Révélation en pleine jungle [PV: Wun/Dan]

Sujet: Révélation en pleine jungle [PV: Wun/Dan] Jeu 26 Jan 2012 - 20:19

J'arrivais pas à croire qu'on soit déjà en janvier. Le temps passait vraiment vite en ce moment et je me demandais franchement à quoi ça pouvait bien être dû. Ce qui était sûr en tout cas, c'était que je ne m'ennuyais pas, c'était peut-être même pour ça que j'avais l'impression que les jours défilaient à toute vitesse... Et puis avec tout ce que je faisais, il était normal de ne pas s'ennuyer: ma vie n'avait vraiment rien d'ennuyeux. A force, il se pourrait que je finisse par m'en lasser d'ailleurs, vu qu'une routine s'installait en quelque sorte. Chaque jour, j'alternais cours, entraînement, et rencontre. Et oui, les nouvelles rencontres faisaient désormais partie de mon quotidien. Attention, ce n'était pas toujours une bonne chose. Il m'arrivait de tomber sur des malades mentales !! Et dans ces moments-là, j'étais bien content de ne pas traîner dans les lieux non-publics, autrement, j'aurais pu perdre la vie à de nombreuses reprises. Après, il y avait mes entraînements, chaque matin ou soir, voire les deux quand j'étais en forme et de bonne humeur. D'ailleurs, je ne savais pas trop pourquoi, mais de plus en plus d'académiciens nous rejoignaient en ce moment. J'en étais content parce que la plupart avait déjà un certain niveau avant de nous rejoindre, et les autres étaient tout aussi motivés ce qui facilitait beaucoup les choses. Néanmoins, j'avais comme l'impression que quelqu'un à l'intérieur cassait du sucre sur mon dos, parce que certains de ces nouveaux et nouvelles me regardaient bizarrement en arrivant.

Quoiqu'il en soit. Il commençait vraiment à faire froid, et pourtant, j'avais décidé de faire un tour du côté du zoo, avec un peu de chance, les animaux me feraient oublier le froid. Bon d'accord, je n'irais pas que pour eux, autrement, j'irais bien plus tôt et pas en cette saison. J'avais un rendez-vous en quelque sorte. Avec qui ? Avec quelqu'un que je connaissais depuis un moment maintenant, un très bon ami, un peu spécial il fallait le dire, mais bon, vu sa situation, c'était tout à fait normal. Plusieurs mois s'étaient écoulés depuis notre rencontre, je ne le voyais pas tous les jours non plus mais bon: on s'entendait plutôt bien. En même temps, on n'avait pas vraiment eu le choix, avec des secrets comme les nôtres, soit on finissait par s'entendre et se faire confiance, soit une guerre se déclarait et l'un comme l'autre aurions fini dans un très mauvais état... Enfin bref, ça devait bien faire un mois que je ne l'avais pas vu, et si je n'avais pas reçu un appel de sa part, j'aurais commencé à croire qu'il avait été exécuté puis balancé dans un égout !!
Fin prêt à partir, je m'installai confortablement sur ma moto et démarrai aussitôt en direction du zoo. Le trajet prit bien une demie heure, sachant que le zoo se trouvait à l'extérieur de la ville et que j'avais plusieurs quartiers à traverser. Une fois arrivé, je garai ma moto dans le parking et me dirigeai vers la zone primate. Je patientai alors en observant les singes qui s'amusaient derrière des grillages. Et oui, ce n'était pas des cages ici, les animaux avaient suffisamment de place pour vivre tranquillement: ils étaient juste matés toute la journée. Par contre, les règles étaient les mêmes que dans les autres zoos, c'était-à-dire, qu'on avait pas le droit de nourrir les animaux, on devait éviter de faire du bruit, de les toucher aussi - qui voudrait caresser un lion de toutes les façons, faudrait vraiment être taré !! - et faire en sorte de ne pas polluer le zoo. Bref, c'était un zoo comme un autre, non ?

Les minutes s'écoulèrent et finalement, je remarquai quelqu'un. Celui-ci sortait du lot, et pas qu'un peu, il fallait le dire. Il arborait un style qui n'avait absolument rien à voir avec celui des autres visiteurs du zoo. Premièrement, et tout comme moi d'ailleurs, il n'était pas accompagné, ni femmes, ni enfants, il n'avait pas de grands sourires aux lèvres ni d'étoiles dans les yeux pour exprimer son enthousiasme. Ensuite, il y avait quelque chose dans son regard qui laissait clairement comprendre qu'il n'était pas là pour la faune. Et enfin, sa façon de marcher me rappelait quelqu'un. Le truc, c'était que ça ne pouvait pas être lui, c'était pas possible du tout !! Celui que j'attendais était blond pour commencer, et celui-ci avait les cheveux noirs. Après, il y avait la longueur aussi qui ne correspondait, ceux-ci étaient bien trop courts par rapport à ceux que je connaissais. Ainsi, il était évident pour moi que ce n'était pas lui. Et pourtant, je ne pouvais m'empêcher de l'observer, de le fixer presque, car tout, mis à part son apparence, me faisait penser que c'était bien celui que j'attendais, soit Wunjo Ivanova.

Néanmoins, je restais muet, mieux valait éviter de l'appeler comme ça dans le cas où ce ne serait pas lui... Je me mis quand même à réfléchir à un truc. En partant du principe que c'était lui: qu'est-ce qu'il pouvait bien foutre dans ce déguisement !!? Non mais franchement, on était en janvier, le carnaval n'aurait pas lieu avec un petit moment !! Ou alors, il voulait me faire une petite blague, chose qui ne lui ressemblait absolument pas d'ailleurs. Mais franchement, qu'est-ce qui pourrait bien avoir déclenché cette métamorphose chez lui ? En y réfléchissant bien, j'avais bien quelques idées mais j'espérais très honnêtement que je me trompais lourdement, autrement, ça sentirait le roussi. Sortant mon téléphone de ma poche, je regardais l'heure et commençais à me demander s'il arriervait bientôt, avant de me tourner vers la grille pour regarder les singes grimper aux arbres et mener leur vie de singe. J'avais décidé d'abandonner le film que je me faisais. Comment un blond aux cheveux long pouvait virer au brun aux cheveux courts en l'espace d'un mois ? Bon d'accord, les salons de coiffure, ça existait mais bon, on changeait pas autant et aussi vite comme ça. Et le plus simple était de me dire que cet homme n'avait rien à voir avec celui que je connaissais, qui ne devrait plus tarder maintenant.

Continuant de regarder les singes qui avaient l'air de beaucoup s'amuser, je me rendis compte que c'était l'heure, je me retournai donc et tombai nez à nez avec le brun bizarre. Soulevant un sourcil, j'affichai un air perplexe, me demandant ce qu'il pouvait bien me vouloir celui-là. Je déclarai donc:

"Oui ?"

Je me demandais franchement ce qu'il me voulait celui-là, à moins bien sûr qu'il ne soit pas là pour moi, ou alors qu'il m'ait pris pour quelqu'un d'autre.

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Spoiler:

En quittant son boulot pour se rendre au zoo, Wunjo avait fait un détour par chez lui pour se changer. Shiro allait déjà faire une drôle de tête en voyant sa tronche, il allait lui éviter la crise cardiaque en se pointant avec son t-shirt vert fluo avec un hippopotame de BD faisant du toboggan. Il avait gardé son jeans habituel, mais avait enfilé un pull beige à la place de l’hippo –pourtant, ç’aurait été dans le thème du zoo…
En passant par la salle de bain, il s’était rapidement inspecté dans le miroir : rien de moins rien de plus que d’habitude, des cheveux désordonnés lui donnant un air négligé, un visage qui avait repris des joues depuis la dernière fois qu’il avait vu Shiro et des cernes en moins. L’ex-blond se demandait comment aller réagir son ami en se retrouvant face à lui.

Tout comme Shiro, le choix de Wun se porta sur un véhicule motorisé à deux roues. Faute de budget cependant, le fidèle destrier de Wunjo était un scooter, et non une moto. Qu’importe, habitué de la marche et des bus, l’acquisition de cette petite bête représentait déjà une progression en termes de confort pour l’ex-dealer, et il ne s’en plaignait pas. Le russe n’avait jamais été du genre envieux de toute façon, ça n’allait pas commencer maintenant.

Voyant qu’il risquait d’arriver en retard, il accéléra un peu, se faufilant entre les voitures jusqu’au zoo, où il se gara et cadenassa son véhicule, avant de payer son entrée et de se diriger vers l’endroit du rendez-vous, songeant à Shiro qui devait probablement être à l’heure, peut-être même en avance, comme souvent, à l’affut d’un blond.

Il était vrai que, quite à donner rendez-vous à son ami, Wun aurait pu au passage l’informer qu’il avait vaguement changé de tête. Effectivement, Shiro avait eu plus d’une fois la tronche de l’ex-mafieux sous le nez, mais il n’avait jamais du s’amuser à l’imaginer avec des yeux assortis, bleus, et des cheveux bruns sombres. Tout comme Wun ne l’avait jusque là pas imaginé avec de longs cheveux blonds et des yeux violets… dommage, cela lui vaudrait très probablement un bon fou rire…

En même temps, Wun n’avait jamais été le roi de l’organisation, et il n’y avait pas de raison qu’un simple rendez-vous avec un pote ne déroge à la règle. Pour le coup, l’ex-blondinet avait fait très fort dans lé désinformation, puisque Shiro ne savait rien. L’ex-mafieux faisait peu confiance à la télécommunication. Même si la mafia n’était, normalement, pas au courant de sa relation avec le boxeur, il préférait ne pas trop en dire au téléphone. Il avait d’ailleurs été extrêmement concis lors de leur discussion, se contentant de lui dire qu’ils devaient se voir. L’avantage avec Shiro, c’était qu’il n’était pas très compliqué : si on lui disait qu’on avait besoin de lui, en général, il venait, et sans poser trop de questions, ce qui arrangeait bien le compte du russe qui n’avait pas voulu s’étaler.

Tant et si bien qu’à part le lieu du rendez-vous, il n’avait RIEN dit. Il réalisa que ce n’était pas une si bonne idée alors qu’il se rendait sur les lieux du rendez-vous. Le problème, c’était que s’il sapprochait d’un peu trop près de Shiro et s’il le prenait un peu trop par surprise, il n’était pas impossible qu’il finisse avec un poing dans la figure. C’est qu’à force de faire ses combats de rue, le sportif était du genre–ou en tout cas, disons que son poing partait assez facilement nerveux et que Shiro pouvait se montrer assez… imprévisible parfois.

D’un autre côté, voulant éviter d’attirer trop l’attention sur lui, il ne pouvait pas débarquer en agitant les bras comme un moulin à vent en criant « Ohéééé c’est moiii, c’est Wuuuun ». Bref, il avait merdé. Mais il était un peu tard pour s’en rendre compte. Et pour ne rien arranger, Wun avait jeté toutes ses fringues habituelles que ses connaissances avaient l’habitude de le voir porter. C’était donc un homme tout neuf des pieds à la tête en passant par le job.

Arrivé sur les lieux du rendez-vous, il n’eut pas grand mal à remarquer Shiro qui, lui, était fidèle à lui-même. Voilà 1 mois qu’il ne l’avait pas vu, et pourtant, il l’aurait reconnu dans une foule grouillante. En l’occurrence il n’eut pas ce genre de problème puisque le zoo n’était pas plein à craquer. C’était d’ailleurs tant mieux, car Wun souhaitait parler à Shiro SANS avoir trop de paires d’oreilles autour d’eux. Il sourit vaguement en voyant le regard du sportif l’accrocher un instant avant de se détourner. Evidemment, il attendait Wunjo, pas le double maléfique –ou bénéfique ?- et brun du russe.

L’ex-mafieux s’approcha de son ami d’un pas franc et décidé, s’arrêtant finalement lorsqu’il fut en face de lui, prêt à parler. Shiro ne lui en laissa pas le temps, prenant les devants avec un « oui ? » à moitié engageant, à moitié méfiant. L’ex-blondinet ne put retenir un sourire en se disant qu’à ce stade là, son compatriote n’avait toujours pas compris qui il était : amusant… Il pourrait presque le faire tourner en bourrique. Mais il était inutile d’y songer : Shiro reconnaîtrait probablement son accent russe dés qu’il ouvrirait la bouche, sans compter sa voix, ses tics verbaux, ses manies…. Bref, tout ce qui fait que traîner trop souvent avec quelqu’un finit par laisser des marques, même lorsqu’on ne le voit pas pendant 1 mois.

Il s’approcha d’avantage de lui, l’attrapant par les épaules pour l’empêcher de reculer ou de vouloir lui cogner dessus, avant de débiter, le plus rapidement possible, avec une voix suffisamment basse pour que personne ne risque de l’entendre à part Shiro :

« C’est moi, Wun, mais appelle moi Dan. Je t’expliquerai »

Ceci étant annoncé, il se recula un peu, laissant Shiro le dévisager et reconnaître derrière ces cheveux noirs et courts et ses yeux bleus les traits familiers du russe.
Il avait la désagréable sensation que ses paroles, et tout particulièrement son « je t’expliquerai », sortaient tout droit d’un dialogue de mauvais film. Ceci dit, c’était la vérité : il était important que Shiro sache dés le début qu’il fallait l’appeler Dan –ou ne pas l’appeler du tout. Le pourquoi du comment viendrait un peu plus tard. Wun voulait en priorité que son ami le reconnaisse. Ensuite, ils pourraient s’installer quelque part et entamer la discussion et les explications.

Il attendit de voir dans le regard du jeune homme quelque chose qui lui indiquerait qu’il l’avait reconnu avant de finalement éclater d’un rire bref.

« Je sais, ça fait un peu bizarre. Enfin au moins je me fonds mieux dans la masse. C’est le but d’ailleurs »

Expliqua-t-il, passant sa main dans ses cheveux comme il le faisait souvent dés qu’il abordait le sujet de son changement de look. En fait, Shiro était la première personne de son entourage qu’il revoyait depuis les fameux changements. Il ne pensait pas que ça serait aussi bizarre pour lui. Pour les autres, c’était logique : ils parlaient à leur ami qui avait une autre tête et un autre look. Pour lui, les choses devraient demeurer inchangées. Et pourtant, c’était comme si ses propres changements se reflétaient dans son vis-à-vis. A croire que même Wun ne s’habituait pas à cette nouvelle apparence. Il avait eu du mal, au début, lorsqu’il tombait sur les miroirs, à ne pas recevoir un choc à chaque fois qu’il croisait son propre regard. Maintenant, il s’y était fait. En revanche il ne s’était pas encore fait à la réaction de ses proches. Ca viendrait, sûrement.

« Ca te dit qu’on aille se poser quelque part pour… discuter un peu ? Genre… loin des singes »

Proposa-t-il, plongeant ses mains au fin fond des poches de son jeans pour se donner contenance. C’est que les singes en question étaient pour le moins…expressifs, pour ne pas dire carrément bruyants. Et puis, l'idée de raconter le drâme de sa vie sur fond de macaque avait quelque chose de dérangeant, de presque grotesque.

