Le patrimoine historique de Keimoo [PV Miki]

Pouvez-vous simplement vous imaginer à quel point j’ai été surpris et exaspéré par l’acharnement par M.Shiori sur ma pauvre personne ? Sincèrement, d’abord rejoindre le club de basketball – alors que je sais à peine tenir un ballon entre mes mains – et maintenant prendre des kouhais sur ma tutelle. Moi qui avais tout fait pour être invisible que ce soit pour l’administration ou mes camarades de classe, eh bien il faut croire que mes résultats et mon classement de ma 4ème année de lycée, ils ne l’ont pas raté. Plusieurs jours durant, je m’étais roulé en boule dans ma chambre, la rentrée d’avril venait à peine d’avoir lieu et déjà, l’académie mettait en place des dispositifs visant à promouvoir l’excellence de l’établissement. Après m’être remis de mon choc, j’avais quand même accepté de jeter un œil aux noms des deux élèves que j’étais censé encadrer. Et là, encore une surprise m’a attendu. Naoko Tanaka de la classe 4B, ma seule ait retrouvée amie sur le campus s’était retrouvée avec moi pour des cours de soutien. Mon souffle s’était coupé lorsque j’ai appris cette nouvelle, quelque part j’étais plutôt heureux, malgré le fait que je sois de l’autre côté de la passerelle – université – nous allons pouvoir continuer de nous voir. Enfin, ça nous donnait une excuse….euh…Nous ? Pourquoi est-ce que je parle d’un nous ? Bon on s’en fiche, revenons à nos moutons.

Après avoir passé plusieurs minutes à lire et relire les caractères du nom de mon amie sur l’écran de mon ordinateur, je suis passé au suivant. Et là, ben je me suis rendu compte que ce nom ne me disait absolument rien ! Miki Shinzou ? Nous avons, semblerait-il, deux ans d’écart. J’ai déjà du mal à adresser la parole aux gens de ma promotion alors n’imaginons même pas que je puisse sociabiliser avec quelqu’un de deux ans de moins que moi. Toujours est-il que je devais m’occuper de lui aussi et j’ai donc commencé par rechercher son adresse mail sur l’espace numérique de travail pour convenir d’une date et d’un créneau régulier. Après quelques brèves discussions, nous sommes tombés d’accord pour étudier l’histoire le Samedi 23 Mai, je lui avais demandé d’apporter son manuel, son cahier ainsi que sa dernière copie d’examen afin de voir où est-ce que ça coince. C’est donc en espérant qu’il ne me fasse pas faux bond comme un élève qui aurait abandonné tout espoir concernant sa scolarité le ferait, que je décide de me rendre au lieu de rendez-vous, une salle d’étude.

Le week-end, à quelques semaines à peine de la rentrée, il n’y avait pas encore beaucoup de monde qui se souciait des examens. En fait, c’est une période de l’année où les élèves sont plus intéressés par les étudiants transférés que par les cours, une nouvelle tête dans la classe, ça fait toujours étrange étant donné que dans l’ensemble, nous nous retrouvons tous avec les camarades de l’an passé lorsque l’on fréquente le lycée de l’académie. Après avoir quitté l’internat, j’emprunte des couloirs familiers, ce sont ceux que j’arpentais il y a peu de temps encore. J’ai presque envie de sourire quand je renifle un parfum de café noir au moment où j’entre au rez-de-chaussée, il y a des choses qui ne changent pas. J’aime la routine, j’aime avoir un contrôle total sur ce qu’il se passe dans ma vie, alors me replonger dans une situation que je connais que trop bien suffit à alimenter ma nostalgie

…

On dirait bien que je suis le premier à arriver dans la salle. Je jette un œil sur ma montre, c’est vrai que je suis en avance d’une dizaine de minutes, comme d’habitude une fois de plus. Je profite de ma solitude pour sortir de quoi écrire, il s’attend peut-être à ce que je lui prépare des notes ? Je ne sais pas vraiment ce que je vais lui dire et j’ai peur de lui raconter n’importe quoi à cause du stress. Pourquoi devrais-je stresser si j’ai eu de bons résultats aux écrits ? Eh bien, disons que parler en continu devant un interlocuteur…C’est moins facile que d’avoir quatre longues heures pour rédiger des dissertations où on nous laisse le temps de réfléchir à la formulation et à raviver des souvenirs enfouis dans notre mémoire. Je pousse un léger soupir en lâchant mon crayon sur le pupitre qui me fait face, j’espère qu’il sera sympa au moins. Je veux dire, pas trop turbulent, ni une racaille. Par mail, il avait l’air correct, mais je suis assez anxieux à l’idée de le rencontrer dans la réalité. Vous voyez, c’est un peu comme si vous rencontriez un membre de votre team sur un MMORPG dans la vraie vie.

Soudain, la porte s’ouvre derrière moi, je tressaillis, est-ce lui ? Le regard vitreux, je me tourne vers le mystérieux inconnu. Je le dévisage en essayant de voir s’il correspond à l’image que je m’étais fait de lui à travers l’écran. Il est brun, chétif – oui je sais, c’est l’hôpital qui se fout de la charité – et fait une bonne tête de moins que moi. Après quelques recherches, j’avais fini par savoir que le dénommé Miki Shinzou était au club de natation, je pense qu’il serait donc un peu plus musclé…au niveau des bras, du dos et euh…des jambes ? Je cligne plusieurs fois des yeux, qu’est-ce que j’attends en fait ? Mon regard s’abaisse vers le sol, ces quelques secondes me paraissent une éternité, et je ne sais pas si je suis censé prendre la parole en premier ? Bon tant pis…je me lance, je suppose que si je me trompe, ce n’est pas dramatique non plus…ça serait une catastrophe en fait.

« T-tu es Shinzou-san ? »