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 Violence dans l'âme

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MessageSujet: Violence dans l'âme   Violence dans l'âme EmptyLun 24 Jan 2011 - 18:15

« La violence est juste, là où la douceur est vaine. »
~ P.Corneille ~



    Il avait osé… Osé s’insurger dans sa vie, dans ses maux qu’elle était venue panser dans ce lycée. La querelle juvénile s’était transformée en une véritable avanie que le stoïcisme, peu considérable chez la jeune fille, n’avait pu supporter. Jamais elle n’aurait songé qu’être nouvelle engendrerait de telles difficultés, mais parole de Watanabe, elle ne laisserait nul scélérat calomnier sur sa personne ! Tant pis si ses élans atrabilaires brisaient la promesse pacifisme qu’elle avait faite à sa mère avant de quitter le foyer, elle ne pouvait laisser sa fierté ulcérée par les invectives du fils d’un gentilhomme. Titre bien ironique, elle se rendait compte que la gentillesse était comme le goût, relative aux individus, et certains avaient vraisemblablement manqué de pédagogue. Elle n’était certes pas un exemple en matière de philanthropie, mais elle n’attaquait personne par plaisir virulent. Sa quête serait plus ardue que prévu… Peu de temps qu’elle découvrait son établissement et les disciples qui le peuplaient, la coiffe de néophyte ornait encore sa superbe, et sans doute était ce cela qui avait été l’agent de l’algarade. Elle ignorait s’il ne s’agissait que d’un bizutage ou de la nature altière de quelques aristocrates qui les avait influencés à la désigner comme cible, mais qu’importe en réalité les causes de tout cela, le corollaire ne changerait pas : l’administration la sanctionnerait. Du moins, c’est ce que la harpie face à elle lui vociférait à la figure depuis de longues minutes dans l’espoir de la faire parler. Emotionnellement rudoyée par cette contingente situation, elle avait renoncé à toute forme d’objection qui aurait été vaine, ou aurait empiré son cas, et se contentait de jouer l’aphone. En partie enfoncée dans sa chaise, ses yeux à moitié ouverts et miroitant la lassitude, son index dessinait des formes aléatoires sur les plis de sa jupe en guise de délassement. Plus la surveillante lui hurlait dessus, plus Kanon se renfermait, et elle n’avait alors qu’une hâte : regagner sa chambre pour oublier cette matinée. Mais en voulant omettre la scène, elle se la retraçait inlassablement dans son esprit, elle qui pensait que l’astre diurne avait annoncé une journée ordinaire…

    L’asiate s’était faite tirer de ses songes par ses colocataires, il était l’heure de se préparer pour les cours. Pataude, mieux ne valait pas lui adresser une même aimable salutation et laisser la zombifiée ouvrir les yeux sur le monde. Une fois le petit déjeuner avalé, elle entama ses marottes matinales par ses écouteurs dans les oreilles, une mélodie digne de son excentricité à s’en percer les tympans. Puis, la petite démone s’attela à sa préparation en soufflant des paroles muettes. Une jupette léopard d’un bleue nuit et à la dentelle noire avec un haut dont il lui manquait la totalité d’une manche, dévoilant l’ornement floral de son épaule gauche, et la moitié de l’autre. Des bas résilles et d’impressionnantes bottes, agrémentées d’une fine écharpe à la teinte saphir. Se faire remarquer ? Elle assumait simplement ses goûts, et oubliait parfois que tous n’appréciaient guère l’extravagance. En se rendant jusqu’à sa salle sans porter attention autour d’elle, elle pensait que cela dissuaderait quiconque de l’approcher, elle avait jugé bon d’être aussi opaline que neige jusqu’à ce qu’elle ait retrouvé son géniteur, nul besoin d’accumuler les besognes. Mais avait-elle pris en compte les intentions d’autrui ? Occupée à fureter les messages de son portable, elle avait faiblement heurté le dos d’un quidam au sang-bleu. Elle n’eut le temps de présenter quelconque excuse qu’elle fut empalée par une œillade dédaigneuse qui la laissa pantoise. Un peu plus et elle aurait l’impression d’avoir commis un homicide ! Pire encore lorsque l’étudiant en question lui fit indubitablement comprendre qu’elle venait de le souiller par son contact. Rapidement irritée par cette attitude primesautière, elle tapota son index sur son torse, se mit sur la pointe des pieds et l’éclaboussa de ses pensées. Il ne serait certainement pas celui qui lui fera baisser les iris, il s’était attaqué à la mauvaise personne, car elle n’était pas pusillanime pour un sous ! Cependant, elle ne désirait pas s’enfoncer plus intensément dans la querelle, et une fois ses idées exprimées elle reprit sa route non sans retenir la fureur qui, intérieurement, la calcinait. Ce fut alors la profanation. Comme le plus avilie des blasphémateurs, il évoqua l’absence de son père comme un reniement volontaire face à sa disgrâce et aux frasques libertines de sa mère. Pour ces personnes, il était évident que les chefs de famille reniaient une descendance impure, ce que le jeune homme ignorait, c’est qu’absence paternelle il y avait… Le hasard faisait parfois mouche. Si ses paroles n’avaient qu’un fond sardonique, elles avaient meurtri la demoiselle au plus profond de son âme. Ebranler ainsi le substrat de sa démence était indigne, l’archer avait fait preuve d’une acuité oculaire sans précédente, sa flèche avait atteint son talon d’Achille. Ankylosée sur place tel un simulacre de granit en pleine secousse thermique, elle était prête à s’effondrer. Les prunelles enflammées, elle sentit l’oppression d’une carence parentale dévorer sa volonté et la souffrance muter en rage. Sans plus d’hésitation, elle fit un bond en direction de son antagoniste et prit soin de compromettre sa postérité d’un coup de rotule en pleine virilité avant de lui sauter à la gorge. Furtivement, une cloison d’élèves entoura le binôme, tout aussi vite abattue par des membres du personnel alertés par la cacophonie crée. Séparés, les rivaux furent entrainés chacun de leur côté, et c’est ainsi que Kanon se retrouva dans le bureau des surveillants.