Wun m'avait donné rendez-vous au zoo, me disant simplement qu'il voulait qu'on se voit. Sachant que ça faisait un bon mois que je n'avais pas eu de nouvelles, j'avais fait en sorte de ne rien avoir de prévu pour la journée, on ne savait jamais après tout. De plus, ce n'était pas n'importe qui que je verrais, c'était le mec qui transformait une journée banale en une journée qu'on ne pourrait sans doute jamais oublié. Attention, ce n'était pas forcément une mauvaise chose, mais parfois, c'était à se demander si on n'allait pas finir par y passer à force de le fréquenter... Enfin, j'avais pris ma décision, et je n'étais pas du genre à changer d'avis une fois que c'était fait. S'il m'appelait comme ça après plusieurs semaines sans nouvelles et qu'il demandait à me voir, dans un lieu bruyant et plein comme le zoo en plus, c'était pas pour balancer des cacahuètes aux éléphants. Il avait dû se passer quelque chose durant ce mois. Mais quoi ? Qu'avait-il bien pu faire ou vivre pour vouloir me voir comme ça d'un coup, sans même en dire plus au téléphone ? Si ça se trouvait, il avait des ennuis, de graves ennuis même. Ce ne serait pas la première fois, et encore moins la dernière, celui-ci s'était trouvé un avenir semé d'embûches. Il avait abandonné une vie normale avec un bonheur possible au bout du chemin pour une vie dangereuse dans tous les sens du terme, additionnée à un bonheur quasi-inaccessible vu qu'il ne pouvait plus vraiment avoir de vie privée...

Bien entendu, je n'étais pas du genre à le démoraliser en lui donnant mon véritable point de vue sur la chose. Généralement, on n'en parlait pas tellement, je m'étais dit que ça devait le soûler à force de ne vivre et de ne parler que de la mafia. En gros, quand j'étais avec lui, je me débrouillais pour lui changer les idées, on faisait tout et n'importe quoi, et quand je le pouvais, et surtout quand il était d'humeur, je l'embêtais. Comment et avec quoi je l'embêtais ? Très simple, il suffisait que je prononce un certain nom pour qu'il change complètement d'attitude. C'était un peu déloyal de ma part mais bon, c'était un moyen comme un autre d'attirer son esprit sur des pensées plus claires que sombres. Quoiqu'il en soit, j'étais arrivé au zoo depuis quelques minutes maintenant, et il n'y avait toujours aucune trace de Wun dans les parages. Cependant, un mec avait attiré mon attention, tout dans son apparence m'avait donné l'impression qu'il n'était pas là pour faire comme les autres, c'était à dire, s'émerveiller devant tous ces animaux. Il était là pour autre chose. Le truc, c'était que je n'avais pas le temps de me poser plus de questions que ça sur lui, car j'attendais quelqu'un et bien que pendant l'espace de quelques secondes, j'avais cru qu'il pouvait être Wun justement, j'avais abandonné l'idée.

Ainsi, je détournais mon regard de cet énergumène et regardais l'heure sur mon téléphone. A force, j'allais finir par croire qu'il lui était arrivé quelque chose ou alors que j'avais mal compris le lieu du rendez-vous. Enfin, dans tous les cas, j'allais pouvoir passer le temps tranquillement puisque le mec chelou se dirigeait droit sur moi. Qu'est-ce qu'il pouvait bien me vouloir celui-là ? Je ne le connaissais pas moi. Si ça se trouvait, il cherchait son chemin, ce qui expliquerait qu'il n'arborait pas la tenue de l'amateur de zoo. Quand il fut devant moi, je lui demandais - en un mot d'accord mais bon - ce qu'il me voulait. J'espérais qu'il me comprenait parce qu'il ne manquerait plus qu'il ne parle pas le japonais... Je le vis alors sourire. Voilà qu'il se foutait de ma gueule en plus ! S'il continuait comme ça, il allait finir dans la cage aux lions celui-là, parce que déjà que je n'aimais pas attendre, j'aimais encore moins qu'on se foute de moi !! Je le vis alors s'approcher encore plus de moi. Il connaissait le principe de l'espace vital celui-là ? Parce qu'il se trouvait carrément dans le mien celui-là !! Et généralement, je ne laissais pas les mecs m'approcher de trop près, les filles, y'avait pas de problèmes, mais les seuls fois où les mecs m'approchaient à ce point, c'était les poings levés parce qu'on était alors en plein combat, ou alors lorsqu'on se connaissait suffisamment pour ne plus se montrer méfiant.

Ce mec venait carrément de poser ses mains sur mes épaules en plus ! Et juste après, il me dit très vite, et très clairement malgré le fait qu'il parlait à voix basse qu'il était Wun, qu'il fallait que je l'appelle Dan et qu'il m'expliquerait plus tard. Autant dire que je devais afficher la tête de celui qui s'était mangé une branche sur la tête... Mon visage s'était comme figé. J'étais littéralement bloqué suite à cette révélation !! Pourtant, en y repensant, ça ne devrait pas tant me surprendre que ça, certaines personnes changeaient totalement de look pour une raison ou pour une autre, suite à une rupture, ou à un autre grand changement dans leur vie. Pourquoi donc étais-je si marqué par cette annonce ? Était-ce parce que je connaissais le secret de celui-ci ? Sûrement. Après tout, pour moi, ce brusque changement, et cette disparition soudaine qui dura près d'1 mois sans qu'il ne donne la moindre nouvelle, ne voulaient dire qu'une chose: ce nouveau look avait une véritable utilité. De plus, même lui en faisait toute une histoire, autrement, il n'aurait pas chuchoté, il ne m'aurait pas dit qu'il m'expliquerait plus tard et il m'aurait encore moins demandé de l'appeler Dan et non plus Wun. C'était clair que c'était un déguisement, un véritable camouflage lui servant à trainer dans le coin sans se faire repérer et encore moins être reconnu. Mais par qui ? Et pourquoi surtout ? Telles étaient les questions que je me posais en ce moment même. Qu'avait-il bien pu se passer ce dernier mois ? Pourquoi un tel changement, et pourquoi maintenant ?

Je finis quand même par me reprendre. Affichant une expression bien moins méfiante et bien plus chaleureuse, je l'écoutais éclater de rire et me révéler qu'il s'était déguisé pour mieux se fondre dans la masse. L'expression chaleureuse disparut totalement sur le coup, et à la place, j'éclatais d'un grand rire !! Non mais il racontait vraiment n'importe quoi celui-là ! Il pensait vraiment passer inaperçu comme ça ! Avec une apparence sombre comme la sienne, il se ferait forcément remarqué !! Quoique, comparé à sa chevelure blonde qui n'avait absolument rien de japonaise, c'était vrai qu'il était bien moins atypique. Il faisait plus japonais qu'avant, je pouvais lui reconnaître ça en tout cas. Enfin, reprenant complètement le contrôle, je décidais de jouer son jeu déclarai avec un grand sourire:

"Hey Dan !! C'est vraiment toi ? Je t'avais pas reconnu sans tes lunettes !! Me dis pas que c'est elle qui t'a dit de les retirer... Je croyais t'avoir dit qu'il ne fallait jamais céder à un ultimatum. Quand est-ce que tu m'écouteras, hein !?"

J'en faisais peut-être un peu trop mais bon. Plus on en faisait, plus ça passait !! Et avec tout ce petit scénario sorti de nulle part, personne ne pourrait supposer que je venais de l'inventer. Fort heureusement pour Wun, j'étudiais les arts scéniques à l'Académie, et j'avais déjà tourné dans un film quelques années plus tôt. Jouer la comédie et mentir n'avaient donc plus de secret pour moi, je pouvais le faire sans qu'on ne sente que je racontais des bêtises. De plus, ça m'avait beaucoup fait marrer sur le coup, et cette fois-ci, ce serait peut-être à lui de faire une tête de six pieds de long face à une telle improvisation !! Enfin bref, je n'avais pas l'intention de le pousser à me dire ce qu'il avait à me dire, j'en avais une petite idée juste devant les yeux. A moins qu'il ne se soit déguisé simplement pour faire une mauvaise blague à quelqu'un, j'étais certain que ça avait un rapport avec ses autres fréquentations... Peu après, il me proposa d'aller nous poser ailleurs pour discuter. Je comprenais vraiment pas son problème avec les singes mais bon, c'était lui qui voyait après tout. Je répondis simplement:

"Beh ! C'est pas très sympa pour eux ça. Et puis, d'après certains, ces amateurs de banane seraient nos cousins. Bon d'accord, des cousins très éloignés, mais bon, techniquement, ils font partie de notre famille. - j'avais pas à m'en faire pour les bêtises que je sortais avec lui, il devait y être habitué depuis le temps, je poursuivis - Je te suis en tout cas. Évite juste le coin des serpents, hein !?"

Rien qu'en prononçant le mot "serpent", je me mis à trembler. Non pas que j'étais terrorisé par ces animaux-là, mais si j'avais le choix entre me retrouver face à un serpent, de n'importe quel type, ou à un tigre, je choisirais le tigre sans hésiter !! Et je me trouvais tout à fait normal ! Quoiqu'il en soit, je suivis Wun, ou plutôt Dan comme il voulait que je l'appelle, en direction de la zone félins. Je me demandais s'il savait où il allait ou s'il n'y pensait même pas. Au bout d'un moment, je me décidais à l'interroger. Comme d'habitude, bien entendu, j'avais ce côté flic en plein interrogatoire, mais je n'y pouvais rien, c'était une sorte de réflexe en fait. De plus, c'était le moment où jamais de l'interroger, rares étaient les visiteurs du côté des félins à cette heure-ci - c'était l'heure de manger pour eux - et donc, on était tranquille en quelque sorte. Pas suffisamment tranquillement pour se mettre à hurler non plus, mais on pourrait avoir une conversation ordinaire pendant quelques minutes au moins. Je lui demandai donc:

"Alors Dan, qu'est-ce que t'as fait de beau ce mois-ci ?"

Cette question innocente à première vue englobait en fait plein d'autres interrogations, du genre: pourquoi ce changement ? pourquoi maintenant ? pourquoi n'a-t-il pas donné de nouvelles pendant tout un mois ? est-ce qu'il lui est arrivé quelque chose ? est-il en danger ? ses proches le sont-ils aussi ? - autant que je sache si j'aurais des fesses supplémentaires à botter, non ? - pourquoi changer de prénom aussi ? et surtout, de qui veut-il se cacher ? Bref, des questions de base à poser dans pareille situation. Je n'allais pas lui demander s'il avait bien dormi alors que ça se voyait tout de suite qu'il n'était pas détendu du tout, et ce n'était pas à cause du froid, loin de là d'ailleurs. La question avait beau paraître innocente, il devait savoir parfaitement de quoi je parlais, et autant entrer de suite dans le vif du sujet, non ? A moins bien sûr qu'il ne souhaite s'acheter des sucreries avant ou un truc dans le genre. En cas de besoin, j'avais emprunté la carte du zoo de toutes les façons. Normalement, on avait du temps devant nous, sauf s'il me réservait une course-poursuite en plein cœur du zoo bien sûr. Si tel était le cas, j'espérais qu'il me préviendrait au moins, que je puisse réagir en conséquence. Tournant mon visage vers Dan, j'attendis patiemment une réponse de sa part. J'étais prêt à entendre tout et n'importe quoi, c'était à dire, du mariage qu'il regrettait (ce qui voudrait dire que ce déguisement lui servait à fuir sa nouvelle femme) à l'accusation de meurtre. Alors, ce qu'il comptait me révéler se rapprochait de la première ou de la seconde option ?

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Wun dut faire un effort considérable pour ne pas exploser de rire devant la tête que faisait Shiro. En général, le russe n'arrivait plus à surprendre son ami, celui-ci étant trop habitué aux histoires abracadabrantes de l'ex-mafieux. Peu importe ce qu'il lui disait, le boxeur accueillait toujours ses dires avec un calme relatif. Parfois étonné, l'ex blond était sur à 100% de ne jamais avoir vu une telle tronche chez Shiro, et c'était irresistiblement drôle. Il pinça les lèvres, retenant son rire, laissant au jeune homme le temps de se reprendre et de sortir de son bloquage. Cela prit quelques minutes avant qu'il ne soit en mesure d'aligner quelques mots.

Wun esquissa un sourire crispé. Autant mentir à quelqu’un en le regardant droit dans les yeux était devenue chose plus ou moins naturelle pour lui , autant se donner en spectacle soudainement ainsi le destabilisait un peu. Il fallait bien dire que quand Shiro se prenait pour un comédien –et ça arrivait plus souvent qu’on ne le croyait- Wun avait surtout envie de se moquer –gentiment , ça va de soi- de lui. Il réprima cette envie, songeant que son pote essayait surtout de sauver la mise, et essaya de rentrer lui aussi dans son jeu. Mais euh… sérieusement les lunettes ?

« Oui ça change sans les lunettes hein… »

répondit-il malgré tout. Après tout , ce n’était qu’un demi-mensonge. Wun portait effectivement des lunettes , mais uniquement pour lire –rarement, vous vous en doutez- et la plupart de ses amis ne le savaient donc même pas, faisant généralement une drôle de tête en le voyant avec des binocles. Il n’avait pas souvenir que Shiro l’ait déjà vu avec… En même temps depuis qu’il avait quitté précipitamment Keimoo et abandonné les études , il n’avait plus tellement l’occasion d’étudier et de lire…

« Oui bah tu sais l’influence qu’ont les femmes sur moi »

Poursuivit-il , un sourire un peu plus naturel sur les lèvres cette fois-ci alors qu’il continuait à rentrer dans le sketch de Shiro. Pour le coup, il venait de raconter un gros bobard. Peu de gens avaient réellement de l’influence sur lui , et surtout pas des femmes. A quelques exceptions près bien sur. Une exception en fait, pour être exact. Et non seulement Shiro savait qui était cette exception, mais en plus il s’amusait TRES régulièrement à le taquiner à ce sujet. Parfois Wun se disait qu’il aurait mieux fait de garder ça pour lui. D’un autre côté, en parler ne lui avait pas fait de mal, et il n’y avait pas tellement de personnes à qui Wun pouvait se confier. Il y avait Akim, certes, mais avec ce dernier, parler de sentiments n’était pas chose aisée puisque même entre eux les choses n’étaient pas claires…

Le brun fut tiré de ses pensées philosophiques sur les sentiments par Shiro qui, comme toujours, faisait preuve d'un sérieux sans pareil en toute circonstance, partant dans un délire de singe familial - ou de famille singesque. Bah, c'était aussi pour ça que c'était agréable de discuter avec lui : il ne dramatisait pas à tout bout de champ.

« Je suis pas sur d’avoir envie que ma famille éloignée sache ce que j’ai à te dire justement »

Répondit-il , un sourire amusé sur les lèvres. Pour sur, Wun n’était pas très « famille » comme mec… Il l’avait longtemps été, considérant toute l’Organisation comme sa famille, avant de réaliser que si la loyauté familiale allait dans un sens, elle n’irait probablement pas dans l’autre. Maintenant, le brun ne comptait plus que sur quelques personnes –Shiro en faisant partie- qui ne faisaient pas partie de sa famille au sens strict et génétique.

Il adressa un sourire en coin à Shiro lorsque celui-ci évoqua les serpents. Wun se fichait bien de l’endroit où il allait tant qu’il n’y avait pas trop de monde, et pas d’animaux bruyants. Finalement c’est par hasard qu’il emmena Shiro du côté des félins. Avec un sens de l’orientation déplorable comme le sien, s’il avait vraiment voulu aller chez les félins il aurait probablement atterri chez les phoques, à l’autre bout du zoo. Il ralentit un peu le pas en constatant que l’endroit était quasiment désert, se sentant un peu moins stressé après une petite marche et surtout avec plus de silence.

