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 Dessins égarés ~ Lun ~

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MessageSujet: Re: Dessins égarés ~ Lun ~   Dessins égarés ~ Lun ~ - Page 2 EmptyMar 11 Déc 2012 - 1:57

Spoiler:
‘‘Entre la vie et la mort, il n'y a qu'un pas, entre la tristesse et le bonheur, il y a une route infinie.’’ de Michel Linh


Say my name
So I will know you're back you're here again
For a while
Oh let us share
The memories that only we can share
Together


Un sentiment d’impuissance apporta à Lun une réponse lorsque Zakuro évoqua qu’on lui avait déjà parlé à son propos. A quoi bon essayer de se débattre ? Il y aurait toujours quelqu’un pour se souvenir de lui. A dire vrai, Lun s’en fichait un peu désormais. Il ne portait pas son ancienne popularité comme une croix, ni même comme un triomphe. Il avait été populaire, c’était un fait. A l’époque où on le croisait dans chacun des couloirs, chacun des lieux. Il était difficile de passer à coté de lui. C’était il y a longtemps et cette époque ne lui manquait pas. Lun Marv trouvait ça assez pathétique ceux qui recherchaient la reconnaissance sans cesse. Etre connu à n’importe quel prix était un but qui ne l’avait jamais effleuré. Il n’était pas de ceux qui iraient participer à des émissions de téléréalité ou qui essayerait d’avoir assez d’amis pour atteindre des statistiques où il ne pourrait plus être disponible pour aucun d’entre eux. Quelques amis lui suffisaient et une vie tranquille aussi. Toutefois, ça ne l’empêchait pas d’être moqueur et provocant. De répondre aux baisers qu’on lui offrait ou d’accepter la plupart des sorties qu’on lui proposait. Il était ambigu, complexe et souvent dans un paradoxe qui était en soit, une preuve de sa grande humanité.
Non, Lun se refusait à répondre. S’il était une fleur, son jardinier était décédé. S’il était une fleur, alors on ne l’avait pas vu. Comme dans l’histoire de la petite sirène, il était immortel et désirable avant d’avoir aimé. Puis, il était tombé amoureux et avait voulu devenir humain pour s’approcher de lui, sacrifiant son don. Etre près de celui qu’il aimait était suffisant, mais le voir amoureux d’un autre l’avait contraint à devenir cette écume qu’il était désormais.
Il ne fallait pas se tromper, Lun Marv ne pourrait jamais redevenir celui qu'il avait été. Il n'était plus au sommet de sa popularité. Toutefois, il était en train de se découvrir un nouveau visage et de grandir, d'évoluer et de changer.

Tell me about
The days before I was born
How we were as children


« Il paraît que j'ai tendance à confondre la fiction et la réalité. Dis, Lun. Tu t'es déjà battu pour que tes rêves remplacent ta réalité, hein ? Si tu ne l'avais pas déjà fait, alors est-ce que tu serais quelqu'un de sensé ? Est-ce que ce serait juste de vivre si l'on était entièrement empli de noir, de violence, et de colère ? Si on était triste à en mourir ? Ce serait juste, tu crois ? »


Ce sont les mots de Zakuro.
Les mêmes mots auraient pu être prononcé par Lun.
Comment répondre à sa propre question ?

Comme-ci, il était possible de savoir ce qui est juste. Ce serait tellement facile, s’il y avait un livre du Bien et du Mal. Un endroit qui nous dirait que nos actions nous conduisent vers le bon chemin et qui nous indique une jauge de possibilités. Si on pouvait prévoir par avance ce qui semblerait être le bon chemin. Bien évidemment, on pourrait alors prendre les bonnes décisions et sans contraindre avoir une possibilité d’actions qui influerait forcément positivement dans nos vies.
En réalité, on agit sans savoir ce que nos actes auront comme conséquence et sans percevoir la justesse de chaque événement. La vie n’est pas juste ! Si elle était, elle ne laisserait jamais un enfant mourir de faim pendant qu’un journaliste filme la scène pour l’immortaliser, sous les yeux de milliers de téléspectateurs blasés. Si la vie était juste, songea Lun Marv, il n’y aurait pas cette femme qui dort tous les soirs dans sa voiture car son mari la battait et qu’elle n’avait pas d’autre choix que de partir ou de le laisser la tuer. Rejetée par les associations qui n’ont plus de place, abandonnée par sa famille, elle survit comme elle peut.
Si la vie était juste, je serais mort aujourd'hui. Et il serait en vie.

Lun demeura un instant stupéfait de la question de Zakuro. Ses yeux verts ne pouvant se détacher de son homologue. Cherchant une réponse qui apportait un tant soit peu d'espoir. Car la première phrase qui lui était venue à l'esprit était : que non, ce n'était pas juste. Mais que quand la tristesse était trop grande, on était déjà mort. Des morts avec un coeur qui bat et qui ont une juste de revivre. En parvenant à croire ...

You touch my hand
These colors come alive
In your heart and in your mind
I cross the borders of time
Leaving today behind to be with you again

En réalité, Lun n’avait pas de réponse car lui-même ne savait pas bien où se positionner dans ce monde et cette histoire. Il se sentait souvent malheureux à en crever. Le poids de son passée, de ses démons et les sentiments du présent l’envahissaient. Il ne comprenait pas pourquoi il ne pouvait pas simplement oublier comme les autres le faisaient. Ils agissaient tous comme-ci les faits étaient loin d’eux et que désormais, ils en avaient tiré une forcé pour pouvoir continuer.
Lun ne se sentait pas plus fort d’avoir eu des amis morts, d’avoir été violé, d’avoir été trahit et d’avoir aimé. Il se sentait juste lasse et fatigué. Epuisé par une course qui l’avait conduit là, sur ce banc, à cette discussion. Une discussion où une suite de questions le laissait silencieux et perplexe.

We breath the air
Do you remember how you used to touch my hair ?
You're not aware
Your hands keep still
You just don't know that I am here


En réalité, il se sentait mal et égoïste d’être aussi malheureux en étant autant privilégié. Il vivait dans un pays riche où il avait accès à la technologie. Il ne mourrait pas de faim et avait un toit où s’abriter, un lit où dormir, des amis à qui parler et une famille sur qui il pouvait compter. Pourtant, son cœur un labyrinthe plongé dans une mer de larmes. La première question était la réponse à ce malheur.

Il s’était battu pour que ses rêves deviennent une réalité. Il avait cru jusqu’au bout qu’une histoire d’amour auquel personne ne croyait et que chacun critiquait pouvait fonctionner.Il avait eu confiance en ses amis ! Il avait pensé qu'ils étaient unis à vie. Il avait cru en une personne que tout le monde critiquait et dont même leurs amis crachaient à la figure tant elle ne semblait pas convenir à Lun. D’un coté comme d’un autre, personne n’y croyait. Pas même la moitié. Sauf Lun. Au plus profond de son âme, il avait cru qu’un jour, la pluie disparaîtrait. Qu’il verrait les lumières briller et qu’une main se tendrait pour prendre la sienne et lui dire au travers d’une brume épaisse : Je suis là. Cesse de courir, cesse de chercher. Je suis là et plus rien au monde ne pourra te faire du mal sans que je sois sur son passage pour l’en empêcher.
Mais le sacrifice de sa voix et de son immortalité, n'avait pas suffit.

It hurts too much
I pray now that soon you're released
To where you belong

La réalité l’avait rattrapé malgré lui. Lun était un ballon d’hélium, où les rêves parvenaient jusqu’au plus haut des monts et il avait tendance à croire qu’il suffisait de croire pour que ça fonctionne. Seulement, Maeki Oyuki était décédé. C’était un fait. Impossible à changer. Impossible à modifier. Personne ne pourrait jamais le ramener à la vie. Personne ne pourrait jamais retirer la douleur dans le cœur de Lun Marv. Et ; le ballon d’hélium avait été attaché à une pierre de la réalité. Une pierre, sans doute tombale, qui l’avait entraîné jusqu’à la première mer sous ses pieds pour le noyer sous la tristesse.

Détournant ses yeux de Zakuro, Lun dégluti. Il y avait peu de souvenirs peu tristes dans sa mémoire.

Il en parlait peu. A dire vrai, il n’en parlait pratiquement jamais. Ce serait trop compliqué et douloureux. Les gens s’étaient remit à vivre, comme-ci Maeki n’avait jamais existé. Plus personne n’en parlait vraiment. On avait pleuré, puis on avait oublié. Lun ne se voyait pas déranger ses amis en leurs racontant ses rêves.
Ou ses cauchemars.

You touch my hand
These colors come alive
In your heart and in your mind
I cross the borders of time
Leaving today behind to be with you again


La nuit passée, encore, Lun avait rêvé. Il était assit sur un banc, semblable à celui où il se trouvait maintenant. Ses cheveux étaient attachés en une tresse qui lui donnait un air presque féminin, et il portait une longue tunique blanche avec un pantalon blanc. Ses pieds étaient nus.
Il sentait la douceur du vent sur son visage, sans qu’il n’en soit agressé. C’était un semblant de caresses, lui apportant un réconfort. En regardant autour de lui, Lun remarqua être dans une clairière au milieu d’un bois. Il s’était levé, et avait avancé vers son centre. En relevant les yeux, une pluie d’étoiles l’étourdit.
Soudainement, il avait entendu son prénom. Lun s’était retourné, encore et encore, jusqu’à avoir le tournis. Cherchant de part et d’autre de la clairière d’où venait cette voix. Jusqu’à ce qu’elle s’éteigne d’elles-mêmes.
Alors, Lun avait sentit une main s’accrocher à son pied droit. Il avait baissé le regard, et une forme avait commencé à sortir de sous la terre. Tout autour de lui, des milliers de formes sortaient, se mouvant. Des squelettes à forme humaine, putride, dont l’odeur manquèrent de le faire vomir.
Effrayé, Lun était monté sur le banc, après s’être débattu pour retirer la main qui le tenait. Et au milieu de cette foule de mort-vivant, il avait vu une personne se tenir. Les cheveux longs, mal coiffés, attaché en une queue de cheval. La personne s’était assise, jouant un air de guitare. Un air que Lun connaissait parfaitement : Say My Name de Within Temptation. Les paroles elles-mêmes semblaient se mouvoir de la guitare.
Lun avait posé ses pieds sur le sol, et l’herbe si verte semblait s’être enduite de sang. Les pieds rougis, le blond avait avancé dans cette marre gluante et prenante. Il s’était approché, cherchant à rejoindre Maeki Oyuki. Ses pieds refusant de courir, l’obligeant à marcher ainsi.

Puis Maeki Oyuki avait redressé les yeux. Lun avait vu une corde à son cou, et ses yeux vitreux, des morts qu’on tarde à trouver. Se stoppant dans sa course, le blond s’était arrêté. Il avait voulu murmurer qu’il était désolé, qu’il était vraiment désolé. Qu’il n’avait pas voulu l’abandonner. Qu’il n’avait pas voulu le laisser. Qu’il voulait être avec lui. Hier, aujourd’hui et demain. Qu’il était désolé. Vraiment désolé.
Mais plus les pensées le submergeaient, plus le sol se dérobait à ses pieds. Lun s’était senti noyé dans un flot de sang, et le goût métallique du breuvage l’avait enseveli.

Please say my name
Remember who I am
You will find me in the world of yesterday
You drift away again
Too far from where I am
When you ask me who I am


Une main, l’avait soudainement tiré de là. Lun avait plongé ses yeux dans ceux de cet autre. Un autre qu’il connaissait, sans parvenir à saisir tous les souvenirs qu’ils partageaient. L’oubli avait fait son œuvre dans la douleur. L’autre avait posé sa main sur sa joue, passant son pouce sur ses lèvres. Je suis là, avait-il murmuré.

Les mots avaient été comme un coup de tonnerre. Lun avait redressé les yeux. Les étoiles s’éteignaient une à une. Alors le blond avait fixé l’Autre avait douleur. Se redressant, il avait pointé du doigt derrière. Une jeune fille se tenait, semblant attendre. Lun avait sourit : Menteur.
Et il s’était évanouit en poussière d’écumes, se réveillant en sursaut.

Lun déglutit légèrement, cherchant la réalité. Cherchant Zakuro du regard. Ce n’était pas le moment de repenser à ses cauchemars qui le traumatisaient. Les mauvais rêves ne doivent pas dépasser l’ordre de l’illusion. Il ne servait à rien de chercher à les comprendre. Ils ne lui apprendraient qu’une chose : qu’il était coupable. Coupable d’avoir aimé. Coupable de ne pas avoir vu le mal être d’une personne qui semblait pourtant si bien, la dernière fois qu’il l’avait vu.

A quoi bon ressasser la mort ? A quoi bon essayer de faire semblant de ne pas s’en souvenir, également ? A dire vrai, Lun était plein de colère, de tristesse et de haine. Il en voulait au monde entier de ne pas avoir été là pour Maeki Oyuki. De ne pas avoir vu qu’il allait mal. D’avoir été ignorant à sa douleur et de l’avoir laissé mourir. Il était haineux envers sa propre personne pour les mêmes raisons.
Il était en colère contre ses amis de ne pas comprendre à quel point, maintenant, lui-même était malheureux et en proie au doute. A quel point, lui-même souhaitait rencontrer un salut profitable. S’endormir pour ne plus rêver. S’endormir pour ne plus croire aux contes de fée, aux sornettes, aux bêtises. Il aurait préféré mourir mille fois qu’aimer encore, il aurait préféré mourir mille fois que de voir son ami mort.
Pourtant il était encore en vie, trop lâche pour fuir. Trop lâche pour partir.

A dire vrai, il était aussi plein de tristesse, au final. C’était elle qui prenait le pas sur le reste. Mais au milieu de tout cela. Au milieu de la douleur, de la tristesse et des larmes. Au milieu de la haine et d’injustice qu’il ressentait, il y avait une boîte à musique qu’on ouvre. Une musique et de l’espoir. Des rires partagés, des amis qu’il aimait retrouver. Lui, il n’était pas que ça … Non. Lun sourit doucement.

- Je crois qu’il suffirait de continuer à avancer. De continuer à y croire.


Quelques part, il y avait ce jour-là, avec cette fille-là, à la fête foraine. Au stand de tir, ils s'étaient échangés un baiser. Il y avait les sorties avec les mousquetaires, bras dessus, bras dessous, les rires échangés, les verres bus. Et toutes ses soirées, à fumer, à boire, à oublier la vie, à se battre sur un lit, sur un canapé, dans une rue. Ses moment où il avait été plaqué contre un mur.
La main prise alors qu'il montrait la peinture d'un célèbre artiste. Et Elyott, les joues rougies par le froid, enseveli par une épaisse écharpe, lui montrant son jardin.
Il y avait les enfants qui riaient et l'appelaient par son prénom. Son frère qui le cherchait toujours du regard, lorsqu'il rentrait chez lui. Et puis, son père qui préparait une tarte aux pommes, à chaque fois. Comme pour lui dire : tu vois, je me souviens, que c'est ton dessert préféré.
Il y avait toutes ses personnes qui étaient sans cesse là. Une vie de tristesse rempli de nombreuses joies. Peu importait qu'il avait un pied en enfer, près d'eux : il était au Paradis.

Lun repoussa une mèche blonde de devant ses yeux, son regard tendre posé sur le jeune homme. Il chercha dans sa poche, un paquet de clopes, afin de s’allumer une cigarette. Il trouva parmi elle, un briquet violet – offert autrefois par un ami. Il ne marchait plus. Lun le savait. Il du se résoudre à prendre une boîte d’allumettes. Mais le briquet, dans sa poche, lui rappelait : Je crois en toi.

Je croirais toute ma vie en toi. Tu es sot de douter parfois du contraire !

- Je crois qu’il faut se battre pour que ses rêves deviennent une réalité. Peu importe le prix à sacrifier, la vie elle-même ne mérite son nom que lorsqu’elle est offerte au profit du bonheur. Le sien ou celui d’autrui. Pas le genre de bonheur éphémère de biens qui ne nous donnent qu’une satisfaction passagère. La tristesse, la colère, le noir, la violence … C'est la vie. Il faut aimer être ainsi, car ça prouve notre existence même et on ne peut vraiment être heureux sans avoir été malheureux.


Say my name
These colors come alive
In your heart and in your mind
I cross the borders of time
Leaving today behind to be with you again


Lun se tut, tirant une taffe de sa clope, cherchant un peu ses mots avant de continuer encore plus doucement. Se parlant plus à soi-même qu’à son camarade.

- Ce ne sont que des sentiments. Evidemment, il serait facile d’être malheureux et d’en mourir. De penser qu’il serait plus juste pour tout le monde si on n’existait pas. Mais en réalité. Ce qui a été peut être. Et lorsqu’on parvient à pardonner, qu’on accepte la tristesse, la colère comme des états, alors on comprend que le noir total n’existe pas même dans l’espace. La nuit n’est jamais noire, le monde ne l’est jamais. On ne l’est jamais.

Say my name


Se redressant, en jetant sa clope à moitié consommée, Lun prit la main de Zakuro dans la sienne. L’entraînant vers les jardins de Keimoo, vers les serres. Là où il avait rencontré à de nombreuses reprises Elyott. Là où il avait déclaré sa flamme à Wunjo, en vain. Là où il voyait sans cesse le fantôme de Maeki, en train de jardiner. Relever la tête dans un sourire, et lui dire, le nez rougi par le froid : Si on parle à une plante, elle grandi moins vite mais elle devient plus robuste. Il faut prendre le temps de grandir, petit Lun, pour devenir fort.

Pour devenir fort, il fallait prendre le temps de grandir et de parler. D’échanger et de découvrir. Lun se retourna, lâchant la main de Zakuro pour sourire tendrement, tournoyant une seconde sur lui-même.

- Quand je suis triste à mourir, je regarde le ciel. Je me sens tellement heureux, quand le froid me mord les joues, que je vois toutes ses nuances. Et je regarde les gens. Il y a tant de bonté, de gentillesses et de couleurs dans ce monde. Je m'allume une clope avec un des briquets que j'ai volé à mes amis. Je porte un de leurs vêtements. Je pense à eux !
Ce qui ne serait pas juste, Zakuro …
Ce qui ne serait pas juste, ce serait de mourir. Ce serait d’abandonner. Quand on triste à mourir, il faut se souvenir de ça. Des levées de soleil, des lumières de noël, des rires de ceux qu’on aime. Il faut croire. Quand nos rêves nous brisent et semblent trop loin à atteindre, il faut juste …


Lun cessa de parler, fixant Zakuro dans les yeux. Ses longs cheveux blonds retombant sous sa course folle, flottant légèrement autour de lui. Ses yeux verts s’illuminant sous la compréhension. Il avait pensé à lui. Mais il s’agissait de Zakuro. Il s’agissait du jeune soldat artiste. De celui qui cherchait des réponses au travers des nuages.
Zakuro, si tu crois que tu es lié à mon destin, alors lies-toi à moi. Ca ne fait rien. Je ne sais pas si je t’aimerais, mais je te découvrirais. Il nous faudra du temps pour se connaître, du temps pour s’apprivoiser.

Mais il ne faudra pas lui en vouloir, s'il ment un peu. Si Lun ment un peu et qu'un jour, il disparaissait pour rejoindre celui qui n'est plus. Car, même le petit Prince fut mordu par un serpent pour rejoindre sa Fleur.
Et si la Fleur avait pu faire de même, ne l'aurait-elle pas fait ?

- Dis-moi, … Pourquoi es-tu triste à mourir ? Qu’est-ce qui te fait tant mal ? Qu’est-ce qu’il se passe dans ton …


Lun pointa le cœur du jeune homme, y posant ses mains refroidies. Y posant la première, puis la seconde. Son visage, assez proche de celui de Zakuro, pour sentir désormais son souffle. Ses yeux questionneurs l’interrogeant avec insistance.

Une de ses mains quitta presque immédiatement l’emplacement, pour que le bout du doigt se pose sur la tempe de Zakuro.

- Que se passe-t-il, là ? Dis-moi. Zakuro
souffla Lun, les yeux brillant malicieusement, mais sincèrement. Pourquoi es-tu en colère ?

Say my name


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Zakuro Fea
▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
Zakuro Fea


Genre : Non Binaire Lion Coq Age : 30
Adresse : 3, rue la Chance, app. 11, quartier Hiryuu, avec Lawrence E. Swanster.
Compteur 1580
Multicompte(s) : Kojiro Sekigahara

KMO
                                   :

Dessins égarés ~ Lun ~ - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Dessins égarés ~ Lun ~   Dessins égarés ~ Lun ~ - Page 2 EmptyLun 25 Mar 2013 - 1:20

« Qu'est-ce que tu racontes. Pourquoi ?, murmurais-je, en prenant entre mes mains le visage de Lun. Tu m'as oublié. »

(…)

Il y avait dans les yeux de Lun une lumière éteinte. Une lumière qui me semblait appartenir à un passé que je ne pouvais pas comprendre, ou pas atteindre ; comme intime, et inaccessible, la lumière flamboyait, noyée sous des litres de larmes. Ces larmes qui étaient comme asséchées, et qui creusaient le lit d'un paradoxe me reculant toujours un peu plus de la vérité que pouvait seulement représenter ce regard. Il y avait dans les yeux de Lun une beauté et une laideur effarantes ; un regard humain, peut-être, un regard tellement humain que cela ne se copiait pas, ne s'imitait pas, et ne se captait que par hasard. Un regard que mon cerveau hurla à la photographie : je crois que je ne voulais pas oublier ces yeux. Un regard qui m'impressionna, mais qui, quelque part, me donna l'impression de ne pas savoir quelque chose que je ne pourrais pas comprendre. Et cela n'avait rien d'effrayant. C'était juste épouvantablement triste.

Les yeux verts glissèrent, pour plonger ailleurs, dans une autre réalité ; m'épargnant de la douleur que pouvait représenter ce face à face. Alors je sentis simplement le vent qui glissait contre ma joue, comme une main, pour me consoler, et m'apprendre que cela n'avait rien de grave, et que la douleur des autres ne m'appartenait pas. Pendant une seconde, je me remis à penser à Yui Valentine, qui semblait se dresser entre nous, devant moi, pour répéter son ordre ridiculer. « Ne souriez pas. » Cette phrase, ancrée et encrée dans ma mémoire, qui venait et murmurait dans le noir de mes pensées, pour s'imposer, comme une petite vérité à la totalité de mon existence. Ne souris pas, Zakuro, car il y a des fois où il ne faut pas sourire. Ne souris pas, c'est un ordre, et il faut que tu en comprennes l'essence même. Je ne pouvais pas me permettre de sourire face au regard de Lun, car il était noyé sous des trombes de sentiments que je ne comprenais pas. Et j'avais l'impression que je trahirais en souriant. J'avais l'impression qu'en essayant d'être moi-même et naturel, je trahirais. Et cela me déstabilisait.
On avait enlevé mes armes, on m'avait coupé les bras et les chevilles, et on m'avait poussé sur la tatami en me demandant d'affronter un adversaire blond aux yeux verts. J'étais consterné en comprenant à quel point mes armes et mes défenses se mêlaient entre elles, et à quel point mon dit adversaire pouvait y être insensible. J'avais l'impression de me perdre moi-même, et d'avoir oublié quelque chose de vital, qui m'aurait permis d'arracher Lun Marv à ce silence trop prenant. Ce silence si étrange, si étouffant. Il y avait le vent, qui soulevait nos mèches respectives, comme un minuscule allié ; pour nous rappeler que malgré tout, nous étions là, quelque part, vivants. J'avais besoin, et envie de lui toucher l'épaule. De dire « Heh, Lun, ça va ? ». Mais j'en étais bien incapable, parce qu'il m'avait effrayé, dans sa condition si humaine, si sentimentale, si intense. Il m'avait désarmé, et je ne savais plus comment affronter ce qu'il venait de mettre face à moi. Alors le vent, simplement, l'odeur de l'hiver et les couleurs du présent qui glissait autour de nous, ralenti par le peu d'attention que je lui accordais. À quoi pense-tu, Lun ?
Dans des courbes appuyées, mes yeux se plissèrent, et je me laissais porter par le vent, pour revenir à des pensées qui s'égaraient. Un randori ; un combat souple. Au karate, au collège, en Angleterre, j'étais particulièrement doué. Fort. Le meilleur, en fait, et je m'en vantais presque, rien que par l'éclat de mes yeux, quand je cherchais un adversaire. C'était une séance banale, un mercredi soir, un de ceux qui s'alignaient si tristement mornes depuis que j'avais découvert le Japon. J'étais pressé de retourner dans mon pays maternel, pressé d'abandonner les terres grises et bitumées de l'Europe. J'avais en tête des rêves de cerisiers et de forêts à perte de vue. Le collège et l'anglais étaient des choses qui ne m'intéressaient plus, et les visages blancs qui défilaient devant moi ne s'accrochaient même plus dans ma mémoire. Un garçon s'était mis devant moi, et dans un « Oss » calme, s'était désigné comme moi adversaire. J'avais plaqué mes mains contre mon do-gi, en m'inclinant, tandis qu'autour de nous, les autres adversaires se faisaient face en se saluant. Le « Hajime » résonnait, sur ma droite, et récupérant immédiatement, dans un réflexe martial, ma garde, je me mettais à sautiller, amusé et furieux. Ces deux sentiments, qui dictaient ma conduite, qui se mélangeaient si parfaitement, qui polissait si exactement cette philosophie du combat. Amusement et fureur. Dans des claquements de kimono blancs, les premiers coups s'échangeaient autour de nous, tandis que j'oscillais légèrement la tête, embrassant du regard le corps tout entier du garçon. J'étais sûr de moi. Très sûr, même. À dix sept ans, c'était facile d'être le meilleur. Il suffisait de tabasser l'autre en se disant qu'on le respectait. Et de ne pas craindre la douleur. L'important était d'économiser son souffle, de frapper aux endroits stratégiques. L'important était de gagner.
Son ura-mawashi explosa contre mes côtes, défonçant mon souffle, me jetant au sol. Les genoux sciés, et la respiration bloquée quelque part dans mon ventre, j'étais resté sur le sol, une seconde, en me disant que le coup n'avait pas eu lieu, puis je m'étais relevé d'un coup, furieux. Il n'y avait plus eu la moindre trace d'amusement dans ma tête, et la colère avait rongée ma poitrine comme un animal sauvage lâché au milieu de la foule. J'avais essayé de récupéré mon équilibre, puis la douleur était brusquement apparu : en retard, mais implacable. Je m'étais immobilisé. Fair-play, mon adversaire avait fait de même, mais je n'avais pas essayé de répondre à ce qu'il me disait. Je ne voyais, je ne sentais, je n'entendais que cette douleur, sourde et profonde, du coup qui venait de me terrasser. J'étais debout, mais je venais de perdre de manière magistrale. Parce que ma garde n'était pas assez assurée. Parce que j'avais eu trop confiance en moi. Parce que je n'avais pas essayé de me remettre en question, parce que je n'avais pas cherché à comprendre l'autre, et parce que je m'étais trop concentré sur la fin du combat, sans vivre l'instant présent.
Combat de merde, avais-je longtemps commenté cette rencontre. Mais par honte, par orgueil, et par chagrin. Par ma propre incapacité à être « intelligent », à être pragmatique face à la situation. Mon égo blessé dans sa moindre fibre, ce randori m'avait fait faire un pas en avant ; même si la pilule avait été vraiment, vraiment dure à avaler.
Alors quand Lun releva ses yeux, et chercha les miens du regard, je faillis sourire. Je faillis, car je me demandais maintenant si lui aussi avait avalé la pilule. S'il avait remis en cause ses erreurs, et si lui aussi avait souffert du coup de pied qu'on ne voit pas venir. Qu'on voit arriver, mais qu'on ne peut plus bloquer, parce qu'on a fait l'erreur de croire qu'il n'existerait jamais.

