Comme tu le sens.

Je me mit à rire lorsque Shaöne me posa la question… pour la seconde fois je crois. Je ne savais plus très bien ce que je lui avais répondu la première fois, alors je répondis :


S’il pensait que j’allais refuser, il se trompait lourdement. J’étais bien décidée à aller chez lui, rien que pour voir où il habitait. Il a bien vu l’endroit où je vivais, il avait même visité quelques pièces en ma compagnie, j’avais le droit à la même faveur, non ? J’étais curieuse de savoir comment était la maison ou l’appartement de mon compagnon. En fait, il s’agissait d’un appartement, puisqu’il venait de répondre à l’une de mes questions.


Non, non je n’avais pas du tout froid aux yeux pour lui demander une telle chose, mais être toujours chez ses parents, même si on s’entendait bien avec eux… ça devenait lassant. Bon, il y avait Liana, mais elle était assez grande pour se débrouiller toute seule. Il fallait bien qu’elle apprenne à être indépendante, non ? Et puis, je n’allais pas être tout le temps fourrée chez Shaöne. Je n’étais pas sans gêne à ce point-là. Je chassais toutes mes pensées, puisque nous étions arrivés devant l’immeuble de mon compagnon. Il était quelque peu imposant… je suivi Shaöne lorsqu’il ouvrit la porte de l’immeuble, puis nous gravîmes deux étages avant d’arriver devant son appartement. Nous étions à peine rentrés qu'il referma la porte, posa l'aquarium sur le meuble où se trouvait ses DVD, et alla fermer la baie vitrée. Il faisait un peu trop frais, mais tant pis, ça ne me dérangeait pas tant que ça. A la question de mon compagnon, je répondis :


Je me dirigea vers la cuisine, pendant qu’il mit un peu de musique, qui me plaisait. A son « je me dépêche ! » je compris qu’il était parti prendre sa douche. Je ne cherchai même pas à le suivre, des fois qu’il laisserait la porte de la salle de bains ouverte. Je préférais faire le café, pour me réchauffer un peu, même si j’en avais pris un chez moi. Je me mis à chercher les tasses, pendant que le café se faisait tout seul dans la cafetière, en fouillant dans les placards de la cuisine. Je faisais comme chez moi, sans me gêner. Je parviens à trouver, en à peine cinq minutes, deux mugs, ainsi que deux cuillères. C’était parfait. Il ne manquait plus que le sucre et le lait. En quelques instants, j’avais tout installé sur la table de la cuisine. Je n’avais même pas songé à mettre ça dans le salon, où nous aurions été plus à l’aise… au pire, il y avait juste à déplacer le plateau, ce n’était pas compliqué. A peine avais-je versé le café dans les tasses que Shaöne fut de retour. Je lui dis alors, en me retournant pour le regarder, la cafetière à la main :

Ce que je pensais de son appartement ? Ma foi… il n’était pas très grand. Ce n’était pas vraiment un défaut, ni une chose déplaisante, puisque, pour une personne qui vivait seule, c’était amplement suffisant. Et puis, aucune pièce ne manquait. J’avais eu le temps de visiter presque toutes les pièces, juste avant de préparer le café, et mis à part deux ou trois choses en désordre, je trouvai son petit chez-lui plaisant. Je lui répondis alors :


C’était probablement un grand T1, si c’était possible bien entendu. Je n’étais pas encore très bien calée pour ce qui était de savoir ce que pouvait contenir un T1, un T2 ou un T3, je savais juste que le T1 était le plus petit, et le T3 le plus grand. Pour moi, c’était déjà pas mal. Enfin, à la limite, je m’en foutais un peu de connaître toutes les différences entre les tailles des appartements. Je voulais juste savoir si Shaöne possédait un T2, vu la grandeur de son logement… sa question me fit sortir de mes pensées : il me demandait si je voulais voir… quelque chose. Comme un film, puisqu’il en avait pas mal. Il était évident qu’il ne pouvait pas savoir ce qui me plaisait. Aussi, après avoir posé le plateau sur la table basse, je me rapprochai du meuble où se trouvait ses DVD pour voir ce que mon compagnon avait d’intéressant… seuls deux titres attira mon regard : How i met your mother et Dexter. Ces deux séries… je les adorais, même si je n’avais pas tout vu. C’était l’occasion idéale.


