Haine cachée sur fond de scolarité | Pv Lucy White

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Il avait suffi que leurs regards se croisent pour qu’elles se reconnaissent.

*

Ameline avait quitté la salle de cours, dernière comme toujours, avec la ferme intention de retourner à sa chambre, malgré les demandes de quelques-uns de ses camarades qui lui avaient demandé si elle voulait sortir. Sa tête tournait un peu, pas suffisamment cependant pour qu’elle ne fasse que songer à aller embêter l’infirmier de l’école. La jeune française n’aimait vraiment pas déranger. Elle se reposerait un peu, et tout irait bien. De toute façon, c’était l’après-midi, et elle n’avait pas cours à cette heure-là. Son sac sur une épaule, elle faisait comme d’habitude attention à n’entrer dans personne, malgré le fait que les personnes devant elle se bousculaient et qu’on la poussait. Alors elle se calait contre le mur, s’en décalant seulement en cas d’extrême nécessité. Elle lâcha un soupir lorsque quelqu’un lui écrasa le pied sans s’excuser. Elle était bien trop effacée pour dire quoi que ce soit, de toutes façons.

Elle écoutait distraitement ce que racontaient les gens autour d’elle. Ca parlait de cuisine, de littérature, des cours, de musique. Elle leva le regard, soudainement, en reconnaissant une voix, l’une de celles qui parlaient de musique. Bien que cette fois-ci, ce soit en japonais et non en anglais qu’elle l’entendait. Leurs yeux s’accrochèrent une seconde, mais chacune partait dans un sens différent, et dans le couloir actuellement rempli, il aurait été difficile de s’arrêter, et faire demi-tour semblait exclu. Pourtant. Non, il fallait qu’elle lui parle. Être sûre que c’était bien elle, qu’elle ne se trompait pas, qu’elle n’avait pas simplement rêvé. Sa tête ne tournait plus du tout, son esprit préoccupé par la jeune femme. Elle arriva finalement au fond du couloir, sortit et reprit la queue dans l’autre sens.

Cette fois-ci, elle ne se contenta de marcher en suivant le flux, non, elle jouait des coudes, courait presque, pour rattraper la jeune femme. Elle avait reconnu ses prunelles bleues, elle ne se trompait pas, elle le savait. Elle était encore derrière, pas très loin cependant. Si elle tendait le bras, elle pourrait sûrement la toucher. Mais elle ne le fit pas. Elle préféra l’appeler.

- Lucy !

C’était l’épreuve du feu. Soit elle se retournait, parce que c’était elle et qu’elle savait que l’on s’adressait à elle ; soit ce n’était pas elle, et elle se retournait, pour voir qui avait été interpellée ; soit, enfin, que ce soit elle ou non, elle continuerait son chemin, sans se retourner, sans hésitation. L’attente parut durer des heures à Ameline, alors que sans doute cela n’avait duré que quelques secondes. Elle n’avait pas osé attraper sa main, comme elle l’aurait fait avant en la reconnaissant, comme elle l’aurait fait si leur relation était restée la même qu’avant.

Lorsqu’elle l’avait appelé, c’était un peu de rancœur, un peu de tristesse qui avaient pris place dans sa voix, au lieu de son habituelle timidité et de sa gentillesse. Parce que Lucy avait fait souffrir Liam. Et que ça, Ameline aurait du mal à lui pardonner. Elle supportait le mal qu’on lui infligeait à elle – après tout, elle n’avait rien dit à l’élève qui avait malencontreusement marché sur son pied – mais elle détestait que l’on fasse souffrir sa famille.
D’accord, les sentiments ne se contrôlaient pas, et sûrement était-elle partie parce qu’elle ne l’aimait plus. Mais malgré tout … malgré tout, elle ne pouvait s’empêcher d’en vouloir à Lucy. Elle l’avait bien aimé, cette fille pétillante, qui jouait de la basse parce que les autres jouaient tous de la guitare. Elle l’avait bien aimé, parce qu’elle était gentille, et puis, elle était jolie, et elle allait bien avec Liam. Liam qui l’avait aimé, beaucoup. Longtemps après leur rupture, Ameline avait continué à lui faire des gâteaux, à le traîner au cinéma … Lorsqu’il avait appris qu’elle était partie au Japon, il s’était calmé. Et heureusement, au fond. Elle finit par arriver à hauteur de Lucy, qui s’était arrêtée.

