I need another Story…[Pv Noahki]

Sujet: I need another Story…[Pv Noahki] Jeu 19 Jan 2012 - 4:56

Spoiler:

I need another Story…

Les minutes s’égrainent, trop lentement à son goût. Elle qui habituellement dévore les cours, qui est la première à lever la main pour une question ou rectifier le professeur, la voilà qui fixe l’horloge circulaire au mur dans l’attente de la sonnerie. Ce qui signifiera la fin de la période. Son crayon passe pour la énième fois sur des lettres dont elle trace le contour. Elle n’a pas besoin de regarder son cahier pour savoir où elles sont placées puisque c’est elle qui les a écrites. Des lettres formant un prénom, puis deux, puis trois. Comme si en les écrivant, en passant un trait encore et encore dessus, elle pouvait les effacer de sa mémoire. Mais non, ce serait un moyen trop facile pour s’empêcher de devenir fou avec nos pensées. La rouquine sent à peine qu’on lui touche le bras. Elle est dans sa bulle et même son éternel sourire semble absent aussi.

-Hey Keio…ça te dit de sortir manger un…
La cloche sonne, la sortant enfin de sa torpeur. Elle se lève en jetant toutes ses choses dans son sac, elle qui d’habitude est si soignée, méthodique. Elle met le sac en bandoulière, prête à sortir.
-Keio, Matté!
Très lentement, l’interpellée tourne la tête vers la voix.
-Plus tard d’accord. J’ai des trucs à faire.
Un sourire mécanique pour lui signifier qu’il serait bien gentil de ne pas argumenter et de s’en tenir là, et la voilà partie. Keio ne prend pas le temps de passer à son casier, ni à la cafétéria pour une collation. Elle a une idée précise en tête : aller dans les toilettes des filles. Et pourtant, elle n’est pas comme les filles qui vont s’enfermer dans une cabine pour pleurer à chaudes larmes. Non, ce n’est pas dans son tempérament. Un peu normal puisque Keio est toujours de bonne humeur. Même si elle a des problèmes, ou qu’elle n’a pas dormi de la nuit, on le voit rarement sur son visage. Elle a le sourire facile, on la connaît pour son sourire d’ange. Excepté qu’à force d’accumuler et de tout prendre sur ses épaules, un jour on craque

I can't explain the state that I'm in...

Dans son empressement, sentant une boule énorme lui presser la gorge, Keio ne fait pas attention à la porte qu’elle pousse. Ignorant donc de ce fait le Kenji signifiant que c’est la toilette réservée aux garçons. Avec un petit dessin, ça aurait pu aider. Mais dans l’état d’esprit dans lequel elle se trouve, on ne peut pas la blâmer. Heureusement pour elle, personne de visible. Keio va vers le long comptoir, passant devant les urinoirs sans les voir. Mais ouvre les yeux ma pauvre.
Posant les mains à plat sur le comptoir, elle lève la tête pour observer son reflet dans le miroir. Une adolescente aux yeux verts fatigués, cernés, le teint blême avec une tignasse rousse en désordre. Quel beau tableau. Elle soupire en essuyant rageusement ses larmes.

I'll miss you...

Qu’es-ce qui se passait avec elle? On dirait que la solitude l’a enveloppé d’un seul coup, sans avertir. Akamu parti depuis longtemps enseigner en France. Jin qui ne donnait aucun signe de vie. Lun qui était revenu de son voyage, mais qui n’était pas présent comme elle l’aurait voulu. Kaoru, pour qui la natation grugeait tout son temps et dont elle avait peu de nouvelles. Son frère qui préférait son ordi à sa propre sœur. Et la cerise sur le gâteau, le professeur Charles Brisebois était même venu reprendre son chat qui était devenu son confident depuis tout ce temps. Ce qui lui fait repenser à la perte de sa mère et sa soeur dans l'accident d'avion où elle aurait dû se trouver. Mourir en s'écrasant dans le pacifique doit être terrible. On dirait que toutes les personnes proches de Keio finissaient par partir d'une façon ou d'une autre. Était-elle maudite? Surement. Et pour une fois, une seule petite fois, keio aurait voulu avoir quelqu’un près d’elle. Du réconfort, de la joie, des rires à partager, n’importe quoi qui la fasse se sentir vivante. Mais surtout elle avait besoin qu’on lui montre à quel point elle est précieuse.

C’est ce qui arrive lorsqu’on passe son temps à s’occuper des autres et s’oublier. Un jour, on craque.

Invité

Il pleut des filles
chez nous.

-Bon je te dis que c'était un accident. Un ac-ci-dent et rien d'autre alors pas la peine d'en faire tout un plat!
-Mais alors avec Tomonari là, qu'est ce que tu as fais ?
-... ça t'intéresse?

Evidemment.

