Need another Story

SUITE : I need another story



Finalement, c’est en marchant silencieusement à côté de Keio que Noahki, -presque embarrassé par ce silence-, décide de s’arrêter dans un café pour ne pas avoir à mourir de froid. Après un –On se les pelle là, on rentre !, le japonais se ramène avec deux boissons tièdes avant de se hisser sur le siège. A la base il n’avait pas spécialement prévu de sortir de l’académie mais les regards qui les ont suivi tout au long à l’école, ont été trop lourds de sens. Dans ce petit café décoré façon Merry Christmas, snowmen et toute la clique, les élèves se font rares en ces heures où la plupart des cours et activités sont sur le point de reprendre. Sans penser à la période d’examen pour la plupart d’entre eux... Noahki compris. Mais des choses il a encore à traiter d’urgence avant d’accorder souci à ses révisions.

-Bon.

Poussant un gobelet de papier façon starbucks vers Keio, Noahki s’accoude d’un air distrait. Genre de dire Si tu veux pleurer encore un peu, tu peux, c’est le bon moment. Ah mais pas trop longtemps, je vais plus savoir quoi faire. Et puis finalement il lui a jeté un autre coup d’œil avant de boire une gorgée de café chaussette sucrée à l’américaine. Noahki se demande si Keio pourrait lui en vouloir pour les bruits que vont forcément engendrer ce qu’il ne s’est justement pas passé tout à l’heure. Car si les rumeurs semblent choisir leur cible, Noahki se retrouve indéniablement au cœur de ces bruits de cour, au moindre geste qu’il engage. Ces derniers temps, ça en devient inquiétant, puisque évidemment, on finit par déformer et re-déformer la version originale des fait. Principe du téléphone arabe.

-Dis moi plutôt ce qu’il se passe, c’est un peu gênant de se regarder dans le blanc des yeux là, pose alors Saigara, sans vraiment prendre de pincettes.

Même si à vrai dire... il a toujours été assez directif. Après tout, entre populaires, tout peut se dire... ou pas. Surtout pas lorsqu’il s’agit d’une certaine Cassandra Glamour dont les oreilles trainent partout dans cette école. A l’époque, son histoire avec elle a pris tellement d’ampleur, qu’il ne se rendra jamais compte que Keio vivait une histoire similaire avec un certain LeFloch. Vie de populaire...

-Vide le sac et bois un coup, ça te fera du bien.

Parce que maintenant que Keio Dupreil est venu pleurer dans les toilettes des mecs pour lui révéler que ça n’irait pas, c’est un peu comme si elle en avait trop dit ou pas assez !

La situation aurait pu être bien pire. Au lieu d’un gentil Noahki volant à sa rescousse (bon disons la version littéraire), ça aurait pu être une bande de mecs du genre racaille surgissant dans les toilettes. Et là, c’est pas dans la dentelle que ça se serait joué. Keio en serait sortie encore plus déprimée. Si elle avait daigné sortir de l’endroit après ce qui se serait passé. Vraiment, le destin lui avait envoyé la bonne personne, même si le principal intéressé ne le voyait sûrement pas du même œil. Keio sait qu’elle est malgré tout bien tombée. Le jeune populaire semble prêt à rester auprès d’elle tant que la vilaine peine n’est pas complètement partie. On espère que la patience fait partie de ses qualités.
La rouquine lui jette un regard un peu perdu à sa réplique. Es-ce que ça vaut vraiment la peine de répondre à un tel truc? Keio hausse seulement les épaules en marmonnant un truc pouvant ressembler à ‘’m’en moque’’, signe que non, ça va vraiment pas bien. Elle a perdu sa joie de vivre, son énergie positive, son si beau sourire et elle à la flemme de mettre des affiches sur chaque babillard du lycée ou chaque arbre pour demander une rançon si on les retrouve. En a-t-elle seulement envie? Certainement pas pour le moment.

Elle vient pour en aviser son bon samaritain lorsque ce dernier lui passe un bras autour des épaules pour marcher avec elle jusqu’à la sortie.
-Attends! Je sais pas si c’est une bonne idée de sortir maintenant!
Elle panique un tantinet là. Oui parce que son visage porte encore les marques de sa tristesse et qu’elle n’a pas envie qu’on la voit ainsi, fierté obligée. Les paroles du japonais sont sages malgré tout. Il a quand même raison sur ce qui pourrait arriver si Keio restait là. Avec le curriculum qu’elle se trimballe depuis quelques années, ce serait pas surprenant d’y retrouver en plus qu’elle s’est fait malmener par des mecs pas nets dans les toilettes des garçons. Mieux vaut ne pas y penser et suivre l’idée du populaire, sortir d’ici.

Du bout du pouce, elle écrase une larme naissante et prend une bonne inspiration pour se donner du courage. Noahki pousse la porte en bon gentleman, révélant la surprise de plusieurs étudiants qui sont témoins de la sortie du couple. Sortie d’un endroit pour le moins saugrenu.
Keio reste d’abord immobile au bras de Noahki. Il lui semble déjà entendre les rumeurs qui se développeront à une vitesse fulgurante.

-Dupreil et Saigara étaient enlacés en sortant des toilettes des garçons
-Dupreil était triste, il lui a refusé ses avances tu crois?
-Il lui touchait les fesses en sortant, je l’ai vu!
-Ils s’embrassaient en sortant des toilettes. Saigara a même mit sa langue
…et autres conneries dans le genre.

Son nouvel ami a raison, ils ne doivent pas rester là. Mais auparavant, Keio a bien envie de ne pas laisser leur public sur leur faim. Prise d’une soudaine impulsion, elle passe un bras autour de la taille de Noahki, pour se coller à lui, et l’arrête pour poser ses lèvres sur les siennes dans un petit sourire amusé. Tant qu’à avoir de fausses rumeurs sur le dos, autant qu’il y en ait une de vraie dans le lot. Faut-il vraiment spécifier qu’après l’avoir embrassé, les joues de Keio avaient pris une jolie teinte rosée? Bref, elle lui attrape ensuite la main pour fuir du couloir le plus vite possible. La fébrilité prenant peu à peu la place de sa tristesse.

Les voilà dehors à se les geler. Ils n’ont pas vraiment pris le temps de mettre leurs manteaux avant de sortir de l’académie et Keio est soulagée lorsque son compagnon l’entraîne dans un café. Elle frissonne un peu en prenant place sur une banquette confortable. De là où elle est, elle peut voir par la fenêtre la rue déserte ou presque, surmonté de neige ici et là. Ses doigts glissent dans sa chevelure rousse pour y chasser quelques flocons en train de fondre et elle regarde d’un air distrait une japonaise assise plus loin avec son portable. L’idée qu’elle va manquer les cours s’imprime dans son esprit, mais elle ne bronche pas. Ce sera la première fois de sa vie d’élève exemplaire qu’elle sèchera les cours. Non, à bien y penser, Keio avait déjà fait l’école buissonnière pour un certain Lefloch. Dans le temps des débuts du FLDPCB (Front De Libération Des Petites Culottes Blanches) et de toute la rébellion que cela a apportée. Dire qu’elle avait crié haut et fort le slogan dans la cour d’école. Elle était loin d’en être fière maintenant, mais si cela se reproduisait aujourd’hui (sécher les cours), la cause méritait mieux, c’était pour elle-même.

-Merci, c’est gentil!

Elle prit le gobelet chaud entre ses deux mains, pour garder la chaleur le plus longtemps possible. Un petit réconfort de plus tiens, autant en profiter. Les billes vertes se posent sur l’étudiant et elle secoue lentement la tête de gauche à droite à sa demande muette. Keio n’a plus vraiment envie de pleurer, même si l’endroit est beaucoup plus adéquat que les bécosses des garçons. Noahki a tenté de la réconforter. Il a même séché les cours pour être à l’écoute de ses besoins et devra aussi endurer les railleries des autres dès son retour en classe. La moindre des choses serait au moins de lui expliquer pourquoi elle se sent ainsi.

-Tu crois au mauvais karma, ou des trucs du genre?

