Et comme d'habitude

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Les joies du Dojo
PV

A l’apparition de Saigara en dobok blanc dans le dojo, plusieurs têtes se sont retournées. Sûrement pas pour sa popularité, -et si c’est le cas elle ne date pas d’hier- mais parce qu’il y a un moment qu’il a disparu des parages, lui qui d’ordinaire ne rate aucune séance d’entraînement ni n’hésite à y prolonger son temps après les cours. Ce soir-là, l’allégresse manifeste du japonais est palpable à des kilomètres à la ronde alors qu’il s’approche du terrain ; on aurait juré le voir gambader en sifflotant...enfin un truc comme ça à quelque chose près.

Après son accident de route avec Anaïs six mois plus tôt, le verdict avait été lourd aussi bien pour l’un que pour l’autre et Noahki avait bien dû prendre son mal en patience pour voir sa jambe se rétablir au cours de ces mois derniers. Rééducation, massages et tout le pataquès qui souvent, ont agacé le jeune homme trop attaché aux activités sportives, à l’exception peut-être des quelques fois où les soins ont été à la charge de –jolies... ?- jeunes infirmières plus enclin à la communication que le reste. Dommage que ça n’ait pas été plus plus récurent m’enfin là n’est pas la préoccupation principale de Noahki Saigara, qui aimerait bien s’activer un peu plus que ce qui lui est permis. Bon et entre temps, la ville de Keimoo -tout au moins- devait être au courant que Saigara –le populaire pour les uns, le sportif pour les autres- avait essuyé un accident en taxi en compagnie d’une française. Populaire une fois, populaire toujours... difficile de cacher une réalité lorsque nécessaire, puisque bruits et rumeurs ont l’habitude de graviter autour. Mais... toujours est-il qu’ils sont une part du quotidien de Noahki qui ne s’en sort plutôt pas mal dans la cour des populaires –bien souvent au féminin. Quoiqu’il en soit, bien que dispensé de sport pour encore quelques semaines avant un rétablissement définitif, le jeune homme se sent pourtant appelé par son club sportif avant l’heure, persuadé d’être complètement remis. Peut-être serait-ce d’ailleurs effectivement le cas, depuis le temps qu’il ne porte plus son artillerie lourde passant des broches à attelle, puis aux béquilles et on en passe le détail. De toute façon, on ne suivait tout de même pas ses rendez-vous médicaux à la loupe –...normalement ?- et à priori, les gens ne sauraient rien la petite entorse qu’il commettrait à ses prescriptions. La perspective de se dire que les autres sont en train de se défouler au sport à quelques pas d’ici le démange beaucoup trop. Pas de barrages, ni d’obstacles équivalent à un Noahki qui se rameute déjà avec entrain. Et Noahki lancé, on ne l’arrête pas si facilement.

Et puis dans ses pensées entre parenthèses, il ferait « attention ». Détail minime qu’il balayera bien vite par d’autres pensées classées plus importantes, de toute évidence.

-Tiens, tu reviens de loin Noahki !
-Ouais ouais ouais !, jubile déjà le populaire dans un échange de poignée. A cet instant là, il est tout de même content de retrouver cette atmosphère familière qui lui avait bien manqué. Se dirigeant sur le tatami, il a rajusté sa ceinture pour la nouer, avant de rejoindre le groupe collectif ayant déjà commencé une série d’exercices pour s’échauffer. Tout en les saluant, il y reconnait entre autres, Yukio Tomonari, qu’il regrette de n’avoir pu charrier pendant son absence. Cette fille de 3A qui se retrouve en même année que lui après qu’il ait redoublé cette année. Mais plutôt que les cours, il la connait davantage du club sportif et à la longue et les gens du club ont fini par s’habituer à les voir se comporter comme chien et chat -voire parfois comme des vieilles brutes alors qu’à priori ils semblent s’entendre... ? –jusqu’à dernier ordre. De la vieille histoire pour les sportifs du coin, tout comme Noahki qui s'est habitué à raconter presque tout et n'importe quoi à Tomonari sans prendre de pincette.

-Hoy Tomonari, salut-il tout en la piquant d’un index dans la taille, avec un grand sourire type je n’ai absolument rien fais, avant de fanfaronner –pour ne pas changer-, avoue que ma présence par ici t’a trop manqué !

Dit avec humour ou pas, jamais il n'aura les chevilles qui enflent de trop.
S’étirant les bras avec vivacité, Noahki se rend alors compte qu’il a un paquet d’énergie à revendre après ces mois sans sport. Faudrait tout de même déverrouiller tout ça pour assurer le niveau, pas question de se laisser devancer. Tentant quelques mouvements de sa jambe droite, il s’est souri à lui même constatant que tout lui semble tenir la route.

-Et j’en profite pour rajouter que j’attends toujours le match que tu m’avais promis, a glissé Noahki à son attention. A Karaté contre Taekwondo, c’est sans nulle doute un match intéressant mais au vu de leur personnalité, rien ne laisse à prévoir une partie dans les formes...