C’est ce moment que choisit Shiro pour poser sa question. Wun se doutait bien que derrière cette simple question que n’importe qui aurait pu poser à un pote qu’il n’avait pas eu l’occasion de voir depuis un moment, se cachait une question plus profonde. Pour sur, le boxeur n’attendait pas que Wun lui raconte sa dernière conquête dans un bar –même si en fait il leur arrivait aussi d’avoir ce genre de conversations triviales- ou bien le dernier jeans qu’il avait acheté.

Le brun ne savait pas trop comment annoncer la chose, quels mots utilisaient. Il était à la fois tout excité à l’idée de lâcher le morceau mais aussi… nerveux. Comme un môme de 11 ans allant pour la première fois au collège. C’était grotesque et bizarre. La vérité, c’était que tant qu’il ne l’avait dit à personne, cela lui semblait encore irréel. En le disant, il mettait les pieds en plein de temps, et réalisait enfin ce qu’il avait fait et qu’il ne pouvait pour sur pas défaire.

Il savait que Shiro pouvait encaisser à peu près n’importe quelle nouvelle. A force, il s’était habitué à entendre des trucs bizarres, atypiques, hors norme. Wun se demandait tout de même quelle tête il ferait s’il lui balançait qu’il avait tué quelqu’un et qu’il avait besoin d’aide pour se débarrasser du corps. Wun avait, dans le cadre de son ex-job , tué pas mal de monde. Shiro le savait, peut être inconsciemment, mais ça faisait partie du lot. Le russe ne lui avait jamais dit tel quel qu’il avait tué quelqu’un. Il restait généralement très vague au sujet des détails des missions. Mais encore une fois, le boxeur devait s’en douter. Ceci dit, s’en douter et se le faire entendre dire, c’était très différent.

Mais pour aujourd’hui, il choisissait d’une nouvelle plus joyeuse. Enfin, mi-joyeuse, mi-inquiétante, car si le fait que Wun ait quitté la mafia soit, dans le fond, une bonne chose, ça voulait aussi probablement dire qu’il y avait une tonnes d’ennuis qui l’attendaient au tournant…

« Je… j’ai… »

balbutia-t-il maladroitement alors qu’il se prenait en fait la réalité en pleine face.

« J’ai tout quitté. Tout. Je suis parti. Définitivement. »

Lâcha-t-il soudainement, alors même qu’il sentait une bouffée d’excitation se déversait en lui. Plus étrange, il sentit également les larmes lui montaient aux yeux, sans raison. Il n’y avait aucune logique à ses larmes, mais il avait l’impression qu’une énorme boule de stresse venait de se dissoudre dans ses veines. Comme si durant tout ce mois, il avait fait sa petite cuisine pour se créer une nouvelle vie sans même se rendre compte de l’importance de son geste. Comme si jusque là revenir en arrière était encore possible. Prendre son téléphone, appeler l’Organisation, leur dire qu’il revenait. Evidemment, il n’avait jamais été question de faire ça…

Il écrasa la paume de la main sur le coin de son œil droit pour chasser la larme qui menaçait de venir. Heureusement qu’il n’y avait que les félins et les employés les nourrissant pour le voir, car il avait l’’air vraiment bizarre là tout de suite. Bon, il y avait Shiro, aussi. Mais Shiro ne devait plus s’étonner de grand-chose le concernant…

« J’sais pas pourquoi je pleure, c’est con hein »

Lâcha-t-il, levant les yeux au ciel pour ravaler ces larmes injustifiées. Il se sentait un peu bête, c’est vrai, mais aussi quelque part soulagé. Un peu comme s’il avait refilé la moitié du pactole à porter à Shiro. C'était d'ailleurs le cas, en quelque sorte. Il était maintenant la 2eme personne sur terre à savoir que Dan Ebels était Wunjo Ivanova, un ancien mafieux russe. Bon, le secret ne resterait probablement pas longtemps un secret, sachant avec quel talent Wun arrivait à éparpiller des informations supposées être confidentielels -c'était d'ailleurs comme ça que Shiro avait fini par savoir son secret- mais pour l'instant, le secret de Wun n'était pas encore un secret de polichinel...

Sujet: Re: Révélation en pleine jungle [PV: Wun/Dan] Dim 11 Mar 2012 - 16:09

Ayant normalement rendez-vous avec Wun au zoo, je fus vraiment très surpris de tomber sur Dan son remplaçant. En effet, lorsque celui-ci (Wun) m'annonça que je devais l'appeler Dan dorénavant, je faillis faire un arrêt !! Il fallait me comprendre aussi, celui-ci s'était littéralement métamorphosé !! Alors que je pensais tomber sur un blond aux longs cheveux, voilà que j'avais un brun aux cheveux courts devant moi, et en plus, celui-ci voulait que je l'appelle par un autre nom !! C'était vraiment du n'importe quoi, non !? Pas tellement en fait quand on connaissait cet homme comme je le connaissais. Après tout, il faisait partie de la mafia, il n'était pas n'importe qui, et si ça se trouvait, il y avait une raison tout à fait logique à ce changement. Ce qui était sûr en tout cas, c'était que je n'accepterais pas un "je voulais juste changer de look" en guise de réponse... Premièrement, ce n'était pas son genre de passer du blanc au noir comme ça, et ensuite, ça n'expliquerait en rien sa disparition pendant un mois entier sans donner de nouvelles ni rien. Je n'avais jamais pensé que cette disparition puisse être grave. Pourquoi ? Parce qu'il n'était le genre de mec qui s'en sortait toujours à ce niveau-là. Je me souvenais parfaitement des histoires qu'il me racontait parfois, et Wun avait une sorte de talent, à la fois pour s'attirer des ennuis alors que rien ne présageait de problèmes, mais aussi pour se sortir de pétrin juste pas possible !! Donc pour moi, il n'y avait vraiment aucune chance que sa disparition fut due à sa mort ou à une blessure particulièrement grave. Un kidnapping peut-être, mais il était là aujourd'hui, donc voilà, ça n'était pas si grave que ça au fond.

Quoiqu'il en soit, la tête que j'avais affiché face à l'annonce de celui-ci dû beaucoup le faire rire, à l'intérieur, car après tout ce qu'il m'avait raconté, c'était bel et bien la première fois que je m'arrêtais presque de respirer pendant une minute involontairement. Il pouvait être fier de lui, cette déclaration avait eu l'effet escompté ! Il suffisait de le voir pour comprendre à quel point il luttait pour ne pas rigoler, ses lèvres étaient pincées, et pas qu'un peu, il était presque en train de trembler tant il réprimait son envi de se foutre de moi. Je finis cependant par me reprendre et partis dans tous les sens, inventant une raison à mon blocage précédent. Au moins, je savais raconter n'importe quoi et rendre crédible ce que je disais pour ne pas éveiller les soupçons, on ne savait jamais, si ça se trouvait, on était sur écoute... Enfin bref, j'allais même jusqu'à sortir que c'était une fille qui l'avait forcé à changer et qu'il portait des lunettes avant, ce qui n'avait absolument rien à voir à mon avis. En tout cas, il joua mon jeu et affirma mon histoire de lunettes. Il poursuivit même en reconnaissant que les femmes - ce qui n'était pas vrai du tout à une exception près - avaient une telle influence sur lui qu'elles pouvaient le pousser à changer d'apparence. Là au moins, il avait l'air un peu plus à l'aise car, au départ, mon histoire l'avait un peu pris au dépourvu.

Quand il me proposa ensuite de bouger pour aller discuter ailleurs, loin des singes, ce que je pris comme une façon de dire "loin des oreilles indiscrètes", je fis ce que je savais faire de mieux: je partis très loin dans mes délires et pourtant, mon ton donnait l'impression que j'étais vraiment très sérieux !! Je commençais à me demander pourquoi les gens continuaient de me parler avec les bêtises que je sortais... Il faudrait que je leur pose la question un jour, histoire de savoir si c'était parce qu'ils gardaient l'espoir qu'un jour, je tienne toute une conversation sans partir en live, ou si c'était parce que depuis le temps, ils n'y faisaient même plus attention. Mon plaidoyer envers les singes eût le mérite de le faire sourire en tout cas, je ne savais pas du tout pourquoi, mais il avait l'air bien plus tendu que d'habitude, à croire qu'il se tramait quelque chose de bien plus grave que ce que je pouvais imaginer. Si ça se trouvait, il allait me sortir un truc du genre ~~"Shiro, si je t'ai donné rendez-vous ici, c'est pour te dire ceci, tu as été choisi pour nous sauver, tous. Keimoo est en grand danger et tu es le seul qui puisse nous sortir de ce pétrin."~~ Peu après, j'ajoutais que tant qu'on n'allait pas du côté des serpents - car ceux-ci me faisaient réellement flipper - je le suivais. Lorsqu'il se mit en marche, je le suivis et nous marchâmes ainsi pendant quelques minutes et atterrîmes dans la zone des félins qui étaient en train d'être nourris. Quand Dan (Wun) commença à ralentir, j'en profitai pour poser ma question, à savoir ce qu'il avait fait de beau ce mois-ci. Celui-ci devait bien se douter que cette question renfermait tout un tas de questions que je mourrais d'envie de lui poser, mais dans le même temps, cette simple question englobait toutes les autres, et donc, en répondant à celle-ci, j'aurais une réponse pour toutes les autres, c'était aussi simple que ça.

Il mit du temps avant de me répondre, et le fait d'attendre comme ça sans dire un mot cette réponse me rendait nerveux moi aussi. Je n'avais aucune idée de ce qu'il allait me sortir et vu comme il avait du mal à me le dire, je sentais que ce n'était pas forcément une bonne nouvelle, ou alors, celle-ci entraînait un tas de conséquences, et pas des minimes ou insignifiantes. Néanmoins, j'étais sur le point de comprendre la raison de cette métamorphose, j'allais enfin savoir où il était passé et surtout ce qu'il avait fait durant sa disparition. J'espérais en tout cas qu'il n'allait pas m'annoncer qu'il s'était marié en cachette ou encore qu'il était devenu papa et que certaines de ses activités en dehors du boulot qu'il faisait en plein jour lui faisaient peur par rapport à sa famille... Pourquoi ? Parce que je ne supporterais pas de ne pas avoir été invité au mariage si c'était vraiment ce qu'il avait fait, et encore moins d'avoir loupé la naissance d'un mini-Wun !! Et oui, c'était ça qui me dérangerait et m'énerverait et non pas ses petits problèmes de famille !! J'espérais vraiment pour lui que ce n'était pas ça, parce que je jouerais la carte de la disparition moi aussi à ce moment-là ! Bref, les mots finirent par sortir et à l'annonce des premiers mots "tout quitté", et du dernier surtout "définitivement", je réalisais alors ce que toute cette mise en scène voulait dire. Je ne m'y étais pas attendu à celle-là, surtout que si je me souvenais bien, c'était son père qui dirigeait cette organisation...

"Oh..."

C'était tout ce que je pouvais dire pour l'instant, surtout qu'il commençait à pleurer maintenant !! Non mais qu'est-ce qu'il me faisait celui-là !! C'était bien la première fois que je voyais un mec pleurer suite à quelques mots, et bien entendu, je n'étais pas du tout à l'aise avec ce genre de truc. Consoler une fille, c'était devenu une sorte d'habitude avec le temps, mais un mec, ou plutôt un mec qui venait de quitter la mafia, c'était une autre paire de manches ! Qu'est-ce que je pouvais bien dire ou faire pour stopper ses larmes ? Le plus simple en fait, c'était de les laisser s'écouler maintenant, histoire qu'il en finisse une bonne fois pour toutes. Je le laissais donc verser ses larmes, de soulagement je supposais, ça devait faire un moment qu'il les retenait. Maintenant au moins, je pouvais dire que c'était une bonne chose pour lui sur ce point-là en tout cas, car je me doutais que l'histoire ne s'arrêterait pas là. Je doutais franchement qu'on le laisse partir comme ça alors qu'il détenait tout plein d'informations sur eux, à tous les coups, ils chercheraient à se débarrasser de lui, définitivement: Wun représentait un danger pour eux malheureusement pour lui. Il le savait, et ça expliquait son changement d'apparence, et pourtant, il était resté, ce qui était un choix à la fois malin et stupide. Stupide parce que n'importe qui à sa place aurait quitté le pays, mettant le plus de distance possible entre lui et son ancien lieu de vie. Et pourtant, c'était incroyablement malin de sa part, car le dernier endroit qu'ils iraient fouillé serait Keimoo, ils penseraient certainement qu'il quitterait les lieux... Je finis par m'approcher de lui, je posai une main sur son épaule et lui dis:

"Je ne suis pas d'accord. Avec toute cette pression accumulée, je trouve que c'est tout à fait normal de pleurer. Je ne te cache pas que t'aurais pu éviter de pleurer devant moi - je me mis à rire, je le cherchais un peu sur ce coup-là et poursuivis - mais bon, je doute que tu aies fait ce que tu as fait sur un coup de tête. Tu devais y penser depuis un bon moment, et personnellement, prends-le pour ce que ça vaut mais, je suis fier de toi."

C'était vrai, j'étais fier de lui. J'étais pas son père ou autre, mais j'estimais que je pouvais lui donner mon avis sur ce qu'il avait fait. Il avait pris la bonne décision à mon avis, la plus dangereuse sans doute, mais bon, quelle décision n'avait pas sa part de risque. De plus, il avait sûrement besoin d'entendre qu'il y avait au moins une personne qui approuvait ce qu'il avait fait, je ne savais pas trop s'il avait mis d'autres personnes au courant, mais je doutais qu'il ait fait une méga fiesta pour le crier sur tous les toits: ça aurait été bête. Enfin, j'avais quand même une autre question à lui poser, car même si j'avais compris ce qu'il avait fait et pourquoi il revenait comme ça, je ne comprenais pas pourquoi il avait disparu si longtemps et encore moins comment il leur avait fait savoir qu'il démissionnait en quelque sorte.

"Au fait, comment tu le leur as dit ? J'imagine que tu n'es pas allé les voir en face à face pour leur balancer cette bombe à la figure... Et puis, comment ça se fait qu'il t'a fallu 1 mois ? C'est ça que je comprends pas trop en fait..."

Allait-il me répondre ? Allait-il se remettre de ses émotions ou préférait-il garder les détails de cette démission pour lui ? Franchement, j'avais hâte d'entendre ses réponses, et j'espérais qu'il avait fini de pleurer parce qu'à force, j'allais finir par craquer moi aussi...

♦ Civil - Dealer - Bookmaker Age : 37 644 **KMO** :

Nul doute que des amis de Shiro, Wun devait être un des meilleurs –voir le meilleur- en matière de surprises qui vous laissent sur le cul. Bon, là, avec le changement de couleur de cheveux ET e nom, il s’était surpassé. Même pour du Wun, c’était du démesuré. Il n’avait pas volontairement cherché à provoquer une crise cardiaque chez son ami, mais il n’avait pas trouvé de manière « douce » pour amener la chose. Hors de question de le mettre par écrit, ça laissait trop de trace, alors à part apparaitre devant Shiro et lui balancer tout le pactole, non, l’ex blondinet n’avait pas trouvé de solution digne de ce nom.

Bah. Shiro était habitué, il s’en remettrait assez vite. Depuis qu’ils se connaissaient , Wun trouvait qu’il se choquait de moins en moins. Certes, Shiro n’avait jamais été un type à s’offusquer ou se mettre dans tous ses états pour un rien, mais lorsque Wun avait des choses à annoncer, il s’agissait très rarement d’un rien. C’était pas le genre de type à vous appeler pour que vous alliez à la pharmacie lui chercher du paracétamol parce qu’il a la crève. Plus du genre à vous demander si vous auriez pas une bâche pour transporter un type à moitié creuvé et en sang. Alors forcément, à force de la cotoyer, on commençait à s’habituer au non-ordinaire.