    Le poing de sa tortionnaire s’écrasa sur l’écritoire, sortant la sylphide de ses pensées. Avec la chance de son côté, elle devait être tombée sur la plus inepte des surveillantes. La plus jeune soupira et se mit à triturer son collier, sans jamais dire un mot, espérant qu’on la relâche bientôt ou qu’un diplomate n’intervienne.
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Ryosuke Saitô
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MessageSujet: Re: Violence dans l'âme   Violence dans l'âme EmptyLun 24 Jan 2011 - 23:47

C'était une matinée somme toute assez orthodoxe. Des cours, des bousculades, des mêlées, des fanfaronnades, rumeurs et autres petites histoires amusantes dont Saitô aurait pu faire un recueil s'il avait eu ne serait-ce que la folie de se saisir d'une plume au lieu de se balader au travers des couloirs. Heureusement, l'écriture n'était pas son occupation de prédilection, il préférait de loin la manipulation hasardeuse de la parole. Lors de ses multiples conversations passées dans les locaux de cet établissement, il s'était supris à parlementer un peu avec tout le monde, ce qui au final avait fait de lui quelqu'un d'estimé.
Pourtant cette journée avait commencé sur des chapeaux de roues: à la première heure, une bagarre. Pas n'importe laquelle: une grande pêche à la mine patibulaire et une fleur fraîchement arrivée dans l'académie, mais au tempérament de feu. Saitô était à proximité lors de la rixe pour ensuite maitriser l'individu qui avait subi plus d'une interpellation dans le méandre des couloirs. Dominer la racaille n'était pas chose aisée, cependant l'expérience de l'ex-militaire était de mise. Suite à cela, le surveillant l'avait pris à part et emmené loin de toute population Keimoosienne afin de lui faire comprendre qu'à la prochaine incartade il se verrait dans l'obligation de le faire passer, de gré ou de force, par le conseil de discipline. Les mots avaient eu leur petit effet et l'adolescent de 17 ans s'était vu malgré tout attribuer la bagatelle de deux heures de colle chaque soir, pendant une semaine, à récurer les graffitis de chaque cabinet de toilettes de l'académie.

Quelques temps plus tard, Ryo refit son retour dans le bureau des surveillants, dans l'espoir de pouvoir profiter des effluves d'une boisson chaude tant appréciée, à la superbe émanation de caféine.

- Hey Rider ! Tu t'es encore mangé le Tortionnaire de Newbies ?

Saitô poussa un léger soupir tout en passant une main lasse dans sa crinière brune, et peu ordonnée. Peu lui importait son allure après tout, son casque aurait tôt fait de d'anéantir tout espoir d'harmonie capillaire.

- No comment.

Il n'était pas du genre à médire sur le dos de qui que ce soit, surtout pas à un abruti qui avait déjà porté la main sur un élève. Saitô ne ferait jamais une chose pareille dans l'établissement. Mine de rien, il s'était attaché à son job. A travers tous ces gamins qu'il fréquentait au quotidien, il reconnaissait une partie de lui même, au temps jadis. Il leur ressemblait. A lui, on avait offert une planche de salut. Il espérait pouvoir faire la même chose à quiconque le nécessitait. Le fameux bourreau de nouveaux était certes un balourd, mais il faisait également parti du club de jardinage. Il fallait que Saitô tape dans cette acuité que le tourmenteur se forçait d'ignorer.
Se stabilisant devant le distributeur de boissons chaudes, il sélectionna un expresso sucré, portant un intérêt particulier sur le schéma d'un grain de café ornant la façade de la machine. Sitôt servi, il prit son gobelet fûmant et délicieusement arômatisé, s'installant sur une chaise, cigarette éteinte au bec, le haut du crâne allant flirter avec le lambris d'un mur non loin de l'emplacement de son bureau, actuellement occupée par sa collègue. Il baissa les paupières, profitant encore de la vapeur exaltante à la douce fragrance tant désirée. Ce n'était pas comparable aux exquises préparations de Joyce, mais pour l'heure, le luxe n'était pas invité.
Un bruit de choc le fit rouvrir les yeux. Il poussa un soupir las, agacé de voir que son quart d'heure détente ne pouvait être accompli. Cette légère turbulence avait été provoquée par sa collègue citée plus haut. Détaillant la scène qui se déroulait sus ses yeux, il aperçut la compagnie que faisait face à la femme au regard aigri.

La brune avait une dégaine hors-norme, en adéquation avec l'attitude qu'elle affichait. Et bien que le règlement interdisait ce type de vêtements dans l'enceinte du lycée, Ryosuke avouait que ce style négligé était tout de même bien travaillé. Il étira un petit sourire en comparant le comportement de chacune des deux "dames". Combien d'années - lumière - les séparaient ? Sur un simple mètre carré de superficie, l'anachronisme était ahurissant. Le surveillant réalisa que la lycéenne était l'opposante du bourreau précédemment nommé. Des petits bras, celui qu'il voyait était d'ailleurs joliement orné d'une fabuleuse représentation florale (aquatique ou terrestre), des bottes qui semblait faire la moitié du poids global de l'adolescente, et un geste de nervosité qui sembler en rien correspondre à sa tendance.
Se redressant, il porta le liquide refroidi aux lèvres et l'avala d'une gorgée. Il se reposta devant le distributeur observant le choix proposé. Finalement, il fit volte face et rejoignit sa collègue. Derrière la jeune fille, il fit signe d'un geste bref à sa collaboratrice de prendre congé. Cette dernière ne se fit pas prier ce qui ne surprit en rien Ryosuke. Moins elle en faisait, mieux cela convenait à la mégère. Secouant la tête, il se contenta, plutôt que de prendre place sur ce fauteuil trop austère, de s'assoir sur le coin du bureau, attrapant au passage le document correspondant au dossier de l'élève. Blanc. Même pas un nom. Un souffle contrarié s'échappa de sa bouche, gonflant légèrement les joues. L'objet repris sa place dans un mouvement éperdu.

- Café, thé ou chocolat ?