Sortie des classes avec la mare de groupuscules d'élèves qui piaillent déjà avec entrain.
Saigara est l'un d'entre eux. Forcément l'un d'entre eux. Eux, qui aiment à savoir les dernières news de l'école.
Eux, qui cumulent les rumeurs et les histoires comme on entame les pages d'un livre. Il paraît que ce genre de trucs, les bruits et tout ça, ça suit sa cible comme une seconde peau. Or un jour, Saigara le sportif y est tombé en plein dedans, et pour avoir été au cœur de débats à en devenir médiatiques, il ne s'y est pas loupé. La popularité, on ne s'en débarrasse pas du jour au lendemain; il faut bien s'y faire. Pour ne pas subir les regards et en devenir le vecteur.

Noahki Saigara s'y est très vite accommodé.
Et ça fait jaser.

La dernière fois, c'est parce qu'il avait passé quelques mois à l’hôpital. Le pire qu'il ait commis étant peut être d'avoir été en compagnie d'une fille qu'il ne connaissait ni d'ève ni d'adam. Cette nouvelle étudiante qu'il était chargé d’accueillir pour son premier jour en ces lieux, visite scolaire fortuitement terminée dans un accident en taxi. Premiers jours et coming back magistral. Saigara s'en serait-lui même ébloui. Cette fois, c'est Tomonari, son amie du club des arts-martiaux, qu'il a invité à sortir un soir sans la moindre once de galanterie, sur le coup de tête d'une seconde. La prochaine fois, viserait-on une certaine australienne...? Cette fille qui, à chaque pas qu'il tente pour l'approcher, esquisse un pas en arrière. Ce que seraient les conséquences si elles en venaient à tourner autour d'elle, le populaire préfère ne même pas y penser. Alors finalement, la vie d'un populaire n'est pas si mauvaise, mais elle n'est pas de tout repos non plus. Il est en fait la mauvaise braise qui déclenche l'incendie.

* * *

Dans sa vie de lycéen de tous les jours, s'il existe un des rares endroits où Noahki n'a pas forcément besoin de tous ses satellites pour se déplacer, ce sont bien les toilettes. Jusqu'à présent, la solitude que fuit le jeune homme ne l'a jamais terrassé aux toilettes et que grand bien lui fasse. Il avait dit rejoindre son groupe peu avant la reprise de ses cours, après le déjeuner qu'il passerait avec ses compères du sport. C'est donc avec son entrain coutumier que le jeune homme a déboulé dans les toilettes, pour des choses toutes aussi habituelles au possible. Chose faite et eau tirée, Noahki se dirige quelques lavabos plus loin du petit mecton face au miroir, sur qui il jettera un coup d'oeil désintéressé. Un coup d’œil qui d'ailleurs, se prolongera bien plus longtemps que nécessaire, se muant alors en un regard de surprise. Entre ses mains qui sont en train de mousser, son étonnement qui se mêle sitôt à un juron silencieux -...Elle m'a vu?- et -Mais qu'est ce qu'elle fiche ici!-, cette confusion momentanée est telle que Noahki sent ses oreilles s'échauffer. Non pas qu'il ait un truc à cacher -bon si peut-être que dans cette situation si, mais bon, être surpris ainsi ne fait pas encore partie de son quotidien. Le pire c'est peut être qu'un peu plus, et il aurait presque cru que c'était Logan et ses cheveux orangés, Logan qui continue de le laisser autrement qu'indifférent. C'est là, un tas de choses et de pensées, qui défilent en l'espace de quelques secondes à peine, mais qui donnent l'impression d'être déroulées trop lentement. C'est aussi sans pouvoir quitter des yeux cette fille, qu'il laisse couler l'eau sur ses mains. Pris au dépourvu, le populaire n'a pas tardé à remarquer la mine défaite de cette dernière.

-Hé mais qu'est ce qu'il y a! laissera-t-il échapper avant même de s'en rendre compte.

Si les filles commencent toutes à venir s'exiler dans les chiottes des mecs, c'est presque à en devenir gênant tout en étant une sorte de paradis sur terre. Paradis aux toilettes, plutôt oui... Bon ce n'est pas tout mais en attendant, elle pleure. D'ailleurs, il la connaît de vue, cette fille parmi les populaires, c'est Keio Dupreil; souvent très entourée de mecs pour les peu de fois où il l'a croisée. Mais quand même, vu son état, elle n'a pas pu voir tente-t-il de se rassurer, en s'empressant de faire du bruit en séchant ses mains. Au moins ça lui éviterait de bégayer un quelque chose pour se faire remarquer. Ou de gagner un tant soit peu de temps pour trouver le bon truc à dire, aussi. Ou passer le chemin...? En même temps, la laisser pleurer seule dans son coin par ici alors qu'à priori personne d'autre s'y trouve c'est moyen. Question brute et banale de principes. Mais quand même... que vient elle pleurer par ici!