Jusqu’à il y a un mois, pour Wun, les gros ennuis , c’était le quotidien. Il se demandait parfois si ses amis, de temps à autre, faisaient le point sur leur vie en se disant : bordel… ce mec est un nid à emmerdes. Ils auraient bien raison de le faire, car c’était vrai, mais quand les problèmes deviennent habituels, on a plus tendance à noter les moments où tout va bien et à les apprécier que de geindre sur son sort au moindre souci. Quelque part, ça lui avait façonné un bon état d’esprit. A côté de ça, il était aussi un sacré connard et un gros emmerdeur. Ca contre-balançait, pour ainsi dire…

Mais la vérité, c’était qu’avant ça, avant de tout plaquer , Wun n’avait pas ou peu pris le temps de réfléchir et faire un point sur sa vie. Maintenant qu’il avait le temps pour ça, ça lui faisait un choc. A la fois parce qu’il se rendait compte à quel point il avait suivi le mauvais chemin jusque là, mais aussi parce que finalement, il le sentait, même s’il avait peur et ne se l’avouait pas, il avait pris la bonne décision. Pas bonne au sens « sage », car il aurait difficilement pu faire plus risqué comme choix, mais bonne au sens « juste ».

Et ça ne loupa pas : le voilà qui se mettait à pleurer, juste sous le nez de son ami qui ne devait plus savoir où se mettre. Pour sa défense, il n’avait pas du voir Wun pleurer souvent –jamais en fait probablement- et de manière générale, Shiro ne devait pas être LE type sur l’épaule de qui les mecs venaient pleurer. Les filles, très probablement. Bah. Qu’importe. Wun était loin d’être la virilité incarne de toute façon, ça n’allait pas réduire sa dignité à néant, cette petite crise de larmes.

En tout cas , Shiro faisait de nouveau une drôle de tête. Il fallait aussi dire que le russe ne le ménageait en rien aujourd’hui, à débarquer avec une nouvelle tête et un nouveau nom, puis à lui balancer toute l’histoire comme s’il venait lui dire « Oh au fait, j’ai acheté une nouvelle voiture » mais avec en prime les sanglots… on aurait tiré une tronche bizarre pour moins que ça. Du coup, Wun ne lui en voulait pas, de jouer la carpe muette avec la tête qui allait avec. Cela dit, ce n’était pas non plus parce qu’il ne lui voulait pas qu’il n’attendait pas que Shiro finisse par réagir. A travers ses yeux un peu embués par les larmes, il le fixait calmement, retenant presque son souffle en attendant une réaction. Pas qu’il ne craigne ce qu’allait dire ou faire son ami. Non mais… comme il était la première personne à qui il déballait sa petite histoire, il était tout de même curieux et impatient de voir ce qu’il allait lui dire.

Alors lorsque finalement le jeune boxeur deserra les lèvres pour parler, Wun fut envahi d’une vague de soulagement, qui se manifesta par un petit rire , entrecoupé d’un hoquet de sanglot. Wun secoua la tête, à la fois content que Shiro lui ait dit ceci, rassuré de voir une telle réaction et reconnaissant. Le flot de larmes commençait à se tarir, et Wun commença à sécher les traces humides sur ses joues avec la paume de sa main. C’était une crise de pleurs courte, mais intense, et surtout, libératrice. Il se sentait beaucoup mieux.

« Tu pourrais apprécier, j’ai fait exprès de me retenir pour tout déballer devant toi »

Plaisanta-t-ill, riant doucement, en référence à ce que venait de lui dire Shiro. Il s’imaginait tout à fait en train de se retenir de pleurer JUSTE pour que les larmes jaillissent en présence du boxeur. Il ne fallait pas avoir faire Tôdai pour deviner que Shiro n’était pas le type le plus à l’aise lorsque son pote vient pleurnicher dans son jupon –enfin… son pantalon du coup. D’un autre côté, chieur qu’il était, Wun aurait tout à fait été capable de simuler des sanglots juste pour taquiner son pote. Mais en l’occurrence, c’était aussi authentique qu’imprévu. Le simple fait d’aborder le sujet l’avait fait craquer, lui-même ne s’y était pas attendu. Il n’avait probablement même pas remarqué à quel point cette affaire l’avait rendu nerveux et malade. Wun venait d’ouvrir les yeux sur l’évidence même : naturellement, qu’il était stressé. Il faudrait être inhumain pour ne pas l’être, et c’était justement pour éviter de devenir totalement inhumain, un robot, qu’il avait quitté la mafia !

Wun esquissa un petit sourire. Ses joues et ses yeux étaient maintenant secs, les premières collantes des larmes qui y avaient ruisselé, les seconds picotant à force d’être frottés, mais il se sentait bien. Il donna une petite tape sur l’épaule de Shiro, tout en marmonnant un « merci » à moitié avalé mais sincère. Mine de rien, pour un type qui n’avait pas l’habitude de consoler les mafieux, il s’en sortait plutôt bien ! Disons qu’il savait trouver les mots. Il avait probablement un bon entraînement avec les filles qui lui couraient après.

L’ex blondinet devenu brun inspira un grand coup, comme pour se débarrasser une bonne fois pour toute de cette pression qu’il venait d’évacuer presque involontairement. Il sourit d’avantage en entendant les questions de Shiro. Visiblement ce dernier s’était vite remis de son choc, puisqu’il avait troqué son silence perplexe pour sa répartie habituelle, laissant parler sa curiosité. Quelque part, cela aidait aussi Wun à retrouver sa contenance, car au final, qu’il ait une tête et un nom différent, cela n’empêchait pas le boxeur d’agir naturellement avec lui, sans changer les bonnes vieilles habitudes. C’était rassurant, l’ex mafieux retrouvait ses marques.

« Je ne leur ai pas exactement « dit » en fait… »

Expliqua-t-il en grimaçant. Certes, ça faisait un peu lâche de balancer qu’il s’était juste barré, sans prévenir personne, mais d’un autre côté, si déjà d’ordinaire ce n’est pas facile d’annoncer que l’on plaque tout, là c’était juste totalement suicidaire. Il aurait certes pu envoyer une lettre, mais cela n’aurait servi à rien à part à leur indiquer qu’il était toujours à keimoo grace à l’affranchissement de la lettre. Et puis, d’une loyauté aveugle, Wun était passé à une indépendance extrême. Il estimait ne rien devoir à l’Organisation. D’aucun dirait que c’était de l’insoumission et de la trahison, mais le brun ne regrettait rien et n’avait pas honte de son comportement. Tout était motivé et justifié, il avait tout plaqué avec, de son point de vue au moins, dignité.

« J’ai juste disparu de la carte. J’ai détruit tous les moyens qu’ils avaient de me contacter, partant de là, puisqu’on n’avait pas retrouvé mon cadavre et qu’aucune demande de rançon ne leur a été transmise, ils ont conclu d’eux-mêmes que j’avais déserté »

Expliqua-t-il, hochant gravement la tête pour indiquer que c’était une affaire sérieuse, même si Shiro s’en doutait probablement.

« Ma situation craint. »

Déclara-t-il, officialisant ce que son ami devait sans doute se dire sans le formuler.

« Je suis désolé de t’avoir demandé de me rencontrer alors que je suis un genre de bombe à retardement sur pattes, d’ailleurs »

Ajouta-t-il, passant sa main nerveusement dans sa tignasse brune, l’air un peu hébété. C’était un peu égoiste comme acte, il fallait bien l’avouer. Des fois le russe agissait sans réfléchir –souvent, diraient les mauvaises langues.

« Enfin techniquement tu ne crains pas grand-chose »

Ajouta-t-il aussitôt, un sourire sur les lèvres.

« C’est pour ça que j’ai attendu un mois. Pour sécuriser le terrain, brouiller les pistes, tout ça. M’assurer qu’ils n’avaient pas pisté les gens de mon entourage. Ca m’a pris un peu de temps. J’avais besoin de prendre confiance en mon nouveau moi aussi. Les deux premières semaines je n’ai pas osé sortir de chez moi à part pour faire des courses »

Ajouta-t-il en riant légèrement bien qu’on sentait encore un peu de nervosité. Encore aujourd’hui , il n’osait pas retourner dans les bars où il avait son habitude, de peur qu’on le reconnaisse. Il sortait la journée sans problème, beaucoup moins le soir, inversant le train de vie qu’il avait auparavant, esperant sans doute ne pas croiser des gens ayant trop vu son visage, probablement.

Dan, la nouvelle identité de Wun, m'avait finalement révélé la raison de sa métamorphose et de son absence d'un mois: il avait quitté la mafia et avait disparu afin de couvrir toutes les traces de lui qu'il aurait pu laisser traîner derrière lui. Cela n'avait vraiment pas dû être facile de changer de coupe de cheveux, de couleur, de style vestimentaire, etc... sans se faire remarquer, surtout qu'il n'avait pas dû changer que ça à mon avis. Je doutais qu'il vive toujours au même endroit, question erreur de débutant, ça aurait été le summum !! Enfin bref, j'étais plutôt fier de mon ami sur ce coup, depuis le temps que je me demandais ce qu'il lui prenait de rester avec eux. Bien sûr, je ne lui avais jamais suggéré de les quitter. Pourquoi ? Parce que je n'étais pas son père, mais son ami: c'était la première raison. Ensuite, je me disais qu'il devait avoir ses raisons pour rester parmi eux, si ça se trouvait, il aimait ça, ou alors c'était pour continuer à voir son père de temps à autre. Et enfin, je ne pouvais qu'imaginer quelques unes des conséquences d'une telle décision, ce que je faisais maintenant qu'il avait quitté la mafia. Honnêtement, je ne pouvais imaginer le millième de ce qu'il pouvait ressentir actuellement, surtout qu'il pleurait, chose que je n'avais pas faite depuis bien longtemps !!

D'ailleurs, en parlant de ses larmes, je ne me sentais pas du tout à l'aise fasse à un mec qui pleurait, surtout que celui-ci travaillait pour la mafia avant, il ne devrait pas être insensible, froid, calculateur et intimidant plutôt ? La mafia russe en plus ! Il devrait avoir l'allure d'un robot, style Terminator. Bref, l'air d'un gars qu'il ne faudrait jamais chercher, sous peine de disparaître dans la seconde qui suivrait... J'en attendais beaucoup, c'était vrai, surtout que Dan était loin de la carrure que j'imaginais, il avait dû privilégier l'intellect. En même temps, qui voudrait comprimer son cerveau avec un trop plein de muscles au risque de perdre ses facultés d'analyse et d'apprentissage ? ~~Comment ça moi ?~~ Quoiqu'il en soit, le pire dans cette histoire, c'était que Dan n'arrêtait pas de me regarder avec ses yeux larmoyants - et ça faisait franchement peur - et je ne savais pas du tout comment réagir ! Je cherchais le moyen de le remettre sur pied, et pour cela, il n'y avait que l'humour qui pourrait marcher, seulement, c'était une arme à double-tranchant: soit je le faisais rire, soit je l'énervais. Ne me cassant pas la tête plus longtemps, je finis par lui donner mon avis, mon ton sonna très sérieux au début, mais bien moins lorsque je lui reprochai d'avoir fondu en larmes devant moi. On ne me changerait pas, j'étais du genre à tout faire pour détendre l'atmosphère, et il le savait très bien. Le sujet avait beau être hyper sérieux, j'étais obligé de sortir un truc comme ça pour pouvoir me détendre. Et puis, ça l'avait fait rire lui aussi, il me sortit même que je pourrais apprécier le fait qu'il s'était retenu exprès pour se lâcher devant moi !!

Sérieusement !? Il aurait pu trouver mieux comme cadeau de retrouvailles, non ? Je savais qu'il plaisantait bien sûr, c'était sa façon à lui de me montrer qu'il allait se remettre, s'il était capable de rire aussi tôt après s'être mis à pleurer, cela voulait bien dire qu'il allait se relever, non ? Je l'espérais en tout cas, je n'étais toujours pas prêt à faire face à une nouvelle salve de yeux larmoyants... Bientôt, ma curiosité reprit le dessus et je lui posai de nouvelles questions qui me taraudaient réellement depuis sa révélation. Comment avait-il bien pu annoncer à la mafia qu'il les quittait ? J'étais prêt à entendre un long récit sur cet épisode marquant de sa vie, et je m'attendais limite à un truc spectaculaire avec des courses-poursuite, des fusillades et toute sorte de menace visant Wun et ceux qu'il appréciait !! En clair, je me faisais tout un film dans ma tête sachant pertinemment que ce genre de truc ne correspondait pas du tout au style de Wun, il était plus du genre à faire son annonce discrètement afin de ne pas se faire remarquer, ni suivre, etc... En gros, il avait dû réfléchir un moment avant de trouver la manière idéale de trancher ses liens avec l'organisation de son père biologique. Quand il m'annonça qu'il ne leur avait pas exactement dit, j'acquiesçai d'un hochement de tête: c'était évident pour moi. Il faudrait être malade pour entrer dans le bureau du boss, son père en l'occurrence, pour lui dire "Papa, je quitte l'organisation, ça commence à me soûler sérieux, see you !". Ce n'était pas comme s'il démissionnait d'un boulot de serveur ou autre en même temps !!

J'écoutais alors la suite avec attention. Ainsi, il avait simplement détruit tous les moyens de communication qui le reliaient à eux. Plutôt malin, aucune chance qu'on ne le retrouve comme ça, si ? J'ouvris de grands yeux quand il parla tranquillement de non-découverte de "son" cadavre et d'absence de demande de rançon pour expliquer la découverte de son départ. Personnellement, il n'y avait que quand je blaguais que j'utilisais ce genre d'exemple, je n'avais jamais parlé de mon cadavre en ayant l'air aussi sérieux que lui quand il en parlait. Et pour ce qui était de la rançon, encore faudrait-il qu'on puisse me kidnapper, mais j'y avais déjà pensé. Mon père, qui était célèbre, avait donné cette raison à ma mère afin qu'on prenne son nom de famille à elle: il ne voulait pas que les gens sachent qu'il était notre père pour qu'on puisse vivre tranquillement. Autrement, si on découvrait que mon père était un célèbre acteur américain, je serais constamment entouré de paparazzis, ou alors, on pourrait tenter de me kidnapper ma soeur, ma mère ou moi et exiger une rançon à mon père. Bref, la demande de rançon était une réflexion plus fréquente que la découverte de mon cadavre... Et pourtant, lui il en parlait normal ! J'avais évité de lui posé des questions sur ses agissements pour cette organisation dans le but d'éviter de découvrir qu'il avait éliminé des dizaines de personnes ou qu'il avait fait d'autres trucs horribles du même genre, mais là, je venais d'avoir un aperçu de ce qui le guettait quotidiennement auparavant. Pas étonnant qu'il fonde en larme après avoir lâché un tel truc.

"Hmm... Dis-moi, maintenant que tu m'y fais penser avec cette histoire de rançon... T'as déjà été kidnappé ?"