Rien sur le dossier, pas de parole. Il fallait donc la faire parler. Saitô avait sa méthode. Ça ne marchait pas à tous les coups, mais il y avait toujours une petite chose que même Pandore avait réussi à conserver: l'espoir. Il étira un petit sourire à l'intention de la brunette, contrastant, involontairement, avec l'accueil qu'on lui avait réservé précédemment.
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MessageSujet: Re: Violence dans l'âme   Violence dans l'âme EmptyMar 25 Jan 2011 - 18:01

    Lorsque l’acrimonie était alliée à une exhalaison buccale semblable à des œufs putréfiés, la séance devenait une véritable torture. Maudite soit cette mégère, elle se souviendrait de ne jamais l’interpeller dans les corridors. Plus le temps s’écoulait, plus sa circonspection était mise à rude épreuve, mais elle ne devait pas faire de faux pas en compagnie de ce tyran… Qui sait ce qu’elle serait apte à faire si elle venait à lui manquer de respect ? Serait-ce pour elle une exclusion ? Extrême sanction peu plausible, l’hypothèse de cette dernière lui glaça cependant le sang. Elle n’avait pas fait tant de sacrifices pour que l’issue de ses espoirs ne s’achève ainsi, sur une bévue aussi absurde. Qu’allait-elle dire à sa mère, qui lui avait fait confiance dans cette odyssée… Une influence pessimiste semblait s’être emparée de la demoiselle toujours plongée dans un mutisme glacial. Elle n’avait même pas eu l’opportunité de rencontrer son géniteur, de savoir à quoi il pouvait bien ressembler. Alors, que devait-elle faire… Coopérer ? Elle observa son nouvel antagoniste… Quoi qu’il advienne, cette succube ne lui inspirait aucune confiance, de plus, elle agissait comme si Kanon avait commis le crime du millénaire. Décidément, avait-elle l’apparence d’un bouc émissaire ? Elle laissa sa tête basculer en arrière en serrant ses mâchoires, retenant le feulement d’exaspération qui naquit dans sa gorge. Soudain, quelqu’un pénétra dans le bureau, et sa tortionnaire prit congé au plus grand soulagement de l’asiate qui se redressa sur sa chaise et examina le nouvel individu. Celui-ci était d’une imposante carrure, sa forte structure surprit d’ailleurs l’étudiante. Une chose pouvait être certaine, peu de gens devaient lui chercher des ennuis à cet autochtone japonais. Ses cheveux étaient d’une ravissante teinte d’ébène, et que dire de ses yeux aux flamboyances de douceur… En dépit des indices dont elle disposait, la sylphide ne fit aucun rapprochement filial, trop occupée à penser à son cas actuel : allait-il lui aussi s’époumoner sur elle ? Elle suivit ses moindres gestes et mimiques du regard, ne pouvant s’empêcher de lâcher une succincte expiration sardonique lorsqu’il fut frustré du contenu de son dossier. Son ancienne école n’avait sans doute pas encore transféré les données la concernant, s’il les voulait, il allait devoir les lui soutirer. Elle était curieuse de voir la manière dont il s’y prendrait… Mais contre toute attente, il lui fit une proposition inopinée : celle d’une boisson pour réchauffer les mœurs. Dubitative face à tant d’affabilité, contrastant énormément avec sa précédente enquêtrice, la demoiselle arqua un sourcil sans prononcer un mot. Le sourire qu’il lui adressa accorda à cet éphèbe toute la courtoisie que l’on serait en mesure de lui envier. Cependant, celle qui se trouvait face à lui serait plus délicate à corrompre, et elle s’en irait lui prouver l’incandescence de son caractère.

    « Roh ça va… » Souffla t-elle d’une mauvaise volonté, défiant l’adonis d’une sombre œillade. « Pas la peine de faire copain-copain, vous êtes ridicule. ».

    Du haut de ses quinze années, Kanon était loin d’être ingénue et encore moins timorée, la spontanéité était sans doute sa plus grande qualité comme son plus grand défaut. Trait ambivalent de sa personnalité, il ne lui permettait pas toujours de se faire apprécier pour sa sincérité. Sa mère lui reprochait fréquemment son manque de tact, dont elle remettait la faute sur la fougue de la jeunesse. La nippone se demandait si elle tenait cette véhémence de son père ou si, contrairement à son physique, elle en était tout l’inverse. Elle avait tant de questions à lui poser, dire qu’il était si proche de lui, quelque part dans cette académie… Peut-être même était-ce cet homme face à elle ?... A cette pensée elle secoua la tête, son intense réflexion lui faisait songer n’importe quoi, il y avait beaucoup trop d’éventualités pour ne faire que supposer.

    D’un soupir las, elle fouina dans le contenu hétéroclite de sa besace et en sortit une boite de sucreries à la violette. Elle en saisit un, remit l’écrin à sa place initiale, et se prépara à l’action. De son habileté senestre, elle lança le bonbon haut dans les airs pour que celui-ci ne termine sa chute directement dans sa bouche. Exploit réussi, elle le mâchouilla en reprenant sa position dans le fond du siège, omettant presque la présence du quidam. Allaient-ils la lyncher encore longtemps ? En ce moment même elle ratait ses cours, fait non négligeable qui ne semblait pas alerter les adultes, plus qu’obstinés, il fallait l’avouer. Elle observa à nouveau le surveillant… Qu’est ce que sa petite frimousse d’adolescente pouvait-elle bien lui inspirer maintenant qu’elle lui avait annoncé la couleur ? Les charmantes petites attentions qu’il pourrait lui porter ne fonctionneraient point, elle était bien trop méfiante et désenchantée pour ployer sous son poids. Alors, pour ne pas perdre plus de temps qu’ils n’en avaient déjà gaspillé, ses lippes à l’éclat d’amarante délivrèrent une nouvelle réplique.


    « Franchement, ça vous avancera à rien de savoir le pourquoi du comment, ce qui est fait est fait, on ne revient pas en arrière… » Cette phrase sonna comme sempiternelle aux lèvres de la jeune fille, évidente pour bien des choses. « Alors… » Son regard fut presque implorant et son phonème marqua un net désagrément. « J’peux aller en cours maintenant ? ».

