Arrivées ~ Intrigue Chinoiserie Part II

Invité

Il était 7h25 quand Shin était arrivé à la mairie. Il vaut mieux arrivé en avance qu'en retard. Habillé d'une chemise blanche, pantalon noir et mocassin, il attendait sa clope au bec l'ouverture de la mairie. Il était présent que pour les différents discours de M. Shiori, principalement le nouveau règlement. Le reste l'intéressait peu, et puis, le gothique était encore crevé de son retour de France. Foutu décalage horaire.

Vers 7h50, Shin rentra dans la mairie et alla s'installer en salle 2. Ses yeux observaient les personnes déjà présentes ou arrivantes, saluant discrètement ceux qu'il connaissait. Certains furent choqués de le revoir. Ce n'était pas de leur faute. Il n'avait pas pu prévenir beaucoup de monde de son retour. Peu importe, il aurait temps de les revoir plus tard. La cérémonie commençait. Il applaudit poliment pour les différentes récompenses.

A la pause, il ressortit s'en fumer une. Pas que le jeune homme était claustrophobe ou agoraphobe mais bon, plein de personnes dans une même pièce, ce n'était définitivement pas son truc. Attachant rapidement ses cheveux, il retourna dans la salle 2 pour écouter le nouveau règlement. C'était la merde. Il évitait les médecins comme la peste. La seule personne avait qui il avait osé parlé de ses problèmes, était Yui Valentine. C'était amplement suffisant pour lui.

A 10h30, il alla voir Jin. Une des personnes avec qui Shin était resté en contact.

Shiki n’eut pas vraiment le temps de parler avec Saki comme il l’aurait espéré. Tout d’abord parce qu’en réalité, ce coin isolé de tout où il se trouvait en la compagnie de la jeune fille, n’était absolument pas à l’écart de tout. Ce fut d’abord deux membres du club de Kyûdô qui vinrent le saluer poliment. Puis vinrent deux-trois « populaires » qu’il fréquentait plus ou moins à l’époque et avec qui il lui arrivait de discuter lorsqu’il les croisait. Cependant, ce n’était plus comme avant. En général, ses anciennes connaissances préféraient garder leurs distances avec le Creepy, ce qui n’était pas plus mal, au final. Tout est-il qu’à dès que Shiki voulait s’adresser à Saki, il était interrompu. Comble du comble, son propre père fit irruption dans la salle. Le jeune homme ne put masquer sa surprise.

- Ah, Shiki ! Enfin je te trouve.
- Otōsan ? Que fais-tu là ?
- J’ai un gros problème, mon téléphone vient de me lâcher, ce qui est tu t’en doute très problématique. Peux-tu me prêter le tien jusqu’à demain ?
- Ah euh… Oui, bien sûr.

Il sortit son appareil de sa poche qu’il éteignit. Il n’avait rien à cacher à son père, et ses contacts étaient enregistrés sur sa simcard. Tandis qu’il retirait cette dernière du mobile, son père haussa un sourcil. « Tu as encore cette épave ? Il serait temps que tu renouvelles et que tu te mettes à jour. » Shiki afficha un air quelque peu ennuyé, avec une micro-touche sarcastique que personne ne soupçonnerait. Il fallait dire aussi que les rapports qu’il entretenait avec son père étaient moins rigides qu’auparavant, surtout depuis l’affaire du métro. Quelque part, Shiki se sentait un peu moins prisonnier de lui-même ce qui était évidemment bénéfique pour lui. C’est pourquoi, il répliqua de façon plutôt légère. « Pour l’usage que j’en fais, celui-ci me convient très bien. Et lorsqu’il rendra l’âme, j’en prendrais un similaire. Toutefois je conçois que ce soit problématique pour tes propres besoins. » A cela, Satori Katsuragi poussa un rire bref et élégant tout en attrapant l’appareil. Il posa ses yeux sur Saki, lui sourit tout en s’inclinant brièvement pour la saluer. « Je vois que tu es en charmante compagnie, je ne t’embête pas plus longtemps. A tout à l’heure ! » Shiki regarda son père s’en aller, un petit sourire étirant les lèvres. Il lui vouait une admiration sans limite et désirait lui ressembler. Il savait pour autant qu’il ne lui arrivait pas encore à la cheville. Il n’en était pourtant pas loin.

Ses pensées furent interrompues par la vision de Lun pénétrer la salle accompagnée d’une des employées auprès de qui Shiki avait pointé sa présence à son arrivée. Elle s’adressa au directeur, dont l’expression à l’intention de son ami n’avait rien d’encourageant. Dans quel pétrin s’était-il fourré ? Il le vit s’assoir sur un siège et ne le quitta plus. Pour quelqu’un qui avait autant la bougeotte que Lun Marv, ça n’était pas normal. Plus tard, le chef d’établissement passa près de lui sans le remarquer pour s’adresser à Saki. Ses mots surprirent le Creepy, cependant, il ne put s’empêcher d’étirer un petit sourire. Il était ébahi de constater qu’une telle figure d’autorité pouvait penser la même chose que lui.

Le discours reprit. Shiki ne l’écouta que d’une oreille sans comprendre le sens des paroles du directeur. Il consulterait la version écrite du règlement plus tard. Pour l’instant, ses pensées et son attention étaient focalisées sur Lun, et Saki à ses côtés. Ce n’était pas ce matin-là qu’il l’inviterait à prendre une glace en sa compagnie. Il attendrait d’avoir quitté l’hôtel de ville.
Autre interruption. Ça parlait de pirate informatique, d’examen à repasser. Soupir.
Bla bla bla bla bla. Le temps était long, et il commençait à faire chaud dans la salle. Vint à nouveau un break. Shiki jeta un autre regard vers le devant de la salle et constata cette fois que Lun avait deux personnes qui l’entourait. Il se fichait de l’individu aux écouteurs. En revanche la présence de cet homme qui avait fait la une des journaux trois ans plus tôt, le professeur Charles Brisebois, lui dérangeait un peu plus. Il avait un air trop faux pour être sincère. Et ce balayage qu’il fit comme pour s’assurer que personne ne le regardait ne le trompait pas, lui qui jouait si souvent le même jeu. Il se pencha vers l’oreille de Saki. Un simple murmure. « Je te laisse pour l’instant. Une fois qu’on sera sortis, attend-moi devant le ciné. A tout à l’heure. »

Un petit sourire, puis il se dirigea lentement vers le devant de la salle, à pas feutrés. Lun se leva d’un coup de sa chaise. Jamais il n’avait vu son ami en colère. Encore moins avec une telle violence. Lun était doux, un peu rêveur, très souvent tête en l’air… Il était bien plus fragile que ce qu’il donnait l’air. Et puis vint ce geste, le summum du l’irrespect. Il avait craché. Shiki se stoppa, à 5 mètres des deux hommes. Ces mots lui parvinrent aux oreilles : « Tu ne me connais pas, Charles. Tu ne sais rien de moi. Si tu me connaissais, tu saurais que je ne plaisante pas. Je ne plaisante jamais ! » Il tutoyait, il fulminait. Il appelait l’autre par son prénom. Il menaçait. Shiki était abasourdi.