J'éclatai soudain de rire lorsqu'il m'annonça que sa situation craignait: c'était le moins que l'on puisse dire franchement !! C'était amusant de l'entendre dire ça alors qu'il venait de se mettre toute une organisation à dos !! Les membres ne cesseraient sans doute jamais de le traquer afin d'être sûr qu'il ne révèle rien sur leurs agissements, car avec tout ce qu'il devait savoir sur eux, il devenait leur ennemi numéro 1, la cible qu'il fallait à tout prix faire taire !! Juste après, il s'excusa de m'avoir fait le voir alors qu'il était une sorte de bombe à retardement en ce moment. Non mais qu'est-ce qu'il me sortait celui-là !!? Il avait pas bientôt fini de sortir des bêtises. Soulevant un sourcil et le regardant d'un air perplexe, je l'écoutai me dire que je ne craignais pas grand chose de toutes les façons. Il n'avait pas tord, je doutais qu'il ait parlé de moi, ou même qu'il ait parlé de n'importe quel habitant de keimoo en particulier à ses anciens partenaires. Même quand il travaillait pour eux, il devait faire gaffe à ce qu'il leur disait, après tout, ce genre d'organisation n'était pas vraiment basé sur la confiance et l'amitié, mais plutôt sur l'intimidation et la peur d'être éliminé si on faisait ne serait-ce qu'un pas de travers. Dans tous les cas, je ne comprenais pas trop sa soudaine culpabilité, il se foutait la pression tout seul sur ce coup-là. Déjà que cette situation devait le rendre parano, si en plus, il se mettait à s'inquiéter pour toutes les personnes à qui il a déjà parlé ne serait-ce qu'une fois, il allait finir par se tirer une balle pour en finir avec tout ce stress !!

Il m'expliqua alors pourquoi ça lui avait pris un mois. Ainsi, c'était le fait de couvrir ses traces qui avait vraiment pris du temps, sa transformation aussi. Il s'était aussi chargé de vérifier que son entourage n'était pas traqué non plus. En fait, il avait vraiment tout pris très sérieusement, il avait veillé au grain, et quand je l'entendis parler de son entourage, je compris qu'il faisait surtout référence à Ellen. Et oui, je connaissais son existence, et je savais qu'elle était importante pour Wun, je me rappelais encore de ce qu'il me disait sur elle, un coup il s'en plaignait, un coup il se foutait d'elle, et un coup, il ne savait pas trop quoi en penser. Et je devais avouer que ça m'avait beaucoup amusé de le voir limite perturbé quand il faisait allusion à elle, alors qu'il était si détendu quand on parlait d'autre chose... Il m'avoua aussi qu'il avait eu du mal à s'habituer à sa nouvelle identité, restant carrément chez lui pendant 2 semaines !! Une pensée me fit soudain sourire, j'étais en train de l'imaginer se réveiller le lendemain de sa métamorphose et voir sa tête dans le miroir !! Le choc qu'il avait dû avoir sur le coup !!

"Et bah ! Brouiller les pistes et surveiller ton entourage tout en faisant face à ta nouvelle tête, ça n'a vraiment pas dû être facile pour toi. - et je le pensais réellement, surtout que changer toutes ses habitudes, ce n'était pas le truc le plus simple à faire ! - Sinon, à part physiquement, je suppose que t'as changé d'autres trucs aussi, non ? Ton adresse, ton numéro, tes habitudes et bien d'autres choses, non ? Tu t'es trouvé un boulot aussi, histoire d'avoir un truc à faire la journée ?"

Je ne me souvenais plus du tout de s'il avait eu un boulot avant en guise de couverture... Ce que je savais par contre, c'était qu'il avait étudié à l'académie Keimoo pendant un moment, c'était ça qui avait fait que je l'avais reconnu d'ailleurs lorsque je l'ai vu dans le public alors que je combattais dans la rue comme je le faisais de temps à autre. C'était comme ça que je l'avais retrouvé pour lui demander de garder le secret sur mes activités extrascolaires, et par la suite, j'avais découvert ses activités à lui !! Et une chose en entraînant une autre, nous étions devenus amis. Soudain, je pris un air très sérieux, et lui demandai en croisant les bras sur mon torse:

"Au fait, tu l'as mise au courant, elle ?"

Il savait parfaitement de qui je parlais, je ne lui parlais d'aucune autre fille généralement, mis à part quand je lui parlais de mes conquêtes, mais dans ces moments-là, je ne donnais jamais de nom. Il n'y avait que d'Ellen que je pouvais parler là. Je doutais qu'une autre fille soit au courant de ce que Dan faisait autrefois, ou alors, il ne m'en avait rien dit de peur que, comme d'habitude, je m'en serve contre lui, ce qui serait compréhensible. Enfin, je me demandais bien comment il allait pouvoir réagir en m'entendant parler d'elle, d'habitude, je rigolais en le faisant juste pour le chercher, mais cette fois, j'avais un air très sérieux qui ne me ressemblait pas beaucoup. L'avait-il remarqué lui aussi ?

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Wunjo eut un petit rire. La question de Shiro avait un je ne sais quoi d’amusant de son point de vue. Pourtant, pour sur, le kidnapping n’était pas le sujet le plus gai qui soit. Mais tout lui semblait si lointain –et pourtant si proche- qu’il pouvait presqu’en parler sur un ton léger, maintenant.

« Non, jamais. Je me suis foutu dans de sacrés mouises, mais pas de kidnapping »

Il leva les yeux au ciel d’un air pensif.

« Tant mieux. Je ne suis pas sur qu’on aurait payé une rançon pour me faire sortir »

Ajouta-t-il, grimaçant légèrement. Il voyait mal qui aurait payé. Misha n’avait pas d’argent, à part celui de l’Organisation, et on ne l’aurait jamais laissé l’utiliser pour ça. Pour un pion, pour un soldat.

« Mon père n’est pas du type très eh… protecteur »

Expliqua-t-il, un fin sourire sur ses lèvres cachant un malaise plus profond. Ca lui faisait bizarre, de l’appeler mon père. Etait-il, de quelques manières que ce soit, encore son père ? Son géniteur, oui. Ca ne changerait jamais. Mais son père… pas sur. L’Organisation était au fond tout ce qui les liait, et de très loin, alors maintenant… il n’était plus rien, si ce n’est une grosse menace.

« Et puis… je faisais pleins de conneries, mais je n’étais pas si mauvais comme espion, la plupart du temps les yakuzas ne voyaient pas trop d’intérêt à m’enlever ou autre »

Ajouta-t-il, changeant de sujet, songeant que ramener un énième sujet d ;elicat sur la table ne ferait que malmener ses nerfs, et Shiro avait du avoir assez d’une crise de sentimentalisme. Inutile de lui sortir la panoplie des faiblesses, le but n’était pas non plus d’essayer de battre des records d’embarras… D’autant que rien ne disait que la prochaine fois Shiro n’irait pas directement lui filer un coup de poing dans la mâchoire histoire de lui donner une raison solide et plausible de pleurer.

Wun hocha la tête, confirmant les pensées de son ami. Effectivement, ça n’avait pas été une mince affaire de tout changer. Surtout les habitudes. Surtout cette foutue et mauvaise habitude de traîner dans les bars presque tous les soirs, et de finir dans des états pas jolis jolis. Maintenant, il ne pouvait pas se permettre ça ces temps ci. Être saoul le rendait bien trop bavard pour sa propre sécurité, il risquait de révéler des informations très compromettantes à n’importe qui. Plutôt que de faire le tour des bars et de se faire du mal en s’interdisant ces petits plaisirs, Wun préférait éviter d’y aller pendant un temps.

« Mon nouveau numéro, tu l’as, c’est celui duquel je t’ai appelé pour qu’on se retrouve ici »

Expliqua-t-il.

« J’ai effectivement pris un appartement, je ne voulais pas retourner chez… enfin je voulais avoir mon propre logement quoi. Du coup j’ai un studio, du côté de Bougu, c’est pas le grand luxe mais bon, je suis habitué aux endroits un peu craignos »

Dit-il dans un petit rire. C’était un euphémisme, dans son cas. Wun n’était clairement pas le genre de type à avoir peur de se balader seul dans un quartier louche. Il ne payait pas de mine, comme ça, avec sa taille moyenne et sa silhouette plutôt longiligne, mais quand il s’agissait de se défendre au corps à corps il ne se débrouillait pas trop mal. Certes, un type comme Shiro lui mettrait probablement une grosse branlée, mais Wun avait un autre atout de taille : il courait vite.

« Pour le boulot, tu vas rire… »

Il serait difficile de ne PAS rire en l’imaginant au milieu de son royaume de peluches, tant ça faisait tâche

« Je bosse comme vendeur dans un magasin de jouets pour mômes »

Même Wun ne pouvait s’empêcher de laisser un léger rictus s’emparer de ses lèvres lorsqu’ il évoquait son nouveau job. Oh, détrompez vous : il aimait beaucoup ce travail, et tout autant son employeur. Mais il fallait se rendre à l’évidence : le recyclage du mafieux sanguinaire –n’oublions pas que l’ex blondinet avait le sang de plusieurs personnes sur les mains tout de même- en vendeur de doudou avait un petit quelque chose d’improbable et d’absurde. Et pourtant… C’était la réalité.

La question suivante de Shiro balaya un instant le sourire du visage du russe. Bwarf. Le sujet qui fâche. Pas que Wun n’ait pas envie d’en parler avec Shiro, mais très concrètement, il essayait de repousser l’échéance où il lui faudrait songer à la situation et trouver un plan d’action.

« Non, je ne l’ai pas revue depuis que j’ai déménagé de chez elle »

Répondit-il, recommençant à tripoter sa mèche brune un peu malgré lui. Fichue nervosité, il allait falloir qu’il apprenne à contrôler ça…

« Oui parce que tu t’en doutes, je suis partie de chez ses parents. Et de chez Akim aussi »

Logique. Comme Shiro l’avait deviné, Wun avait du changer toutes ses habitudes, et cela incluait les endroits où ils vivaient. Il avait déserté sa planque, où il n’était de toute façon que rarement, avait quitté la maison d’Ellen et la chambre qui lui avait été prêtée et avait libéré l’appartement de son faux frère de la mafia, Akim.

« Je l’ai appelé une fois pour lui dire que j’étais en mission »

Ajouta-t-il, tordant sa bouche en une petite moue signifiant qu’il n’était pas fier d’avoir menti une énième fois, même si concrètement il n’avait pas trop le choix. Tant que tout n’était pas réglé, il ne pouvait pas se permettre de répandre l’information de sa désertion partout autour de lui, même auprès des gens en qui il avait confiance.

Il poussa un long soupir. Déjà en temps normal sa relation avec Ellen était… compliquée, c’était le mot. Shiro en savait quelque chose, car même si Wun n’avait jamais clairement dit la nature de ses sentiments à l’égard de la jeune femme, son attitude vis-à-vis d’elle et la façon dont il en parlait en disaient suffisamment long. C’était d’ailleurs pour ça que Shiro semblait prendre un malin plaisir à le taquiner sur ce sujet. Mais là, il ne s’agissait pas de taquinerie. Le boxeur était même anormalement sérieux. Suffisamment pour mettre la pression au russe en tout cas.

« Il faudrait que je lui en parle »

Concéda-t-il, sans même que Shiro n’ait dit quoique ce soit ou ne lui ait fait le moindre reproche. Le ton lourd indiquait que ce n’était pas la chose qui l’enthousiasmait le plus sur la liste des projets à accomplir. D’ailleurs le voilà qui se tordait les doigts en tout sens, signe manifeste de son désordre spirituel et psychologique.

« Le truc c’est que je ne sais pas trop comment aborder la chose. Je suis même pas sur qu’elle soit d’accord de me parler… ou même de m’écouter »

Wunjo leva les yeux au ciel. Rien d’étonnant. Dans le genre connard, il était pas mal. Même si cette fois il s’était absenté pour une bonne raison. Mais ça, Ellen ne pouvait pas le deviner bien sur. L’ennui avec elle, c’était qu’elle n’avait pas confiance à lui. C’était compréhensible, mais problématique. Car lorsqu’il faisait littéralement le mort pendant un mois, ses amis, comme Shiro, ne s’imaginait pas qu’il s’était fait la malle, les abandonnant tous. Ellen, elle, était tout à fait du genre à croire ceci.

« Si l’expert en femme a des conseils d’ailleurs, je suis tout ouï »

Conclut-il, adressant un sourire complice à Shiro.
Il savait qu’il allait falloir, un jour ou l’autre, prendre le zébu par les cornes –et oui, pourquoi toujours le taureau ? Le zébu aussi a des cornes… Le seul ennui, c’était que le Wun, d’ordinaire si téméraire, avait peur de se manger un coup de corne dans l’estomac, ce coup-ci. Un coup qui ferait sacrément mal. Parce qu’avec Ellen, Wun avait un peu baissé ses gardes. C’est bien connu, avec ces bêtes là, un peu de relâchement, et c’est alors que le zébu vous embroche. Même si, admettons le, imaginer Ellen embrocher Wun était on ne peut plus grotesque…

Voilà que je me mettais à parler de kidnapping dans une conversation sans me sentir plus gêné que ça, en fait, maintenant que j'y pensais, si ce sujet était apparu comme ça dans l'une de mes conversations avec quelqu'un d'autre que Wun, j'aurais réagi bizarrement. Et oui, je me serais posé beaucoup de questions, et la première aurait été: comment en étions-nous arrivés à parler comme ça de kidnapping ? Enfin, le principal, c'était quand même de savoir qu'il n'avait jamais été enlevé. Je ne posais pas de questions sur ce qu'il m'apprit juste après, comme quoi son père ne prendrait pas la peine de payer une rançon pour le libérer, car celui-ci n'était pas du genre protecteur. J'aurais pu trouver ça choquant avant de connaître son histoire, mais là, je ne trouvais pas ça si triste que ça, malgré le fait que dans les films, pour informer d'un kidnapping au sein de la mafia, un doigt coupé était envoyé en guise de colis. Sachant que Wun avait encore tous ses doigts, et ne sachant pas si je pouvais me fier à ce que j'avais vu dans des films, je pouvais supposer qu'il me disait la vérité. En même temps, après tout ce qu'il m'avait déjà sorti depuis qu'on se connaissait, il aurait été étrange qu'il me mente pour une simple histoire de kidnapping, non ? Après tout, ça n'aurait pas été un secret si important que ça à me cacher, ce n'était pas comme si je lui avais demandé s'il avait déjà tué quelqu'un après tout.

La suite fut de suite plus intéressante. Il était amusant de l'entendre se définir en tant qu'espion, parlant du fait qu'il était plutôt doué dans ce qu'il faisait, mais que ce n'était pas pour autant qu'on le jugeait digne d'être enlevé. Ce n'était peut-être pas une fierté en soi, mais au moins, on l'avait plus ou moins laissé tranquille, ce qui n'était sans doute plus le cas maintenant. Il ne pourrait sans doute pas dormir sur ses deux oreilles avant un bon moment, il devait savoir mieux que personne de quoi ils seraient capables pour le retrouver, et il n'était pas impossible qu'ils s'infiltrent dans l'académie afin d'essayer de glaner des informations qui pourraient les aider à le retrouver. Bien entendu, s'ils pensaient, avec raison, qu'il avait d'ores et déjà quitté le pays, ils ne s'attarderaient à ici, ce qui serait mieux pour Wun. Changeant alors de sujet, je l'interrogeais sur les choses qu'il avait changé dans sa vie afin d'adopter cette nouvelle identité. Jusqu'à maintenant, j'avais vu son nouveau visage et sa nouvelle apparence générale, mais qu'y avait-il d'autre ? J'émis quelques suggestions que je trouvais évidente comme son numéro, son adresse, et certaines de ses habitudes.