Bon, la question arrive un peu comme un cheveu sur le café, mais c’est en plein ce que se demande Keio. On dirait que depuis toujours, elle apporte le malheur autour d’elle. Et ce malheur semble la suivre comme son ombre. La porte s’ouvre et Keio frissonne lorsqu’un courant d’air lui caresse la nuque. Une petite gorgée de café et ça ira beaucoup mieux après. Du moins, c’est ce qu’elle espère. Pour sa part, elle apprécie le goût de la boisson. Sa langue repasse même sur ses lèvres pour savourer encore ce petit goût de noisette qu'elle apprécie tout spécialement.

-Ton histoire avec Cassandra Glamour…
Elle leva ses yeux verts sur lui et pinça les lèvres avant de continuer, sachant qu’elle s’aventurait sur un terrain glissant.
-Disons que… y s’est passé un truc semblable avec moi et Lefloch. T’as du entendre un tas de rumeurs intéressantes sur le sujet.
Elle soupira, avant de prendre une autre gorgée.
-J’ai juste l’impression… que l’amour c’est pas pour moi. C’est possible ça tu crois?

Bon c'était un peu décousu comme discours, mais au moins elle commençait à s'ouvrir à lui. C'était un bon début.

-Un mauvais Karma ? T’es superstitieuse comme fille ? a demandé alors Noahki, haussant d’un sourcil.

Non pas que ça le dérange mais le jour où l’irrationalité prendrait le dessus sur son esprit terre à terre, il y aurait de quoi se poser des questions. Alors le mauvais karma... Saigara n’est même pas sûr de savoir ce qu’on met sous le chapeau de la mauvaise influence. Toujours est-il qu’il a eu du mal à recoller le pourquoi du comment de sa question. Mais c’est à ce moment qu’elle a évoqué Glamour pour la mettre en parallèle avec son histoire avec LeFloch. C’est vrai, des rumeurs il en avait entendu, et à y réfléchir, c’était des rumeurs qui avaient pris incendie à la même époque que lui et Cassandra. Mais c’était le temps où sa situation lui prenait bien trop la tête pour se souvenir réellement de ce qui se passait autour de lui.

-Ah bah, pas tant que ça, répondra-t-il en s’accoudant avec nonchalance sur la table. Il n’aimait pas à ressortir son passé avec cette fille sur la table, conscient que c’est une période qui lui collerait encore longtemps aux basques aussi longtemps que Cassandra et lui seraient dans cette école.

-Il t’en a fait beaucoup, de ces crasses, le Lefloch?

Des histoires. Des méprises et mensonges.
Tromperies. Noahki Saigara sait que lui même n’a pas un casier blanc dans tout ça, et ne compte plus combien de fois il se sera rebuté contre son ex. Et quelle ex. Laissant passer une gorgée de café, Noahki s’est fait pensif, avant de revenir à la conversation. A vrai dire, si une fille comme Keio baissait les bras, qui donc devrait les lever à sa place ? Parce qu’en toute honnêteté, le populaire devait avouer qu’il la trouvait mignonne cette fille. Et puis délicate, rajouterait-il, maintenant qu’il avait eu l’occasion d’échanger deux trois trucs avec elle. Alors si Keio était déplaisante, ou plutôt, ne pouvait pas être compatible avec l’amour, fallait sérieusement se demander où irait le monde, non ?

-Je sais pas trop si l’amour, ça dépend du karma, reprend alors le japonais balayant la salle du regard.

Oui c’est vrai, si l’amour dépendait du karma... Noahki ne parvient pas à imaginer comment cette chose métaphysique pourrait changer quelque chose à une vie. Avec Cassandra Glamour, leur liaison avait été certes passionnel mais avec maintenant du recul, Noahki se demande s’il en était tombé réellement amoureux. Pendant un moment sûrement... avant que tout ne parte à la dérive totale. Si elle ne l’avait pas cherché dès le début, est ce qu’il aurait quand même galéré autant après avoir rendu leur couple comme officiel à l’école ? Et par comparaison soudaine, ce qu’il a ressent pour Logan depuis quelques temps n’est plus comparable.
Sauf que Logan se fiche bien de tout ça parce que pour elle, il représente un peu une sorte de Cassandra imbue de sa popularité. Bien.

Se passant la main sur le front d’un air blasé, Noahki a secoué la tête.

-Non, ça peut pas être possible, Keio. Je te jure que ça frappe quand tu t’y attends pas, a-t-il expliqué en victime de cause, avant de lui jeter un coup d’oeil. Et puis t’es jolie et tout, m’est avis qu’on te laissera pas tranquille de sitôt, tu peux me croire.

Probablement qu’il aurait été bien plus impressionné par l'initiative de la jeune demoiselle, à la sortie des toilettes des mecs... En d’autres termes et d’autres circonstances, Noahki le premier n’aurait pas hésité à l’aborder en toute franchise. Il avait déjà entendu plusieurs de ses potes relever le passage de Dupreil, pas plus tard que l’autre jour. Alors comment est ce que Keio pouvait se retrouver aussi morose... ?

-T’aimes LeFLoch ? Genre maintenant encore ?

Pas fin le Noahki.
Mais à bien sécher les cours et à poser les cartes sur la table, ça ne le dérange pas de jouer franc jeu. Et puis il n’a jamais appris à jouer les gros durs devant une fille en détresse. L’encourageant à poursuivre son histoire, Noahki ne peut s’empêcher de se sentir impliqué dans ce qu’elle a vécu avec Lefloch, en repensant à sa propre expérience. Sauf que dans ses faits à lui, il ne se trouvait ni dans le banc des innocents, ni dans celui des accusés. Alors pouvait-il se permettre de jouer les bienveillants aux côtés de Keio ? Sans réellement vouloir y réfléchir, Noahki l’a regardé, plongé dans un mutisme momentané. En y pensant, il se rend compte que c'est une période dont il n'a jamais songé à parler avec quiconque, préférant enterrer son orgueil blessé qu'aurait occasionné sciemment -ou non- Cassandra, avant qu'il ne lui rende la monnaie de sa pièce.

Et tout ça pour se donner plus de consistance.

Ceux qui apportent du soleil
Dans la vie d’autrui
Ne peuvent tout simplement pas
Garder cela pour eux-mêmes
-James M. Barrie

Keio aime bien les places comme celle-ci pour leur tranquillité. Elle hausse les épaules, puis prend une autre gorgée de café. La chaleur du liquide caressant sa gorge lui fait du bien. Elle ne croit pas être spécialement superstitieuse. Quoique, sa mère l’était. Es-ce qu’un transfert de pensée peut s’être fait à sa mort? Un peu dans le genre d’un film qu’elle a déjà vu où le père et le fils changeait de corps suite à avoir touché une relique ancienne. La science fiction a quand même ses limites. Keio frissonne en repensant à ses parents. Déjà qu’elle a surpris les meurtrier de son père (biologique, pas Akamu) en train de commettre son crime horrible, perdre sa mère et sa petite sœur quelques années plus tard dans un accident d’avion a de quoi rendre fou n’importe qui. Chez la rouquine, au lieu de lui faire péter les plombs et la rendre dépressive à vie, ça l’a rendu plus forte. Voir la vie du bon côté (Akuna matata) et continuer d’avancer en souriant. Keio voulait être le petit soleil pouvant rendre heureux tous ceux autour d’elle. L’astre lumineux était maintenant entouré de gros nuages noirs. Ils étaient si lourds, que ses rayons n’arrivaient plus à les percer. Es-ce que Noahki serait l’éclaircie salvatrice?

-T’en as même pas idée, souffle-t-elle en réponse à la question sur les mensonges de Brieg.

Lefloch doit être un cumulus assez sombre pour avoir terni le petit soleil. Keio baisse les yeux sur ses doigts tenant le gobelet de café. Énumérer tout ce que le rebelle lui avait fait pourrait s’avérer une tâche longue et ardue. Elle ne voulait pas non plus ennuyer son confident d’un jour qui avait eu la gentillesse de lui offrir un café. Une nouvelle gorgée.
En même temps, s’il posait la question, c’est qu’il montrait de l’intérêt sur la réponse. Keio avait peur d’ouvrir de vieilles blessures en évoquant ses souvenirs. Mais il était trop tard pour reculer.

-J’ai été trop candide de croire qu’il pouvait m’aimer réellement. Que ça pouvait être sérieux cette histoire.