- Lun ? Sensei ? Qu’est-ce qu’il se passe ?

Il ne put rien ajouter d'autre.

Invité

Il fut difficile à cet instant de marquer une expression plus belle et spontanée que la surprise qui s’inscrivit sur les traits du jeune Lun Marv. Le jeune homme dont le visage dur s’était crispé par la nature des propos tenus par Charles Brisebois, senti ses yeux s’écarter sous la surprise, l’horreur et le malaise que la présence de Shiki Katsuragi créa. Il ne l’avait pas venu venir et il ne s’attendait pas à croiser un de ses amis.
Outre la peur que Lun ressentait à cet instant : Charles ne pouvait-il pas s’en prendre à Shiki ? Lun avait toujours pensé que le japonais était mieux que lui dans tous les points. Il était plus doué en sport, plus habile à l’écriture, plus beau physiquement, plus doué dans les sentiments. Shiki était la perfection et l’anglais pensait qu’il était plus apte à devenir une victime que lui.
Lun ne se sentait pas en victime. Il ne s’était jamais senti en victime. Et, l’idée même que Shiki puisse savoir ce qui s’était passé entre lui et Charles le glissait dans l’horreur la plus totale. Pour Lun, si un de ses amis, un seul, savait l’étendu de ses problèmes, de son passé et de son histoire : Alors il l’abandonnerait. Personne n’était prêt à entendre et à porter le poids de sa vie. Lun en avait conscience et s’était habitué à l’idée de vivre seul et de ne jamais être aimé pour lui-même, mais pour une part qu’il montrait. Tentant au maximum de caché ce qui le rongeait de part et d’autre.

Lun Marv le savait. Un jour, il ne supporterait plus la masse de ses problèmes, de ses peurs et de sa vie. Ce jour-là, il mettrait définitivement fin à ses jours, autrement que par des cicatrices qui serpentaient le long de ses bras.

Toutefois, ces derniers mois, à force de repousser ses amis d’autrefois et de vivre une vie morne et calme, il s’était fait à l’idée de vieillir dans le silence et la solitude. Si ses amis, tels que Shiki lui manquait, il n’empêchait que Lun ne les voyait que lorsque le manque devenait trop grand : et qu’il ne cherchait pas à reprendre contact avec ceux qui avaient cessé de lui parler. Il n'entretenait que des relations assez peu fréquentes avec Shiki et sa relation amoureuse avec Iris, dont il tombait amoureux. Sa présence lui était réconfortante et le garçon se sentait évoluer vers l’âge adulte. Parfois, il était malheureux au point qu’il fermait douloureusement les yeux pour retenir les larmes. Il se sentait tellement seul sans jamais parvenir à le faire comprendre. A faire comprendre aux autres à quel point sa vie lui sentait amère et dénuée de sens et à quel point il ne rêvait de s’écraser du haut d’une tour. Le temps de croire, un instant, qu’il était capable de voler.

La présence de Shiki le terrorisa autant, peut-être plus, que la présence de Charles. Lun voulait le protéger : de lui-même, de l’autre, de tout cela. Son ami avait traversé des épreuves éprouvantes et tellement durs, qu’il n’était pas question pour lui de l’accabler d’avantage. Il était près pour ça, à mettre les distances nécessaires : sans jamais toutefois ignorer un de ses appels. Lun ne pouvait pas, il n’était pas du genre à abandonner quelqu’un.

La surprise passée, Lun laissa ses bras retomber ballant autour de lui, il avança d’un pas en direction de Shiki. Il manqua de lui dire, de lui hurler de se mêler de ses affaires : que tout cela ne le regardait pas ! Qu’il dégage ! Lui, son sourire, son inquiétude et le reste. Un instant, aussi, il manqua de tout lui avouer. Il manqua de lui dire à quel point il n’en pouvait plus ! Il manqua de lui raconter son histoire avec Charles, son histoire avec d’autres, de tout lui lancer. Toute sa vie dans les moindres détails, mais l’ombre de Charles derrière lui l’en empêcha. Et une voix murmura à Lun, qu’il ferrait mieux de garder sa langue s’il ne souhaitait pas qu’un de ses enfants payent la conséquence de ses aveux.

Le jeune homme dégluti, baissant la tête. « Je ne me sens pas très bien. » Marmonna le jeune homme, alors même qu’il réalisait qu’il n’avait pas le droit de quitter la salle. Pourtant, blanc comme il était, et les bras tremblant malgré son envie de garder contenance, il ne faisait aucun doute pour l’observateur sincère que Lun n’allait pas bien. Mais est-ce qu’un adulte irait l’observer ? Il n’était que Lun Marv, cherchant sans cesse des histoires, racaille parfois, rebelle souvent, sournois, moqueur, le jeune d’étudiant qu’on ne veut pas avoir dans sa classe. Qui passe plus de temps dans une salle de retenues qu’ailleurs. Alors ce qu’il pensait : on s’en fichait bien.

Lun soupira : « … Mêle-toi de tes affaires, Katsuragi ! » Lun jeta un regard noir à son homologue, fronça les sourcils, et passa devant lui, manquant de le bousculer au passage. Seulement, il posa également sa main sur l’épaule de Shiki. Une main ferme, limite dure. Celle qui signifiait : Merci.