Sa première réponse me fit l'impression d'avoir été stupide en parlant de son numéro, c'était vrai qu'il m'avait appelé avec un autre numéro, je sortis donc mon téléphone de ma poche et changeai aussitôt le nom du contact en Dan. Mieux valait éviter ce genre d'erreur quand on était ami avec un mec recherché par la mafia russe. Hmm, il avait donc un nouvel appartement, mais comment le payait-il ? A Bougu en tout cas, ça ne devait pas être très cher dans tous les cas. Bien sûr, c'était pas un quartier où on pouvait se sentir à l'aise et en sécurité, mais pour quelqu'un qui avait vécu dangereusement pendant quelques années, ce n'était pas les sombres ruelles japonaises qui allaient l'effrayer. Il lui en faudrait bien plus que ça !! Je ris avec lui quand il ajouta qu'il était habitué aux endroits craignos, c'était un véritable euphémisme !! Soudain, je me demandais ce qu'il se serait passé si j'avais été à sa place, aurais-je pu en rire moi aussi ? Et surtout, aurais-je eu le cran de quitter la mafia comme lui l'avait fait ? Autant je ne craignais pas de me retrouver contre des armoires à glace lors de combats illégaux, autant, je me voyais franchement pas affronter des mafieux armés jusqu'aux dents et capable de me descendre de sang-froid. Les combats de rue avaient beau être violents et tout, il n'y avait encore jamais eu de morts, les combats s'arrêtaient bien avant pour éviter ce genre d'accidents justement. Il arrivait que ça dégénère et qu'un mec ne veuille pas s'arrêter gentiment de frapper son adversaire, mais dans ces moments-là, tout le monde s'y mettait pour le stopper quitte à le mettre KO pour le calmer.

J'éclatai littéralement de rire quand il me dit qu'il s'était trouvé un boulot dans un magasin de jouets !! Et il était vendeur en plus ! C'était ça le pire ! Il était en contact direct avec les enfants qui achetaient leurs jouets, et vu la nouvelle apparence qu'il adoptait, il devait avoir l'air plutôt effrayant face à eux. Il fallait le dire clairement, Wun n'était pas la gaité incarnée, et je le voyais franchement pas sourire et rire en vendant les jouets aux enfants qui passaient devant sa caisse. N'empêche, qui pouvait bien être le mec qui avait décidé de l'engager lui comme caissier ? Il fallait absolument que je rencontre ce malade mental !! Et surtout, il faudrait que je déniche l'adresse de ce magasin de jouets, pour aller me foutre de sa gueule directement sur le terrain !! Je n'avais pas le choix sur le coup, c'était limite un devoir ! Quoiqu'il en soit, j'en pleurais de rire tant il m'avait tué avec cette histoire de magasin de jouets !! Comment avait-il pu décider subitement de travailler dans un tel magasin !? Bon d'accord, en guise de planque, il n'y avait pas plus sûr, car quiconque connaissait Wun ne le verrait jamais travailler avec des enfants à proximité. Attention, ça ne voulait pas dire qu'il n'aimait pas les enfants ou même qu'ils les haïssaient, cela voulait simplement dire que ça ne correspondait absolument pas au personnage. C'était comme de m'imaginer travailler dans une bibliothèque... Une énorme plaisanterie ! Avec une ancienne profession aussi dangereuse, le contraste était vraiment des plus amusants et j'en avais mal au ventre à force de rigoler !!

"T"aurais pas pu trouver pire en guise de travail vraiment ? Surtout que tu dois être obligé de feindre la joie et la bonne humeur pour ne pas effrayer tes clients, non ?"

C'était surtout ça qui me faisait marrer en fait, je ne le voyais pas du tout dans ce rôle. Ma nouvelle question et mon changement total d'attitude le prit au dépourvu et il ne riait plus du tout lui aussi. En même temps, lui parler d' "elle" comme ça n'avait pas dû lui faire plaisir, surtout quand d'ordinaire, j'en parlais uniquement pour le taquiner. Je vis tout de suite que la question le gênait quand il se mit à l'une de ses mèches qui avait été raccourcie. Etais-je donc le premier qu'il revoyait depuis sa désertion ? Possible, sachant que je ne voyais pas trop qui d'autre, à part elle et moi, pourrait connaître la vérité sur l'ancien mafieux, ce n'était pas comme s'il en avait parlé à tout le monde... Le principal était quand même de savoir qu'il avait quitté sa maison, ne la mettant plus en danger de cette façon, et vu ce que je devinais qu'il ressentait pour elle, je supposais que c'était ce qu'il désirait plus que tout: ne pas la mettre en danger. Alors que d'habitude, je rigolais toujours quand je parlais d'elle, là, j'étais hyper sérieux, surtout parce que je savais que ce sujet n'avait rien de drôle, on parlait quand même de la vie d'une personne. Je ne m'en faisais pas pour moi car il y avait peu de chance qu'on connaisse mon existence, je ne voyais pas Wun si souvent que ça, alors qu'il avait vécu chez Ellen, ce qui était bien plus susceptible d'être découvert. Il comptait donc lui en parler, comment le prendrait-elle ? Sûrement bien au début, mais tout comme moi, elle s'inquiéterait sans aucun doute de l'avenir de Wun qui s'annonçait précaire...

"Personnellement, je ne la connais pas, mais d'après ce que tu m'as dit sur elle, tu as raison de t'inquiéter, tu passeras sans doute un sale quart d'heure mais bon, passez ce quart d'heure, elle comprendra sûrement que t'as fait le meilleur choix possible... - je n'ajoutai rien pour l'instant, supposant qu'il savait très bien que si elle le faisait morfler comme ça, c'était parce qu'elle lui en voulait de la faire s'inquiéter pour lui et d'avoir une vie aussi dangereuse. Quand il me demanda conseil en souriant, je lui répondis en ricanant - Je pense que depuis la dernière fois, tu as compris qu'il valait mieux éviter de l'approcher quand elle buvait du jus d'orange... Je peux te donner le pire des conseils par contre. Quoiqu'il arrive, ne lui dis pas après avoir couché avec elle. Me demande pas pourquoi, mais il paraît que les filles n'aiment pas ça. Ça fait partie des choses qu'on ne pourra sans doute jamais comprendre chez elles..."

J'avais haussé les épaules en finissant ma phrase. S'il y avait bien une chose qui nous différenciait de l'autre sexe, c'était le moment d'annoncer une nouvelle qui était à la fois bonne et mauvaise. Personnellement, je préférerais l'apprendre après, mais je doutais que ce soit le cas d'Ellen. Dans le même temps, avec toutes les bêtises que j'avais sorti, il était possible que Wun ne fasse pas gaffe au fait que je supposais qu'il coucherait avec elle. Avec un peu de chance, ça passerait comme une lettre à la poste et il ne réagirait pas. Dans le pire des cas, il y ferait attention, et s'emporterait contre moi sans véritable raison. Il n'y avait aucune bonne réaction de toutes les façons, qu'il s'énerve, feigne l'indifférence ou me contredise simplement, je penserais dans tous les cas que ça arriverait tôt ou tard, et le plus tôt serait le mieux pour ces deux-là... Techniquement, il ne pouvait m'empêcher d'en être persuadé, surtout qu'ils s'étaient déjà embrassés plusieurs fois, même si à chaque fois, ils s'en étaient arrêtés là avant de changer de sujet. Ces histoires que me racontaient Wun m'avait toujours fait marré, car il avait beau avoir bossé pour la mafia, c'était comme si côtoyer Ellen était 100x plus compliqué et dangereux pour lui, car il ne savait jamais sur quel pied danser avec elle.

"Au fait, qu'est-ce qu'il t'a pris de choisir ce travail parmi d'autres ? Tu ne me feras pas croire que vendre des jouets pour enfants est ton rêve depuis que t'es gosse... Y'avait pas plus simple, et surtout, qui a osé t'engager, avec ta nouvelle apparence bien plus sombre que l'ancienne, dans un magasin de jouets ?"

C'était vrai quoi, j'acceptais bien plus facilement sa désertion que son nouvel emploi qui ne lui correspondait pas du tout de mon point de vue. Par contre, je me rendais compte encore une fois que je n'arrêtais pas de lui poser des questions: c'était un véritable interrogatoire. Au moins, je ne l'éblouissais pas avec une lampe juste devant les yeux, ici, dans ce zoo, on était bien plus tranquille et à l'aise pour bavarder. Néanmoins, il nous faudrait bouger dans pas longtemps, car les lions avaient fini de manger, ce qui voulait dire que les visiteurs n'allaient pas tarder à repasser dans cette zone déserte actuellement...

"Hmm... Va falloir bouger, les lions ont fini de manger."

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Spoiler:

Wun ne fut guère étonné de la réaction de Shiro. C’était un peu prévisible au vue de ce qu’il lui annonçait. Le brun observa son ami se tordre de rire en silence, se contentant de sourire d’un air compréhensif. Lui aussi, à la place du boxeur, il aurait réagi de la sorte.
Il attendit donc patiemment que le sportif se calme et reprenne la parole, lui demandant si son choix de travail n’était pas juste…. Totalement aberrant. Wunjo secoua la tête d’un air peu convaincu. Il aimait bien ce job. Il aimait même bien le vieux, son patron. Il avait l’impression d’avoir hérité d’un grand-père. A défaut d’avoir un père hein…

« Boaf… tu sais j’ai fait la dose de boulots à la con où il fallait jouer le masque de l’amabilité et tutti quanti. J’ai de l’entraînement là dedans. J’pense que je ferai jamais pire que quand j’étais concierge. ÇA, c’était l’enfer. »

Et il ne mentait pas. Il avait détesté ce job plus que tout, et pourtant il avait goûté à pas mal de trucs dans le domaine des petits boulots. Mais concierge c’était juste… désespérement abrutissant et chiant. Il avait cru mourir d’ennui un nombre incalculable de fois, et quand il ne mourrait pas d’ennui, il mourrait assommé par les récits inintéressants au possible des gens de l’immeuble. Un ré-gal. A côté bosser à la boutique c’était juste le paradis. Et puis à bosser au milieu des bambins et des mamans, il était à peu près sur de ne pas tomber par hasard sur une de ses anciennes connaissances, qui ne fréquentaient sûrement pas ce genre d’endroit !

Les deux bonhommes dérivèrent ensuite sur un sujet assez récurrent entre eux –enfin surtout pour Wun, qui ne pouvait pas s’empêcher de l’évoquer à chaque fois, ce qui ne déplaisait pas à Shiro qui s’amusait visiblement beaucoup de leurs mésaventures- à savoir : Ellen. Wun en profita d’ailleurs pour demander à son pote s’il n’avait pas quelques conseils, au passage. A la réponse de Shiro, il eut un petit rire et hocha la tête.

« Plus facile à dire qu’à faire : j’ai l’impression qu’elle passe sa vie à boire des trucs jetables sur moi ! »

Enfin à s’en servir, et à les jeter sur Wun, plutôt. Parce que du coup elle en buvait pas des masses. Au moins, lorsque la demoiselle était dans les parages, le russe était sur de ne pas mourir déshydraté. Plutôt noyé en fait. Ou possiblement étranglé si il continuait de dire et faire tout ce qui pouvait énerver la jeune fille.
Il chassa ses pensées morbides de sa tête pour écouter ce que Shiro avait à lui dire comme conseil plus « sérieux » que d’éviter les jets de jus d’orange. Sa remarque fit vaguement soupirer l’ex blondinet alors que ses lèvres s’étiraient dans un sourire désolé et que son sourcil se levait d’un air moqueur.

« Ouais enfin, quelque chose me dit que de toute façon, coucher avec elle, c’est pas vraiment sur l’agenda court-terme hein »

Répondit-il. Le quelque chose en question c’était…. Entre autre les jets de jus d’orange. Et le fait qu’elle passait quand même plus de temps à lui gueuler dessus qu’autre chose. Et le fait qu’elle évitait de toute évidence les contacts physiques avec lui. Certes, ils s’étaient embrassés, mais même ça c’était compliqué. S’ajoutait à tout cela la timidité surprenante qui prenait possession de Wunjo dés que la française était dans les parages. Il régressait de manière totalement inexpliquable au stade de l’ado inexpérimenté quand elle était là. Tout ça réuni réduisait tout de même énormément les chances de sexe entre ces deux là.

Et puis de toute façon, dans tous les cas, pour en arriver là, il faudrait déjà que Wun se bouge le derrière, aille la voir, et qu’il survive à ces retrouvailles car il était à peu près certain que Ellen serait en rogne contre lui.
Heureusement qu’il avait d’autres choses pour se changer les idées, sinon il deviendrait fou en moins d’une semaine. Le boulot, notamment, l’aidait à retrouver un équilibre. Lorsque Shiro aborda le sujet de son changement de travail, Wun haussa les épaules. Sûr que c’était pas le choix numéro un de la plupart des mômes, vendeur.

« Non mais en même temps quand j’étais gosse je voulais être médecin donc tu vois… c’était un peu tard pour la reconversion »

Répliqua-t-il dans un petit rire. D’autant que quand on voyait à quel point Wun était INCAPABLE de soigner ses blessures, on n’avait moyennement envie de lui confier sa santé. Et puis bon, quand on arrête l’école à 12 ans –avec quelques cours par correspondance jusqu’à 16 ans- faire des études de médecine à 25 ans semble…. Compliqué.

Au commentaire de Shiro, Wun jeta un œil aux lions en question et hocha la tête. Effectivement, la foule allait petit à petit s’amasser devant la cage. Le problème des lions, c’est qu’ils sont populaires. Le problème des zoos en général c’est que le moindre animal chiant devenait soudainement fascinant. Les gens s’émerveillaient devant n’importe quelle bête absolument non identifiable, et ce même si la bête en question ne faisait que se rouler dans la poussière ou se planquer derrière un gros caillou. Cela dit, l’avantage, c’était que trop occupés à faire des « aaaah » et des « ooooh » le nez collé au grillage, ils ne prêtaient pas beaucoup d’attention aux conversations atypiques type « kidnapping et mafia ». Mais ce n’était pas une raison pour faire la criée devant eux.

« Je pense que j’ai dit ce que j’avais à dire sur le « sujet-choc ». On peut peut être se poser pour boire un verre »

Proposa Wun, esquissant un sourire. Le reste de la discussion, que ce soit son boulot, Ellen, ou n’importe quoi de sa nouvelle vie, était tout à fait abordable devant témoins. Après tout, changer de job et avoir une vie sociale étaient le lot de tout un chacun, pas seulement des mafieux reconvertis. Et depuis le temps, le russe était certain de pouvoir faire passer un message subtile à Shiro s’il en avait besoin. Il pouvait tout à fait faire référence à l’Organisation en parlant de son « ancien employeur » par exemple.

« Enfin pour en revenir au sujet… figure toi que j’ai un CV quand même assez limité, surtout niveau diplomes… parce qu`à la limite niveaux jobs je remplis 4 pages je pense. Donc je me suis dit que la vente ça serait pas mal. Et le magasin de jouet… bah avoue que c’pas mal niveau « reconversion discrète » ! »

Poursuivit-il avec un sourire. C’est sur que ça ne serait pas le premier endroit où la mafia russe irait le chercher.

« Et on dirait pas comme ça, mais je suis un fana de jouets. J’dois faire un genre de…. Rattrapage sur mon enfance »

Il fronça les sourcils à cette dernière phrase, l’air pensif.

