Le directeur convoque son personnel ~ Chinoiserie Part I

07h00 du matin. Le directeur me convocait à 07h du mat'. Il voulait m'achever, c'était ça ? Hein ? Dans un soupir, j'abaissai mon regard du tableau d'affichage de la salle des profs où j'étais venu me faire un café. Je n'en avais plus vraiment envie, bizarrement. Je commençais à être surchargé de travail, et, en prime, j'allais me faire « examiner », alors que j'étais le médecin scolaire, afin de 'cibler mes compétences et établir un état de mes attentes'. Un bref rire vint étirer mes lèvres en un sourire.

Dormir, c'était bien une attente, ça, non... ? Effectuant un demi-tour, je pris ma tasse de café fumant dans laquelle je jetai deux sucres et me dirigeai d'un bon pas vers le bureau du directeur, afin d'informer sa secrétaire que je serais bien présent. Même si ce rendez-vous aurait lieu super tôt - j'allais devoir me coucher tôt, lever tôt, manger tôt, prendre une douche tôt, venir tôt !! - je comptais bien m'y rendre. Histoire d'assurer ma place dans l'Aca'. C'était cool, ici, après tout. Malgré la présence persistante d'une certaine personne dont le nom n'était plus prononçable...

Arrivé au bureau je frappai légèrement, entrai, sourit de mon plus beau sourire charmeur à la secrétaire qui y répondit en rougissant légèrement - intéressant... A garder en tête - pour confirmer ma présence. Je lui proposais de transmettre également au Directeur que je le maudissais pour une heure aussi matinale, avant de sourire une nouvelle fois, énigmatique, et de refermer la porte derrière moi sur un petit bout de femme ne sachant pas si j'avais été sérieux ou si j'avais plaisanté. Bah. En haussant les épaules, je me dirigeai vers mon cabinet. J'allais encore avoir des gosses à soigner, l'hiver n'avait commencé que depuis un mois...

02/02 - 18h45 : Entretien Shiori Ashita.

Dernière bouffée de fumée, énième cigarette de la journée: un jour il songerait à ralentir la cadence. Pas maintenant.
Accoudé à la rambarde de la fenêtre le psychologue a laissé s'échapper la cigarette d'entre ses doigts. Jeter les mégots ainsi, c'était mal.

Il le savait, mais le fit quand même.

Un entretien avec le directeur de l'école... ainsi soit-il.

Peu importe l'heure, Yui Valentine terminait souvent plus tard que les horaires fixées. Il restait au bureau mais nulle ne pouvait dire s'il y travaillait réellement. Peut être que oui, peut être que non. Ou bien un large mélange des deux, qui sait.

Dans les couloirs, s'est détachée une silhouette en direction des bureaux de l'administration.
Une fois de plus, il serait à l'heure. Sans à priori, ni appréhension, parce que son supérieur n'était plus un barrage à ses projets.

Un papier sur une affiche. Une affiche sur un papier. Elle aurait tout aussi bien pu ne pas le voir. Ou l’oublier. C’était d’ailleurs presque le cas. On l’avait prévenu. Un professeur, un surveillant. Elle ne savait plus très bien qui. Mais on le lui avait dit, tu sais, il y a des rendez vous, et tu es la première. Très bien. Elle avait inscrit la date sur sa main. Et elle l’avait oublié. Et puis, le matin en question, elle était venue tôt, habitué à encore se perde, et elle ne l’avait pas fait. Elle avait vu l’inscription, enfin, de ses propres yeux. Et puis, elle s’était rendu compte, par pur hasard, qu’elle avait dix minutes pour allez au bureau du directeur, parce qu’il était temps. Jour, date, heure.

Cela n’avait jamais été son fort. Yui lui avait fait remarquer, elle n’était jamais vraiment venue le voir. Mais le temps passait différemment pour elle. Elle passait sa vie dans sa classe, parce qu’elle ne connaissait pas le jour de la semaine ni les horaires correspondant. On lui avait bien fait une fiche, mais… Mais Elena était une artiste.

Elle avait donc dix minutes pour arriver chez le directeur. Dix minutes où elle pouvait se perdre, si elle en était capable. De toute façon, la question n’était pas, pour elle, de savoir si elle devait y allait ou pas. C’était un rendez vous, un rendez vous de son patron. Et elle avait encore pleins d’autres raisons d’y aller, et elle n’en avait aucune pour ne pas le faire. La question était de savoir si elle en était capable. Simplement.