Elle se tape encore sur les doigts quand au fond, ce n’est pas elle la fautive dans l’histoire. Sib erreur a été de faire un peu trop confiance, de s’attacher trop vite (comme d’habitude), voilà tout. Ce ne serait pas si grave s’il n’y avait eu que le français, mais d’autres ont suivis. Très peu nombreux considérant que Dupreil est dans le groupe des populaires, mais assez pour avoir un cœur meurtri. Assez pour préférer le célibat aux relations de couples qui finissent par merder.

Keio regarde Noahki, entortillant une mèche rousse autour de son index en l’écoutant.

-Tu parles du coup de foudre, questionne-t-elle avec un sourire curieux. Pour qu’il mette sa parole en jeu, c’est clair qu’il sait de quoi il parle. Tu es amoureux Noahki?

Simple curiosité. Pourquoi ne pas placer les projecteurs sur le japonais maintenant que le sujet est lancé. La discussion lui changerait un peu les idées et Keio se sentirait sûrement plus à l’aise de se confier par la suite.

Elle prend une gorgée de café et s’étouffe presque au compliment lancé. C’est pas de la nouveauté pour elle, mais là, dans le contexte, ça surprend quand même. Keio tousse un peu en reposant son gobelet.

-Excuse-moi.
Le dessus de sa main vint effleurer ses lèvres pour retenir sa toux et elle lève ses yeux sur lui. Le rouge a coloré ses joues sans qu’elle n’ait pu y faire grand-chose, donnant un peu de couleur à sa peau de lait.
-C’est un peu le problème. La plupart des mecs qui m’abordent ne veulent qu’une chose au final…

La porte du café qui s’ouvre l’interrompt et elle tourne la tête vers une femme dans la trentaine qui entre, serrant un peu plus le col de son manteau sous l’air froid, suivie par un homme un peu plus âgé qui lui passe un bras autour des épaules en souriant. Dans ce sourire passe une panoplie d’émotions qui fait baisser les yeux de Keio.

-Tu sais ce que je veux dire, elle rentre un peu la tête dans ses épaules et termine son café d’un trait. Il est bon, réconfortant à souhait. Merci pour le compliment. Je crois que le ‘’et tout’’ en était un aussi?

Elle lui sourit, un peu mieux. La gêne finit par passer. Noahki doit comprendre qu’elle n’est pas comme la majorité du groupe. Friande de sa popularité, des compliments fusant de toutes parts. Keio n’aime pas spécialement être l’actrice principale du scénario. Elle a été jetée dans cette catégorie bien malgré elle et maintenant elle doit suivre le courant. Il y a quelques avantages quand même. La popularité est garante de l’estime de soi, sauf lorsqu’on cumule les échecs amoureux comme Keio. Allons, elle soit se secouer un peu si elle veut garder la promesse qu’elle a faite à sa mère.

Mini flash back

La mère est la fille sont couchées dans le lit de cette dernière. L’histoire vient de se terminer et la maman passe le 80 ieme coup de brosse dans la chevelure rousse de son enfant. Pour soigner les cheveux, on doit donner 100 coups de brosse.
-Maman ça tire!!
-Ma chérie, c’est pour ton bien! Et n’oublie pas que je veux que tu sois forte dans la vie ma Keiki
-Oui maman! La fillette sourit à sa mère, voulant à tout prix lui plaire.
La mannequin de renommée internationale, devinez d’où vient le charme de Keio, répondit à son sourire et glissa les doits dans les cheveux soyeux de sa fille. Elle avait brossé cent dix fois et déposé l’objet sur la petite table de chevet, près de l’ours en peluche, cadeau de son père.
-Il y aura des embûches et parfois tu auras envie de te décourager. Mais ne baisse jamais les bras ma princesse. Tu promets?
-Mais maman, si je baisse les bras, tu seras derrière moi et tu m’aideras à les relever.
Un rire cristallin avait rempli la pièce et Justine Dupreil avait enlacée sa chérie.
-Je serai toujours là pour toi mon cœur, ne l’oublie pas.

Quelques années plus tard, un avion n’arrivera jamais à destination de Rio. Justine mourra sans même avoir dit un dernier ‘’je t’aime’’ à sa fille.

Fin du mini flashback

Keio est loin dans ses pensées lorsque la question du japonais vient la désarçonner.
-No… un murmure à peine audible qui franchit ses lèvres.
Elle ne s’est même jamais posé la question après qu’il eut disparu. Aimer encore Brieg LeFloch relèverait de la folie, ou alors il faudrait être maso. À force, keio se pose des questions. Elle réfléchit quelques secondes. Plus pour bien paraître qu’autre chose, puis lève ses yeux verts sur Noahki.

-On s’est croisé au bal de St-Valentin. Tu sais, celui qui a fait des ravages à cause de l’affaire Brisebois.

C’est sûr qu’il doit être au courant. Au moins avoir entendu les rumeurs sur le psychologue et prof du lycée qui avait fait une tentative de suicide pour se retrouver six mois dans le coma. Ce bal avait causé tout un émoi et c’est pas la suite que la direction avait sorti le nouveau règlement complètement stupide. Keio enchaîne, baissant les yeux sur son gobelet vide.

-J’avais bu…un peu par envie, un peu par défi, et on a terminé la soirée sur la plage.

Bon, pas besoin d’en rajouter, Noahki pouvait se faire un dessin par lui-même.

-Il est parti en France à un moment et j’ai tenté de le rejoindre. J’avais pas de nouvelles. C’est une fille qui m’a répondu. Bon pour faire une histoire courte, elle était avec lui et m’a bien fait comprendre que je m’étais faite des idées juste parce qu’on avait couché ensemble.

Elle baisse les yeux, honteuse des mots qui sortent de sa bouche, mais c’était quand même la vérité.

-Au moins cette soirée là, je suis sortie dans un bar avec des amies et je suis tombé sur quelqu’un qui m’a charmé. Elle a un petit sourire mystérieux cette fois. Il était gay.

Quand le malheur s’acharne sur nous. Mais le sourire qu’elle tient évoque qu’il doit s’être passé autre chose ce soir là. Mais de là à tout dire.

-Pour répondre à ta question, je ne l’aime plus non, mais il m’a fait mal.

Elle détourne le regard peut-être pour ravaler la boule qu’elle a au travers de sa gorge et se lève d’un coup.

-J’ai faim, tu veux un truc?

Keio lui sourit et va au comptoir, passant une commande. Elle n’oublie pas Noahki, même s’il lui a dit qu’il ne voulait rien, paie et revient à la table.

-Tu veux la suite non? Comme si c’était écrit dans le visage du japonais. J’ai eu un petit coup de cœur pour un autre gars après. Je fois avoir un faible pour les rebelles. Je l’ai surpris à un moment où il était vulnérable et j’ai voulu l’aider à se sentir mieux… (rajouter ici ‘’et j’ai fais la gaffe d’en tomber amoureuse’’.

La rouquine se mord la lèvre inférieur, hésitant à nommer l’identité du ‘’coupable’’. Elle a confiance en noahki, mais il s’était pas vraiment passé quelque chose entre Jin et elle, alors mieux vaut pas en parler.

Petit moment d’arrêt à l’arrivée du serveur qui dépose deux assiettes sur la table. Les fourchettes suivent enroulée dans une serviette en papier où le logo du café est mis bien en évidence, comme si on l’avait oublié. Une part de gâteau au fromage, coulis de framboise, pour Keio et un à la mousse au chocolat pour Noahki.

-Merci, elle sourit au serveur et regarde le gâteau du japonais. En espérant que tu aimes le chocolat.

Mais qui n’aime pas le chocolat? Bref. Elle saisit sa fourchette et se prend une part qui disparaît rapidement entre ses lèvres. Il est excellent. Elle attend un peu pour ne plus rien avoir dans la bouche et observe le populaire.

-Pour finir, il y a eu Kaoru Misato, qui pour une fois était quelqu’un de bien. Mais la natation était très importante pour lui et pour les affaires de cœur… Elle hausse les épaules, reprend une bouchée de gâteau et vient pour soulever son gobelet, avant de se rendre compte qu’il est vide.

Elle plisse le nez et fait une petite moue tout simplement adorable, avant de plonger à nouveau ses yeux dans ceux du japonais.

-Tu en sais déjà beaucoup plus maintenant. Voir plus que ce que je voulais dire, à nouveau un sourire du genre’’bravo, t’as réussi!’’ Et toi Noahki. T’as envie de m'en raconter un peu de tes histoires? Ce serait kif-kif au moins.