    Il était plus qu’évident qu’au-delà des craintes punitives, Kanon n’avait véritablement pas l’envie d’aborder le sujet de la discorde. Elle n’aimait pas parler de… Lui.
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MessageSujet: Re: Violence dans l'âme   Violence dans l'âme EmptyMer 2 Fév 2011 - 12:15

La réaction hostile en réponse à la proposition dépourvue de mauvaise intention ne surprit en rien Saitô. Il avait subi de bien pires ripostes qui, bien que ne se résolvant pas toujours de succès, avait pu entamer quelques brèches par ci par là. La rebelle, telle qu'elle se montrait, n'était pas en position de force, ce qui, de ce fait, finit par arquer une de ces risettes amusées sur les badigoinces du surveillant. De toute manière, un brin de résistance n'était pas pour lui déplaire, en revanche ça l'était moins si sa vis-à-vis s'en retrouvait contrariée. C'est pourquoi il lui fallait absolument faire preuve de tact pour ne pas chauffer davantage cette plante à l'apparence épicée. Se rendant compte qu'il était en train de triturer sa sèche au papier brun entre les doigts, l'appel de la nicotine commençant à se faire ressentir - il n'en avait pas encore consommée depuis son lever - il se redressa, attrapant son contenant (noir également) de la poche arrière de son jean anthracite partiellement délavé, et y glissa la tige délicatement avant de remettre le paquet dans l'emplacement initial.

Laissant naturellement le silence se frayer un chemin entre les deux individus, l'homme aperçu une ombre passer furtivement devant sa fenêtre. Un des élèves qu'il suivait de près, sur le front duquel il était aisé d'y lire "Tête de Turc". Regardant sa montre, la première heure était bientôt terminée. Il le recevrait donc ensuite. Voilà qui promettait une journée riche.

Il alla poser sa personne sur son siège cette fois, remarquant au passage avec quelle habileté l'adolescente avait fait voler une friandise pour ensuite la réceptionner sans difficulté dans sa bouche. Tout le monde avait tenté cette petite pratique au moins une fois dans sa vie. Evidemment Saitô était de ceux là. D'ailleurs, il s'amusait encore à renouveler l'opération mais pas pour le même type d'amuse-gueule. L'interdiction de fumer dans l'établissement lui avait fait perdre son expérience et n'y parvenait plus à chaque fois. Il conserva son air jovial alors qu'il posa son coude gauche de façon quelque peu négligée sur la table, pour ensuite poser sa tête sur sa paume. La lycéenne manifesta son désir de retourner en cours, ce qui embêtait le trentenaire. Pour la simple et bonne raison qu'il ne pouvait accéder à sa requête.

- J'aimerais bien t'envoyer rejoindre ta classe, mais je ne peux pas si tu ne m'aides pas un peu, jeune fille. Je ne suis pas ton ennemi, tu sais. Je ne suis pas là pour te rabaisser, je veux juste qu'on discute.

Son air affable s'évanouit peu à peu lorsqu'il vit son responsable en chef passer non loin. Il se redressa pour s'installer dans le fond de son siège attrapant au passage le document vierge accroché à sa planche de support, et étira ses longues jambes devant lui. Il lui fallait faire son job après tout. Tant pis pour la mise à l'aise de l'élève.

- La deuxième heure de cours commence dans vingt minutes. Je pourrais te laisser y aller si tu me donnes quelques informations. Ne te rends pas la tâche plus difficile qu'elle ne l'est déjà... je dis ça dans ton intérêt, vois-tu.

Les adolescents étant hélas tellement susceptibles qu'il commençait à craindre une nouvelle rétorsion de la part de la jeune fille.
Remarquant l'éloignement de son supérieur, il balança le document à nouveau sur le bureau en soupirant. Il ouvrit un tiroir, et en sortit un petit livret, qu'il possédait en quantité. Il le posa en face de sa vis-à-vis.

- Déjà, aucun professeur ne t'acceptera dans son cours si tu gardes ce look. Ceci est le règlement. Je te conseille de bien le consulter sinon tu risques de te retrouver à nouveau face à Miss Minchin (nda: l'horrible directrice dans Princesse Sarah...).

Il se stoppa net. Oops. Ses paroles avaient dépassé sa pensée. Il étira un sourire. Puis un petit rire.

- Je veux dire... Ueno-san.
Le surnom n'était pas une invention de l'employé, mais c'est ainsi que les elèves appelaient la mégère citée plus tôt. Le sobriquet, parfaitement en adéquation avec l'allure de sa collègue lui avait provoqué un rire presque fou, la première fois qu'il l'avait entendu, ici même, dans ce bureau. Il avait beau tenter des efforts pour ne pas itérer ce propos, surtout devant un élève, c'était plus fort que lui.
Le sourire persistant, il continua dans sa lancée, se frottant l'arrête du nez, tentant de réprimer un rire presque naissant.

- Les élèves qui ne respectent pas ce règlement risquent des sanctions plus ou moins sévères en fonction de la gravité de l'acte reproché. Tu es nouvelle, donc bon, on fait l'impasse mais il est indispensable d'adopter une tenue correcte et ce, pour qu'il y ait une certaine équité entre tous. Il est probable que ce soit pour cette raison que tu aies été importunée par cette petite frappe tout à l'heure. Enfin, d'après ce que j'ai vu, je pense sincèrement qu'il ne viendra plus t'ennuyer. Qui t'a appris à te battre ? Tu te débrouilles plutôt bien...

Keimoo comptait parmi ses élèves, de nombreux bagarreurs en tout genre, mais pas vraiment de filles dans leurs rangs. La lycéenne inconnue n'avait pas froid aux yeux et Saitô avait tout de suite compris qu'elle n'était pas le moins du monde impressionnée par une quelconque autorité. Il suffisait de voir la taille de l'ado qu'elle avait mis à terre pour le comprendre.


