi m'assurer de mes propres yeux que tu souris, que tu te moques de nous, en nous traitant d'idiots, et qu'on se fait trop de soucis. Laisse nous regarder ton sourire, laisse moi toucher ta vie. Ne me fais pas peur. S'il te plaît, maman, ne me fais pas peur, ne me fais pas mal. Et Zakuro qui ne raisonne plus, Zakuro qui se laisse redevenir un tout petit enfant dans sa tête. Et ses poignets qui s'abaissent, les moteurs qui vrombissent et la moto qui accélère petit à petit. Des centimètres qui se gagnent, pendant qu'il s'engage dans un tunnel qui le sépare totalement des limites de Keimoo du reste des axes autoroutiers de la région. Zakuro qui sort de son quotidien pour plonger dans ce noir qui l'engloutit. La moto qui file, les voitures qui deviennent plus floues encore, sur ses côtés, et Zakuro qui a peur. Maman. La voiture arrive sur la droite. Zakuro ne la voit pas, et ses phalanges jouent à ce jeu de vitesse qui ne prend pas. Le silence de son esprit contre le tambour de son cœur ; et il accélère encore un peu. Assez pour que ce soit trop. La moto fonce, il plonge, et face à lui, le noir est un amas brouillé de formes indistinctes que son cerveau analyse pour lui, car ses yeux se sont noyés de larmes. Mais il ne pleure pas. Il refuse de pleurer. Les bronches de celle qui lui a donné la vie ne peuvent pas être traitresse au fruit de leur expiration. Elles ne peuvent pas. La voiture est rouge. C'est la couleur qui explose sur le coin de l'oeil de Zakuro. Ses prunelles s'arrachent à la route pour plonger sur cette carrosserie qui rutile. Une seconde ? Une seconde d'éternité avant cette sensation d'apnée. Une seconde d'éternité avant que le monde n'explose. C'est un sursaut de logique , une erreur de conduite. Une erreur humaine. Le pare-choc de la voiture vient emboutir le flanc de la moto. Zakuro vole. Détail d'un corps qui s'arque sans parvenir à maitriser le moindre équilibre. Détail d'un corps qui chute. Détail d'un bras qui touche, qui heurte, qui s'explose et qui s'arrache de son axe. Détail d'une épaule qui se retrouve pulvérisée sous le baiser du bitume. Détail d'une ossature qui détone sous la pression, de métacarpes qui  partent en poussière sous la déflagration, et des tendons qui cèdent, avec la peau qui se déchire comme du papier. Rien, rien, rien. Il ne reste rien, car le corps est fragile, le corps est corps, le corps est mortel. Et c'est la douleur qui vient en témoigner ; c'est la douleur qui vient hurler cette condition d'une humanité qui s'enferme dans le corps. Une douleur qui ne se maîtrise pas ; qu'il n'a même pas le temps de calculer, qui vient tordre son dos contre le sol pour l'immobiliser devant le spectacle de ses doigts tordus, de ses ongles arrachés, de ses os brisés. Il hurle parce qu'il est petit enfant, et que l'enfance ne sait se satisfaire d'un calme attentif à la réalité. Illusion perdu d'un esprit qui ne parvient pas à se raccrocher à son corps, il se violente lui-même, et les crissements de roues, de ferrailles et d'étincelles font flamboyer la nuit, dans l'obscurité. Le camion plonge sur lui. Ses yeux bleus s'accrochent à la normalité. Retour à la réalité. Affrontement entre ces dernières seconde de sécurité. Et la mort qui court sur lui. Zakuro est immobile. On hurle. (…)La main posée sur ma joue à la douceur de ces souvenirs que l'on n'oublie pas. Les yeux ouverts sur un ciel qui s'éclaircit doucement, je cherche des yeux le reste du corps, découvre un bras nu, un corps nu, et une jeune femme assise près de moi, qui dans le flottement immatériel de son corps au dessus d'un sol qui n'existe pas, me regarde avec un sourire. Je la connais, elle me connait, je la reconnais. Et elle le sait. Mais elle n'existe pas. « Kannon. Je me souviens de toi. »J'ai murmuré. En souriant vaguement. Elle, plus franchement, me regarde avec une douceur qui transperce ses prunelles sombres. Elle est un corps de femme nu, à l'embryon de poitrine, au pubis et au crâne rasé. Mais à sa taille est installé le carcan de cuir d'un fourreau dans lequel est glissé un sabre. Jeune femme encore silencieuse, elle parle avec ses yeux, et me tend la main. Mes doigts se referment sur sa paume, et elle me soulève comme l'on soulèverait une plume. Il y a dans sa paume, dans son corps, dans tout son être, une vitalité extraordinaire. Une force époustouflante. Elle sourit, et je regarde autour de nous. Nous ne sommes nulle part. Un blanc cassé, qui n'agresse pas les yeux. Un blanc cassé que je ne dévore pas des yeux. Un blanc fâde. Un blanc à mi-chemin entre deux voies. « Tu m'as oublié, Zakuro. »Elle sourit, et il n'y a pas d'agressivité dans cette voix. Elle n'a pas besoin d'agressivité. Ce corps de jeune fille maigre, ce corps aux seins et au pubis exposés, ce corps au crâne rasé, aux yeux bridés et au sourire doux est le reflet parfait d'une arme qui juge, d'une arme qui tue. Elle est l'agressivité d'une violence nippone. « Sais-tu ce qui s'est passé ? »Je secoue la tête. Non.« Tu viens d'avoir un accident de la route. Tu as d'abord heurté une voiture, et tu as été projeté sur le sol. Puis, tu es passé sous un camion. Actuellement, tu es encore sous le camion. Celui-ci vient de piler. Juste au dessus de toi. »Oh. C'est curieux. Je ne souris pas. Mais je ne parviens pas à ressentir autre chose qu'un intérêt vaguement limité pour ce fait. Le constat de ses mots est une contemplation absolue de ses dires, et je ne remets pas en question, je ne questionne pas, je ne ressens même pas d'inquiétude ou d'angoisse. Juste l'assurance terrible que ce qu'elle dit est vrai. Je glisse mes doigts dans ma poche, et j'en sors mon portable. Mon cellulaire entre mes doigts m'affiche cet écran un peu rayé. Peut-être l'accident. J'ai oublié Kannon. Je l'ai oublié pour m'en souvenir en cet instant. Je l'ai oublié en grandissant ; cette forme de divinité qui a accompagné mon enfance, et qui a structuré mes croyances. Ce n'est pas cette poussière que l'on balaiera : c'est une empreinte à l'encre que mes doigts d'enfants ont laissé sur mes joues, sur mon âme, et que des adultes consciencieux ont cherché à effacer. C'est le jeu de ma religion, de ma vertu. J'ai cru aux dieux. Aujourd'hui, je ne le sais plus. Mais j'ai cru à Kannon, et aujourd'hui, je me souviens d'elle, comme l'on se souvient de l'un de ses vieux jouets. Une boule, dans ma gorge, passe difficilement. « Je vais envoyer un sms à Chess, alors. Pour le prévenir que je viens d'avoir un accident. »« Tu ne peux pas. »« Si, je peux. Je le fais. »Mes doigts tapotent l'écran, construisent le message, et j'appuie sur envoyer. Je ne serais pas d'accord avec elle sur ce terrain là. C'est Chess. C'est métaphysique. C'est immatériel. Dépassement platonique d'une mise en idée ; j'applique, j'ordonne, j'impose. Moi, Chess, lui, moi, nous. Pas d'autres règles, même pas de définitions. Juste ça. Tout ça. J'appuie sur envoyer ; et le message part. Kannon sourit. Encore. Mes yeux se courbent sur cette mimique douce de mes lèvres qui s'étirent. Mon portable affiche que le message a été réceptionné. Elle tend ses doigts vers moi.« Tu m'as aimé, Zakuro. Plus maintenant. Mais est-ce que tu me désires ? »Il n'y a pas d'appel de la chair. Car Kannon n'est pas une femme. Elle est la force. « Evidemment. »(…)L'homme est assis sur le bas côté de la route, ses jambes ramenées à sa poitrine, comme un enfant, et il pleure, effondré, ses yeux se dardant là où il a abandonné son camion, quelques mètres plus loin. On le supplie de remonter dedans, d'avancer de quelque mètres, mais il ne veut pas, il hurle si on le touche, et il pleure qu'il vient de tuer quelqu'un. Il pense qu'il l'a tué, et il refuse d'avancer plus son engin. Il dit que s'il fait ça, il va « rouler sur les restes », et cette idée horrifie tout le monde. On hésite. On se couche sur le sol pour essayer d’apercevoir sous les grosses cylindrées du camion. Quelqu'un s'est glissé de moitié sous le camion, pour essayer d'en tirer un corps. On attend, et il y a un silence trop bruyant sur la voie devenue immobile. Certaines voitures ont décidés de ne pas s'arrêter, et la moto a été dégagée, poussée sur le côté. Certains essaient de témoigner entre eux, d'autre sont accrochés à leur téléphone. On a appelés les secours, bien sûr, mais on ne sait pas quand est-ce qu'ils vont arriver. Deux minutes ? Vingt minutes ? Le chauffeur du camion est effondré. Celui de la voiture rouge, qui a fait une queue de poisson, et à contre-sens; il n'est pas là. Il a pris la fuite ; on ne retrouve pas sa voiture. Et puis soudain, un cri. Le cri de l'homme qui s'est glissé sous le camion pour essayer de récupérer quelque chose. Il en retire quelqu'un. Il en retire un Zakuro qui vit. Un Zakuro vivant, un Zakuro dont le prénom n'existe pas, pour eux. Il est encore « le motard », et son visage est caché par le casque noir. On s'excite, on s'active, et comme des papillons attirés autour de la bougie, tout le monde se rue pour voir, pour regarder. On appelle avec une vigueur renouvelée les secours, on les harcèle. Le motard est immobile, il ne répond pas, il est inconscient, mais vivant, un homme l'assure. On n'ose pas retirer son casque. Quelqu'un demande quand est-ce que les secours arrivent ? Pas de réponses précisent, et les questions fourmillent. Le chauffeur du camion s'est approché, et le visage baigné de ces larmes que lui apporte ce trop plein de stress et d'angoisse. Tout le monde peut constater, en revanche, de l'angle bizarre du bras du motard : de son épaule jusqu'à son coude, et du gant à moitié déchiqueté, et des ongles arraché. Le chauffeur semble sur le point de vomir. Il s'écarte. Un gyrophare se met à brailler dans l'obscurité. Les secours arrivent. Les camions d'urgence écarte la foule, agrandit le cercle, et on leur explique la situation, avec empressement, avec fébrilité. Ils se mettent au travail, écartent ceux qui sont trop proche du motard, et préparent le matériel. On cherche à faire réagir le motard. Il est inconscient. On note l'état misérable de son bras droit, et quelqu'un lance des directives. L'équipe se met au travail, et une scie usuelle apparaît entre les mains de deux d'entre eux : on découpe la jugulaire, et dans un travail qui s'étend sur des instants de minutie, de silence et d'appréhension, on retire ce casque, on dépose le crâne en douceur sur le sol. On vérifie les vertèbres, et on découvre un visage jeune, un visage qui fait pleurer encore plus le chauffeur. On le rassure ; il est vivant, et les vertèbres ne sont pas déplacées. On cherche à le faire réagir, à le réveiller ; mais il n'y a pas de réaction de la part du jeune homme. Un des pompiers, avec douceur, le frappe sur la joue. L'appelle. Zakuro ne répond pas, Zakuro songe. Songe trop profondément, et l'inquiétude commence à se développer. Peut t-on évaluer la durée du comas ? Comme des fourmis, les pompiers s'affairent. On s'occupe du bras, et on cherche encore à le faire se réveiller. On découvre ses papiers, on apprend qu'il est Zakuro Fea, et qu'il a vingt ans. Les policiers qui viennent d'arriver cherchent à établir une docilité de la foule qui murmure et qui gronde. On ramasse les témoignagne, le chauffeur est entendu, et les pompiers s'activent sur Zakuro. Les minutes passent, et l'angoisse des pompiers augmentent. Dans le tunnel, les lueurs oranges ont été noyées par les gyrophares qui braillent. La police organise la circulation, qui se remet, lentement, en route. On écarte les voies, on sécurise la zone. C'est un petit monde qui s'organise autour du chaos. Et puis un pompier murmure « chute de la pression artérielle. » Le message est clair, et les secours s'activent avec un acharnement qui s'enfonce petit à petit dans le désespoir. Zakuro est en train de faire une crise cardiaque. Un des pompiers murmure son prénom, et lui dit de rester, de se battre, mais Zakuro a les yeux fermés. Zakuro n'entend pas. Le cœur est en train de ralentir. Les mains se dépêchent, et on apporte des ciseaux épais. On découpe la veste, on déchire le manteau que l'on jette sur le côté. Le haut subit le même sort, et sur la poitrine qu'il a bombé par l'exercice, par l'effort, sur la poitrine sur lequel il couche le corps de celui qui l'a construit, sur la poitrine abaissée par une myocarde qui ne la soulève plus, on dépose les deux défibrilateurs. Décompte rapide, 3, 2, 1, et la décharge électrique irradie le corps de Zakuro. Pas de réponse. 3, 2, 1, spasme. Pas de réponse. On s'acharne. Le pompier se met à feuler. « Allez ! »(…)« Zakuro. »Assis sur le sol qui n'existe pas, je relève mon visage vers Kannon. Elle me fixe, ses sourcils soulevés en une expression étrange. Elle me tend la main, encore une fois, mais je ne la saisis pas immédiatement. Je veux comprendre d'abord. Ses mots glissent.« Tu es en train de mourir. »C'est le silence dans ma tête, et dans ma poitrine. Une sorte de brouillard épais qui me noie doucement, mais irrémédiablement de l'intérieur. J'inspire doucement, et je récupère ses doigts pour qu'elle m'aide à me relever. J'attends. J'attends le sms de Chess. Le sms retour, le sms réponse ; j'attend qu'il me réponde. J'expire. Elle le sait. Kannon le sait. Elle sait que je ne veux pas m'en aller pour la suivre quelque part, dans un endroit duquel je ne pourrais pas revenir. Elle sait que je ne veux pas mourir, et mes yeux caressent ce blanc qui n'est pas celui que je recherche. Je me mets en marche, lentement, vers cet avant qui me perd, qui me brouille, sans savoir réellement ce que je veux, ce que je cherche, et je sais qu'elle ne me retiendra pas, même si ça n'est pas la bonne route. Je sais qu'elle n'interviendra pas. Je range le portable dans ma poche, en avançant, et chaque pas me fait m'enfoncer un peu plus dans ce blanc. Ce blanc, qui au fur et à mesure, devient plus clair. Plus pur. Je m'y enfonce, et les silhouettes qui naissent autour de moi sont les témoins de mon avancée. Je ne les regarde pas vraiment, je sais qui ils sont. Ces visages difformes, ces becs et ces griffes qui marmonnent sur mon passage un japonais féodal, une langue révolue. J'ignore, je dédaigne, car j'avance, et c'est tout ce qui compte à mes yeux. Ce vide, ce silence et ce calme qui m'appelle, et que je résonne de tout mon être, de tout mon âme. Sur le côtés, les démons deviennent gris. Petit à petit, ils perdent de leur couleur, et s'effacent dans ce blanc trop blanc. Ce n'est plus la couleur de la pureté ou de l'innocence, ici. Ce n'est même plus une couleur. C'est ce qui est juste avant. C'est ce qui est le chemin, la voie. Ce sur quoi je marche. C'est le Mû.Tout devient gris. Tout devient sombre. Sauf moi. Je le sais, je le remarque. Et Kannon revient près de moi.« Tu ne te fais pas dévorer par le Vide. »Ce n'est ni une question, ni une affirmation. Un peu des deux, et rien à la fois. Quelque chose de différent ; la phrase d'une divinité. La phrase de Kannon. Ma main glisse sur la sienne, et mes phalanges effleurent les siennes, pour un contact de ma paume contre le dos de sa main. Non. Je ne me ferai pas dévorer par le Vide. Je ne me ferai pas dévorer par le blanc. Jamais. Je le sais, je le côtoie, et je le veux mien, parce qu'il m'a relevé en me désirant sien. Le blanc.« Pourquoi ? »Je lui souris. Parce que j'étais humain. Kannon ouvre une porte devant moi. Je me détourne du Vide. Je rouvre les yeux. (…)La douleur dans ma poitrine est intolérable. On secoue violemment mon corps et toute ma conscience explose vers le haut ; dans la violence d'un rappel à la vie. Le vent, le vent, il glisse ; et effrayé, je le sens couler sur ma poitrine nue. Allongé sur le sol, allongé dans l'incompréhension, je cherche des yeux un repère, je hurle de l'âme au besoin d'explication. On retire des fers de ma poitrine, et quelqu'un prononce mon prénom. La douleur. La douleur de mon bras. Je voudrais que l'on me l'arrache, s'il vous plaît. Auriez vous l'amabilité d'ôter la douleur ? Mes yeux se ferment, s'ouvrent, et j'angoisse. J'angoisse, et les bruits autour de moi me font paniquer. Je panique, la douleur de mon bras dont je contemple l'état me fait pousser un feulement sauvage, et on parle une langue que je ne comprends pas autour de moi. Je ne sais pas où ? Comment ? Je ne sais pas ce que je fais là. Ma respiration se bloque et mes protestations, d'abord faibles, deviennent des rugissements entre mes lèvres. Aidez moi, aidez moi … Je ne comprends plus. Je ne vois plus ce qui se passe. Il fait trop noir, ici. Je ne perçois rien, que des tâches et des silhouettes qui bougent trop vite autour de moi. Dans ma bouche, le sang se met à couler, et je renverse le crane. Quelqu'un me touche le visage, je hurle. Et puis je le vois. Ce visage qui ne devrait pas être là. Qui est comme un morceau de métal qui rutile au milieu de la nuit. Un visage si proche qu'il est impossible qu'il ne soit pas là. Un visage que je connais, et je mets douloureusement l'identité de Katsuragi Shiki sur ses traits. Je te connais. Je te connais. Je te connais. Indubitablement, je te connais, parce que tu me connais. Dans le noir, il devient le phare dont j'ai besoin pour ne pas me noyer à l'intérieur de moi-même. J'ignore comment, mais mes doigts se referment sur une cheville. La sienne ? Quelqu'un d'autre ? Je murmure les syllabes de son prénom, et quelqu'un m'ordonne de rester tranquille. On perce mon corps, et les aiguilles m'agressent. Je cherche à viser, avec mon oxygène, son tympan. « Tu peux  … l'appeler ? » Chess. Lui, lui, lui. Lui. « Mitsumasa. »On me gueule de rester tranquille. Ma poitrine est écrasée de l'intérieur, et mes doigts cherchent le poignet de Shiki. S'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît. Sur mes joues, se mettent à couler des larmes que je ne désire pas. J'ai froid. Terriblement froid. Mes dents viennent percer mes lèvres. La fin du monde. Je me souviens.« Est-ce … Maman … va bien ? »