- Je … Désolée, j’ai pas …

Que dire, maintenant ? Je t’ai appelé parce que tu as fait souffrir Liam et que je veux que tu t’en veuilles ? A vrai dire, elle n’avait plus qu’une envie. Dire « Désolée, je me suis trompée de personne. » et s’enfuir en courant. Mais ça ne se ferait certainement pas si facilement. Lucy allait sûrement la reconnaître. Peut-être lui demander des nouvelles ou elle ne savait quoi. Alors elle tordait ses doigts, nerveuse.

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Enfin. Les choses avaient été réglées depuis que son père avait appelé l’administration. Bizarrement. En fait non, c’était tout à fait normal. Cela se finissait toujours de la même manière de toute façon. Lucy faisait jouer le statut de son père ainsi que ses relations pour régler les affaires qu’elle n’arrivait pas à gérer. Elle s’était donc rendue à l’administration – pour la dernière fois, elle l’espérait – pour venir chercher son emploi du temps et surtout, déposer les derniers papiers qui restait à rendre. Ce n’était pas la même dame que d’habitude. Cela la fit sourire, comme si cette dernière avait envie de l’éviter et qu’elle la fuyait. Enfin, cela importait que très peu. Lucy sortit donc satisfaite du bureau des Admissions. Elle avait enfin pu récupérer son emploi du temps. Ce dernier n’était pas aussi bien qu’elle l’avait espéré. Elle pensait déjà aux cours qu’elle allait sécher. Certains cours se terminaient plutôt tard le soir et cela l’embêtait énormément. Quelques secondes plus tard, elle se rendit alors compte qu’elle avait un cours dans quelques minutes. Elle vérifia donc la salle mais le souci était qu’elle ne connaissait pas vraiment l’université. Du moins, elle ne se souvenait plus du tout des salles. Auparavant, elle avait été dans un autre cursus et les salles avaient été différentes. La partie de l’université dans laquelle elle avait cours désormais était toute nouvelle pour la jeune fille. Mais elle haussa les épaules, et décida d’avancer avec le sourire. Elle arriverait à se repérer quand même un peu et elle trouverait forcément la salle au bout d’un moment.

Alors qu’elle errait, un peu perdue dans les couloirs, parmi le nombre effroyable d’étudiants – que ce fussent des lycéens ou pas – et comprit qu’elle était allée beaucoup trop loin. Elle n’était pas dans la partie université qu’elle devait rejoindre par une passerelle entre les deux bâtiments. Une fille accourut vers elle. Une admiratrice qui l’avait reconnue. D’un côté, ce n’était pas vraiment difficile. Lucy ne se cachait pas, bien au contraire. Elle était toujours restée l a même. De plus, cela ne la dérangeait en rien que des fans venaient la voir pour lui demander des autographes. Elle aimait bien leur faire plaisir et le leur signer. Bien évidemment, si elle entretenait une relation plutôt proche avec ses fans – ce qui était fort appréciable à leurs yeux – il arrivait parfois que certains d’entre eux voulussent en savoir plus sur elle. Ce n’était pas qu’elle refusait à leur révéler sa vie, mais c’était parfois embarrassant ou tout simplement, ils étaient trop collants. Lucy essayait donc faire face à cela et puis, c’était tout. En tout cas, cette jeune japonaise qui était venue à ses côtés lui expliqua qu’elle avait été à un concert en Angleterre pendant lequel KO-MON avait joué et depuis, elle les adorait. La jeune anglaise la remercia avec un énorme sourire et lui signa un autographe dans son agenda. Par la suite, elle lui demanda de l’aide afin de l’amener à sa salle de cours, ce que la japonaise ne refusa pas du tout, toute heureuse de pouvoir aider la chanteuse. Pendant le chemin, les deux filles commencèrent à discuter de musique, notamment du groupe de Lucy.

