₪ Académie Keimoo ₪ In a decade, will you be there ? |
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| Premier Jour [Ouvert] | |
| | Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Premier Jour [Ouvert] Lun 26 Sep 2011 - 2:43 | |
| C'était son premier jour au sein de l'académie Keimoo en tant que Conseillère d'Orientation Principale. Jeune, inexpérimentée, Shin sentait l'angoisse l'envahir au fur et à mesure que les secondes s’écoulaient. Elle aurait pu jurer que le temps s’amusait à ralentir afin de l’obliger à souffrir quelques instants supplémentaires. Passant la main dans ses cheveux bouclés et attachés en une queue de cheval, Shin jugea qu’une allure cool et décontractée lui permettait d’affronter les heures qui suivraient. De plus, suite à un consensus avec les différentes parties de ses mois intérieurs, la jeune brunette jugea qu'un second café court et sucré et une troisième clope l'aideraient sans doute à tenir sa première journée. (et utiliserait judicieusement la cafetière que Mamie Yuna, la mère adoptive de son père, avait gagné au loto pendant les vacances, et qui lui avait offerte.)
Elle était arrivée cinq minutes avant sa prise de service. Juste à temps pour ne pas être en retard ; juste à temps pour ne pas être en avance. Son bureau, découvert entre une salle de classe et un escalier, lui semblait aussi sobre et vide que sa vie actuelle. La conseillère d’orientation posa un regard vers le plafond immaculé : Shin pesta intérieurement. Elle se dirigea vers la cafetière qu’elle alluma, tout en posant une dosette de café à l'intérieur de la machine. Elle devait attendre que le bouton rouge clignotte ... La jeune femme se perdit dans ses pensées. En quelques secondes, son imagination s'envola. Elle se demanda quelles étaient les muses qui l'entouraient. La nuit, quand elle était seule, elle dormait mal. Aussi, elle lisait et parcourait des livres différents. L’un avait attiré son intention : les muses de l’antiquité. Au travers de textes, de photographies de sculptures, de gravures et de peintures, Shin avait redécouvert ses « femmes » sensées inspirer les artistes. Deux lui vinrent à l'esprit concernant les siennes : Erato, qu'elle imagina dans une robe blanche aussi divine que le plumage blanc d'un cygne majestueux dont les bordures dorées semblaient lui conférer une robe du soleil. Dansant joyeusement, pieds nus, à l'allure légèrement bohème. A la main, un petit tambourin, rythmant une danse ensorceleuse. Quelques roses rouges, noires et blanches, piquées dans ses cheveux longs, ondulés, un peu fous. Embêtant la seconde : Melpomène. Telle une Antigone, vêtue d'une robe riche, doublée, sombre, telle la robe de nuit, assurant un masque théâtral de tristesse. Amoureuse de l'autre muse, totalement éprise de cette innocence, sans pouvoir oser tendre la main pour l'effleurer. Melpomène, dont la sagesse prudente l'empêchait de s'avouer et dont la tristesse emplisse d'une vie d’errance l’obligeait à reconnaître que son amour ne pourrait jamais être assez pur et réciproque. Deux vies aux chemins différents, l'un où l'herbe semble toujours verte et les arbres toujours en fleurs, l'autre où les ronces recouvrent des cadavres putrides. Deux vies, qui pourtant sont liées, et où la force des deux changent leurs destinées.
Rêveuse, la conseillère d'orientation oublia son café. Elle réalisa qu'elle avait encore un peu de temps avant de se mettre au travail. Elle alluma son ordinateur, se connecta sur un service de messagerie instantané et parcouru ses e-mails. Nombreux étaient des publicités. Elle supprima la plupart, archiva ceux concernant le travail ou des amis.
Quand elle pensait aux muses, Shin pensait également aux femmes qui étaient entrées dans sa vie. Elles l’avaient sans doute inspiré dans de bons ou de mauvais choix. Elles avaient comblé sa vie, jusqu’au jour où elles en étaient sorties. L’artiste ne trouvant pas l’inspiration était-il alors aussi malheureux qu’elle l’avait été ?