Dernière édition par Ryosuke Saitô le Lun 14 Fév 2011 - 23:04, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Violence dans l'âme   Violence dans l'âme EmptyVen 4 Fév 2011 - 18:15

    Il y a parfois des jours où mieux vaudrait ne pas quitter son lit… Kanon avait la fâcheuse impression qu’aujourd’hui ne serait pas sous l’influence d’une généreuse providence, bien au contraire… Elle commençait seulement à se souvenir que l’école n’avait jamais été inscrite dans ses mœurs, peut-être s’était-elle laissée emporter par le fougueux espoir d’une quête paternelle… Elle était parvenue à outrepasser les difficultés du concours d’entrée, mais avait-elle la force de suivre la constance des cours dispensés ? Elle l’ignorait, elle qui ne fonctionnait que par étape s’était depuis longtemps fixée la prochaine : retrouver son père, seulement après cela, serait-elle en mesure de se projeter plus sérieusement dans l’avenir. Cependant, son admission à un établissement d’haute notoriété ne changerait pas son impétueuse nature, qu’importe même le quidam qui se trouvait face à ses crocs, elle demeurerait toujours fidèle à elle-même. Fait qui ne sembla en aucune façon perturber son interlocuteur, qui se prêta même à faire risette. Se moquait-il d’elle ? Quel aplomb, pire ! Quelle impudence ! Une telle impassibilité ébranla l’adolescente, elle qui était incapable d’en faire autant. Dans sa silencieuse frustration, elle se contenta d’afficher un pantomime relatif à l’introversion en tapotant l’ongle de son index sur le bord de l’écritoire. Le mutisme qui s’installa fut plus que fastidieux et ne fut qu’un titillement de plus à ses nerfs peu patients. Après avoir pris place face à elle, l’adonis daigna enfin donner suite au dialogue… Pour cependant à nouveau heurter la volonté de la plus jeune avec une tentative plus risible que la précédente. Cherchait-il vraiment à l’entendre hurler ? Elle haïssait les embuches sur son sentier, et ce surveillant l’agaçait sérieusement pour son obstination. Lorsqu’il prit un air plus solennel, l’asiate resserra fermement sa poigne sur sa jupe en guise d’exutoire pour son envie d’exploser. Surtout, ne pas faire de faux pas, si elle venait à se mettre l’administration à dos, s’en était fini…

    Il souligna soudain un point important, et qu’elle avait volontairement occulté. Confrontée à sa négligence, elle survola évasivement la clause règlementaire du regard avant de détourné ce dernier. Vexée, elle l’était de devoir avouer cette erreur qu’elle serait contrainte de rectifier… Décidément, le trentenaire ne grimpait pas dans l’estime de la jeune fille en dépit de ses efforts. Même lorsqu’il s’égara avec le sobriquet de la tortionnaire, cela ne l’amusa pas. Elle le fixa avec une extrême monotonie, les choses n’étaient visiblement pas gagnées d’avance… Puis, il poursuivit son discours avec persévérance, la japonaise poussa un long soupir en roulant des yeux lorsqu’il évoqua la fleur qu’ils lui feraient pour sa tenue.


    « Woa, trop sympa… » Souffla t-elle sur un ton ironique avant de se frotter nerveusement le front et de vociférer. « Z’avez rien d’autre à faire put--… !! »

    Kanon se stoppa avant de prononcer la grossièreté, mâchoires et poings serrés, croquant par la même occasion dans sa friandise, puis bascula ses jambes sur le côté. Elle se recroquevilla en plongeant son visage dans ses mains à nouveau ouvertes. Il fallait qu’elle se calme, rapidement, elle avait manqué d’outrepasser les lisières du raisonnable. Vite, une pensée qui l’apaiserait, n’importe quoi… Un énorme gâteau ? Non… Sa guitare ? Pas suffisant… Sa mère ? Sa mère… Elle projeta les traits de sa génitrice dans son esprit et se souvint qu’elle lui avait promis, autant qu’à elle-même, d’apprendre à se contrôler. Elle était plus qu’impulsive, ne pouvait s’empêcher de réagir avec violence même lorsqu’il n’y avait pas de menace. C’était sa façon de se protéger, de ne pas perdre confiance en elle. En réalité, si elle s’enflammait si rapidement c’était parce qu’il s’agissait de son père, sujet plus que sensible qui la faisait atrocement souffrir lorsqu’elle l’évoquait. Qui disait souffrance, disait protection, et conduisait inévitablement à une excessive brutalité. Elle avait beaucoup de chemin à parcourir avant de trouver l’équilibre qui lui manquait, et tant qu’elle ne l’aurait pas retrouvé, elle savait cela impossible. Après quelques secondes d’inactivité, l’asiate se redressa, le faciès torturé. Elle joignit ses mains et posa ses deux index collés contre ses lèvres puis prit le temps d’inspirer et d’expirer profondément. Si l’énervement s’était vite envolé, il serait apte à refaire surface tout aussi promptement, il fallait trouver une solution pour que le conflit cesse… Mais y avait-il un conflit, déjà ? Kanon était la seule à se mettre en condition de heurt, elle en avait conscience. Le surveillant, lui, n’y était pour rien dans son malheur… Du moins, cela semblait à première vue évident. Sans un mot, ni même une œillade, elle attrapa sa besace, sortit une feuille ornée d’arabesques, un stylo et se mit à écrire. Après quelques coups de crayon, elle retourna le support opalin et le poussa en direction de l’éphèbe. Voici ce qu’il pourrait y lire :


    Code:
    Watanabe Kanon
    15 ans – 1er année
    Née à Tokyo

    Ecrire ces quelques mots lui demanda de se faire violence, elle voyait cela comme léguer la victoire à son antagoniste, mais elle n’avait d’autre choix que de coopérer si elle ne désirait pas rester dans ce bureau toute la journée. Cependant, ne voulant nullement les lui ployer par la parole, elle avait trouvé l’alternative d’écrire les informations qu’il voulait sûrement, et qu'il aurait eu via son dossier de toute façon. Mais sans doute la questionnerait-il sur la raison de son récent face à face ? Cela, elle n’en parlerait pas, il l’avait lui-même dit, il ne viendrait plus l’ennuyer, mieux valait donc oublier. Elle releva finalement un regard peu affable, mais plus placide. Elle redressa sa frêle carrure et posa son poing fermé sur le bureau, puis prononça d’un phonème distinct.

    « Ecoutez… » Ne connaissant son patronyme, elle fit abstraction et continua. « Vous avez raison, vous n’êtes pas mon ennemi. Mais, de loin, vous n’êtes pas mon ami non plus. Gardez l’hypocrisie dont vous vous servez pour attendrir les jeunes comme moi, je ne suis pas naïve, ok ? »

    Même calme, cela ne l’empêchait pas d’être aussi spontanée qu’elle avait l’habitude de l’être, puis lancée dans ses répliques, elle reprit de plus belle.