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Le Revenant

Une bouffée d'excitation et de confiance monte chez Yukio lorsqu'elle enfile son kimono. C'est toujours ainsi. Pour elle qui aime se sentir à l'aise dans sa tête et dans son corps, il n'y a pas mieux qu'un entrainement au dojo. Bien sûr, elle continue ses cours de gym, mais elle n'a pas la carrure d'une gymnaste et ne l'aura jamais : elle le fait seulement pour la souplesse et le plaisir de faire des acrobaties -principalement sur le plat ou le trampoline. Mais le karaté alors, c'est autre chose. C'est le moindre de ses muscles qui se contracte, qui résiste et qu'elle contrôle. Même après un enchainement de mouvement simples, elle finit en sueur avec la recherche de la perfection dans le moindre pivot.

Elle ressert sa queue de cheval, noue sa ceinture marron et pousse la porte des vestiaires. Comme elle l'a déjà fait mille fois. A cette heure là, la plupart des membres du club de combat sont là. Elle en salue quelques uns de loin. Après quelques tours en courant, un rapide échauffement, la voilà fin prête. Sur le côté d'un tatami libre, seule, les yeux fermés et les sourcils froncés par la concentration, elle se met en position, les pieds écartés, genoux légèrement pliés, bras rapprochés autour d'elle, mains tendus. Pivot. Avance. Main droite, main gauche, coudes. Encore. Les pieds. Elle ouvre les yeux pour le prochain mouvement pour ne pas frapper quelqu'un qui passerait par là.

Un murmure qui monte. Des exclamations de joie et d'excitation. Une voix familière.

*Il est de retour, lui ?* pense-t-elle.

Elle fait la moue, sans même se retourner pour l'accueillir. Tant pis pour lui, elle est occupée. D'ailleurs elle n'est d'accord avec la remarque d'un des élèves. Il reviendrait de loin s'il était partit en voyage... ou qu'il était mort, au choix. Là, il était juste blessé par un accident de voiture ! Ca lui apprendra.
Bon, avouons-le, elle s'était inquiétée pour la tête à claque qu'était Noahki. Mais maintenant qu'il allait mieux, jamais elle ne l'avouerait.

Yukio sursaute, se retient tout juste de hurler. Elle ne supporte pas les chatouilles ou tout autre forme de pincettes. Elle se plante devant le jeune homme avec un haussement de sourcil.

- Tu parles, ca nous a fait des vacances ! On n'avait plus le célèbre Saigara qui prend toute la place pour sa personne. Le calme quoi.

Elle a beau dire ca avec un sarcasme certain, elle ne peut s'empêcher d'avoir un grand sourire. D'ailleurs tout ce qu'elle dit était faux, bien entendu : elle a toujours trouvé que le calme en sport est d'un ennui déprimant. Elle charrie juste Noahki sur le fait qu'il fasse partit des populaires -dont la plupart ont des égos absolument démesurés-, alors qu'elle l'a toujours considéré comme les autres au dojo : un sportif, un motivé, quelqu'un qui a toujours la pêche. C'était surfait, on pourrait dire qu'ils se ressemblent tous comme des moutons, mais ca n'empêche pas que ca les soude énormément.
Certains sourient autour, l'air blasé.

- Tu prends les mêmes et tu recommences, souffle quelqu'un non loin.

Pour la part de Yukio, elle faisait ca avec presque tout le monde, tant qu'elle était un minimum en confiance avec. Mais il y avait quelques personnes, dont Noahki, avec qui elle appréciait particulièrement l'exercice. Elle trouvait ca stimulant de pouvoir échanger des joutes oratoires, et ce sans qu'il y ait la moindre tension.

- Quant au match, tu rêves. Je vais pas faire un combat avec un estropié tout juste sortit de l'hôpital. Tu ne t'es pas entrainé depuis trop longtemps, ma victoire n'aura pas la moindre valeur.

Depuis le temps, Yukio avait totalement oublié ce combat promis, mais il avait eut le temps d'y méditer, à ne rien pouvoir faire pendant tout ce temps. D'ailleurs, en regardant bien, Saigara ne semble pas le moins du monde désavantagé : comme si son retour éclipse soudain six mois d'absences. Six mois durant lesquels, les seuls échanges qu'il avait eut avec Yukio était quelques saluts dans les couloirs en coup de vent. C'était ca le prix à payer quand on est un populaire à qui il arrive des histoires, tout le monde s'y accroche. Il y a des jours où Tomonari est bien contente de ce qu'elle est et ce qu'elle représente dans cette école.

Elle frotte affectueusement sa main dans les cheveux de Noahki.

- Bon, avec ou sans entrainement je gagnerais quand même, mais je préfère ne pas briser tes espoirs. Après tout, tu as la vie devant toi, ajoute-t-elle comme on s'adresse un enfant.

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Une alternative
...ou pas.

-Quoi des vacances ?? s’exclame Noahki déjà outragé, Je prends pas toute la place et c’est normal qu’on me remarque tiens donc ! Pas de ma faute non plus si je suis bon de partout... Fais pas ta jalouse !