Le vibreur grave de son téléphone portable la sorti de ses rêveries. L’appareil s’illumina pour indiquer un nouveau message :
| 08h37 De : Nana (Collègue) Comment se passe ton intégration à Keimoo ? Les élèves y sont particuliers n’est-ce pas ? Petite énigme du matin : toutes les lumières d'une rue obscure sont éteintes. Une voiture noire roule à vive allure. Ses vitres sont noires. Le ciel est nuageux. La voiture noire roule les feux éteints. Le conducteur habillé en noir, porte des lunettes noires. Un chien noir traverse la route mais le conducteur parvient à l'éviter. Pourquoi ?
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Nana était un professeur d’Histoire qui travaillait dans le lycée d’où venait Shin. Encore toute jeune stagiaire, Shin avait été captivée par cette force de la nature. Nana avait trente-deux ans, elle vivait seule dans une maison qu’elle rénovait. Très rapidement, Nana s’était attachée aux maladresses et aux gentillesses de Shin. Trouvant de la candeur et de l’innocence dans les démarches de la CO. Souvent, Shin lui disait qu’elle se trompait, et qu’il n’y avait pas grand-chose de bon en elle. Nana l’avait surnommé : ma petite poupée. Là où Nana avait été bluffé, c’est lorsqu’un parent d’élève érudit avait entamé une conversation avec Shin. Cette dernière, amusée par l’intellectuel, s’était prêtée aux jeux. Elle avait reconnu ses failles, mais également démontré une culture générale large et une déduction psychologique assez fine. De plus, Shin avait toujours été ouvertement libre dans ses paroles. N’hésitant pas à affirmer une orientation sexuelle controversée et à parler librement de sujet tabou tel que le suicide, la mort et l’amour. Une curiosité maladive pour ce dernier point. Handicapée de la vie elle-même, Shin était incapable de comprendre correctement une émotion et de la qualifier. Nana avait eu une vie très difficile et elle ne se plaignait jamais. Elle était forte. Souvent, Shin lui disait en souriant que « lorsqu’elle serait grande, elle serait comme elle. »
Shin se redressa brutalement : son café ! Elle alla rapidement jusqu'à la machine, appuya sur le bouton et récupéra sa tasse. Elle rajouta un sucre et demi et touilla mécaniquement la tasse. Puis, elle alla s’asseoir au bord de la fenêtre, de telle manière qu’elle était plus à l’extérieure qu’à l’intérieure. Elle alluma une cigarette, une Lucky Strike, dont il ne restait que trois de ses consoeurs dans le paquet. La tasse posée sur le bord de la fenêtre commençait à refroidir. L’odeur de café et de cigarette avait toujours le même impact chez Shin.
Les mômes ... C'est prouvé. Avant 25 ans ... on a pas le cortex cérébral assez developpé. On anticipe pas l'avenir. Alors Pourquoi ?
Tomohiko Shine savait qu’elle n’aurait pas du être aussi stressée : ce n’était pas son premier poste dans ce domaine et elle avait déjà passé trois longues années à travailler dans le second lycée de Keimoo. Ce n’était pas le premier, mais bien le second. Dans le premier : elle était encadrée en tant que stagiaire puis en tant que jeune nouvelle. Son supérieur était là pour regarder ses erreurs, la corriger et l’épauler dans les cas les plus difficiles. Il savait toujours quel pacte passer avec l’étudiant, le conseil à lui donner. A quel moment, c’était au psychologue d’intervenir, à l’infirmier ou au CPE.