« C’qui est bizarre vu que j’ai commencé mon « ancien job » à l’adolescence…. Mais soit »

Il fronça d’avantage les sourcils en se tournant vers Shiro, un air faussement fâché sur le visae –on y croyait pas une seule seconde quand on le connaissait.

« Et dis donc ! Dis tout de suite que je fais peur ! Figure toi que mon patron me trouve vach’ment amical… Bon j’pense que la tenue du magasin doit aider un peu… »

Il baissa le nez sur son t-shirt, s’étonnant que Shiro ne se soit pas encore foutu de sa gueule à ce sujet –car de loin, c’était le truc le plus ridicule dans la nouvelle vie de Wun. Son regard tomba alors sur le pull beige qu’il avait mis juste avant son rendez vous et il se souvint : il avait eu la bonne, l’EXCELLENTE, la REMARQUAAAABLE idée de se changer avant de venir au zoo. Il se souvenait aussi pourquoi : parce que raconter sa vie et ses soucis à quelqu’un pris dans un fou rire incontrôlable et interminable, ce n’était pas le top. Et nul doute que fou rire il y aurait eu. Ce n’était pas possible autrement. Ce t-shirt n’était pas humain, c’était un artefact crée par des poneys multicolors et exporté sur la planète terre pour la conquérir via le ridicule et le rire –oui, rien que ça.

« Eh ouais, parce que tu n’as pas tout vu. J’ai un ‘uniforme’. Enfin pas un vrai, juste un t-shirt promotionnel du magasin. Mais bonjour le t-shirt ! »

Il leva les yeux au ciel, pour que son ami ait une idée de l’ampleur des dégats.

« J’en ai toute une collection. Ils sont tous… atroces. Y a pas d’autre mot. Genre couleur des marqueurs fluos et dessins façon Bisounours. Celui d’aujourd’hui était vert avec un hippopotame qui fait du tobogan. Et crois moi, peu importe ce que tu imagines, c’est 4 fois pire ! »

Voilà, c’était un assez bon résumé de l’horreur qu’il se trimballait tous les jours. Bon, là, il grognait, mais en vérité ces t-shirts l’amusaient pas mal. Enfin DANS le contexte du magasin, bien sur. Quand il fallait sortir avec ça sur le dos, c’était une autre histoire. Et puis clairement, ça aidait avec les enfants. Parce que sans dire que Wun faisait peur, il faisait plus « voyou des rues » que « super-grand-frère-qui-fait-des-calins ».

« Enfin voilà. Comme tu t’en doutes en plus du jus d’orange, les t-shirts de la boutique sont aussi sur la liste des machins à éviter quand j’irai voir Ellen »

Conclut-il, jouant la carte de l’humour pour dissimuler que ce sujet là était source d’inquiétude et de stress pour lui. C’était un peu nouveau, chez Wun, le concept du « stress pré-rendez-vous ». Fallait bien dire que les plan-culs, c’était plus simple de ce côté-là.
Songeant qu’il n’était pas bon de ressasser encore et encore le sujet, le brun reporta son attention sur Shiro, et lui adressa un grand sourire.

« Voilà pour les breaking news ! Bon et toi alors ? Raconte un peu, depuis la dernière fois. Toujours à la recherche d’un 3eme coloc ? »

Non parce que bon… fallait pas croire. Ces deux là ne faisaient pas non plus QUE parler des aventures à la con de Wunjo Ivanova, ou Dan Ebels peu importe. Comme tous les potes, ça discutait aussi du quotidien de chacun, et autres sujets moins dramatiques.

Sujet: Re: Révélation en pleine jungle [PV: Wun/Dan] Dim 2 Sep 2012 - 18:41

Il était vrai que Wun avait enchaîné les boulots par le passé. C'était donc une bonne chose pour lui de s'être enfin trouvé un job stable en quelque sorte. Bon d'accord, vendeur dans un magasin de jouets n'était pas du tout le premier truc auquel j'aurais pensé pour lui. Je n'y aurais même jamais pensé !! N'importe quelle personne le connaissant un minimum comprendrait que j'ai réagi de cette manière à cette annonce. Personnellement, je n'avais jamais été concierge, mais je pouvais plus ou moins imaginé ce que ça pouvait être... Il suffisait de voir, rien qu'à l'académie – à l'époque où j'avais une chambre là-bas – le nombre incalculable de fois où des élèves étaient allés embêter les membres du personnel ou le directeur carrément parce qu'ils leur manquaient quelque chose ou qu'ils voulaient quelque chose. Je supposais que gardien devait avoir les mêmes inconvénients, surtout qu'il était seul, ce qui rendait la chose encore moins supportable. Un autre sujet fit son apparition sur la table. En effet, c'était un de mes préférés le concernant d'ailleurs : le cas Ellen. Pourquoi je l'aimais ce sujet ? Parce qu'il mettait Wun mal à l'aise, ce qui n'était pas le cas habituellement, et je trouvais cela plutôt amusant. Un ancien membre de la mafia qui redevenait un simple adolescent dès que le prénom de cette fille était prononcé. Intéressant, n'est-ce pas ?

Il répondit à ma petite remarque sur le jus d'orange qu'il avait l'impression qu'elle lui balançait tout ce qu'elle buvait à la figure. Je commençais à croire que le jour où ils passeraient tous deux à l'acte, il ne serait sûrement pas celui qui casserait le plus de truc dans la pièce... Je n'aurais jamais pensé qu'Ellen était si agressive en vérité. Je ne la connaissais pratiquement que de vue, et depuis que je savais ce que Wun ressentait pour elle, je n'avais pas cherché à en savoir davantage sur elle. C'était bien plus amusant de l'entendre lui en parler. Surtout qu'il n'apprécierait sans doute pas que je l'espionne... D'après celui-ci, ce n'était pas près d'arriver, j'étais d'un avis différent, mais je n'en dis rien, préférant éviter qu'il ne s'énerve en se méprenant sur ce que je disais. Je le respectais suffisamment pour ne pas parler vulgairement d'Ellen. Autant les petites allusions pouvaient passer, autant en faire trop pourrait ne pas être pris à la rigolade. Je revins juste après sur son changement de boulot et sur son nouveau look qui, pour moi, ne correspondait pas du tout à celui de quelqu'un cherchant à faire plaisir aux enfants. J'appris alors qu'il voulait être médecin quand il était lui-même enfant, et j'en fus vraiment très surpris vu la tournure qu'avait pris sa vie. C'était dommage quand même, car s'il avait fait un choix différent par le passé, il serait peut-être en train de faire des études de médecine actuellement.

Les lions ayant fini de manger, j'estimais qu'il valait mieux quitter cette zone pour éviter de parler alors que des oreilles indiscrètes pourraient nous entendre. En gros, on ne pourrait plus parler librement si on restait dans le coin. Dan me fit remarquer que le plus gros du sujet confidentiel avait déjà été révélé, ce qui voulait dire que le reste était tout public si j'avais bien compris. J'acquiesçai donc d'un signe de tête quand il proposa qu'on aille boire un verre quelque part. Tandis que je me demandais par où on devrait aller pour trouver un endroit où nous poser, il répondit à ma question sur le pourquoi il travaillait dans un magasin de jouet. Il n'avait pas tort en disant que pour se planquer, y'avait pas meilleure cachette. Il avait été très malin sur ce coup-là. Personne n'irait s'imaginer qu'un mec recherché par la mafia vendait des peluches et autre à des enfants. Même dans les films, on nous sortait pas de trucs aussi surréalistes !!
Un rattrapage sur son enfance ? Vraiment ? Regarder des dessins animés, c'était beaucoup plus simple, non ? Enfin, c'était son problème après tout, s'il voulait me fournir une arme de plus à utiliser contre lui, c'était lui qui voyait. Dans certains cas, mentir à un ami pouvait s'avérer nécessaire. Dan aurait dû y penser et éviter de me dire qu'il bossait dans un magasin du coin. Parce que je comptais bien le traquer et me foutre de lui en le voyant se débrouiller dans un élément à l'opposé de celui dans lequel il avait l'habitude d'évoluer.

« La tenue ? »

De quelle tenue il me parlait celui-là ? Une tenue qui devait l'aider à paraître moins sombre et plus amical ? C'était possible ça ? Lorsque je le vis regarder son t-shirt je compris encore moins ce qu'il voulait dire par là. Un t-shirt promotionnel qu'il devait mettre lorsqu'il travaillait ? Pourquoi j'avais comme l'impression que cette révélation serait encore plus étonnante et plus importante – pour moi – que sa démission chez les mafieux ? La suite me fit ouvrir de grands yeux tant j'étais surpris par cette annonce !! Il était clair que je ne m'y étais pas attendu ! Mais sur le coup, j'en étais resté bouche bée !! J'étais comme figé pendant l'espace d'une seconde avant de lever mon regard vers le ciel et de joindre les mains, comme si j'allais prier, afin de remercier le tout-puissant, s'il existait vraiment, pour m'avoir offert un tel cadeau. Mes yeux pétillaient littéralement, à croire que c'était Noël avant l'heure !! C'était sûrement l'un des plus beaux jours de ma vie et sûrement la raison pour laquelle je fouillerais dès le lendemain, et ce tous les jours, tous les magasins de jouet de Keimoo afin de trouver celui dans lequel Dan bossait avec une tenue des plus insolite !! Un peu plus et je me serais carrément mis à genoux pour remercier le tout-puissant ! Je me rapprochai alors de mon ami et posai une main sur son épaule alors qu'il me parlait de sa liste de choses à éviter, et lui appris :

« Crois-moi, Ellen sera le cadet de tes soucis quand je trouverais ce magasin dans lequel tu travailles... Et tu peux être sûr que je le trouverais, quitte à tous les fouiller s'il le faut. Tu viens de m'offrir... – j'étais si content en fait que j'avais un peu de mal à trouver les mots pour définir ce que je ressentais – le plus beau des présents, et même 1000ans ne me suffiront pas pour te remercier quand je te verrais porter l'un de ces t-shirts... »

En lui disant cela, je n'arrêtais pas de lutter pour m'empêcher de sauter et de bondir dans tous les sens. Je me retenais tellement d'ailleurs que j'en tremblais et comme ma main était sur son épaule, même lui devait s'en rendre compte. J'étais le plus heureux des hommes en cet instant ! Si ça se trouvait, je ferais d'une pierre deux coups avec ça. D'un côté, il s'inquiéterait bien plus du fait que je le verrais sûrement dans sa tenue de travail et craindrait donc ma visite prochaine dans les jours à venir, tandis que de l'autre côté, ses angoisses par rapport à Ellen allaient passer au second plan. Et oui, je doutais fortement qu'il soit du genre à défiler devant moi avec ces t-shirts, surtout s'ils étaient aussi ridicules qu'il le prétendait !! Et puis, quelque part, je lui promettais de venir le voir sur son lieu de travail, c'était une preuve d'amitié, non ? J'ajoutai d'ailleurs :

« Si je peux me permettre, une dose d'humour avec ce t-shirt pourrait rendre vos retrouvailles plus pacifiques, tu ne penses pas ? Qui oserait frapper un homme arborant un hippopotame faisant du toboggan sur son t-shirt ? Il faudrait vraiment être cruel... »

Et oui, et c'était le moins qu'on puisse dire : frapper un homme à terre, ça ne se faisait pas ! Frapper un homme avec un t-shirt de ce genre, c'était encore pire !! Et même une fille comme Ellen devait le savoir à mon avis. Finalement, Wun décida de ne plus être le centre de l'attention et choisis de parler de moi maintenant. Il était vrai que ma vie n'était pas aussi passionnante que la sienne, mais elle n'était pas monotone non plus. J'étais bel et bien à la recherche d'un 3ème colocataire, ou plutôt d'une colocataire. Et oui, avec Noahki on s'était mis d'accord pour que les prochaines personnes soient des filles pour plusieurs raisons. On ne voulait pas d'autres mecs avec nous, on était suffisamment comme ça. Et on voulait des filles pour rendre les choses plus amusantes. Non, le but n'était pas d'avoir matière à mater sous notre toit, c'était plus pour différencier qu'autre chose.

« Oui, on recherche toujours une 3ème personne pour nous rejoindre sous notre toit. Mais on veut une fille. Voire deux, si une autre est intéressée... Et comme tu t'en doutes, c'est pas facile de convaincre une fille d'emménager avec 2 mecs. La plupart ont peur d'être vue comme des sal*pes sous prétexte qu'elles vivent avec Noahki et moi, dont les réputations ne sont plus à faire. A croire qu'on la sautera forcément si elle emménage... Bref, tu vois le problème. »

Tout en lui parlant, nous avions commencé à bouger. Il y avait toujours des endroits où se poser pour manger dans les zoos. D'ailleurs quand nous entrâmes à l'intérieur, le restaurant était uniquement rempli de familles avec père, mère et enfant(s). Quoi de plus normal dans un zoo. Il y avait d'autres groupes qui étaient venues entre potes, mais pas beaucoup. Une fois assis, je commandai une simple boisson pour ma part, je n'avais pas vraiment faim. Me souvenant qu'on parlait maintenant de moi, ce qui ne me dérangeait pas trop, je voulus lui parler de quelque chose qui me tracassait depuis maintenant quelques semaines :

« Si tu veux tout savoir, tu n'es pas le seul à t'inquiéter par rapport à une fille... Tu te souviens de ce que j'ai fait à l'autre quand elle m'a enfermé dans ma chambre il y a un peu plus de 6 mois ? »

Oui, je parlais bien d'Ashley Mc Dowell quand je disais l'autre. Elle m'avait dit qu'elle se vengerait dans le cas où quelqu'un apprendrait que c'était moi qui lui avait coupé les cheveux et l'avait défiguré à coup de feutre indélébile... Wun n'étant plus élève à l'académie et en qui j'avais une confiance absolue, en vue de nos secrets communs, avait été la seule personne à qui j'en avais parlé. Et donc, en dehors de lui, personne n'était au courant du rôle que j'avais joué dans la vie d'Ashley ce jour-là. Dans tous les cas, ce qui m'inquiétait, c'était le fait que, malgré ses dires, j'attendais constamment le jour où elle chercherait à se venger... Et je ne pouvais me confier qu'à Dan en ce qui la concernait. Il était le seul au courant de toute l'histoire, y compris du fait que j'avais été avec elle le temps d'une journée à son arrivée à l'académie Keimoo.

♦ Civil - Dealer - Bookmaker Age : 37 644 **KMO** :

La nouvelle apportée par Wun semblait ravir Shiro, à tel point que soudainement, il avait l’air d’être retombé en enfance la veille de Noël. C’était terriblement drôle à voir quoique un peu surprenant.

« Je n’en attendais pas tellement moins de toi… »

Répondit-il, un sourire fin sur les lèvres. Il avait lui-même conscience d’être parfaitement ridicule dans cet accoutrement grotesque. Objectivement parlant, il se ficherait volontiers de sa propre gueule, alors il ne pouvait pas reprocher aux autres d’en faire de même. Et puis, cela semblait mettre Shiro d’humeur anormalement joyeuse.

« Par contre ne compte pas sur moi pour te dire où je bosse, l’idée de te voir errer de magasin de jouets en magasin de jouets pour me trouver n’est pas déplaisante non plus »

Poursuivit-il, un air narquois sur le visage. Certes, Wun faisait tâche dans son boulot, mais honnêtement, Shiro dans un magasin de peluches, la scène était comique aussi. Moins que les t-shirts du brun, certes, mais il se consolait comme il pouvait. En vérité la chasse serait probablement courte, car il n’y avait pas plus central que le centre commercial, où Wun bossait, pour commencer ses recherches.