-Ohé Dupreil... ça va aller?

S'approchant d'elle, il se baissera pour lui passer une main sur le dos. A l'aise, oui, mais avec le ça va qui a tendance à empirer les choses dans un sens ou dans l'autre. En même temps, que pourrait-il trouver à dire, lui, Noahki, pas très inventif en matière originalité? Transformer des larmes en rire n'est pas non plus son fort et il se retrouve sur le terrain instable à trouver un moyen de consoler cette fille comme s'il la connaissait depuis des lustres. -...s'est faite larguée? Ne peut-il s'empêcher de se demander, caricaturant les 90% des filles qu'il a pu consoler. Et faute de mouchoir, il ira en tirer quelques uns du mur bordant le comptoir, avant de les lui tendre, pendant qu'une autre problématique se pose: faut-il rester dans les toilettes des mecs ou faut-il la reconduire dans celles des filles? Et surtout, est ce que c'est le bon moment pour sortir cette observation?

-... est ce que je peux faire quelque chose?

Quoi donc. Appeler quelqu'un peut-être ? Noahki a lui même pas idée de ce qu'il pourrait faire à part la laisser seule. Alors il lui a simplement essuyé une autre larme venue perler sur ses joues claires. Ah les filles...

No woman no Cry

Es-ce que Keio Dupreil serait capable de mater un mec en train de faire ses choses à la toilette? Je ne crois pas que ça lui passerait par la tête et même si on la payait pour ce faire. Le mot ‘’pervers’’ n’est pas connu d’elle. Bon, en fait si, elle en connaît la signification, elle n’est pas conne non plus, mais ça ne colle pas avec elle. Keio vit encore dans ses idéaux de princesses et de princes charmants. On comprend maintenant pourquoi elle est dans un tel état. Son rêve s’écroule, puisqu’il n’y a personne pour agiter la baguette magique. Lorsque la réalité frappe, ça fait mal. Très mal. Toujours est-il qu’elle se croyait seule dans la pièce, sinon elle n’aurait jamais laissé sa tristesse se déverser ainsi. C’est la fierté qui parle là.

C’est en entendant une voix…de mec… qu’elle sortira de son état de torpeur. Écarquillant les yeux, la rouquine tourne lentement la tête vers celui qui l’a surprise. C’est drôle de voir que pour le jeune homme, c’est le doute que Keio l’ait vu en train de faire ce qu’il devait faire et que pour la jeune femme, c’est l’angoisse de s’être fait prendre en train de se montrer faible, de pleurer. Un malaise installé entre les deux, pour des raisons similaires mais différentes à la fois. L’étudiante le regarde en fronçant les sourcils, se demandant ce qu’un mec fait dans les toilettes des filles. Non, l’idée qu’elle se soit trompée ne lui vient pas tout de suite à l’esprit. Elle le fixe, les yeux dans le vague et consent à détacher son regard du jeune homme pour regarder autour. Comme si elle le savait au fond d’elle, Keio posa ses yeux sur les urinoirs, portant la seconde d’après les mains devant sa bouche. Elle n’en revenait pas de son erreur.

-Oh non…ne me dis pas que je suis…
Elle ne termine pas sa phrase puisque le jeune homme s’est approché d’elle déjà pour lui poser LA question! Si ça va aller…. La rouquine secoue la tête, quelques mèches humides restant collées sur ses joues et le regarde à nouveau.
-Non… Noahki. Je suis désolée, mais non, ça n’ira pas.
La vérité, toute nue, voilà ce qu’est Keio Dupreil. Elle aurait très bien pu jouer la carte du mensonge pour faire croire que tout allait bien au final. Pour ne pas inquiéter le populaire et le laisser vaquer à ses occupations pour se retrouver encore seule avec elle-même. Mais Keio n’avait pas envie de mentir. Malgré l’état dans lequel elle se trouvait, elle avait reconnu Noahki Saigara. Quand on est populaire, on connaît tout le monde ou presque et vice-versa. Excepté que ces derniers temps, elle ne voulait plus de cette popularité. Elle voulait qu’on la laisse tranquille…et en même temps qu’on s’occupe d’elle. Chamboulée par cette dualité, elle ne savait plus trop où se mettre, ni quoi faire. Et il fallait que ce soit précisément Noahki qui la trouve au bord du gouffre. Ce populaire aux goûts prononcés pour les sports qui fait tourner les têtes. D’ailleurs, keio se souvient de l’histoire qu’il a eue avec Cassandra Glamour. Un genre de remake de sa propre histoire avec Brieg LeFloc'h. Celle dont elle voulait tout oublier. Génial comme certaines coïncidences parfois enfoncent le clou encore plus profond.