Ce n’était pas son premier poste dans ce domaine. Ce n’était pas le premier, juste le second. Dans le premier, elle était stagiaire, toujours encadrée par un supérieur. Ses pas même étaient regardés, sa démarche et sa tenue vestimentaires. Cette fois-ci, c’était le grand bain, sans bouée et sans gilet de sauvetage. Shin était un peu anxieuse. Ce poste, elle savait qu’elle l’avait obtenu grâce au piston. Elle n’était pas plus méritante qu’un autre, sans doute plus feignant que la majorité des autres japonais – son coté métissé, sans doute. Des étudiants, elle en avait vu des défilés. Des centaines, peut-être un peu plus. Des petites têtes perdues professionnellement, craignant pour leur avenir scolaire, s’inquiétant de leur future orientation ; parfois c’était leurs vies personnelles même qui rentraient en ligne de compte. Tomohiko Shine savait qu’elle serait oubliée par l’étudiant dans le futur ; mais qu’à l’instant, ses propos avaient une répercussion grave. Il n’était pas question de conseiller sans savoir, de donner un avis dans le vide ou de porter un jugement. Elle n’était pas professeur, ni psychologue. Son rôle était de s’entretenir avec les élèves pour mieux les connaître et essayer de voir avec eux leurs désirs, leurs souhaits. « Cette petite chose » qui bloquait leur vie. L’année dernière, Tomohiko avait assisté son supérieur dans la mise en place de nombreux projets pour les jeunes. Des réunions des libérations de paroles, pour s’exprimer. Des réunions collectives, des visites en entreprises, des salons, des préparations en recherche d’école ou d’emploi. Et cette année ?
Etrangement, la jeune femme différenciait assez bien le travail et les sentiments. Elle n’avait que peu d’amis trouvés au sein de l’environnement professionnellement et n’était plus la même personne. Bien que les traits de personnalité restaient les mêmes, n’étant pas atteinte d’une quelconque schizophrénie, la jeune femme se montrait plus renfermée et sérieuse. Les attaches … Ecrasant sa clope, et la jetant discrètement, Tomohiko se redressa brutalement. Elle haussa des épaules. Cette année tout serait différent ! Elle deviendrait enfin une adulte. Elle ne laisserait pas son cœur lui dicter ses états d’âme. L’amour, l’amitié, tout cela était terminé … « Vraiment terminé. » Se gronda la conseillère d’Orientation en allant dans le couloir, afin de se rendre dans les toilettes pour nettoyer sa tasse. C’était terminé, elle n’écouterait plus jamais son cœur.
Retournant à son bureau, la conseillère posa sa tasse sur son bureau. Puis, elle tapa une recherche sur le net. Souriant discrètement, avant de sortir son téléphone pour répondre à sa collègue. Elle retourna sur le net, se connectant à la messagerie instantanée du lycée Keimoo. Quelques personnes étaient connectées. Shin regarda défiler les messages différents sans rien dire. Cinq minutes plus tard, son téléphone vibra.
| 09h05 De : Nana (Collègue) Observe les tribus qui peuplent ce nouveau lieu. Devine leur fonctionnement. Apprend. Et ne te fie à personne. T’es forte o/ dès le matin, tu as trouvé la bonne réponse.
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Shine sourit pensivement. Elle n’était pas forte : elle avait triché. Douée dans les recherches informatiques, elle avait trouvé l’énigme sur le net et trouver la solution. En y pensant un peu, elle aurait sans doute trouvé toute seule, mais tricher … lui semblait toujours plus facile. Encore maintenant, elle avait du mal à corriger cet énorme défaut. Pourquoi, je nous imagine toi & moi ? Les cours avaient maintenant largement commencés. L’intercours aurait bientôt lieu et Tomohiko réalisa qu’elle n’avait toujours pas commencé à travailler. Elle n’avait pas la moindre idée par où elle devait débuter. Enfouissant la main dans ses cheveux, Tomohiko ferma les yeux. Elle attendrait encore un peu avant de se mettre au travail. Rien ne servait de se précipiter. Mieux valait voir si quelqu’un aurait l’idée de venir lui rendre visite. Ou pas.