Toutefois, une deuxième personne interpella son prénom au bout d’un certain moment. La chanteuse s’arrêta. Non seulement parce qu’elle le faisait toujours lorsqu’une personne l’appelait, mais également parce que cette voix, elle était empreinte d’un léger accent français. Peu de personnes l’auraient reconnu, pourtant Lucy savait faire la différence entre un parfait accent britannique et un anglais avec un quelconque autre accent. Surtout que le français était tout à fait reconnaissable et très connu. Par ailleurs, la voix lui sembla bien plus familière qu’elle ne l’aurait voulu qu’elle le fût. Alors Lucy hésita quand même quelques instants à se retourner. Elle s’excusa auprès de la fille avec qui elle parlait à l’instant et finit quand même par se mettre face à sa nouvelle interlocutrice. Oui, c’était une fille. Et oui, c’était bien la personne qu’elle avait imaginée. Ameline Dubois. Elle se tenait, là, debout, en face d’elle. Celle-ci se rapprocha de quelques pas puisqu’elle n’était pas à la hauteur de Lucy à la base. Pendant ce temps, l’Anglaise se souvint de tous les moments passés avec Ameline mais surtout, avec Liam, son grand frère. Lucy était sortie avec Liam pendant quelques semaines. Elle savait que ce dernier l’avait aimée et qu’il s’était attaché à elle. Pourtant, même si la jeune fille avait été sérieuse avec lui quelques temps, ce n’était le genre de celle-ci de rester beaucoup trop longtemps avec quelqu’un. Elle avait donc fini par rompre avec Liam assez rapidement. Lucy détestait s’attacher autant qu’elle ne l’avait fait et elle avait certainement fui quelque chose qu’elle ne connaissait pas, en prétextant agir comme elle le faisait normalement. A savoir donc, changer de mecs comme elle changeait de chemise. Non pas qu’elle était nymphomane, elle avait juste du mal à être avec un mec pendant trop longtemps car elle ne s’y attachait pas vraiment au final. Pour Liam, cela avait été différent.

Ce fut la raison pour laquelle, Lucy se sentit tout d’un coup mal à l’aise. Ameline avait une relation fusionnelle avec son frère. Ils étaient très proches. La chanteuse comprenait alors que la jeune fille devait lui en vouloir. Elle s’en doutait, en rompant avec lui, elle l’avait fait souffrir. Elle s’était alors détestée, tout comme elle avait haï Liam à cet instant. Il avait réussi ce que peu avaient fait : le fait qu’elle s’y attachât autant et le fait que lui également, fut vraiment très difficile. Alors plus Ameline s’approchait, plus Lucy ressentait ce mal être. Elle sentait que la Française n’avait pas envie de lui épargner ce qu’elle avait fait. Surtout qu’en plus, quelques semaines après s’être séparée de Liam, elle avait pris l’avion pour le Japon. Lucy se dit alors que le monde était vraiment petit. Trop petit. Parfois c’était dans le bon sens, mais parfois pas trop. Comme à cet instant. Ameline arriva à son hauteur et finit par bredouiller quelques mots. Visiblement cette dernière n’était pas à l’aise non plus. La Britannique se mordit la langue. Elle hésita à parler. Pourtant, était-ce réellement nécessaire ? Après tout, Ameline pouvait très bien partir sans rien dire d’autre et l’histoire était réglée. Son instinct lui disait que de toute façon, un jour ou l’autre la vérité allait sortir. Tôt ou tard. Il valait peut-être mieux ne pas attendre trop longtemps. Surtout que par la suite, Lucy y penserait tellement, au fait qu’Ameline se trouvait au Japon, qu’elle finirait certainement par se prendre la tête avec cette histoire. Autant en finir maintenant. Dire les quatre vérités.

- Ameline, je suis surprise de te retrouver ici, au Japon, dit-elle en anglais. Comment vas-tu depuis le temps ?

Elle avait envie de lui demander : et Liam ? Etait-il là, au Japon lui également ? Mais elle sentit que ce n’était pas encore le moment. Il fallait commencer doucement puis dériver lentement vers les questions qui fâchaient. C’était vraiment le mieux à faire.

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Lucy – si toutefois, c’était bien elle – s’arrêta après l’appel d’Ameline. Elle adressa quelques mots à la personne avec qui elle parlait, et enfin, se tourna vers elle. Et oui, devant elle, se trouvait bien Lucy White. Alors elle avança de quelques pas, et déjà l’hésitation montait en elle. Avait-elle fait le bon choix en l’interpellant ainsi ? Peut-être aurait-elle dû éviter, faire comme si elle ne l’avait pas vue. Et peut-être auraient-elles finies par ne plus se croiser. Peut-être Ameline aurait-elle tout fait pour ne plus la voir, s’écarter de son chemin, ne plus la rencontrer au hasard des couloirs. Mais non, elle avait crié ce prénom. Et maintenant, que faire ? Lui jeter la vérité en pleine figure, se contenir le temps de trouver les mots qui convenaient ? Un choix entre les deux : le bredouillement. Le murmure indécis, les points de suspension ancrés entre les mots, presque concrets, presque touchables, tant on les entendait. Par pitié, que quelque chose arrive et me délivre de cette situation particulièrement gênante. Où je me suis empêtrée moi-même.