« Je crois qu’il suffirait de continuer à avancer. De continuer à y croire. »


J'ai cru en moi. J'ai eu mes doutes et mes colères, mes besoins de frapper contre des arbres en hurlant et en pleurant. Et ce ne sera jamais « la dernière fois ». Mais j'ai cru en moi, parce que je visais toujours là où je n'étais pas encore. Je visais le but, l'objectif, et le rêve d'être meilleur que moi-même. De battre le seul adversaire qui ne s'avouerait pas vaincu : moi. J'avais décidé depuis bien longtemps de continuer et d'avancer. D'y croire. Même si ça faisait mal, et que je m'arrachais les tripes à courir et à frapper. Même si ça faisait mal, et que je voyais dans les yeux de mes adversaires une douleur que je faisais semblant d'ignorer. Je connaissais la douleur qu'un coup pouvait m'infliger, avais-je dit à Chess, mais je ne pouvais pas savoir quelle douleur ressentait celui que je frappais. Il y avait la victoire, il y avait la défaite ; il y avait le monde qui s'organisait sur ces deux vérités. Il y avait le perdant et le gagnant, le gagnant et le perdant ; il y avait toutes les conséquences de ces deux concepts ; il y avait tout ce qu'on en ferait. Est-ce que le gagnant serait perdant, une prochaine fois ? Est-ce que, parce qu'il avait perdu, le défait ferait en sorte d'être le gagnant la prochaine fois ? Ou se laisserait-il abattre ?

J'avais tellement gagné. Et tout autant de fois, j'avais perdu.

« Je crois qu’il faut se battre pour que ses rêves deviennent une réalité. Peu importe le prix à sacrifier, la vie elle-même ne mérite son nom que lorsqu’elle est offerte au profit du bonheur. Le sien ou celui d’autrui. Pas le genre de bonheur éphémère de biens qui ne nous donnent qu’une satisfaction passagère. La tristesse, la colère, le noir, la violence … C'est la vie. Il faut aimer être ainsi, car ça prouve notre existence même et on ne peut vraiment être heureux sans avoir été malheureux. »

Cette dernière phrase me faisait penser à la même remarque, prononcée quelques années plus tôt, par Angeal. « On ne peut pas vivre sans être mort avant. » Je n'avais pas du tout compris ce qu'essayait de me transmettre le sensei, car l'illogisme de sa phrase m'avait laissé sur ma faim. J'avais compris qu'il y avait quelque chose à tirer de cette leçon, ou remarque s'il fallait qu'elle le soit, mais j'avais été incapable d'en extraire l'essence. Peut-être la phrase de Lun était-elle plus accessible, puisque je la ressentais et la comprenait totalement, aujourd'hui.

« Ce ne sont que des sentiments. Evidemment, il serait facile d’être malheureux et d’en mourir. De penser qu’il serait plus juste pour tout le monde si on n’existait pas. Mais en réalité. Ce qui a été peut être. Et lorsqu’on parvient à pardonner, qu’on accepte la tristesse, la colère comme des états, alors on comprend que le noir total n’existe pas même dans l’espace. La nuit n’est jamais noire, le monde ne l’est jamais. On ne l’est jamais. »

« Si, Lun. Jamais très longtemps. Mais il y a des endroits de la Terre où les nuages existent. Où ils cachent la lune, où ils cachent les étoiles, et où les réverbères sont éteints. Il y a des endroits où les gens, de temps en temps, n'ont plus de lumière. »

C'était un murmure, un simple murmure, et je n'avais pas cherché à croisé son regard. Simplement à réfléchir à ces yeux embrumés d'Angeal ; à ces chagrins de ma mère, et ces envies de mort de ces enfants.


« Quand je suis triste à mourir, je regarde le ciel. Je me sens tellement heureux, quand le froid me mord les joues, que je vois toutes ses nuances. Et je regarde les gens. Il y a tant de bonté, de gentillesses et de couleurs dans ce monde. Je m'allume une clope avec un des briquets que j'ai volé à mes amis. Je porte un de leurs vêtements. Je pense à eux ! Ce qui ne serait pas juste, Zakuro … Ce qui ne serait pas juste, ce serait de mourir. Ce serait d’abandonner. Quand on triste à mourir, il faut se souvenir de ça. Des levées de soleil, des lumières de noël, des rires de ceux qu’on aime. Il faut croire. Quand nos rêves nous brisent et semblent trop loin à atteindre, il faut juste … »


Il n'y eut pas de suite, et le froid qui nous environnait sembla ciseler autour de mon cœur une pellicule de givre, qui éteignit doucement les palpitations de la myocarde. Il y avait ce rêve d'être samouraï, face au mont Fuji. Il y avait ces fleurs de cerisier, qui oscillaient sur les branches minces de l'arbe du Japon ; ces fleurs qui dans leurs balancements irréguliers et doux, laissaient s'échapper les minuscules pastels roses que représentaient les pétales de sakura. Il y avait ces hurlements, ces pleurs, et ces heurts quand mon maître avait disparu. Quand il y avait eu ce brusque silence, qui plus tard, avait pris la silhouette du mot « abandon ». Il y avait eu cette illusion massacrée ; ce rônin enchainé à mes chevilles, et cette condition même d'être une sorte de zombie. Il y avait eu tout ce temps qui s'était passé, toute cette colère que j'avais cherché à évacuer, mais qui résistait, et qui avait laissé ses résidus rouges dans ma poitrine. Il y avait toujours eu cette quête du moi-même, mais qui était maintenant accompagné du « l'Autre ». Il n'y avait jamais eu cette injustice, comme disait Lun ; d'avoir envie de mourir. Jamais je n'avais abandonné. Ma fierté masochiste ; celle d'encaisser les coups, pour ne pas oublier que la douleur signifiait la vie. Parce qu'on m'avait dit que les cadavres ne saignaient pas. Alors j'avais toujours continué à marcher, et à avancer. Les Noël ou les levers de soleils ne représentaient que des idées abstraites, lorsqu'une rame de métro ou qu'un tube de mascara étaient maintenant des éléments importants à ma vie. Mourir serait injuste ; parce qu'il fallait que je vive ces choses-là.

« Que se passe-t-il, là ? Dis-moi. Zakuro. »

C'était curieux. J'avais aimé la manière dont il avait prononcé mon prénom ; avec une simplicité désarmante, mais qui me plongeait maintenant dans un désarroi consterné, puisqu'il touchait maintenant à ma tempe, avec cette même facilité enfantine. Une fois de plus ; comme s'il m'avait poussé face à lui sur le tatami, sans que je sois en mesure de me défendre. C'était une sensation qui n'avait rien d'agréable, d'enviable, et je ne voulais ni perdre ni gagner ; je voulais simplement arrêter de me battre, et je voulais qu'il arrête. Je voulais qu'il arrête, parce qu'il commençait maintenant à me faire mal. Sciemment ou non, je me sentais agressé, et cette violation de mes droits dans ma tête me dérangeait. Cela me donnait l'impression d'avoir commis une erreur, et d'être fautif. D'être le coupable d'un échec monumental. Mais je n'avais rien fait.

« Pourquoi es-tu en colère ? »

Mes prunelles se fendirent, et ignorant le rire qui se mêlait dans son souffle, je levais brusquement mes mains, cassant leur état de passivité gelée, pour venir m'emparer du visage de Lun, et immobiliser son regard vert droit dans le mien. Pourquoi étais-je en colère ? Sa question hurlait dans ma tête, et le grondement moqueur qui s'éleva de ma gorge m'évita toute futilité.

« Qu'est-ce que tu racontes. Pourquoi ? Tu m'as oublié. »

Un tout petit peu plus ; presque imperceptiblement, mes doigts se crispèrent contre son visage.

« Je t'ai pardonné, et socialement, humainement, cela n'a plus d'importance. Mais je me rends compte que ça a plus d'importance que ce que ça avait encore jusqu'à hier, quand je t'écoute aujourd'hui. Je me rends compte que j'ai parfaitement le droit d'être en colère et de ne pas te dire la vérité ; je peux te mentir, et te dire que c'est à cause des fleurs, alors que c'est sans doute à cause de Yui Valentine ou de Chess, je n'en sais rien. Pourquoi je suis en colère ? Parce que j'ai l'impression que tu essaies de m'apprendre quelque chose de très important, mais que tu es toi même incapable d'écouter ce que tu devrais respecter ou faire. J'ai l'impression que tu essaies de réparer tes erreurs en expliquant quelle est la bonne conduite, dans la vie ; que tu sais comment vivre de manière heureuse et sincère, mais que tu fais tout pour ne pas le faire. Je n'arrive pas à croire que tu puisses réellement te satisfaire d'un briquer, Lun Marv, quand je me rend compte à quel point tu attaches beaucoup plus d'importance à la personne en lui-même. Moi, il s'appelle Chess. S'il venait à disparaître, que je reçoive uniquement son livre, le sien, son Aliss, en me disant « Comme ça, je me souviendrais de lui », j'ai l'impression de me mentir à moi-même. Ce n'est pas avec des morceaux de mémoire, des morceaux du passé qu'on peut être heureux. Ce n'est pas avec une fibre d'un ami qu'on a un ami. Aliss ne vaut rien s'il n'y a pas Chess. Sans Chess, je ne connaitrais même pas ce livre. Alors que vaut un vêtement, un briquet, si la personne ne peut plus avoir cet objet ? Pourquoi est-ce que tu me dis ça ? Pourquoi est-ce que tu essaies de me faire croire qu'avec ce qui n'est pas la vérité, on peut avoir moins mal au cœur ? »


Je le lâchais.

« Si nous étions amis, et que je te donnais mon écharpe et que nous éloignions, je serais triste que tu te souviennes de moi grâce à cette écharpe, parce qu'elle te rappelle qui je peux être. Je serais triste de n'être pas plus qu'un petit rafistolage dans ton esprit ; quelque chose que tu trouves et dont tu te souviens par une association d'idée. J'aimerais prendre toute ta vie, toute ton cœur, toute ton âme. J'aimerais être assez égoïste pour que, si je viens à disparaître, tu n'aies pas besoin de cette écharpe pour te souvenir de moi. Simplement bien plus. »

Bien plus que des lambeaux, et même si « je me souviens d'eux grâce aux vêtements que je porte, qui leur appartiennent, grâce au briquet », était un message fort, il me semblait triste. Moqueur. Hypocrite, et désespéré. Mes poings se crispèrent, et je plissais les yeux, en interrogeant de toute mon âme Lun.

« Pour un ami, il faudrait se passer de souvenir. Oublier le passé, oublier le fait qu'il faut continuer et aller de l'avant. Il faudrait tout abandonner, arrêter de combattre, même si c'est injuste ; même si ça fait mal. Pour un ami, il faudrait être simplement là. Est-ce que tu as été là ? »

J'avais envie de croiser les bras, pour le contempler de ce regard moqueur, mais je tendais les bras, ouvrant les mains devant moi, pour recevoir un baptême aux nuances de flocons et de lumière blanche. Mes doigts et mes cheveux pointillés par les éclats du ciel ; j'ouvrais une vérité qui n'appartenait qu'à moi. Une vérité qu'il était libre de prendre, de comprendre.

« Un samouraï se doit d'être intime avec l'idée de la mort. Je crois que par rapport à beaucoup de gens de l'Académie, je crains peu la mort. Je n'ai pas peur de disparaître d'un coup. Il y a beaucoup de projets que j'ai mis en place, et que j'aimerais voir aboutir. Mais si je dois mourir, là maintenant, je ne peux pas dire que je suis attristé. Alors, oui, il y a des projets, de belles choses qui ne verront pas le jour. Il y a des rencontres qui ne se feront pas. Mais il y a ce que j'ai fait, aussi ; il y a ces amis que j'ai, et la vie que j'ai. Si je meurs, je ne serais plus leur ami. Mais aujourd'hui, en cet instant, je les aime, parce que j'existe et qu'il existe. Pas parce que je décide de me souvenir d'eux, mais parce que moi je suis là ; et que dans mon moi, il y a eu. C'est comme ça que ma vie se construit ; cet échange se base sur ce que je possède réellement ; ma vie. Elle ne se partage pas. Et c'est pareil pour eux ; je ne peux pas porter leur vie ; je ne peux pas emprunter leur vie. Ils sont là, je suis là, et c'est moi qui voit comment, par rapport à eux, je peux les faire exister ou exister pour eux. C'est être là quand nos vies se correspondent. C'est être l'un pour l'autre ce qu'il faut. Ce n'est pas décider d'être toujours là ; car on ne peut pas avoir la vie de l'autre. On ne peut pas être toujours là. Les fils ne sont pas liés ; ils ne sont même pas « un ». Il sont forcément deux, et ils s'entremêlent. Deux éléments différents ne peuvent pas s'assembler totalement, puisqu'ils sont deux dès le départ. Mais ils peuvent essayer. Ils peuvent créer quelque chose qui sera unique. »

Dans un chuintement sonore, je refermais mes poings, et ramenant mes bras, vint les croiser sur ma poitrine, pour fixer Lun, les sourcils froncés. Le vent avait constellé l'intérieur de mon écharpe de centaines de petites étoiles tranchantes de froid, qui collaient maintenant au tissus et à ma peau, dans une double surface à ma peau et mes vêtements. Je soupirais.

« J'ai faim. »





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MessageSujet: Re: Dessins égarés ~ Lun ~   Dessins égarés ~ Lun ~ - Page 2 EmptyVen 10 Mai 2013 - 16:08

Les colères de Lun Marv étaient aussi courtes, rares et inexistantes dans la vie de tous les jours que les éruptions volcaniques au centre de la France. Seuls les personnes pouvant se vanter d'être les amis très proches du garçon ou des ennemis dont la proximité étaient identiques pouvaient se vanter d'en avoir vu. Seulement, ils s'en passeraient bien pour la plupart : car face à eux, et surtout au début de leurs relations, elles étaient nombreuses, injustes, pleine d'inquiétude, de demandes de mots et de tests. Ne croyant pas être au même niveau que tous les autres et devant prouver qu'on va l'abandonner, Lun testait et testait encore les nerfs de ses camarades. Sans accepter pour autant qu'il fuit, car c'était lui ensuite qui allait les chercher.

Rares étaient les amis qui avaient surmontés cette étape. Kodaa, John, Shiki, Sora, et quelques rares autres avaient fini par prendre une place considérable dans le cercle de l'amitié. Même si Kodaa devenait de plus en plus un ami ambigu, comme l'était Jun Masato et auquel Lun ne savait plus vraiment si c'était de l'amitié ou de l'amour : et si l'Amitié pouvait alors résister aux sentiments amoureux.

Lun s'était relevé, laissant la main de Zakuro sur son visage alors que ses yeux verts se posèrent implacables sur le garçon. De tendresse, le regard en gardait un souffle, un souffle qui était l'âme du garçon. Le visage toutefois était autrement plus sérieux : le sourire avait disparu, les sourcils s'étaient froncés créant des rides d'expressions et augmentant l'effet vert d'une forêt profonde des iris du garçon. Sa bouche, légèrement sèche, dessinait un petit arc de cercle dont les pointes se terminaient en direction du sol : de la colère. C'était l'expression principal de son visage, alors qu'encore sous une certaine surprise, Lun absorbait les mots.

La main était sur son visage, légèrement crispé, elle lui faisait mal. D'un revers de la sienne, Lun la repoussa et l'attrapa. Il la garda, quelques secondes dans la sienne, écoutant le discours de l'autre. La poigne du garçon était forte, sans violence. De lui-même d'ailleurs, il relâcha Zakuro, et sans le quitter des yeux, il chercha dans sa poche de pantalon son paquet de clopes. Le réflexe était anodin et stupide mais Lun demeurait un cinglé de la nicotine et puisqu'il devait essayez de trouver un moyen de s'occuper l'esprit pour ne pas tourner les talons et fuir : son réflexe préféré et salutaire. Seulement, si Lun voulait fuir, actuellement : ce n'était pas pour échapper aux reproches de son ami. C'était uniquement car Lun ne voulait pas le blesser. Le blesser physiquement. Le jeune homme le savait : lorsqu'il sentait la colère monter en lui, il était capable d'en venir aux mains très rapidement. Et alors, peu importait qu'en fasse ce soit un niveau international d'un sport de combat, peu importait que ce soit la plus puissante des racailles : Sora en avait fait les frais, d'autres également : Lorsque Lun se mettait en colère, ce n'était pas un être humain qui se battait. C'était un animal sauvage qui même s'il prenait des coups, en donnait bien d'avantage. Et surtout, il visait là où on apprenait aux combattants à ne pas viser.
Le blond le savait, il ne se battait que peu. Il savait qu'il n'hésitait pas à mordre, à griffer, à pincer, à cracher, et le plus souvent à appuyer exactement où il fallait, sans même le savoir. Sans doute, car il est évident que n'importe qui, que l'épaule, le poignet, le cou, le sexe et les autres parties du corps où on est fragile : l'est également pour les autres personnes.

Lun émit un petit sourire, il l'émit ? Car un petit rire accompagna ce sourire. Là, il détesta Zakuro. De toutes son âme et de toute sa chair. Il le savait ! Lun savait bien que ce n'était pas en gardant un souvenir de Shiki chez lui, que ça lui permettrait de ne pas être malheureux en pensant au garçon. Il savait aussi que ce n'était pas le collier autour de son cou qui l'empêchait d'être en colère ou triste car il pensait à celui qui lui avait donné. De la même manière, et surtout :
Que Lun savait bien que ce n'était pas en gardant la poupée de Maeki, que son meilleur ami lui reviendrait.

Oui. Mais. Mais. Que lui restait-il d'autre ? Qu'est-ce que Maeki avait laissé à Lun de plus que des souvenirs, qui s'ils deviendraient un jour peut-être heureux, n'étaient pour l'instant qu'une vague de colère immonde qui renfermait son cœur comme la marée noire tue les animaux qui s'y trouvent ? Qu'est-ce que Lun avait de mieux pour se raccrocher, que ce collier face un ami absent qui ne donnait pas de nouvelle, que ce cadeau face à Shiki qui s'était éloigné de chacun pour vivre sa propre vie, et les souvenirs du Corbeau face à la mort de ce dernier ?
Lorsque Lun parlait de Maeki, il en parlait avec détachement. Il ne voulait pas accabler les autres, mais il avait besoin de l'évoquer. A dire vrai, il avait parfois juste l'envie de le tuer, de le tuer malgré qu'il soit mort. Il l'insultait le plus souvent, ou se moquait du fait que sa mort n'ai entrainé aucune peine dans le cœur des étudiants de l'académie qui ne l'aimaient pas. Personne n'aimait vraiment les amis de Lun, autant que Lun les aimait. Et ça, le gamin en avait la certitude.

Il avait aussi la certitude, que s'il ne se raccrochait pas à un objet physique, s'il ne gardait pas ces objets sur lui, il perdrait pied. Que lorsque ça n'allait pas, s'il n'avait pas le briquet de quelqu'un, lui rappelant des souvenirs, il ne s'en sortirait pas. L'exemple de Maeki en était un facile. Lorsque Lun sentait qu'il ne pensait qu'à lui et qu'il se tournait de plus en plus vers le monde des morts que vers celui des vivants, il allumait une clope :

Comme maintenant. Alors, son visage se calmait et sous la lueur d'une flamme orangée sortant d'un briquet violet, Lun se sentait relativement mieux. Ses cils battaient, sous l'impulsion de paupières qu'on ouvre et qu'on ferme, et son regard fixait avec tendresse cette flamme dont les reflets dansaient dans ses yeux.

Il est rare que je sois en colère. Là, je ne sais pas tellement ce que je ressens. Il parle, il parle, et il parle encore. Je ne lui ai pas demandé de juger mes propos. Certes. Il doit avoir le droit de donner son avis. Il me semble en tout cas, qu'il a le droit. Sauf que son avis me fait mal. C'est facile de faire mal, quand on sait utiliser les mots. Il suffit de bien les placer, de prendre une attitude qui va avec.
Je le sais, je blesse facilement. Sauf que le plus souvent, je ne le fais pas exprès. Je me souviens que l'autre jour, j'ai dit à un de mes amis : tu n'as rien d'intéressant à raconter ? Je lui disais cela, car nous étions tombé l'un sur l'autre par hasard (j'étais avec un pote commun et lui aussi, et ces derniers s'étaient donnés rendez-vous sans nous le dire.) Hors nos deux potes se sont éloignés pour discuter, et je me suis retrouvé seul avec mon ami. Comme il ne parlait pas, et que j'étais le seul à parler, j'ai eu la maladresse d'utiliser cette phrase.
Maladresse, car ce n'était pas méchant dans l'intention, mais lui l'adopta comme le fait que sa vie n'était pas intéressante. Vu qu'il manque de confiance en lui, que c'est un garçon brillant mais qui n'arrive pas à séduire les filles et qui a de gros problèmes d'argent pour payer Keimoo, il l'a d'autant mal pris.

Les mots blessent, les silences aussi. Au final, ce n'est jamais simple de savoir quoi dire. Alors je fume, et je l'écoute. A l'écouter, on dirait qu'il essaye de me sortir de ma torpeur, de mes pensées, de mes idées. A l'écouter, on dirait qu'il pense être dans un combat verbal contre moi qu'il veut gagner. Zakuro, Zakuro, Zakuro,
Je l'aime bien ce garçon dans le fond. Je ne sais pas tellement pourquoi. Il n'a rien de particuliers. C'est un rebelle, selon les dires des uns et des autres. Je le vois plutôt dans les sportifs. Un rebelle, ça ? Il faut dire que l'image que je me fais de la rébellion est loin d'un adolescent dont la confiance en lui passe souvent du moins cent au plus cent sans juste milieu.
Qu'est-ce que je lui trouve ? Il est attendrissant.

Même si sa tendance à voir certains comme des Dieux m'effrayent un peu. Je n'aime pas cette impression qu'il y a une distance entre les élèves et qu'on ne se voit pas tous à la même valeur. J'en avais discuté l'autre fois, avec un collègue de travail. Pour lui, le directeur du journal est une tête, et il a beaucoup plus de valeurs que nous. Pour moi, c'est un mec qui a bossé ou qui a eu de la chance, mais avec l'un ou l'autre, je pourrais parvenir à être au même niveau que lui. Ce qui ne me rendra pas supérieur, je serais un supérieur hiérarchique, mais dans la valeur humaine : nous demeurons au même stade.

Lun se perd dans ses idées, fumant sa clope. Il écoute d'un oreille sourde, un sourire doux sur le visage le garçon, la colère a disparu. Il l'écoute, sans l'écouter, perdu dans des pensées, des souvenirs. Lorsqu'il sent la colère augmenter, il se pose des questions dont le but n'est pas d'avoir la réponse. Il se demande qu'elle est la date de la première création d'une peinture trouvée, en dehors des préhistoriques, et si on peut considérer que l'Église a saccagé l'art lorsqu'elle obligea qu'on recouvre les peintures de leurs monuments où on voyait le sexe des personnages d'une feuille de vigne.

Non. Lun refusait de remettre en cause ses erreurs. Il refusait qu'on l'oblige à le faire. Il refusait tout simplement où devait aller cette conversation. Et c'était visible, dans son sourire, dans sa clope, dans le fait qu'il se soit levé, que la conversation n'irait pas vers la repentance.
Elle n'irait pas, car Lun avait déjà conscience de ses erreurs. Il n'avait pas conscience de celles que Zakuro lui reprochait. D'autant, que le garçon qui se sacrifiait continuellement pour ses amis, ne comprenait pas comment l'autre pouvait insinuer le contraire ?

Alors peu à peu, Lun se demande si Zakuro n'est pas qu'un égoïste. Cette pensée le frappe, comme par surprise, alors qu'il le fixe sans rien dire. Lun ne sait pas quoi répondre à cette question. Il lui semble que non, il n'a pas l'impression que l'autre le soit. Pourtant, il ne se pose des questions qu'aux travers de sa vie et de lui-même et il n'essaye pas de se placer …

A ma place ? Il n'essaye pas de se placer, à ma place. Cela dit, je ne pense pas que ce soit de l'égoïsme. Il essaye juste de répondre à une question, à la sienne, mais je ne la comprends pas. Je ne sais pas ce qu'il veut de moi et où il veut en venir. Je ne comprends pas ce qui lui pose problème et je ne peux donc pas l'aider. C'est un vrai problème auprès de ceux qui tournent toujours autour du pot.
Il voudrait qu'on devine, qu'on sache à leurs places, qu'on lisse dans leurs pensées. Toutefois, si les pensées avaient êtes faîtes pour être lues, nous ne serions pas les seuls à les entendre. Ce qui doit être dit, doit l'être. Et il ne faut pas passer par d'autres voies qui conduisent souvent vers l'incompréhension.

Les mots se suivaient, et Lun demeurait dans le silence. Incapable d'avoir un avis, incapable de penser. Il essayait, mais tout lui semblait flou. Il ne retenait qu'une chose : Pour un ami, il faudrait être simplement là. Est-ce que tu as été là ?