Pas de honte, pas de scrupules à balancer les choses telles qu’elles. D’ailleurs, il arrive souvent à Noahki d’émettre des phrases à double avant même de s’en rendre compte. Qu’à cela ne tienne ; il n’en démord pas de son assurance innée.

Toisant Yukio yeux dans les yeux et l’air de dire que personne ne peut désapprouver ce qu’il vient de dire, le jeune homme hausse des épaules, prêt pour une nouvelle partie de duel -presque- théâtral. Bah, le sport s’exerce sous toutes les formes et rien de tel pour stimuler les esprits ; le calme et la diplomatie c’est bien pendant un moment et Noahki en est d’ailleurs parfaitement capable, tel le feu qui consume lentement et sagement le long de la mèche de la bombe. Or, à un moment ou à un autre, on a beau prier ciel et mer, oiseaux et poissons, graines et planctons, que la bombe finit quand même par exploser. Tout ce speech pour imager le caractère plus ou moins similaire d’un Saigara qui n’a pas fini de revendre de son énergie. Et alors que sa coéquipière lui refuse son match, Noahki manque de s’étouffer.

-Heeein mais tu rigoles j’espère ! Je suis venu exprès pour ce défi, figure-toi. Et me traite pas d’estropié ! s’est défendu le populaire en attrapant la main de Yukio, pour passer derrière elle et l'emprisonner dans ses bras -de manière un peu trop franche pour pouvoir être un geste de pure tendresse-. T’es pas sympa, j’arrive, et c’est comme ça que tu me salues ! Moi je peux t’assurer que tu m’as manqué et même pas que tu es passée me voir. T'es sans cœur avec moi, tu te rends vraiment pas compte !

Subsisterait-il une part de vérité dans ses paroles, qu’elle se retrouve aussitôt effacée de par son ton beaucoup trop direct et provocateur. Pour en revenir au sujet, ses premiers temps à l’hôpital n’ont vraisemblablement pas manqué d’affluence, si bien que ses rendez-vous ont fini par être limité de manière plus restrictive pour éviter tout débordement. Même si des débordements, le personnel en a eut sa dose avec lui, Anaïs et leur plan de fugue. Après ça, une fois revenu à l’école, l’effervescence autour de Saigara n’a fait qu’empirer, et il s’en souvient. Quoiqu’il en soit, Saigara a bien fini par comprendre que certaines personnes, -tiens Tomonari par exemple-, ne s’accommode pas à tant de remous. Il faut bien l’accepter, tout comme ses quelques vagues salutations fait du bout d’un couloir à un autre. Qu’y pourrait-il, à part créer une rafale de brouhaha autour de ceux qui n’en veulent surtout pas ?

-Bon c’est pas tout mais il faut absolument faire cette partie, j’aurais au moins le souvenir de ça, si je suis condamné à plus pouvoir jouer ... t’imagine l’enfer ?

Pour ce qui est du moment, Noahki, pas près de relâcher son étreinte, se laisse limite trainer par la jeune fille, appuyant la moitié de son poids dessus alors qu’il continue à la harceler –verbalement- quoique vu comment il s’y prend, physiquement peut aussi faire l’affaire. Si quelques remarques amusées ou dépitées fusent dans le dojo, le japonais n’a pas vraiment la tête à leur en prêter l’oreille. Alors on fait ce match ?

-Allez Tomonari, juste un ptit match quoi !

Un tout petit pour la route et après je te jure que je te fiche la paix... si je meurs demain, j’aurais même pas eu ce match, tu te rends compte ? ...Alors? Et après que Yukio le lui ait refusé sous toutes les coutures et tous les angles, c'est d'un air dépité que Noahki finit par cesser de s'appuyer sur la jeune fille, -sans pour autant la relâcher. Peine perdue, Yukio est une aussi vraie mule quand elle s’y met.

-Tu as peur que je perde ou tu te soucies réellement pour ma santé ? jubile-t-il alors, aux anges, avec tout le plaisir de provoquer sa coéquipière. Pas fin, le populaire, qui aime bien appuyer la subtilité de la chose... du moins, lorsqu’il en voit la subtilité. Autrement dit, pas souvent, il faut l'avouer. Mais la perspective que Yukio se soit inquiétée pour lui le ravit d'autant plus qu'il pense qu'il a raison. Plus affectueux, il s'est laissé appuyé sur les épaules de la japonaise.

–Bon d’accord et alors tu me proposes quoi en échange ...ou en attendant? Tu crois pas que je vais pouvoir attendre jusqu’à ce que tu te décides à ce défi, tu sais bien que je sais pas faire ça!

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C'est qu'il insiste en plus !

Yukio rend son regard à Noahki, pas prête à abandonner.

- Bon de partout. Ironique de la part de celui qui vient de retaper son année... Et qui visiblement ne sait pas marcher non plus ! Ajoute-elle quand il se pend presque à elle en s'accrochant comme un perdu.

"Même pas que tu es passée me voir". Yukio s'immobilise, prend mouche. Elle lui agrippe le visage à pleine main, essaye de le repousser, agite sa tête à lui casser les cervicales. Il ne lâche pas.