Et alors qu’elle se décidait à s’enfuir, parce que vraiment, cette situation devenait trop embarrassante, ce fut Lucy qui la « sauva » de son silence. Quelques mots. Rien que quelques syllabes apposées bout à bout, qui pourtant, l’empêchèrent de se retourner et aller … n’importe où, du moment que ce fut loin de Lucy. Des sonorités anglaises, aucune trace de ton … moqueur ? Un peu de surprise teintait ses propos, mais rien de ce à quoi Ameline s’attendait. Alors, avec de grands yeux ronds, elle leva la tête vers son interlocutrice, oubliant presque la rancœur qu’elle éprouvait.

- Euh … oui, ça va. Je suis venue étudier ici pour ne plus avoir à suivre mes parents partout dans le monde … tu sais comment ils sont, non ?

Il était évident, qu’elle savait de quoi Ameline parlait. Même si Lucy n’était restée avec Liam que quelques semaines, elle avait rencontré la famille plusieurs fois, et elle devait donc savoir que leur père travaillait dans une entreprise internationale et que par conséquent, ils se déplaçaient très souvent. Liam avait même pris un appartement en Angleterre pour pouvoir rester avec Lucy alors que les autres repartaient en France. Appartement qu’il avait conservé un long moment, parce qu’en plus de la jeune femme, il avait ses études ; et comme Ameline aimait bien plus l’Angleterre que la France, elle venait souvent s’installer pendant quelques jours, et passait ses vacances scolaires là-bas. Aussi avait-elle été la première au courant de la rupture, lorsqu’elle n’avait pas senti le parfum habituel de la jeune femme dans l’appartement, lorsqu’elle avait remarqué que des objets avaient disparus ... Lorsqu’elle avait vu la tristesse sur le visage de son frère.

- Tu sais, Liam, il a dit que … elle mit sa phrase en suspens. Enfin non, laisse, je devrais sûrement … pas me mêler de vos affaires.

La petite française n’avait aucune façon de concevoir que sa phrase pouvait attiser la curiosité de Lucy. Car elle-même n’était pas curieuse, pas le moins du monde. A ce genre de phrase, elle avait l’habitude de hausser les épaules et de partir, ou de continuer la conversation sur autre chose. Et c’était ce qu’elle s’apprêtait à faire, lui demander comment se passait son retour au Japon, si son groupe fonctionnait à nouveau … Tout ça, elle ne l’avait pas vraiment entendu de sa bouche à elle, mais Liam leur avait décrit en long, en large, en travers tout ce qui faisait que Lucy était Lucy.
Et puis de toute façon, sa phrase n’avait sûrement pas lieu d’être. Pas maintenant, en tout cas, mais comment amener délicatement la conversation vers les sujets fâcheux ?

- Alors, tu es retournée au Japon … Je ne pensais pas te croiser ici. C’est assez … bizarre.

Elle aurait pu choisir tout un tas d’autres qualificatifs : cool – dans le cas où elle aurait été heureuse de la revoir ; embêtant, peut-être, avec sa politesse à toute épreuve pour ne pas utiliser de termes plus vulgaire, mais en lui faisant comprendre son ressentiment ; mais bizarre ? Ameline n’avait à ce moment-là que ce mot-là à la bouche. Enfin, elle avait aussi les synonymes – étrange, saugrenu, étonnant, singulier, et même presque grotesque.

Sur le coup, elle eut vraiment envie d’envoyer un message à Liam. Lui dire « Devine en face de qui je suis ? » mais elle réalisa que non seulement ce n’était pas très gentil, mais qu’en plus il allait sûrement en être attristé, ou qu’il allait lui demander de poser des questions ou elle ne savait quoi encore. Et maintenant elle soutenait le regard de Lucy. Il était hors de question qu’elle reste en dehors du combat cette fois-ci.