Dernière édition par Zakuro Fea le Lun 23 Déc 2013 - 1:06, édité 2 fois
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Shiki Katsuragi
♦ Civil - Réceptionniste au Pachinko Palace Hotel | Yakuza
Shiki Katsuragi


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KMO
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MessageSujet: Re: Walk the Moon.    Walk the Moon.  EmptyDim 15 Déc 2013 - 21:56

- Nan sérieux, Shikiii, tu peux pas mettre autre chose ? La radio-trafic, c’est vraiment relou !
- Et bien change, si ça peut te faire plaisir. Tant que ça reste relativement soft.
- Coool !

Tandis que Charlie s’affairait à changer l’autoradio de piste, Satori surveillait les autres voitures. Peu habitué à se laisser conduire par sa progéniture, et encore moins à se retrouver sur la banquette arrière, il préférait garder un œil sur le comportement au volant des automobilistes alentours. Pour Shiki, c’était également pour lui une étrange sensation qui pourtant ne lui était pas si inconnue. De là à ce que les rôles fussent quasi-inversés, il y avait quand même de la marge et pourtant, c’était bel et bien le cas. Et ainsi, sa petite vie aux priorités désordonnées continuait son cours. Désormais, il menait la danse pour leur visite chez ses grands-parents paternels. Julie n’avait pu se joindre à eux, ayant été invitée au mariage d’une collègue dont elle était la référence en matière de décoration, étant donné que les nouveaux mariés désiraient des noces « à la Française », donc évidemment, bien clichés à souhait.