Ils arrivèrent finalement au restaurant du zoo où ils s’installèrent tranquillement. Le brun attrapa une carte et jeta un coup d’œil rapide aux prix. Lorsque le serveur vint noter leur commande, Wun laissa Shirp faire son choix, puis commanda à son tour, juste un soda lui aussi, il n’avait pas très faim au fond, avant de revenir à leur sujet de discussion, c’est-à-dire la colocation de Shiro.

Le russe esquissa un sourire lorsque Shiro lui déclara que son coloc et lui voulaient une fille. C’était peu surprenant en fait, mais il se garda bien d’en faire la réflexion. Et lorsque le boxeur poursuivit en faisant remarquer qu’avec leur réputation, ce n’était pas chose aisée de trouver une fille qui voulait s’installer avec eux, son sourire s’élargit encore d’avantage.

« Ha, qui aurait cru que ton sex appeal te déservirait un jour, hm ? »

Déclara-t-il, se moquant gentiment. Il comprenait en fait tout à fait pourquoi une fille ne voulait pas emmenager avec ces deux là. Déjà à l’époque où Wun était à Keimoo, leur réputation était plutôt tenace. La plupart des filles flipperait sûrement de vivre avec ces deux gus là. C’était le problème lorsqu’on était populaire dans une certaine mesure –car même si Shiro n’était pas un populaire, il était bel et bien connu dans l’Académie. Ce genre de gossips qui leur collaient aux fesses faisaient oublier aux gens qu’à la base, ils étaient des gens comme des autres capables de se tenir avec leurs colocs et ne sautant pas nécessairement sur tout ce qui bougeait.

« Bah, tu finiras bien par trouver quelqu’un qui sera plus attirée qu’effrayée par vous… »

Poursuivit-il, un air taquin sur le visage. Il se doutait bien que ce n’était pas DU TOUT ce qui leur fallait. Une groupie dans la coloc serait probablement la pire chose pour Noahki et Shiro, mais l’idée avait quelque chose de… drôle, il fallait l’avouer.

« Vous avez essayé de chercher un peu en dehors de l’Académie ? Je ne pense pas que votre renommée se soit étendue au delà des murs de Keimoo, si ? »

Poursuivit-il, prodiguant un conseil plus sérieux et rationnel cette fois-ci, mais toujours sans se départir de son sourire en coin. Les problèmes de Shiro le faisaient toujours beaucoup rire, ce type était une vraie source de divertissement à lui tout seul.
Et Wun n’avait pas encore tout vu. Voilà que le sportif abordait un autre de ses soucis, plus complexe au vu de la tête qu’il tirait.

Wun fronça un instant les sourcils, essayant de retrouver parmi ses souvenirs qui pouvait être « l’autre » fille en question. Il ne lui fallut pas bien longtemps pour comprendre qu’il s’agissait d’Ashley Mc Dowell. Elle était en fait l’unique fille dont Shiro parlait en mal à Wun, et il ne pouvait donc s’agir que d’elle pour qu’il ne prononce même pas son prénom. Le souvenir de cette petite « aventure » avec la reine des pom-pom girls arracha un sourire au russe bien malgré lui. Si ses histoires à lui regorgeaient de n’importe quoi de manière générale, le boxeur le battait haut la main dans la catégorie « histoires avec des filles ». Le brun secoua doucement la tête, songeant que cette nana avait tout l’air d’être une caractérielle, et qu’il n’aimerait probablement pas se la mettre à dos. Or, avec ce que Shiro lui avait fait, nul doute qu’elle devait être furax !

« Mm… oui. Je me souviens très bien. Je pense avoir rarement autant ri. Elle en revanche, je suppose que ça ne doit toujours pas la faire rire… me dis pas qu’elle est passée à l’attaque ? »

Le serveur les interrompit à ce moment là pour apporter leurs commandes et les poser sur la table devant eux. Wun le remercia brièvement d’un signe de tête avant de reporter son attention sur son ami et ses histoires avec Ashley.
Il fléchit le sourcil, se demandant en fait quel genre de revanche une nana pareille choisirait. Sans doute quelque chose de fourbe. Les filles aimaient les fourberies et excellaient dans le domaine. Et les filles comme elle probablement encore plus. Sans compter le fait qu’elle s’était probablement sentie très humiliée par ce qu’avait fait Shiro –même s’il ne l’avait pas fait publiquement- et qu’elle voudrait donc sûrement l’attaquer sur le même terrain : la fierté, la dignité, tous ces machins là. Mais publiquement, cette fois-ci, histoire de le dissuader de recommencer. Cela dit, Wunjo n’avait pas l’esprit assez tordu pour se mettre dans la peau d’une nana et essayer de prédire sa vengeance.

D’autant que Ashley était, selon lui, particulièrement tordue. Cinglée même, n’ayant pas peur des mots. Ce qui voulait aussi dire que sa réaction serait potentiellement… imprévisible. Surprenante. Alors qu’une idée lui venait à l’esprit, son sourire s’élargit un peu plus, alors qu’il dévisageait Shiro derrière son grand verre de soda.

« Ou alors… ce pourrait-il que l’Amazone ait succombé à ton charme et ait décidé de te conquérir plutôt que de te couper la tête ? »

Enchaîna-t-il, haussant les sourcils d’un air suggestif et amusé à la fois. Il aimait bien l’appeler l’Amazone, en référence à la reine de ces femmes barbares et cruelles qui s’amusaient à terroriser et massacrer les hommes. L’idée lui plaisait bien et correspondait plutôt bien à Ashley. L’idée que cette excentrique se soit soudainement mise en tête de conquérir Shiro à la place de sa vengeance –ou en prime de sa vengeance, d’ailleurs- ne lui semblait pas non plus totalement improbable. Certes, ça avait du la mettre en colère, mais les filles manipulatrices et dominatrices comme elle pouvaient tout aussi bien se laisser séduire par quelqu’un s’opposant de la sorte à elles. En fait, c’était bien le souci avec la pompom girl : cette fille là était prête à tout et sûrement aussi capable de tout. Impossible n’était pas dans son vocabulaire, il fallait donc s’attendre à tout, et surtout au pire.

[Bah du coup la même : sorryyyy :) !]

Sujet: Re: Révélation en pleine jungle [PV: Wun/Dan] Sam 26 Jan 2013 - 16:44

Comme je le pensais, il n'avait pas l'intention de m'aider à trouver le magasin dans lequel il bossait avec une tenue ridicule. C'était pas grave du tout ! Dès le départ, je n'avais pas eu l'intention de lui demander l'adresse. Après tout, comme il me le faisait savoir, c'était plus amusant de visiter tous les magasins de jouets de la ville pour le retrouver ! La récompense n'en serait que plus grande en plus. Obtenir quelque chose en ne faisant rien en retour, ce n'était pas mon truc. J'aimais y mettre du mien pour qu'une fois l'objectif atteint, je sois pleinement satisfait des efforts que j'avais effectué. En attendant, nous avions bougé et nous trouvions maintenant dans l'un des restaurants du zoo. Confortablement installés, nous avions tous deux commandé une simple boisson car nous n'avions pas très faim. Avec toutes ces histoires, ce n'était pas très étonnant en même temps. Bien que la pression avait été évacuée du côté de Wun, on parlait maintenant de mes soucis à moi. Certes, il n'était pas aussi graves et dangereux que les siens, mais ils étaient assez compliqués aussi. Lui avait son monde à lui avec ses avantages et inconvénients, et j'avais le mien avec ses hauts et ses bas aussi. Actuellement, c'était plutôt des bas à cause de mon ''sex appeal'' comme il disait. Franchement, être incapable de trouver une colocataire parce qu'on avait connu trop de filles, c'était un comble !!

Noahki et moi n'avions vraiment pas de chance pour le coup. C'était du grand n'importe quoi ! On n'était pas des malades non plus ! On avait un minimum de self-control et dans tous les cas, on n'avait pas que ça à faire de sauter sur notre colocataire... Enfin bref, tout ça pour dire qu'on galérait depuis des semaines et des semaines pour trouver celle ou celles qui accepterai(en)t. J'espérais que Wun avait raison et qu'on en trouverait une qui ne serait pas paniquée à l'idée de vivre avec nous deux. Surtout qu'on n'avait rien de bien effrayant. Certes, je faisais de la boxe depuis des années et Noahki faisait du taekwondo, mais bon, il fallait voir ça comme un avantage et non comme un inconvénient. En cas d'attaque, on serait à même de nous défendre ou de la défendre. Et nous n'étions pas agressifs. Absolument pas d'ailleurs ! Néanmoins, on ne cherchait pas quelqu'un qui serait attiré par nous deux. Un, Noahki avait suffisamment de groupies comme ça. Deux, on ne pourrait pas dormir sur nos deux oreilles de peur d'être attaqués durant notre sommeil ; et encore moins vivre avec puisqu'en vérité, on pourrait être attaqué à tout moment !! Et trois, on prônait la discrétion : ni lui ni moi n'avions envie de nous retrouver avec toute une horde de filles devant notre maison !

En dehors de l'académie ? Mais c'était une excellente idée !! Quoique... On n'avait aucun moyen de savoir si on était aussi connu à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'académie. Qui nous disait que nos portraits n'avaient pas été placardés sur les murs de la ville afin d'avertir la population féminine du danger que nous représentions... C'était une option non-négligeable bien que peu probable il fallait l'avouer. Dans tous les cas, j'en ferais part à mon colocataire et nous ferions des recherches en dehors.

« Non pas encore. On avait misé sur les étudiantes de l'académie parce que généralement, elles cherchent un logement en dehors. Mais bon, on essaiera en dehors. Même si ça pourrait être aussi peu fructifiant qu'à l'intérieur. L'idéal, en fait, serait d'attendre que des étudiantes étrangères intègrent Keimoo. Elles au moins, elles ne nous connaissent pas... normalement. »

C'était bel et bien la meilleure option. Le problème était qu'elle était la plus hasardeuse. On n'avait aucun moyen de savoir quand des étrangères atterriraient au Japon pour s'inscrire à l'académie de Keimoo. On n'avait donc plus qu'à prier pour que ça arrive. On n'était pas vraiment pressé. On arrivait à payer le loyer sans problème. C'était plus une question d'ambiance qu'autre chose. Avec une personne de plus – qui plus est de l'autre sexe – la vie à la maison serait sans doute bien plus intéressante, non ? Passant à un autre sujet, je lui parlais d'Ashley et de la menace qu'elle représentait pour moi plus que pour un autre je supposais. Rares étaient ceux qui osaient réagir lorsque celle qui s'auto-proclamait Reine s'en prenait à eux. Et il était fort probable que je sois le premier à avoir osé porter un tel coup à la riche héritière qui se croyait tout permis sous prétexte qu'elle avait de l'argent justement. Personnellement, je m'en fichais complètement de sa situation financière, mis à part quand ça risquait de me poser des problèmes bien sûr. Autrement, qu'elle soit riche ou pauvre, j'aurais sans doute réagi de la même façon suite à ce qu'elle m'avait fait. Elle m'avait poussé à bout alors que j'avais tout fait pour l'éviter. J'avais été sympa sur ce coup-là, non ? Plutôt que de m'énerver et de m'en prendre à elle le jour où j'avais appris qu'elle enchaînait les mecs comme un boxeur enchaînait les rounds, j'avais choisi de l'ignorer et de ne plus la revoir. Malheureusement pour elle, deux ans plus tard, elle en avait décidé autrement et je le lui avais fait regretté. Maintenant, c'était moi qui était en danger.

Yep, une chose était sûre, lui s'était bien marré quand je lui avais fait part de cette histoire. Moi par contre, je ne pouvais en rire tant que je ne serais pas certain qu'elle ne tentera rien pour se venger. Le problème, c'était que même sa parole ne valait rien. Elle aurait beau me le jurer ou encore signer un contrat comme quoi elle ne m'attaquerait pas, je ne pouvais lui faire confiance. Elle était du genre à faire les choses en grand, et c'était ce qui m'inquiétait. De plus, elle aimait croire qu'on pensait à elle, et à cause de cette épée de Damoclès qui flottait au-dessus de ma tête, je ne pouvais que penser à cette femme. Je m'apprêtais à lui répondre quand le serveur fit son apparition avec ce que l'on avait commandé. Je le remerciai avant de boire un petit peu. Une bonne boisson bien fraîche : ça faisait vraiment du bien. En l'espace de quelques secondes, je finis la moitié de mon verre. J'avais vraiment très soif ! Cependant, je m'arrêtai pour qu'il m'en reste un peu quand même. Tandis que lui souriait, mon regard était concentré sur mon verre que je fixai intensément un peu comme si je cherchais à y trouver une solution à mon problème.

Alors que je l'écoutai, j'éclatai soudain de rire en entendant le surnom qu'il lui avait donné !! L'Amazone ! C'était vrai que ça lui allait bien. Même si elle faisait plus veuve noire ou mante religieuse puisqu'elle trouvait toujours le moyen de détruire ceux avec qui elle couchait. Elle avait beau se prétendre Reine, personne ne la considérait comme telle, ou alors ils étaient payés pour. Quoiqu'il en soit, elle n'avait d'amazone que son côté cruel. J'eus du mal à m'arrêter de rire après m'être mis à imaginer Ashley en tenue d'amazone, puis en mode araignée et enfin mante religieuse.

« Non, elle n'est pas passée à l'attaque malheureusement. Si elle l'avait fait, je n'aurais plus à m'en faire au moins. Mais ça commence franchement à me prendre la tête. Surtout qu'avec ses moyens et son caractère, elle serait bien capable de me faire kidnapper par ses majordomes... »

Oui, c'était bien l'une des idées que j'avais en tête. Dans son esprit tordu, elle devait me voir comme un citoyen qui avait tenté de se rebeller contre sa reine, et qui méritait donc d'être corrigé et remis dans le droit chemin. Dommage pour elle – ou pour moi – je pouvais me montrer têtu quand je le voulais. Et jamais je ne me laisserais faire par elle. Quant à son hypothèse qui supposait qu'elle avait succombé à mon charme et qu'elle souhaitait me conquérir... Impossible. Une personne comme elle était incapable de s'attacher à quelqu'un. Elle ne s'intéressait qu'à elle et seul son reflet lui plaisait. Et puis, après ce que je lui avais fait, la décapitation était plus probable.

« Tu la vois succomber au charme de quelqu'un toi ? »

C'était une véritable question, parce que je ne voyais pas du comment moi. Tout en elle suggérait le contraire. Je ne comprenais pas du tout d'où il sortait cette hypothèse ! Et quand bien même ce serait le cas, qui pourrait lui faire suffisamment confiance pour s'attacher à elle ? Quelqu'un de naïf le pourrait sûrement, mais elle ne pourrait lui dire la vérité sur son passé. C'était mon avis sur la question. Celui-ci ne pouvait être objectif sachant que je ne pouvais la supporter. Sans pour autant la haïr, je ne supportais pas le fait qu'elle se croit tout permis, et surtout avec moi. Qu'elle se moque des autres, je m'en foutais un peu. Mais qu'elle me cherche moi, c'était une toute autre histoire !

« Si seulement elle m'avait laissé tranquille ce jour-là... Je me retrouverais pas dans cette galère. Lui parler ne m'aura vraiment rien apporté de bon. »

[Presque 3 mois de retard ! Nouveau record! >.<]

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