Son sourire ne la quitte pas, encourageant son nouvel ami à se confier à son tour. Keio sent son cœur un peu moins lourd après avoir parlé et puis ça l’intéresse de connaître un peu plus Saigara.

Tant qu’à sécher les cours, aussi bien que ce soit enrichissant.

Noahki n’est qu’à moitié étonné de la réponse que lui souffle Dupreil quant à son histoire avec Brieg. Encore un cas de figure de relations chaotiques entre populaires, dans un monde de populaire. Un engrenage dont il continue à tremper lui même pour ne rien voiler. Quelque part, Noahki et Keio se retrouvent finalement sur le même rivage, d’une manière ou une autre. Maintenant, reste à savoir où ça mène, pour aller par devant les anciennes cicatrices. Avec cette pseudo-célébrité collant à la peau, c’est comme une lame à double tranchant : certes le temps finit bien par adoucir les maux quels qu’il soient ; d’un autre côté, il y a ceux qui restent persuadés que les populaires sont une caste à part sans réels ressentis –voire sans cœur... quelle image erronée, d’en oublier le facteur humain.

Pas de ta faute aurait pu alors répondre Noahki lorsqu’il l’entends se qualifier de trop naïve. Mais ce sont des mots qu’il ne lâchera pas à défaut de pouvoir trouver mieux. Puisqu’au final, ne s’est-il pas dit la même chose à sa façon, lorsqu’il y avait fait face, avec Glamour ? Et la rouquine le sort de ses pensées momentanées, lui parlant de coup de foudre. Termes auxquels Saigara la fixe un petit moment d’un air dubitatif, pour finalement hausser des épaules, et se concentrer sur son café.

Amoureux.

-Je sais pas.

Une Keio qui s’étouffe à son verdict, ne peut empêcher de surprendre Noahki. Intrigué, c’est une curiosité lisible sur ses traits qui passe furtivement avant de se recomposer. Combien de compliments, combien de courses à la séduction à son passif, combien de tout ça, pour encore pouvoir réagir ainsi face aux siens, lancés calmement sans arrières-pensées sinon la franchise à l'état pure. Sensible.

-Je t’en prie, je pensais pas te mettre mal à l’aise en fait ! a-t-il commencé un sourire en coin, amusé par le fard qu’elle pique. Assurément, Noahki la trouve comme irrésistible dans son genre. -Ptètre bien... Ou alors la plupart qui t’ont abordé n’ont jamais pris le temps de te faire comprendre que tu comptais à leurs yeux.

Suivant le regard de Keio, Noahki voit le couple rentrer.
A cet instant, les pensées de Keio son presque perceptible sans qu’elle fasse le moindre mouvement.

-Ou alors tu exiges peut être trop. Je peux pas te le dire, moi. Je pense juste qu’on va plus ou moins vers la fille parce que d’abord elle nous plaît. Ensuite ça devient plus physique peut-être, mais y a pas que de ça, c'est bien un ensemble.

Pensif le populaire termine son café qu'il sent bien passer.

-C’est tout comme, si tu veux bien le prendre ainsi. J’ai dis ce que je pense c’est tout ! se défend-t-il contre le remerciement –inutile à ses yeux- qu’elle lui renvoie. Émotive, sans aucun doute dessus. Voire trop, pour ces âmes endurcies que sont les péteux de populaires en généralité. Lui y compris, désormais embarqué dans le cercle vicieux de la célébrité.


Les yeux verts qui se posent sur lui l’instant d’après, le désarçonnent une fraction de seconde avant qu’il ne se penche sur ce que la jeune fille lui dit.

-Ouais, j’ ai eu vent des affaires zarb entre les profs, même si j’étais pas là ce jour là.

Absent parce que Noahki et Cassandra avaient encore passé la soirée à se disputer. En dehors de ça, ce jour là semblait avoir drainé pas mal d’histoires les plus étranges par la suite, avec de nouveaux règlements entre autre. Oui, il avait entendu -plus ou moins- que Lefloch avait chopé Dupreil lors de cette soirée, ou peut être même l’inverse. Si Keio lui confirme qu’ils étaient bien ensemble à ce moment-là, ce n’est sûrement pas pour compter les galets de la plage. Écoutant silencieusement l’histoire de la rouquine, Noahki la laisse parler et poursuivre. Haha, Dupreil l'irrésistible, irrésistible même pour les gays. Mais au final, n’est elle pas également celle qui cherche une relation stable avec ceux qui justement fuient cette stabilité ? Une quête vouée à la faire souffrir tant qu’elle n’aura pas obtenu un retour.

Noahki joue avec la paille, pensif.

-Tu sais, lorsque ça devient trop vite sentimental, ça fait de suite plus sérieux Dupreil. Et comme on est un peu con des fois ...

On se sent comme réduit à un espace clos, acculé dans un coin, un quelque chose comme ça, formule l’esprit du japonais sans finir sa pensée à voix haute. Remerciant le serveur et Keio pour son attention quant aux plats, Saigara l’observe prendre un morceau de gâteau, un sourire en coin.

-Et toi tu l’aimes le chocolat ? Jamais testé mais parait que ça peut être aphrodisiaque !

Amusé, le jeune homme a fini par goûter à son tour un coin de gâteau, saveur qui fond instantanément dans la bouche. Pas si mauvais, pas mauvais du tout à vrai dire. Sans être un grand fana de pâtisseries, Noahki en apprécie cet instant sucré et éphémère, instant qu’il laisse passer en écoutant de nouveau Keio.

-Moi je crois qu’on peut pas demander à quelqu’un, plus d’attention que ce qu’il n’est prêt à donner, que ce soit toi, moi ou n’importe qui d’autres. LeFloch, c’était de sauter des filles, Misato, la natation. Et toi Keio, c’est quoi ta priorité ?

Captant la petite moue qu’elle tire après avoir constaté son verre vide, Noahki la laisse sur sa question, pour aller leur chercher deux verres d’eau. Chose qui ira plus vite que de héler le serveur occupé à une autre table, et qui lui permettra de s’échapper un petit moment de ce regard vert qui le déstabilise de par cette expression innocente. Revenant à son poste, le japonais a bu une gorgée d’eau.

-Bah... je raconte pas aussi bien que toi hein.

Discuter de sa vie ainsi, ce n’est pas une chose qu’il trouve aisé de faire, si ce n’est avec Ellen Shizen ou Tamaki Suou. Comme dans la vie de tous les jours il s’en tire plutôt bien sans avoir à mentionner sur les quelques bévues passées, Saigara se rend compte qu’il ne sait pas rendre un bilan cohérent de sa propre histoire.

-Par quoi commencer ? Peut être que pour répondre à ta question, je dirai que je sais pas si je dois parler d’amour à proprement dire. Le coup de foudre peut être, mais il y a une fille qui me tape dans l’oeil depuis un moment, et cette fille, je la veux.

Fronçant des sourcils Noahki fait tourner la cuillère entre ses doigts, avant de la poser de manière un poil trop résolu. Comment expliquer cette frustration d’être certain de réussir à tout obtenir jusqu’au jour ou le tour de passe-passe n’opère pas. Et pire, échoue lamentablement à chaque tentative. Or, plus ça semble inespéré, plus il a envie d’obtenir le sujet de sa convoitise. Et plus elle captive toute son attention.

Saigara a planté son regard contrarié dans celui de Keio.

-Mais c’est bien la première fois que je trouve aussi difficile de flirter avec une fille! Imagine qu’à chaque fois que je fais un pas vers elle, elle en fasse deux en arrière ; tu vois c’est un genre de truc comme ça.


Si encore elle avait un mec, Noahki aurait quand même tenté –sans grand scrupule d'ailleurs- mais de là, à patauger dans l’invisible, contre ce phénomène qu’est cette fille... en voilà une autre paire de manches. Soupirant d'un air exaspéré, le populaire a finit par tremper le bout de l'index dans une flaque de coulis à la framboise pour aussitôt aller en appliquer un point sur le nez de Dupreil. Jouer avec la nourriture c'est un peu le mal, mais en bon chieur, Saigara se doit de décoincer l'ambiance où il n'est pas des plus à l'aise. En parler ne le gêne pas à proprement dire, si ce n'est sa propre situation à tourner en bourrique qui l'agace. Avec ce populaire, il est aisé d'y aller par petit pas.