Shiki avait eu des problèmes, Lun n'avait pas vraiment su l'aider. Sora était allé dans la case Coma, et Lun n'avait pas su l'aider. Kodaa par celle de l'expulsion, même résultat du coté de Lun.

Maeki était mort. Pas Lun. Et Lun n'avait pas su l'aider.

Et Zakuro ? Lun cligna des yeux, le vent emmêlant ses cheveux. Quand devait-il aider Zakuro ? Il l'avait oublié ? Peut-être, sans doute. Comme on oublie un rendez-vous, ce n'est pas vraiment qu'on oublie la personne, c'est qu'on pense à autre chose. Lun n'avait pas oublié Zakuro, pas plus qu'il n'oubliait ses amis ou Jun Masato, il avait juste « pensé à autre chose. » Comme Zakuro ne devait pas penser à tous les gens qu'il connaissait en permanence, pendant les combats, pendant l'acte sexuel, pendant …

Lun soupira. Il était désolé. Désolé d'avoir blessé son ami. Toutefois, … le garçon écouta. Il était près à se mettre à table, à la table des excuses. A essayer de comprendre le samouraï.

Sauf que ce dernier ne lui en laissa pas le temps.

Si Lun n'exprimait plus de colère, il exprimait une certaine surprise. La mort habituée pour les samouraïs ? Crétin. C'était la seule pensée du jeune journaliste à l'instant. La mort ne devrait être habituel pour personne. Encore moins pour une jeune homme, qui était encore dans le fond qu'un enfant.
Qu'est-ce que Zakuro connaissait de la mort ?

De quel droit se permettait-il de dire qu'on ne serait plus ami, sous le prétexte que l'un est mort et l'autre vivant ? Les morts n'épousent pas les vivants, c'est une phrase des Noce Funèbre. Toutefois, la pensée des vivants envers ceux qui sont morts suffit à leurs garder un souffle de vie.

Sous la surprise, Lun ne savait ni comment réagir, ni quoi dire. Il se contentait de regarder un peu bêtement son camarade. Finalement, ce dernier termina son discours, et Lun laissa sa clope tomber sur le sol. Entièrement consommée.

Zakuro avait refermé ses poings, et ses bras, les croissant devant lui. Lun le fixait, écoutant le fait qu'il avait faim. Il avait faim ? C'était la conclusion de tous ses mots, de toutes sa colère qu'il venait de lui vomir à la figure sans explication, sans raison. Il lui crachait sa colère et il s'attendait à ce que Lun ne dise rien, ne fasse rien ? Qu'il se contente de lui proposer un hamburger ?

Les yeux de Lun se posèrent rapidement sur le garçon, il s'approcha, légèrement. Assez pour voir le froid qui se collait sur le garçon, alors que lui-même ne le ressentait pas. Les sentiments provoquent un très bon moyen d'augmenter la température corporelle.

Dans un bruit sonore et grave, le poing de Lun s'était écrasé sur le haut de la joue de Zakuro, profitant que ce dernier est les réflexes moins rapides par la propre position qu'il avait adopté.

Un seul coup, alors que le corps qui garçon vibrait de colère, les larmes ravalées. Lun ne pleurerait pas ! Il s'était assez humilié, avec Kodaa Lewi's. Il ne pleurait pas à nouveau. Il ne ferrait pas cet honneur à ce samouraï de pacotille.

« Si tu t'en fous de mourir aujourd'hui, si la mort te fais pas peur, si … » C'était des mots, des mots d'une phrase dite lentement malgré la colère qu'il ressentait, son index se dirigeant vers le haut du toit des immeubles.

« Si tu n'es pas triste de mourir, Zakuro-San. »

Lun fixa Zakuro, sa main revenant à lui, jouant dans ses cheveux, alors que son pas se détournait pour partir. Partir, rapidement. Toutefois, à demi-dissimulé sous ses cheveux, au trois quart tourné pour partir, il rejeta un coup d'œil en direction du garçon.

« Alors crèves ! »

Les mots étaient froids, durs, violents. Autant que le garçon pouvait les rendre à l'instant. Il ne se rendait guère compte de ce qu'il disait, la seule chose qu'il voulait : c'était blesser, blesser comme on venait de le blesser. Se venger, le plus rapidement possible, pour en finir le plus rapidement possible. Pour ne plus à avoir à garder contenance.

Alors pour éviter les larmes, Lun prenait une apparence plus froide, plus glacée et plus monstrueuse qu'il ne l'aurait voulu.

« Et cette fois, je t'oublierais vraiment ! »

La langue de Lun frappa sur son palais.

Il demeura ainsi, fixant l'autre, près partir, les yeux vibrant de colère et la main encore douloureuse. Et Lun le savait, au moindre mot de l'autre, il frapperait encore, encore et encore jusqu'à ce que Zakuro se taise.

Car, ce que Lun retenait de ce que Zakuro avait dit : c'est qu'il se fichait de mourir. Comme Maeki se fichait de mourir. Pour eux la mort, c'était juste la fin, et rien après. Ils ne se demandaient pas ce que les autres ressentaient. Ils se disaient juste, qu'on s'en remettrait : qu'on se remet de tout.

Des connards !

Ce n'était que des connards.

La peur de la mort, c'est la preuve qu'on aime la vie. La peur de l'abandon, c'est la preuve qu'on aime une personne. Et ne pas avoir peur, ce n'est pas être courageux. C'est être lâche, être un lâche qui a déjà abandonné le combat.


Dessins égarés ~ Lun ~ - Page 2 Sanstitre2log




1J'ai pas encore relu donc c'est plein de fautes, je t'adore x) ! Désolé du temps de réponse. C'est beaucoup moins longs (et tu peux répondre moins longs) car vu qu'il y a des ''actions'' je ne veux pas trop avancée, sans savoir les réactions de Zakuro.
Revenir en haut Aller en bas
Zakuro Fea
▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
Zakuro Fea


Genre : Non Binaire Lion Coq Age : 30
Adresse : 3, rue la Chance, app. 11, quartier Hiryuu, avec Lawrence E. Swanster.
Compteur 1580
Multicompte(s) : Kojiro Sekigahara

KMO
                                   :

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MessageSujet: Re: Dessins égarés ~ Lun ~   Dessins égarés ~ Lun ~ - Page 2 EmptyJeu 4 Juil 2013 - 1:10


    Le coup partit. Plus dur qu'une gifle de fille, moins violent qu'un réel coup de pratiquant, mais toujours aussi douloureux, quelque soit mon homologue. Je n'avais jamais aimé être giflé par les filles, parce qu'en général, elles pleuraient après. Et la gifle n'était que les prémices à ces douleurs qui te serraient ensuite la poitrine quand tu voyais les larmes couler sur leurs joues. Les coups de poings, les uppercuts, les crochets droits et les tsuki ne me faisaient pas mal, en général. Ils m'envoyaient une douleur, mais parce que je n'y attachais pas d'importance. Parce que dans mon quotidien de tatami, de claquement de sabres et de heurts de mains contre les mâchoires, poings fermés ou non, l'impact des phalanges ne me faisaient plus mal. Ne m'effrayaient et ne blessaient plus. Il y avait toujours quelqu'un pour frapper plus fort que moi, pour faire plus mal, et laisser plus de marques sur mon corps. Mais je ne considérais pas la sensation comme de la douleur, parce qu'à ce mot, j'avais attaché trop de sens péjoratif. Si j'avais mal sous un coup, j'oubliais le terme « mal » pour me concentrer sur la sensation, et ne m'accrocher qu'au fait que je sois vivant, et pratiquant.

    Non.
    J'avais l'orgueil, peut-être, de considérer que dans mon éducation martiale, je n'avais pas mal.

    « Si tu t'en fous de mourir aujourd'hui, si la mort te fais pas peur, si … »

    J'aurais du fermer les yeux, je pense. Fermer les yeux, plaquer mes mains contre mes oreilles, et me détourner pour ne plus voir et ne plus entendre. Plus rien de ce qu'il allait dire n'aurait pu me toucher si je l'avais totalement ignoré et dédaigné dans sa présence d'être, dans son existence et dans son fait de se tenir face à moi. Je ne voulais pas croire que c'était parce que j'avais provoqué, parce que j'avais dis ce qui m'avait semblé juste. J'avais ignoré, et délibérément les sentiments de Lun, parce qu'à mes yeux, ils avaient été injustes. On ne pouvait pas se permettre, à mes yeux, de dire qu'une amitié résidait dans le fait de porter le t-shirt d'un ami disparu. Je ne pouvais pas. Parce qu'un ami était tellement plus. Parce que porter ses affaires, c'était le remplacer par soi-même. Je ne pouvais pas accepter imaginer qu'en mourant, quelqu'un prenne mon sabre et se dise la preuve vivante que j'ai pu exister un jour. Je ne pouvais pas accepter n'être remplacé que par le souvenir. La mort, à mes yeux, résidait simplement dans ce fait de disparaître, indubitablement. Et devant toute la colère et l'incompréhension de Lun, je me rendais compte que mes mots, mes dires, mes faits et mes pensées ne tenaient pas la route. Je me rendais compte, foudroyé par ces yeux verts, qu'il y avait bien plus important, et que je ne m'en étais pas rendu compte. Et découvrir que j'avais loupé quelque chose, et que je sois incapable de mettre le doigt, et de poser les yeux sur tout ce qui animait la fureur au fond des yeux de Un venait lacérer ma poitrine, comme un chat rendu fou. Non. Non, je n'étais pas triste de mourir. Je refusais d'être triste. Je refusais de sentir. De ressentir. Parce que sinon, Lun, ce serait terriblement blessant. Parce que je mourrai dans l'erreur de ce que je ne voulais pas. Parce qu'en essayant de me convaincre, aussi indirectement soit-il, tu étais en train de me faire mal ? Non. Non, je ne voulais pas. Je ne voulais pas avoir mal. J'étais le plus fort, quelque part. J'étais le plus fort, parce que je n'avais pas peur de mourir, et parce que j'étais un samouraï. Parce qu'il n'y avait rien qui m'engageait, à par mes propres choix. Je refusais d'avoir mal. Non. Hors de question.

    « Si tu n'es pas triste de mourir, Zakuro-San. »

    Dans sa voix, il y avait eu comme le yame d'un arbitre trop accusateur. Et comme dans les combats, quelque soit la force de mon adversaire, quelque soit mon niveau par rapport au sien, je refusais de ressentir la douleur. Je refusais d'avoir mal, quelque soit la violence du coup. Je le refusais.

    « Alors crèves ! Et cette fois, je t'oublierais vraiment ! »


    Indubitablement, j'avais mal.

    Je n'avais pas relevé les yeux. J'avais baissé mes prunelles sur le sol, pour ne pas l'offenser, et j'avais attendu une seconde. Une seconde. Une seconde terrifiante, dans laquelle bouillonnait toute mon incompréhension, toute la violence de la chose. À n'en pas douter, le fait qu'il me touche était dégueulasse, énervante, et il s'en était fallu d'un cheveu pour que je n'explose mon genou contre son plexus, achevant le mouvement d'une harmonie de combat par mes phalanges refermées dans sa mâchoire. Il s'en était fallu d'un cheveu pour que je ne brise les règles d'une norme sociétale qui ne me permettait pas de frapper. Quelque part, dans un pays qui n'était pas le mien, dans un livre de religion qui ne m'appartenait pas, quelqu'un avait dit « si l'on te frappe sur la joue, tend l'autres ». Quelqu'un avait dit ça. Cet homme là ne devait pas connaître l'honneur des heures de Tokigawa. Mais moi non plus je ne pouvais plus me borner sur le bushido. Pas en cet instant. Parce que le garçon qui venait de me frapper était étranger, et que de par mes yeux bleus, j'appartenais autant à ce monde extérieur que je réfutais. J'avais attendu cette seconde terrifiante, et voyant qu'il ne rajoutait rien, avait salué brièvement, en baissant la tête, puis l'avais contourné, pour ne plus le regarder, et ne plus lui adresser la parole. J'avais crispé les mâchoires, ignorant la sensation perfide sur ma joue, ignorant l'élancement et la rougeur qui devait être en train d'y naître. J'avais contourné le blond aux yeux verts, relevant mes yeux pour contempler ce qu'il y avait derrière lui, et j'avais avancé sur ce à quoi il tournait le dos.

    Entrouvrant mes lèvres, j'inspirais.
    Lun était loin derrière moi, maintenant. Abandonné derrière moi, moi derrière lui, avec tous nos sourires et la tranquillité de nos premiers propos. Son premier sourire lorsqu'il m'avait regardé était bien loin, maintenant. Bien loin, emporté par l'hiver, un peu comme les fleurs de sakura. Le froid avait anesthésié ma joue endolorie, et les élèves piaillant avaient un peu disparus. Certains restaient comme des tâches sombres, autour de moi, mais suffisamment loin pour que je n'en touche aucun. Aucun d'entre eux. Le frisson de colère qui secouait mon corps n'était rien d'autre que de la frustration, m'assurai-je, en marchant à pas lent. De la frustration qui se dissiperait lorsque j'aurais réussi à me persuader que j'avais raison, et pas lui. Il ne pouvait pas avoir raison. Il ne pouvait pas dire que c'était bien d'avoir peur de la mort. Il ne pouvait pas dire que c'était important de s'attacher à la vie. Il n'en avait pas le droit. Parce qu'en agissant ainsi, il détruisait toutes mes barrières. En démystifiant mes pensées, mes codes d'honneur, en m'imposant sa réalité, la réalité, en m'imposant la mort comme quelque chose d'existant, il imposait l'idée que je puisse mourir. Que je puisse disparaître en ayant conscience, sans doute, d'avoir fuit, échappé, ou raté certaines choses. D'avoir commis des erreurs, d'avoir subi des échecs. En m'imposant cette idée d'une mort qui existait et qu'il fallait considérer, Lun Marv me rendait profondément malheureux.
    Mon poing s'écrasa contre l'écorce d'un sapin, explosant le gel et la surface tendre de l'arbre.

    (…)

    2 ans plus tard.

    L'effervescence de la ville agitée de Keimoo me faisait poser les yeux sur le mouvement, où que je tourne le regard. La foule s'agitait, grondait, se disloquait, pour ne devenir que des résidus de débordement, et les humains bougeaient dans tous les sens. Les voitures klaxonnaient, dans les résonances aux cris des hommes, ou des mamans qui ordonnaient aux enfants de ne pas courir, les bruits des centaines de milliers de pas qui claquaient sur le sol, les bouches qui remuaient dans tous les sens, … Du bruit. Du bruit, partout, du mouvement, de la gesticulation, et le tout dans la normalité d'une société urbaine.
    Assis sur un trottoir, un plat froid de ramen dans les mains, mon sac remplis de mes affaires scolaires posé à côté de moi, je contemplais le monde. Les yeux ouverts, mes cheveux ramenés en arrière, je ne faisais pas en sorte de passer pour un SDF, et souriant aux gens qui, -pour ceux qui se  donnaient la peine-, posaient sur moi un regard étonné, je secouais la tête, n'hésitant pas à rire devant les commentaires surpris de ceux qui me demandaient si j'avais un problème. Le plat instantané en lui-même, que je venais de m'acheter, jouait un rôle particulièrement important, car depuis que je me l'étais acheté, les gens s'approchaient beaucoup moins de moi. Non, messieurs dames, je n'avais pas besoin de votre argent, ni de votre condescendance. J'avais tout simplement une flemme épouvantable à me chercher un banc. Et puis, tout l'intérêt de ma distraction relevait du fait de ma contemplation d'en bas. Assis sur ce trottoir que vous fouliez, j'observais mes chaussures, comme vous pouviez regarder les miennes ; mes Doc Martens, aux semelles abimées, mais au cuir entretenu. Je surveillais vos pantalons et vos jupes, tout comme vous pouviez poser le regard sur mes hanches habillées par un jean sombre, mais pas sale. Non, je n'étais pas un SDF, messieurs dames. Nope. J'étais étudiant, et s'il le fallait, je vous sortais mon cours d'économie, pour vous le balancer à la tête. Apportant les nouilles à ma bouche, souriant, je contemplais les hauts de cette foule bigarrée. Moi, je portais un sweat à capuche. Bleu-gris, dans sa nuance un peu délavée. Contre le mur blanc, avec mon cartable d'écolier, ma gueule souriante, et mes ramens, non, je ne voulais et ne pouvais pas ressembler à un SDF. Simplement à quelqu'un, un japonais, sans doute, un peu bizarre, un peu excentrique. S'asseyait-on sur le sol, pour manger ses nouilles instantanées ? Heh. Sur mes lèvres, le doute de toutes les questions qu'il fallait se poser, déchiffré en un sourire. Un simple sourire, qui gardait à distance les gens trop observateurs.

    Le monde et son mouvement, la ville et sa cadence, dans leurs paradoxes et leurs liens, m'intéressaient. Ne me fascinaient certainement pas comme il l'aurait certainement été sur le cas Mitsumasa, mais j'avais accroché cet intérêt, un simple intérêt, et je voulais simplement regarder. Quoi ? La ville. Je voulais regarder le quotidien de ces gens, qui passaient autour de moi. Terminant mes ramens, je me relevais finalement, considérant que j'occupais depuis trop longtemps la place, et que j'avais besoin de bouger, de remuer, en me prêtant à ce jeu de mouvement. Ramenant la sangle de mon sac sur mon épaule, me levant, en étirant mon dos, je m'approchais d'une poubelle, pour y jeter la boite de ramen et ses couverts en plastique. Le temps que je me retourne suffit au destin à se la jouer comique, et dans la perception d'une pensée, dans la caresse d'une existence, mon œil accrocha le souvenir d'un visage, ma pensée s'éclata sur la reconnaissance de ces traits. Sans bouger, sans même me manifester, au milieu de la foule, je regardais Lun Marv passer à côté de moi. Je le suivais des yeux, des fois que je me serai trompé. Mais j'avais imprimé, enregistré, vu, et reconnu ces yeux verts, ces cheveux blond et ce visage trop différent du flot japonais.
    Je me rendis compte que je me mordais la joue lorsque le sang vint informer ma langue de sa propre amertume féodale. Remontant la sangle de mon sac sur mon épaule, sans réellement prendre le temps de réfléchir, je remontais à contre courant la foule, suivant indéniablement le parcours de Marv. Plusieurs, peut-être trop, corps s'étaient placés entre celui de lun et du mien. Trop peu pour que je ne le perde pas de vu, assez pour pouvoir me soustraire si lui venait l'idée de se retourner. J'étais gêné à l'idée qu'il puisse me voir. Je voulais le toucher, lui parler, mais avant tout, je voulais que cela se fasse de face, que je me montre, et pas qu'il me surprenne. Alors j'avançais, naturel, au milieu des autres, un peu plus grand, certes, mais brun. Lui, avec sa blondeur, il était une petite bougie qu'on remarquait facilement.

    Tapotant contre ma hanche avec mon portable, j'observais lun prendre la direction du centre-ville. Je le suivais, amusé comme un gosse qui jouerait à Sherlock Holmes, ou à Conan Edogawa. Shinichi Kudo peu amateur de foot, je me glissais sur ses pas, veillant à ma discrétion, mais au final, si peu amusé de l'acte, de la chose en elle-même. Si coup de poing avait deux ans, la frustration n'était pas digérée. Dissipée dans son essence pour ce qu'elle avait été, elle s'était transformé. De la rencontre que j'avais gardé en souvenir de Lun Marv, j'avais la sensation de n'avoir jamais réellement tourné la page correctement. Je n'avais eu que trop peu l'occasion de le rapprocher, par la suite, et je ne m'étais jamais saisi de la chance. J'avais toujours esquivé, feinté, pour ne plus lui parler. Par crainte et colère. Peut-être.
    Puis, il y avait eu Chess.
    Autour de nous, les tramways se mirent à défiler.
    La mort et lun étaient deux concepts, deux idées, deux existences, qui l'une et l'autre, s'étaient attachées dans ma perception. Certainement, l'individu Marv avait du connaître bien plus que moi la mort de personnes dont il était proche. Et de ce fait, en prenant conscience que j'avais été injuste et cruel en imposant la dictature de mes idées féodale, je considérais que je devais certainement m'excuser auprès de lui. Il y avait cependant ces événements dans la vie qui faisaient paraître claires les idées, les pensées, mais la réalisation des gestes restait sombre. Nébuleuse. Presque inaccessible, en fait.
    Dans des cliquètements, les tramways démarraient tout autour de nous, et je regardais Lun, de loin. La mélancolie que m'apportait cet homme, je crois que je l'appréciais. Oui, j'appréciais cette mélancolie. Parce que je pensais que ressentir autre chose que de la mélancolie à notre égard aurait été le signe que j'avais stagné, et que je n'avais pas changé. En deux ans, pourtant, j'avais grandi, dans tous les sens, mais j'appartenais à un passé que je devais assumer, et lun était de ces souvenirs que je ne voulais pas se voir oublier dans la honte de mes propres erreurs. Je refermais mes doigts sur mon portable. Non. Lun était important à mes yeux, parce qu'il restait accroché à mon cœur, quand bien même c'était moi qui m'était conduit en petit con. Le premier. Peut-être n'aurait-il pas du me frapper. Un sourire étira doucement mes lèvres, et je regardais autour de moi. Peut-être prendrait t-il le prochain tramway, hm ? Aurais-je le temps de m'approcher, de lui présenter mes excuses ? Les gens bougeaient, tout autour de moi, tout autour de lui, et je restais une seconde pensif, choisissant instinctivement de faire réagir l'écran tactile de mon portable. Tournant finalement sur la gauche, vérifiant que lun ne me regardait pas, je traversais les rames, pour rejoindre l'autre côté du quai des tramway, laissant un léger sentiment de satisfaction me courir dans la poitrine, quand le soleil vint réchauffer mes joues. Nous nous étions quittés sur un au revoir gelé, sur une ambiance glaciale, et sur un ciel d'hiver. L'été approchait. J'envisageais les choses de manière cycliques.
    Me rangeant sur le rebord, perdu au milieu des autres personnes qui attendaient leur tram, je relevais les yeux sur lun, qui ne semblait pas s'écarter. Bien. Je choisissais la fonction des messages, dans mon portable, et tapotant mon sms, l'envoyait, presque rêveur de la chose.


    // From : Litchi
    To : Chess

    13:54:38
    Eyh, toi.
    Si je ne survis pas à ce que je vais faire, tu m'en veux beaucoup ? Faudrait que tu viennes me ramasser à la petite cuillère. Oh, et pour mon âme. Quoique ce sera sans doute trop tard.
    Tu essaies avec la bouche, hein ? Des fois que tu y arriverais. //



    Jetant un coup d'oeil sur l'écran qui annonçait les horaires d'arrivés des tramway, j'inspirais. Tu es complètement con, Zakuro. Complètement con. Je glissais ma chaussure sur le rebord, laissant un coup de vent secouer mes mèches devant mes yeux. A côté de moi, un vieil homme en costard ouvrant un gigantesque journal, ses yeux, derrière ses lunettes en métal, se posant avec soin sur les mots qu'il lut. Je reportais mon attention sur Lun. Je me demande ce qui se serait passé si je l'avais frappé à mon tour. Je m'en serais certainement bien plus voulu que ce que je pouvais ressentir en cet instant là. Il n'empêchait que la douleur dans ma poitrine existait. J'eus un vague souvenir de ce que j'avais ressenti à ce moment là. Le déni de la douleur. Le refus d'avoir mal. Heh. Voilà un mensonge dans lequel je m'étais trop caché, peut-être. Si je mourrai aujourd'hui, est-ce que je serais triste ?
    Le tram dans lequel monterait Lun arriverait avant celui-ci. Une minute d'écart. Ce serait amplement suffisant, songeais-je, en laissant une moue un peu boudeuse apparaître sur mon visage. Ce serait amplement suffisant pour être royalement con. Mais aussi royalement humain. Dégonflant mes lèvres, je les étirais finalement en un sourire pensif. Au coin de la rue, dans un sifflement annonciateur de son arrivée, le tramway apparut. Je l'observais, et j'observais les gens se lever des bancs, pour se préparer à monter dans le tram. Je tournais les yeux vers le jeune homme blond.

    « Eyh ! Eyh ! Lun ! Lun Marv ! Oh ! »

    Agitant le bras, je fis en sorte qu'il me voit, qu'il me regarde, et je lui souriais. M'assurant d'avoir son attention, récitant bêtement dans ma tête un « namu amida butsu » qui me fit plus flipper qu'autre chose, je m'avançais sur les rames, quittant le quai, descendant sur la voie. D'un pas. Personne ne fit réellement attention à moi. Jusqu'à ce que le second tram, dans mon sens, cette fois, n'apparaisse. Il y eut une question, discrète, presque timide, que quelqu'un m'adressa. Je rangeais mon portable dans ma poche, avançant d'un autre pas, tournant le visage vers le tram côté lun qui arrivait. Le tram qui se mit à furieusement clignoter et siffler. Des gens paniquèrent, et quelqu'un se mit à hurler. Dans ma tête, les prières se tûrent, j'abandonnais mon sourire, pour me concentrer sur une dimension qui m'apparut être le parfait mélange de lucidité et d'ivresse mentale, et je plongeais en avant. Je plongeais en avant, me fondant dans cette aspiration de vent, dans ce mouvement du tout et du vide à la fois, dans cette caresse du gigantesque qui côtoie le minuscule. Dans ce suicide désorganisé. Mon sac fut le premier à heurter l'avant du tram. Mon sac bougea, s'arrachant de mon épaule, s'envolant, et s'éventra. Je vis le ciel pleurer des pages d'économie sociale et de mathématiques, des dessins griffonnés, des livres et des crayons bousculés par le temps et l'espace, pleurés par un ciel bleu. Mon sac fut le premier à toucher ce tram, et ce fut aussi le dernier. Tombant sur les genoux, explosant mes rotules contre le sol, je me relevais immédiatement, grisé par l'adrénaline qui déferlait dans mon corps. Mon premier réflexe consista à tendre les mains devant moi, et considérer que je possédais encore un corps. Le second, fut de me retourner, et d'observer ce massacre de mon cartable, ces feuilles et ces dessins égarés par la violence du geste assurément inconsidéré, et ces visages choqués, horrifiés. Ces regards qui allaient de l'avant du tram qui se mit enfin à freiner, à moi, et ma vie possédée, reconnue, et désirée. Le cœur massacrant de son rythme l'intérieur de ma cage thoracique, je tendais la main, récupérais le poignet de Lun, pour lui sourire sans réellement m'en rendre compte, et lui intimer de me suivre, de nous écarter. Je ne courrais pas, mais j'en mourais d'envie. Je voulais, et devais m'éloigner des trams, mais maintenant, entre mes doigts, il y avait Lun et tout ce qu'il pouvait me dire. Me parlait t-il ? Je l'ignorais. Je souriais comme un débile, ébahi d'être en vie, charmé, ravi, et simplement heureux. Peut-être était t-il silencieux ?