Shiki n’aimait pas trop sortir de son quotidien. Ses cours lui prenaient certes moins de temps qu’avant et bientôt, pointerait l’heure où ses études en viendraient à leur aboutissement. Oui, mais pour faire quoi ? C’était toujours la même chose : Shiki n’avait pas d’ambition, marchait sur un sol mouvant et désespérément stérile. A l’issue du chemin, il le savait : il sombrerait dans un gouffre béant.
Il mit son clignotant et changea de voix tandis qu’une reprise de Fly me to the Moon par Utada Hikaru, lui extirpa un frisson désagréable le long de son échine et ce n’était pas seulement parce que cette cover était abominable.

C’était tout simplement ce moment précis qu’avait choisi la voiture rouge pour s’incruster violemment dans le rétroviseur comme un prédateur silencieux fonce d’un coup sec sur sa proie. Shiki eut juste le temps d’apercevoir un cheval orner l’avant du véhicule.

- Mustang.

Ce simple mot qui venait de glisser entre les lèvres du jeune conducteur, fit aussitôt se retourner Satori. Il sortit un stylo d’on ne sut où et griffonna à la hâte une annotation sur sa main en partie bandée et joliment ornée d’une attelle.

- Shiki, ne la laisse pas passer. C’est celle-là. J’appelle la police.

Aussitôt, le père des deux garçons s’exécuta. Charlie ne put s’empêcher de s’extasier en voyant l’éclat…un peu cabossé d’ailleurs, du bolide foudroyant de marque américaine, malgré tout immatriculé au Japon. Volant à gauche tout de même. Il ne se rendit même pas compte que Shiki venait de changer de radio grâce à la commande du volant. Derrière eux se tenait la voiture qui avait envoyé la berline du chef de famille dans le décor la semaine précédente, lui provoquant fracture partielle du poignet et donc, raison pour laquelle c’était lui qui était aux commandes en ce jour. Malgré cela, tout ce qui lui importait était de fuir toute référence à Frank Sinatra. Un observateur expérimenté en aurait fait un bon sujet d’études mais dans le cas de figure présent, Satori jurait après avoir été mis en attente tandis que sa batterie atteignait le point critique. Il aurait dû écouter Julie et faire l’acquisition d’un autre chargeur allume-cigare. Finalement, lorsqu’il put décrire sa situation, lieu et condition, Shiki décida sur un coup de tête de laisser passer l’engin infernal. Désobéir à son père n’était pas dans ses habitudes, mais les trois petits coups de warning qu’il avait interprété comme une menace, ainsi que le fuck qui accompagné la gestuelle du chauffard suffisaient à justifier son acte. Sauf que dans la seconde qui le suivit, il les avait oubliés. Dans le miroir rectangulaire, le regard désapprobateur de Satori lui avait tout simplement fichu la trouille. Chair de poule et petite suée à la clé. Et à son père de rajouter la cerise.

- Ma batterie a lâché avant que je puisse donner les détails de notre position et la description de la voiture que tu as…stupidement laissé passer. Il n’y a plus qu’à espérer qu’il n’y aura pas d’accident à déplorer.

Le froid s’installa alors dans l’habitacle. Quelques minutes plus tard, tandis que le trafic s’intensifiait à l’approche du dernier tunnel en périphérie de la ville, de la radio s’élevait la voix sans émotion de l’animateur qui annonçait un crash, non loin de là où ils se trouvaient. Pas de détails, ce n’était pas non plus un flash d’info. Cette station n’était pas là pour ça. De loin, Shiki aperçut un semi-remorque à l’arrêt, mais pas de voiture rouge. Du moins, aucune qui ressemblait à la Ford. Lorsqu’il fit suffisamment proche, il put remarquer la présence de secours, mais aussi d’une moto couchée sur le sol. D’une pression sur un bouton, il abaissa la vitre de sa portière et éteignit la radio. Charlie commençait à montrer des signes d’impatience, en petit curieux qu’il était. Shiki, lui, espérait juste ne pas avoir à entendre la moindre référence à la Mustang.
L’embouteillage se dilua, la circulation reprenait son cours normal une centaine de mètres plus loin.

Sa nuque se raidit tandis que sa vitre remontait lentement. « Il est si jeune… Et ce chauffard qui a pris la fuite ! Certainement un petit malin fier d’exhiber une voiture de luxe ! ». Shiki braqua sans crier gare et se rangea sur la bande d’arrêt d’urgence en toute hâte, ignorant les aboiements de Satori. Il retira les clefs de contact et sortit précipitamment de la voiture, afin de se ruer vers un policier de patrouille se trouvant sur place et qui gérait avec difficulté la circulation à l'intérieur tunnel.

« REMONTEZ A BORD DE VOTRE VEHICULE !!! »
Shiki ne le laissa pas terminer.
« Dites-moi qu’il n’a pas été percuté par une voiture rouge !!!! »

Le policier ne répondit pas et répéta l’ordre précédent. Tel un véritable dialogue de sourd, Shiki répéta ses propres mots, de plus en plus fort, tout en reculant malgré tout devant l’insistance du fonctionnaire à l’haleine corrosive. Enfin, ce dernier sembla percuter le désespoir apparent de Shiki malgré ses traits colériques. Le jeune garçon ne voulait pas encore une fois endosser une telle responsabilité : celle d’être la cause indirecte de blessures graves sur autrui.

« Pourquoi insistez-vous ? »
Soupirant, Shiki baissa aussi le ton, essoufflé comme s’il avait fait le marathon de New-York.
« Parce que…il se peut que j’ai laissé le passage à une voiture rouge, qui conduisait dangereusement.  »

L’agent invita Shiki à se rapprocher de sa voiture de patrouille afin de procéder à une déposition en tant que témoin. Le jeune homme alla d’abord chercher son père. A croire que ce dernier avait pressenti qu’un autre drame allait arriver. N’osant le regarder dans les yeux, il lui demanda juste de l’accompagner et somma son frère de rester à l’intérieur de la citadine.
Le véhicule de police se trouvait étrangement non loin de là où avait lieu l’intervention des secours. Shiki donna au policier sa version des faits. Ensuite Satori remit le numéro de la plaque d’immatriculation qu’il avait relevée plus tôt, en présentant sa main griffonnée. Tandis qu’il précisait les conditions de sa précédente « rencontre » avec la Mustang, Shiki s’éloigna légèrement, sans vraiment se rendre compte qu’il se rapprochait du groupe de secouristes. Dans sa tête, c’était le chaos. Son témoignage concordait avec celui des autres personnes présentes encore sur les lieux, dont le pauvre chauffeur-routier abattu.

« Ne restez pas là, dégagez !!! » lui envoya-t-on à la figure, mais Shiki n’y prêta pas attention, sourd à toute remarque. Le contrecoup probablement, celui qui le  tiraillait de part en part depuis qu’il avait réalisé qu’il était véritablement responsable de ce qui était arrivé au motard. Pourquoi avait-il désobéi, qu’est-ce qui lui avait pris ? Il ne se souvenait pas du tilt, de l’éclat soudain, de l’étincelle qui allait alors mettre le feu aux poudres de cette part d'existence. C’était différent d’avec Saki. Lors du séisme, il n’avait pu être à ses côtés parce qu’il avait été retenu par quelque chose d’extérieur, et il ne pouvait pas prévoir à l’avance que la terre allait trembler. Cela ne l’avait pas empêché de se faire ronger par la culpabilité. Désormais, il avait plus parlé à Saki de l’évènement, ne désirant pas faire ressurgir à la demoiselle le souvenir de la Mort qu’elle avait rencontrée de loin et qui lui avait éclaboussé au visage. Il ne s’était même pas présenté à son chevet, ne laissant qu’une infime trace de son passage sur le seuil de sa chambre d’hôpital. Depuis, il détestait tout ce qui touchait au secourisme, aux blouses blanches, aux croix rouges et autres centres hospitaliers. Il se devait de s’en tenir éloigné.

Son père lui avait dit de ne pas la laisser passer. Il l’avait prédit. Il aurait dû l’écouter, comme il le faisait toujours ou plutôt, comme il l’avait toujours fait, jusqu’à ce jour. Être le bon fi-fils à son papa, exécutant ses ordres au doigt et à l’œil. Merde ! MERDE ! Shiki explosa de l’intérieur, ses pupilles se dilatèrent. Il ressentit le besoin de courir, de la même façon qu’il le faisait au club d’athlétisme quelques années auparavant. C’était un moyen comme un autre qu’il avait de fuir, de ne pas laisser cette envie intime lui échapper pour ainsi suivre une voie qu’on lui dessinait à sa place. Au final, une voie qui ne le menait à rien du tout sinon droit dans un rond-point sans aucune sortie. Et c’était tout naturellement qu’il revenait sur ses pas à chaque fois, la queue entre les jambes. Et il le ferait encore et encore. Car quoi que fussent les décisions qu’il pourrait prendre, ça le mènerait droit vers d’autres catastrophes. Comme avec Yun-Jin, comme avec Fea et Mitsumasa, comme avec Lun. Depuis le séisme, il s’était éloigné de Saki mais n’avait pourtant pas su résister à son appel et la présenterait à Lun pour la Saint-Sylvestre. Il serait à l’heure, à l’avance même, pour aller la chercher. Il veillerait sur elle et la protègerait comme il n’avait su le faire en août.

On murmura son prénom, il l’entendit. Mais n’y prêta pas attention. Cependant, une sensation étrange sur sa cheville extirpa le jeune « rebelle » - appellation qu’on tendait à lui attribuer depuis l’affaire des exhibitions du réfectoire sans qu’il en comprenne le sens – de ses pensées obscures. Descendant le regard vers la source de cette faible poigne, ses pupilles se rétractèrent d’un seul coup. Le bruit qui l’entourait, alors sourd, devint bien plus net. On lui ordonnait encore une fois de s’en aller, une personne d’ailleurs s’avançait vers lui pour l’évacuer. Shiki se baissa vers le propriétaire de la main intrusive sur le bas de sa jambe, craignant de connaitre l’identité de ce motard. Sur les deux jeunes gens, les ordres fusaient mais Shiki s’en moquait royalement. C’était sûr : il le connaissait. Et c’est le prénom du pauvre lycéen qui ressortit en premier. « Zakuro… » Pas vraiment un murmure, mais la voix de Shiki était étranglée.  Ses orbes olive, rencontrèrent ce bleu qu’il trouva pour le coup indéfinissable et pour cause : la victime de l’accident le suppliait presque du regard alors qu’une infini tristesse mêlée à de la colère s’échappa de celui de Shiki. Une requête. Un appel à passer. Mais à qui ?