Il n’accorda pas un regard à Charles, s’engouffrant dans le couloir, profitant qu’aucun adulte – autre que Charles – ne lui accordait un regard. Toutefois, Lun savait qu’il était coincé. Cela le mettait hors de lui. Sortir, c’était s’attirer les foudres du Directeur. Rester, c’était un risque pour Shiki et l’affrontement pour Charles.

Alors Lun fit ce qu’il savait faire de mieux. Il fuit, ignorant le risque qu’il prenait face au Directeur, ignorant le reste, et ne laissant le loisir ni à son ami, ni à son ancien amant de le rattraper. Il franchit rapidement la distance le menant jusqu’au couloir, puisqu’à la salle 1.

Là, étrangement, il s’enfonça dans les étages, s’engouffrant dans un bureau, se dissimulant derrière un meuble comme un enfant pourrait le faire. Là, le populaire senti tout le poids de ces dernières heures s’accumuler en lui et, se retenant de vomir, il ferma douloureusement les yeux.

Toutefois, il attrapa son portable et envoya maladroite : ‘‘je t’expliquetais’’ à Shiki, ignorant sa faute de frappe. Ici personne ne pourrait le retrouver : Ici, personne ne viendrait le déranger. Et fort de cette idée, il s’assoupit. D'ailleurs, même si quelqu'un était rentré dans la pièce, il aurait fallu la fouiller pour le trouver.

Invité

Il savait que mentir sur l'amant de Lun n'aurait pas le même effet que parler de ses enfants. C'est pourquoi il avait utilisé cette ''menace'' en second, faisant mouche d'un coup. Le blond avait détruit sa vie une fois, il y a longtemps, normal que la roue tourne enfin. Charles pouvait même aller plus loin, car ce n'était pas une simple provocation. Le psychologue avait toujours gardé un oeil sur les enfants du populaire. En particulier sur le garçon qui, en grandissant, ressemblait de plus en plus à son père. Vu la profession du français, il lui serait facile d'obtenir un papier pour que l'enfant lui soit encore plus accessible. Tous les moyens étaient bons pour se rapprocher de Lun Marv. En le voyant se lever de son siège, en rage, Charles ne put retenir un sourire victorieux qu'il cacha derrière ses mains jointes devant ses lèvres. Puis, il prononça sa réplique en prenant soin de bien s'arrêter sur la fin.

-''Tu as eu ta chance...et tu.l'as...ra-té!''

Ses yeux verts se posèrent ensuite sur le poing de Lun en haussant un sourcil, signifiant qu'il ne l'intimidait pas du tout. Qu'il le tue, mais vive avec les conséquences de son geste, encore une fois. Charles savait que le plus jeune en serait capable, c'était visible dans son regard et ça l'amusait follement. Cette excitation qu'il tenta de contenir pour laisser l'impassibilité se lire dans son visage, ainsi que l'incompréhension alors que Lun s'emportait littéralement. L'homme bougea le pied de justesse pour éviter la fureur du plus jeune, regardant avec exaspération la mini flaque sur le sol, puis leva les yeux sur lui. '' C'est là que tu te trompes Lun...'' Il se leva pour être à son niveau, sa silhouette imposante rabaissant celle du plus jeune. '' Je te connais plus que tu p...''

--Lun ? Sensei ? Qu’est-ce qu’il se passe ?

Un petit curieux qui s'inquiète pour son compagnon, comme c'est mignon, et triste à la fois. Charles tourna la tête complètement vers le japonais et avant qu'il puisse dire quelque chose, Lun le devança. Le psychologue ne dit pas un mot lors de l'échange, ou plutôt le monologue de Marv, et lorsque ce dernier quitta la salle, il plongea son regard sur Shiki.

-''Tout va très bien. Une petite rancune, rien d'important. Je suivrais son conseil.''

Puis, il ignora l'étudiant en retournant se trouver une place, près de Terrada tiens, pour se rappeler du bon vieux temps.

8h30. Le sourire d'Ethan lui fit plaisir, et elle-même s'offrit une pomme verte en guise de petit-déjeuner. Le reste ne lui faisait absolument pas envie, étant vaguement écoeurée par la chaleur de la salle. Les sucreries ne l'aideraient en rien. La main de son fiancé sur sa hanche ne la dérangea absolument pas. Avec lui, c'était devenu une formalité, d'ailleurs plutôt agréable. Au moins ne pouvait-on pas leur reprocher de dépasser le stade de la « bienséance », et, pensa-t-elle, il était bon de sentir que la chaleur de l'Américain la réveillait un peu. Attrapant toutefois une tasse de thé brûlant, elle la porta à ses lèvres avec répidité mais précaution, sirotant une petite gorgée qui lui fit lacher un court gémissement de bien-être. Une pomme, un thé, son homme. Il lui manquait juste un endroit plus agréable.

Saluant Kim d'un signe de tête et d'un court sourire, elle reporta son attention sur Bianca, à qui elle sourit avec plus d'insistance, venant déposer une courte bise sur sa joue. Miya se fichait pas mal du « côté innaccessible », et préférait largement montrer à la terre entière qu'une personne avait réussi à devenir son amie plutôt que de jouer la froide et insensible. Le souvenir de leur soirée mondaine lui revint en tête, lui arrachant un bref éclat de rire qu'elle cacha par un léger toussotement, le brillant de ses yeux ne pouvant pourtant pas échapper à sa compatriote.
Clignant des yeux à la proposition d'Ethan, elle eut un sourire d'une conviction enfantine troublante, appuyant bien son : « Oui ! », démontrant assez facilement son ravissement.

08h45. Il était temps de regagner sa place. Se rassoyant, elle fut agréablement surprise en constatant qu'Ethan faisait de même, cette fois-ci, et à côté d'elle. Il était mignon, tout de même, à ne jamais vouloir démontrer ouvertement leur relation, tout en multipliant les signes démontrant qu'ils s'aimaient... Esquissant un petit sourire en coin venant ourler ses lèvres d'une moue narquoise, elle se reprit en remerciant la personne distribuant le réglement, le parcourant assez rapidement, ses lunettes venant se glisser discrètement sur son nez, malgré son dégoût à devoir les enfiler. Au moins celles-ci étaient-elles jolies...
Miya tiqua en même temps qu'Ethan sur le même alinéa. Encore un autre club ? Sérieusement ? Lâchant un long soupir désapprobateur dont la signification n'échappa à personne, elle n'en hua pas la secrétaire pour autant. Elle n'y était pour rien. Relevant son regard sur elle, elle eut un petit pincement de coeur devant cette silhouette frêle et mal-assurée. Ca, c'était vraiment secrétaire du directeur de l'Académie ? Eh beh, pas de bol...