- Je te traites de ce que je veux, si t'es pas content t'as qu'à aller te plaindre ailleurs. Et puis toi, pas à un moment tu as pensé à passer me voir quand t'es sortit de ton lit d'hôpital. Evidemment, c'est plus simple pour toi, tout le monde apprend tout de ta vie grâce aux rumeurs, voire grâce aux premières pages du journal ! Plus la peine de s'ennuyer à prévenir les gens qui te servent de larbins.

La vérité, c'est qu'elle aurait aimé passer, aimé lui parler. Plusieurs fois, au détour du couloir, elle s'est approchée de la chambre avant de s'en aller aussi sec. Etait-ce par fierté ? Non elle n'Irait pas lui faire le plaisir de lui faire comprendre qu'elle s'inquiète pour lui... une part de la raison était là, mais il y avait plus.
Par désintérêt ? Au fond elle savait ce qu'il avait et n'en apprendrait pas plus... pas vraiment.
C'était parce que ne s'en sentait pas le droit, ce n'était pas sa place. Toujours elle voyait des gens rentrer dans la chambre, en sortir. Dans les couloirs, ils affluaient et gravitaient autour de sa personne. Ils étaient nombreux, connus ou pas, différents. Dans le fond, elle se sentait petite, inutile, insignifiante. Elle était quoi, elle ? Un défouloir, un jeu -certes partagé- mais qui n'existait que dans le club, dans le dojo. Rarement, même avant l'accident, ils passaient du temps ensemble à l'extérieur, ainsi venir le voir lui paraissait décalé. Elle ne faisait pas partie du monde des Populaires, n'en ferait jamais partie et n'avait pas la moindre envie d'en faire partie. Alors non, elle n'était pas allé le voir, elle avait continué sa vie. Tout comme il avait continué la sienne d'ailleurs, parce qu'apparemment la gène était partagée vu qu'aucun des deux n'avait fait le moindre pas vers l'autre.

A cet instant, Noahki pèse sérieusement sur les épaules de Yukio -bien qu'elle s'abstient de lui faire remarquer : ne montrer aucune faiblesse. Alors elle marche, avance vers un bout et l'autre de la salle en évitant ceux qui s'entrainent, en espérant qu'il finisse par lâcher -ou par glisser et se ramasser lamentablement sur le sol, au choix (avec un petite préférence pour la deuxième possibilité).

- Je peux te citer des milliers d'autres raisons pour ne pas faire ce match, petite tête. Outre ton manque d'entrainement et ta récente blessure -qui étaient des raisons gentilles et altruiste, oui oui ça m'arrive !. J'ai pas envie. Non j'ai pas de coeur, c'est absolument inintéressant d'être gentil à tout bout de champ, mais c'est pour ça que tu m'aimes, avoue-le ! Et puis tu arrives comme ça, sans explication et tu réclames comme si de rien était. Alors c'est non. Tu passeras ta frustration d'enfant gâté ailleurs.

C'est un dialogue de sourd. Yukio qui refuse, Noahki qui insiste, les deux parlent en même temps sans écouter une bribe de ce que raconte l'autre, tout deux entêtés et bornés jusqu'au bout des ongles. La jeune fille se tait enfin quand elle sent que le poids est partit, même s'il reste attaché.

Elle a un rire franc en l'entendant, répondant en parfaite mauvaise fois.

- En l'occurrence, je m'inquiètes réellement pour ta santé... Je comprend que tu n'arrives plus à marcher, avec tes chevilles, déjà énorme, qui continuent à enfler. Je t'amènerais des béquilles la prochaine fois ! Comment tu survivrais sans moi, petite nature comme tu es.

Elle tourne la tête pour lui mettre ostensiblement ses cheveux dans le visage.

- Je te propose de te taire déjà, ordonne-t-elle en levant les yeux au ciel.

Un grand sourire éclaire son visage, elle vient d'avoir une idée qui risque d'avoir des conséquences plutôt suicidaires.
Elle repousse Noahki, lui fait plier les jambes avec un mouvement de pied, lui saisis son vêtement à la hanche et à l'épaule. Elle n'a jamais vraiment pratiqué le judo, mais connais quelques bases, mais profite de l'effet de surprise pour... Mettre Saigara au sol avec elle au dessus, purement et simplement. Elle ne fait rien pour le retenir, qu'il se dégage ce n'était pas le but.

- Quant au reste... tu l'auras ton combat, pas de doute là dessus. Même que si tu insistes, on rajoute une contrainte supplémentaire : si tu gagnes, je veux bien te vénérer pendant un mois comme une vulgaire fan complètement accro à tes pseudos beaux yeux. Mais si je gagnes, ce sera à toi de faire le larbin. On attendra tous les deux gentiment en imaginant les pires tortures à infliger à l'autre. Ca te parait honnête ?

Elle roule sur le côté, allongée sur le sol avec un petit rire. Ca risquait d'être intéressant.

[C'est bon =)]

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C’est hors de question.

-Oh ça va hé oh, hein. Je repique pour mieux réussir... Ouaïe ! Tu vas m’arracher la tête, arrête !