« Mitsumasa »

Evidemment. La loyauté était un sentiment noble, quoi de plus normal pour une personne aussi noble que Zakuro Fea ? Ce dernier hurla, un cri déchirant – mais vivant – faisant naitre en Shiki une vitalité qu’il ne se connaissait pas, qu’il ne connaissait plus. Il attrapa d’un coup la main que lui tendait le lycéen, avec un mélange de fermeté et de douceur mêlée. Le soutien, le respect, l’admiration. La réponse ne se fit pas attendre : « Je te donne ma parole, Zakuro Fea. Je le contacterai ». Shiki aperçut alors une chose qu’il ne devait pas voir : les larmes d’un homme d’honneur.
Il tiendrait sa parole.
Tout alla très vite ensuite : le brancard, l’insertion dans l’ambulance. Et cette dernière phrase qu’il ne trouverait jamais de réponse auprès du demandeur, mais qui choqua l’étudiant. « Est-ce … Maman … va bien ? »  Evidemment, Julie allait bien. Satori et Charlie aussi. Satori et Charlie aussi…

- Papa !!!!

Le père de Shiki tourna la tête vers lui. Le jeune homme lui lança alors ses clefs de contact.

- Pars sans moi ! Ne t’inquiète surtout pas ! On s’appelle !
- Non mais tu plaisantes ??? SHIKI, QU’EST-CE QUE TU FOUS ?

Shiki ne répondit pas, se rua vers l’ambulance et fit quelque chose qu’il ne faisait jamais car il en avait horreur : il s’adressa à une des jeunes secouristes sur place et lui attrapa tendrement les mains. Il la supplia de l’emmener à bord du véhicule. Elle lui demanda s'il connaissait la victime, il répondit par l’affirmative, avec un regard qui se voulait tendre. La jeune femme, qui avait plutôt l’impression d’avoir un chien battu en face d’elle accéda à sa demande, vu l’urgence. Il la remercia d’un sourire franc, plutôt inhabituel vu la situation. A l’intérieur, il s’installa sur un strapontin et s’agrippa à une barre de sécurité. Le véhicule démarra en trombe. Le chemin s’ouvrait rapidement vers Keimoo. Shiki sortit de sa main libre son téléphone et envoya un message à l’ensemble de ses contacts, vestiges de l’Ancienne Époque, celle où il était quelqu’un de ‘Populaire’. Quelqu’un finirait bien par lui donner l’information qu’il recherchait à savoir, le numéro de Kohaku Joshua Mitsumasa. Certains de ses messages ne parvinrent pas à destination au vu des erreurs dans les accusés. Parmi d’autres messages inutiles, celui d’une demoiselle qui lui demandait ses faveurs en échange de l’information souhaitée. Les poils hérissés à la surface de sa peau, Shiki répondit en l’envoyant sur les roses. Il était hors de question de marchander ! On lui demanda à plusieurs reprises la raison de sa demande. Apparemment, l’affaire du seau de vomi avait fait le tour.
Finalement, c’était beaucoup de « l’ami d’un ami du frère de machin-truc l’a, demande lui » qui lui revinrent. Différents numéros, comment faire le tri convenablement ? Son pouce pianota le clavier de son Sony à grande vitesse. Au fur et à mesure, il y voyait plus clair et la méthode de tri des informations qu’il avait employée lui fit remonter à plusieurs reprises un numéro, qui avait notamment été envoyé par le CPE lui-même, d'après sa signature. Il ne l’avait pas dans ses contacts initialement, mais visiblement, quelqu’un s’était chargé de lui communiquer ses coordonnées. Considérant le message comme le plus fiable, il osa en écrire un énième, n’osant appeler directement.

Zakuro Fea a eu un accident. Ça semble grave.
Rejoins-le à l'hôpital dès que possible.


La réponse se fit un peu tarder à son goût. Malgré tout, moins de deux minutes plus tard, son téléphone vibra entre ses doigts. Le numéro affiché était celui que le CPE lui avait donné. Il décrocha et se contenta d’un « Oui. » presque qu’atone, sec. Il reconnut instantanément la voix de son interlocuteur, une voix qu’on qualifierait de…’venimeuse-curieuse-fébrile’.

- « C’est quoi cette connerie ? Who the fuck are you ? Où est Zakuro ? »

Shiki essaya de ne pas laisser la colère le submerger et tourna la tête vers le brancard de l’ambulance. Il laissa passer cinq secondes, n’en laissa pas une de plus afin de ne pas permettre à Mitsumasa de place un autre mot.

- Je me tiens à ses côtés. Il m’a demandé de t’appeler pour te prévenir, c’est tout. Je lui ai donné ma parole. C’est chose faite. Salut.

Il raccrocha sèchement et éteignit son téléphone qu’il rangea aussitôt dans sa poche. Passant sa main dans ses cheveux, il s’efforça de se convaincre, de se soulager tandis que les warnings de la voiture rouge lui martelaient la tête. Il avait désobéi à son père, laissant l’engrenage prendre une forme particulière mais… Il l’avait fait pour les protéger. Charlie et Satori. Au volant de l’Hyundai, il avait dû faire un choix car l’inquiétude l’avait gagné. Cette même inquiétude qui avait percé la voix de Zakuro, juste avant qu’il ne fût évacué. Il s’inquiétait pour sa mère. Est-ce qu’elle allait bien ? Qu’était-il arrivé d’ailleurs à cette femme pour que Zakuro l’évoque à ce moment précis, tel un appel de détresse ?
Shiki demanda à la secouriste s’il pouvait se rapprocher de lui, pour lui parler. Elle acquiesça aussitôt. Il s’installa sur la banquette, à hauteur de tête du lycéen. Il ne savait pas trop quoi dire et se contenta d’un…

- Je l’ai prévenu. Tiens bon, Zakuro.

Pas friand de la prononciation de prénoms, bien trop familier, Shiki en abusa pourtant. Juste pour lui faire comprendre qu’il n’était pas seul, et qu’il était soutenu.
Il évita de se dire qu’il le faisait pour soulager sa conscience. Il avait juste voulu protéger sa famille.
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Zakuro Fea
▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
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MessageSujet: Re: Walk the Moon.    Walk the Moon.  EmptyLun 23 Déc 2013 - 0:26



    Pas de réponse. Pas de réponse pour cette figure maternelle qui se faisait arracher loin de ma poitrine, balayée par un océan en colère. L'eau explosait contre mes côtes, dévastait ma cage thoracique, comprimait tout mon être en noyant chaque fibre de mon corps. Oh, ne pleurez pas, ne pleurez pas, je vous en prie, mes yeux, ne pleurez pas. Pas de réponse pour maman, pas de réponse, et la fin du monde était un déluge effroyable, bien plus épouvantable que ces contes chrétiens que l'on avait bien voulu me raconter. Mes doigts serrés sur une poigne qui disparut, et je refermais mes phalanges sur un vide qui vint m'écraser, là où j'étais déjà compressé. Ma poitrine sembla voler en éclat, et crachant un air qui n'activait mes poumons, je voulus crier son prénom.

    Ma voix ne répondit pas.

    On pressait sur ma peau des électrodes dont la morsure piquante me fit frémir. On pressait sur ma peau des mains qui me faisaient me raidir. On pressait sur ma peau des diagnostics qui me faisait tourbilloner dans un entrelacs de pensée, et je me perdais à l'intérieur de moi-même, paniqué. Qu'est-ce que j'avais ? Ma main gauche chercha à attraper, je frappais, me débattait, et un poignet heurta la mien. Mes ongles griffèrent la peau, et on me somma de me calmer. Quelque chose de pointu transperça mon bras. Je feulais. Chess, chess, chess, chess, chess, chess, s'il te plaît, ça va mal, je ne comprends pas, je ne comprends pas, je ne comprends pas, je ne vois pas, je suis aveugle, je ne comprends pas. Dis moidismoidismoidismoidismoi. Maman, maman, où est ma maman ? Mon souffle, dans ma poitrine, se bloquait, altérait, repartait, déchirait, coinçait, obstruait. On me força à tousser, et on me fit de plus en plus mal. On avait décidé de me bouger, et les choses sur ma poitrines étaient en train de me dévorer vivant. Mes dents se plantèrent dans mes lèvres, et j'y mordis, de toutes mes forces, et j'y mordis jusqu'au sang. Une main plus sauvage, plus tenace encore que toutes les autres, que toutes celles qui m'immobilisaient, vint déposer sur mon visage quelque chose que je ne reconnus pas. Baiser de plastique, et l'on m'ouvrit la bouche. Baiser de plastique, et l'on viola ma gorge. Je voulus pleurer. Pleurer avec ces sanglots de l'enfant qui a mal. Pleurer avec ces sanglots qui font arrêter les actes méchants. Pleurer, pour leur dire stop. Ils murmuraient « Intubation trachéale », et je griffais ce poignet de celui qui les aidaient. On posa ce masque sur ma bouche, et la bouche ouverte sur des contestations du silence, je respirais le gaz, et ce fut le calme, ce fut la fin.

    Mon corps s'endormit, petit à petit. Blanc insoutenable, mes yeux s'ouvrirent à la captation de ces couleurs qui tâchaient ma cognition. Silhouettes activées par le besoin de rescousse d'un corps en danger, ils valsaient autour de moi, comme au ralenti. Ma main retomba doucement sur le sol, les ongles soulignés de ce sang qui ne m'appartenait pas. Mes épaules immobile dans un effort que je ne considérais plus, je devenais cette poupée silencieuse d'un esprit qui s'égare. Le bruit, simplement, d'une respiration ; la mienne, sous le masque en plastique. Respiration blanche, respiration calmée, lente et sifflante, je ne cherchais plus des yeux le ciel ; je n'avais plus la force de le trouver. On me bougea, on me souleva, et on me déplaça sur une distance infinie. Le blanc envahi le monde, devenant propice à mon besoin de contempler. Un blanc électrique, un blanc effacé, et un blanc si différent. J'aurais aimé lever la main. Le toucher, ce blanc.
    Voir s'il était réel. Voir s'il était matériel.

    « - Je l’ai prévenu. Tiens bon, Zakuro. »

    Souvenir d'une voix, souvenir d'un visage, d'une parole, d'une promesse. Je ne cherchais pas le regard, je ne cherchais même plus la compréhension du sens. Je ne cherchais plus. Silence étouffant des calmants qui se noyaient dans mon sang. Mon crâne qui frappe lorsque l'ambulance heurte un pavé trop soulevé, et j'écoute ce gyrophare qui braille au dessus de nous.
    Bien au dessus de nous.

