Et si le vent soufflait simplement ?! [ RP Elora Van Allen]

Le mail était pourtant très clair. Elora devait aider une jeune fille qui venait d’arriver à Keimoo. D’après ce que l’administration lui demandait, elle était chargée de lui montrer tout l’établissement, mais surtout, la faire sentir comme si elle n’était pas nouvelle. En résumé, il fallait que, grâce à Elora, la jeune fille qui s’appelait Reiko Nagashi, comme le stipulait le mail, se sentît bien et intégrée. Le seul souci, c’était que la jeune hollandaise n’était pas du genre à aider les autres à s’intégrer. Bien au contraire, elle se moquait de ceux qu’elle n’appréciait pas ou qui avaient quelque chose en eux qui la dérangeait, par exemple, la façon de s’habiller, ou encore les intellos. C’était fort paradoxal puisqu’elle-même pouvait être considérée comme « intello » par de nombreuses personnes. Elle passait son temps libre à travailler pour obtenir son diplôme. Depuis toujours, elle rapportait les meilleures notes et avaient les félicitations du jury à chaque semestre pour ses notes fantastiques lors des examens. Pourtant, elle avait quelque chose en plus qui lui permettait de ne pas être comptée parmi les intellos.

Quand elle eut fini de lire le message, elle soupira longuement. Elle maudissait à cet instant l’administration qui, estimant qu’elle était élève à Keimoo depuis toujours, lui avait collé cette tâche et cette responsabilité qui, pour elle, était vraiment une grosse plaie. Elle se dirigea donc vers les bureaux de l’administration afin de parler avec eux. Elle n’était vraiment pas du tout la bonne personne, comme ils le croyaient, pour ce genre de chose. Après tout, elle ne parlait qu’avec les personnes qui avaient pour elle un certain intérêt. Elle repoussait tous les étrangers qui tentaient d’avoir un quelconque contact avec elle – qu’il fût physique ou non – d’une manière plutôt froide à chaque fois. Elle détestait les inconnus qui ne l’intéressaient pas et qui ne la rendaient pas un brin curieuse. De plus, son comportement envers eux était très froid et, la plupart du temps, elle pouvait même sembler plutôt hautaine dans tout ce qu’elle faisait ou disait. Elle n’était définitivement pas faite pour parrainer une personne. Pourtant, l’administration lui refusa l’annulation de cette tâche et elle ne put rien faire contre. Elle se retrouva donc marraine d’une fille qu’elle ne connaissait pas du tout.

Elle se pointa donc à l’heure du rendez-vous qui lui avait été donné dans le message, mais aussi au lieu précisé, pour rencontrer cette jeune fille. Apparemment, elle était bien plus jeune qu’elle, ce qui était encore plus un point négatif. Elora n’aimait pas trop traîner avec les personnes qui étaient bien plus jeunes qu’elle. Elle les trouvait pas assez matures pour elle et estimait que, tout le monde devait s’entendre avec les personnes qui avaient à peu près le même âge qu’eux. Reiko avait dix sept ans, visiblement. Cela voulait donc dire qu’elle avait sept ans de moins qu’Elora. Ce n’était vraiment pas la meilleure des choses. Si elle avait eu vingt ans, grand maximum, la jeune hollandaise aurait fait un effort quand même. Mais là, c’en était beaucoup trop. A nouveau, Elora maudit l’administration. Mais elle ne pouvait rien faire d’autre et donc, continua à attendre. Au bout d’une vingtaine de minutes, personne ne venait à elle. Elle considéra donc qu’elle n’avait plus rien à faire et décida de partir. Sa filleule n’était pas venue, ce qui pouvait peut être signifier que la hollandaise n’était pas obligée finalement de lui servir de marraine. Elle l’espérait.

Alors qu’elle prit le chemin du retour chez elle, elle passa par les jardins qui se trouvaient sur le campus de l’académie. En cette journée ensoleillée, mais pas très chaude, elle avait attendu dans le froid pendant plus d’une vingtaine de minutes et elle avait envie de rentrer chez elle le plus rapidement possible. Elle n’hésita donc pas à accélérer le pas pour atteindre le parking où se trouvait sa moto. Le problème fut que le destin avait apparemment décidé de s’acharner sur elle. Un énorme coup de vent passa justement à cet instant et la seconde suivante, Elora se retrouva avec des feuilles sur elle ou sous ses pieds. Elle jura en hollandais afin que personne ne la comprît. Furieuse, elle prit les quelques feuilles qui avaient atterri sur elle sans vraiment faire attention si elle les froissait ou non. Elle n’eut pas le temps de prendre cependant celles qui étaient sous ses pieds. Elle croisa le regard d’une jeune fille, probablement la propriétaire de ces feuilles-ci.

- Non mais tu peux pas faire attention, quand même ! s’écria-t-elle.