Espérer quelque chose en se pendant à son interlocuteur n’est pas forcément la bonne diplomatie à choisir. Et alors qu’il effleure le sujet de la visite pendant sa convalescence au fil de l’eau, le populaire ne se rend pas compte qu’il vient peut-être d’appuyer trop fort sur un point sensible... qui forcément lui retombe en plein dans la face. Pas de surprises, de ce côté là : avec Tomonari, pas possible de ne pas s’attendre à se manger le retour du boomerang. Mais voilà qu’en réfléchissant à ce qu’elle lui balance, Noahki doit bien avouer ne pas avoir fait bien des efforts de son côté. Le plus absurde dans cette histoire est d’ailleurs qu’il se retrouve à brailler pour se plaindre de ce manque certain d’attention, alors que de son côté, l’idée d’aller voir Yukio en particulier ne lui a pas même effleuré la cervelle.

-Faux madame, tout faux ; je ne fais que te rappeler la chose que tu m’avais promis. Tu déformes mes propos, Tomonari ! Et j’ai fini avec les béquilles, puisque tu as si bien écouté les bruits, comme tu le dis... répond alors Noahki y mettant également un grain de mauvaise foi. Mais bon sang, arrête de me barbouiller avec tes cheveux ! Et comment veux tu que je me taise avec toutes les énormités que tu me sors ?

Sans avoir eu le temps de parer le coup de la japonaise, Noahki se retrouve déséquilibré et projeté au sol avec le souffle coupé pour cette seconde d’inattention.

-Petite nature, petite nature... tu exagères, ça se trouve tu viens de me briser juste le dos... s’insurge–t-il, avant de froncer les sourcils en la fixant. Et tu la vois où l’honnêteté ? De toute façon, si tu décides de jouer à ce jeu, je passerai mon temps à t’ignorer, parce que j’ai jamais dis que je voulais que tu te fondes dans la masse. T’es folle, ça te ressemble pas. Et puis ce sont des potes à moi que tu traites de vulgaires fan ou de larbins...

Parce que si une chose est vraie, c’est que Noahki et Yukio ne se connaissent que guère dans le contexte hors-club. Et alors qu’elle lui intime le silence, le populaire ne peut s’empêcher de s’y appliquer inconsciemment –avec un instant de retard-, trouvant l’image grotesque de se mettre à sauter au cou de Yukio en dehors d’ici même. Non pas qu’il n’aimerait pas, probablement pas. Une barrière invisible ? ... s’éloignant de cette pensée un peu trop métaphysique à son goût, le jeune homme fixe Tomonari, jauchée sur lui, avant qu’elle ne roule derechef sur le côté.
D’une certaine façon, Noahki se donne l’impression de respecter ceux qui ne tiennent pas forcément à se retrouver dans la sphère des populaires. Et Noahki préfère de loin Yukio au sport que Yukio mode groupie.

- ...parce que tu trouves que j’ai de beaux yeux ? T'inquiète j'ai toujours su que tu étais folle de moi en secret, ne peut-il s’empêcher de glisser avec un sourire enjoué, pour laisser passer ce silence et ce semblant de gêne occasionné par leur sujet de discussion.

Noahki aime se sentir entouré, sans pour autant déconsidérer ceux qui l’entourent. Peut-être était-ce d’ailleurs, une raison qui avait fini par faire voler en éclat, sa relation avec Cassandra Glamour. Noahki ne nierait certes pas qu’une poignée de filles -par-ci et par-là- n’aspirent qu’à attirer son attention ; mais ce genre d’admiration ne représente guère plus que des artefacts à ses yeux. S’il lui est bien arrivé de batifoler avec plusieurs d’entre elles, ce ne seront que quelques heures -tout au plus- volées d’une soirée à une autre. A vrai dire, Noahki Saigara est fier de lui quand il réussit ce qu’il entreprend, et l’est encore plus quand il impressionne les autres par ce qu’il fait. Il ne s’agit pas de cette admiration qu’il suscite inutilement dès ses premiers pas dans le hall de l’école, mais celle qu’il draine par le mérite d’avoir réalisé quelque chose ; un quelque chose comme de la simple réplique au défi... voilà ce qu’il apprécie concrètement. Mais à l’issue de cette séparation l’an dernier avec Glamour, il ne saurait expliquer ces regards qu’il attire pour tout et rien à la fois, le plongeant même au cœur des populaires, au crédo séduire, être admiré et plaire.

-Rah... tu sais bien que toute cette histoire de populaire, c’est depuis l’autre courge de Glamour... soupire-t-il, un brin agacé, avant de se débrouiller pour poser la tête sur le ventre de Yukio en guise de coussin. Toi par contre, c’est pas glamour tes idées de tortures, tu es vraiment une tortionnaire.

Avec un ricanement moqueur Noahki s’est redressé pour se relever.

-Celui qui gagne, -moi évidemment-, décidera un truc en dehors du dojo. Un truc qui sort du sport et ça nous changera les airs, à toi comme à moi, a-t-il décidé en tendant la main. Et pas forcément le larbin de l’autre, je vois pas l’utilité de nous changer de nos personnalités !