    Supérieur. Tout là haut.

    Je fermais les yeux.

    (…)

    Allongé sur un tatami blanc, je me réveille doucement. Il y a cette odeur de sueur qui flotte dans l'air ; celle qui irradie des corps en feu, celle qui exalte les sens et la compétition. Pas celle des vestiaires, qui a pourrie et qui sent mauvais. Non ; cette transpiration du corps sur l'instant, sur l'effort, sur la violence de l'essor. J'ouvre mes yeux, mes oreilles, et je n'entends rien. Il n'y a pas de bruit. Je glisse ma main sur le tatami, et le frottement de ma main sur la surface paillée produit ce son si particulier. Je me relève, je tire sur mes abdos, et je m'asseois, en glissant mes mains derrière mes genoux. Le dojo est vide, il n'y a que moi. Aux murs ne sont pas accrochés les tableaux des maîtres et des codes ancestraux. Il n'y a pas de coupes. Il n'y a pas de cadre « bushido ». Il n'y a que ces cloisons matelassée, et ces tatamis sur le sol. Je me relève. Mes mains glissent sur le karate-gi que je porte. Mon regard s'abaisse, et rencontre la blancheur d'une ceinture que j'avais oublié, depuis le temps. Je suis ceinture blanche, donc. Mes poings se ferment. Et puis Kami apparaît. Elle apparaît en silence, ne me salue même pas, et vient presser sa poitrine contre mon dos. Sa main s'empare de mon bras droit, et elle le bloque contre mon flanc. J'essaie de le dégager : un mouvement rotatif, mais elle ne bronche pas, et dans le frottement de nos karate-gi aussi blancs l'un que l'autre, je comprends qu'elle ne cédera pas. Alors j'avance, et elle accompagne mon mouvement, en bloquant mon bras droit. Mes pieds glissent sur le sol, j'ancre mon équilibre en portant le poids de mon corps jusqu'à sur mes orteils, on se penche, et c'est mon bras gauche qui frappe. Elle accompagne, et je me sens comme un pantin qui essaierait d'être autonome, au risque de casser ses fils. Ses boucles brunes valsent près de mon visage, et comme une araignée accrochée sur mon dos, elle ne parle pas, ne critique pas, et suit tous mes déplacements, en bloquant ce bras droit. Kata et combats qui s'enchaînent dans le silence de nos pas, je me sens m'épuiser à porter sur mon dos le corps de l'Araignée.

    « Kami. »

    Elle cesse enfin de m'accompagner ; et sans lâcher mon bras, elle vient se positionner devant moi. Elle ne porte pas ses lentilles, elle ne porte pas de maquillage. Elle est pieds nus, ses cheveux défaits, habillée en blanc, ses reins ceint en noir. Ses prunelles vertes sont posées sur moi, avec cette tendresse que je ne lui connais pas.

    « J'ai compris. Et cela me fait mal. On ne devrait même pas être là. »

    Elle ne répond pas. Elle sourit, et j'entends les aiguilles que l'on est en train de m'enfoncer dans le bras. Je décide de me rendormir.

    (…)

    Le plâtre est aussi blanc que l'était la ceinture autour de mes reins. Emmanuel, du bout des doigts, effleure la surface poreuse de ce que je fixe. Il sourit doucement, et je lis dans son regard toutes les blagues morbides qu'il meurt d'envie de me jeter. Il ne se prive pas, et croise mon regard, pour tordre ses lèvres en un sourire amusé.

    « Tu l'as échappé de peu. »

    C'est une blague. Dans sa bouche, entre ses lèvres, c'est une blague. Assis sur ce matelas, moi, couché entre ces draps, immobiles que nous sommes dans cette chambre d'hôpital, c'est une blague. Une blague qui n'est pas drôle. Il ressemble trop à un garçon. Il ne s'est pas bien maquillé. Un peu à la hâte, je crois ; un peu pressé. As-tu eu peur pour moi, Emmanuel Kokei ? As-tu crains le fait de devoir m'enterrer ? Doucement, je lui souris. J'ai encore mal la tête.

    « Repose-toi, Zakuro. »

    Prépare moi un cercueil en bois noir.

    (…)

    « Monsieur Fea ? »

    Elle est habillée en blanc, comme les murs, comme les draps, comme le plâtre. Ce n'est qu'un plâtre. Et je revois les phares du camion. Je ne parviens pas à lui sourire.

    « Shiki Katsuragi, vous connaissez ? »

    J'inspire.

    « Oui. »

    Elle me demande si je veux le voir, si il peut entrer. Mon souffle se bloque un peu, mais je crois bien que c'est différent. Ce sera différent de ce coup de poing que m'a offert Kami, quelques heures plus tôt, quand elle est entré dans ma chambre, pour de vrai. Je lui ai raconté le rêve, alors que son poing fumait presque de l'impact de ses phalanges sur ma mâchoire. Je lui ai souri bêtement, et elle m'a laissé retomber sur mon lit, en maudissant ma descendance. Ça m'a fait du bien. Et puis le silence, jusqu'à Emmie. Le silence, jusqu'à maintenant. Et Shiki.

    La porte s'ouvre, et j'arrache les draps.

    Mes pieds touchent le sol, et je vais l'étreindre.
    C'est mon premier mouvement ; c'est un vertige un peu déséquilibré, et j'évite de heurter le mur, mais l'idée est là, à peur près, et je crois que j'ai bien visé. Je sais qu'il n'aime pas ça, je sais qu'il n'est pas comme ça, et que ça doit le mettre mal à l'aise, alors je recule, mais ma main reste une seconde de plus sur son épaule, et je lui souris, avec une bonne humeur assurée.

    « Merci. »

    Je m'incline.
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MessageSujet: Re: Walk the Moon.    Walk the Moon.  EmptyDim 12 Jan 2014 - 18:45

(posts courts, histoire de ne pas te faire attendre plus longtemps... :/ )


Pour finir, Shiki n’avait rien d’autre de prévu que d’attendre les nouvelles de l’état de Zakuro. Il se fit discret dans un coin puis, plus tard, on lui informa que l’hôpital allait fermer. L’académie était désormais inaccessible et il n’avait pas ses clefs, les ayant laissés à son père. Au final, il n’avait rien, à part sa carte bancaire. Il avait donc réservé une cabine-lit dans le l’  « Hôtel Capsule » situé juste à côté de la clinique où Zak avait été hospitalisé. Lorsque Shiki avait quitté les lieux, le pronostic vital n’était plus engagé. L’accident avait été très impressionnant, mais d’ici quelques semaines il serait rétabli. Beaucoup de repos, une convalescence aux petits oignons était de rigueur. L’étudiant ne se promis pas d’y veiller, après tout, le rônin ne représentait rien pour lui, si ce n’était une grosse part de culpabilité qui n’était pas près de s’estomper.

Allongé dans ce tube qu’il utilisait pour la première fois, Shiki regardait les nouvelles à la télévision. L’accident fut alors évoqué ce qui eut pour conséquence l’extinction du poste. Croisant les bras derrière la tête, évaluant sa situation, seul dans cet espace confiné, il songea alors à la soirée prévu le lendemain chez Lun et finit par se demander s’il allait s’y rendre. Il se retrouvait dans un de ces états où plus rien ne vous tente à part celui de rester seul à vous morfondre. 2013 était une très mauvaise cuvée, qu’en serait-il de 2014 ? Pour la première fois, il avait envie de s’enivrer, histoire de laisser passer cette douloureuse pilule. Alors il se leva et sortit, direction le seul bar d’ouvert dans les environs. Il y rencontra deux types bien habillés dont le revers de la veste de chacun était orné d’un minuscule pin’s élégant, doré. Son état mental ne lui fit pas percuter qu’il ne payait aucun de ses verres gracieusement offerts par ses deux compagnons d’un soir et ainsi jusqu’à ne plus savoir tenir sur ses jambes. Raccompagné dans sa capsule, le Japonais ne conserverait pour seul souvenir concret de cette rencontre, une unique carte de visite avec le nom d’un des deux hommes, ainsi qu’une adresse et un numéro de téléphone. Au dos de cette carte, un simple message : « en cas de besoin… ». Haussement de sourcil accompagnant l’horrible douleur qui lui martelait la tête. Shiki avait l’impression d’avoir tiré la carte chance d’un jeu de société bidon. Note pour plus tard : cesser de boire en solo. Cesser de boire tout court en fait. Ce n’était pas son truc, il ne voyait pas pourquoi ça le deviendrait. Après avoir vérifié l’heure – il avait programmé son réveil sur 8h avant sa sortie nocturne – il s’extirpa maladroitement hors de sa cabine, direction les WC où une régurgitation était indispensable sans quoi, il n’arriverait à rien ; puis une douche tiède virant au frais. Dans d’autres circonstances, Shiki serait mal à l’aise à l’idée de revêtir les mêmes habits que la veille, mais pour le coup, il s’en fichait pas mal. La clinique avait déjà ouvert ses portes aux visiteurs et il lui fallait prendre des nouvelles de Zakuro sans risquer de croiser qui que ce soit. D’un distributeur automatique, il en retira une brosse à dents jetable. Il frotta ses quenottes plus de trois minutes, jusqu’à ce qu’il ne ressentit plus aucune sensation de vomissure dans sa cavité buccale.  Presque frais et cependant dispo, il parcouru les trois autres minutes de marche qui le séparaient de la clinique.

A l’accueil, l’hôtesse n’était pas la même que la veille.

- La chambre de Zakuro Fea je vous prie.

Contrairement à la fois où il avait désiré se rendre au chevet de Saki, elle ne lui indiqua pas le chemin qu’il connaissait (si toutefois le lycéen n’avait pas été déplacé une fois de plus), mais l’invita à patienter. Une infirmière vint à sa rencontre et lui demanda de l’accompagner. C’était plutôt étrange. Au final, il fut autorisé à pénétrer la chambre après avoir reconnu de loin le faible timbre de voix de Zakuro. A peine avoir fait un pas dans la petite pièce, le garçon était déjà descendu de son lit maladroitement, manquant de chuter. D’instinct, Shiki se rua vers lui pour lui épargner plus de douleurs qu’il ne s’était déjà vu infligé, mais Zak avait su rétablir son équilibre pour l’enlacer aussitôt. Sur le coup, Shiki ne s’en était pas vraiment rendu compte, un peu perturbé par la proximité soudaine qui résultait des actions des deux garçons. Finalement, le malaise s’instaura et se confirma par le contact prolongé de cette main sur son épaule, mais également par la reconnaissance insensée de Zakuro à son égard. Malgré la douleur qui persistait dans sa boite crânienne, Shiki prit à son tour la parole, forçant son vis-à-vis à se redresser avec l’aide de ses mains.