    Lorsque j'eus mis assez de distance entre le lieu de mes petites folies suicidaires, et moi, je cessais de marcher, lâchais lun, et me pliais en deux, pour respirer d'un grand coup. Tout l'air qui emplit mes poumons me brûla de l'intérieur, et je me relevais lentement, une étrange douleur au niveau de la poitrine. Indubitablement vivant. Vivant. J'avais envie d'épingler ce mot sur mon front, et de le river dans les yeux de Lun. Je plongeais mes prunelles bleues dans son univers vert. À la place, je refermais le poing, le levais, et vint le poser près de l'emplacement du cœur de Lun.

    « Si je devais mourir aujourd'hui, est-ce que je serais triste ? Oui ! Oui, parce que tu ne peux pas savoir à quel point je suis amoureux d'énormément de choses, et que je ne veux pas partir sur un sentiment de défaite. Je ne veux plus perdre, et j'ai trop d'amis avec qui vivre des centaines de choses pour pouvoir me permettre de dire que je ne serais pas triste de mourir aujourd'hui. J'ai … je te demande pardon. Des réponses que je t'ai fourni la dernières fois. Ces réponses là étaient fausses. Je suis désolé. Je te présente mes excuses, Lun. »
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MessageSujet: Re: Dessins égarés ~ Lun ~   Dessins égarés ~ Lun ~ - Page 2 EmptyJeu 11 Juil 2013 - 20:34


La chaleur était étouffante, accentuée par l’humidité et la moiteur de la ville où l’ombre et la végétation manquaient. Les affaires d’hiver avaient été remplacé par celles du printemps. Les étudiants tentaient de cacher leurs transpirations et l’odeur par des déodorants dont les effluves flottaient dans l’air de manière nauséabonde.
Lui, il se tenait sur le quai du tram, sans raison précise. Il attendait celui qui allait venir ; ou descendait de celui qui venait de partir. Il se tenait sur le quai de la vie sans raison précise. Sa silhouette fine cachée sous un tee-shirt trop large, dont un début d’auréole, sous les bras, du à la transpiration commençait à apparaître.
Il avait chaud, trop chaud, au point que son visage était légèrement brillant. Lun Marv n’avait jamais supporté les fortes chaleurs, encore moins lorsqu’elles commençaient à apparaître. Il avait déjà attrapé, des coups de soleil, durant la semaine et son épaule avait pelé un peu. Il n’aimait pas ce bronzage parsemé de tâches plus blanches provoqués par le coup de soleil. Il n’aimait pas sentir ses mains devenir moites dès qu’il tenait trop longtemps ses poings fermés ou un objet entre elles.
Il n’aimait pas sentir la fumée de ses cigarettes lui brûler le fond de la gorge pas assez humide. Toutefois il aimait l’été. Il aimait ce mois de juillet avec ces fleurs de cerisier, ses jupes et ses boissons fraîches.

Sa copine travaillait à l’hôpital et Lun se demanda s’il pouvait aller la rejoindre. Elle était à l’association pour une cause qui le dépassait et dont il se fichait ; mais il savait que ça lui tenait à cœur. Il se demanda s’il devait envoyé un message à un ami, il avait vu la plupart d’entre eux tout au long de la semaine. A moins qu’il ne devait aller chercher en avance ces enfants au centre de loisir. Sauf que Judith lui avait dit le matin même qu’ils partaient à la fête foraine.
D’ailleurs, Judith lui avait aussi demandé de faire des courses. C’était pour ça qu’il s’était retrouvé sur ce quai. Il lui semblait. Seulement, Lun ne savait pas s’il avait envie de faire des courses : il avait trop chaud. Devait-il aller étudier ou rentrer. L’hésitation l’obligeait à rester immobile, légèrement abrité par l’ombre des bâtiments. Devait-il rentrer à pied, ou prendre un autre tram pour le centre-ville ? Devait-il aller au centre commercial ou à la bibliothèque ? Est-ce que Elyott avait reçu sa lettre.

Est-ce que Elyott avait reçu sa lettre ? Et … Lun avait fait quelque chose d’affreux. Quelque chose de si affreux qu’il ne pourrait plus jamais revenir en arrière. Cela n’avait rien à voir avec Elyott, et pourtant le garçon, ne pouvait s’empêcher de l’associer. Si quelqu’un, tel que son ancien ami l’apprenait, si quelqu’un comme ces amis l’apprenaient, alors il ne serait plus jamais capable de se regarder en face. C’était déjà le cas.
Lun eu envie de prendre une douche. Il devait se laver. Il devait nettoyer ces mains, son corps, son visage. Il devait essayer d’enlever ce qu’il avait fait, car sinon. Sinon, il était certain que les autres devineraient. Le pire, c’est que souvent, il oubliait ce qu’il avait fait.

Le journaliste redressa les yeux vers le ciel, son regard tendre se perdant un peu plus dans ses pensées. Souvent Lun avait pensé à Zakuro sans oser aller le trouver pour s’expliquer sur ce fameux soir où l’anglais avait frappé le japonais et s’était montré particulièrement odieux. L’homme s’était dit que le garçon ne lui avait pas pardonné ses mots et son geste déplacés et que ça ne servait à rien d’aller vers lui. Que c’était trop tard. Il avait songé à s’excuser sans parvenir à le faire. Il s’était trop souvent excusé auprès d’autres personnes pour en avoir le cœur brisé. Ils étaient amis, autrefois. Il lui semblait. Est-ce que c’était vraiment de l’amitié ?
Finalement, il ne l’avait jamais oublié. La séparation, sous forme de dispute, avait laissé des traces. Lun se sentait responsable de celle-ci. Il avait provoqué l’engueulade.
Zakuro avait voulu être son ami et Lun s’était permis de le juger, de le critiquer, de le frapper et de s’en prendre à lui. Il n’était pas foutu de garder son calme.
Avait-il changé en deux ans ?

Deux ans étaient passé depuis la dernière fois où il avait parlé au jeune homme. Deux longues années qui avaient fait penser à Lun que cette histoire était totalement terminée.

Ce fut pour cette raison que lorsque Lun entendit son prénom et son nom de famille, il ne pensa pas une seconde à Zakuro et regarda surpris en direction de la voix qui l’appelait. Qui pouvait ainsi crier après lui, de manière si peu distraite, obligeant les gens à les fixer : et les étudiants de l’académie présents à se tourner, amusés, curieux, agacés ou indifférents au spectacle. Etrangement, Lun senti une rougeur naître sur ces deux joues. Il était gêné, d’être ainsi appelé. Généralement, c’état lui qui allait vers les autres … Et puis. C’était cette voix qui le gênait. Cette voix où il n’arrivait pas à mettre un nom dessus.
Ce fut pour cette raison, que lorsqu’il vit Zakuro, ces deux yeux de jade s’éclairèrent candidement sous la surprise et qu’il demeura comme pétrifié, ses mèches blondes s’envolant sous le peu de vent que le mois de juillet offrait. La chaleur était étouffante, insoutenable, et le garçon avait l’impression qu’il allait mourir.
Il entendit des rires de filles derrière lui, le bruit d’un appareil photo. Sans doute quelques groupies amusés par une scène les dépassant. Lun avait aussi remarqué cela : sa popularité était différente d’autrefois. Elle était moins grande mais plus puissante sur ceux qui restaient. Ses écrits dans le journal de la ville commençait à se faire connaître et il y avait enfin une raison de l’aimer en dehors de ses aspects rebelles. De l’aimer pour une part de lui-même.

Son tee-shirt et son bermuda lui tenaient toujours trop chaud, et pourtant, il eu un frisson en voyant Zakuro se rapprocher de lui. Un instant, l’anglais songea à fuir, mais pour quelles raisons aurait-il fuit ? Lun frissonna encore, son instinct lui disant pourtant de ne pas demeurer là, il fixer son ancien ami avec cet air perdu.

Son esprit pourtant ne criait qu’un type de phrase : lâche-moi ! Pars ! Ne t’approche pas !

Mais l’autre s’approchait, au milieu des rails, au milieu du danger. Et Lun, au lieu de le faire partir, le fixait. Se demandant ce que comptait faire le jeune Samouraï. Il compris, un peu tard, le voyant passer trop près de la mort.

Pendant une seconde, une seconde entière, Lun pensa que Zakuro avait voulu mourir devant lui pour lui prouver qu’il n’avait ni peur, ni n’était triste de l’idée de la mort. Lun pensa perdre un autre de ses amis. Il pensa que c’était fini.

Qu’il lui faudrait vivre avec ça.

Le garçon ne vit pas que Zakuro se rapprochait de lui, trop perdu dans l’idée qu’il venait d’être un assassin. Il venait de tuer Zakuro ?

Une main se posa sur son poignet et Lun senti qu’on l’entraînait. Le garçon, manqua de tomber, tant il ne s’attendait pas à être tiré. Pourtant, il ne fit aucun mouvement pour repousser Zakuro, se débattre et n’eu que la réaction, assez simple, de le suivre. Son regard, toujours aussi surpris, posé sur la crinière brune devant lui.

Lun aurait pensé que le samouraïs l’avait oublié. Que venait-il de se passer ? Zakuro voulait-il les venger ou est-ce que quelque chose de grave était arrivé à leurs amis en commun ? Qu’est-ce qui avait fait, qu’aujourd’hui, contrairement à tous les autres jours, le Japonais ne détourne pas son regard de lui et ne parte pas dans la direction opposée.

Il se souvenait qu’ils s’étaient tous les deux longuement parlé, la dernière fois, et que Zakuro lui avait cité tellement d’amis et de personnes proches de lui, que l’anglais avait eu l’impression de n’être personne. Personne pour Zakuro, personne pour les gens qui l’aimaient. Il n’était à ses yeux qu’un pote parmi tous les autres amis.

Ils s’arrêtèrent.

Le cœur de Lun battait la chamade. Il sentait chaque battement plus fort que les autres. L’anglais se demandait s’il allait se faire frapper, disputer et ce qui pouvait se passer dans la tête de son ancien ami ? Au lieu de ça, il entendit des mots, des mots qui se suivaient, rapides, surs, comme un discours que Zakuro aurait longuement répété dans sa tête avant de lui dire. Etourdi, Lun entendait chaque mot, et prenait conscience de ce qu’ils signifiaient. C’était des excuses.

Il devait aussi s’excuser. Cela, Lun le savait. Il le savait et pourtant, il en était incapable. Malgré lui, il demeurait à fixer bêtement Zakuro, ses yeux toujours choqué d’avoir été tiré, au travers de la foule, de ce contact physique, qu’il n’avait pas lui-même imposé. De cette maison fraîche sur sa peau trop chaude.

Ce ne fut qu’une seconde de silence, entre eux deux. Les bras de Lun s’étaient tendus, enlaçant le cou du jeune homme, sa tête tombant sur son épaule, ses yeux se fermant, alors qu’il respirait son odeur. Son cœur battant la chamade tentait de se calmer au milieu de ses émotions.

Zakuro ne l’avait pas oublié. Zakuro ne l’avait pas rayé de sa vie. Il s’était excusé, il avait essayé de le comprendre. Deux ans. Deux ans qu’ils s’étaient perdu de vue et Lun avait le sentiment que la dispute datait d’hier.

Ces doigts s’agrippèrent sur le haut de l’autre dans cette étreinte.

‘‘T’es … vraiment con.’’

Lun se redressa, une part de lui manqua de se mettre à pleurer, au lieu de cela, il se mit à rire. Il avait un peu de mal à respirer, tentant de le dissimuler l’air de rien. La course l’avait surpris, son cœur s’était emballée sous l’émotion, et avait doublé en intensité sous l’effort. La main de Lun se posa sur son front, qu’il senti légèrement collant. Cette pensée l’agaça, il aurait aimé être comme dans ces maudits films, où on ne transpire pas et où ne voit jamais le héro aller au toilette et se retrouver dans la merde car il n’y a rien pour se nettoyer.

‘‘J’ai soif.’’ Murmura le blond, entre deux respirations.

‘‘Je …’’

Lun se mordit la lèvre. Il n’y arrivait. Il n’y arriverait pas. Il voulait s’excuser, dire qu’il était jaloux de Zakuro. Lui parler de Maeki, de cette époque-là. Lui dire les raisons qui l’avait fait se mettre en colère. Lui expliquer qu’il trouvait ça courageux de dire qu’on a peur de mourir, même s’il faut être un peu triste à l’idée de la mort. Il voudrait lui parler de tout cela.

Il ne peut pas. Alors, il s’assoie, cachant son visage entre ses bras, semblant reprendre sa respiration. Et c’est une voix, légèrement cassée qui raisonne :

‘‘… T’es complétement débile.’’

Et Lun le pensait sincèrement. Bordel, si Zakuro voulait lui parler et s’excuser, un simple SMS aurait suffit, il n’avait pas besoin de mettre sa vie en danger. Il n’avait pas besoin de …, des larmes coulent sur les joues de Lun, qu’il ne peut retenir, qu’il ne peut empêcher. Etait-il fou ? Etait-il complétement fou ?

Le garçon frotte ses yeux contre son bras, les efface, il n’est pas question de pleurer maintenant. Il se remet à rire, plus joyeusement cette fois-ci.

‘‘Bordel, tu as vraiment foutu la pétoche à tous les gens sur le quai. T’es dingue, tu sais ? Et tu as grandi.  Trop. Deux ans, bordel. Zak, ça doit faire deux ans que tu ne m’as pas adressé la parole, ni pardonné pour ce que j’avais fait. Et le seul moyen que tu trouves pour le faire, c’est de provoquer la panique dans un tram un jour de canicule ?

Dis-moi, depuis quand es-tu passé de petit garçon à rebelle ?’’ Questionna malicieusement le blond, cessant enfin de parler.  







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Zakuro Fea
▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
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MessageSujet: Re: Dessins égarés ~ Lun ~   Dessins égarés ~ Lun ~ - Page 2 EmptySam 3 Aoû 2013 - 3:58




    Un instant. Oh, un si bref instant. Un instant d'obscurité, d'incertitude et de frissons. Un instant qui me hurlait ce souvenir de la neige qui tombait sur nos fronts. Une neige qui venait refermer la douleur brûlante de sa morsure sur mes bras, me faisant oublier le soleil et son contact apoplectique sur le monde, sur cet univers duquel il propageait son existence ; et les vibrations éclatantes de sa vie à notre égard. J'oubliais. J'oubliais, pour me souvenir quand le garçon aux yeux verts referma ses bras sur moi. C'était simple, c'était humain, et ça me suffit totalement. C'était Otsû, c'était Takezo, c'était pur, mais simple, et c'était suffisant. C'était ces retrouvailles d'une rencontre construite sur des mots, des sourires, un contact, et l'image, peut-être, d'une cigarette qui roule sous le vent. Un instant brisé, massacré, dissipé par cette étreinte. Alors ne pas pleurer et ignorer la neige pour revenir sous le soleil devint un obstacle suffisant pour que j'ai simplement envie de le surmonter, et de lever la main, pour venir la poser sur l'épaule de lun. S'accrocher à ce passé qui fondaient nos souvenirs et construisait notre manière d'envisager le présent pour l'appréhension de l'avenir était important à mes yeux. Comme les promesses, comme les sourires et les murmures.

    « T’es … vraiment con. »

    Mes doigts se crispèrent sur le tissu qui couvrait son épaule, accentuant le sourire qui vint barrer mon visage. Absolument. Et tellement con. Mais quel con. Le plus grand à mes yeux. Moi-même. Un ricanement glissa entre mes lèvres, et je l'observais reculer. Dis, lun, tu regardes ce que j'aimerais regarder avec des yeux différents des miens. Ma vie. J'aimerais bien regarder ma vie, puisque j'étais né avec des prunelles créées pour regarder celles des autres. Les yeux étaient faits pour observer les autres, n'est-ce pas ? Des yeux pour regarder les autres, des yeux pour comprendre le monde, mais des yeux incapables de se tourner vers l'être qui les possédait. Les miroirs était l'invention de l'homme qui avait voulu se contempler et se comprendre. Les miroirs étaient l'invention des gens qui avaient voulu se regarder. Voir et regarder ; je voyais l'instant, mais je regardais lun, époustouflé, ravi, et choqué par ma propre débilité. Le train avait sifflé à m'en mettre la chair de poil, et chaque pores de ma peau s'était dilaté, dans la réactivité sensorielle de l'instinct. L'instinct face à la mort. Approfondir ses sens et craindre la mort : c'était comme détacher une fleur de coton et la prendre dans ses doigts, pour la conserver le plus longtemps dans ses mains, sans la froisser. Craindre la mort dans le combat n'était plus possible à cette époque où l'arme à feu était privilégié par les mœurs. Craindre la mort était une idée que lun avait sut me projeter à la face, et qui de toute la force de ses paroles, m'avait heurté. J'avais peur de mourir. Et cela me permettait, par rapport aux choses que j'aimais, de rester, et de m'y accrocher. Un sourire naquit doucement au fond de mon esprit, tandis que le mouvement cent fois répété de mon corps se jetant devant le train faisait parcourir le long de ma peau un frisson. Mes doigts abandonnèrent l'épaule de lun, et je reculais d'un pas, à mon tour, saisissant l'étendue de la violence qu'éprouvait mon corps ; et du calme indubitable de mon esprit. Mes lèvres ; closes sur le « bon sang » que j'avais envie de répéter mille fois, pour taire la tension de ce corps qui frissonnait sous le soleil.

    « J’ai soif. Je … »

    Et lun qui s'assit pour pleurer. Lun et ses yeux verts qui s'inondèrent de ces larmes que je n'avais pas voulu voir versées, ni l'autre fois, ni maintenant. Ces larmes qui restèrent cachées par le visuel, parce qu'il arracha son visage à ma vision, mais qui dans l'attitude et la position, devinrent les témoins de pensées que je ne savais pas refouler, que je ne savais pas calmer, et qui m'effaraient, en m'effrayant. Désemparé, je pliais les genoux, venant effleurer ce bitume trop chaud des rotules, m'agenouillant à côté de l'homme blond, posant sur lui un regard rempli de mes interrogations, rempli de questions silencieuses, aux réponses demandant elles-mêmes la fin de ces larmes. Un regard qu'il ne vit pas, mais que le vent lui portât, puisqu'il essuya ses larmes, dans ce mouvement de revers du poignet, ce mouvement qu'ont les enfants trop courageux. Eyh, lun. Es-tu encore un enfant ? Je plantais mes yeux dans les siens, pour laisser mon cerveau manger cette image de cette paire d'yeux sylves pluvieuses. Des prunelles couleur de la forêt, qui sous le soleil, avaient laissé tomber la pluie, laissé tomber les larmes.

    « … T’es complètement débile. »

    Assis sur le sol, je le fixais, les yeux ronds. Avant d'éclater de rire, brusquement amusé par ce qui se répétait pourtant comme une évidence et une acceptation. Évidemment. Le terme était bien choisi, et me plaisait bien. Zakuro le débile. Ça ne sonnait pas si mal, songeais-je, les yeux bridés par le sourire pointu venu se tordre sur ma face. La débilité, si elle portait à la réalisation et la compréhension de choses aussi importantes dans la vie, se devait d'être considéré avec plus d'intérêt. Enfin. Je plissais plus encore les yeux, perdant néanmoins mon sourire.

    « Selon certaines interprétations historiques, Sasaki Kojiro, le plus grand rival de Miyamoto Musashi, était sourd et muet. Et trop souvent considéré comme débile. »

    Une seconde de pensée. Une seconde de silence pour ce visage dessiné par Inoue Takehiko. Ce garçon au masamune de la mer, ce garçon du sable et de l'océan. Ce garçon souriant, prodige du sabre, opposé par le destin à Musashi. Ce garçon considéré trop longtemps comme un débile, comme le fou du village, mais pourtant élevé avec tellement d'amour et de soins par son père. Tellement d'amour pour le débile qu'il en devint le second nom du Japon en qualité de sabreur. Un nom hissé au rang des Yoshiaka. Le temps d'une seconde. Le temps que je lui envoie un sourire, appréciateur de ses mots qu'il prononçait, appréciateur des pensées, qu'inconsciemment, il me faisait naître.

    « Bordel, tu as vraiment foutu la pétoche à tous les gens sur le quai. T’es dingue, tu sais ? Et tu as grandi.  Trop. Deux ans, bordel. Zak, ça doit faire deux ans que tu ne m’as pas adressé la parole, ni pardonné pour ce que j’avais fait. Et le seul moyen que tu trouves pour le faire, c’est de provoquer la panique dans un tram un jour de canicule ? »

    Grandir. Mourir. Trop grandir ? Hah. Encore une fois, ce même sourire qui s'étala sur ma face, découpant le calme de mon visage, le transformant en une expression oscillant entre le rire et la tranquillité. Je revoyais leur visage si choqués, à tous. J'entendais ma propre respiration se couper dans la violence du mouvement et la déchirure de mon cœur qui hurlait à l'effroi. Mais mon esprit calme, si calme ; dans un zanshin absolu. Et puis l'impact de mes os sur le trottoir ; le retour violent de la matérialité faisant exploser ma peau, déchirer mes vêtements. Une matérialité qui me renvoyait face à mon humanité, à ma condition de vie, d'existence telle que je la connaissais, mais qui me poussait toujours à progresser dans ce que je voulais être. Vivre. Absolument vivre.


    « Dis-moi, depuis quand es-tu passé de petit garçon à rebelle ? »

    Interdit, je le fixais un instant. Le temps de chercher une réponse, de réfléchir à une réponse correcte et adéquate, et puis finalement abandonner. Abandonner, parce que réfléchir à « la réponse parfaite » de ce genre d’interrogation ne ferait que dénaturer les choses. Je me laissais tomber sur le côté, venant reposer ma tête contre son épaule, m'appuyant sur lui, fermant les yeux dans un soupir las.

    « … Je suis toujours un petit garçon. »

    Je restais silencieux, ma joue contre son épaule, à écouter les vibrations d'un cœur que je devinais au travers de ce corps que je lui ressentais. Sa vie. Il s'agissait d'une chose tellement importante, tellement délicieuse et tellement nécessaire. Lun était le genre de personne qui par son existence me faisait exister un peu plus, parce qu'il m'avait enrichi. Le genre de personne dont je serai bien incapable de me passer de vivre avec aujourd'hui. Le genre de personne capable de dire que j'avais grandi. Trop grandi. Indubitablement, oui, j'avais trop grandi. Un sourire, si léger et bref, cette fois, couru sur mes lèvres. J'avais grandi. Rebelle ? Quand et comment ? Par le métro. Par son sourire. Par son ricanement et ses poignets blancs. Quoique rebelle n'était peut-être pas le terme qui me faisait me satisfaire de ce que pouvait comprendre les autres de ce que je renvoyais de moi-même. Rebelle ? A quoi ? A cette société, à cette normalité banalisée par la modernité qui tuait les samouraï, peut-être. Rebelle à cela ? Oui. J'entrouvrais mes yeux, pensif, laissais reposer mon regard sur le mur grisâtre opposé à notre duo, refermant sur nous la ruelle, et reflétant dans sa crasse le soleil de la journée. Sous mes paupières à moitié-closes, le bleu de mes yeux effleuraient le profil des yeux verts et de son visage. Une seconde. Je m'en arrachais brusquement, me relevant totalement et tendant la main vers lui, pour l'aider à se remettre debout.

    « Viens. On va boire. »

    Je l'invite à me suivre, à se déplacer, et à se replonger dans cet univers de masse, de foule et de mouvements. Un univers de tête brunes dans lesquels ses cheveux blonds viennent tâcher le paysage de mon quotidien féodal. Les gènes récessifs se font, dans la situation, les porteurs et les témoins d'heureux événements. De rencontres, de combats et de champs de batailles, aussi différents les uns des autres. Lun et ses yeux verts, lun et son odeur de cigarette, lun et ses cheveux blonds, lun et ses phalanges trop fragiles mais si dures. Lun et sa violence sylve, lun et la douceur de ses sourires. Lun et ses paradoxes, lun et son humanité. Je le faisais traverser la foule et le monde humain, pour l'emmener jusqu'à un bar, une zone d'ombre. Un mélange de contrastes, une contradiction du soleil, qui découpait ses traits autrement. Autrement que sous la neige, autrement qu'en plein jour. Je posais mes doigts sur la poignée de la porte, rabattant mon sac sur ma hanche, faisant claquer le trop peu d'affaires qu'il restait dedans.

    « Et toi, lun ? Est-ce que tu as grandi ? Et... »

    Je poussais la porte, entrouvrant le lieu, sans vraiment m'y plonger ; me stoppant sur le seuil, pour poser mes yeux sur lui, et pour observer, regarder, et comprendre. Ce dessin de lui, que j'avais fait. Ce dessin qu'il m'avait demandé de ne pas montrer ; jamais, et que j'avais conservé, mais caché au milieu de mes affaires, comme les archives d'un souvenir tus par l’amoncellement d'autres.

    « Est-ce que tu as continué à aimer les fleurs que l'on dessine ? Ces fleurs que les garçons n'aiment pas ? Dis moi. -Je m'emparais de son poignet-, est-ce que je pourrai te dessiner ? Encore une fois. Parce qu'indubitablement, ... lun marv a changé. Grandi.  »

    Je tendais la main, lentement, récupérant entre mes doigts une mèche blonde que je vins froisser entre mes phalanges.