    « De ma vie, je n’ai jamais eu une quelconque influence paternelle, alors ne pr--... » Soudain, elle se rendit compte de ses paroles, de l’indice qu’elle avait laissé échapper et qui lui souleva le cœur de frayeur. Blessée par ses propres dires, elle détourna le regard, sourcils froncés, et balbutia. « B… Bref… ! Gnn… J’irai changer mes fringues. » Elle croisa les bras. « Et si vous voulez tout savoir, j’ai appris à me battre seule, faut savoir se faire une place dans ce monde machiste… ».
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MessageSujet: Re: Violence dans l'âme   Violence dans l'âme EmptyMar 15 Fév 2011 - 10:14


Saitô devait se rendre à l'évidence: sur ce coup, cette confrontation était un échec fulgurant, écrasant. Il se savait totalement inexpérimenté face à la jeunesse et les quelques éclats qui pouvaient s'y associer. Mais s'il avait sû en découdre par le passé au sein même de ce bureau, voire ailleurs, pourquoi ne serait-ce pas le cas ici ? Il devait trouver une autre méthode. Il était évident que la lycéenne quelque peu farfelue qui lui faisait face n'était en rien comparable à la douce Saki qu'il avait prise sous son aile. Elle devait avoir quasiment le même âge, mais rien qu'à l'expression du regard farouche qu'elle affichait, il se devait de prendre moins de gants. Il avait haussé un sourcil lorsque la punkette avait failli franchir un cap intolérable. Saitô estimait qu'il avait tout de même fait preuve de patience, mais qu'il n'était pas non plus stupide. Suite à ce manquement, de justesse contrôlé, il se redressa sur sa chaise et ôta tout sourire de son faciès. Laissant toutefois l'adolescente prendre sur elle ce qui aurait, de toute évidence, risqué une sanction, il se contenta de l'observer. Il joignit ses mains, appuyées sur le bureau, tandis qu'elle faisait de même, touchant ses lèvres de ses index. Extérieurement, il était probable de pouvoir déceler quelques traits communs sur ces deux êtres, un air de famille actuellement ignoré de l'un comme de l'autre.
Dans la tête du surveillant, une question se posait et il décida de la garder pour lui: qu'est-ce qui pouvait mettre cette jeune fille dans un tel état de rage ? Il était évident que s'il prenait le risque de la poser, il aurait droit une fois de plus à une raillerie genre 'c'est pas vos oignons' voire pire, sans compter l'accent vomissant le non-respect qui pourrait à son tour énerver notre diplomate. N'oublions pas que dans ce lieu, c'est lui qui était censé être en position de force et pas l'inverse. Bien que représentant l'autorité, il désirait toutefois se trouver sur un pied d'égalité. Autre chose en revanche lui tenait à coeur, et lui avait été inculqué par ses parents puis par son éducation au sein du dôjô, puis à la JSDF: on respecte ses aînés, et ses supérieurs. Si Saitô n'était pas un parent ou un supérieur, en revanche, la lycéenne se devait de le respecter parce qu'il représentait l'éducation, mais aussi parce qu'il avait plus de deux fois son âge. S'il se laissait piétiner maintenant, il ne pourrait plus rien obtenir d'elle par la suite.
Alors qu'il songeait à cela, l'adolescente lui tendit un papier. Décoré de façon élégante, la feuille lui informait ainsi de l'identité de sa vis-à-vis.

Kanon Watanabe, 15 ans.

"Watanabe" hein ? Un des noms les plus couramment porté au Japon. Tout comme "Saitô", soit dit en passant. Cependant, il ne put s'empêcher d'avoir une pensée pour Shina, sa première liaison féminine, mais aussi la première personne pour qui il avait nourri des sentiments profonds. Son véritable premier amour. Quelques semaines plus tôt, il l'avait vue sur la couverture d'un magazine de mode féminin très connu, Vogue. Elle n'avait quasiment pas changé. Elle devait probablement avoir une belle vie à présent, un mari aimant et une ribambelle de gamins l'entourant...
Portant de nouveau son regard sur la rebelle, il se rendit à l'évidence: elle ne lui ressemblait absolument pas.
Mais au moins, il connaissait son identité, c'était déjà ça. L'administration devait se charger de contacter ses parents et il était de son ressort de fournir à ses supérieurs les informations nécessaires. En temps normal, il devait lui demander quelle était la cause de la rixe. Pour mener à bien cette "mission" il semblerait qu'il aurait plus de succés avec l'autre protagoniste qu'avec la demoiselle. Il avait plus de facilité à faire parler les gros bras que les rebelles.
D'ailleurs il comptait lui en faire part, mais elle prit la parole sen premier. Pour quelqu'un voulait au départ jouer les tombes, elle était bien bavarde. Il la laisserait parler de tout son saoûl, peut-être ainsi obtiendrait-il des indices sans trop prendre de risques. C'était un peu lâche comme stratégie, mais il n'avait pas le choix à l'heure actuelle. Il prendrait le temps.
En parlant d'indice, la fougueuse en révéla un, et de taille. "De ma vie, je n’ai jamais eu une quelconque influence paternelle (...)". Il s'en souviendrait. Elle n'avait pas fini pas sa phrase. De toute façon, ce n'était pas nécessaire. La considérant du regard le temps qu'elle s'arrête de parler, il oublia l'espace de quelques instants, son insolence qui avait faillit lui faire perdre patience. Une jeune fille livrée à elle même ? Il allait falloir faire preuve de beaucoup de délicatesse.

- Tu as raison, Watanabe. Tu as le droit de te faire une place.

Il attrapa dans un tiroir situé sur sa gauche un calepin à souche latérale, tel un chéquier, et griffona dessus de sa calligraphie fluide et élégante. Aucun regret pour ces longues années passée à réapprendre l'écriture. A douze ans, il mélangeait les Kanjis si bien qu'il préférait l'emploi de l'Hiragana. Un gamin de sept ans avait un niveau plus élevé. A 20 ans, il les maîtrisait avec une facilité qui aujourd'hui, lui était utile pour venir en aide aux cadets, lors de leurs retenues. Il s'arrêta de griffoner pour planter ses onyx sur ceux de Kanon.

