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 La Nuit des temps

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2 participants
AuteurMessage
Ethel Dawkins
♦ Civil - Œnologue
Ethel Dawkins


Genre : Féminin Verseau Coq Age : 30
Adresse : Quartier Hiryuu, Immeuble Sakura, Appt 33
Compteur 443

KMO
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MessageSujet: La Nuit des temps   La Nuit des temps EmptyVen 4 Oct 2013 - 12:07

La Nuit des temps 855501Ethecoupage

My fingers were itching
Now sinking trough the mud
I'm looking at the stars
While awaiting the flood



Voilà plus d'une heure qu'elle observait – lascivement allongée sur son lit – la tirelire en forme de cochon sur son bureau. Le genre de bibelot qu'on offre à un enfant, pour y mettre la monnaie du pain. Un petit porcelet à la queue en tire bouchon, et les yeux peints qui regardaient le monde avec un petit sourire étrange. Seulement. Voilà bien longtemps qu'Ethel ne mettait plus de pièces dedans. En réalité, pendant des années, il avait accueillit sa réserve. Le ventre ainsi emplit de poudre blanche, son sourire peint sonnait encore plus faux. Mais maintenant, il était vide. En rentrant de l'hôpital, après une overdose, elle s'était assurée de tout jeter. Avec douceur, pas un coup de tête où l'on envoyait tout voler. Et depuis ce moment-là, elle était clean. Elle avait bien du fumer un joint ou deux, mais tout ce qui allait au dessus, ce qu'on appelle les drogues dures, ces substances qui font peur, elle n'y avait plus touché. En contre partie, elle fumait des cigarettes, elle fumait comme un pompier. Elle se perdait des nuits dans le dessin, déchirait ses coussins, s'ensevelissait sous les vêtements. Mais jamais plus elle n'ouvrirait le cochon rose.

Se levant enfin, elle le saisit, et le fit tourner dans ses mains, amaigries par ces derniers jours. Si la jeune fille s'était toujours bien portée physiquement, le combat contre le manque qu'elle avait eu à subir lui avait fait perdre bien cinq kilos, comme une balance qui se déréglerait d'un coup. Ses doigts étaient maintenant plus maigres, ses os plus saillants, et des cernes apparentes décoraient le haut de ses joues. Finalement, elle secoua le petit porcelet, sursautant. Le bruit sourd qui se heurtait aux parois de porcelaine lui prouvait qu'il y avait quelque chose à l'intérieur. Elle croyait pourtant l'avoir vidé. Dévoilant le ventre de l'animal figé, elle retira l'opercule de plastique, et le secoua un peu pour laisser tomber son contenu. Sur le bureau, s'échoua une petite poupée aux cheveux de plastique orange. Le modèle sourit, et la prit délicatement dans ses mains. En effet, elle avait laissé le cadeau de Chess, ne se souvenant même plus de pourquoi elle l'avait un jour caché là. Peut-être parce qu'il effrayait ses compagnons de chambre, qui l'avait prévenue que ce pouvait être une poupée vaudou, un avertissement. Cela avait doucement fait rire la rouquine, mais par respect, elle l'avait tout de même caché. Et oublié.

Elle se rassit sur son lit, jouant du doigt avec les fils de plastique. Puis passa sa main dans ses propres cheveux. Une longueur qu'elle cultivait, depuis des années, une tignasse de feu qui tombait maintenant au creux de ses reins, et faisait sa fierté. Sa marque de fabrique. Mais quelle marque de fabrique ? La signature d'une jeune lycéenne droguée qui déambulait dans les couloirs en laissant flotter sa crinière folle. Ce n'était plus vraiment l'image qu'elle essayait de donner, mais ses cheveux, enroulant son visage et ses épaules, semblaient lui conserver l'image d'une enfant naïve et dans les nuages. Une image qu'elle avait inconsciemment sauvegardée, pour se protéger. Et qui maintenant ressemblait plus à un triste spectacle de clown qu'à autre chose. Et puis. Elle se souvint de ce que lui avait dit l'infirmière après les analyses sanguines. La drogue ne reste que quelques jours dans le sang, mais peut rester des années dans les cheveux. Elle portait son sur la tête sa croix. Sa croix de kératine rousse.

Non.