Sa feuille quitta miraculeusement sa main. Clignant des yeux devant ses doigts s'étant refermés dans le vide, l'appel d'air qu'elle sentit à côté d'elle lui arracha un frisson qu'elle ne réprima pas, sachant pertinemment que son fiancé venait de se lever en prenant sa feuille au passage. Aïe. Les ennuis allaient commencer. Au moins avait-il le courage de s'exprimer, mais elle espérait sincèrement qu'il n'allait pas s'attirer d'ennuis... Personnellement, prendre art floral ne la dérangerait pas. Même si elle avait déjà énormément de choses à faire, elle savait qu'elle y prendrait du plaisir. Et puis, c'est sa mère qui serait contente, tiens... Elle pourrait même se servir de cet argument pour faire sauter un ou deux trucs qu'elle jugeait des plus inutiles.

09h40. Un regard surpris vint se poser sur le directeur alors que ce dernier annonçait que les élèves de 4e année devaient repasser leur examen. Son premier réflexe fut de pivoter sur sa chaise pour chercher Lun du regard, ne rencontrant que celui - oh, miracle ! - de Jin. Sans lui sourire, ses prunelles s'emplirent de connivence. Ils avaient songé à la même chose. Oh le beau scoop pour le journal !!
Sa main se posa furtivement sur le genou d'Ethan, en une courte caresse aérienne, avant de regagner sa propre cuisse. Elle ne souhaitait pas le voir contrarié. Surtout que cette histoire était loin d'être finie. Raaaah. Pour peu, elle se serait enfuie loin d'ici pour aller se caler dans un café et fumer une cigarette, chose qu'elle n'avait pas fait depuis plusieurs mois. Aussitôt, l'envie de nicotine se fit sentir, lui faisant pourtant ressentir un grognement sourd. Manquait plus que ça !

10h30. Nerveuse, la demoiselle se leva et s'étira, lâchant, cette fois-ci, le fameux grognement qui passa inaperçu au milieu du brouhaha général. Viiiite, que tout finisse, elle n'en pouvait plus. Observant Ethan du coin de l'oeil, elle murmura, d'une voix sourde :

« Bordel, j'ai envie de fumer. »

Reportant son attention sur la salle, elle repéra Jin une nouvelle fois, et leva son index dans la direction de son fiancé, déjà ailleurs.

« Je reviens dans deux minutes. Juste le temps de voir quelqu'un... »

S'éloignant rapidement, elle se rapprocha de Jin, discrètement, en s'assoyant juste derrière lui. Un raclement de gorge se fit entendre pour signaler sa présence. Ils avaient beau se connaitre peu, ils vivaient tous deux pour le journalisme. Ca aidait, ne serait-ce qu'à passer par-dessus le style vestimentaire de la racaille...

« Ikeda-san. On fait ça en équipe ou en solo, pour ce coup-là ? »

Une fois sa réponse en poche, elle retourna vers son fiancé, souriante, comme si de rien était. Ahlala. Vivement la fin, qu'ils s'en aillent !

Définitivement ? Pas tant que ça. Un illustre inconnu qui aurait tenté de le réveiller à ce moment là aurait lamentablement échoué. Mais ce n'était pas un étranger qui lui tira la manche et lui adressa la parole d'un adorable petit ton inquiet, c'était Kaori !
Quinn émergea donc de son absence en clignant des yeux tel un hibou qu'on aurait brusquement placé en pleine lumière. Mais un hibou doté d'un bon caractère – Quinn n'était pas du genre à s'offusquer lorsqu'on le tirait de ses rêveries, après tout, il avait bien conscience que cela pouvait paraître curieux, voire inquiétant pour le reste du monde.
Il adressa donc un beau sourire à sa vice-présidente et la rassura de quelques mots :
« Je vais bien ! Pas d'inquiétude, dear.... »
Et il ajouta sur le ton de la confidence :
« ...C'est juste les discours... Ça m'endort ! » conclut-il en riant de son cœur.
Et il ponctua son intervention en passant sa main sur la tête de la jeune artiste, lui ébouriffant les cheveux au passage... Avant de se rendre compte de la pagaille qu'il avait semé dans sa frange et de tâcher d'y remédier avant que la jeune fille ne regagne sa place.
Et alors qu'elle s'éloignait, il ajouta :
« Au fait... Félicitation ! ♥ »

Puis, avisant le reste de la salle et constatant que personne ne semblait avoir besoin de ses services, il esquissa un petit sourire, son regard retourna se fixer sur un point indéfini droit devant lui, et ses pensées, elles, retournèrent... Ailleurs.

Concentré pendant tout ce temps sur ce qu'il se passait devant lui, Jin n'avait accordé que peu d'intérêt à ce qu'il se passait derrière, dans la salle. C'est pourquoi sa première réaction lorsque quelqu'un vint lui adresser la parole, et qu'il découvrit de qui il s'agissait, fut la surprise. En effet, cela faisait maintenant un moment qu'il n'avait pas vu Shin Masara.
Néanmoins, passé le premier instant d'étonnement, il se fit un plaisir d'échanger quelques mots avec le gothique, qu'il comptait au nombre restreint de ses vrais amis, et qui était le seul avec qui il avait échangé quelques mails durant son « exil » à Hokkaido. Découvrir qu'il était de retour au Japon – et qu'il avait l'intention d'y rester – lui fit du coup réellement plaisir, et le mit de très bonne humeur pour les moments à venir.