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La tension qui régnait dans l’air ne provenait pas seulement des sentiments actuels de la jeune chanteuse, mais également de son interlocutrice. Lucy comprit très rapidement qu’Ameline n’était pas non plus très à l’aise en ce moment même. Ce qui la surprit quelque peu puisque ce fut cette dernière qui l’avait hélée. Elle avait alors probablement réagi sous le coup de l’instinct et de l’impulsion, alors qu’elle n’avait pas spécialement envie de parler à Lucy. De cela, l’Anglaise ne pouvait pas en être sûre mais c’était une certaine supposition qui lui traversa l’esprit. Ce fut à ce moment qu’Ameline prononça quelques mots, dans un anglais emprunt d’un accent français, mais tout en balbutiant. Cela montrait, et prouvait à Lucy, que leur rencontre n’était pas vouée à être très confortable, bien au contraire. Si la chanteuse se préoccupait du fait qu’elle avait blessé un Liam totalement amoureux d’elle, elle se doutait que son interlocutrice gardait une certaine rancœur envers elle. Elle ne le montrait pas encore, mais cela ne tarderait certainement pas. Si elle pensait toutefois que Lucy en parlerait et s’excuserait, il n’en était pas question. Elle avait eu ses raisons pour rompre avec son frère et ce n’était certainement pas à Ameline qu’elle devait des explications. De plus, elle avait longuement pris la peine – ce qui était plutôt rare pour Lucy – de discuter avec Liam de toutes les raisons qui la poussaient à se séparer de lui. Bien évidemment, elle avait aperçu la tristesse et la douleur dans les yeux de Liam, tout comme la décomposition de son visage à force qu’elle lui avait parlé. Mais Lucy n’y pouvait rien, c’était comme cela. Des ruptures, cela arrivait. Puis, elle en était sûre, il n’aurait aucun mal à se retrouver une nouvelle petite amie qu’il pourrait aimer de tout son cœur. Une fille qui le mériterait vraiment et lui rendrait tout l’amour dont il avait besoin. Cette fille, ce n’était définitivement pas Lucy.

Lucy écouta donc attentivement tout ce qu’Ameline lui racontait. Elle se souvenait en effet de la position de ses parents, notamment de leurs travaux. Elle les avait d’ailleurs rencontré plusieurs fois. Elle se perdit alors dans ses pensées, surtout dans ses souvenirs. Elle avait envie de se remémorer les parents d’Ameline et de Liam, la façon dont ils se comportaient et comment ils étaient. Pourtant, elle en fut tirée assez rapidement quand la jeune fille prononça le prénom de son frère. Tous les sens de Lucy se mirent alors en alerte. Elle avait envie de tout savoir et de ne rien rater de ce qu’elle disait. Elle pouvait lui révéler quelques informations intéressantes au sujet de Liam. Ce ne fut pas le cas et il fallait le reconnaître, la Britannique fut quelque peu déçue. Néanmoins, elle fut curieuse de savoir ce que le garçon avait pu dire. Bien évidemment, ce n’était pas les affaires d’Ameline et il valait mieux qu’elle ne s’en mêlât pas. Ce qui se déroulait entre Lucy et Liam ne devait rester qu’entre eux. Elle comprenait que ce dernier avait pu se confier à sa sœur, et cela ne la dérangeait pas du tout. Mais Ameline n’avait pas besoin de réagir ni de tenter quoique ce fût. De toute façon, leur relation était terminée depuis plus de deux ans et elle n’avait pas envie de se remettre avec lui. Elle souhaitait simplement quelques nouvelles, rien de plus. Ce n’était pas demander beaucoup, tout de même. Lucy se mit quelque peu en colère, mais en même temps, Ameline avait réussi à piquer sa curiosité. C’était deux sentiments tout à fait opposés et qui étaient en train de se battre dans son esprit. Elle ignorait ce qu’elle devait faire désormais. Soit lui répondre sèchement, qu’en effet, elle n’avait pas à s’occuper de leurs histoires ; soit tout simplement en demander davantage. Elle était tentée et elle hésita.

Ameline continua à parler. En effet, la retrouver au Japon, c’était étrange. Visiblement, les deux filles ne s’y attendaient pas du tout et n’y avaient pas été préparées. Mais le hasard avait fait que… Le hasard faisait-il bien les choses, comme on avait tendance à le dire ? Aucune idée. En tout cas, à cet instant, Lucy ne savait plus vraiment ce qu’elle devait lui répondre. Elle n’était pas sûre de vouloir parler de quelque chose qui concernait Liam. Après tout, elle se rendait bien compte qu’aux yeux de son interlocutrice, cela devait être un sujet sensible et notamment, plutôt fâcheux. Elle n’était sûre de vouloir aborder quelque chose de plutôt fâcheux pour le moment, puisqu’elle se doutait que cela pouvait mal se terminer. Si Lucy avait l’air gentille et sympathique, il ne fallait pas non plus la titiller. Elle pouvait mordre parfois, même si cela lui arrivait que très rarement. Parce qu’après tout, encore une fois, elle se dit qu’Ameline n’avait rien à avoir dans sa relation avec Liam. L’envie la rongeait toutefois puisqu’il fallait bien que cela sortît. La jeune française n’avait probablement pas envie de garder à jamais pour elle toute cette rancœur. Alors il fallait bien se décider à exploser un tant soit peu.