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| | | Ryosuke Saitô ♥ Personnel - CPE - Resp. Classe 4A
Age : 49 89 Multicompte(s) : Note Admin KMO : PNJ - Ne jamais supprimer
KMO :
| Sujet: Re: Premier Jour [Ouvert] Jeu 1 Déc 2011 - 17:25 | |
| Détour dans un couloir qui le ramenait vers le bureau privé qui désormait lui avait été attribué depuis le départ à la retraite du précédent CPE. Saitô avait fait ses preuves l'année précédente par son sérieux, notamment depuis le sang-froid dont il avait fait preuve lors de l'incident tragique du toit quelques mois plutôt. On lui avait proposé de suivre une formation en interne, afin de passer le concours pour passer CPE. Il n'avait pas été premier dans tout les domaines, mais c'était le cas lors de l'examen d'ordre logique et psychologique. Ajouté à cela son parcours professionnel, et l'appréciation de ses congénères mais aussi de pas mal d'élèves (si on se référait à leurs messages à son intention sur le forum de l'établissement), le voilà désormais Conseiller Principal d'Education. Techniquement, il n'était censé être que stagiaire. Peu importait en réalité, pour lui c'était du pareil au même. Ce n'était pas tant sa condition professionnelle ou le salaire qui comptait, mais son rôle. Et ce matin, il s'apprêtait à recevoir les parents d'un lycéen qui allait passer en conseil disciplinaire pour avoir tenté de porter la main sur un enseignant. Il venait de quitter la salle de classe de l'élève pour justifier à son professeur son absence.
Chose faite, il remarqua la porte donnant accès aux sous-sols. Une boule lui traversa l'estomac. Il se souvint de la date, marquante. Un an plus tôt, jour pour jour, elle était entrée dans sa vie. Il l'avait surnommée "Petite Feuille", comme celle qui avait su se détacher de son arbre bien trop enraciné dans une vie aux traits tracés bien trop droits. Elle avait suivi sa voie d'elle même, avait perdu le sens de l'orientation, n'avait plus le moindre but. Jusqu'à ce qu'elle le rencontre, simple panneau directionnel indiquant une route évasive mais ô combien chaleureuse. Mais depuis quelques temps, Saki Ôsen ne le sollicitait plus mais avait un regard tellement différent de celui de l'époque. Elle avait mûri, sa vie avait été chamboulée. Il ne pouvait se permettre d'interférer une fois de plus bien qu'il avait envie, ne serait-ce qu'une fois, de prendre un "Miss Maple" en sa compagnie, chez Joyce. D'ailleurs, le salon de thé à l'ambiance chaude l'appelait. Il s'y rendrait après sa journée de travail, comme toujours sur son superbe destrier noir à deux roues.
En réalité, il avait préféré ne pas ressentir d'amertume quant au fait que Saki ne s'était pas tournée vers lui depuis un moment. Après tout, il ne pouvait pas non plus prendre le risque de faire battre le coeur de la demoiselle dans le mauvais sens. Elle ne s'en rendait pas compte, mais de loin, il veillait sur elle. Et il avait remarqué l'attirance qu'elle éprouvait pour cet étudiant, comme bien d'autres avant elle. Charmant... Populaire. C'était une bonne relève. Alors il avait laissé faire, tout en se concentrant sur sa formation, partageant ses expériences avec l'ensemble du personnel tout en découvrant leurs facettes. Mashimoto portait un air innocent, candide mais il ne serait pas surpris de découvrir des revues érotiques dans porte-revue, près du porte parapluie de son appartement. Valentine, une apparence chétive, fragile, mais qui maniait les mots aussi habilement qu'un virtuose sur son piano. Il le respectait. Fatalys était celui qui lui mettait les poils au garde-à-vous chaque fois qu'il le croisait dans un couloir. Il ne lui plaisait tout simplement pas mais se gardait bien d'en faire la démonstration. Il préférait de loin lui accorder des rictus "On the Rocks!" ce qui n'est pourtant pas sa spécialité.