-Papa! Tu as vu les amoureux là-bas?
Une phrase toute ordinaire sortie de la bouche d’une fillette aux long cheveux noirs-de-jais qui observe le ‘’couple’’ derrière sa tasse de chocolat chaud.
-Elle en a de a chance, soupire-t-elle en rougissant.
Le charme de Saigara opère même sur les mineures maintenant. Keio surprend le regard réprobateur du père et sourit, touchée par cette scène. Elle a envie de se lever, feintant d’être en colère contre le japonais et d’aller à la toilette pour bouder, comme le font la plupart des filles, pouvant de ce fait se cacher et voir ce que ferait la nouvelle fan de Noahki.

-Tu veux dire que tu te penches sur la beauté intérieure de la fille avant son physique?

Keio tourne son regard vert sur le japonais. Elle est perplexe. Oui, elle a suivit la conversation même si son attention a dévié. Elle peut se concentrer sur plusieurs choses en même temps, c’est un avantage comme un autre.

-Je crois aux contes de fées. Aux histoires de princesses prisonnières en haut d’une tour qu’un prince charmant viendra délivrer, elle fait la moue en se rendant compte du ridicule de la chose. Je veux y croire de tout mon cœur. Petit moment de silence. Je voulais que ce soit vrai.

Ce qui rime un peu au fait qu’elle est peut-être trop exigeante, ou alors qu’elle se donne entièrement.
Keio regarde le japonais, attendant sa réaction face au gâteau au chocolat. Sa petite observation l’amuse et cette fois elle sourit au lieu de rougir.

-J’ai jamais testé non plus. À vrai dire, je crois pas en avoir vraiment besoin…Elle le regarde d’un air très sérieux d’un coup, puis c’est trop, elle pouffe de rire.
-Je rigole. Oui j’ai déjà entendu cette particularité du chocolat, mais les huîtres font pareil non?

Keio se met à plaisanter, c’est qu’elle se sent à l’aise la petite. Malgré le sérieux de la conversation, elle sent qu’elle peut tout dire ou presque à Noahki sans qu’il la juge.
-Ma priorité?Sans la moindre gêne, elle pioche dans l’assiette du populaire, se prenant un bout de gâteau chocolaté qui disparaît entre ses lèvres. Elle savoure un moment puis lui répond.-Du bonheur, tout simplement, mais c’est trop demandé, je sais.

Noahki se lève et Keio suit sa silhouette un petit moment avant de s’en détacher pour revenir au père et à sa fille. Celle-ci a quitté sa chaise pour les genoux de son papa. L’endroit le plus rassurant au monde. Elle lui serre le bras si fort que Keio se demande si le père va crier. L’amour inconditionnel d’un enfant pour ses parents. Tiens, ses pensées s’égarent vers Lun et ses jumeaux. Malgré ses 15 ans, l’adolescent avait bien réussit à s’en occuper. Keio se souvient de leur dernière rencontre où il lui montrait des photos de Judith et Philipp, le sourire aux lèvres. Le papa fier de ses enfants qui raconte leurs péripéties avec des étoiles dans les yeux. Elle se demande si un jour elle aura des enfants aussi. C’est si lointain et pourtant trop près quand on y pense.
Saigara revient, la tirant de ses pensées, et les yeux verts retournent se poser sur lui avec douceur.

-Je n’ai pas l’étoffe d’un professeur tu sais. Je dis ce qui s’est passé et c’est tout.

Elle hausse les épaules et prend le verre qu’il lui a apporté pour en prendre une gorgée. L’eau est toujours une bonne idée lorsqu’on discute. D’ailleurs, keio n’avait pas remarqué qu’elle avait la bouche sèche jusqu’à présent. Ses yeux ne quittent pas le japonais alors qu’il avoue enfin son crime! Bah si, l’amour en est un.

-Je savais qu’il y avait une fille dans cette histoire.

Elle le dit sur le ton de la victoire, même si ce n’est rien de méchant. Une nouvelle gorgée, puis elle dépose son verre. Keio pose les coudes sur la table, ce n’est pas impoli puisqu’elle ne mange pas pour l’instant, et son menton vient se reposer sur ses mains alors qu’elle observe Noahki. C’est clair qu’elle veut en savoir plus. Le japonais est contrarié. Il ne comprend pas pourquoi ses tentatives restent vaines. Un peu normal lorsqu’on est populaire et habitué à avoir tout ce qu’non veux simplement en levant le petit doigt, à avoir tout cuit dans le bec sans même demander. Pour Keio, la situation est différente car elle n’est pas comme les autres. Cela a déjà été mentionné mais c’est pour s’assurer que le lecteur comprenne bien. En fait, elle en est même à se demander si elle ne quitterait pas le Japon pour retourner à Londres. Un peu, beaucoup, de changements pourrait juste lui faire du bien après tout ce qui s’est passé ici. C’est pas non plus comme si la moitié de l’école allait pleurer son départ, à défaut de Lun. Tiens, elle y fait référence souvent à celui-là. Ce n’est sûrement pas pour rien.

Keio fait mine de soupirer en écoutant les déboires de son nouvel ami. Du moins, elle le considère comme tel. Elle pique dans son gâteau et approche le morceau de sa bouche, s’arrêtant juste devant ses lèvres.

-C’est une danse Noahki. Il suffit de connaître les pas à faire pour suivre ta partenaire, elle sort la langue pour goûter le gâteau et satisfaite, le mange au complet. Elle attend que sa bouche soit vide pour continuer, oui elle est polie. Si elle veut avoir toute la place, alors laisse-lui. Elle viendra bien assez tôt te chercher pour continuer de danser, tu verras. Keio baisse les yeux sur son assiette. Qui elle est pour donner des leçons de flirt en fait? Elle se mordille la lèvre du bas et murmure :
-En fait, mon père serait plus l’homme de la situation tu vois. Akamu a un bon bagage dans ce domaine.

Elle vient de sous-entendre qu’elle est nulle là-dedans, mais si Saigara a bien écouté les mésaventures de Keio depuis le début, il doit bien s’en douter. Elle lève les yeux à temps pour voir l’index de Noahki se poser sur le bout de son nez. C’est froid et...collant? Perplexe, sa main vient capturer le doigt fautif pour l’observer et elle détecte assez vite le reste de coulis de framboise. Elle fronce les sourcils et dévisage le japonais et son air moqueur, sans qu’on sache si elle est vraiment fâchée ou pas. Son regard vert se fait plus intense, s’assurant ainsi de garder toute l’attention sur son visage, puis appuie les deux mains dans son gâteau pour ensuite les écraser sur les joues de Saigara, les maquillant de crémage au fromage marbré de framboises. D’un ton enjoué, elle lui susurre.

-Je suis certaine que tu lui plairas ainsi, tu es vraiment craquant!

Et comme si c’est pas assez, elle pique sa cuillère, avec un bout de gâteau dedans, et la place comme une mini-catapulte prête à l’attaquer. Concentrée, le bout de la langue sorti, elle se prépare à envoyer le boulet de canon, lorsqu’une main se pose sur son bras tendu.
-MATTÉ!
Keio tourne la tête pour regarder qui vient de l’interrompre…la fillette. Mais son doigt lui, ne s’arrête pas et relâche la cuillère et son contenu. Les yeux verts scrutent la fan de Saigara sans trop comprendre ce qu’elle fait là du coup, alors qu’un vacarme assourdissant vient rompre la tranquillité du café. La rouquine ferme les yeux en craignant le pire, mais elle doit finir par les ouvrir. Ce n’est pas parce qu’on ferme les yeux qu’un problème va disparaître, elle le sait plus que quiconque. Un serveur est face à elle, un plateau vide dans les mains pendant dans le vide. Au sol, des assiettes et tasses brisées, avec leur contenu bon pour la poubelle. Le regard de Keio revient sur le serveur et c’est là qu’elle comprend. En voyant la trace de chocolat sur sa joue, avant qu’il l’essuie d’un geste rageur de la main.
-Oups…
Keio rougit cette fois et regarde Noahki Lair de dire :’’Tu crois au mauvais karma maintenant?’’. La fillette quant à elle semble trouver la situation bien drôle car elle éclate de rire, juste avant de se faire soulever par son père qui la ramène pour l’habiller. Bien sûr, il ne se gêne pas pour lancer un regard de reproche à l’étudiante avant de partir. De quoi la rendre encore plus mal à l’aise qu’elle l’est déjà. Si c’est possible.
-Vas-y si tu veux. Je vais essayer de réparer les pots cassés.
Elle lui offre un faible sourire du genre :’’désolée j’ai tout gâché!’’ et se lève dans le noble but d’aller aider le pauvre serveur à ramasser les dégâts.