C'est pourquoi, quand son ami retourna à son siège, Jin était dans d’étonnamment bonnes dispositions lorsque s'avança vers lui la populaire Miya Chanteclair. De tous les membres du journal, bien peu étaient ceux qui avait déjà rencontré Jin en personne – qui travaillait principalement par « correspondance » - et la miss était de ce nombre. Tout l'opposait à cette jeune fille toujours bien fringuée et bien entourée, et pourtant il existait une situation qui les mettait toujours d'accord et c'était lorsqu'un scoop se profilait.
Et en l’occurrence, Jin le savait, Chanteclair avait aussi bien que lui vu le potentiel journalistique que pouvait avoir cette histoire de hacker.
C'était d'ailleurs précisément de cela qu'elle était venu lui parler lorsqu’elle s'assit derrière lui, attira sobrement son attention et attaqua sans préambule :
« Ikeda-san. On fait ça en équipe ou en solo, pour ce coup-là ? »
Se retournant vers la jeune fille, Jin esquissa un sourire mutin – celui qu'il abordait toujours lorsqu'il était question d'un scoop croustillant.
« Eh bien... J'ai pour habitude de travailler en solo, comme tu le sais, mais... Je pense qu'on ne sera pas trop de deux sur ce coup-là, Chanteclair ! »
Il lui tendit la main. « Ravi de faire équipe avec toi, partenaire. »

Pour le coup, il n'aurait pas pu trouver meilleur binôme. Lui-même se battait avec les mêmes armes que le hacker et serait apte à saisir les subtilités techniques de cette affaire ; et Miya pour sa part leur obtiendrait sans mal toutes les informations dont ils allaient avoir besoin : quand était-ce arrivé, comment... Bref, tout ce qui pouvait s'apprendre en posant des questions et en tirant les bonnes ficelles.
Jin regardait sans la voir la jeune fille qui regagnait sa place, mordillant l'ongle de son pouce gauche, réfléchissant à un plan d'action.
Puis, avisant le retour de la plupart des étudiants à leur siège, il en conclut que la fin de la pause était proche, aussi ré-alluma-t-il son magnétophone et se re-concentra-t-il sur ce qu'il se passait sur l'estrade.
« Bon alors, qu'avez-vous d'autre d'intéressant à nous dire, messieurs les officiels... ? » murmura-t-il à sa propre intention.
Alors il ricana intérieurement. Igarashi, si tu pensais t'occuper de cet article, c'est mort, j'le garde pour moi ! C'est vrai quoi, dans le journalisme, c'est premier arrivé, premier servi ! Règles d'or : ne jamais laisser passer un scoop potentiel, et toujours vérifier ses infos.
Et pourtant Jin comptait transgresser la première règle, concernant quelque chose qu'il avait vu aujourd'hui même : Lun Marv particulièrement énervé contre le psy Brisebois. Ça, c'était clairement louche et il y avait probablement derrière ce coup d'éclat une histoire monumentale. Et pourtant, Jin n'avait pas l'intention de creuser là-dessous. Il y a des fois où même le plus chevronné des journalistes doit savoir s'arrêter. Et là, ça ressemblait beaucoup à une de ces fois. A plus forte raison parce que Marv était le rédacteur en chef de Keimood, d'ailleurs.

Le directeur, monsieur Ashita SHIORI redressa un sourcil mécontent quand un élève du nom d'Ethan Matthews vint s'adresser à lui. Il redressa les lunettes sur son visage, fit une moue sévère avant de répondre calmement : Monsieur Matthews, je n'ai guère le temps de répondre à votre humeur pour le moment. Venez au bureau n°04, après la cérémonie, et je prendrais le temps de vous répondre.

A la fin de sa phrase, le directeur retourna sur l'estrade, et appela les élèves venant d'avoir la majorité pour les féliciter. A 11h30, quelques civils rentrèrent dans la salle et le Directeur les invita à venir visiter l'académie Keimoo.

***

Le Maire parla de long et en large des projets de la ville de Keimoo, accentuant sur le bien fondé des démarches allant vers la population tout en gardant à l'esprit qu'ils devaient se surpasser pour obtenir des résultats compétitifs dans le secteur du tourisme et de l'industrie. Il souligna que l'académie produisait de brillants élèves dont une infime partie, mais une partie tout de même, demeurait dans la ville et favorisaient son exploitation. A la fin de son discours, il indiqua qu'il se rendait à l'académie selon l'invitation du Directeur et quitta la salle.

► Rien de Particulier, vous pouvez faire le RP de fin de votre personnage le conduisant de là où il se trouve actuellement à l'endroit où le hasard l'a placé.

Invité

Yoite eut à peine le temps de commencer ce qu'il avait choisi d'engloutir pour tenter de se une meilleure humeur que le directeur revient sur scène, triomphant. Le jeune rebelle détestait cet homme, il le trouvait si arrogant. Comme s'il n'avait pas été élève avant eux!
Secouant la tête en cessant aussitôt de le regarder, continuant même de manger alors que l'un de ses potes lui piquaient une petite boule de riz, Yoite esquissa un sourire quand il comprit que le sujet du règlement intérieur allait être revu et lu pour tous de façon à ce qu'il soit clair pour chacun. Ce qui le faisait rire, c'est qu'il allait encore mieux savoir ce qu'il était interdit de faire ici! Aussi surprenant que cela puisse paraître, il écouta.
- Retards pas tolérés, il allait faire un effort pour mettre son réveil 5 à 10 minutes "plus tard" qu'actuellement.
- Yoite tiqua un peu au sujet de la tenue. Il avait déjà pensé à tenter de dégrader l'image de Keimoo mais il tenait trop à sa propre image pour faire un scandale vestimentaire et devoir porter le même uniforme que tout le monde le gênerait trop.
Attentif à la suite, cherchant le vrai scandale à réaliser, il fut attiré par cette interruption soudaine mais la suite ne l'intéressa pas trop. Un hacker, à la bonne heure. C'était juste une bonne nouvelle! Malheureusement, la suite fut trop longue et l'attention de Yoite se reporta vite ailleurs. Il venait d'apercevoir cette chère Ôsen et ... elle semblait heureuse! Une chance pour elle, une tête blonde passa devant le champ de vision de Yoite et l'accapara sans détour.

Une pause fut accordée mais elle fut de trop courte durée pour notre jeune rebelle. Il reperdit aussitôt son attention en se concentrant sur tout sauf sur le directeur.
11h45, Yoite était avachi contre un de ses potes, ne cessant de grogner qu'il voulait rentrer, qu'il souhaitait dormir, qu'il ne tenait plus en place et qu'il avait envie de pisser. Ses potes semblaient en avoir marre de lui, même si un sourire se dessinaient sur leurs lèvres. A croire qu'il n'avait aucune retenue. Ils lui indiquèrent le chemin vers la sortie, lui disant bien qu'il devait revenir d'ici à 5 minutes sous peine de trop les faire attendre. Il ne se fit pas prier!
Se retrouvant sans le vouloir pas trop loin de Nikolaï et d'un autre mec qu'il ne connaissait pas, même de vue, Yoite retrouva sa bonne humeur mais elle fut de courte durée. La vieille bique semblait les avoir attendu et sans pouvoir dire non, ils furent tous 3 embarqués vers les archives, au sous-sol, avec de lourds dossiers dans les bras.