Je ne savais pas si Shaöne les avait déjà vu, et si c’était le cas, autant éviter qu’il les regarde encore une fois, non ? Il allait trouver ça lassant… enfin, c’est ce que je pensais moi.


J’attendis patiemment sa réponse. Si j’allais m’asseoir à ses côtés, qui allait mettre le DVD dans le lecteur ? Autant que je le fasse moi-même, lorsque j’aurais sa réponse, puisque j'étais la plus proche pour lancer la série. Si jamais il préférait un film, parce que durait plus longtemps, ou parce qu'il n'avait pas toutes les saisons de l'une des saisons que j'avais cité, ça ne me posait pas de souci de choisir un film. Je lui demandai, juste au cas où :

Shaöne avait un T3 ? C’était la plus grande taille, si je ne me trompais pas… après tout, il avait sûrement besoin de place, même s’il vivait seul… ou pas, parce qu’en fait, je n’en savais rien. Je ne fis aucun commentaire, j’étais partie fouiller dans ses DVD, sans y toucher puisqu’ils étaient tous visibles. Je pouvais lire les titres sans problème. Il me rejoignit bientôt pour choisir avec moi. C’était nettement mieux ainsi. J’avais eu un penchant pour HIMYM, puis pour Dexter, et finalement, mon compagnon me posa une question. Le nombre 23. Ça me disait quelque chose. Ce film était sorti au cinéma il y a quelques années, j’avais juste vu les bandes annonces, je n’avais pas eu l’occasion d’aller le voir.


Je n’avais pas regarder la boîte où se trouvait le DVD, puisque Shaöne l’avait pris dans ses mains pour le retirer avant de le mettre dans le lecteur. Au moins, ça allait durer plus longtemps que l’une des séries que j’avais choisi et il n’y avait qu’un seul DVD, sans aucune suite. C’était mieux ainsi, surtout s’il n’avait aucune série de complète. Pendant qu’il allait éteindre les lumières, je bus mon café au lait sucré, qui n’avait pas eu le temps de refroidir. Je sorti mon portable de la poche de ma robe -si, si, les robes avec des poches sur les côtés, ça existe, je vous assure- et regarda l’heure. Il était bientôt minuit. Le nombre 23, 23h55… il y avait 23 dedans. Je crois qu’on avait vraiment fait le bon choix. Ça aurait été mieux s’il était 23h pile mais ce n’était pas le cas. Dommage. Je me demandai si j’allais partir après la fin du film, ou si j’allais rester dormir chez Shaöne… bah, on n’y était pas encore… je m’installai sur le canapé, tout près de mon compagnon, et mes yeux ne quittèrent pas l’écran. Le générique du nombre 23 se mit à défiler devant nos yeux, et le film démarra enfin. Il durait 1h48, donc en gros, à une heure du matin ou à quelques minutes près, je n’aurais plus qu’à rentrer… ou à rester.

Nous restâmes silencieux, ou presque, tout le long du film. Je n’avais pas l’habitude de faire des commentaires sur certaines scènes, contrairement à ma petite sœur. Lorsque le film fut terminé, je m’étirai comme un chat avant de briser le silence :


Je n’avais encore jamais vu un tel film. Je rajoutai :


Je ne fis pas plus de commentaires sur le nombre 23, un peu trop fatiguée pour ça. Je lâchai, après m’être étirée une nouvelle fois :


Je ne fis pourtant aucun geste pour bouger du canapé. En même temps, il était bien confortable. Mon regard s’attarda sur la table basse, où régnaient encore nos deux tasses de café vides ainsi que la cafetière. Je me levai donc rien que pour débarrasser la table, en mettant la vaisselle dans l’évier et la cafetière sur son socle avant de retourner m’asseoir sur le canapé. Je dis ensuite à Shaöne :


Oui, finalement, j'allais peut-être rester. La flemme de retourner chez moi... sauf si mon compagnon me mettait à la porte, ce dont je doute...