Noahki a fait mine de ne rien entendre, un air quand même amusé à ce qu’il vient d’entendre de la fillette à son père. Laissant son regard trainer sur le visage de Dupreil, le populaire ne peut camoufler une expression étonnée à la question que cette dernière lui renvoie.

-Non, en tout cas, moi, perso, je crois pas que je fasse ça, a-t-il alors fait, encore pensif. -Je veux dire, je vais regarder une fille parce qu’elle me plait physiquement, parce qu’il y a forcément un truc chez elle qui me plait. Et après je vais chercher à la connaître. Si elle est bête, et bah ce sera le coup d’un soir pourquoi pas. Mais si elle a ce que t’appelle la beauté intérieure, ça me donnera envie d’en savoir plus et passer du temps avec elle, et là je ne serai pas dans la même optique de me la taper pour un soir et en finir au plus vite.

Fixant l’extérieur un moment pour se donner un temps de réflexion –Keio le fait visiblement réfléchir-, le japonais semble hésiter à trouver les bons termes dans son explication. A vrai dire il ne prend pas tous les jours le quart d’heure pour y réfléchir, et maintenant qu’il est amené à le faire, c’est comme expliquer un mécanisme automatique. Inné, sans jamais avoir eu l’idée d’éclaircir cet automatisme.

-Par contre, poursuit-il, là où ça peut être embêtant c’est que si elle se donne trop vite et qu’elle s’investit trop, moi je sais pas si je suis capable de lui donner autant en retour Rah j’en sais rien, les deux comptent mais à bon dosage !

A beauté intérieure VS extérieure.
Balayant l’air d’un geste de la main impatient, Noahki trempe sa cuillère dans son gâteau, laissant Keio lui parler contes de fées. A un moment il la regardera franchement dans les yeux, s’apprêtant à sortir quelque chose pour la réconforter dans cet instant de silence. Mais les mots ne viennent toujours pas et le jeune homme laissera cet instant vide se prolonger un petit moment avant de sortir une ânerie sur les vertus du chocolat. Il aimerait que Keio ait raison, qu’elle puisse croire à son prince charmant. Mais quelque part en lui, Saigara se demande ce qu’est réellement un prince charmant sorti de son contexte de conte féérique. Et alors, lui même se demande si ce genre de personne existe bel et bien dans le monde.

A défaut, il aurait juste pensé étreindre Keio dans ses bras.
Pour la réconforter.


-Les huitres ?

Noahki cligne des yeux, s’imaginant assez mal bouffer de l’huitre toute la journée. Avec une mine mi-figue mi-raisin, il ne peut s’empêcher de songer à l’haleine qui doit s’en dégager pendant les ébats si soit disant l’huitre pouvait se consommer avec autant de liberté que le chocolat. Pensée éphémère à part, le populaire est plutôt content de revoir le sourire se jucher sur le visage frêle de la jeune fille. Visage attendrissant de Keio Dupreil.

Le bonheur est fait de conditionnels et de bon équilibre de ci et ça. Dans un monde idyllique, Noahki dirait que tout le monde mérite ce bonheur ; mais alors vraiment dans un monde fait d’idéaux. Et pourtant.

-Trop, je crois pas, Noahki cille avec l’impression de se contredire, peut être que ce n’est pas à la demande que ça se commande, mais que ça se fait simplement attendre. Peut être qu’il faut souhaiter que ça arrive vite ? Je ne sais pas.


Ils ont continué à discuter ainsi et Keio en est venu à rapidement cibler le tourment du populaire.

-Bien sûr qu’il s’agit d’une fille.

Encore d’une fille, et toujours les filles pour causer autant de tords. (Qu’ils en font, mais cela reste entre paranthèses). Saigara a bu une gorgée d’eau, suivant l’exemple de Keio à quelques minutes d’intervalle. Et puis ça ferait la courte trève de l’emprise de son regard vert sur lequel il s’arrêtera plusieurs fois. Et cette fois, elle lui parle de danse. Et comment danser lorsque la partenaire ne sait –à son sens- pas danser sur un enchaînement de pas logique ? Mais là où Noahki est intrigué, c’est lorsque Dupreil lui dit que Cammy viendrait le chercher pour enchaîner cette danse.

-Ah non tu parles. Dans cette histoire, il n’y a vraiment que moi qui ai le béguin pour cette fille.

Noahki a sourit et enfourné une part supplémentaire de gateau dans la bouche pour se donner l’air de ne pas être si affecté par les dernières paroles de Logan la dernière fois. -Crois-moi, il n'y a rien de bon à tirer de nos rencontres. Il est évident qu'on continuera à se chamailler quelques soient nos efforts pour tenter de nous entendre.- Sa voix résonne à nouveau dans la tête du populaire. Et il se souvient d’avoir gardé un air infaillible et empli de dédain alors qu’il venait de se prendre la douche froide de sa vie.

-Ah bon ? Je t’avoue ne pas vraiment avoir envisagé msieur Dupreil comme type de la situation mais si tu le dis...

Curieux Noahki a laissé sa phrase en suspens, avant de commencer un jeu qu’il n’aurait peut être pas dû engager : une partie de bataille de nouriture. Pendant un instant, il a presque la certitude de Dupreil va se fâcher contre lui. Fasciné par le regard qu’elle lui lance, il s’y laissera distraire au point de se retrouver barbouillé de crème sur la figure sans avoir le temps de se défendre.

-Hé Dupreil !!! s’exclame-t-il, encore ébahi, cherchant à faire quelque chose de toute cette crème généreusement appliqué sur ses joues. Mais la catastrophe qui s’ensuit alors est lorsque la boulette de chocolat sur la cuillère-fronde de Keio, va attérir sur la joue du serveur, qui surpris, en perd l’équilibre de son plateau. Spectacle ludique de la filette qui voit désormais Noahki au coulis de framboise accompagné d’un serveur tout chocolat. Et le regard entendu de Keio qui revient silencieusement mais sûrement à son mauvais karma...

-... Y a pas de karma qui tienne, alors cours!

Profitant d’un instant pour attraper une serviette d’une main et de l’autre, le poignet de Keio, le jeune homme se rue dehors, avant que le serveur ne commence à les couvrir de jurons. A leur trousse, suivent plusieurs autres serveurs outrés de l’attitude puérile des deux jeunes en fuite.

Et Noahki détale ainsi, essuyant les restes de gâteau avec la serviette poisseuse de crème comme il peut, sans lâcher Dupreil, et en commençant à se marrer dans ce marathon folklorique. Bien que certain de ne plus être coursés, le populaire entraînera loin Dupreil, avant de s’assoir sur un banc de place publique, à demi essouflé mais encore en train de se poiler de cet incident –plus ou moins volontaire.

-Dis donc Keio, tu les cherches ces ennuis, alors forcément !

Un éclat de rire et Saigara jette la serviette désormais crémeuse dans la poubelle.

-Merci donc, grâce à toi je pègue et je colle de la figure ! Il te reste un morceau de framboise sur le nez, d’ailleurs.

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Keio s’esclaffe en voyant le visage crémeux de Noahki. Mais c’est que ça lui donne vraiment un charme particulier ainsi.
-Voilà ce qui te manquait pour la séduire complètement Saigara. Tu veux que je devienne ton coach?
Ce qui est assez drôle si on considère qu’en matière de flirt, Keio n’est certainement pas la mieux placée pour donner des leçons. Surtout en se fiant à la discussion qu’ils ont depuis tout-à-l’heure. Elle dit surtout ça pour le taquiner. Keio a envie de s’amuser pour une fois.
Laissez-la vivre un peu!