- Ecoute, Ameline, je vais probablement te confirmer le fait que tu ne devrais pas te mêler de nos affaires, commença-t-elle paisiblement, sans être agressive. Le fait que tu puisses m’en vouloir, je le comprends parfaitement. Puis, je t’avoue que tu m’as rendue curieuse sur ce que ton frère a dit. Mais il vaudrait mieux que nous en restions là. Ce sera beaucoup mieux pour tout le monde.

Et voilà, Lucy avait lancé la grenade. Il suffisait désormais qu’elle n’explosât d’un côté comme de l’autre.

- Puis, si tu as des trucs à me dire, c’est maintenant ou jamais, ajouta-t-elle instantanément.

Et voilà, elle lui donnait le choix d’exploser. Elle lui laissait la possibilité de lui dire la vérité, ce qu’elle pensait et tout ce qu’elle avait sur le cœur. Si cela pouvait aider Ameline à sentir beaucoup mieux par la suite, alors il fallait qu’elle le dît tout de suite plutôt que d’attendre. Lucy se sentait prête à tout encaisser. Mais, elle ne pouvait pas garantir qu’elle resterait calme tout au long de la conversation si jamais quelque chose ne lui plaisait pas dans les propos de la jeune fille. Elle attendait l’explosion de la grenade tout simplement.

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L’impulsion première qui l’avait conduit à se confronter à Lucy disparaissait. Les mots sortaient de sa bouche et entraînaient avec eux l’élan de ressentiment, la laissant peu à peu reprendre ses esprits, et se rendre compte que cette réaction avait été stupide. Et plus elle y pensait, plus elle se sentait mal à l’aise. Quand bien même elle décidait de ne pas rester en dehors de cela, d’exprimer, pour une fois, ce qu’elle pouvait bien ressentir, elle avait du mal à le faire. Il aurait suffi qu’elle s’excuse, pourtant, et qu’elle rebrousse chemin, pour sans doute ne plus jamais entendre parler de cette histoire. Fuir encore une fois, les confrontations n’étant pas son fort. Mais les mots de Lucy, qui venait de retentir, l’empêchèrent d’esquisser le moindre geste. Exploser, maintenant ? Au milieu des autres qui rejoignaient leurs cours, ou sortaient, ou n’importe quoi d’autre, au fond, ce n’était pas important. Exploser, maintenant ? En face de Lucy ; mais à l’intérieur d’elle-même, pauvre petite Ameline perdue. Penser à l’après, à Liam, à tout le reste.

La connexion se fit, et instantanément, ses yeux s’embuèrent. Ce n’était pas les mots de Lucy, qui l’atteignaient ; c’était sa sensibilité mise à rude épreuve. Elle était bien plus émotive que la plupart des autres personnes peuplant la planète. Ce n’était pas de sa faute, c’était dans sa nature. Cependant, elle ne pleura pas. Les vannes n’étaient pas ouvertes. Tout au plus ses yeux se voilèrent-ils d’une irisation subite, d’une brillance inopinée. Et Lucy venait de lui permettre d’exploser, de crier sa rancœur, de dévoiler son amertume. Alors elle ouvrit la bouche, mais ne dit rien. La referma, déglutit. C’était stupide. Il fallait bien qu’elle en prenne conscience, et elle le faisait, maintenant. Respirer, se calmer. Ne pas se mettre dans tous ses états pour rien. Lucy ne voulait pas qu’elle se mêle de ça, et à vrai dire, c’était normal. Le temps avait passé, l’eau avait coulé sous les ponts et ce n’était plus la peine de parler de ça. Alors, Ameline se décida, malgré la boule dans sa gorge qui menaçait d’exploser à tout instant en une fontaine de larmes.

- Liam a été très … blessé. Il a accepté toutes tes explications mais il est resté inconsolable pendant longtemps. Je … elle respira, s’interrompit un instant. Je l’ai soutenu mais … En fait, je crois que … j’t’enveuxpasdel’avoirquitté.