    « Mais tes cheveux gardent cette même odeur de tabac. »
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MessageSujet: Re: Dessins égarés ~ Lun ~   Dessins égarés ~ Lun ~ - Page 2 EmptyJeu 8 Aoû 2013 - 20:37


Je suis assit sur le trottoir, installé tranquillement, en train de me faire à l’idée que celui que j’ai perdu autrefois est là devant moi. Il faudra cependant me laisser du temps pour accorder un semblant de confiance. Il me faut toujours du temps pour accepter que ceux qui ont fait le choix de partir puissent revenir et je reste toujours suspicieux. Le problème, c’est qu’alors j’éprouve le besoin de tester. De tester au maximum pour faire fuir la personne : et me dire que c’était la preuve : la preuve qu’elle n’aurait jamais du revenir.
Une main s’est tendue dans ma direction pour m’aider me redresser et je la prends, solidement, malgré la grimace que me provoque ce contact physique, malgré mon envie de retirer mes doigts de cette paume qui me brûle.
J’essaye de ne pas penser qu’au bout de deux ans, on change tous. Cependant, je garde un sourire alors que je me relève. Ai-je grandit ? Je n’ai pas tant besoin de grandir que ça, vois-tu. Je suis tellement plus grand que toi, déjà. J’ai toujours été plus grand que toi et je le serais toujours. Même si avais une tête de plus, même si tu avais une maturité ou une expérience que je n’ai pas. Je serais toujours plus grand. J’hoche de la tête, j’accepte la proposition d’aller boire un verre : j’ai la gorge trop sèche et les yeux bien trop humide. J’ai soif et n’importe quelle boisson dans mon gosier va me faire du bien. Je veux ne pas penser à la tristesse qui est passé au travers de mon corps à l’idée de ce qui s’est passé l’autre fois. Je ne veux même pas penser à la tristesse tout court. Je suis heureux. Heureux de revoir un ami, comme un retrouve un objet auquel on tient, mais qu’on avait perdu dans son fouillis habituel.

Sauf que là, ce n’est pas un objet. C’est un ami. Un ami. Le mot plait à Lun, qui le fait chanter dans sa tête, alors qu’il pense aux questions qu’on lui pose. Il ne sait pas s’il a changé, mais il a changé. Il voudrait penser que non : il pense que non. C’est faux. Le garçon a mûrit, il accorde moins d’importance à l’avis des autres, il n’essaye plus de faire semblant, il ne fait plus d’effort pour avoir des relations ou qu’on est une bonne opinion de lui. Il ne croit plus tellement en l’amour, des foutaises auxquelles il se rattachait autrefois. Il aime toujours les fleurs, les levées du soleil et le froid du matin. Il aime toujours fumer, après avoir fait l’amour et boire de l’alcool jusqu’à en être ivre. Il a juste moins l’occasion de faire tout cela.

Il ne changera pas en cela. Il change dans ces choix en musique, dans les films qu’il regarde mais il ne changera pas sur l’éclair de curiosité qui naît face à la beauté du monde et à sa joie de voir un dessin, fait par la main de l’homme. C’est fascinant de voir ce que l’homme peut défaire et ce qu’il est capable de faire.

Grand, grand. Est-ce qu’on grandit en quelques années ? Au yeux de Lun, c’est un cercle, on grandit de deux pas, puis on perd et on revient en arrière et on recommence. On avance parfois mais on regrette on repart en arrière. On finit toujours par avancer, mais auparavant, on a fait plusieurs fois le même chemin.

Lun hausse des épaules, il ne sait pas s’il a grandit, non : il ne sait pas.

« J’ai du prendre un centimètre. » Marmonna le garçon, attrapant une mèche de cheveux blonde au milieu de son front, louchant pour la regarder avant de sourire un peu moqueusement à Zakuro. Là, n’était pas la question, mais là était sa réponse.

Le blond veut rentrer dans le café, mais Zakuro a saisit son poignet et il se retrouve fiché dans l’interstice. Lun hait les interstice. Selon une vieille superstition tzigane, c’est le lieu où se retrouve toujours les esprits des morts, des êtres fantastiques et la magie. Idiotement, Lun y croit : il n’aime pas voir qu’il et midi ou minuit, qu’il est dans l’ombre de l’ombre ou entre une porte, entre l’entrée et la sortie, entre dehors et dedans.
II hait aussi les contacts physiques : les contacts lui donnent l’impression d’être connecté de force dans une réalité, qu’il ne veut pas voir. Zakuro a toujours cette tendance à être tactile sans lui laisser le temps de respirer. Lun en a eu le souffle coupé, mais il a soupiré avec douceur, sans réagir avec brutalité : comme il l’aurait fait autrefois. Il accepte le contact avec une douceur qui lui est propre.

Il avance un peu, mais ne peut retirer cette main, qui pourrait presque lui faire mal. Lun rit, rougissant un peu : pourquoi cette envie de toujours le peindre : lui qui est loin d’être un canon. Zakuro connaît Narcisse, non ? La perfection, il la connaît : alors pourquoi vouloir ce qui aurait pu être un laid brouillon avec tant d’imperfection ?

« Tu pourras. »

Lun hoche de la tête, pensivement, en souriant en coin. Ses yeux verts se posent dans ceux de Zakuro, sans le moindre sourire, avec cette franchise et cette pudeur qui lui ai caractéristique. Sa langue caresse son palais, alors qu’il rajoute plus lentement : « Tu peux. »

C’est avec douceur que Lun sourit un peu plus, se penchant en avant pour embrasser la joue de Zakuro avec douceur, alors que son autre main vient détacher sa jumelle de Zakuro. La peau douce se comble d’un baiser délicat et tendre.

« Tu peux me dessiner tant que tu veux, mais … encore une fois, tu ne devras jamais le montrer. Je ne sais pas si un portrait comporte un peu de notre âme, mais au cas où je serais un peu dans ce dessin : je n’aimerais pas que des yeux dont j’ignore l’existence se pose sur moi. »

Lun a avancé dans le café, cherchant un endroit près d’une vitre. Il a un nouveau jeu : le jeu des passants. Il peut rester des heures à fixer des inconnus et à leurs inventer des vies. Il aime tant cela qu’il se prend parfois à se perdre totalement dans ces rêves. Quand il est avec son jeune frère Gabriel, il explose joyeusement de rire, ne pouvant s’empêcher de lui raconter ses bêtises.

Le journaliste s’installe, il ne regarde pas la carte : il prendra un cocktail. Parce qu’il a envie de quelque chose de joyeux et que Zakuro a fait le choix d’entrer dans le café au lieu de rester dehors : alors il ne peut pas fumer. Il n’est pas dans l’espace, le petit espace, qu’on réserve à des personnes comme-lui. Fumer aujourd’hui, c’est choisir d’être exclu volontaire et ça plait à Lun .

« Mais pas maintenant, … »

La voix est limite autoritaire. Il n’accepterait pas d’être dessiné maintenant, alors que ces yeux sont encore un peu rougis d’avoir pleuré.

« Sais-tu ce qu’on m’a raconté ? » Questionne l’étudiant alors que son index caresse le bas de son visage, ses ongles vernis noirs accentuant son coté provocateur, et son sourire de chat moqueur. « Les rumeurs courent que tu fréquentes des êtres étranges, ceux que les gens fuient sont pour toi attirant, plus ils sont différents plus ils semblent proches de toi … »

Les yeux de Lun se plissent, un peu ironiquement, alors qu’il scrute le visage de Zakuro. « Est-ce ça, que tu cherches ? La différence ? Est-ce que tu cherches tant que ça la différence ? Dis-moi Zakuro, as-tu découvert que tu étais gay et amoureux d’un de tes amis ou balbuties-tu encore dans ce que tu crois être de l’amour et ce qui n’est que de la pure fascination ? »
Le jeune homme sourit, reposant la main sur la table. Il sait qu’il est légèrement odieux, mais ça aussi : il s’en fiche un peu. Après tout : il n’a jamais été quelqu’un de vraiment diplomate.

« Je prendrais un Mojitos aux fruits rouges. »

Les gens pensent souvent que je fais exprès d’être provoquant et de poser des questions qui ne doivent pas être poser. En réalité, je n’ai jamais eu d’éducation et le seule moyen que j’ai de m’exprimer, quand je me sens menacée, c’est par l’humour et l’ironie. Je voudrais penser à retourner dix fois ma langue dans ma bouche, mais je ne parviens jamais à le faire. C’est plus fort que moi : J’aime voir réagir les gens, j’aime voir réagir mes amis.

Zakuro, je le trouve captivant, mais parfois : je me demande s’il joue le jeu de la provocation ou s’il est vraiment rebelle. Oui c’est un petit garçon. Un petit garçon qui tente à chercher un peu l’attention de ces parents sans pouvoir y arriver. Car il y a toujours un enfant plus intéressant à coté.


Désolé, c'est court, mais je veux avancer ^^ !
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MessageSujet: Re: Dessins égarés ~ Lun ~   Dessins égarés ~ Lun ~ - Page 2 EmptyMer 11 Sep 2013 - 21:20



    Le thé tourbillonnait dans la tasse, soulevant des spirales de vapeur qui venaient se heurter à mes lèvres. Je gardais celles-ci fermées, concentrant mes pensées pour mieux délivrer ma réponse. Une réponse qui se construisait en un premier temps par la compréhension des événements. Lun avait pris sa mèche entre deux doigts, et l'avait tiré, comme s'il la découvrait pour la première fois, et posait ses yeux sur elle avec le même intérêt que l'on regarderait le cliché d'un paysage inconnu. Sa réponse m'avait fait sourire. Un centimètre ou deux pour une question qui ne relevait pas exactement de ce point là assurait l'isotopie de notre discussion. Pluralité. Une pluralité de réponse qui suintaient dans nos actes et dans la relation qui s'était établi. Et c'était une des raisons qui me faisait aimer Lun.

    Il avait aussi répondu à ma question sur le dessin. Une réponse qu'il m'avait offert, en l'ayant disséqué, m'offrant petit bout après petit bout, comme l'on découpe et jette les morceaux de viande à l'animal qui est en cage. Il avait dit que je pourrai, et j'avais senti un sourire naître dans ma tête, dans mon esprit, surpris premièrement de ne pas entendre de « pourquoi ». Il avait embrassé ma joue, et j'avais trouvé son geste terriblement tendre ; trop pour que je ne me permette pas de ne pas m'en méfier. Une sorte de défiance à ce qui allait advenir.

    « Tu peux me dessiner tant que tu veux, mais … encore une fois, tu ne devras jamais le montrer. Je ne sais pas si un portrait comporte un peu de notre âme, mais au cas où je serais un peu dans ce dessin : je n’aimerais pas que des yeux dont j’ignore l’existence se pose sur moi. »


    Je n'avais rien dit, mais j'avais approuvé en silence. C'était presque vexant, en fait, avais-je songé, mais je savais que je ne protesterai pas de ce rappel. Il était le principal intéressé, n'est-ce pas ? Alors il avait le droit de poser une condition que je n'avais même pas soulevé tant elle me paraissait évidente. Si je dessinais Lun, c'était pour que le résultat reste une feuille cachée, là où se cachait déjà le premier dessin. Il était hors de question que je ne casse cette amitié retrouvée pour le voyeurisme indiscret. D'une certaine manière, Lun était à moi, et je ne voulais pas le partager de cette manière. Parce que j'étais au courant des risques que j'encourais si je cassais la notion de « respect de la parole donnée », de confiance.

    « Mais pas maintenant, … »

    J'avais levé la main, tourné mon visage vers le garçon de café, pour lui demander un thé Long Jin, puis rabaissé mes yeux sur Lun. Non, pas maintenant. Quand bien même j'aurai eu mon papier et mes crayons, cela ne ce serait pas fait maintenant. J'avais attendu la suite, avec l'impression alors de croiser le fer, ou de toucher la main d'un adversaire, en garde, dans une position de combat. L'expression de Lun était devenue moqueuse, et immédiatement, mon visage s'était fermé dans une neutralité. Je ne voulais pas me laisser vexer. Pas par Lun.

    « Sais-tu ce qu’on m’a raconté ? »

    Non.

    « Les rumeurs courent que tu fréquentes des êtres étranges, ceux que les gens fuient sont pour toi attirant, plus ils sont différents plus ils semblent proches de toi … »
    « Ah. »

    Et c'est sur un demi sourire que je ne répondais pas vraiment. Il y avait des prénoms qui se cachaient derrière l'identité de ces « êtres bizarres », et je savais qu'ils avaient les yeux rouges, les cheveux blancs ou roses, les mains pâles, et mon sang dans leur souvenirs. Surtout lui, n'est-ce pas ? Surtout lui et son sourire. Le thé tourbillonnait.

    « Est-ce ça, que tu cherches ? La différence ? Est-ce que tu cherches tant que ça la différence ? Dis-moi Zakuro, as-tu découvert que tu étais gay et amoureux d’un de tes amis ou balbuties-tu encore dans ce que tu crois être de l’amour et ce qui n’est que de la pure fascination ? »

    Gay.
    Amoureux d'un de mes amis. Le visage et le prénom de Chess se ciselèrent au milieu des brouillards vaporeux de mes pensées, et je me laissais emporter par l'image de son sourire, abaissant les yeux sur mes souvenirs. À cet instant-là, lorsque le gong avait été sur le point de sonner, et que l'arbitre immatériel du tempo de cette journée avait amené le sifflet à ses lèvres pour tout achever, j'avais cru, cru jusqu'à la moindre fibre de mon corps, avec toute cette puissance avec laquelle il est possible de croire, que le jeu serait terminé, et que Chess serait arraché. Les éclats de lumières qui s'étaient accrochés sur le canon du revolver m'avaient frappé en plein dans les yeux, comme pour me signaler « Regarde Zakuro, regarde les possibilités qui sont en train de se jouer ». Et j'avais eu peur. La vie, ses détours et sa violence m'avait frappé. Alors peut-être que j'avais cherché à hurler plus fort qu'elle, et refuser tout simplement l'idée d'être battu par mes peurs, et mon incapacité à bouger. Si j'avais levé mes mains, si j'avais avancé, peut-être bien qu'au final, ç'avait été pour me battre moi-même, et pour ne pas le voir être arraché à mon existence. Je l'avais voulu. J'avais mis du temps à le comprendre, mais je l'avais voulu. Et sur le tatami immatériel de ma vie, j'avais marqué un point, et ce point avait été une victoire.
    J'avais voulu tenir sa main, et mes doigts s'étaient refermés sur son poignet. Ne m'abandonne pas, ne m'abandonne pas, pas maintenant. Plus maintenant. Il ne pouvait pas y avoir de fin aussi brutale que celle-là, et pourtant, elle avait été dépassée.

    « Je ne suis pas gay. »

    La pluie avait coulé sur nos épaules et sur nos crânes, noyant la chaleur du sang, la violence des chocs, mais il avait murmuré une phrase que je n'avais jamais entendu. Une phrase qui ne se prononçait normalement pas, parce que normalement : le fait se faisait de lui-même, sans qu'on ne place de mots dessus. Et cela, cela, comme est-ce que cela s'appelait ?
    Mais je veux bien t’avoir toi.

    Je souriais à Lun. Cette phrase avait su éteindre mes doutes, en déclencher d'autres, mais elle avait sut me faire avancer. Mon univers s'était étendu sur des horizons que je n'avais pas envisagé, mais je n'avais pas cherché à me retenir à des repères. Et dans le monde, dans le mien, il n'y avait pas de limites possibles, il n'y avait pas de barrières avec le mot « gay ». Celui-ci était un mot qui permettait peut-être, dans la réalité de la société, de soulever d'autres barrières. Mais dans mon monde, je ne me laissais pas à des extrémités comme « homo » ou « hétéro ». Je n'avais pas besoin de cela pour me définir, je n'avais pas envie de cela pour me définir. Le seul mot que je m'imposais se construisait sur une infinité toute entière.
    Mû.

    Est-ce que j'avais besoin de dire à Lun que je n'étais pas amoureux de cet ami ? Il était plus qu'un ami, mais je ne voulais pas poser de définition sur cette relation. Je ne voulais pas d'étiquette, pas de finalité sur ça.


    « Il est à moi. »

    Il n'aime pas que je dise ça, et il me répète « non, non, c'est toi qui est à moi, et je le répéterai autant de fois qu'il le faudra ». Et c'est justement pour cela que je répète l'inverse, Chess. Pour qu'il n'y ait pas de fin, pas d'acceptation. Pas de lassitude, pas de silence. J'inspirais. Puis un sourire, un sourire terriblement amusé, pour casser le rythme de mes pensées, faire taire la pluie de mes souvenirs, de la douche, de la salle de bain, et me concentrer sur les yeux magnifiques de Lun. Magnifiques, puisqu'ils étaient d'un vert qui me faisait totalement me concentrer sur la réalité ; un vert qui me surprenait et me ravissait de par son existence. Adoptant une expression particulièrement sérieuse, je croisais mes doigts entre eux, plantant mon regard dans celui de Lun, laissant l'éclat d'un rire résonner dans ma voix.

    «  Surtout pas gay. Chessophile. Je suis Chessophile.  »

    Je souriais ; amusé par l'idée de ce mot sans définition, sans limites. Il y avait la luzerne de cet univers qui se construisait sur le souffle, le ciel qui s'ouvrait sur les yeux, le sens de l'existence sur les mains qui s'ouvraient, et la langue qui frappait les lèvres. Je vins sourire contre ma tasse de thé, amenant celle-ci près de ma bouche. La question avait peut-être eu pour but de me déstabiliser, ou de tester. Elle avait réussi, puisque j'avais été incapable de répondre immédiatement, sans organiser de l'ordre à mes pensées. Parce qu'un des mots me gênait, peut-être.

    « Ce n'est pas de l'amour. Je ne crois pas. Mais là, tu vas sourire, et te dire que je n'ai vraiment pas évolué, n'est-ce pas ? Ricanais, en tapotant du bout de mes ongles contre la tasse. Le mot « amoureux » ne convient juste pas dans ce cas-là. Juste dans ce cas là. »

    La question « n'est-ce pas ? » aurait peut-être trouvé sa correcte place en fin de ma phrase, mais il me semblait que je n'avais pas besoin de me remettre en question, et de creuser le doute. Je savais ; c'était peut-être même une des choses que je savais le mieux, et le perdre de vue aurait été idiot. Ce serait simplement la facilité de succomber à la normalité d'une vulgarisation des sens des mots. À leurs connotations, à leurs définitions. Et le mot « amoureux » ne convenait réellement pas lorsqu'il fallait que je réponde à cette question de Lun. Je n'abandonnais pas mon sourire, ne buvant pas, respirant les odeurs du thé.

    « Est-ce que je cherche la différence ? »

    Un pépiement moqueur, cynique.

    «  C'est l'impression que je donne, Lun ? »

    Ou est-ce que c'était ton professionnalisme de journaliste qui te faisait associer ces idées là ensemble ? Je cherchais la différence, oui, peut-être. Pas pour la cultiver, pas pour la posséder : c'est juste que je savais que je risquais de me perdre si je me laisser aller à l'idée qu'il existait une normalité et que je devais m'y cantonner ; comme je l'avais fait avant le jour du métro. Je n'étais pas responsable de l'originalité et des différences des gens, mais j'étais responsable de mes actes, et je devais assumer le fait que j'aille vers ceux qui m'intéresse. Je le faisait parce que je le voulais, parce qu'ils étaient ceux sur lesquels j'avais posé les yeux, et dont j'avais eu envie de leur jeter un sourire. Ils existaient, et j'en tenais compte. Lun avait utilisé le terme « attirant ». Etais-je attiré par eux, comme le sont entre elles deux charges positives et négatives ? Ou faisais-je l'effort d'aller à eux ?

    « En même temps, je n'ai pas vraiment rencontré de gens inintéressants. Même quand je me retrouve face à des personnes dont la personnalité est assez bizarre pour moi, il y a toujours un élément qui fait que je ne peux pas trouver cette personne ennuyeuse. Que la personne se retrouve en soutien-gorge devant moi, ou bien qu'il faille la railler parce qu'elle se montre trop grande-gueule. »

    Je croisais les bras sur ma poitrine, inspirant un oxygène qui me parut plus épais, plus agréable dans ma respiration. Je me sentais plus détendu. Plus calme.

    « Tu viendrais avec moi acheter des cigarettes, Lun ? J'aimerai en goûter une. Je pratique le sport, alors je ne me le suis jamais permis, et je n'envisage pas de fumer. Mais j'aimerai bien en essayer juste une avec toi, pour le coup. »

    Un gloussement s'échappa d'entre mes lèvres.

    « Ou m'étouffer avec, hein ? Je crâne, mais je me sens mal barré sur ce coup là. Mais tu veux bien ? »

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MessageSujet: Re: Dessins égarés ~ Lun ~   Dessins égarés ~ Lun ~ - Page 2 EmptyJeu 19 Sep 2013 - 15:55

« Zakuro, Zakuro, Zakuro. Que voulez-vous que je vous dise sur lui ?  Oh, ne faîtes pas cette tête, je sais parfaitement ce que voulez entendre, mais je ne sais pas. Je ne peux pas vous dire que c’est un pote, un ami, ou une relation. Je ne peux pas vous dire grand-chose sur lui. Je sais simplement que c’est un enfant, souvent, un adulte parfois. C’est lui-même. Je crois. Je ne sais pas. Peut-être. Vous voyez ? Vous prenez une feuille de papier, vous dessinez sur cette dernière, vous découpez un petit personnage, vous suspendez des fils à ce bonhomme. Les fils se cassent, le bonhomme s’envole à cause du vent, passe par la fenêtre et se met à prendre une route indécise. Zakuro, c’est ce bonhomme. Peut-être. Ou : je le suis et il est le vent qui le précipite. Un ami, peut-être. Je l’ai rencontré il y a quelques années, à l’école. Il a voulu me dessiner. Je n’aime pas ça, vous savez ! Pourquoi ? Sans doute … Car je n’aime pas savoir qu’une image de moi subsiste quelques parts. Et puis, il y a cette vieille croyance : que notre portrait contient une part de notre âme. Enfin, au final, on s’est retrouvé avec Zakuro, sur un quai. Ensuite, on a été dans un café … On a parlé d’amour, je crois. Enfin, d’une forme d’amour. Et puis, il m’a posé une question … stupide. »

Voir un psychologue était la dernière bonne idée que l’administration avait trouvé pour Lun. Comme les autres, Lun ne le verrait sans doute qu’une fois. Comme les autres, il lui parlait d’un sujet, au hasard, dans sa vie pour ne pas évoquer les questions auxquelles, il devrait un jour répondre. Lun soupira, regardant l’homme qui prenait des notes en face de lui. L’homme détourna le regard et observa la fenêtre, fixant les toits des immeubles de la ville japonaises.

Il repensa à cet instant, au café …

Le jeune journaliste regarda la boisson devant lui, ses yeux se fixant sur les fruits rouges contenus dans le verre. Il aurait voulu ouvrir les lèvres et protester à Zakuro qu’il n’était qu’un idiot et qu’il comprenait. L’Amour, ce n’est pas forcément être amoureux. Et la relation spéciale entre le garçon et son ami n’avait pas besoin de répondre à des normes, des conventions ou porter un nom précis. Elle était particulière et c’était ce qui la rendait précieuse. Lun savait combien il fallait chérir ces personnes exceptionnelles à nos yeux qui sont dans nos vies sans forcément vouloir les ranger dans une case précise.
Le jeune homme comprenait que parfois, le seul moyen de pouvoir décrire une relation, c’était de dire : C’est lui et moi. Seulement, Lun ne pourrait jamais dire : Il est à moi.  Même s’il le pensait souvent. Souvent, il pensait qu’une part de ses amis lui appartenait et lorsqu’il perdait cette part, c’était comme-ci il perdait une part de sa personnalité, de son âme et de son humanité. Comme un puzzle où on perdait une pièce et qui lui brûlait douloureusement la poitrine.

La main du jeune homme se posa sur son verre, son ongle jouant un instant avec la condensation de l’air. Il ramena son verre à ses lèvres, buvant lentement une gorgé, laissant le goût du rhum, de l’eau gazeuse  et des fruits rouges se mélanger dans sa bouche.

« Parle-moi de lui. »

Les yeux verts de Lun se posèrent directement dans ceux de Zakuro, se plissant légèrement avec curiosité. Il était journaliste, c’était exact. Il était surtout curieux des relations humaines, du comportement des individus, de la justesse des émotions et de la sincérité qu’on peut ressentir entre chaque instant et chaque moment de vie. Comment transmettre par la parole une vérité sans mentir, sans tromper, sans altérer ce qui est.

« De Chess. »

Lun sembla hésiter en utilisant le surnom, sans doute car il avait eu une hésitation, la peur de se tromper. Il lui arrivait parfois de dire un autre prénom à la place de celui qu’il voulait dire. Des lapsus révélateurs selon certains, une simple maladresse de langage selon le blond qui ne cherchait pas forcément à comprendre tout ce que le langage peut cacher. Il n’avait pas besoin de ça pour se faire une idée sur les autres et pour comprendre leurs modes de fonctionnement. Pas que ça le passionnait, comme le reste, il préférait être instinctif et faire confiance en son cœur. Sauf qu’on ne pouvait pas dire que ces dernières années, faire confiance à son impression et à ses ressentis l’ai forcément aidé.

Toutefois, la tourne de la question attrapa soudainement Lun au coin des lèvres, son sourire se crispant alors que la question de Zakuro le laissa un peu stoïque et effrayé par la peur. Est-ce qu’il avait vraiment dit ce qu’il avait dit ? Est-ce qu’il avait vraiment posé la question qu’il croyait ? Fumer. Stupidité. Idiotie. Les gens fument pour être comme les autres, les gens fument pour cessé d’être stressé, ils fument par convention, pour ne pas s’ennuyer ou pour se sociabiliser. Ils fument des clopes, des joints et bien d’autres choses encore. Et lorsqu’ils se rendent compte qu’ils sont devenus dépendants, ils trouvent des excuses pour justifier leurs actions et leurs choix.

Lun fumait depuis longtemps et il ne se voyait pas arrêter. Toutefois, il se voyait dans quelques années devoir expliquer à ses enfants : pourquoi lui fumait et pourquoi il ne voulait pas qu’eux fument et il se trouvait alors parfaitement hypocrite.