- J’ignore la raison de cette reconnaissance, Fea, je n’ai rien fait pour la mériter. Ne reste pas debout.

Le geste accompagnant la parole, Shiki obligea le jeune homme à rejoindre son lit. Il en profita pour observer son bras, magnifiquement plâtré. Il l’avait pour un bon moment. Un flash d’éclair rouge transperça ses pensées, puis deux étoiles orange insolentes. Shiki tourna le dos à Zak pour s’emparer d’une chaise.

- Vraiment, il n’y a pas de quoi.

« Hormis le choix que j’ai fait, et les conséquences qui en ont résulté magnifiés par ce blanc qui remplace ton bras. Définitivement, tu n’as pas à me remercier, mais si tu pouvais m’envoyer un direct de ton bras valide, je me sentirais peut-être un peu libéré».
Il s’installa sur la chaise, posa son bras droit sur l’accoudoir puis se frotta lentement les yeux de son pouce et de son majeur.

- Tu m’excuseras, je ne suis pas très frais. Comment te sens-tu ?

Phrase bateau, mais que pouvait-il dire d’autre ? Qu’il s’était murgé pour ne plus avoir son poids sur les épaules, qu’il avait la gueule de bois et qu’il ignorais avec qui il avait trainé ? Bonjour l’image. S’il l’apprenait, son père le tuerait. Enfin, peut-être pas. Tout le monde avait ses périodes de faiblesse.
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Zakuro Fea
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MessageSujet: Re: Walk the Moon.    Walk the Moon.  EmptyJeu 30 Jan 2014 - 23:35

    Il est facile de tomber. Beaucoup tombent, et si la suite de la phrase est connue, peut-être est-il utile de la préciser : se relever est nettement plus compliqué. On m'a toujours poussé à me relever, et s'en est découlé cet automatisme de pousser sur mes bras et mes rotules pour continuellement me redresser lorsqu'il avait fallu heurter le sol. Tomber aussi était devenu un automatisme, quelque part. Et si j'en avais la rage, si j'en avais feulé à m'en déchirer les tympans, j'avais toujours essayé de m'adapter à ce mouvement d'élévation, et le fait de se redresser. Parce que de haut, je pouvais voir l'horizon, et que gisant, je ne pouvais pas toucher le ciel.

    Il y avait ces doigts blancs qui avaient pris les miens, les faisant rouler entre leurs phalanges noueuses pour y faire couler la texture ensanglantée d'un gant au goût de véracité. Comme une protection contre les allusions des hommes et ces poids qui me retenaient cloué au sol. Une sorte de promesse qui avait immergé tout mon corps, me permettant de m'arracher au poids inerte d'un corps qui veut se faire cadavre. Mourir ? C'était facile. Et je crois, indubitablement, que je ne voulais pas céder à la facilité d'un décès qui m'aurait fait me rendre compte qu'au final, je ne valais pas plus que cela.

    Tomber et mourir étaient de ces concepts dans lesquels je ne voulais pas m'enfoncer trop longtemps, alors que j'avais le temps tout entier à dévorer. Saisir à pleine main les secondes était pleinement réalisable, d'un niveau presque criard de vérité, de facilité. Il fallait plus, maintenant. Bien plus, maintenant que je m'étais ouvert cette porte présentée sous la forme d'un camion. Je ne pouvais pas rester les bras ballants à attendre qu'on fasse de moi l'élément d'un courant qui me conduirait à l'oubli de moi-même. Je n'étais pas là pour exister de manière à ce que les autres se souviennent de moi : je voulais moi avancer peut-être uniquement pour moi, pour ce choix, et cette voie.

    Ouh. Et que cela me plaisait, comme perspective. M'accrocher d'une main au contre courant de la vie, et avancer toujours, mes yeux rivés sur lui, que je ne lâcherais du regard, parce que je lui, je me l'étais promis. Voilà ce que je ferai pour aujourd'hui, pour demain, et à jamais. Alors, non, jamais je ne mourrai. Pas pour le moment. Car le jamais, c'était moi qui le maitrisait.

    Et Shiki de me rendre heureux par son existence humaine, par la mienne, par ce rappel tranquille et doux à l'ordre, par cette haine que j'avais ressenti quand il avait voulu tendre la corde de cet arc belligérant, et que je m'étais senti prêt à dégainer pour frapper contre lui, parce qu'il y avait eu Kohaku à côté de nous. Shiki et cette féodalité de son âme qui me plaisait, que je contemplais, parce que peut-être, elle avait ressemblé à ce que j'avais été. Un sourire sur mes lèvres, et la passion que je ressentais soudain pour ce garçon, avec toute l'appréciation qui allait avec. Oui. Et puis, cet envol, ce coup dur du bitume qui vient s'écraser le long de mon dos, après des secondes arrachées à l'apesenteur. Ce coup de portable, cette supplication, ce désespoir dans lequel j'étais tombé et tout au fond duquel il avait bien voulu m'enlever en écoutant l'appel à l'aide que j'avais lancé. Merci, merci, merci. Mille fois merci, archer de ma mémoire qui avait bien voulu faire trembler la fin du monde pour me restituer sur mes deux pieds.

    « Vraiment ? »

    J'avais noté le gêne, j'avais noté l'appréciation japonaise d'un corps qui ne supporte pas le contact. Avec le temps, j'avais presque oublié ce fait. Les japonais d'aujourd'hui ne se touchent pas. Un sourire courut sur mes lèvres.

    « Tu m'as sauvé la vie, tu sais ? J'ai joué un peu à l'abruti, je me suis enfoncé trop profondément dans le noir, et je n'arrivais pas à en ressortir. »

    Il s'assit sur une chaise, je glissais une jambe sur mon matelas, m'y asseyant, dans un demi-amazone moqueur, mes prunelles courant sur son visage, cherchant à dénicher une expression qui aurait adouci plus encore ce que je ressentais déjà. Shiki Katsuragi. Tu avais fais ces choix que j'avais refusé, et si j'avais souvent pensé que nous avions marché en parallèles, suivant l'un et l'autre des voix martiales qui nous faisaient nous ressembler, aujourd'hui, ça n'était absolument plus le cas. J'avais la sensation de fuir ce compte à rebours dans lequel tu te précipitais. Assis sur sa chaise, encore une fois, il questionna. J'ignorais, une demie attention accordée à cela. Spoilers.

    « C'est pour cela que je te remercie, Shiki Katsuragi. Je n'aurais pas été capable, à ce moment là, de ne pas me blesser pour ressortir de ce trou si tu n'avais pas été là. Tu as été le pilier dont j'ai eu besoin, et je m'y suis accroché, parce que tu m'as apporté ce qui était nécessaire au fait que je me relève. Tu sais ce que c'est, n'est-ce pas ? Que se relever, lorsqu'on a voulu te mettre par terre ? »

    Courbé vers l'avant, mon coude posé sur ma jambe, mon menton dans la paume, et la bouche gonflée en une expression boudeuse, je l'observais, cherchant à deviner si dans le regard qu'il pouvait projeter au delà de la distance nous séparant, il y avait de l'amertume, de la rancoeur : une de ces expressions que je ne comprendrais pas. Et puis, finalement, un sourire. Qui disparut soudain, emporté par des angoisses devenues quasi-enfantines.

    « Est-ce que tu sais s'ils en ont parlés ? Si ils vont le médiatiser ? C'est déjà fait, n'est-ce pas ? J'ai entendu des soigneurs parler de caméras. Est-ce que la presse est arrivée sur place, quand j'étais allongé ? Merde. »

    Un juron craché sur les consonances « ks » du mot, comme pour me délivrer d'une colère qui fut immédiatement dissipée, mais qui me laissa pourtant raide dans ma posture. Délivré de l'angoisse, mais attisé par l'irritation, en soi.

    « Bon. »

    Zen. Ce serait un mauvais moment à passer, et ça ne serait jamais pire que toute cette médiatisation suite au séisme. Après tout, il me semblait que les droits en vigueur protégeaient les accidentés de la presse, et l'on cachait les visages, et les identités, pour quelques jours du moins. J'avais peut-être un peu de répit. Mes yeux se plissèrent sur un demi sourire, qui s'accentua plus encore quand mon attention se centra de nouveau sur le visage du jeune homme en face de moi. Une circonspection particulière qui me fit l'observer avec un soin particulier ; un de ces soins peut-être trop précis, puisque mes yeux accrochèrent les ombres violacées de valises prononcées.

    « Shiki, c'est toi qui a l'air le plus mal en point. Moi, je vais bien. »

    C'est un peu toujours le même cas.

    « C'est un peu toujours le même cas, tu sais ? Ce n'est pas vraiment la victime qui subit le plus. Ce sont ceux qui ont des yeux pour regarder, des oreilles pour entendre, et un cœur pour dramatiser le truc. C'est toujours pire à observer qu'à vivre. Je ne suis pas mort, pas vrai ? »

    Un instant de doute.

    « … Pas vrai ? »

    Haussement de sourcil.
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MessageSujet: Re: Walk the Moon.    Walk the Moon.  EmptyMar 22 Avr 2014 - 20:53

NB:

Il paraitrait que les chutes soient nécessaires, voire indispensables dans la vie de tout à chacun. Il paraitrait que se relever soit, dans la difficulté, synonyme de force d'esprit et de courage. Ca l'est d'autant plus lorsqu'on y parvient seul. Il s'agit là d'une idée commune que l'on fait pénétrer - presque de force et pourtant sans mal - dans la tête d'autrui. Et si cela semble si facile à dire autant qu'à entendre, qu'en est-il de la réalité ? Est-ce une vérité absolue pour tous ? Qu'en est-il de ceux qui n'ont quasiment jamais chuté ?