Je ne m’étais même pas rendue compte d’avoir mis un vent à Shaöne lorsque je m’étais levée pour débarrasser la table basse, alors qu’il s’était rapproché de moi sur le canapé.

Il me semblait que, un peu plus tôt dans la journée, je lui avais balancé que je préférais les filles. Ou alors, j’ai rêvé lui avoir déjà parlé de ça. Hé oui, je l’avais mis en garde mais bizarrement, je n’étais même pas sûre de moi. Ce n’était pas la première fois qu’on oubliait certaines choses, la preuve tout à l’heure, au sujet du lieu où il habitant : il ne m’en avait pas parlé avant qu’on arrive chez lui.

J’avais beau être lesbienne, je préférais la compagnie des mecs. Enfin, j’étais plus à l’aise avec eux, parce que j’étais sûre qu’il n’allait rien se passer. Si j’avais été avec une fille en ce moment-même, on serait sûrement déjà passé à l’acte. Le problème, c’est que j’avais un penchant pour les relations sérieuses, je n’étais pas du genre à collection les aventures, ni à en avoir une d’ailleurs. J’avais passé de bons moments avec Shaöne, mais de là ce qu’il y ait quelque chose entre nous… je crois bien que l’idée ne m’avait même pas traversé l’esprit. Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas autant amusée avec un mec. Et comme par hasard, c’était avec celui qui m’agaçait le plus lorsqu’il était avec son skate. Le hasard faisait parfois bien les choses.

Lors que Shaöne m’adressa la parole encore une fois, pour me dire que je pouvais prendre son lit, je le regarda un instant avant de répondre :


Je me releva pourtant pour le suivre jusqu’à sa chambre, où il fit un semblant de ménage en ramassant ses quelques affaires qui traînaient. Je lâchai alors :


Bordel était un bien grand mot, puisque je ne trouvais pas que c’était le bordel chez lui. Lorsque j’étais en France, j’avais des potes hyper bordéliques, c’était énorme. A côté d’eux, Shaöne semblait un brin… maniaque. C’est vrai quoi, un appart’ ou une chambre de mec trop bien rangée, c’était suspect pour moi. J’avais rarement vu un mec faire le ménage. Mon père ne le faisait jamais, c’était toujours ma mère ou moi qui passait derrière lui. Si jamais c’était un petit frère que j’allais avoir, il aura intérêt de ranger ses affaires et de faire un peu de ménage, sinon ça allait barder. Mon père, je veux bien mais mon frère, ça ne passerait pas avec moi. Liana, je n’avais rien à lui dire, elle était comme moi : dès qu’un truc traînait, elle rangeait.

Je remarquai, au bout de quelques instants, que Shaöne avait un grand lit. A quoi bon dormir sur le canapé s’il avait un lit double ? Il avait peur d’être tenté ? Il ne devrait pas, ce n’était vraiment pas mon genre de sauter sur un mec, surtout si j’étais lesbienne. L’idée ne m’étais jamais venue de devenir bi. Et ce n’était pas aujourd’hui que ça allait changer. Lorsque mon compagnon me proposa plusieurs choses, comme regarder un autre film ou jouer à la console, parce qu’il n’avait pas sommeil sans doute, je l’observais un instant avant de répondre :


Il n’avait fait aucune proposition indécente, et encore heureux d’ailleurs, sinon je serais déjà partie… enfin, je crois. Je lui fis un sourire avant de reprendre la parole :


Je ne lui laissa pas le temps de me répondre : j’étais déjà retournée dans le salon, m’affaler sur le canapé. J’allais bien tenir deux heures de plus, ou le temps qu’allait durer le prochain film, avant de m’endormir. Un film qui réveille, ce serait bien.