La rouquine n’avait pas prévu que la groupie volerait au secours de son prince dans cette bataille improvisée et c’est donc le serveur qui se retrouve avec le ‘’boulet’’ de chocolat sur le visage. Résultat : des cadavres d’assiettes et de tasses aux pieds de l’homme au regard furieux. Keio déglutit avec difficulté et se lève un peu penaude pour réparer son erreur. C’est qu’elle est bien élevée cette petite. La fillette, pour sa part, prend une serviette et se hausse sur la pointe des orteils pour aider Noahki à se débarrasser de ce coulis de framboise. Elle n’a pas le temps d’atteindre sa joue que le japonais se lève pour prendre la serviette tenue par la gamine et court vers Keio, lui attrapant le poignet au passage. Surprise, elle tourne la tête vers lui et croise son regard. Elle résiste une seconde, peut-être deux, avant d’obtempérer et de courir avec lui. En fait, rendu à ce stade, elle n’a plus vraiment le choix. Les cris des employés du café lui vrillent les oreilles, mais son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine enterre les autres bruits secondaires. Ses mèches rousses volent dans tous les sens alors que Noahki la traîne dans une course folle où elle perd complètement le nord. Une seule idée présente en tête : Je suis partie d’un café sans payer et j’ai ridiculisé un serveur. Je suis horrible!

Keio s’arrête enfin devant un banc de place publique sur lequel le populaire s’est assis pour reprendre son souffle. Elle se penche un peu vers l’avant, posant sa main libre sur son genou droit, l’autre toujours prisonnière de la poigne du jeune homme. Sa respiration est saccadée et pourtant elle éclate d’un rire franc en se redressant. Le genre de rire de quelqu’un qui vient de faire un truc qu’il avait juré de ne jamais faire…pour se rendre compte qu’il a adoré. C’était vraiment le pied comme sensation! Keio avance un peu vers son nouvel ami et pose sa main sur son torse pour le pousser un peu.

-T’es pas possible toi…comme si c’était mon idée de prendre la fuite!

Elle lui lance un regard de reproche, mais elle est juste incapable de le garder plus que quelques secondes et sourit de nouveau, ses yeux verts brillants d’excitation. Sa main vient essuyer son nez qu’elle plisse ensuite adorablement, avant de secouer sa main pour se débarrasser de la framboise. Keio tente de se calmer un peu, question d’arrêter ce fou rire inattendu. Elle inspire profondément et ferme les yeux. Lorsque ses paupières se soulèvent, son regard vert se pose sur la main de Noahki, celle tenant son poignet.
-Dis donc Noahki… ça te dirait de me redonner ma main là? Elle a un petit sourire puis rit un peu
Pas que ça me dérange, mais les gens pourraient se poser des questions.

Sa langue apparaît pour une grimace de circonstance et elle se décide enfin à venir s’asseoir près de lui. Bon, maintenant qu’es-ce qu’on fait? S’ils retournaient en cours, ils devraient faire face à un tas de questions sur leur absence et à dire vrai, Keio préférait pas. Pas maintenant.
Elle tourne la tête vers Saigara.
-C’est quoi la suite? On va se défoncer une vitrine? Dévaliser un magasin ou alors fumer de la drogue au parc? La liste est longue et le choix t’appartient.
On pourrait presque croire qu’elle est sérieuse sur ce coup-là. La question qu’on devrait se poser est : Mais qui est cette jeune femme et où est passé Keio Dupreil?

-Un coach ? Bah oui c’est cela, oh oui s’il te plait Dupreil, sois donc mon coach. Tant qu’à taper dans l’équité, je pourrais devenir le tiens, par exemple. Par exemple... ironise Saigara, un regard blasé dans son sarcasme amusé.

Sur le moment, le populaire en est venu à se demander si sa situation paraissait aussi désespérée.
C’est qu’on ne l’ignore pas, lui ! se targue une pensée quelque part dans sa conscience. Et pourtant, à ses yeux, Logan, elle n’avait aucun scrupule à jouer les indifférentes. C’en devenait rageant pour sa dignité, trempe de populaire. Les échecs, Saigara ne les accepte pas ; mais peut-il forcer quelqu’un à pencher de son côté ? Ce sont là des questions qui lui passent un peu au dessus de la tête. Quelque part, la conquête de Cammy Logan serait-elle devenu un simple défi en deçà de ce qu'il pense ? Qu’en sait-il réellement. Après tout il est un populaire aux clichés type : plaire et avant tout, faire ce qui lui plait. Ne l’a-t-il pas déjà dit ? Réalisant sa posture, il a rendu la main à sa propriétaire.

-Quoi. Si t’insistes, je pourrais bien te ramener là bas, ça serait dommage, répond-t-il avec un grand sourire face au regard de reproche qu’essaye d’avoir la jeune fille. Mais la suite que propose Keio surprend Noahki, qui se tourne aussitôt vers elle, cessant de s’acharner à se défaire des derniers restes de gâteau. Quoiqu’il en soit, il n’avait très certainement pas pensé à retourner en cours ; de là, aller vandaliser un truc ou alors divaguer après quelques drogues... venant de Keio, Noahki peine à croire qu’elle puisse y être à l’initiative. En tout cas, elle le dit avec un tel air, que sur l’instant, il a cillé. A en oublier de rappeler que leur suggestion de s’entrecoacher était déjà une activité périlleuse. Quoiqu’il en soit, c’est sans laisser cet instant d’hésitation devenir un silence, qu’il a spontanément enchaîné.

-Et ça c’est l’option sex drog et rock’n roll?

Entre l’innocence et l’audace de Keio, il l’a dévisagée, sans pouvoir s’empêcher de la trouver attirante dans sa façon d’être. Rayonnante, si facilement. Ses larmes comme la pluie précédent le soleil. Elle donne de son naturel, cette envie à vouloir la protéger sans raison. Ou alors il doit avoir un faible pour les rouquines. Ou alors encore, il est définitivement un populaire dans l’âme. L’excuse pour concentrer du tout et du rien dans un mot. Dans son dilemme, Noahki a haussé des épaules et cessé de croiser son regard, pour reporter son attention sur les passants et les vitrines qui bordent la rue. La liste est longue et le choix lui appartient mais par principe de lucidité, il dirait que ses choix pourrait ne pas plaire. Au moins le sait-il pertinemment. Mais réfléchir ne lui ressemble pas et s’il le fait, c’est jamais pour bien longtemps parce que rien ne se passe dans l’inaction. Agir, aviser. Agir à nouveau et aviser encore. Keio a dit qu’il avait le choix. Sur l’instant, il n’y a pas de suite, il a envie de l’embrasser. Lubie, névrose ? La suite risquerait de se complexifier. Et elle, de son côté, elle a l’air sérieuse. Le serait-elle ? En tout cas c’est drôle parce que la Keio de maintenant ne dégage pas la même chose que celle qu’il a croisé à l’école : troublante, peut être. Mais quoi : elle est assise à côté de lui à lui proposer des activités vraisemblablement violentes alors qu’il y a tant de façons de rester dans le pacifisme. Facile de trouver n’importe quel prétexte alors qu’il voit son visage déjà trop près de celui de Keio. Keio Dupreil, contre toute attente, qu’il est en train d’embrasser sous le regard des passants. En plus, elle sent bon, elle sent la framboise. L’excuse n’est pas bien brillante, c’est vrai.

Bien. Ou pas bien, en fait. Si ça se trouve elle lui assènerait une claque et il devrait trouver à s’expliquer. Ou bien, prise dans son engouement, elle préfèrerait quand même ficher le bordel dans une boutique. Pourquoi pas. La certitude de l’instant est qu’il ne retournerait pas en cours de suite. Et pendant une fraction de seconde, il se demande que penser lorsqu’il faudra refaire face aux bruits qui courent déjà dans les couloirs. Aux rumeurs qui diront que Saigara s’est tout simplement tapé Dupreil –ou l’inverse- dans les chiottes et que, ça aurait été le début d’une nouvelle relation. Vrai dans les lignes mais qu’en sera-t-il dans une réalité plus concrète. Après tout ce quoi ils ont discuté Noahki n’a pourtant pas en tête de froisser Keio. Et si elle prenait tout à coeur ? Le populaire a reculé.

-Bon. On peut vandaliser un magasin hein... a-t-il grogné pour rattraper le coup.

Keio rit à la demande feinte du japonais d’être son coach. Mais son amusement fait rapidement place à une grimace alors qu’il lui renvoi la balle.
-C’est ça, moque toi tiens, je le mérite bien.

