Est-ce que je te manque ? J’espère que tu pleures mon absence chaque jour depuis mon départ.
Il y a maintenant un an et demi que j’ai fais la connaissance d’Arumi, une jeune femme japonaise d’une trentaines d’années avec qui j’ai vite noué des liens. Certes, au début, quand je l’ai rencontré à Hokkaido, j’ai eu beaucoup de mal à m’ouvrir à elle, mais elle a persévéré et peu à peu, elle a réussi a m’apprivoiser. Nous avons passé de nombreux bons moments ensemble, dans le petit Manga Café en face de chez elle ou bien dans ce parc municipal que j’aimais tant, et nous nous sommes beaucoup rapproché avec le temps. Elle comprenait et acceptait mon style tel qu’il était, respectait toujours ma façon de penser, bien qu’elle m’exposait toujours la sienne si je me trompais ; elle savait toujours trouver les bons mots pour me convaincre quand c’était nécessaire. Mais elle ne m’avait jamais obliger à dire la vérité à ma sœur par exemple, même si a plusieurs reprises elle avait essayé de me prouver que ce serait mieux de tout lui avouer, pour elle comme pour moi.
J’appréciais le temps en sa compagnie, elle était ma seule amie (à l’exception de ma sœur bien sûr). Mais il y a quelques mois, je pris une décision qui changea radicalement la suite de notre histoire : j’allais rejoindre Alice à Keimoo, et j’étais attendu là-bas quelques jours avant la rentré, c’est-à-dire qu’il fallait que je parte demain.
Elle connait connaissait mes « très bons rapports » avec ma grand-mère, et savait très bien que ma sœur me manquait énormément, alors elle respecta mon choix ; elle était même très contente pour moi. Mais elle ne comptait pas me laisser partir comme ça. Elle possédait un appartement dans la ville de Keimoo, anciennement celui de son fils devenu grand maintenant et ne l’utilisant plus. Elle me proposa le deal suivant : elle m’offrait le gîte et le couvert chez elle a Keimoo si j’acceptais de vivre avec elle là-bas, que j’ai toujours au moins 15 de moyenne et que je promette de ne pas faire trop de conneries. Elle me fit bien entendu comprendre que si je refusais cette proposition, je serais contrainte de dormir dans le dortoir de l’Académie, avec des gens qui me détesteraient et sans nul droit de sorti. J’acceptais sur le champ.
Le lendemain soir, nous étions installées. Le voyage avait été trop long et trop chaud à mon goût, ce qui n’avait pas déplut à Arumi. Nous avions mis peu de temps à déballer nos cartons dans ce luxueux appartement T7. La rentré se passa bien, du moins mieux que je l’avais imaginé ; tous mes professeurs m’avaient regardé de travers, un avait fait une réflexion qui sonnait à peu près comme « Et bien si une Satô ressemble à une poupée, l’autre ressemble plus à une destroy », et des élèves m’avait fait remarquer qu’« aujourd’hui c’était la rentré, pas le carnaval » ; mais je m’en foutais : j’allais retrouver ma sœur !
Après quelques mois, alors que je passais tranquillement le pas de la porte ,Arumi m’arrêta pour me parler du fait que je n’étais pas rentrée et n’avais pas donné de nouvelles pendant ces 4 jours.
« Tu aurais pû prévenir que tu partais comme ça. » déclara-t-elle froidement.
« Et pourquoi ? »
« Parce que je me suis inquiétée. »
Même si elle essayait de le cacher, le ton de sa voix avait changer ; elle avait vraiment eu très peur, et n’avait pu se confier à personne. Elle ne voulait parler de ces choses là à personne, c’était nos « petits secrets », mais cette fois, elle avait été morte d’envie de crier « Aider moi, je suis morte de peur! ». Je ne sais pas pourquoi, mais j’avais envie de la provoquer un peu, juste pour voir sa réaction.
« Et pourquoi as-tu eu peur ? »
« Parce que je suis ta mère ! »
Un mot de trop.
Je comptais faire durer la discussion dans le pourquoi du comment jusqu’à réussir à l’énerver, j’avais déjà prévu certaines de ses réponses, mais jamais je ne m’étais attendu à celle-là. Elle était ma mère ? Elle osait se comparer à ma mère ? Je n’avais jamais remarqué que le départ vers les USA de son fils et la mort de son mari l’avait attristé au point qu’elle se rattache à moi en tant que « seule famille qu’il lui reste ». En vérité, cette femme que je croyais si forte était bien plus fragile que moi.
« Tu es ma mère ? Et bien je vais te considérer comme ! »
En 5 minutes ma valise était faite, et j’étais déjà dehors, elle n’avait pas réussit à me retenir. Je marchais vers Keimoo, mais en chemin, je décidais de m’arrêter au parc, pour m’accorder quelques minutes, ces quelques minutes que j’avais à perdre, juste quelques minutes pour me rappeler de ce que j’ai perdu, juste ces quelques minutes que vous devriez prendre vous aussi pour vous rappeler de ce que vous avez perdu.
Rappelle toi de ce que tu as perdu. Est-ce que je te manque ? J’espère que tu pleures mon absence chaque jour depuis mon départ, chère Arumi.
Rappelle toi de ce que tu as perdu. Est-ce que je te manque ? J’espère que tu pleures mon absence chaque jour depuis mon départ, chère mère.
Avez-vous toutes deux perdu quelque chose d’important le jour où je suis partie ? J’en suis persuadée. Sachez que moi, je n’ai rien perdu d'important, je n'ai même rien perdu du tout; sur ce, je vous dis merci de m’avoir rendue plus forte, et au revoir.
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