Elle avait dit cette dernière phrase très vite, en penchant la tête. Certainement que Lucy avait entendu ; c’était le but, après tout. Et non, Ameline ne lui en voulait pas, du moins, pas tant que ça. Liam avait toujours été du genre à se remettre vite de ses ruptures, avant Lucy ; si bien qu’Ameline se demandait si il aimait vraiment, parfois. Savoir qu’il avait bel et bien un cœur l’avait rassurée, quelque part. Elle lui en voulait simplement de l’avoir fait souffrir. C’était stupide ; tout le monde peut nous faire souffrir, qu’on le veuille ou non. Elle fronça les sourcils, cherchant la suite de ses mots. Comme elle parlait en anglais, tout venait bien plus simplement que si elle avait dû parler japonais.

- Hum, Liam, maintenant … il va bien.

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- Enfin, j’veux dire. Il est dans une école de commerce, avec son … copain …

Ils n’avaient eu aucun mal à l’accepter. Sa mère avait adoré Lucas dès qu’il avait été présenté à la famille, Sinead et son père avait gardé un peu de méfiance envers lui … à peu près deux jours. Mais le dire, comme ça, à Lucy, ça aussi, ça lui semblait bizarre. Au moins autant que de la retrouver au Japon. Mais elle voulait des nouvelles, autant lui en donner.
Mais Ameline savait. Elle savait que ce n’était pas ce que Lucy attendait. Ni de près, ni de loin. Elle pensait même que Lucy n’avait pas un seul instant pensé à ce que la française puisse simplement lui donner des nouvelles, sur le ton de la conversation. Mais elles étaient restées calmes, toutes les deux. Et finalement, Ameline conserverait sa rancœur bien au fond d’elle-même. La cacherait, l’enfermerait à double-tour dans son cœur. Ce n’était pas correct. Elle ne saurait pas le faire. Mais pas maintenant. Plus tard, peut-être. Elle ne voulait pas partir sur de mauvaises bases, vraiment pas. Avouer, à demi-mots, son amertume, quand, ou plutôt si elles apprenaient à se connaître. De toute façon, il n’était pas dit que Lucy la laisserait s’en sortir ainsi.

Spoiler:

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Pendant quelques instants, lorsqu’un silence très intense et tendu s’installa entre les deux filles, Lucy crut bien que la grenade qu’elle venait de lancer, allait exploser. Notamment lorsqu’elle s’aperçut que les yeux d’Ameline changeaient et semblaient se remplir de larmes naissantes. La jeune chanteuse n’était pas vraiment une fille sensible et elle ne pleurait pas très souvent. Elle se retenait lors des moments difficiles et parvenait à se contrôler afin que les larmes ne montassent pas en public. Mais elle pouvait très bien comprendre que pour d’autres personnes, ce n’était pas aussi évident. Elle savait donc que la jeune fille était sur le point de pleurer. Cela la dérangea puisque ce n’était pas du tout ce qu’elle recherchait. Elle n’avait pas envie de la blesser ni de la faire pleurer, cela n’avait pas été du tout son intention.

Pourtant, la grenade n’explosa pas. Du moins, pas de la façon dont elle l’avait espéré. Lucy avait probablement du oublier de la dégoupiller, à savoir de tirer sur la sécurité. En quelques sortes, cela la soulagea puisqu’elle n’avait pas spécialement non plus envie d’entendre de mauvaises choses sortir de la bouche d’Ameline. Elle lui avait donné la possibilité, ce que la jeune française n’avait pas fait. Ce n’était pas le plus plaisant que d’écouter la rancune qu’une autre personne gardait contre vous, pour quelque raison que ce fût. Néanmoins, la jeune chanteuse était persuadée que le Française avait un moment hésité à prendre sa chance. Elle ne sut bien évidemment la raison pour laquelle elle ne l’avait finalement pas fait, mais cela ne la dérangea pas. En même temps, elle comprit que cela semblait lui faire mal, or elle n’avait aucune intention de blesser qui que ce fût.

Au moment où elle voulut poser une main rassurante sur l’épaule d’Ameline et commencer à lui dire quelque chose, ce fut l’autre fille qui prit la parole en premier. Tout simplement pour balbutier des explications sur la façon dont Liam avait vécu leur séparation. Lucy s’empêcha de soupirer longuement, alors qu’elle bouillait de le faire. Elle comprenait que cela eût pu être difficile à digérer pour le garçon, mais elle n’arrivait quand même pas à saisir la raison pour laquelle il en avait fait toute une histoire. Après tout, la jeune femme ne s’attachait jamais aux autres, même dans une relation amoureuse, et elle en espérait autant de ses amants. Ce qui, parfois, posait problèmes quand ceux-ci devenaient plus romantiques, amoureux et sensibles qu’une fille qui n’attendait que la venue de son prince charmant. Ces comportements dérangeaient Lucy dans une relation et la repoussaient même. Elle n’était pas faite pour ce genre de garçons-là et souhaitait à ceux-ci de rencontrer de meilleures filles pour eux qu’elle ne l’était. C’était certes assez dur.