Déjà qu’il devait un gage à ce garçon manqué d'Anaïs, manquerait plus à ce qu’il commence à faire le monsieur à tout faire de ces dames... et puis voir Yukio hors du dojo, ce serait déjà quelque chose, bien que décalé. Autant s’y essayer, tiens.

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Sortir de l'ordinaire

Yukio se mord l'intérieur de la joue, hésitant entre la culpabilité de s'être mal exprimée ou l'habitude de Noahki de comprendre tout de travers. Evidemment, son caractère et la situation oblige, elle opte bien vite pour la deuxième possibilité. Une petite pause s'est installée dans leur débit de répliques. Noahki reprend, malicieux. Elle sourit.

- Folle de toi ? C'est que tu me connais mal. On remarque tes yeux à cause d'un strabisme qui pointe...c'est dérangeant ! Folle... Peut-être bien. Qu'est-ce que t'en sais : la preuve, je parlais des personnes qui bavent d'envie d'être toi, pas de tes amis, eux je ne les dénigre pas. Apprend aussi que oui, je pense que tu as des amis. Même si je sais qu'il n'y a que moi qui compte, ajoute-elle, plus pour l'effet que pour la réalité.

Elle ne peut s'empêcher de l'admettre, cette proposition était malvenue. Il avait bien raison, ca ne servirait à rien, ils s'ennuieraient royalement et perdraient tout l'intérêt de leur amitié. Surtout que, justement, ce qu'elle apprécit chez lui c'est qu'il est -disons le clairement- chiant au possible; qu'il démarre au quart de tour, qu'il a de la répartie et n'hésite pas à en user et abuser; qu'il ne s'offusque pas -rarement ?- de ce qu'il peut bien recevoir en retour. D'un certain côté, ca ne reposait que sur de la confiance, une bonne dose d'autodérision et des fichus caractères.
Glamour, ah Glamour ! Ca c'était une histoire qui avait beaucoup fait rire Yukio. Elles avaient dut échanger quelques mots une fois alors que Cassandra était passé voir Noahki à la sortie d'un entraînement -Yukio avait surtout trouvé qu'elle venait se pavaner, mais c'est un avis purement subjectif et absolument pas arbitraire. C'est pour ca qu'elle ne peut s'empêcher d'être ravie quand Saigara la traite de "courge".

- Bien sûr que je le sais, je suis pas stupide non plus. Mais c'est pour ca que j'en profite pour t'embêter avec, parce que je t'aime bien... enfin, parfois.

Il doit avoir raison dans le fond, elle a franchement un caractère de tortionnaire. Pas jusqu'à la torture, mais ca n'empêche qu'elle aime embêter les gens qu'elle apprécit. Sa façon à elle de leur prouver son attachement, à défaut d'être affective, câline, protectrice ou autre.

Elle dévisage longuement la main tendue de Saigara -dans la mesure où on peut dévisager une main, évidemment- avant de se relever en ignorant son aide. Trop de fierté tue la fierté.

- C'est vrai que j'avais oublié que tu étais trop mauvais acteur pour jouer un rôle, répond-elle, railleuse.

En même temps, s'il fallait changer sa personnalité, Yukio ne pourrait plus lancer des répliques ainsi qui sont à prendre au vingt-septième degré minimum alors qu'elle adorait l'exercice, c'était sa manière de dire bonjour. Par exemple là, si elle avait été quelqu'un de gentil, timide, qui se remet en question pour un oui ou pour un non, elle aurait dit "Oh c'est vrai, tu as raison c'était une mauvaise idée, tu es mieux au naturel." Phrase qui manque cruellement d'intérêt, avouons-le.

- Et, dommage, ca me plaisait moi de pouvoir être sadique. M'enfin on fera sans. Un truc ailleurs ? "Aujourd'hui, Noahki et Yukio mangent une crèpe et ca parait parfaitement normal !" Cherchez l'erreur. Bon, pas que je sois contre, faut essayer, mais ca risque d'être tout sauf banal.

Quoique c'est ca qu'ils recherchent tous à Keimoo : sortir de l'ordinaire. Surtout que Yukio prend cela comme un challenge. Et depuis quand Yukio Tomonari refuse de relever un défi ?

[Oh là... c'est court en fait --' Désolée, je ferais mieux la prochaine fois.]

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Yukio et Moi
c’est un truc comme ça.

Bon. Noahki sait que Tomonari n’apprécie pas le plus Glamour parmi les populaires. Mais à l’époque, Cassandra avait bien ses raisons de venir personnellement chercher Noahki à la sortie du Dôjô.

-Un strabisme, mais qu’est ce qu’il ne faut pas entendre ! éclate de rire Noahki. Tu me fais poiler des fois toi... Bah allez on s’aime, c’est torride entre nous... Tellement que Glamour pensait que je la trompais avec toi. Je te l’ai dis ça? Et t’imagine un peu ? Toi, moi, ensemble, au dojô. C’est un peu folklorique quand même !