Là est le grand problème de Shiki. Environ quinze ans plus tôt, il lui était arrivé de faire des erreurs. Une fois. Peut-être deux. Probablement plus, mais ça ne lui avait pas été remonté dans tous les cas. Les fautes qu'il avait commises durant son enfance n'ont plus rien à voir avec celles d'aujourd'hui. C'est un peu comme apprendre à marcher. Lors de la petite enfance, on tombait souvent, parfois on pleurait, mais juste pour la forme parce qu'en y regardant bien, on ne tombait pas de très haut. On se relevait vite pour mieux courir ensuite. On faisait la fierté de nos parents, avant qu'ils ne nous interdisent d'aller plus loin qu'il ne le fallait.
Shiki avait désormais 21 ans. Majorité dépassée et de nombreux écarts de conduite à son actif, accumulés en moins de quatre ans. Simplement parce qu'il avait fait la rencontre de trop, celle qui avait chamboulé son esprit pour le reste de sa vie. Il ignorait comment il faisait pour vivre avec un tel poids sur la conscience. Tout, absolument toutes ses actions, revenaient au même déclencheur. Route étroitement proche en contrebas du grand axe de vie sur lequel il avait cheminé avec ses parents, les valeurs morales des Katsuragi, et de la fierté japonaise.

Alors oui, il est difficile de se relever d'une chute, mais pas impossible. En théorie du moins. Le fait est que Shiki n'avait jamais chuté jusqu'à ses 17 ans. Jusqu'à cet âge, il avait toujours été juché sur un piédestal qui se réhaussait sans cesse, grandement nourri par le regard et les espoirs de sa famille qui reposaient sur lui. Ce même piédestal avait alors pris la forme d'un plongeoir au dessus de ce ravin qui séparait le grand axe de sa vie de la Route Inconsciente. Comme si le reste n'avait plus eu d'importance à cet instant éphémère, celui d'un battement de cils ; l'appel de la folie l'avait alors incité à sauter. Il avait croqué une pomme bien trop juteuse mais tout aussi délicieuse. Il ne faut pas toucher à ce qui est défendu. Et ainsi, la Chute. En dépit des apparences qu'il s'évertuait à contrôler, Shiki  sombrait encore dans ce trou sans fond. Une chute éternelle, laissant la Folie s'emparer de lui à chaque mètre parcouru, tout en faisant en sorte que cela ne saute aux yeux.

Fallait-il pour autant qu'il perde espoir ? Cette éventualité ne lui était même pas parvenue, comme s'il cherchait à fuir toute rédemption. Shiki se jugeait abominable et désirait être condamné pour ça, alors que dans son entourage, quelques personnes ne ressentaient que tendresse et admiration à son égard. Un jour viendrait où il crèverait l'abcès et avouerait son crime et ce jour, il assumerait cet acte. Mais pas tout de suite. Il était bien trop tôt. Il devait encore souffrir jusqu'à son procès intérieur.


Lorsque Zak évoqua le fait que Shiki lui avait - potentiellement - sauvé la vie, il se demanda s'il devait en rire, ou tout simplement se mettre en colère. La céphalée devenaient de plus en plus insupportable, son estomac refit un caprice. Tout en se massant les tempes, non sans essayer de se concentrer sur les propos du patient semi assis, quelque chose attira l'attention de Shiki. Un symbole sur une porte située dans la pièce clignotait dans l'esprit de l'ex-pop' comme les girophares d'un véhicule d'urgence de l'établissement. Fermant les yeux, sans cesser ses gestes circulaires qui en rien ne le soulageaient, Shiki écoutait attentivement le jeune garçon qu'il visitait et qui laisser couler sur lui un flot de belles paroles qui plairait à n'importe qui. Après tout, c'était bien de rendre service aux autres. On ne pouvait qu'en ressortir plus fort, avec la sensation d'avoir accompli quelque chose de bien dans sa vie. On irait même jusqu'à faire en sorte de ressentir à nouveau ce merveilleux état en voulant rendre service à tout le monde, dès que l'occasion s'y prêtait, non ?

Shiki accrocha vite-fait le regard de Zak, d'un seul oeil, l'autre étant fermé. Il attendait le moment fatidique ou le piège se refermerait sur lui, où le garçon à la reconnaissance envahissante retournerait sa veste. Mais rien. Juste la vérité dans ce regard encore juvénile mais qui semblait avoir vécu plus longtemps qu'il n'y semblait. Définitivement, non : Shiki ne ressentait pas le moindre plaisir de cette situation et se sentait loin de vouloir remettre le couvert. Il s'était trouvé sur l'autoroute, avait laissé passer le bolide et voilà comment toute cette mascarade avait commencé. Il avait suffit d'un seul choix, une infime décision et son monde était à nouveau chamboulé. S'il avait choisi face plutôt que pile - ou pile à la place de face - Fea aurait continué son chemin sur son deux-roues, et ne lui aurait jamais adressé la parole. C'était aussi simple que ça.
En fin de compte, Shiki n'obtint pour réponse à sa question bateau, qu'un retournement de situation. S'il savait que son état était pitoyablement visible, il aurait préféré que Zakuro n'en fasse pas la remarque. De toute manière, lui non plus, ne relèverait pas. Ca faisait un partout. Pourtant...

« C'est un peu toujours le même cas, tu sais ? Ce n'est pas vraiment la victime qui subit le plus. Ce sont ceux qui ont des yeux pour regarder, des oreilles pour entendre, et un cœur pour dramatiser le truc. C'est toujours pire à observer qu'à vivre. Je ne suis pas mort, pas vrai ? »

"Ceux qui ont des yeux pour regarder, des oreilles pour entendre, un coeur pour dramatiser". Ses parents, ses amis. "C'est toujours pire à observer qu'à vivre". Ils ne doivent pas savoir. Jamais. Shiki n'était définitivement pas près d'avouer son pire secret. Pour leur bien à tous, en dépit du sien. La porte l'appela, lui hurlant dans sa tête de se ruer vers elle. Son estomac le tirailla une dernière fois.

« … Pas vrai ? »

Shiki de leva d'un bond de son siège et en quelques enjambées, franchit la porte de cette salle de bain privative, jusqu'au siège de toilettes. Relevant ainsi l'abattant, il pencha sa tête par dessus, et rendit ce poids qui l'alourdissait. Ce n'était que de la bile. Rien de plus, à part peut être les quelques gouttes de sang qui l'accompagnaient. Des vaisseaux qui avaient éclaté, probablement.  Oui, c'était sûrement ça, rien de dramatique.
Quelques secondes plus tard, Shiki tirait la chasse d'eau et se rinçait la bouche. Il attrapa une serviette en papier, s'essuya les lèvres puis sortit de la petite pièce. Tout en s'appuyant sur le bord de la porte, il lança un sourire - le premier et probablement le dernier - à l'adresse de Zakuro. Un rictus qui se voulait sincère, après tout, il l'était.

- Crois moi, Zakuro Fea. Tu es bien vivant. Un bon vivant, d'ailleurs. Tu es une personne forte et je ne pense pas me tromper en déclarant qu'il t'en faut plus pour lâcher prise. Si je n'avais pas été là hier, ça n'aurait rien changé.

Puisqu'il n'y aurait pas eu d'accident...

Instinctivement, Shiki plaça sa main droite au niveau de son estomac. Plus de biture en solo, il se le promit fermement.

- Tu connais Lun Marv, n'est-ce pas ? Evidemment. Qui ne le connait pas. Je suppose qu'il t'a invité pour son anniversaire décalé.

Le sourire de l'étudiant disparait. Zakuro devait être de ces personnes prêtes à tous les sacrifices pour passer un bon moment. Comme une virée en moto par exemple. Ou se lier avec des personnes aussi insortables qu'asociales.

- Je ne veux pas t'y voir ce soir. Il faut que tu te rétablisses.

Je ne suis pas un héros, ni un pilier ou je ne sais quoi d'autre encore. J'étais juste au mauvais endroit au mauvais moment, conséquence d'un choix qui ne dépendait pas de moi. Je ne serais d'ailleurs pas surpris que le remue-ménage pour joindre Mitsumasa n'ait des conséquences désastreuses.
Toutefois...Tu es plein de vie. Tu seras là ce soir, je te verrai sûrement et peut-être même que t'engueulerai. Juste pour saisir un peu de cette vie que je commence à t'envier, la tienne, chose que je n'avouerai jamais. Tu as surement fait les bons choix, ceux qui t'ont amené à afficher cet épanouissement que je n'obtiendrai jamais. Car chaque jour qui s'écoule, ta vie se prolonge, victorieuse, alors que la mienne, flamme vacillante, s'éteint un peu plus.
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MessageSujet: Re: Walk the Moon.    Walk the Moon.  EmptyMer 30 Avr 2014 - 1:13

    Tourbillonnant, le monde fut une succession de saccade, de mouvements, l'instant d'après. Si Shiki se releva, ce fut pour organiser un désordre absolu dans mon esprit, agissant avec une logique qui m'effara, opérant en des déplacements qui me laissèrent pantois. Me calquant sur son mouvement, comme lui, je me levais, en le voyant fuir. Pour qui, pour quoi ? Pourquoi ? Effarement de l'instant, en le voyant se ruer dans les toilettes, cela engageant immédiatement une autonomie de la compréhension qui me raidit. Pourquoi, Shiki ? Déroulant le souvenir de mes mots, les étalant dans mon esprit comme l'on met une carte à plat, essayais de disséquer le vif de ce moment pour comprendre la souffrance de Shiki Katsuragi. Si c'était ceux qui restaient qui souffraient, devais-je me sentir concerné ?

    Souffrance.

    Et puis, un sentiment de paix. Un sentiment de paix, intense. Le sentiment que désormais, l'univers n'aurait plus à chercher à résister à une vague gigantesque venue s'abattre, pour le faire ployer, pour le faire sombrer. L'univers était devenu lumineux. L'univers comprenait la vague, et s'offrait, comme s'offre l'oiseau aux courants d'air chauds lorsqu'il vole. Une paix gigantesque qui éteignit le doute dans mon cœur. Il n'y eut plus de saccade, il n'y eut plus de mouvements, il n'y eut plus cette empreinte profonde de souffrance venue brûler le fond de ma poitrine. Plus de couleurs sombres et plus de déterminisme à massacrer toute forme de volonté dans ma tête, dans mon esprit. Une paix, identique à celle que l'on percevait lorsqu'on s'endormait sur l'image du visage de l'être aimé. Et le monde prenait alors les couleurs de l'évidence.
    Le monde avait pris les couleurs de l'évidence.
    Lumineux, clair, le chemin qui s'étalait désormais sous les pieds de l'existence, je n'aurais pu le rater. Il était éclairci et j'étais à son seuil, il ne me manquait qu'à faire un pas pour décider d'avancer dessus. Si clair, si parfaitement nécessaire qu'il fallait absolument que Shiki le voit. Il fallait absolument qu'il s'y engage. Une évidence. Si fragile, pourtant. Car tout, dans son regard, dans son sourire, dans sa souffrance et la blessure qui suintait de son cœur autant que de son corps, tout clamait à cette incapacité à percevoir, et à pouvoir avancer sur ce chemin. Shiki Katsuragi. Si éloigné. Si éloigné, qu'il fallait que je me détourne pour lui prendre la main. Effectuer ce choix, celui de continuer à découvrir ce phénomène étrange, si rassurant, si familier, oublié jusque là. Cette paix. Ou revenir en arrière, revenir là où je m'étais arrêté, là où je n'avais pas compris. Revenir là où rien n'avait jamais vraiment cessé. Revenir, continuer, contourner.