Elle ne voulait plus. Alors quoi faire ? Ne pas réfléchir, surtout ne pas réfléchir. Ne pas penser. Saisir les ciseaux, ramener toute sa chevelure au creux de sa main. Approcher le ciseau, plus près, un peu plus près. Et donner un coup franc.  
Une cascade de cheveux alla s'écraser contre le matelas, formant des motifs étranges. La jeune fille hoqueta, surprise elle-même du geste qu'elle venait de faire. Sur son crâne, les mèches folles se baladaient et dansaient, tandis qu'elle secouait la tête, surprise de ne plus sentir la masse indénombrable faire des allées et venues en fouettant ses joues. Le ciseau glissa de sa main, teinta au sol. Il n'y avait bien évidemment aucun moyen de revenir en arrière. Voilà. Les témoins de ses années d'excès étaient maintenant échoués sur le matelas blanc. Détaché du corps de leur propriétaire. Alors elle rit. Elle rit aux éclats face à ce qu'elle venait de faire. Elle s'étala dans ses cheveux, et rit encore et toujours.

Puis elle se releva, et observa encore une fois le tableau vivant. Perdue sous les cheveux, se trouvait la petite poupée aux fils de plastique. Le seul détail qui ne convenait pas. Et elle, que devait-elle faire des véritables cheveux, à présent ? Les jeter ? Elle ne pouvait s'y résoudre. Mais les mettre dans une boite pour les oublier semblait d'autant plus stupide. Alors elle eut une idée. Se saisit d'une boite blanche, d'un pinceau et d'une palette de couleur. Puis la rouquine se mit à peindre des flammes, des centaines de flammes aux teintes divergentes, partout sur la boite. Elles léchaient le carton, grandissaient et s'étiolaient sur la surface lisse. Lorsqu'elle eut finit, elle mit les cheveux dedans. Et se dirigea vers une chambre, qu'elle n'avait plus visité depuis bien longtemps. La chambre de celui qui lui avait offert cette poupée aux cheveux de plastique. Le geste, purement impulsif, n'aurait pas pu être expliqué ensuite par Ethel. Mais elle savait en cet instant que Chess se devait d'être le nouveau propriétaire de ces flammes

Cette fois-ci, cependant, elle ne ferait pas l'erreur de le croiser. Déposant la boite devant la porte, avec un simple papier au dessus, portant l'inscription « Chess. », elle tourna les talons, et retourna dans sa chambre, où elle commença à peindre des mers rouges aux longs fils d'automne.
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Kohaku Joshua Mitsumasa
♣ Université - 4ème année
Kohaku Joshua Mitsumasa


Genre : Non Binaire Verseau Coq Age : 30
Adresse : Hiryuu : 05 rue de la Chance, app 32 ou la Chambre 110 de l'université ou chez Zakuro.
Compteur 665
Multicompte(s) : Lawrence E. Swanster | Populaire

KMO
                                   :

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MessageSujet: Re: La Nuit des temps   La Nuit des temps EmptyJeu 6 Mar 2014 - 20:01

My tongue was burning
Now searching for your own
I’m spitting a fire
While awaiting the blaze


Et le silence sans mots s’étendait dans la nuit noire et vrombissait plus bruyamment que n’importe quelle cacophonie du jour, animé par les hurlements et les craquements qui pullulaient dans l’esprit de trop de gens depuis le séisme. Il me vrillait les tympans, crissant avec plus d’insistance et d’horreur que des ongles s’écrasant contre un tableau noir entre mes synapses. Mes poings s’agitaient dans l’étendue claire de mes draps et mon corps cahotait sur le matelas inconfortable que je connaissais familièrement comme mon lit à l’Académie. Je ne trouvais pas le sommeil, feulant muettement dans le noir, refermant mes phalanges contre du vide. Il n’y avait ni Yume, ni Zakuro pour agir comme des murs aux défécations sonores qui explosaient dans mon cerveau, l’un et l’autre se trouvant ailleurs dans la ville, peut-être plus près que je n’aurais bien voulu le croire, sans toutefois se trouver dans une proximité suffisante pour que je daigne partir à leur recherche. Et si de telles pensées faisaient de moi un être qui supportait moins bien qu’avant l’idée de dormir seul, sans corps à reconvertir en bouillote dans le creux de la nuit, sans chair à écraser contre mes côtes pour taire le monde, elles ne faisaient pas de moi quelqu’un qui s’en lamenterait ouvertement. Malgré mes yeux noirs qui toisaient le plafond, crissant contre ce monde matériel qui laissait des cris de stupeurs horrifiées filtrer dans mes souvenirs.  