Secouant la tête en ricanant, le populaire a fixé le plafond, un sourire juché sur le visage. Cassandra Glamour et lui, c’est de la Grande histoire qui vire à la Grande catastrophe internationale. Persuadée à l’époque qu’il fricotait avec Yukio, Mademoiselle arrivait à lui piquer des crises pas moins internationales à ses heures perdues. Allant jusqu’à le faire surveiller pour être sûre qu’il ne fasse pas n’importe quoi derrière son dos. Bon... il avait certes réussi à se rapprocher de Flowright après mais ça c’est aussi une grande autre épopée. Entre temps, toute l’école devait être au courant de ses relations orageuses avec les plus grandes figures de l’école. Et quelle figure ! Mais alors qu’il sortait avec Glamour, Noahki n’avait pas pu s’empêcher d’être tout –waouh- face au caractère dynamique de Tomonari, à l’époque. Prétendre qu’elle le rendait indifférent serait quand même se voiler la face, d’une manière ou d’une autre... l’avait-elle senti ? Tout sourire face à cette remontée de souvenirs, le japonais a fini par se lever, et par la même occasion- s’est mangé un vent par son amie refusant sa main pour se relever. Tomonari, sacrée Tomonari...

-Bah ! Allez arrête de te moquer, j’essaye juste de nous trouver un truc plus divertissant que ce que je vois tous les jours..., fait le populaire en s’amusant à faire un nœud avec une mèche de Yukio, avant de mourir de rire, la pointant du doigt, aussi bien pour son nœud que pour cette histoire de crêpe, Pouahahahaha ! Manger une crêpe avec toi... c’est presque de la grosse blague ça !

Se connaissant en la compagnie de Yukio, Noahki imagine bien le carnage de la crêpe atterrissant –malencontreusement- sur le visage de l’autre. Que ce soit lui ou elle... Manger une crête avec Yukio a presque une connotation humoristique. Et si ça ne fait rire personne, Noahki lui, se marre bien tout seul ! Si bien qu’il se dit qu’il ne pourra décidément pas attendre son match promis, pour songer à la manger cette crêpe. On fait un petit match... ? tentera-t-il encore une fois –sait-on jamais, en insistant encore une fois... Bon sang mais le temps que sa jambe soit officiellement rétablie et tout le pataquès, les poules auraient des dents, des crocs, et même des défenses ! Alors avant de déformer ces poules innocentes le populaire a commencé à lancé le vieux jeu du Pierre-Papier-Ciseau. Papier ! lancera-t-il en premier en gesticulant à l’encontre de Yukio. Pierre ! Ouais Gagné ! Un gamin dans l’âme? A ses heures, il faut l’avouer. Pierre ! Bordel Yukio ! Non, on refait la partie, c’était truqué ! Tu as triché, je suis sûr que je t'ai vu ! On refait ? On refait…? Et alors qu’il s’apprête à repartir dans une prise de catch –cette fois bien physique, Noahki lève les mains, en guise de forfait. La galanterie exige, évidemment...

-Bon on se calme là ! intime-t-il comme si c’était Yukio qui avait instauré tout ce petit bordel. Allez, allez, je t’invite ce soir, on va boire un verre.

Et accessoirement, manger une crêpe. Enfin... ou pas.
Mais en tant que mec branché, boire un verre, ça sonne toujours un peu mieux que Bouffer la Crêpe. Et puis c’est vrai que la moitié de cette école cherchait tous à sortir de l’ordinaire. Noahki, lui, trop terre à terre pour tremper dans la fantaisie, ne se rend probablement que son caractère en emporte plus d’un. De toute façon, lui, il n’en veut pas des trucs pas normaux et qui tournent pas rond ! Bien évidemment, monsieur est parfaitement normal pendant que tout le monde autour et loin de lui peut être complètement insensé.

-...Et je ramènerai pas toute la bande, ok ? Y aura pas de couloirs ni de bonjour lancé d'une extrémité à une autre. On se fera un tête à tête puisqu’on s’aime à la folie, tu verras.

Un coup de coude donné dans les côtes de la demoiselle et Noahki a filé à son cours de Taekwondo. Après son cours, il osera même crier un –Ohé Tomonari !!! Je te prouverai tout mon amour, ce soir ! à travers le dôjô, sous les regards amusés et désabusés de ses coéquipiers. –Fais toi joliiiie, okéé ? Esquivant un gant de boxe lancé à son égard par un de ses amis, Saigara rentrera tranquillement se changer.

Pour sûr, voir Tomonari hors contexte était des plus étranges, mais serait-ce désagréable ? Après tout c’est pas comme si c’était la première fois qu’il la voyait en dehors... bordel, si, c’est vrai. Faudrait voir. Et puis ils pourraient prendre le temps de parler de tout et de rien un peu moins partiellement que ce qu'ils trouvent à faire au Dojo...? Arf. Qu'en savait-il à l'avance. De toute façon leur caractères ne leur permettraient pas -à priori, un truc tout fade. Alors... Affaire à suivre.