    La paix d'être en vie. De vivre.
    De regarder son existence, sans se considérer plus important, plus lumineux, plus intelligent, plus vital, plus nécessaire. Simplement se regarder, et constater que l'on existe. Simplement observer, savoir, et en sourire. Juste vivre. Juste vivre, parce que c'est ce qui me poussait à continuer. Vivre. Pourquoi vivre. La réponse n'était pas loin. La réponse n'était même pas cachée. Mais la réponse n'était pas sur la lumière. La réponse n'était pas sur le chemin. Et celui-ci se mit à vaciller. La flamme qui existait se troubla, et le visage de Shiki, comme une rattache au monde des humains, se fit plus net, plus précis, encore plus important, sa présence devant moi devenant plus conséquente. Pourquoi vivre ? Le nom et l'existence de Shiki s'effacèrent un instant, comme s'ils avaient été le chemin, la porte qui menait à la réponse. Si celle-ci n'était pas cachée, il fallait tout de même trouver l'élan pour aller refermer mes doigts dessus.
    Une mort.
    Une mort dans son statut de disparition. De déconstruction. Petit à petit. Ce qui avait pris la forme d'une destruction. Un éparpillement au vent, des miettes qui avaient composées mon être, mon âme, avant. Bien avant. Il y avait des milliers d'années, au moins. Et puis, un « Relève-toi », glissé dans mon oreille avec toute la force d'une entité sans âge. Une reconstruction, une construction, la mienne. Le fait de me relever. Le fait de renaître. Est-ce que le chemin, ce jour-là, je l'avais perçu ? Est-ce que ce jour-là, je m'étais ouvert à la lumière de vouloir continuer, avancer ? Est-ce que je l'avais décidé ?
    Il avait refermé son regard et son sourire sur moi, et je n'avais plus cessé d'exister autrement que pour moi. Pour un vrai moi. Pour un quelque chose que j'étais. Pour choisir, décider, pour ouvrir la bouche et laisser le vent remplacer la respiration. Pour la liberté.
    Et aujourd'hui, la mort était venue me saluer.
    Si proche.

    La souffrance déchira mon ventre, et je me précipitais jusqu'à la porte. Sans avoir besoin de la pousser, j'entendis Shiki derrière, et un éclair de colère traversa mon visage. Pas contre lui ; mais contre moi. Cette impression saisissante d'être le pire des abrutis me fit refermer le poing en un mouvement chuintant, et j'inspirais profondément, pour ne pas frapper le mur. J'inspirais profondément, et par un monumental effort de volonté, reculais, retournais à mon lit, juste à temps pour entendre la porte s'ouvrir, et Shiki, quoique toujours aussi pâle, possédait une meilleure mine. Mes mâchoires se crispèrent sur une frustration énervée contre moi-même. Je m'asseyais sur le lit, dans le même mouvement que lui, venant poser mes yeux en cherchant son regard quand il ouvrit la bouche.

    - Crois moi, Zakuro Fea. Tu es bien vivant. Un bon vivant, d'ailleurs. Tu es une personne forte et je ne pense pas me tromper en déclarant qu'il t'en faut plus pour lâcher prise. Si je n'avais pas été là hier, ça n'aurait rien changé.


    Pendant une seconde, sous l'effet de la colère, je voulus lui hurler qu'il n'en savait rien. Que brusquement, il était juste un sale égoïste, à vouloir me faire la leçon, et que, puisqu'il continuait à me parler, à me prévenir qu'il ne voulait pas m'apercevoir à cet anniversaire dont nous savions tous les deux l'évidence de ma présence là bas, il n'avait absolument pas le droit de se permettre de me parler de cette façon. Il ne pouvait pas me dire ça, alors que je m'en rendais compte, j'avais failli mourir. Le monde cassait. Bordel, Shiki. Bien vivant, tu disais ? Bordel, Shiki, comment est-ce que je faisais, moi, maintenant ? Mon souffle affolé dans ma poitrine, je baissais les yeux, refusais de laisser paraître cette haine qui brûlait dans ma poitrine. Jeter à sa figure les mots rouges que je voulais voir lacérer sa peau devenue translucide depuis cet accident. Je voulais lui mettre ma réalité en face des yeux, lui proposer d'aller se ficher face au camion, et d'essayer de ne pas hurler.

    « Je n'en sais rien. »

    Les doigts crispés sur mes hanches, je réfutais ce frisson qui secouait trop mon corps.

    « Je n'en sais rien. Par rapport à ce que tu as dit avant. Un bon vivant ? Tu crois ? »

    C'était juste une réaction, Zack. Une simple réaction. Une simple angoisse par rapport à ce que tu venais de vivre. J'inspirais, en ayant la sensation que si je le faisais de manière faussée, si je respirais mal, j'allais briser une digue à l'intérieur de ma poitrine, et fondre en sanglots.

    « Moi, je sais que je dois aller à cet anniversaire avec Joshua, parce que sinon, j'aurais l'impression, je crois, d'avoir laissé définitivement un morceau de moi là bas, dans le noir. Si je ne me bouge pas, si je n'y vais pas, alors je sais que c'est comme si je me perdais moi-même, comme si j'acceptais de ne plus du tout bouger, de me mettre à pourrir, et j'ai la sensation que je pourrais très facilement céder à cette tentation. Mourir dans ma tête. Tant que je le refuse, tant que je veux être vivant, alors je peux continuer à avancer. Mais là, j'ai la sensation que j'ai laissé un truc tout au fond de ma tête, quelque part dans le lieu où j'étais, sous les roues, peut-être, et j'ai la conviction que si je ne me secoue pas pour aller le chercher, et bien, ça sera trop tard, et il y aura une porte qui se fermera vraiment. Je ne pourrais même plus le regarder lui, en lui disant, « je vais bien ». Alors si, là, maintenant, je te promettais de ne pas aller à cet anniversaire, et bien je te jure que c'est exactement comme si le camion m'avait tué. »
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KMO
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MessageSujet: Re: Walk the Moon.    Walk the Moon.  EmptyDim 14 Sep 2014 - 16:22

Fin:


Les derniers mots de Zakuro le firent sourire pour la dernière fois.
Les sourires de Shiki Katsuragi avaient toujours été une forme d’hypocrisie exacerbée. Un petit écriteau élégamment calligraphié sur du papier de Saint Louis à l’instar d’un carton d’invitation à une après-midi de gala sur lequel était inscrit « Aimez-moi !» ; le tout délicatement reposé sur un plateau soigneusement lustré. Cependant, Shiki n’avait jamais demandé à être aimé. Aimer, c’était un sentiment complexe et bancal à la fois. Tout ce qu’il avait toujours souhaité voir transparaitre dans le regard des autres, c’était le respect. Cela suffisait amplement à obtenir ce qu’il souhaitait offrir aux personnes qu’il admirait le plus, ses parents.  Lorsqu’il était petit, il leur offrait la "satisfaction". Lorsqu’il devint adolescent, vint la notion de "plaisir". Depuis qu’il se considérait homme, soit vers 14 ans, il n’avait plus d’autre but que de leur offrir la "fierté".

Désormais, il luttait. Parce que depuis ses 17 ans, il lui semblait délicat de leur faire honneur. Il y était parvenu pourtant. Mais il savait qu’il ne pouvait pas aller plus haut. Tout comme un gamin qui prit l’habitude de ne ramener que de bonnes notes sans cesse croissantes, vint le jour fatidique où la note maximale fut atteinte. Que restait-il d’autre de mieux à faire ? Rien. Alors, vint la routine, l’ennui… Et toujours, la lutte de vouloir mieux faire sans jamais y parvenir.

La dégringolade. C’était la prochaine étape qu’il aurait fallu ne jamais franchir. La régression, le risque de la déception. L’isolement. Et depuis, plus de sourire qui hurlait « Aimez-moi !! » mais plutôt… «Pardonnez-moi». S’irriter à tout bout de champ, provoquer pour attirer l’attention quand plus personne ne vous regarde tandis que leurs homologues vous tournent le dos…  Afficher ses émotions, faire tomber un peu le masque que certains tentaient vainement de vous arracher de la surface de votre visage, lésant atrocement votre peau. Sans le vouloir mais pas sans vous émouvoir, vous êtes devenu un monstre aux yeux de ceux qui vous appréciez, du moins, si cela était le cas.
Shiki a la sensation d’avoir tout perdu et donc se lance, s’élance sur le chemin sombre avec le courage de celui qui n’a plus rien à perdre. La déchéance. Et le voilà, main crispée sur l’estomac sans savoir qu’il s’agissait d’un ulcère se formant par le stress accumulé des derniers mois. Il ne se doutait pas un instant qu’il se trouverait à la place de Zak dans les mois qui suivraient. Ceci étant toutefois, une tout autre histoire à venir…

- Prends soin de toi.
A ce soir, donc. Je m’excuse d’avance de mon futur emportement.

Shiki s’inclina bien bas, conformément au respect qu’il éprouvait pour Zakuro, et pour l’admiration qu’il lui vouait sans même le reconnaitre. Sans cesser de sourire de cette même tendresse qu’il renvoyait au quotidien à son petit frère Charlie depuis le tremblement de terre qui avait failli ôter la vie de ce dernier, l’ex-populaire, l’ex-faux-marginal, l’ex-homme tourna les talons et franchit la porte de la chambre d’hôpital. Il s’installa quelques instants sur la chaise qui se tenait tout près pour assimiler cette douleur au ventre, et tenter de l’oublier.

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