« Les débordements que monsieur le Maire évoquait concernant nos académiciens sont indiscutablement inexcusables. Pour cette raison, nous vous invitons à prendre rendez-vous à mon bureau au moindre fait nouveau que vous remarquerez. Les élèves qui auront un comportement inadaptés seront punis et ne seront nullement protégé par notre académie. Croyez que nos étudiants veulent vous prouver qu’ils sont des citoyens qui aiment la ville de Keimoo. Pour cette raison, à 11h30, nous vous invitons à nous rejoindre salle 2, pour en faire la connaissance. En espérant vous y voir nombreux. »

Cammy s'était faite toute petite lorsque le directeur de l'Académie s'était joint à la salle 1 pour faire son discours. Il avait bien changé depuis le dernière fois qu'elle l'avait vu. Pas forcément en bien. Elle même avait bien changé aussi, plus femme, plus mature. Mais pas suffisamment visiblement, puisqu'une employée de Mairie l'avait prise pour une étudiante. A quelques mois près, elle aurait pu ne pas se tromper. Mais non Madame TAKANA, Cammy n'est pas sur votre liste, alors inutile de forcer vos rides à se creuser en lui lançant un tel regard.
Elle n'avait pas aimé d'être dévisagée ainsi. Et d'ailleurs, depuis le début de la réunion, la demoiselle avait cru sentir des regards se poser lourdement sur elle, ce qui était le cas ! A la seule différence que, lorsqu'elle en croisait un, son propriétaire lui offrait un petit sourire. Définitivement, elle se sentait mieux maintenant qu'elle était devenue une simple citoyenne de la ville. Pour rien au monde elle ne se rendrait à l'autre salle à l'issue de cette réunion.

De loin, elle avait aperçu Yui mais n'avait pas osé l'approcher. Vous pouvez dire ce que vous voulez, elle n'est pas une stalkeuse. Peu de temps après, son père s'était introduit dans la salle. Repérant rapidement la chevelure flamboyante de sa fille, Seth LOGAN s'était installé à côté d'elle, c'est entre adultes qu'ils avaient assisté à la suite de la réunion. Cammy lui avait alors donné son dictaphone pour qu'il puisse connaitre les sujets que Maire avait abordés en début de la réunion. Hélas Seth fut appelé en urgence car un patient venait d'être hospitalisé, ayant subi un commotion cérébrale après avoir reçu un coup de batte de base-ball sur l'arrière de son crâne.
Mais Cammy ne fut pas longtemps seule car une des employées de la Pâtisserie del Lys vint à sa rencontre afin de l'inviter à goûter à sa nouvelle oeuvre. Les deux femmes se connaissaient depuis un moment maintenant. Cammy lui avait déjà proposé un coup de main lorsque la pâtissière s'était retrouvée en sous effectif à la suite du renvoi de son binôme.

La réunion prit alors fin. Cammy se fondit volontairement dans la foule pour passer le plus incognito possible. Il y avait bien trop de monde de l'Académie, ça la mettait mal à l'aise. Et surtout, elle devait éviter de croiser le Directeur. Sans difficulté, elle parvint à se hisser jusqu'à la sortie pour se diriger vers la boutique, en prenant un chemin détourné. Elle s'arreta en route vour envoyer un message à son père, elle comptait lui rapporter une petite pâtisserie. Et puis, ils ne se voyaient pas souvent, ça serait une bonne chose. Surtout que sa mère avait décidé de retourner un mois en Australie, au chevet de sa tante en phase terminale d'un cancer généralisé.

[nda: C'est qu'on s'amuse beaucoup chez les Logan...De vrais bout-en-trains dans cette famille.]

Si dans un premier temps, l'inquiétude marquait les traits de Shiki, ça n'allait hélas pas durer. Ce qu'il savait pour sûr, c'est que ce qui se tramait entre le professeur et Lun n'avait rien à voir avec les cours. Shiki n'avait jamais vu Lun dans un tel état de fureur, et ce n'était certainement pas les études qui seraient responsables de ça. C'était donc une histoire personnelle, le tutoiement des deux hommes en était la preuve formelle. Mais alors... Quelle Importance avait Charles Brisebois dans la vie de Lun pour que ce dernier n'ait jamais eu la décence de lui parler, à lui, son ami depuis si longtemps ? Le "Je ne me sens pas très bien" était évident, mais Shiki ne s'en satisfit pas. Le creepy allait proposer au populaire de s'entretenir avec lui en privé, un peu plus loin, mais il n'en n'eut pas le temps.

Ce n'était que quelques mots qui n'avaient pour but que de donner le change, il ne pouvait en être autrement. Que le blond l'envoie balader, pourquoi pas, la colère a tendance à pousser n'importe qui à dire, agir de façon qu'on ne soupçonnerait pas. Et pourtant, le Japonais en fut heurté. Parce que le regard que Lun lui avait lancé, qu'il soit vrai ou surjoué, avait tapé dans le mille. Shiki était saisis et confus à la fois. Une fois de plus, il fut incapable de dire quoi que ce fût, sauf que cette fois, la sensation était différente. Il étouffait, comme si on lui bloquait la respiration. Hélas, il reconnut ce sentiment communément appelé "la peine".

Elle s'accentua lorsque l'Anglais posa fermement sa main sur son épaule en s'en allant. Qu'est-ce que ça voulait dire ? Un contact si proche, si rassurant. La confusion était à son paroxysme. Et puis, le populaire s'en alla, laissant Shiki seul face à Brisebois.
Charles Brisebois. Les mots de ce dernier était dépourvus de ton, ils étaient froids. Mensonge. Sans parvenir à se contrôler, l'étudiant métis se mit à le haïr. S'il ne pouvait découvrir la vérité de la bouche de Lun sans risquer de le perdre, il finirait par découvrir ce que ce professeur tordu avait en tête. Et pour ça, Shiki se sentait prêt à tout. Il chercha son téléphone et se souvint l'avoir prêté à son père. Dommage. Au moins, il ne ferait rien d'irrémédiable pour le moment. Peut-être devrait-il attendre d'être en Angleterre avec Lun pour mettre les choses au clair.