Zakuro lui rappelait un peu cette hypocrisie qu’il ressentait. Ancien drogué, la clope l’empêchait souvent de plonger dans ses vieux démons, le reste du temps : la pensée que le retour ne serait plus possible, le retenait. En dernier recours, il prenait une douche, c’était idiot, mais le simple fait de se laver lui donnait l’impression de laver son envie et ses idées. La clope, c’était une excuse efficace à sa propre timidité aussi, un moyen de s’isoler, d’avoir un peu de temps à lui en soirée ou au travail. Ensuite, il y avait l’alcool : et il savait qu’il était un alcoolique. Pas le genre qui boit un verre par jour, car Lun pouvait ne pas boire d’alcool pendant longtemps : mais lorsqu’il posait ses lèvres dans un verre d’alcool, il avait du mal à retenir son envie d’en prendre un second, un troisième, un quatrième et les autres qui suivront après.

Non, vraiment, cette question était stupide. Est-ce que Zakuro voulait fumer car Lun fumait ? Est-ce qu’il n’était pas préférable qu’il fume avec lui, plutôt qu’avec un autre, s’il en avait envie ? Est-ce qu’il ne pouvait pas lui faire se plaisir, l’accompagner dans un tabac et le laisser acheter son premier paquet ? Est-ce que Zakuro n’était-il pas libre de faire ses propres choix ? Lun n’était pas son père, il n’avait aucune raison de refuser.

Et pourtant, la réponse était non. Et les yeux de Lun le disait totalement, alors que ses yeux et ses lèvres émirent le même mot, en même temps :

« Non. »

Un éclat lumineux éclaira le visage de Lun alors qu’il se mit à sourire avec cette ironie qu’il dégageait si souvent, cet éclat entre le regard et l’attitude d’ange, et le sourire légèrement démoniaque.

« Je ne donne pas dans les premières fois. »

Lun grogna, plissant un peu plus ses yeux, alors que son doigt se pointa en direction de Zakuro, l’ironie grandissant malgré lui, avec une tendresse qui lui était nouvelle.

« Et j’ai épuisé mon quota de mauvaises actions. »

L’homme se remet à boire, calmement quand soudainement, après deux gorgées, il repose ce dernier dans un claquement.

« Je t’ai raconté ? » Une question, sans logique puisque Zakuro ne sait pas de quoi on parle. Mais, Lun continue aussitôt, calmement et sérieusement.

« La première fois où j’ai fumé ? »

Continua le jeune homme, son sourcil se redressant curieusement.  

Peu importe la réponse de Zakuro, puisque Lun saute du coq à l’âne, son visage sérieux, sans le moindre sourire, sans la moindre lieur perforant son ami.

« Pourquoi. Pourquoi tu veux fumer, Zak ? »
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Zakuro Fea
▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
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Genre : Non Binaire Lion Coq Age : 30
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MessageSujet: Re: Dessins égarés ~ Lun ~   Dessins égarés ~ Lun ~ - Page 2 EmptyDim 29 Sep 2013 - 19:48

Spoiler:


    « Parle-moi de lui. »

    La demande ouvrait à trop de réponses, et ces réponses, j'avais envie de toutes les exploiter. Cette demande était trop ouverte, trop importante, mais elle ne pouvait me déplaire car elle portait sur quelque chose que j'avais élevé comme étant partie intégrante de ma vie, de ma manière de bouger, de fonctionner, et que cela ne s'achevait pas sur une incapacité de l'expliquer. Bien au contraire. Peut-être saurais-je trouver les mots justes pour lun.

    « De Chess. »

    Un sourire. Oui, de lui. De Chess. J'aimais la prononciation de cette identité entre les lèvres d'un autre, car elle m'assurait du fait que Chess ait pu exister d'une manière différente aux yeux d'autres. Qu'il était ce qu'il était, et que cela ne s'emprisonnait pas en une seule conscience, une seule capacité d'exister. De cette première rencontre au travers de barrière virtuelles d'Internet à ces retrouvailles sur la fontaine, ce sourire et ses yeux rouges, la fascination qui s'en était exercée, la course à travers la ville, mes doigts autour de son poignet, les siens autour du mien, et puis le dojo, Aliss et son vol bleu au dessus de la zone de combat, le rire et les préservatifs, le sang qui coulait et qui tâchait le blanc de sa peau, et le bouchon de l'encre, le bouchon en plastique qui frappait le sol en résonnant. Et puis tout le reste. Tout ce que cela avait créé, toutes ces journées qui s'étaient écoulées mais qui n'avaient pas été perdues, qui n'avaient pas été vaines, et qui s'étaient teintées de milliers de sentiments, de couleurs, de rire ou de frustration, de vexation et d'attente, mais toujours de sourire, du sien, et du blanc de ses cheveux. L'immatérialité qui avait transcendé mon existence parce qu'il m'avait créé, parce que j'étais sien, et que je me plaisais à le voir poser les yeux sur moi quand je prononçais ce prénom en une syllabe. Comment parler de Chess ? Devais-je chercher à le définir ? Je n'y arriverais pas. Ce que je ressentais ? C'était peut-être égarer sur le bord de mes mots ce qui aurait été important. Je ne savais pas. Je ne savais pas exactement comment parler de Chess. Ceux qui me côtoyaient le connaissait, pour avoir entendu parler de ses actes, de sa manière d'être, et/ou m'avait vu avec lui. Alors je ne m'étais jamais interrogé sur la manière dont je devrais présenter Chess à quelqu'un ignorant qui il était. Qui était Chess ?

    « Il n'est pas uniquement ce que je te dirais de lui, assurément. »

    Zakuro et son incapacité à répondre correctement aux questions, aux consignes, aux attentes. A la différence que pour lun, je voulais. Je voulais lui faire savoir, lui faire comprendre. Il avait dit « Parle-moi de lui. », « De Chess. » Y avait t-il une consigne particulière dans cela ? L'univers de Chess était une extension complète de tout ce qu'il était. Je vins déposer mes bras sur la table, pour me laisser être soutenu par quelque chose de solide, de matériel. De destructible, mais qui me retiendrait à la réalité.

    « Il est ce que je n'aurais jamais cherché, je crois. Il est à l'antithèse même de ce que j'ai toujours cru avoir besoin. Mais à partir du moment où j'ai découvert son existence, je me suis rendu compte qu'il est une étape, et que cette étape est des plus importantes dans ma vie. Il n'est pas une étape matérielle, que l'on peut franchir, et dépasser. Il est une étape qui t'accompagne. Ou peut-être que c'est moi qui ait décidé de ne pas l'abandonner, cette étape, parce que je sais que je suis en mesure de construire le chemin que je veux, maintenant que je l'ai rencontré. Parce qu'il m'offre la possibilité d'être et d'exister, et que je peux dire qu'il m'a construit. Il m'a construit, il m'a façonné, parce qu'il a détruit tout ce que j'avais mis en place avant de le rencontrer : il a détruit mes doutes et mes erreurs de mon envie d'être pour me montrer que je peux et que je veux être ce que je désire être. Il m'a laissé le choix d'ouvrir la porte, et je l'ai ouverte, parce qu'il a été là. »

    La manière dont il s'était jeté sur moi, par exemple, en gazouillant d'une voix enfantine, ses mains se plaquant contre ma poitrine, me renversant sur les tatamis, et son rire qui assurait : « Si tu n'attaques pas en premier, je vais te démantibuler ton jeu, Zakuro. » Cela, par exemple. Il l'avait fait.

    « Il m'a offert une couleur, et je l'ai accepté. C'est un cadeau qui me permet d'exister avec sincérité. Il m'a offert plusieurs choses que j'ai pris entre mes mains, que j'ai appris à apprivoiser, ou à dompter, ou à manipuler pour en faire mes définitions, mes concepts. Il m'offre cette vie que je fuyais, et l'humanité qui va avec. Et ça me plait. Ça me plait vraiment.  »

    Je souriais, un rire sur le coin des lèvres, un rire silencieux, venu exploser au fond de mes prunelles.

    « Mais lui, ce qu'il est … Il faudrait que tu le rencontres pour comprendre. C'est … que j'explique assez mal, je crois. Il est ce garçon qu'on voit tous, et qu'on craint, qu'on respecte ou qu'on admire, qu'on va chercher à frapper ou à baiser. Il est ce garçon qui fait peur parce qu'il n'a pas de limites, et que quand on est normal, on peut le trouver monstrueux, dérangeant et sale. Une espèce de sale bête dangereuse venue manger dans notre écuelle. Il fait peur, il dérange, parce qu'il ne se conduit pas comme tout le monde, il ne cherche pas à s'adapter au terme de la normalité, et il se moque, il rit, il sourit de tout ceux qui s'y placardent, à cette normalité. »

    Une pensée pour Swan le blond, Swan aux yeux bleus, et son soupir consterné lorsque les vêtements étaient tombés dans le réfectoire et que j'avais souri à Chess, en levant le visage vers lui, lui demandant s'il jouait, lui demandant s'il s'amusait. Toujours. Always. Always. Une pensée pour la normalité qui ne s'établissait pas dans le monde de Chess. Un monde que j'avais découvert avec lui, avec son arrivée.

    « Chess m'a tendu la main, et je crois qu'il m'a laissé le choix de la saisir ou pas. Je l'ai prise. Je l'ai prise parce que j'avais besoin de lui. »

    Et cela fait trois ans. Trois ans, hein, monsieur ?

    « Tu te souviens ? Des questions que tu m'as posées, de l'orgueil avec lequel je te répondais en étant persuadé d'avoir raison. De l'amour, de la mort ... »

    Tu t'en souviens, je le sais. C'est juste que ça me fait encore mal.

    « Chess est une des grandes réponses que je pourrais te fournir aujourd'hui à ces mêmes questions. Mais je n'avais pas cette réponse, avant. J'étais perdu avec moi-même. Il m'a permis de me trouver, il me permet de dire « Je t'aime » à certaines choses ou gens. Il est important. Il est Chess. »

    Il est l'Immatérialité, il est Chess, il est le Junkie Hilare, l'Insoutenable, il est le garçon que j'aime serrer contre ma poitrine lorsque je m'endors, il est le type à qui j'aime sourire et répliquer aux phrases mordantes, à qui j'aime exposer mon point de vue sur le monde. Il est le garçon qui hurle « ténébreuse bourgeoisie » en jetant des feuilles de mathématiques face aux filles un peu trop suspectes, il est l'humain inhumain, il est le garçon que j'aime barbouiller de couleur en posant mes lèvres sur sa bouche pour un « Bonjour, toi » qui n'appartient qu'à nous. Je souris. Puis soudain, l'éclair d'une illumination.

    « Oh, et pour les humains, il est aussi Kohaku Joshua Mitsumasa. »

    Évidemment ! Je prononçais rarement cette identité. Si je l'avais déjà appelé Kohaku, c'était dans des cas qui se comptaient sur les doigts de la main. Lorsque je parlais de lui aux gens qui le connaissaient, mais uniquement son son prénom japonais. Lorsque je devais m'adresser à un administratif me demandant son nom, ou lorsque Kojiro parlait de lui. Kojiro avait une capacité extraordinaire à passer du « Kohaku », au « Chess », en passant par « Mitsumasa ». Mitsumasa. Je ronronnais ce nom que je ne prononçais que peu, dans ma tête, faisant rouler les syllabes les unes derrière les autres, dans l'éboulement de ce que pouvait être l'idée d'une fondation familiale Mitsumasa. Allez. Terminons là ce qui ne saurait être dit de Chess. Je soupirais, mes prunelles fendues sur ces mots que je taisais mais qui hurlaient dans ma cognition de sa perception.

    La cigarette.

    « Non. »

    lun s'était un peu crispé, avant d'offrir sa réponse. J'avais patienté, caressant de l'esprit les possibilités de ses réactions et cette réponse offerte avec un sourire, mais dans la négation me stupéfia. Non ? Vraiment ? Mes prunelles étrécies, je le fixais.


    « Je ne donne pas dans les premières fois.  Et j’ai épuisé mon quota de mauvaises actions. »

    Mais il y avait un sourire sur les lèvres de Un.


    « Je t’ai raconté ? »

    Je gardais le silence. Je gardais le silence parce que j'attendais le moment propice pour me mettre à parler. Et que la question de lun ne me permettait pas de répondre oui.

    « La première fois où j’ai fumé ? »

    La question de lun ne me permettait pas de répondre oui. Je cessais de sourire, acérant mon attention sur ses yeux, sur ses lèvres, sur ses doigts, écoutant, patientant. Il n'y eut pourtant pas de réponses. Mais l'opportunité pour moi de lui répondre. De fournir, peut-être, une réponse qui rentrerait bien dans l'attente de la demande.

    « Pourquoi. Pourquoi tu veux fumer, Zak ? »

    Encore un sourire, encore ce sourire qui n'est pas une arme ni une défense, mais simplement une manifestation de ces sentiments qui galopaient dans ma poitrine pour venir transformer les digues à l'intérieur de ma tête en des bans de sables qui s'affaissaient sous l'émerveillement de le découvrir un peu plus à chaque fois, et de me heurter à cette rencontre magistrale. Je souriais.

    « Parce que c'est toi. Parce que c'est un souvenir que je veux garder. Avec ou sans cigarette, ce n'est pas l'important. C'était juste un prétexte, mais en réalité, ce que je veux, c'est toi, le souvenir, et l'amitié. C'est le plus important. »

    Je me reculais, inspirant, m'étirant, dans ce mouvement infiniment court de l’inhalation succincte. Seconde d'infinies étourdissantes dans ma tête. Seconde de ce « Non » catégorique que j'imprime avec force et soin dans ma mémoire, de cet éclat dans ses yeux, de l'odeur du café, et, et … Et. Tellement de choix, de possibilités. Je me souviens, qu'une fois, Chess avait dit qu'ils étaient tous mes jouets. Tous ? Même quand je les aimais ?

    « Tu es important, lun. Tu es important pour moi. »
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MessageSujet: Re: Dessins égarés ~ Lun ~   Dessins égarés ~ Lun ~ - Page 2 EmptyMar 15 Oct 2013 - 6:53

Par avance ... :

Finalement, Lun n’avait rien trouvé à répondre à Zakuro. Absolument rien. Qu’aurait-il pu lui dire ? Le rouge à ses joues trahissait son sentiment de gêne. Il passa quelques minutes à boire son cocktail, les yeux brillants dans le vague. Sans doute que plus tard, il regretterait de n’avoir rien dit. La confusion l’avait envahi, et il avait soudainement protesté qu’il devait retrouver ses enfants. Ne sachant pas d’ailleurs s’il avait un jour parlé d'eux à son camarade. Dans tous les cas, maintenant le rebelle savait. Lun avait fuit en laissant de l’argent sur la table, rouge de bonheur d'être important. 
Lun avait revu Zakuro par la suite, à plusieurs reprises et plus le temps passait et plus il se détendait, apprenant à voir le garçon en jeune homme et non en enfant. A apprendre de lui. Plus le temps passait, plus la phrase dansait dans sa tête. Je suis important. Je suis important pour quelqu'un. Sans doute, l'avait-il raconté à Shiki, se précipitant chez lui, sans prendre le temps de réfléchir. Lui disant qu'il était parvenu à se faire un nouvel ami autre que lui. Autre que les anciens. Zakuro Fea .. .Zakuro Fea. Zak, la petite fée.  
 
Le 05 aout deux mille treize et son tremblement de terre les frappèrent tous les deux. La plus grande secousse pour Lun ne fut toutefois pas sismique ... 
 
X X X
 
=> Suite de Chinoiserie {Hôpital}
 
Comment aurait-il pu penser que l'ancien psychologue de l'école était encore en vie ? Lui qui semblait avoir disparu de l'académie depuis de nombreuses années. Lui qui semblait avoir tout perdu. Comment avait-il pu se relever et parvenir à affronter le monde l'entourant jusqu'à revenir dans une réunion du Directeur ? Lun Marv s'était convaincu au fond de lui que Charles était mort. C'était plus simple ! Divaguant dans les couloirs, le futur journaliste spécialisé dans la criminologie marchait de long en large dans l'hôpital. Il devait trouver un moyen de tuer Charles Brisebois. Il n'y avait que de cette manière qu'il serait débarrasser de l'homme. Seulement, pas question de finir en prison. Il le supporterait, pas ses enfants. Philip ne pouvait pas s’écarter de lui. Le britannique plongé dans ses réflexions en fut stoppé brutalement par la présence d'un visage connu. Il n’aurait jamais pensé croisé Zakuro Fea dans les couloirs de l’hôpital. Pourtant le jeune homme était bel et bien là. Ses yeux posés sur lui. Sans doute éprouvait-il de l’inquiétude. Est-ce qu’elle était dirigée vers lui ou vers une autre personne ? Lun se dit que Zakuro avait dû venir voir l’hermine blanche et qu'il le retardait. Pourtant, en le croisant dans le couloir, tardivement le soir, il n’avait pas pu s’empêcher de le retenir brusquement et de l’entraîner dans un débarras.
 
Tu es important. ~ Comment va Elyott ? Qu'est-ce-qui se passe, Lun ? ~ Tu ne peux pas gagner.  
 
Charles Brisebois ne pouvait pas atteindre Elyott. C'était une certitude. Elyott était protégé, à Londres, entouré de leurs amis, de ses amis, de sa famille et protégé par son innocence de toutes ses conneries. Purée, bordel de merde. Elyott ... Je suis tellement con. Je suis tellement désolé ... Je n'aurais pas du te laisser. Pas du tourner aussi facilement la page. Pas du ... Pas du ... t'abandonner car la distance me faisait peur. Car je ne voulais pas blesser Iris. Je suis vraiment un gros con ? Est-ce que tu avais seulement conscience à quel point putain de merde, je t'aime ? A quel point, j'ai su dès le premier que notre chemin était fait pour être ensemble.  Lun était heureux. Depuis quelques mois, il était heureux. Choyé par une petite-amie désirable, protégé par ses amis, les fantômes qui le hantaient n'étaient plus que des cauchemars qu'il dissimulait. Entre ses amis d'autrefois, les nouveaux, sa famille et son travail, comment Lun aurait-il pu exprimer le bonheur qu'il éprouvait. 
Charles. Il pouvait atteindre les autres. Il pouvait faire renvoyer Sora pour mauvaise conduite, il pouvait atteindre Zakuro, le blesser, le frapper, ou pire encore s’il apprenait sa proximité avec Lun. Il pouvait …
Lun n’avait jamais osé relever l’accident de la photographie avec Kohaku. Il n’en avait jamais parlé à Zakuro et il ne savait pas si Kohaku l’avait fait. Ce jour-là, quand Kohaku l’avait pris en photographie : Lun avait réagit comme-ci on venait de le violer, comme-ci on venait de tenter de le prendre de force, de l’obliger à avoir une relation qu’il ne désirait pas. Ce n’était qu’une photographie, mais Lun n’avait jamais oublié avec quelle horreur et quelle surprise, il était tombé sur les photographies que le psychologues avaient de lui.Toute l'horreur de la situation lui revenait dans la tête et la même question obsédante : qui était en tort ? Qui passerait en tort aux yeux des autres si la vérité était connue ? 

Il était celui qui avait été voir un psychologue pour avoir un certificat d'aptitude pour élever ses enfants. Il était celui qui s'était amusé à provoquer ce psychologue. Il était celui qui avait ouvertement glisser ses mains sur l'homme, s'amusant de l'effet qu'il provoquait et qui avait sciemment décidé de coucher avec contre le droit de garder ses enfants. Au final, le jeu aussi sadique soit-il lui plaisait au départ. Sans s'en apercevoir l'emprise de l'homme s'était formé de telle sorte que Lun était convaincu qu'avoir des relations avec lui serait bénéfique pour son avenir. Seulement, lorsqu'il avait voulu arrêter pour Elyott, les choses s'étaient compliquées. D'abord les menaces, les coups, la violence et ce moment où le retour n'était plus possible. Où les cuisses de Lun se tâchaient d'un rouge qu'il n'aurait jamais cru connaître à nouveau. Le pire, c'était l'humiliation. Enfant, il avait été violé : mais il avait l'excuse d'être un enfant sans défense. Là, il n'était qu'une pute de luxe bloquée dans son jeu de rôle ! 
 
Charles était en vie. Et Lun allait le tuer. Il allait le tuer avant que Charles Brisebois ne puisse se venger ou qu'il essaye de toucher à l’un de ses amis. Et pour ça, Lun ne pouvait plus se donner la peine d’avoir des gens gravitant autour de lui. Non. Lun ne voulait pas. Il se souvenait autrefois avoir fermé les yeux et émit un petit non plaintif, et avoir entendu cette phrase : je vais t’apprendre à te contrôler. Comment avait-il pu croire un tel mensonge ? Il se souvenait des autres. Tout lui revenait au fur et à mesure depuis que Charles avait apparu et frappé à la porte des toilettes où il était enfermé. Ses mots. Ses phrases. Tu pourrais perdre tes enfants, non ? Tu veux vraiment que je signe ce papier ? Et puis, ses insultes, ses insultes-là, il ne pourrait jamais les oublier. Tu vois que tu sais être obéissant. Cette main plaquée sur lui, tirant sur ses vêtements, le blessant, l'attaquant. Seulement, cette main-là, il l'avait provoqué, il l'avait tenté, il l'avait laissé faire au départ. Il la lui couperait ! Il le briserait ! Il le tuerait !  
 
Lun dégluti. Il avait attrapé Zakuro et le fixait désormais avec une peur effrénée de le voir se douter de quoique ce soit. Il devait être clair, il devait être juste et jouer le pire rôle de toute sa vie : Le rôle de la trahison.
 
Tu es important, Lun.
FERME-LA.
 
Tu es important. A quoi bon dire ce genre de phrase, ça n’avait aucune valeur, aucune raison d’être. Lun avait été important aussi pour Lanaru Minouska, Setsumi Hiûjiro, Kodaa Lewi’s, Elyott Lloyden, Sora Kumori, Yume Namida, Rachel Leboit, et tellement d’autres encore. Il était important pour eux : et ça ne les avait ni empêcher de le virer de leurs vies ni empêcher de partir de l’académie Keimoo. Son importante n’était toujours que temporaire. Tout n’était que temporaire. Ce genre de mensonge, Lun n’y croyait pas. Il ne pouvait pas croire que quelqu’un comme lui puisse être important pour quelqu’un. Il n’était qu’un passe temps, une occupation dans la vie des gens. Quand ils s’ennuyaient ou avaient un coup de blues, ce sacré Lun était là. Voilà ce qu’il était.
Comment expliquer ce frisson qui le parcouru à la phrase du jeune samouraï ?  Stupidité du cœur. Tout ce qu’il y avait d’esprit dans l’anglais lui disait de ne pas avoir confiance aux verbes de Zakuro et tout ce qui lui restait de cœur s’accrochait soudainement désespérément à cette phrase.
 
« Tu as dit que tu voulais un souvenir de moi. Tu te souviens ? Ce jour-là, au café, quand on s’est revu ? Tu te souviens ? » Lun est un peu délirant, sans doute, il essaye de parler lentement, alors que son cœur s’emballe.
 
Je vous baiserez autant de fois que vous voulez, mais je vous interdis de me prendre.
Dis Lun ! Ton ami Sora, il est mignon dans ce genre, non ? Tu crois qu’il aimerait te voir écarter les cuisses ?Je devrais peut-être lui parler de tes problèmes. Il aimerait peut-être savoir quel goût tes lèvres ont ? Quel est le meilleur moyen de te faire jouir ? Ou peut-être devrais-je lui apprendre. Non ? Il est à deux doigts du renvoi …
Pourquoi … vous me faîtes ça ?
Car je t’aime.
Hahaha ! … Vous m’aimez ? Bouffon.
 
Tu es important, Lun.
FERME-LA.
Sora avait été écrasé par une voiture ou on lui avait tiré dessus ? Cela n’avait rien à voir avec Charles. Lun en était persuadé, le jeune homme était l’ennemi de bien du monde et les voitures peuvent écrasé n’importe qui. Oui. Mais … Et si c’était Charles ? Si c’était Charles qui avait attaqué Sora ? Si c’était Charles qui s’en était prit à Maeki ? Si c’était Charles qui avait rendu Shiki impopulaire ? EVIDEMMENT que c’était faux. Evidemment. Pourtant, il les avait menacé. Il l’avait fait. Peut-être …
Peut-être que Lun était responsable. Il l'était . LE PIRE. LE PIRE. C'est que Lun avait aimé Charles à sa manière, vraiment. Il avait tenu à lui. Et désormais, si Charles pouvait le mettre en cage, il le ferrait. 
 
Peut-être que Lun risquait de faire tuer Zakuro.
 
« Tu parlais de souvenir ! Je ne veux pas que tu es le souvenir. Je ne veux pas. Tu sais, j’ai tendance à avoir des tics, des sales tics. Tu te souviens de cette discussion sur les objets ? Les objets que je prends et qui me rappelle mes amis ? »
 
Lun redressa un sourcil curieux avant de poursuivre d’une voix calme, sobre, ses doigts se posant sur les épaules de Zakuro, à la fois pour s’y appuyé car il devrait être allongé dans un lit d’hôpital au lieu de gambader joyeusement d’une chambre à une opération à une chambre depuis qu’il s’est retrouvé ici. Parce qu’il a peur de voir Zakuro disparaître soudainement. Brusquement, dans un pof de magicien. Les mains sont nerveuses, violemment accrochées, les yeux un peu fous ... 
 
« J’ai une manie idiote. Si je veux revoir une personne et que je sais que dès qu’elle quittera la pièce, elle me manquera, je lui vole un objet qui se consomme. Un objet qui finira par ne plus fonctionner, comme un briquet, une boîte de gâteaux et d’autres objets. Cet objet signifie : Ok, ok. Ok, je sais qu’on ne peut pas se revoir tout de suite, mais on doit se revoir avant que l’objet soit terminé, avant que je me sente trop seul. En attendant, je me servirais de lui pour ne pas trop te presser. »
 
La fièvre le fait légèrement délirer, Lun ne sait pas même si ce qui dit est compréhensible. C’est pourtant simple. C’est pourtant simple. Sauf que son cœur se broie dans sa poitrine. Il ne veut pas perdre Zakuro.

Il le doit. Il doit accepter de tous les perdre s’il ne veut pas être la chute de tous ceux qu’il aime.
 