[Pas de soucis, ça me va]

Invité

Carpe Diem

Yukio se mord les lèvres, tout à coup beaucoup moins hyperactive. Noahki rit alors qu'elle reste... surprise. Complètement sur le cul même, et passez moi l'expression. Glamour ? "La" Glamour, le prototype même de la Populaire, jalouse ? De Yukio ? Décidément, cette dernière a beau essayer, l'équation a + b = c refuse obstinément de s'aligner dans sa tête. Hors de la plaisanterie salace de Noahki, qu'elle n'écoute que d'une oreille distraire, elle ne peut s'empêcher de rougir un peu. Les paroles de Cassandra, que Yukio avait alors interprété comme ça l'arrangeait, s'expliquaient : "Je suis venue chercher mon copain, Noahki Saigara. Tu sais où il est ? Oh ! Noahki-chéri !"
Yukio maudit le sang qui lui monte aux joue et fronce légèrement le nez en jetant un coup d'oeil à Saigara. Elle aurait put s'avouer que ses sentiments pour Saigara pourrait passer d'un côté plus qu'amical sans grosse difficulté si l'occasion se présentait. Elle aurait put, sauf que ses pensées sont parties trop vite : si Cassandra avait pensé cela, c'était qu'il y avait bien une raison non ? La sportive se déride, préférant oublier le reste et retrouver son sourire.

- Oh, je savais que je devais t'ajouter en haut de ma liste de fan, Noahki ! ... Eh ! Va pas dire qu'on n'est pas divertissant, s'insurge-t-elle. On pourrait faire une série tellement on est fascinant.

Elle rit de bon coeur avec lui, c'est vrai que la vision des deux autours d'une crêpe ressemblait à tout sauf à une sortie gentille, innocente et calme. Elle lui tape doucement le crâne dans son ultime et inutile tentative de la convaincre à faire le combat. Il est vraiment tenace le Saigara.
Evidemment, il est inutile de prier Tomonari pour qu'elle se précipite au jeu avec le Populaire. On demande déjà un sérieux en cours, de plus ils bossent tous les deux, même si ce ne sont que de petits boulots, ca n'empêche pas qu'ils se voient imposer d'assurer une certaine maturité. Aussi, quand l'occasion se présente, se détendre, oublier les problèmes et retomber en enfance est vraiment le bienvenu. Alors pour information... oui, elle triche, et ce sans la moindre forme de pitié, et encore moins de remords.
Noahki arrête la bagarre qui s'apprêtait à commencer, mais la jeune femme ne peut s'empêcher de lui tirer la langue, à défaut d'avoir le dernier mot. Puérile ? Parfaitement.
Elle ouvre grand les yeux, le dévisage. Après s'être moquée de cette idée, elle vient de réaliser qu'elle venait de... décrocher un rendez-vous avec Noahki Saigara. Même s'il n'est pas galant et en tout bien tout honneur -enfin, dans la mesure où le duo survolté peut faire quelque chose en tout bien tout honneur- il faut dire les choses comme elles sont. Non pas que la proposition ne soit pas alléchante, loin de là, c'est juste qu'elle ne s'y attendait pas vraiment. Ou plutôt, elle ne s'était pas réveillée ce matin en ce disant "Tiens, aujourd'hui je vais sortir avec Saigara !". Une absence de six mois sans nouvelles, et tout à coup il lui propose d'être juste entre eux. Si ce lycéen n'est pas lunatique, il faut vraiment qu'on lui trouve un nouveau mot qui n'est pas dans le dictionnaire pour le qualifier... ou offrir un dictionnaire Pour les Nuls© à Tomonari.
Elle ouvre la bouche, la referme très vite en pestant quand elle se reçoit un coup de coude. Il s'enfuit à son cours, il est certainement déjà en retard -quoique, avec tout cela il est déjà un peu échauffé.

- Sans sa bande... quelle adorable attention, grommelle-t-elle pour ne pas perdre pied.

Elle retourne en trainant des pieds vers son bout de tatami, son surplus d'énergie soudain envolé... ou contenu, à défaut de pouvoir disparaître. Elle n'a pas cours aujourd'hui, mais compte bien finir l'entrainement personnel qu'elle s'était imposée.
Elle finit par rire toute seule, une lueur décidée dans les yeux. Le défi concrétisé, elle ne parierait pas sur le résultat. Une mort d'un -ou des deux- participants ? Un ennui mêlé d'une gène totale ? Un "accident" malencontreux ? Quelque chose qui va trop loin.... ? Ou bien complètement autre chose.
En tout cas, du changement. Pour la sportive qui se shoot à l'adrénaline, l'incertitude et les surprises futures sont jouissives. Sa vie personnelle se résumait à une phrase simple, vieille comme l'Occident : Carpe Diem à l'origine. Cueille le jour pour les poétiques. Profite de l'instant présent pour les plus pragmatiques. Aussi, elle verrait bien, advienne que pourra.

Yukio se fait sortir de sa concentration par des cris. Elle lui sourit et répond, tout aussi bruyante :

- Je te préviens Saigara-chéri, si quelqu'un est au courant pour notre liaison, je te tue ! Sois pas en retard !

Elle fait semblant de lui envoyer des baisers avant de s'enfuir dans les vestiaires.
En sortant du donjon, elle ne recroise pas Noahki. Bah, aucune importance, elle le reverrait bien assez tôt de toute manière.

[Suite : De la nouveauté ]