Saitô connaissait tout le personnel de l'Académie sauf une personne. Elle avait fait ses débuts peu de temps auparavant, et il n'avait pas encore eu le loisir de croiser la route. Il s'agissait de la nouvelle Conseillère d'Orientation, Tomohiko Shine. Il ne savait d'ailleurs pas à quoi elle ressemblait. Ce qui n'allait pas durer car il s'arrêta, humant un parfum familier, un arôme des plus subtils. Café. Quelqu'un buvait du café à proximité mais il n'y avait pas de machine à expresso dans le coin. D'où cela venait-il ? Passant à côté d'une salle de classe, il devina enfin quelle était la destination suivante: le bureau du CPO. Un sourire se dessina sur son visage, n'était-il pas en train de penser à elle un instant plus tôt ? Décidant de suivre la voie que lui indiquait la providence, il se retrouva devant la porte du bureau qu'une pancarte indiquait les trois lettres concernées. Visiblement, elle était mal fermée puisqu'elle reposait simplement contre son chambranle. Sa curiosité lui intima de la pousser brièvement afin de découvrir subrepticement ce qu'il se tramait derrière, mais ça serait bien trop impoli. Alors il y donna trois petits coups légers du revers de la main partiellement refermée.
Il avait un peu de temps devant lui. Mais maintenant qu'il y pensait, qu'allait-il lui dire ? Et bien, il ne s'agissait là que de faire connaissance. Mais alors, comment expliquer le pressentiment qui l'envahissait à présent ? C'était le même qui l'avait poussé à aller à la rencontre de la petite Ôsen. Une part de curiosité, et une autre qui lui présageait qu'en cet instant, il n'avait sa place nulle part ailleurs.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Premier Jour [Ouvert] Lun 12 Déc 2011 - 23:03 | |
| « - Je crois, simplement. Je ne sais pas. Je crois que tous les hommes ont une destinée. Elle est guidée par leurs choix, leurs personnalités et leurs histoires. Mais, ils ont une mission à accomplir. Je suis persuadée, au fond de moi, qu’on est tous amené à faire de grandes choses, chacun à notre manière. Qu’on doit avoir un objectif, un but, quelque soit ce dernier. (…) Oui (…), je le crois. Peut-être que des hommes se trompent en chemin et prennent la mauvaise voix, qu’ils détruisent leurs destins. - Arrête de pleurer. - Mais je crois aussi, qu’il peut y avoir des erreurs. Comme dans tous calculs, dans tous les groupes. Plus l’équation est grande, plus les erreurs sont nombreuses. (…) C’est une statistique. (…) Et comme dans tous les calculs, il faut effacer les erreurs, comme les chiennes bouffant les chiots déformés qui ne peuvent pas survivre. C’est dans la nature. C’est une question de mental. - Arrête. - Je crois. Je crois que je suis trop faible. Je ne me sens ni vivante, ni morte. Et quand, je vais dans la salle de bain, que je prends la lame du rasoir et que je l’appuie sur ma chair …, je le fais assez pour me marquer et pour avoir une trace de sang. Pas assez pour risquer quoique ce soit. (…) Je suis lâche. - Tomohiko ... - Je suis fatiguée. Tu sais. Tellement fatiguée. » Shine laissa la main de Tomoyo se poser dans ses cheveux. Elle l’entendit respirer. Elle s’en voulait de pleurer ainsi, presque chaque jour. Elle s’en voulait de pleurer devant Tomoyo. C’était la seule amie qui la comprenait, avec Ringa. Mais jamais Shine ne s’autoriserait à pleurer ou à être faible devant Ringa. Ce serait cruel de sa part, c’était sa meilleure amie. Elle devait être forte pour elle. Tomoyo s’assit au bord du lit. Shine redressa un visage ruisselant de larmes silencieuses. « Peu importe combien je suis gentille et que j’essaye de racheter mes erreurs. Peu importe le nombre de fois où j’aide les gens. » Elle hoqueta. « C’est même pire. Ils prennent l’habitude. Ils se disent que comme je paye à chaque fois, que je les conseille à chaque fois, que je les aide à chaque fois et que je suis toujours triste, ça ne fait rien. Que ça n’a pas d’importance. Ils s’attendent à ce que je puisse toujours les soutenir, mais tu veux que je te dise … »
Tomoyo ne répondit pas. « Et bien … Ils n’y sont pour rien. Je suis la seule qui est en tort. Car je laisse faire. Je laisse toujours faire. Je ne me bats jamais contre le destin. J’attends seulement … » Un coup fut frappé à la porte. Puis un second. Shine ouvrit les yeux, se frottant les tempes. Elle regarda son portable qui indiquait un message. Elle le lu sommairement, sans y répondre, puis se leva pour se diriger vers la porte. On avait frappé trois fois. Un coup, puis deux rapides. C’était le modèle type des gens qui frappe au porte. La personne derrière était conventionnel, jugea la jeune femme. Conventionnel dans sa manière d’agir. | 09h12 De : Eny La (Collègue) Hello ma belle !! Dis, tu pourrais essayer de m’avoir le numéro de téléphone de ton directeur ? Il a l’air très mignon. Siu t’embrasse. Ce couillon a zappé que c’était ton premier jour. Il voulait te téléphoner ce matin. Bisou et bon courage.