- Mais ça ne te donne pas le droit de dépasser les limites. Une personne se respecte, surtout lorsque tu ignores tout d'elle.

Il détacha le feuillet du carnet et le lui tendit, mais avant qu'elle ne parvienne à s'en saisir, il ramena sèchement le bras de quelques centimètre en arrière. Il n'aimait pas faire preuve de sévérité, mais il n'avait pas le choix. Si la jeune fille prenait trop ses aises, autant avec ses camarades qu'avec le personnel, elle risquerait le renvoi. Il lui rendait service en vérité. Mais serait-elle assez perspicace pour le comprendre ? Il jugeait qu'il avait preuve de suffisamment de grâce. A elle de faire le reste du travail.

- N'oublie pas qui tu es, et où tu te trouves. Contrairement à ce que tu sembles croire, ce n'est pas par sympathie que je passe l'éponge cette fois. Mais pour la simple et bonne raison que tout le monde à droit à une deuxième chance. Le type avec qui tu t'es battue peut en témoigner.

Il lui tendit à nouveau le papier. Il s'agissait d'une autorisation à reprendre les cours, à remettre dans les trentes minutes suivant l'heure indiquée sur le document. Il était évident que la jeune fille allait devoir repasser par sa chambre pour se rhabiller, aussi il avait un peu élargi l'horaire indiqué. Il se redressa de toute sa hauteur pour se diriger vers la porte déjà ouverte.

- Tu peux t'en aller.

Non, il n'allait pas s'éterniser. Il avait un autre élève à voir, cette tête de turc larmoyante qui patientait nerveusement sur un siège à quelques mètres de là. Saitô lui fit un petit clin d'oeil compatissant, qui étira brièvement un sourire maigre et hésitant sur le visage du garçon.

Qui a dit qu'être surveillant c'était peinard ?



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MessageSujet: Re: Violence dans l'âme   Violence dans l'âme EmptyLun 21 Fév 2011 - 0:04

    Telle la palette de couleur d’un artiste peintre, elle avait vu le quidam passer des couleurs chaudes aux teintes froides en un quart de seconde. Tout comme elle s’était enflammée précédemment, elle comprenait que sa nature affable se soit évanouie lorsqu’elle avait presque dépassé les bornes. Que se serait-il passé si elle ne s’était pas arrêtée juste à temps et qu’elle avait fait preuve de vulgarité en présence d’un membre du personnel ? Elle n’osait l’imaginer… L’irrespect était un acte grave apte à se faire châtier d’une exclusion – certes pas définitive pour le moment – mais qui restera dans son dossier scolaire. Le monde de l’école était impitoyable dans la société nippone, la jeune fille ne s’étonnait guère du taux de suicide dans leur pays respectif. Pourtant, ils n’avaient pas le choix s’ils voulaient un avenir… L’avenir, elle se questionnait réellement sur ce sujet, elle avait parfois la désagréable sensation de n’en avoir aucun. Avoir les capacités mais ne pas savoir – ou vouloir – s’en servir… Cela engendrait une certaine frustration. Mais il est difficile de lutter contre sa nature, et malheureusement pour elle Kanon avait hérité d’une impressionnante paresse et d’un désintérêt profond pour l’enseignement. Sa mère ne cessait de lui répéter qu’il fallait qu’elle donne de sa personne pour espérer réussir… Peut-être que cela viendrait avec l’âge, en attendant, elle restait une toute jeune adolescence en pleine découverte du monde. Et pour ce qu’elle en avait déjà vu, de ce monde, il n’était pas des plus attractifs…

    Pour le moment, elle se demandait si son antagoniste avait jugé important de prendre en compte l’information qu’elle avait échappée. S’il y avait bien une chose que la nippone ne pouvait supporter était l’apitoiement, son absence totale d’affection paternelle n’était en aucun cas valable à une quelconque miséricorde. L’une des raisons pour lesquelles elle camouflait ce fait, mais dans la situation présente, cela était plus lié à sa fierté. Elle l’écouta lorsqu’il prit la parole, puis l’observa lorsqu’il déposa sa calligraphie sur une feuille à l’attention de la demoiselle. Quand il la fixa à nouveau pour commenter sa récente attitude, elle eut le réflexe de détourner son propre regard avec une mimique renfrognée, avant de tendre le bras pour saisir ce qu’il lui tendait. Seulement, à sa plus grande surprise, elle ne put attraper que du vide. L’observant d’un air interrogateur, l’adonis reprit sa morale de plus belle, ce qui eut le don de créer une puissante envie de rétorquer dans la gorge de la plus jeune. Dents serrées et lèvres contractées, elle fit aussitôt volteface lorsqu’elle put enfin avoir son billet, qu’elle glissa négligemment dans sa besace. Sur les talons du géant, elle mit son sac à l’épaule et soupira discrètement de soulagement en voyant son interrogatoire enfin achevé. Elle passa la porte, sans un regard ni un mot de salutation, prête à s’en aller comme la pire des sauvageonnes… Mais se stoppa après quelques pas.

    Maintenant qu’elle y songeait, et qu’elle avait un peu de temps avant de pouvoir se présenter en cours… Peut-être était-ce une opportunité pour entamer son investigation sur son géniteur. Sa mère lui avait confirmé qu’il était surveillant à Keimoo, celui qui venait de s’opposer à elle l’était également, sans doute était-il le mieux placé pour savoir si oui ou non Ryosuke travaillait toujours ici. Elle n’avait de toute façon rien à perdre et pourrait avoir une piste, et s’il venait à demander le pourquoi de cette question elle n’aurait qu’à inventer une furtive excuse et s’en aller.

    Décidée, Kanon se tourna vers l’imposant japonais. Mais avant de lui adresser la parole, elle remarqua que l’élève qui attendait patiemment son tour pour entrer dans le bureau la fixait – sans aucune méchanceté – mais avec insistance. Sans doute se demandait-il pourquoi elle n’était pas encore partie, elle qui semblait si pressée d’en finir. En guise de réponse, et malgré la présence de l’adulte, la jeune fille lui offrit une grimace significative avec une belle langue sortie. L’étudiant, surpris, détourna la tête en feignant de soudainement s’intéresser aux murs de l’établissement. Retenant un ricanement sardonique, la petite diablesse reporta son attention sur le principal intéressé.