Elle secoue la tête, pour chasser ses souvenirs, alors que le japonais place une main sur son dos. Keio apprécie qu’il la touche. Elle apprécie la main compatissante s et lui offre un doux sourire en retour. Celui qui habituellement fait craquer les garçons, et peut-être même les filles aussi. Mais c’est candide bien sûr, elle ne veut pas le charmer. Seulement le remercier en silence. Il est allé lui chercher un mouchoir, quelle douce intention sans aucune arrière pensée assurément. Elle essuie ses yeux, mouche son nez et va jeter le papier dans la poubelle. Là, elle ouvrira les robinets pour se mouiller les mains, mettre du savon et les laver , jetant un autre regard sur son reflet. Déjà c'est un peu mieux que tout-à-l'heure. Elle se demande un instant si elle va le rejoindre ou si elle part comme si rien n'était. Ce serait un peu bête après qu'il ait fait son possible pour la consoler. Sa sociabilité gagne et elle retourne vers lui, une larme roulant encore sur sa joue comme un dernier vestige de sa tristesse. Perle transparente qu'il effacera de son doigt, la faisant sourire doucement.
-Merci

Invité

C’est toujours dans ces moments qu’il faut placer la bonne chose à dire. En occurrence, quand une fille pleure dans les pissotières des mecs et qu’elle répond qu’effectivement ça ne va absolument pas à la question :ça va ? ...et ben c’est un peu le moment de panique à bord, même chez le mec. Allez, pas de panique, le geste, ça peut aussi remplacer les mots et des fois, ça sort quand même d’un fichu instant de misère. En outre c’est toujours déstabilisant, -en plus de se sentir manchot-, de voir une figure qui est l’incarnation du sourire, brusquement réduit dans tous ses états. A vrai dire, Noahki Saigara garde une image d’une Keio Dupreil souriante, pour les fois où il l’aura aperçue en compagnie d’autres populaires. Bon c’est déjà mieux, un petit sourire qui pointe parmi les larmes. Les poupettes comme ça, ne devraient pas pleurer et Noahki se retrouve à tenter de jouer le psychologue des chiottes. Mais quel est le mode d’emploi pour tirer le bon bout du fil dans ce genre de situation ?

-Bon ça peut ne pas aller maintenant de suite, mais dis pas déjà que ça n’ira pas plus tard, c’est quand même un peu glauque quoi, finit par dire bêtement Noahki, alors qu’elle le remercie.

Dédramatiser une situation, facile à faire lorsqu’il s’agit de bavarder pour l’autre. Mais Noahki l’a balancé aussi naturellement que toute autre réplique. Il aurait pu dire n’importe quoi avec cette même conviction, -certes un peu débile lorsqu’on réfléchit à son contenu. Quoiqu’il en soit, le populaire commence à l’entraîner un bras passé autour de l’épaule. Il est temps de migrer, ce sera toujours mieux qu’ici.

-Tu viens prendre l’air avec moi? Tu vas pas rester là, y a des tas de gens aux pensées crades. C’est pas un endroit pour les filles ici.

Parce qu’évidemment, ça ne dérange nullement Noahki de se croire plus proche de la perfection que ces gens aux pensées crades. En même temps, une fille dans les toilettes des mecs, il peut tout lui arriver, qui sait... Qui sait quoi, d’ailleurs. En gentil jeune homme –civilisé-, Saigara se fiche bien de ce que pense Keio mais il devient inconcevable de la laisser pleurer dans les toilettes des mecs. Un endroit un peu à l’écart de l’afflux ferait l’affaire, mais sûrement pas devant les urinoirs. Il a alors poussé la porte dans l’intention de faire passer la jeune fille en premier sans vraiment penser à la nouvelle effervescence qui naîtrait de cette simple scènette. Saigara et Dupreil sont sortis ensemble des toilettes des garçons.

Si personne n’attends en masse la sorti de Saigara devant les toilettes, il reste tout de même les quelques passants dont le regard ne peut s’empêcher de se muer un un étonnement de voir ces deux élèves sortir de cet endroit incompatible. Et ensuite, que se passera-t-il dans quelques heures, lorsque la nouvelle aura déjà contaminé trois quart de l’académie ? Noahki a senti cette désagréable intuition. Ou plutôt devrait-il dire déduction ? Quoiqu’il en soit, c’est dans un silence qu’il jette un coup d’œil inquiet en direction de Keio. Elle qui cherchait éloignement et discrétion pour se laisser aller... se retrouverait-elle noyée dans son inverse ? Ce serait ennuyeux pour elle.

-...ça sent le roussi, ne peut-il s’empêcher de marmonner après avoir balayé leur entourage. -On reste pas là !

SUITE:
Need Another Story
Part II

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