« Parfois. Parfois, je prends un vêtement, un objet qui ne périme pas, qui ne se perd pas. Comme un tee-shirt ou un pull.  Un objet qui veut dire : c’est un souvenir car je sais qu’aujourd’hui, là maintenant, tu vas m’abandonner. Et comme je ne peux pas te faire le reproche, comme je ne peux pas en mourir ni te retenir, alors que je prends ce souvenir … Tu vois … un souvenir … c’est quand les gens ne reviennent pas … »
 
Soudainement les yeux de Lun se brisent, l’éclat, puis sa voix, ses mains retombant gauchement autour de lui. Sa décision est prise : il doit tuer Charles ou mourir. Il ne peut pas continuer … Il ne peut plus continuer. Personne ne viendra l’aider. Ni la forte racaille Sora, ni l’astucieux et judicieux creepie Shiki, ni la maligne rebelle Yume, ni le fin samourai Zakuro. Et c’est de sa faute :
Yume a raison : Lun sait qu’il est entouré. Il est certain que s’il disait la vérité, certains voudraient l’aider. Ils se mettraient en danger. Lun refusait de voir Sora se faire renvoyer, Shiki tenter de le pousser vers un commissariat ou la parole de l’un et de l’autre devront s’opposer, faire subir à Yume le reflet de son propre viol ou pire : voir Zakuro : voir le sage et respectueux Zakuro haïr quelqu’un qu’il ne pourra pas atteindre sans trahir ses règles. 
 
« Zak … Si je disparaissais, je ne veux pas que le souvenir de moi qui te subsiste soit une odeur de tabac froid. Je préfère encore ton dessin. Je ne veux pas n’être qu’un tee-shirt dans la garde-robe de quelqu’un. Si je me satisfaits de si peu, c’est que je suis envahissant. Je suis tellement … envahissant que j’use les gens. Je les use jusqu’à ce qu’il ne puisse plus m’assumer et qu’il se contente de me jeter. Comme on jette un papier de mouchoir.  Dans le fond, ce n’est pas bien grave …. »
 
Lun fait non de la tête, il est perdu. Il ne prendra rien de Zakuro. Il ne mérite pas cela. Le garçon ravale ses larmes, pour avoir un sourire, mi-sarcastique, mi-mauvais. Ses yeux brillent, impudemment, moqueusement. Il n’est pas question de craquer.
 
« Tu aurais finit par me jeter. Comme les autres. Car, on n’y peut rien. En attendant … Si tu veux quelques choses de moi. Quelques chose qui soit moi, ce n’est pas la cigarette. Ce n’est pas la cigarette. »
 
Et soudainement, le blond divague, empêchant l’autre de parler, l’empêchant …
Il parle de tout autre chose. Il lui avait demandé s’il savait et puis il ne lui avait pas raconté. Il peut lui raconter, cette fois il le peut.
 
« La première fois où j’ai fumé, j’avais douze ans. Je crois qu’on peut dire que j’étais un enfant, je n’en avais pas conscience. Il y avait une femme avec qui j’avais des relations sexuelles. Je ne peux pas affirmer que c’était consenti. Je peux confirmer que mes faibles protestations m’ont toujours semblé trop peu face à ce que j’aurais du ou pu faire. En tout cas, il y avait moi. Enfant. Il y avait cette femme. Il y avait le silence. Le noir.
C’était un noir insoutenable. Et la lumière d’un écran d’ordinateur. Tous les soirs, quand elle avait terminé ou avant qu’elle ne commence, je me glissais jusqu’à lui et j’écrivais à un adolescent qui vivait au Nord de ma ville. Je lui racontais les problèmes avec mon frère, ma vie, mes soucis et j’inventais des mensonges de richesses, d’amitiés et de joies que je n’avais pas.
Et quand cette femme glissait ses doigts sur moi, je fermais les yeux et je pensais très fort à la prochaine connexion, aux prochains échanges. Rien n’avait d’importance à part ce correspondant. Je m’en rendais malade.
Un jour, je me suis disputé avec lui. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Ensuite, j’ai hurlé après la femme et elle m’a battu. Elle ne m’avait jamais battu et violé comme elle l’a fait la première fois ce jour-là. Alors je suis allé dans le seul endroit où je me sentais en sécurité. Chez mon amie, Cassandra.
 Elle était là …, elle fumait un joint avec des copains à elle. Je lui ai tout avoué. Tout raconté. Et elle n’a rien fait. Personne n’a jamais rien fait. A chaque fois que je suis parvenue à parler de ce que cette femme m’avait fait ; A chaque fois que l’insoutenable traversait mes lèvres, eux s’excusaient et ne faisaient rien. Pensant que si je voulais, je pouvais m’en sortir. Puisque j’étais capable pour soulever des montagnes, ils ont toujours pensé que je pouvais retirer ce grain de sable.
 Sauf que c’était faux. C’était totalement faux. Tu sais pourquoi ? Car les montagnes, je les soulève pour les autres. C’est facile d’aider les autres, d’être un ange gardien. Quand il s’agit de soi, c’est différent. Quand on doit s’aider, alors qu’on n’a toujours été qu’un objet souillé, on ne sait pas par où commencer. On a peur de tout perdre, on a peur de ce qui va arriver et on demeure pétrifié par l’angoisse.
Désolé … Je m’égare. En tout cas, ce jour-là, avec Cassandra se trouvait un de nos amis qui est depuis décédé de sa propre connerie. Ce jour-là, il m’a attrapé, il a posé la clope entre mes doigts et un briquet : le sien. Et il m’a dit : « Ecoute-moi bien. Tu dois être fort. Personne ne viendra te sauver. Tu comprends ? Il y a des gens qui sont comme des princesses et qu’on viendra toujours aider même quand elles se foutent comme des connasses dans la merde ou s’inventent des contes de fée. Il y en a d’autres que personne ne vient aider. Personne, car on  les trouve trop différents, trop forts ou avec trop de problèmes pour être aidé. Et toi tu fais partie d’eux. »
Je crois que j’ai manqué de pleurer à ce moment-là.
Il a serré ma main, si fort qu’elle semblait rougir, je sentais chacune de ses phalanges, je sentais mon cœur battre entre eux.
Il m’a dit : Quand une femme ou un homme posera la main sur toi, quand ils auront terminé ou à chaque fois que tu penseras craquer, tu prendras une clope dans un paquet. Tu le monteras à tes lèvres, et tu verras ce briquet. Mon briquet. Et tu te souviendras que malgré tout les problèmes : il y a quelqu’un qui a un feu semblable pour toi. Il y a une personne qui pense à toi et qui attend que tu lui rendes son briquet. Car c’est un emprunt, tu comprends ? »
 
Et disant la question, Lun la posait autant à lui, comme son ami l’avait fait, qu’à Zakuro. Est-ce qu’il comprenait ? Est-ce qu’il pouvait comprendre ? Est-ce qu’on pouvait comprendre ?
 
Qu’il devait …. 
 
« Je l’ai regardé, et il m’a montré comme fumer la cigarette. Il m’a montré, comme retenir mes larmes quand les choses ne vont pas, comment fumer, en pensant que ça ne fait rien. Que ça ne fait rien si les hommes abusent de moi, si je sers de monnaie d’échange, si je ne réalise pas mes rêves ou si mes amis me trahissent. Cela ne fait rien, car il y a toujours quelques part, des petites flammes qui pensent à moi. »
 
Un petit rire moqueur sorti de la gorge de Lun alors que ses yeux fiévreux se fixaient derrière eux, vérifiant que personne ne venait. Que … Charles ne venait pas.
Car … il allait le tuer.
 
« Et c’est … de la connerie. De la connerie. Une vraie connerie. La réalité de tout cela … La seule vraie vérité, Zakuro … C’est que je fume pour ne pas craquer. La cigarette m’empêche juste d’avoir des émotions. Elle m’empêche de trembler, de pleurer, d’avoir peur. Elle ne les retire pas, elle les cache juste au monde. Est-ce que ça a fait de moi quelqu’un de fort ?
 
Ou juste un lâche qui se planque. Un lâche qui n’a besoin de rien d’autre pour vivre que … »
 
 Tu es important, Lun.
FERME-LA.
Lun soupire.
 
« Ca. … »
 
« Je ne suis important pour personne. Zakuro. Si demain, je mourrais. Tu pleurais, tu pleurais, puis tu oublierais et tu continuerais d’avancer. Si demain, je mourrais : c’est ainsi qu’on se souviendrait de moi.
 
Je ne suis pas gentil. Je ne suis pas un ange. Arrête ! Arrête de me regarder en gentil, en ami, en quoique ce soit de bien. REGARDE-MOI ! Ok. Je suis une pute, je me vends au premier venu dans le quartier Bougu pour payer mes fins de mois car j’ai pas une tune en poche depuis que mon père m’a coupé les vivres et parce que les dernières tunes qui me restaient je les ai donné à connard de pote qui depuis ne me parle plus.
Je suis un salaud qui n’hésite pas à baiser Charles Brisebois, sa fille et son fils, peut-être pas en même temps, mais si j’avais pu le faire : je l’aurais sans doute fait.
Je suis le connard qui a mis une fille enceinte et qui me tape ses deux marmots pour faire bien. J’ai pas d’amis, j’exploite juste des gens. Je ne t’aime pas, tu m’amuses juste. Je suis comme ça. J’aborde des gens ou ils m’abordent. Je cause, je les embobine, jusqu’à être important pour eux, je les baise puis je me casse. Sauf, que tu ne vaux pas la peine que j’aille à l’avant-dernière étape. Alors je vais à la dernière :
Dégage de ma vie, Fea ! Je ne veux rien de toi et je ne veux rien de moi dans ta vie. Dégage de mon chemin. Tu crois que j’en ai vraiment quoique ce soit à foutre de tes histoires de samouraïs, d’honneur et d’autres conneries ? La vérité, c’est que t’es juste un paumé parmi les paumés. Tu ne sais pas qui tu es, tu ne sais pas quoi faire et tu t’accroches aux gens comme la glue à des doigts parce que seul, tu te retrouves face à toi et que tu sais que toi, … c’est de la merde. »
 
Lun a des difficultés à respirer, pourtant sa voix, peut-être légèrement vacillante au début, se veut convaincante, assurée, voir particulièrement mauvaise et provocatrice. La méchanceté lui vint dans l’improvisation. Il n’aurait jamais cru être capable de dire autant d’horreur sans les penser aussi vite à une personne à qui il tient autant.
 
Seulement, ça lui semble tellement facile à dire. Tellement facile, car au fur et à mesure qu’il parle, il réalise à quel point c’est plus simple de se faire haïr que de se faire aimer.
 
« … Je ne le répéterais pas Fea. Supprimes tes dessins, dégages et ma vie et va faire chier une autre personne. Tu me dégoûtes ! »
 
Le blond n’a plus rien à dire, alors il voudrait se taire, mais une phrase l'en empêche, des mots qui se répètent. Quatre putains de mots qui veulent lui faire croire à une connerie. Qui l'agacent, l'énervent et ne font que le rendre plus fébriles. Ses yeux noirs fixant d’une colère non fondée Zakuro. Garder un masque, ça peut être compliqué, alors il doit se concentrer. Ne rien laisser transparaître. Et l’énervement le gagne. Qu’il dégage, dégage vite !

Tu es important, Lun.
«FERME-LA.FERME-LA.FERME-LA.FERME-LA.FERME-LA.FERME-LA.FERME-LA.» Comme une litanie, Lun tentait de chasser cette phrase dans sa tête, alors qu'il répétait lentement, sans crier, rapidement, d'une voix basse, mais en boucle à l'autre de se taire, sans même savoir s'il parlait. 
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Zakuro Fea
▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
Zakuro Fea


Genre : Non Binaire Lion Coq Age : 30
Adresse : 3, rue la Chance, app. 11, quartier Hiryuu, avec Lawrence E. Swanster.
Compteur 1580
Multicompte(s) : Kojiro Sekigahara

KMO
                                   :

Dessins égarés ~ Lun ~ - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Dessins égarés ~ Lun ~   Dessins égarés ~ Lun ~ - Page 2 EmptyMer 16 Oct 2013 - 1:18


    [considérant que tu es la première personne avec qui je peux rp à l'hôpital, je me permets d'instaurer un peu le cadre dans lequel est Zack, et ce en considérant que tu es aussi la première personne qu'il voit. ]

    J'ignorais comment lun m'était tombé dessus. J'avais répété un nom, le même, par crainte de devoir en prononcer d'autre. Mitsumasa, Mitsumasa, mitsu … vous n'avez toujours pas reçu de Mitsumasa ? Vous ne savez pas qui c'est ? Comment, et pourquoi est-ce que vous ne le savez pas ? Dois-je pleurer ou me satisfaire de ce fait, et me dire « C'est bon, il n'est pas là, c'est qu'il n'en a pas besoin. » Ou bien considérer que les urgences avait déjà refermé au dessus de son visage la fermeture éclair d'un sac que l'on n'ouvrirait qu'à la morgue ?

    Hébété dans ce couloir qui se remplissait de son vide, et du nom que je ne prononçais plus, le taisait entre ma langue et mon palais, je fixais cette valse de médecin, de gens, de morts, de futurs-morts, futurs-vivants, de femme enceintes, de mecs ensanglantés. De poussière et de cailloux, qui roulaient sur le sol du hall, et les lumières du troisième étage qui ne marchaient plus vraiment dans les couloirs. Je marchais, en silence, ahuri, décalé, avec l'impression d'être un coup de vent, auquel personne n'accordait réellement d'attention. Kojiro, Sasaki Kojiro ? Senta ? Ethel ? Yume ? Lun ? Yui ? Narcisse, Sora ? Kami ? Maman, Papa ? Poussin ? Midori ? Wunjo ? Naoko ? Akio ? Tsu ? Chess ? Gens ? Chaque nom, chaque respiration, chaque battement de cœur, chaque foulée, pour cette crainte grandissante, cette contemplation béate du monde en suspension, d'un arrêt sur image, et cette poussière qui voulait autour de moi. Je semblais être le seul assez lent, assez inactif, assez immobile pour pouvoir la voir, la comprendre, et l'attraper, cet ensemble de particule en suspension dans l'air. Le monde hurlait, se trémoussait et gémissait des plaintes que je commençais seulement à entendre, abruti par ma bulle d'intériorisation.

    Je ne comprends pas.

    Mes yeux grands ouverts sur ce que je ne comprenais que trop bien.

    Et je répétais ce même nom, refusant de passer à un autre, penché au dessus du bureau de la standardiste de l'accueil, cherchant une chambre dans laquelle il aurait pu être cloîtré. Et les heures passaient, se révélant des secondes, et je pleurais sans larmes, je hurlais sans bruit, simplement surpris, incapable d'agir correctement, cantonné à l'idée que la poussière me tuait de l'intérieur.

    Et puis je décidais de m'accorder 5 minutes. 5 minutes de calme, de concentration, de combat sur un tatami immatériel. Cinq minutes de vie, cinq minutes de mort, pour exister ailleurs, pour revenir en arrière et flotter sur des pensées que je voulais savoir maîtriser. Mes yeux portés sur un monde qui se mit à défiler dans le mauvais sens, je calmais mon corps, mon souffle, mon allure. Calme toi, calme toi. Calme moi. Mes yeux s'éteignirent sur le doute, pour ne laisser plus place qu'à une seule chose. La compréhension des faits. Et même si la douleur en devint nettement plus intense, je faisais maintenant face à un ennemi que je savais pouvoir affronter en étant en pleine possession de mes moyens. Et même si ceux-ci se caractérisaient par la peur, la colère, l'énervement, je savais que j'étais là.

    Marcher dans les couloirs, pour occuper ce temps qui filait sans m'apporter de réponse, je marchais au travers d'un vide devenu trop irritant pour que je ne le remplisse pas par mon existence. Les semelles de mes Doc Martens sur la poussière des gravas, du plâtre, et l'absence de beaucoup de normalité sur mon visage. Un certain calme, peut-être, qui me faisait froncer les sourcils, n'accordant mon regard qu'à ce qui ne le méritait réellement.

    Il y eut quelque chose qui s'imposa comme important, et sans savoir comment, je me retrouvais face à Lun. Un repère à ma vérité, un repère à ce dont j'avais besoin. Je ne réussissais pourtant pas à lui sourire. Je ne réussissais pas à parler à ces mots qui coulèrent or de sa bouche, mais il m'éveilla. Oui. Il m'arracha à ma torpeur, me forçant à faire face à une réalité, qui seconde après seconde, devint insupportable. Je ne dis rien, mâchoires crispées sur des mots que je ne savais pas placer.

    L'esprit de Lun agit avec ses mains. D'abord doucement, posées sur mes épaules, puis devenues des serres griffant mon articulation. Le savait t-il ? En agissant ainsi, il me positionnait dans une situation de combat, simulant la saisie du kimono, les fauchages, les prises. Lun, dès son regard, dès ses mots, devinrent quelque chose qui se dressait face à moi, avec une cruauté douce. Et je sentais, malgré le fait que ce soit déplacé, ce sourire, qui pour la première fois depuis le début de cette aventure interne dans cet endroit aux murs trop blancs qui me hurlait son immatérialité, qui me hurlait la couleur de leur os, apparaissait, salutaire et prévenant. Je souriais pour moi, parce que je me retrouvais, et je savais qui je devais être.

    Un sourire qui se calme, mes bras qui se croisent sur ma poitrine, et j'écoute Lun en silence, parce que dans l'histoire qu'il est en train de me raconter, je sais que je suis un personnage, et qu'il est la plume. Et cette plume commence à m'énerver.

    « Je ne suis important pour personne. Zakuro. Si demain, je mourrais. Tu pleurais, tu pleurais, puis tu oublierais et tu continuerais d’avancer. Si demain, je mourrais : c’est ainsi qu’on se souviendrait de moi.  Je ne suis pas gentil. Je ne suis pas un ange. Arrête ! Arrête de me regarder en gentil, en ami, en quoique ce soit de bien. REGARDE-MOI ! Ok. Je suis une pute, je me vends au premier venu dans le quartier Bougu pour payer mes fins de mois car j’ai pas une tune en poche depuis que mon père m’a coupé les vivres et parce que les dernières tunes qui me restaient je les ai donné à connard de pote qui depuis ne me parle plus.
    Je suis un salaud qui n’hésite pas à baiser Charles Brisebois, sa fille et son fils, peut-être pas en même temps, mais si j’avais pu le faire : je l’aurais sans doute fait.
    Je suis le connard qui a mis une fille enceinte et qui me tape ses deux marmots pour faire bien. J’ai pas d’amis, j’exploite juste des gens. Je ne t’aime pas, tu m’amuses juste. Je suis comme ça. J’aborde des gens ou ils m’abordent. Je cause, je les embobine, jusqu’à être important pour eux, je les baise puis je me casse. Sauf, que tu ne vaux pas la peine que j’aille à l’avant-dernière étape. Alors je vais à la dernière :
    Dégage de ma vie, Fea ! Je ne veux rien de toi et je ne veux rien de moi dans ta vie. Dégage de mon chemin. Tu crois que j’en ai vraiment quoique ce soit à foutre de tes histoires de samouraïs, d’honneur et d’autres conneries ? La vérité, c’est que t’es juste un paumé parmi les paumés. Tu ne sais pas qui tu es, tu ne sais pas quoi faire et tu t’accroches aux gens comme la glue à des doigts parce que seul, tu te retrouves face à toi et que tu sais que toi, … c’est de la merde. »

    J'ai posé mes yeux sur lui, et j'ai cessé de sourire.

    « … Je ne le répéterais pas Fea. Supprimes tes dessins, dégages et ma vie et va faire chier une autre personne. Tu me dégoûtes ! »
    « Non. »

    C'est une colère froide, franche, qui chancelle des mes yeux, tempérée par l'ardeur d'une vivacité ne se maîtrisant que par le sabre et la violence. Une violence au goût du blasphème, de la vengeance, qui noyait ses raisons en trouvant ses fondements dans le respect. Mais le respect est une censure, et je ne suis plus assez gamin pour rester vexé par « ça ».

    « Ça », je relevais dessus des prunelles imprégnées par ce sentiment de colère qui parcourait mon corps. Mais une colère que je maîtrisais, et qui ondulait dans mes veines, tapissant les cloisons sans obstruer la totalité d'une régulation de mes pensées. Zen. « Ça », je ne l'ignorais pas, et chacun des mots que Lun venait de me lancer dessus avait sut se planter avec la férocité apportée. Mais. Et mais. Parce que j'apporterais des mais à cette conversation d'un couloir qui se tapissait de tout mon calme, de toute ma tranquillité énervée. Je déverserais les mais, y trouvant des logiques que je déterrerais avec les ongles. Mais. Je ne me laisserais pas avoir par ces mots, Lun Marv. Je ne me laisserai pas attendrir par l'élasticité d'un cœur adolescent, pour être un changement trop important de ce que je voulais être. Peu importe les mots, il n'y avait pas d'importance à attacher à ce qui ne possédait pas d'essence. Et les bras croisés, les yeux glacés sur ces armes de jet lâchées de sa bouche et venus se ficher contre ma chair, je me hérissais de ces piques lancées, me faisant monstre de ses propres mots, me faisant cible offerte. Je ne me cachais pas, je ne fuyais pas ces mots. Je suis. Je le suis.

    Tu voudrais que je parte ?

    « Je ne partirai pas. »

    Regarde-moi. Regarde-moi, je te regarde. Mes yeux posés tout entier sur lui, mon souffle concentré en cette expiration lente, douloureuse. Je regarde. Je regarde tellement, je vois tellement, et il y a devant mes yeux ce dont je me rends compte. Il y a toute cette endomorphine, toute cette adrénaline qui chute comme une pierre au fond de mon corps, maintenant que l'exaltation de ce frisson, de cette vibration à échelle divine est passé. Je contemple, je me rends compte de tout ; de l'horreur, du sentiment qui se dégage et que tout un chacun autour de moi ressent. Je me rends compte de cette colère au fond de ma poitrine, je me rends compte de cette terreur que j'essaie de cacher. Je me rends compte du mensonge que je couve, je me rends compte que j'ai peur. J'ai tellement peur. Il est là, ce frisson à échelle humaine, ce frisson de mon corps, sur ma peau. Elle est là, cette peur qui me fait croiser les bras, serrer les dents, pour qu'on ne voit pas que je suis mort de peur. Elle est là, cette constatation de la perte, de l'horreur, de la mort. Elle est là, cette considération de l'absence qui me donne envie de pleurer, de me laisser tomber contre un mur et de hurler comme un enfant. Je ne veux plus, je ne veux plus, dites moi où sont mes amis, dites moi s'ils sont vivants, dites moi que rien ne changera, dites moi que ce sera comme avant. Voilà ce que je veux hurler, voilà ce que je veux pleurer.
    Et je suis debout, éloigné du mur par ces quelques centimètres qui sont la limite à mon zen. Je suis debout, je serre les dents et je tremble mais je ne le montre pas, parce que je ne veux pas. Je fais simplement le choix de ne pas subir plus que ce que j'ai déjà accepté d'être en soumission. Tu voudrais que je me casse, que je m'enfuie, pour te faire plaisir, et pour ne plus être la victime de ton regard sur ma face ? Non. Je reste là. Pour moi, pour toi.
    Il y a autour de nous, au delà de ces barrières trop matérielles d'un hôpital qui tient debout ; des murs. Des murs par centaines, qui se sont écrasés sur le sol, un peu partout dans la ville. Je m'en rends compte, et c'est épouvantable, mais je me rends compte que je ne suis pas capable, avec mes mains, de retenir un mur qui va s'effondrer. C'est une prise de conscience, c'est la mienne, et devant l'ampleur des dégâts engendrés, devant cette souffrance qui est en train de me niquer de l'intérieur, je sais que c'est insupportable de le comprendre. Les murs s'effondrent. Et je ne peux pas les retenir.

    « Ne me fais pas te perdre dans la poussière. Bordel, Lun, ne te prends pas pour un mur. »

    Tu n'es pas un mur, ne t'effondre pas, parce que tout ce qu'on retient d'un mur qui s'est écrasé sur le sol, c'est du gravier. Et que je ne tolérerai pas ce fait. J'inspirais profondément, mes muscles hurlant cet étirement douloureux, cette douleur qui ne relevait pas du plaisir mais bien de la souffrance, et je respirais. Je respirais pour taire ce cri de mon corps tendu tout entier, en alerte à quelque chose sous mes pieds, sous mon ombre, sous mon existence, sous mille autres vies. Quelque chose qui me dépassait totalement, qui s'accrochait à ma vie, à mon poids, qui me faisait me tenir debout sur le sol. Mais. Mais. Mille fois mais. J'avais mon esprit, mes désirs, mes volontés, mon histoire. Et cela. Cela, jamais un tremblement de terre ne me ferait les perdre.

    « Je sais qui je suis. C'est toi qui est perdu, Lun Marv. »

    Je décroisais mes bras, ignorant l'exhibition de mon frisson. Je taisais la peur, pour l'enfoncer encore un peu plus sous les couches crasses des illusions sécures, que je nettoierais lorsque je me serai calmé. Je ne jugeais pas, je n'attendais pas de jugements, et je me fichais royalement des opinions à apporter sur mon comportement. Je ne voulais pas m'inscrire sur la temporalité du moment qu'essayait d'établir Lun. Je refusais d'être l'esclave de ce qu'il disait, de ce qu'il créait. Je n'étais pas existant pour lui. Je n'étais pas son ami pour lui. J'étais son ami pour nous. La colère flamboyait, le frisson atteint ma poitrine, et mes doigts serrés.

    « Alors je te prie de m'excuser. »

    Mes phalanges vinrent exploser contre sa mâchoire, dans un craquement de mes doigts propulsés contre sa face. Glissement de mon corps, mon buste jeté en avant, je le saisissais par les deux mains au collet, pour le rétablir sur ses deux pieds.

    « Ecoute moi bien ! Tu n'as pas à te perdre toi-même. Ce n'est qu'un tremblement de terre ! Je vais t'interdire quelque chose ! De raconter ces conneries. J'en ai rien à foutre que tu sois triste, ou malheureux. On est 7 milliards dans ce cas-là ! T'es pas plus malheureux qu'un autre, t'es pas plus heureux qu'un autre, ok ! Mais il n'y a rien qui puisse justifier que tu reviennes sur ce que tu dis à propos de l'amitié. Je ne le tolère pas ! C'est comme si tu étais en train de te renier toi même et c'est un putain de comportement de lâche ! Et tu es tout sauf lâche, Lun ! Alors va hurler ce que tu as besoin de vider à un mur ou à un psy, mais ne le pense pas ! Ce n'est pas toi ! »

    Je le lâchais, le nez retroussé dans cette expression de fureur, mes prunelles hurlant cette colère qui pulsait et tambourinait contre ma cage thoracique. Le frisson de peur s'était tût, laissant place à un frémissement de rage qui courait sur toute la surface de ma peau.