Elle détourne son regard du japonais, nullement offusquée, pour observer le ciel d’un beau bleu clair. Aucun nuage à l’horizon, une journée idéale pour sécher les cours. Un léger soupir passe ses lèvres en pensant que Noahki a probablement raison. Entre les deux populaires, celui qui en connaît le plus sur l’amour c’est bien lui. Il a plus d’expérience qu’elle dans ce domaine et pourrait relever le défi d’être son entraîneur haut la main. Comment flirter et ramener un mec à la maison en une seule leçon facile. Le seul hic, c’est que Keio ne drague pas. La seule fois que c’est arrivé avec Brieg lui a laissé un goût amer en bouche. Elle n’a pas du tout envie de revivre cette douleur. C’est ça le problème. Elle fouille le passé au lieu de se tourner vers l’avenir. Petite déprime passagère qu’elle chasse en repensant à la mésaventure avec le populaire. Enfin, un peu de piquant dans sa vie. D’ailleurs, Saigara propose à la blague qu’ils retournent au petit café.

-Ha non alors! Tu m’as fait fuir de cet endroit, c’est sûrement pas pour m’y ramener de force
Juste le fait de repenser à cet évènement la fit rougir. Elle place ses mains devant son visage et ferme les yeux.
-C’était si embarrassant!
Lorsqu’elle dévoile enfin son visage, ses yeux grands ouverts sur lui, elle aborde un air sérieux pour pousser l’audace à proposer d’aller faire de la casse. Cette situation l’amuse à vrai dire et elle se sent à l’aise de discuter avec Noahki. Pourquoi ne pas pousser les limites un peu plus loin pour une fois? Une lueur d’excitation commence à luire dans ses grands yeux verts et pourtant, elle tente de rester dans son personnage de jeune rebelle.

Elle n’arrive pas à croire qu’il la prend au sérieux. Il se questionne à son sujet, c’est visible dans ses yeux. Keio a lancé cette invitation si impulsivement que cela ne lui ressemble pas. Elle pense toujours avant d’agir. Mhmm…pas tout-à-fait. Au bal de la St-Valentin, elle avait laissé sa tête de côté pour jouer la rebelle un peu. Défier l’autorité parentale pour une fois. Elle avait eu le cœur brisé par la suite, mais ne regrettait pas. Keio n'avait pas non plus trop réfléchit avant de suivre un parfait inconnu dans sa voiture qui s’était offert pour la ramener chez elle. Par chance, Ivory n’était pas un psychopathe, mais plutôt un homme au grand cœur, un peu trop séduisant et gai en plus. Tout cela pour maintenant proposer d’aller dévaliser les magasins.

-J’ai pas dit de faire la fête et s’envoyer en l’air non plus Noahki…
Elle rougit une nouvelle fois, suite à ces derniers propos, mais il ne semble pas s’en soucier. Noahki regarde ailleurs et elle en profite pour le détailler. Le rouge de ses mèches semble s’enflammer grâce aux rayons du soleil, lui donnant l’air d’un guerrier prêt à aller faire la guerre (dévaliser les magasins ça compte?). Il a le physique pour plaire, c’est un populaire après tout, et le charisme qu’il dégage donne envie de se laisser tenter, encore une fois. Plonger tête première dans ce baiser spontanément donné, offert. Ce baiser qui…Quoi?
-…
Keio écarquit les yeux en se rendant compte que Saigara est vraiment en train de l’embrasser. Elle ne s’est pas endormie sur un banc de parc en imaginant cette scène, non ça se passe pour vrai. Elle aurait pu lui donner une gifle monumentale, dont il se serait souvenu pendant longtemps, mais elle se dit qu’il ne la mérite pas. C’est Noahki qui l’a trouvée démunie dans les toilettes des garçons. Lui qui l’a amené prendre un café pour discuter et encore lui qui l'a sauvé des griffes du méchant serveur. Pourquoi lui en vouloir pour si peu? La vie est si courte.

Elle ferme les yeux pour rendre doucement le baiser, goûter ses lèvres, puis les ouvre à demi pour le regarder.
-Noahki?
Un souffle doux contre la joue du populaire alors que lui a reculé la tête, elle l’a avancé. Une main se pose sur cette même joue qu’elle caresse du pouce avant de murmurer.
-Si tu voulais savoir quel goût avait mon gâteau, tu n’avais qu’à me le demander tu sais?
Un sourire illumine son visage alors que cette fois-ci elle recule le visage. Keio sait très bien maintenant ce qu’est un simple baiser et celui de Saigara en est certainement un. Une impulsion soudaine, une envie qu’il n’a pas su refréner. Elle ne lui en tiendra pas rigueur. Et puis, elle s’est surprise à y prendre goût aussi à ce baiser inattendu. C’est pas à tous les jours qu’on se fait embrasser comme ça, sans raison.

Keio balance un peu ses jambes, regardant à son tour devant elle. Certains passants s'étaient arrêtés pour être témoin de ce moment de douceur, et elle leur envoie la main poliment.
-Si vandaliser un magasin est vraiment ce que tu veux, j'suis prête à y aller.
Elle tourne le regard vers lui, joueuse.
-Je voudrais te remercier du moment que tu as pris pour moi. On peut faire ce que tu veux.
Puis, comme si elle se rendait compte du pouvoir que ces mots pouvaient avoir, elle leva une main vers lui et prit un air grave.
-Attention quand même. Tout ce qui reste politically correct **

Elle est consciente qu'ils viennent de s'embrasser pour rien, alors qu'es-ce qui est conforme après ça...on s'en fou un peu.

** en anglais dans le texte

-Je me suis dis qu’il aurait meilleur goût sur tes lèvres, a-t-il hasardé en levant les yeux au ciel. Le populaire a un moment cogité dans son coin. Il y a un quelque chose qui ne tourne plus aussi rond qu’avant, et ce même truc qui a le don de l’agacer. Avant... il n’y a jamais eu vraiment d’avant ni d’après mais la seule chose qu’il aurait juré, c’est de ne s’être jamais senti autant dépourvu de sens. Dans ses actes, dans son comportement. Ce quelque chose qui n’a pas réellement de terme définissable si ce n’est que c’est encore la même personne qui hante son esprit. Bon sang. Le pire est qu’après avoir embrassé Keio, il s’est senti crétin. Encore plus lorsqu’elle l’a remercié. Les défis d’avant n’ont plus la même saveur que maintenant, c’est en soi déstabilisant. Embarrassant, voire humiliant. Le japonais s’est ressaisi. Politically correct. Oui, elle le lui rappelle. Noahki ne veut pas que Keio rentre dans ses idioties.
Il apprécie Keio.

-Oui bon. J’ai déjà un carton rouge à l’école, je vais éviter de m’y faire sortir... a grommelé Noahki, écartant d’un coup ces contradictions qui voudraient lui brouiller les pensées. Changer les idées ; c’est bien pour ça qu’ils avaient quitté l’école, tout à l’heure. Il allait sécher un après-midi de cours, mais au moins c’était pour une bonne cause non ?

Il se relève et l’invite à le suivre.

-Ce que je veux, ce que je veux... bah autant te dire que je ne sais pas où on va ! Si tu veux t’arrêter quelque part, c’est le moment.

Commençant quelque pas, il lui jette un coup d’oeil enjoué. Ils auraient pu jouer au jeu de se perdre mais à force d’habiter dans le coin, le japonnais aurait eu du mal à ne pas reconnaître son chemin. Au lieu de ça il a continué de marcher, tranquillement, pensif.

-Faut des sensations fortes pour oublier Keio ! a-t-il spontannément lancé sans réfléchir.

Du sport à perdre haleine, une montée d’adrénaline à s’en fier à l’instinct. A défaut, quelque chose de plus abordable avec Keio : les parcs d’attraction. Ce n’était certes pas bien original mais sans doute passeraient-ils un bon moment à se poiler un bon coup avant de rentrer à nouveau dans le moule du lycée. L’ambiance festives et l’animation auraient donc le mérite de les déconnecter quelques instants de là bas. Noahki n’a d’ailleurs pas pas indiqué à la jeune fille où il comptait l’entraîner, mais elle le verrait rapidement quand ils seraient aux abords de la place.


-Tu choisis ce que tu veux faire, mais je t’avertis, tout sauf ça, là bas.

La grande roue, évidemment. Le principe était bien d’oublier, pas d’avoir le temps de se ressasser des histoires ratées de couples.

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