Après tout, c’était à la jeune fille de surveiller ses feuilles et de s’assurer que celles-ci n’allaient pas être emportées par le vent, par exemple. Et Elora n’était pas d’humeur pour être très raisonnable envers cette fille à ce moment précis. D’ailleurs, elle la détailla et tout d’un coup, elle sut déjà qu’elle ne l’appréciait pas du tout. Elle avait un air d’une intello. La hollandaise le sentait. Elle se doutait donc que cette fille était en passe de devenir sa prochaine victime, sa prochaine proie. Celle dont elle se moquerait ouvertement dans les jours suivants, notamment lorsqu’elle serait auprès de ses amis et que, cette fille passât à côté d’eux, ou non. Cela la fit sourire un peu, mais ce ne fut pas du tout un sourire chaleureux.

Le sourire que la jeune femme arborait, se transforma rapidement en une énorme grimace. Non seulement elle se permettait d’éparpiller toutes ses feuilles, mais en plus de cela, elle ne s’excusait pas. Pourtant, elle ressemblait bien à une Japonaise et elle n’avait aucune excuse pour ne pas connaître la langue. La hollandaise attendit donc des mots venant de sa part, mais rien ne sortit de la bouche de fille. Au contraire, elle se mit frénétiquement à récupérer tous les papiers qui n’étaient pas sous les pieds d’Elora, qui, ayant malencontreusement marché sur certains d’entre eux, les coinçait. Elle soupira pour montrer l’agacement qu’elle ressentait à ce moment-là, mais celle-ci ne sembla pas vraiment le remarquer, car elle continuait sa besogne tout simplement. Quand enfin elle se releva, elle balbutia quelques mots. Mais toujours pas vraiment d’excuses. Ou plutôt, elle en cherchait une pour ne passer pour la coupable. Cela exaspéra encore plus la jeune femme, qui n’appréciait pas du tout le fait qu’elle préférât prétendre que c’était la faute du vent. Et la sienne, non. Pourtant, c’était bien elle qui n’avait pas gardé ses feuilles de sorte que le vent ne pût pas les éparpiller.

Au moment où la jeune fille était en train de dire à Elora qu’elle revenait à l’endroit où elle était auparavant, le visage de la hollandaise se transforma une nouvelle fois. Elle perdait sa proie, elle perdait sa victime, elle perdait la personne qu’elle souhaitait martyriser sur l’instant. Bien sûr, elle n’était pas entourée de ses amis, mais elle le savait parfaitement bien que lorsque cela serait le cas, et que cette fille passait à côté d’elle, elle ne se gênerait pas pour se moquer d’elle. Elora n’était pas une femme gentille et avec qui tout le monde pouvait se lier si facilement. Bien des personnes ne l’appréciaient pas du tout et l’insultait derrière son dos, mais elle ne s’en préoccupait pas du tout. Contrairement à eux, elle se sentait bien dans sa peau et n’était pas prête à changer, juste parce que certains d’entre eux la trouvaient trop méchante envers les autres. La jeune hollandaise n’aimait pas les autres, et n’était pas si sociale que l’on pût le croire. Seulement avec les personnes qu’elle appréciait mais surtout, celles qui présentaient pour elle un intérêt, voire une curiosité. Ce qui n’était pas le cas de cette fille.

- Où crois-tu aller comme ça ? demanda-t-elle, sarcastiquement.

Si elle croyait qu’elle pouvait lui échapper simplement, aussi facilement, en revenant s’asseoir là où elle l’était avant, elle se trompait carrément. Même si Elora était pressée de rentrer chez elle après cette longue journée, cela ne changeait pas le fait qu’elle ne laisserait pas tranquille sa proie aussi rapidement. Au moins, pour le moment, celle-ci ne lui résistait pas, comme cela lui fut arrivé quelques mois plus tôt avec une autre fille. Celle-ci, elle paraissait avoir peur d’Elora et c’était tant mieux. C’était exactement ce qu’elle souhaitait, parce que c’était de cette manière que s’installait une relation de dominante-dominée, supériorité-infériorité. La jeune fille devait se sentir inférieure à la hollandaise pour que celle-ci put se moquer ouvertement d’elle sans soucis. Et surtout, en sachant que cela la dérangerait et la mettrait mal à l’aise. C’était le mieux. C’était ce qu’elle préférait. Bien sûr, elle n’avouerait jamais qu’elle pensait tout cela, car tout le monde la prendrait pour une sadique, ce qu’elle n’était pas. Mais elle aimait bien martyriser les plus faibles que soi, c’était tout.

- Nouvelle, je suppose. Je n’ai jamais vu ta tête à Keimoo avant aujourd’hui.

Elora avait une plutôt bonne mémoire. Bien évidemment, elle ne se moquait pas de toutes les personnes qu’elle rencontrait, mais seulement certaines, qu’elle choisissait elle-même. Bien souvent des personnes avec qui elle avait eu un contact quelconque, un échange de paroles ou autre, avant de commencer à les rabaisser. Comme dans cette situation-là. Donc elle ne se souvenait pas d’avoir vu un tel visage auparavant dans l’enceinte de l’établissement. Si cela avait été le cas, elle était certaine qu’elle se serait moqué de cette fille bien plus tôt.

- Ton nom ?