- Je suis désolée d’entendre cela, Ameline, dit-elle calmement, même si cela ne l’enchantait guère en réalité. Je n’ai jamais voulu le blesser autant. Il le sait, et toi, tu dois t’en douter.

Les excuses étaient la seule chose qui lui restait à cet instant. Ils étaient très sincères, malgré tout ce que l’on pût croire.

- Liam est un garçon fantastique, ajouta-t-elle tout de suite. Je suis sûre qu’il rendra heureuse une autre personne. Mais pas moi, parce que je ne suis vraiment pas faite pour lui.

Elle n’avait pas d’autres explications à lui donner. C’était tout simple et elle espérait qu’Ameline comprît ce qu’elle voulait dire. Elle n’avait pas envie de s’enfoncer dans les détails trop profondément. Après tout, la jeune fille n’avait pas besoin de savoir la façon dont Lucy se comportait avec tous les garçons. Même si, quelque part, elle devait s’en douter quand même. Les rumeurs circulaient très probablement. Les magazines en avaient déjà certainement parlé. La jeune chanteuse ne restait pas longtemps avec quelqu’un dans une relation. Jamais. Et comme ce n’était donc pas la première fois, les journalistes people avaient probablement du noter plusieurs fois son attitude plutôt volage, mais surtout, le révéler au monde entier. Elle n’en avait pas honte. Elle était ainsi et c’était tout. Les autres devaient s’habituer à elle, pas elle aux autres. Les autres devaient l’accepter telle qu’elle étaient. Puis, les garçons qui se lançaient dans une relation avec elle, devaient, pour la plupart d’entre eux, connaître les risques.

Enfin, la Française lui annonça que son grand frère se portait bien, qu’il allait dans une école de commerce et surtout, qu’il avait un copain. A cet instant, le cœur de Lucy sembla s’arrêter tellement il se serra. Elle grinça des dents lorsqu’elle entendit. Puis, elle essaya de cacher une certaine incompréhension qui était née en elle. Certains auraient pu la croire en colère, ce qu’elle n’était pas. Pourtant, c’était fort étrange d’entendre que votre ex sortait désormais avec un autre garçon, alors qu’en plus, il avait été amoureux de vous bien plus qu’il n’aurait du l’être. Tout d’un coup, la jeune anglaise avait une petite envie de crier sa frustration. Elle détesta alors l’autre garçon, sans même le connaître. C’était une réaction plutôt étrange, surtout venant de sa part, d’une fille qui n’en avait que faire de ses relations. Si Ameline avait parlé d’une nouvelle copine, cela ne lui aurait probablement rien fait du tout. Elle aurait même été contente pour lui. Mais là, c’était vraiment tout juste étrange et frustrant.

- Alors comme ça il a… un copain maintenant, dit-elle en ayant du mal à prononcer ce mot.

Ses yeux dérivèrent et eurent du mal à regarder Ameline en face. En même temps, Lucy déglutit. D'un coup, elle n'avait plus du tout envie de la regarder. Ni l'écouter parler. Elle n'avait plus envie d'en savoir plus sur Liam. Du moins, de ce qu'elle en montrait et c'était ce qu'elle pensait fortement à cet instant. Mais la curiosité restait là, toujours présente et la mordait également très fortement. Elle avait besoin de digérer les paroles qu'elle venait d'entendre, toute seule dans un coin, loin de tous. Dans sa chambre probablement, c'était la meilleure solution. Mais pour l'instant, elle devait se diriger dans un cours.

- Je crois que je vais te laisser. Désolée Ameline.

Bien sûr, c'était simplement ce mal être qui la poussait à réagir de la sorte. Parce qu'en réalité, sa curiosité prenait quand même un brin le dessus. Au fin fond de son esprit, elle espérait qu'Ameline l'arrêtât dans son élan et lui donnât davantage d'explications et de nouvelles de Liam.

Spoiler:

» Votre Scolarité (Classe, cursus, chambre) [MàJ 19/07/2016]
» Des retrouvailles (PV Lucy W.)
» L'arrivé du Majordome [Pv Lucy]
» Press to play [Lucy]
» Look at me, just once, it's good for health. [ Pv Lucy. ]