Il passa le reste de la réunion sur ce siège qu'occupait Lun précédemment. Par la suite, le Maire s'introduit dans la salle, puis à 11h30, il revit son père qui lui informait qu'il rentrait à la maison. Plusieurs coups de fil importants à passer. Shiki s'apprêtait à s'en aller aussi. Il ne voulait plus rester dans cet endroit. Et puis... il était attendu. Sauf qu'il allait être retenu par le Directeur himself puis peu après par une fouineuse du club de journalisme. La suite.

Bon. Apparemment, ces messieurs n’avaient rien d’autre d’intéressant à dire. Il enregistra le discours plein de bons sentiments du maire, mais honnêtement, cette journée semblait avoir atteint son point culminant lors de l’annonce du hacking, et c’était d’ailleurs ce qui ferait la majorité de son article relatant les événements.

Du moins, c’est ce qu’il pensait quand, après s’être étiré de tout son long – il était resté bien trop longtemps tassé sur sa chaise – il se leva puis se dirigea vers la sortie.
Néanmoins, son but n’était pas de sortir du bâtiment. Pas tout de suite. Il y avait encore une montagne d’infos à glaner avant d’entamer l’enquête informatique nécessaire au dénouement de cette affaire. C’est pourquoi le journaliste tâcha de se mêler aux allées et venues créées par la présence de tant de personnes en ces lieux habituellement si calmes et se mit à parcourir les étages en laissant traîner une oreille curieuse dans l’espoir d’isoler un élément important.
Il en nota plusieurs. D’abord : le directeur se rendant dans un bureau. Tiens ? N’était-il pas censé mener la visite de l’Académie, celui-là ? Qu’avait-il encore à faire dans les locaux de la mairie ? L’espace d’un instant, Jin fut tenté de le suivre. Mais son instinct lui souffla de jouer la carte de la prudence. Enquêter, oui. Plonger tête la première dans les problèmes, ça n’était pas le moment. Et d’ailleurs, en parlant de problèmes, de quoi pouvaient bien parler Chanteclair et Indentshi, discutant au détour d’un couloir ? Bien qu’ils soient probablement, comme lui, à la recherche d’informations intéressantes à inclure dans le journal, il ne pouvait s’empêcher de douter. Peut-être parce que l’entente entre lui et Eden était loin d’être cordiale ? Quoi qu’il en soit, il se fit violence afin de na pas céder à l’envie de les interrompre d’un « De quoi vous parlez ? » qui aurait été probablement hors de propos et loin d’être classe, et il s’engagea dans un couloir adjacent afin de poursuivre ses recherches.
Et c’est ainsi qu’il retomba sur le directeur, se dirigeant vers les étages. Voilà qui était hautement suspect. Pourquoi diable Ashita persistait à se trouver partout sauf là où il était supposé être ? Cette fois, Jin laissa la curiosité l’emporter : après s’être brièvement effacé à l’angle de l’escalier, il entreprit de suivre le chef d’établissement à distance, espérant en tirer quelque info croustillante… pour le perdre, encore, arrivé à l’étage supérieur. Vide. Rah.
Et toutes les portes fermées. N’en ayant entendu aucune claquer, il en conclu que le directeur ne s’était pas arrêté à ce palier, et reprit son ascension. Deuxième étage, une porte ouverte. Tiens, tiens…

→ Suite

Ma présence dans les toilettes avait cassé toute l'ambiance apparemment puisque ni Yoite ni Eden ne cherchèrent à discuter mes propos ou continuer leur discussion. Ils se contentèrent de quitter la pièce pour retourner là où ils étaient censés être sans dire un mot, ou presque. Ah la la, c'était vraiment pas fait pour moi ce genre de boulot de surveillants. Les étudiants et autres élèves étaient si ennuyants à leur façon que ça en devenait vite lourd. Ils se cherchaient pour un rien et se plaignaient ensuite qu'on vienne les déranger. C'était pourtant normal, non ? Surtout en plein cœur de la mairie !! Enfin bref, je n'avais pas tardé à les rejoindre au rez-de-chaussée afin de m'assurer qu'ils n'allaient pas encore jouer les touristes. Fort heureusement, je n'eus plus besoin de jeter un oeil sur eux puisqu'ils se tinrent plus ou moins à carreau par la suite. En fait, c'était un autre élève qui avait accaparé l'attention de tout le monde ensuite: Sei Niimura. Monsieur s'était carrément introduit dans le bureau du Maire en personne ! Bon, il s'était fait chopper, c'était l'essentiel.

De retour dans la salle 2, je m'étais confortablement installé sur une chaise avec de quoi grignoter et boire pendant un bon moment. Le Directeur commença alors à nous lire le nouveau règlement intérieur. Comme à peu près tout le monde, j'avais légèrement tiqué sur l'article II.6 concernant les us Japonais. Autant dire que je me voyais absolument pas faire du thé ou de l'origami. Quant au Kyudo, ça ne m'intéressait pas non plus. Je me rappelai alors que je pouvais facilement intégré le club de Karaté sachant que je représentais le club des sports de combats à mains nues. Pratique. Et puis, le Karaté ne pouvait pas me faire de mal. Au contraire même. Néanmoins, mis à part ce point-là qui était limite raisonnable, je ne voyais aucun problème à ce nouveau règlement. Il était certes stricte, mais on n'était pas dans n'importe quel Académie en même temps. Sans un minimum de rigueur, les élèves se laisseraient aller et l'établissement perdrait de son prestige. Nous élèves et étudiants de cet Académie représentions en quelque sorte l'élite de Keimoo. C'était donc à nous de nous montrer à la hauteur.