Il y eut un soupir, à un moment, provenant des tréfonds de ma bouche, perçant le halo comateux de mon crâne en pleine agonie, pour atterrir dans l’air ambiant. Un soupir qui me rappela ce corps tremblotant et parcouru de spasmes qui était le mien, ce corps rongé d’une douleur qui baisait fiévreusement contre ses les os de sa cage thoracique, contre sa clavicule et l’épaule y étant rattachée. Il y eut un gémissement, aussi, plaintif, soufflé, une seconde d’abattement face à l’assaut des sens, qui envoya ma main s’écraser contre ma table de chevet, pour agripper un verre d’eau. Verre qui s’écrasa contre le plancher, renversant son contenu et le pot de comprimés antidouleur avec. Me relevant lentement, trop lentement, sur mes coudes, je les toisai tout deux, l’eau m’apparaissant presque miroitante. Balançant mes jambes hors du lit, j’attrapai le gobelet entre mes pieds, le hissant doucement jusqu’à ma hauteur pour m’en emparer, saisissant le plastique qui tentait d’émuler le verre d’un regard désabusé. Vide, vide, vide, vide.

Je crois que ma lèvre tressaillit, et que mes dents tentèrent de lacérer ma joue, mais je ne pourrais confirmer, car le monde se brouillait, ma tête élançait et tout le reste sifflait vicieusement. Je clignai des yeux, redécouvrant le contenant de plastique dont le liquide avait été projeté au sol. Me restait plus qu’à le remplir, visiblement.

Mes talons touchèrent l’eau les premiers et mes enjambées se firent fragiles, un tantinet vacillantes. Puis la porte s’ouvrit, sous la dextérité trop humaine de mes doigts et mon pied heurta un sac en une collision croustillante de craquements. Je baissai les yeux, interloqué, attrapant du regard une calligraphie familière, la même qu’on pouvait lire à l’arrière du dessin que j’avais accroché au-dessus de mon lit et que je contemplais parfois, lorsque j’ajoutais de nouveaux bulbes souriants à l’océan de fleurs nauséeuses qui décoraient ma moitié de la chambre. Les lettres lisaient un pseudonyme tout autant convoité que familier et, malgré l’hilarité générale de mes côtes pétées, je me penchai pour récupérer le récipient de papier, me demandant, au travers des pincements cérébraux issus de mon mal de crâne, ce que Hell pouvait bien me vouloir à cette heure.

Un coup d’œil à l’intérieur du sac me donna ma réponse et m’élançant à l’extérieur, aussi vite que mes blessures récalcitrantes me le permettaient – elles guérissaient bien, mais certaines soirées les laissaient s’adonner à des partouzes endiablées, comme maintenant. – abandonnant ces antidouleurs que je me refusais toujours de prendre, ainsi que l’eau renversée, derrière.

-

La porte s’ouvrit sans catastrophe, plus doucement qu’on aurait pu le croire, et je me heurtai immédiatement à la vision flambée d’Ethel Dawkins. Lèvres closes, je la reluquai un bref instant, m’attardant sur ses flammes étouffées, plus courtes sur son crânes, mais toujours aussi folle. Je les vrillai d’un regard intense, mais dénudé de désapprobation ou d’acceptation, juste un regard qui électrisait l’atmosphère, qui faisait de cet instant quelque chose qu’il me faudrait écrire, plus tard, lorsque le stylo tenu entre mes doigts ne pourrait plus trembler sous la candeur rugissante de mes côtes. Je fixais Hell, ingénue même dans la chute, me tétanisant moi-même de me tenir debout, vigile crochu, aux premières loges pour admirer la disparition. Je dévorais la scène en silence.  

Je n’avais rien à dire, je n’avais rien à croire, pas la force de le faire, non plus, et  j’entrevoyais donc simplement, cet ange aux ailes tâchées de déboire qui chutait vers les pics barbouillés de sang qui l’attendait en contrebas.

Au bout d’un moment, un sourire, toujours un sourire, pointa sur mes lèvres, dilué par le mal, mais perçant tout de même mon visage de sa présence. Un sourire, pour les couleurs que je pressentais déjà sur ma langue, les goûts, les pensées . . .

Et soudainement, les hurlements de ma tête se heurtaient au mur que devenait Ethel et je m’affaissais sur le sol, déposant précautionneusement le sac qu’elle m’avait offert juste devant. Je l’ouvris, en extirpai les cheveux, puis entreprit de les séparer en mèche d’épaisseurs variées, minutieusement, sans daigner m’expliquer. Les mèches se virent ensuite jointes par d’autres mèches et, aux nombres de trois, je me mis à tresser des œuvres qui viendraient vivre leurs vies autour des mes poignets. Des flammes stellaires.

À un moment, je séparai un seul cheveu de la masse pour le porter à mes lèvres, pour l’avaler, cherchant Ethel du regard pendant que le consumais. Un bref moment, qui s’éclipsa dans le temps lorsque je me remis à tresser les cheveux. Sans jamais rien dire.
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