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En ouvrant la porte, Tomohiko était guidée par la surprise. La main encore sur la poignée, elle eu un regard étonné, ne cachant pas sa surprise, de voir un homme devant elle. Une autre personne n’aurait sans doute pas été surprise, mais Tomohiko n’était pas habituée à recevoir de la visite. Encore moins le premier jour de travail dans un bureau qu’elle venait de découvrir. La première chose que Tomohiko réalisa, c’est que l’homme était grand. Pour un japonais. Elle le réalisa, car elle était obligée de redresser le regard pour le plonger dans celui de l’inconnu. – Car contrairement à tout bon japonais, Tomohiko en côtoyant les lycées de banlieue, avait pris l’habitude de regarder les personnes dans les yeux. Elle quitta ce regard aussitôt pour poser ses yeux verts sur les mains de l’homme. Larges. Trop larges. Elles pourraient réconforter facilement une personne, ou serrer un petit cou sans difficulté. Tomohiko n’avait rien contre les grandes mains, mais elle préférait les petites. Les graciles, les menues, peu importe si la main était fine, grosse, tant qu’elle était petite. Et dans toute cette observation, Tomohiko n’avait pas pris une seconde pour saluer l’inconnu ou l’inviter à rentrer. Stupéfaite, elle le réalisa brutalement. Ses sourcils se soulevant sous la surprise, elle se recula un peu et s’inclina pour saluer son homologue avec le respect qui lui était du. « Oh. Hajimé mashité … Excusez-moi pour le temps à ouvrir la porte. » Tomohiko tourna la tête à l’intérieur de son bureau, souriant désormais. Comme tous les japonais, et d’autant plus elle, elle s’excusait pour un rien. Et tout le temps. Le pardon et l’excuse sortaient systématiquement dans ses phrases. A tel point qu’on ne savait plus vraiment si elle s’excuser par sincérité ou par habitude. En réalité, c’était toujours les deux : Elle était toujours désolé, et c’était donc une habitude. Elle regarda à nouveau son interlocuteur, tout en continuant sa phrase : « A vrai dire, j’étais en train de boire un café. Je serais honorée de vous en offrir un. Si vous voulez bien. » Elle s’était reculée, se déplaçant légèrement sur le coté. Les mains de Tomohiko tremblaient légèrement. Anxieuse, comme à son habitude. Toutefois, la venue de l’homme lui avait retiré pour le moment les sombres nuages qui traversaient en permanence son esprit. Elle n’était heureuse, qu’ainsi, avec du monde. Oubliant ainsi qu’elle n’avait toujours pas trouvé sa place dans l’espace temps de la vie. Elle recula toutefois un peu. Toujours, pour laisser une différence d’espace entre elle et l’inconnu, mimant étrangement l’attitude d’un sauvage prêt à fuir en cas de mouvement brusque. La jeune femme était pourtant impatiente, désormais, de commencer sa journée de travail. Même si, elle se doutait, que le premier jour, elle n’en aurait pas énormément. Elle regarda intrigué l’homme, attendant toujours sa réponse. Allant de sa haute taille, à ses mains. « Je me présente, Shine Tomohiko. Je suis navrée, je n’ai pas eu le temps de faire de carte de présentation. Je suis la nouvelle CPO. » Continua de parler la jeune femme, toujours angoissée, « et c’est mon premier jour. » Termina-t-elle avec un sourire maladroit. Une erreur. Juste une erreur. Une erreur. Juste une erreur. Tu sais. |
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