Par la suite, les élèves de 4ème année avaient été forcés de repasser des examens. Puis le Directeur reprit et parla de budgets et autres changements qui ne m'intéressaient pas plus que ça. Je restai donc sagement sur ma chaise et attendis que le temps passe sans rien dire. J'avais légèrement depuis cet accident de moto. Le fait de ne plus pouvoir boxer pendant quelques mois m'avait rendu un peu plus sérieux et un peu moins insouciant. C'était la raison pour laquelle j'avais joué mon rôle de membre du Comité ici, à la mairie, mais aussi la raison pour laquelle j'avais écouté tout le règlement sans m'endormir ou bailler. Certes, j'avais un peu rigolé tout à l'heure quand le Directeur avait félicité deux fois une même élève à des intervalles différents mais bon: on ne pouvait complètement changer. Quoiqu'il en soit, j'avais pris le temps de réaliser à quel point je tenais à cette Académie et à tout ce qui s'y rattachait. Voilà pourquoi je n'avais pas l'intention de laisser quelqu'un entacher l'honneur de celle-ci. Durant l'heure suivante, il ne se passa pas grand chose mis à part la cérémonie des personnes ayant atteint la majorité. Sans véritable raison, j'y avais assisté avant de sortir de la Mairie. Il était 11h40.

"Allez, il est temps de bouger."

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Il y a des journées qui commencent mal.
La plupart des gens qui me connaissent un minimum savent que, de manière générale, je suis plutôt quelqu’un d’optimiste - et il en faut beaucoup pour me saper le moral. Mais c’est une vérité universelle : il y a certains jours où on se dit qu’on aurait mieux fait de rester couché.
Ce 5 Août 2013 en était, clairement. Déjà, la simple idée de se lever tôt un jour férié n’avait rien de réjouissant. Mais que ce soit en plus pour assister à un discours du directeur, ça, c’était le genre de chose qui n’avait guère de chance d’améliorer mon humeur - je ne vous ferai pas de dessin, mon entente avec ce cher Ashita-sensei a toujours été, comment dire... légèrement électrique.
Bref, toujours est-il que c’est avec un soulagement non dissimulé que je ressortis de la salle de conférence en fin de mâtiné. Bon, d’accord, ça n’avait certes pas été aussi terrible que je me l’étais imaginé. C’est juste que... je n’aimais pas ce type. Logan m’avait en quelque sorte reproché ce qui lui était arrivé courant 2010, et moi, quelque part, c’est Ashita que je blâmais pour ça.

Les première note de Mountain Sound, de Of Monsters And Men - ma sonnerie de portable - retentirent, et je m’en emparai, décrochant aussitôt en voyant le nom affiché sur l’écran.

“ Aya ? ” lançai-je aussitôt. “ Même depuis Londres, ton timing est parfait, dis-moi ! On vient juste de finir.

- Ow, ” lança la voix d’Ayame Igarashi à l’autre bout du fil. “ Je sens au son de ta voix que ça a été passionnant. ”

J’eus un rire sarcastique.

“ M’en parle pas ! Un vrai cauchemar. Mais j’imagine que tes sbires te raconteront ça mieux que moi - c’est leur job, après tout ! ”

Aya éclata de rire.

“ Mes sbires ? Tu as de ces mots ! Mais tu n’as pas tort, cela dit, j’ai mis Jin, Miya et Eden sur le coup.

- Sérieux ? Trois journalistes ? Rien que ça ? Eh beh ! Si avec ça t’as pas au moins un scoop, j’sais pas c’qu’il faut ! ”

Il y eut un silence, et je devinai que Ayame avait haussé les épaules de cet air nonchalant qu’il prend toujours lorsque qu’il veut faire celui qui ça n’intéresse pas vraiment.

“ Bah, je suis à l’autre bout du monde, et ce n’est pas tous les jours que le directeur fait un discours. Et on voit où ça nous a mené la dernière fois... ”

A mon tour, j’éclatai de rire, comprenant enfin où il voulait en venir.

“ Désolé, mon grand, je n’ai pas prévu de faire de l'esbroufe cette fois-ci ! ” lançai-je avec un large sourire. “ Le scoop ne viendra pas de moi ! ”

Bien qu’il tentait de le cacher, je sentis clairement la déception dans sa voix lorsqu’il me répondit.

“ Quoi ! Mais non, voyons, je ne...

- ‘Fais pas genre ” l’interrompis-je avec le ton du père qui a pris son gosse à faire une connerie. “ J’suis à peu près sûr que là, tout de suite, t’as la tête de celui qui pensait avoir flairé le scoop du siècle et qui se rend compte que c’est un coup dans l’eau !

- Bon, d’accord. ” admit-il finalement. “ Mais comprends-moi, tu as toujours été une source intarissable de potins ! Je voulais juste m’assurer d’avoir mes infos à la source, voilà tout ! ”

Je levai les yeux au ciel.

“ Sans blague ! Bon, j’vais filer mon grand, pas que ça m’ennuie de m’appliquer à satisfaire ta curiosité, mais j’voudrais aller vérifier que je n’suis pas suivi par un de tes scribouillards !

- Hey, attends ! Je voulais aussi te demander, pour Ei...”

Clic !

Tssk. Il allait falloir qu’on m’explique où est-ce qu’il allait pêcher ses infos, parce que Eiko, normalement, personne n’était encore sensé être au courant.

Je poussai un soupire en atteignant l’extérieur du bâtiment. J’avais aperçu Quinn et Nikolaï un peu plus loin, mais pour être franc, là, tout de suite, j’avais juste envie de rentrer chez moi. Empoignant de nouveau mon portable, j’envoyai trois messages :

Le premier était destiné à l’ensemble des membres du Comité présents à l’événement, afin de les prévenir que je quittais l’endroit.

“ Les ptits loups, j’me caaaasse ! Débrief demain au local, sans faute ! Love you all o/ ”

Le second, évidement, était destiné à Quinn et Sam.

“ Je rentre ! Quinn, bip moi si tu m’rejoins pour manger. Sam, tu es à la maison ? ”

Et le dernier, enfin, était pour Eiko.

“ J’suis en route pour rentrer chez moi. J’te préviendrai si j’suis seul à l’appart, tu pourras m’rejoindre si tu veux. <3 ”

Je remis mon portable dans mon sac dès que s’affichèrent les mots “message envoyé” et descendis la rue à large enjambée. Un instant, j’hésitai à prendre le métro, mais pour le peu d’arrêt qu’il y avait entre ici et l’appart, je me ravisai et décidai de continuer à pied, profitant de la chaleur presque étouffante de ce début d’Août.

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