    « Heh, dites… » Elle lorgna une nouvelle fois l’autre élève pour vérifier que celui-ci ne les espionnait pas, puis examina les alentours pour plus de sûreté. « Vous connaitriez pas un certain Saitô Ryosuke, par hasard ? » Elle se frotta la nuque. « Il est censé travailler ici, mais je sais pas à quoi il ressemble. »
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MessageSujet: Re: Violence dans l'âme   Violence dans l'âme EmptyLun 7 Mar 2011 - 21:40

Saitô perspicace et fin observateur, s'attendait exactement à ce que la jeune fille parte sans crier gare, et surtout sans dire au revoir. Il trouvait dommage que les cours de politesse n'existaient pas sinon il en connaissait une serait forcée d'y aller. C'était avec ce genre d'élève qu'il avait le plus de difficulté à communiquer. Elle devait être de ces rebelles ou de ces punks qu'il avait du mal à apprécier tant le manque de respect était de mise dans leur petite tête de réfractaire. Cependant, il ne se sentait jamais découragé et ce n'était pas demain qu'il allait baisser les bras, il avait affronté bien pire que cela. La misère, les sinistrés, des êtres qui avait tout perdu ou presque, ne gagnant que la pauvreté, le manque d'hygiène, la faim, la soif, et le désespoir.

"La survie."

Son objectif: mettre dans l'esprit de ces adolescents en crise la chance qu'ils avaient de pouvoir juste "vivre". Lentement, avec méthode, il leur enseignerait qu'ils devaient être heureux de ce que la vie leur offrait. Et à Keimoo, une bonne éducation, le savoir, et peut-être, un avenir radieux. Il n'était pas le Super-Enseignant vêtu de cape et collants, préservant les délinquants de leur sombres hobbies, de leur ghettos. Il n'était pas un Marine américain et n'avait pas le minois d'une Michelle Pfeiffer dans "Esprits Rebelles". Il n'avait pas non plus le train de vie d'un zoku reconverti enseignant qui faisait "copain-copain" avec les protagonistes d'un terrorrisme scolaire, à la GTO...

Il s'était orienté vers ceux qui étaient censés tout avoir et qui pourtant, persistaient à souffrir d'une existence qu'ils trouvent injuste. Ce n'était pas une question d'argent, mais de savoir vivre. L'argent ne peut pas tout offrir, c'est bien connu. Mais une simple écoute, dans ce monde de luxe, a bien plus de valeur que quelques zéros sur un chèque. Saitô était quasi sûr que ce qui faisait défaut à ces jeunes issus de familles aisées, c'était une simple considération, pour ce qu'ils sont. Et il était prêt à leur prouver, à tous, qu'ils sont d'une grande valeur. Pour eux-même. Même s'ils cherchent à cacher les apparences, le masque tombera toujours.
Et c'est avec un sourire non dissimulé que le surveillant étira un sourire en voyant Kanon faire une splendide grimace au garçon qu'il allait recevoir deux minutes plus tard. Malgré les allures de dure qu'elle pouvait se donner, la réaction qu'elle venait de témoigner était une réminiscence de sa matûrité. Non pas qu'elle était une gamine, mais elle n'était pas encore une adulte, et elle devait en profiter.

Sur le point de partir définitivement, et ainsi à lui de tourner une page sur cette étudiante, elle fit cependant volte face, lui adressant la parole d'elle même cette fois. aucune réponse ne lui avait été posée par Ryosuke, mais le ton employé lui fit arquer un sourcils aux deux premiers mots. « Heh, dites… » . Saito avait l'impression que la voix de Kanon avait soudainement changé. Cependant, il y avait un petit quelque chose d'inconnu dans ce timbre. Le coup d'oeil qu'elle jeta sur l'autre élève et aux quelques mètres à la ronde démontrait qu'il allait s'agir d'une sorte de confidence, voire de question indiscrète. Ça éveilla instantanément la curiosité du surveillant. Car si jusqu'à présent le simple fait de faire ouvrir la bouche de la demoiselle c'était la mettre au supplice, lui faisant presque cracher un venin à la sauce verbale, qu'est-ce qui pouvait l'amener à cette forme de prosodie?

- Hum ?

C'est tout ce qu'il trouva à répondre pour lui manifester son attention. Il détailla son visage comme s'il pouvait tenter de déceler autre chose d'inhabituel, mais il stoppa toute recherche en entendant la jeune fille prononcer non nom. Maintenant qu'il y pensait, il ne s'était pas présenté. Il avait aussitôt levé un sourcil, montrant de façon manifeste son étonnement. D'où tenait-elle son existence ? Surtout qu'elle ignorait le visage de la personne qu'elle vener de nommer, et que, visiblement, elle recherchait. Sinon à quoi bon lui demander ? Elle devait probablement être l'amie ou la camarade d'une élève qui lui aurait parlé de lui. Mais le "Il est censé travailler ici" démontrait bien que ça n'était pas vraiment le cas... A moins qu'elle ne voulait dire pour "ici", le bureau des surveillants ?
Saitô se posait bien trop de question dans sa tête en réponse à celle d'une adolescente révoltée. Il aurait bien tenté de savoir à l'avance pour quelle raison elle tenait à savoir qui il était, mais il aurait peut-être plus de succés de lui soutirer cette information en se présentant comme tel. Petit haussement d'épaules, il décida de prendre les choses avec simplicité, c'était le mieux à faire. Petit rictus amusé.

- Si je le connais ? Ha! drôle de question, jeune fille. Il se tient en face de toi.

Le désir d'en savoir plus se montrait de plus en plus fort mais pour l'heure, il ne pouvait se permettre de faire attendre plus longtemps l'autre élève. Et puis, il ne voulait pas retenir plus longtemps Kanon dans cet endroit qu'elle ne semblait guère estimer...

- Maintenant, tu ferais mieux d'y aller, le compteur tourne et je suis attendu.

Il regarda de façon insistante le jeune homme assis derrière Kanon pour appuyer ses dires, avec un sourire poli.
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