    « Tu veux me frapper ? Frappe moi. Gueuler ? Hurler ? Chialer ? Fais. Mais je t'interdis de penser quelque chose qui te fait mentir comme ça. Je te l'interdis, et je me réserve le droit de vérifier que tu vas t'arracher ça du crâne. »
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MessageSujet: Re: Dessins égarés ~ Lun ~   Dessins égarés ~ Lun ~ - Page 2 EmptyMer 30 Oct 2013 - 1:21


 
 
J’ai une mémoire eidétique, les gens disent photographiques. J’ai peur dans le fond d’avoir le syndrome d’Asperger. C’est possible, quand je vois le peu de liens sociaux que j’ai et le nombre de pensées incohérences face à celles du plus grand nombre qui traversent mon esprit. Je m’attache à des idées étranges, à des êtres lumineux, à des propos incohérents. Je ne vois pas le travail comme un aboutissement et je considère mes amis comme la clé de voûte de ma vie.
Je dois être un peu autiste. Cela me fait peur. Quand il m’arrive d’avoir des absences, des gestes incontrôlés, d’être violent envers les autres ou avec moi même. Ces derniers temps, la scarification est presque devenu comme un jeu pour moi. Je cherche les endroits que personne ne voit et, je n’arrive à me calmer que lorsque je vois le sang couler. Lorsqu’il coule trop longtemps, me dis que je vais en mourir et j’ai peur. J’aime cette sensation de peur qui me fait penser
que je tiens à la vie. Seulement, c’est une situation de bien-être éphémère. Car dès que je commence à cicatriser, j’ai le sentiment de perdre à nouveau le contrôle de ma vie. La douleur que je m’inflige. Les gens avec qui je couche. Ce sont des éléments contrôlables qui me salissent mais me rassurent. Je suis celui qui décide. Je suis celui qui sait. Je décide ! Je ne peux contrôler la partie de jeu qu’est ma vie, alors je contrôle quelques pions.
 

Le coup de poing frappa l’étourdissant monologue aussi brusquement que le glas de la mort frappe imperturbable les bonnes âmes. Comment avait-il osé le toucher ? Telle fut la première question de Lun Marv alors qu’un geignement sorti d’entre ses lèvres, proche du grognement d’un animal. Le jeune homme réagit aussi instinctivement que rapidement. Sa main se saisit du poignet de Zakuro, le tordant violemment, avant que son genou ne remonte pour lui frapper l’entrejambe. La main de Lun se planta dans les cheveux de Zakuro, ses griffes s’enfonçant dans le cuir chevelu du garçon alors que de manière très précise le journaliste fracassa le crâne de son ami contre le mur le plus proche, remontant son bras inoccupé jusqu’au coup du samouraï pour l’étrangler à moi. Les coups qui suivirent ne furent que la furie brusque d’un animal sauvage furieux contre l’autre garçon, furieux contre lui-même, furieux contre Charles. Qu’importait que Zakuro puisse répondre, se défendre ou sache parer les coups : Lun Marv était furieux et déchaîné et l’adrénaline l’emportait sur le reste de ses pensées.
 
C’était beaucoup trop demandé à une seule personne. Toutes ses responsabilités, toutes ses histoires qui lui tombaient sur les épaules et le projet meurtrier de tuer. Encore. Car là, était le plus douloureux secret de Lun Marv. Il était un assassin. Un assassin implacable et douloureusement doué dans ce domaine. Il ne pourrait jamais en parler, ce n’était pas vraiment le genre de chose qu’on dit autour d’un café : « Tu sais ce que j’ai fait de mes vacances ? J’ai tué un homme. C’était cool. Et toi, tes vacances ? »
 
Le blond se recula brusquement, épuisé, ses bras se plaçant devant ses yeux pour éviter un éventuel coup. Arrête ! Je ne suis pas celui que tu crois Zakuro ! Putain ! Je ne suis qu’un putain de salaud. Un enfoiré de première. Le genre de personne folle et instable. Il était fou. Lun en avait conscience. Il ne savait pas se comporter comme le commun des êtres ordinaires et il n’était pourtant pas extraordinaires. Juste capable du pire comme du meilleur. Et là : Il voulait juste faire le meilleur. Bordel de merde ! Il devait protéger Zakuro de Charles. Il devait le faire car le jour où Charles tenterait de se venger, sa vengeance serait aussi sévère qu’avait été celle de Lun. Ce jour-là, s’il s’en prenait au rebelle, le populaire ne pourrait plus s’en sortir intérieurement. S’il perdait encore un de ses amis, il en mourrait. Il en était déjà mort. Il en avait conscience. Il n’était qu’un mort vivant.


Lun serra les dents, il eu soudainement envie de vomir. Un gout de sang l'obligea à déglutir, avalant bile et résidu qui étaient remontés. L'odeur de javel tenace dans les hôpitaux lui donna un haut de coeur et l'image de Zakuro face à lui ne fit qu'augmenter son malaise : Il eu soudainement l'envie de se lover dans ces bras, de lui demander de dormir entre lui et Kohaku. Faiblesse ! Ignoble faiblesse Pouvait-il être faible alors qu'il projetait la mort de quelqu'un ? Les larmes avaient cessé de couler. Même la douleur semblait l’avoir quitté. Seule la froideur demeurait dans son corps ne tenant que par la rage et la peur. Cette frayeur imperceptible qu’on pourrait lui retirer ces dernières forces. Sa tête brûlait dans son esprit et l’idée de se faire détester de Zakuro commençait à germer dans son esprit. Etre un ennemi, ce serait mieux que n’être personne. Pourtant dans le fond, le blond savait que dès qu’il aurait la tête reposée, il regretterait ses mots, ses aveux et ses gestes. Il s’emportait bien trop souvent. Il en avait conscience.
 
Il était pareil avec ses amis qu’il ne voyait pas assez souvent. Il parlait trop puis ne parlait plus. Il était capable de leurs poser des tas de questions qu’on évite en général. Est-ce que tu m’aimes ? Suis-je encore ton ami ? Et si la personne plaisantait ou ne répondait pas, Lun piquait des crises. Des crises qui l’envahissait comme un brouillard peut planer dans des marécages de sorcières. Toute une brume s’emmêlait dans l’esprit de Lun. Il boudait, parlait, essayait, s’inquiétait, s’en voulait et finissait par supprimer l’être de sa vie. La douleur était toujours vive, brûlante,violente : Seulement il avait le sentiment de ne pas compter. De n’être qu’un souvenir, de n’appartenir qu’au passé. Lun avait besoin de savoir qu’on l’aimait et qu’on voulait le garder dans sa vie. Même la haine lui était préférable à l’oubli. Sans doute, parce que sa vie entière à voir les gens mourir, partir et à avoir le sentiment de n’être qu’un objet aux mains de parents, professeurs et adultes peu scrupuleux l’avaient rendu aussi fort que fragile.
 
Ce fut la pensée soudaine de Lun Marv, alors qu’il réalisait que Zakuro était un garçon trop malin pour se faire berner par son manège théâtrale. Un sourire illumina alors le visage du jeune homme. Puisqu’il ne pouvait pas obliger Zakuro à l’ignorer : Il pouvait s’obliger à l’ignorer. Il suffirait de ne plus le voir, tout simplement.
 
Ce qui serait facile : les enfants, les examens, le travail lui donnaient toutes les excuses du monde pour éviter une personne.
 
Le blondinet se rapprocha du lavabo se trouvant dans la pièce, rinçant soigneusement son visage. Il remarqua le bleu sur son visage et se mordit la joue. Il aurait au moins l’excuse du tremblement de terre pour expliquer pourquoi il était marqué. Ce n’était toutefois pas très réjouissant. Il allait finir par avoir des soucis avec l’administration si on le soupçonnait de se battre.
Passant sa main dans ses cheveux, où les nœuds s’étaient amusés à entortiller trop de mèches, Lun les attacha pour s’en faire une queue de cheval. Bien qu'il ai déjà prit une douche, il sentait encore la crasse de cet éboulement sur ses cheveux, il avait l'impression d'être recouvert par une poussière sale et blanche, de devenir un putain de fantôme. Il voulait sa dose ! 

Il voulait sa putain de dose. Voilà, ce que pensait l'ex-drogué. Il se serait damné pour s'enfermer dans une pièce, sortir son coffre à héroïne, un briquet, la cuillère tordue avec le temps et noircie d'avoir été tant brûlé. Instinctivement, il aurait donné n'importe quoi : N'IMPORTE QUOI pour pouvoir glisser ses doigts sur la pochette en plastique transparent contenant les seringues hermétiquement protégées. Tous les drogués ont leurs habitudes. Lun avait celle de lire les numéros de sa seringue, se trouvant en haut à gauche et à droite. D'étudier les chiffres. Il pouvait perdre cinq minutes à les regarder. Puis, il y avait le rituel, toujours le même ... 

Ne pas y penser. Ne pas y penser. Le garçon tenta de chasser de son esprit le tapotement de la veine, le tapotement de la seringue. Tous les bons drogués le savent, il faut faire remonter l'air et l'extraire avant de s'injecter le produit. Une seule bulle d'air qui serait restée pourraient définitivement faire passer le trip en deathtrip of curse. Il y avait aussi le choix de la musique, le choix d'un endroit assez sombre et loin des miroirs. C'était important pour Lun dans ces moments-là de ne pas voir ses yeux .... 

Arrête d'y penser ! 
 
Malgré cette toilette sommaire, Lun avait bien conscience d’être en piteux état. De quoi râler intérieurement pendant des heures, car il n’avait pas envie de surprendre les regards furtifs d’anciennes groupies le trouvant particulièrement désagréable. Oui, Lun réalisait à quel point toute sa vie était compliquée. A quel point, il aurait besoin de se reposer.
 
S’il avait eu un peu de force, il aurait rejoint ses enfants et son pote, et il aurait pleurniché pour dormir dans son lit. Il se serait lové contre le mur, l’obligeant à lui laisser la place, et il se serait endormi rassuré par l’idée que si : si quelqu’un rentrait dans la pièce et voulait s’en prendre à lui, il devrait d’abord passer sur le corps de l’autre.
 
Sans doute, aussi, qu’au cours de la nuit, Lun se serait relevé et se serait lové par terre, près de la fenêtre, tremblant de froid. C’était souvent le cas quand il dormait avec d’autres personnes. Un cauchemar le sortait de son sommeil, mais à moitié endormi il décidait de se réfugier sous une fenêtre, ou dans le coin dans d’une pièce. Lorsqu’il se réveillait le matin, il était lui-même perplexe de se trouver-là.
 
Seulement, la réalité, c’était que Lun n’irait pas rejoindre son ami. Sans doute pas. Il demanderait à sa voisine d’aller les chercher puis, il irait les coucher avant de laisser l’inquiétude l’envahir sur les menaces de Charles. Ensuite, il téléphonerait au bar pour dire qu’il ne pouvait pas bosser pendant deux semaines, se haïssant de travailler de cette manière, avant de chercher un moyen de se faire de l’argent.
 
Lun savait plus ou moins que ça se passerait ainsi. A moins qu’il ne décide de passer la nuit à l’hôpital ? Il devait retourner dire à Lawrence l’état de son camarade. Il le devait. Cela dit, il n’avait pas juré rester ici.
 
L’incohérence du jeune blond était palpable dans l’air. En réalité, Lun Marv ne savait pas qu’il souffrait d’une commotion cérébrale l’entraînant dans un délire imperceptible. S’il demeurait cohérent, son esprit plongeait dans l’anabase de la faiblesse de son corps. Seul moyen pour se dernier de rester encore conscient. 
 
« Zak … Si tu es mon ami, tu ne dois pas me retenir. »
 
C'était la première phrase sincère de Lun. La première qui semblait lui être aussi difficile à dire qu'une lettre d'Adieu à Juliette le serait à Roméo. Ce fut finalement la première phrase que le blond prononça, après ces cinq minutes où il tenta de se remettre d’aplomb. Les yeux de Lun, fatigués et tristes, légèrement implorants, s’étaient déposés sur son ami.
 
« Je ne le supporterais pas. Tu veux bien m’accompagner jusqu’à la chambre de … celui que tu nomme Chess ? Jdois l'voir. Et toi aussi, sans doute, non ? »
 
La langue de Lun frappa sur son palais, mais sa voix douce et fatiguée laissait entendre le s’il te plait qu’il ne prononça pas. Elle laissait aussi entendre qu’il ne comptait plus discuter de ce qui avait été dit. Il ne changerait pas d’avis. Pas là, pas maintenant. D’ici une heure, sans doute, d’ici deux peut-être. Mais là, c’était trop compliqué.
 
« Et ne repose plus jamais les mains sur moi. Jamais. Tu es un petit garçon qui ne contrôle pas sa force, aussi je te pardonne … Mais les gamins ne devraient jamais frappé leurs aînés. »
 
Lun eu un sourire malicieux.
 

« Question de respect. ... Je vais fumer, avant. »

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Zakuro Fea
▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
Zakuro Fea


Genre : Non Binaire Lion Coq Age : 30
Adresse : 3, rue la Chance, app. 11, quartier Hiryuu, avec Lawrence E. Swanster.
Compteur 1580
Multicompte(s) : Kojiro Sekigahara

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                                   :

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MessageSujet: Re: Dessins égarés ~ Lun ~   Dessins égarés ~ Lun ~ - Page 2 EmptyJeu 31 Oct 2013 - 0:51


    Tu veux me frapper ? Frappe moi.
    Évidemment qu'il frappa.


    Dans un enchaînement de mouvements furieux, dans un enchaînement de souffle qui devinrent les prémices d'une rage qui pulsait dans nos ventre, Lun abattit sa fureur sur moi, et si je laissais passer le premier coup, si je laissais passer la première violence de son genou entre mes jambes et de  crâne venu heurter le mur trop blanc, sa rage fit naître la mienne, et dédaignant la morsure de ses ongles déchirant ma peau, je dégageais mon poignet immobilisé entre ses doigts pour venir claquer l'intérieur de son coude, pour me libérer de l'étranglement, et pour répondre à chaque coup de griffe par un coup de dents. Des fourmillements dans la poussière, des fourmillements dans les gouttes de sang ; une bagarre sauvage dans le silence d'un couloir d'hôpital. Des fourmillements de bruits qui s'éparpillaient ; grognés dans le revers d'un mur, caché par la colère et la douleur. Je ne voyais pas, je n'entendais pas, et dans ce dialogue qui se faisait avec le corps et les points, je répondais à chacune de ses diatribes.

    Et puis il recula, et la lèvre supérieure explosée par ses soins, j'entrouvrais la bouche sur une méchanceté furieuse que je ne prononçais pas. Pas envie, plus envie, coupé dans l'élan, ramené à l'instant. Ramené au calme, fin du combat, fin de tout, et simplement ce sentiment de lourdeur sur mes phalanges. Il y eut un instant de désappointement, et dans un pas titubé, je reculais, pour me laisser tomber contre un mur qui me retint. J'étais fatigué ; las, profondément las. Même pas endolori, mon corps ne retenait pas assez longtemps les empreintes de la douleur des coups des instants auparavant pour que je puisse m'en plaindre. Si j'avais mal, c'était dans ma tête : et dans cette impression de boulet que je traînais sur des chaînes accrochées à mes épaules, à mes chevilles, à mes poignets. Il fallait que j'assume l'idée que la violence de Lun m'avait permis de libérer, en douceur, la mienne. Je ne m'étais pas battu comme je me serai battu contre un inconnu, et si j'avais cherché à faire mal, vraiment mal,  je n'avais pas cherché à tuer. L'avait t-il fait, lui ? Avais-tu essayé de me tuer, Lun ? Je le regardais, lui et son souffle saccadé, lui et ses yeux verts, ce vert qui me fascinait. Lui et tout ce qu'il pouvait représenter, et je me sentis encore plus las. J'avais besoin de trop de choses. De trop de chose que l'instant ne pouvait pas me donner. J'avais envie d'un endroit où ce blanc serait remplacé par le bleu. J'avais besoin que les murs s'écroulent, et que l'odeur de peinture n'existe plus. J'avais besoin du vent qui venait glisser contre ma peau, pour cette caresse alliée, familière. J'avais besoin du ciel. Du ciel, tout simplement.

    Je remontais mon poignet griffé jusqu'à ma lèvre, essuyant la blessure, étalant le sang sur la joue, sur la mâchoire. Un filet de salive ensanglanté glissa sur le dos de ma main, barbouillant mes phalanges d'un pourpre visqueux. Je vins la frotter contre mon jeans, et ma main se tâcha de poussière et de plâtre. Ce constat me donna envie de pleurer. Juste de pleurer. Je ne pleurais pas, inspirant profondément. Trop de poussière, -remuée certainement par notre dispute contre le mur-, et j'avalais ces grains, ces particules d'univers minuscules, qui se bloquèrent dans ma gorge, qui griffèrent ma trachée. Qui me griffèrent de l'intérieur. Je me mis à tousser, à tousser férocement, d'une quinte de toux douloureuse, qui me plia en deux, et dans le silence de notre intimité violente réduite, Lun d'un côté, ses yeux perdus dans une folie à laquelle je n'accédais pas, et moi dans mon vide, dans mon absence de ce que j'avais besoin. Je toussais, toussais, m'étranglant, glissant jusqu'au sol, m'asseyant sans panique, mais toussant parce que cela me permettait de me raccrocher à quelque chose : à la douleur. A la simple douleur physique qui me permettait de vibrer, et de rester en vie.

    J'avais besoin du ciel, pour tendre les bras, et du bout des doigts, contempler cette éternité qu'il m'offrait. De ce ciel qui s'étalait, tout rond, parfait, dans sa grandeur et sa petitesse. Le ciel, si haut, si proche de mes doigts, mais inaccessible. Je ne craignais pas le fait de ne pas le toucher, parce que je savais que tant que je serais debout sur le sol, je ne serais pas en mesure de le caresser avec ma main. Mais de mes yeux, de toute la force dont disposait mon regard, je caressais ce grand corps qui s'offrait à moi, à ma tête, à mon esprit, à mon âme, et j'effleurais, je volais, je transcendais cette existence, mon existence, et la leur. Je volais. Indubitablement, je volais.

    J'avais besoin de son immatérialité à lui. J'avais besoin de sentir son corps et sa solidité que je ne maîtriserais jamais réellement entre mes doigts, mais qui me permettait de m'assurer qu'il existait, et que j'étais capable de le toucher, et de l'entendre parler. J'avais besoin de ses yeux noirs et de ses lentilles multicolores. Là, pour le coup, je voulais qu'il tue ce blanc trop laid qui envahissait mon esprit, mes yeux, et qui tuait mon ciel. Je voulais simplement poser ma tête contre sa poitrine, fermer les yeux, et ne plus penser. Écouter les battements de son cœur, et ne pas laisser une seconde fois l'image d'un sac mortuaire venir obscurcir mes pensées. Peut-être que si je le voyais, je serai complètement perdu, peut-être que je serai tout à fait normal. Peut-être que rien n'était normal quand je le voyais, peut-être que je voudrais simplement qu'il parle, qu'il me raconte ce qu'il veut, qu'il hurle, qu'il crise, qu'il pleure, qu'il se taise. Qu'il sourisse. Qu'il soit lui.  

    Je ne voulais pas que les gens se faussent dans leur identité. Je savais qui j'étais, j'en avais conscience, Lun, et je ne voulais pas que les gens croient être ce qu'ils n'étaient pas. Je ne voulais pas qu'ils se perdent, parce qu'en ayant été eux-même, j'avais appris à prendre toute l'importance d'exister, et bordel, Lun, tu étais tellement important dans ce fait, dans cette acceptation d'être, après que lui m'ait construit. Vous étiez tous trop important pour que vous vous trompiez sur vous-même, et j'avais posé le regard trop longtemps sur la beauté de vos êtres sincères pour que vous ne vouliez plus exister tel que vous l'étiez.

    Dans ma gorge, la douleur dissipée, mais sur mes doigts, dans ma paume, cette salive accrue, qui contenait tout ce sang qu'elle retenait, et qui avait giclé. Tout ce sang, tout ce rouge, et je le fixais, hypnotisé par la couleur, par ce qu'elle représentait, et par ce grand vide dans ma poitrine, qui me dévorait en me clouant sur place, qui me faisait avoir brusquement froid. Le rouge gouttait en dehors de la fissure de ma lèvre, et le regard éteint, dans une immobilité penchée au dessus de ma main, comme recueilleur de mon propre sang, je pleurais ce pourpre qui chutait dans ma paume. J'avais peur.

    Lun se mit à bouger, et je m'arrachais à cette torpeur silencieuse, jetant mes prunelles sur lui, refermant mes doigts sur ma paume, refermant le poing. Je le regardais asperger son visage d'eau, nettoyer cette crasse sur ses mâchoires abîmées, et ses doigts rougies se récurer sous le filet d'eau. Je me levais, en silence, et époussetais la poussière et le plâtre venu se déposer sur mes jambes. Partez, partez : un impératif que murmurait chaque impact du revers de ma main sur le pantalon, dans un ordre silencieux de ne jamais, jamais, jamais être fixé à la temporalité des choses. Chess l'avait dit ; j'étais l'intemporalité. Sur une inspiration douloureuse, j'allais jusqu'au lavabo, et sans mot dire, actionnait un second robinet pour faire glisser l'eau sur mes doigts. La salive et le sang s'en alla, emportés par le torrent de l'eau, et formant un réceptacle à l’élément, je vins humidifier mon visage, et tremper mes lèvres, pour nettoyer la plaie. Un titillement de la langue, une sensation agréable à ce geste, et immédiatement, le rappel de Chess et de sa langue rose qui harcelait la propre crevasse de sa propre langue, le premier jour. Mes yeux se plissèrent en un demi sourire. Sois en vie.

    Je m'écartais du lavabo, m'écartais de Lun, pour retourner poser mon épaule contre le mur, et contempler ce blanc que je ne voyais pas. Que je ne voulais plus voir. Ma langue dépassant de ce trait formé par mes lèvres, je suçotais la blessure carmine, comme dans l'espoir de la vider de son sang, que je réfutais presque comme étant mien.

    « Zak … Si tu es mon ami, tu ne dois pas me retenir. »

    Première parole depuis l'échange des coups. Premiers mots qui arracha le bleu au blanc, et je tournais mes yeux vers lui, pour observer ces mèches blondes, salies par les choses. Le retenir. Le retenir de quoi ? Quelle sorte de suicide cachait t-il derrière ces mots-là ? Il tourna son visage vers moi, et je rencontrais ce regard éteint, triste et bizarre, si doux, si tendre, si cruel puisque si malheureux.

    « Je ne le supporterais pas. Tu veux bien m’accompagner jusqu’à la chambre de … celui que tu nomme Chess ? Jdois l'voir. Et toi aussi, sans doute, non ? »

    Je hurle ce qui est devenu une obsession, un besoin. Pas un devoir. Mes yeux abandonnèrent son regard, pour un retour en arrière. Pour cet instant sous la pluie, ses doigts sur mes vêtements, et son sourire, pendant qu'il disait « Suis moi. » Pourquoi Lun devait t-il voir Joshua ? Lentement, je m'écartais de ce mur. Oui, allons-y. Allons voir Joshua, allons voir celui dont j'ignore la localisation, alors que j'ai promis de le suivre, il y a plus de trois ans. Allons-y, et fais moi pleurer, continue à me faire mal, parce que j'ai l'impression qu'il n'y a plus que cela qui peut résoudre nos problèmes dans ce couloir. Les yeux emplis d'un sentiment amer, je me dégageais du mur, de la poussière, pour retourner au milieu du couloir, et m'y immobiliser. Mes yeux se tournèrent vers Lun.

    Si tu es mon ami.

    « Et ne repose plus jamais les mains sur moi. Jamais. Tu es un petit garçon qui ne contrôle pas sa force, aussi je te pardonne … Mais les gamins ne devraient jamais frappé leurs aînés. »

    Une longue contemplation ; mes yeux accrochant son être, son visage, son regard et son simili sourire au fond de ses yeux. La douceur de ses mots et les sens qu'ils prenaient glissèrent sur moi, ne laissant aucune expression venir s'installer sur ma face. Un calme, un vide absolu, pendant que je le fixait. Et puis il sourit, et je détournais les yeux.

    « Question de respect. ... Je vais fumer, avant. »
    « Va fumer. Je te retrouve après. »

    Dans une foulée longue, dans une expression neutre, je m'écartais, m'éloignant de lui. Je m'éloignais de lui, de ses yeux verts trop lumineux, pour m'enfoncer dans le noir des couloirs trop blancs. Je m'enfonçais dans cette blancheur maladive, dans ce silence et cette solitude trop difficile à supporter. Tu es solide, Zakuro. Mes pas s'allongèrent, et j'installais le plus de distance entre nous, imposant deux étages entre lui et moi ; allant me réfugier dans les hauteurs d'un hôpital qui me dégoûtait. Je déambulais, interdit, ahuri, et stupéfait, mal, et euphorique. Je ne savais plus. Je ne savais plus ce que je ne me souvenais pas, ce que je ne comprenais pas, ce qui n'allait pas. Mon poing s'explosa contre le placo du mur à ma droite qui devint l'amant de mon corps en train de s'écrouler. Bordel. Bordel de merde de pitoyable mec. Le front collé contre le mur, mes genoux dans la poussière, j'ignorais, je réfutais, et un sanglot furieux secoua mes épaules, soulevant ma poitrine. Bordel. Ma paume s'abattit sur le mur. Une fois, une seconde, une troisième fois, dans un impact rageux, défouloir. Le souffle précipité sur des larmes que je ne voulais pas verser, la bouche ouverte sur un sang qui coulait à l'intérieur, contre mes dents, je me relevais lentement, refusant de rester trop longtemps au sol, refusant d'être victime d'un « je ne sais pas ». Essuyant le sang, avec un revers de main qui eut le goût de plâtre et de peinture, je fis volte-face, pour redescendre les escaliers, et retourner dans les étages inférieurs. Je cherchais le secrétariat, m'enfonçant dans ce hall grouillant de monde, me stoppant une seconde en haut des escaliers. Dans une sorte de baptême de mon regard, je dévisageais chaque individu qui fourmillait ; ce gigotement commun devenu l'objet de ma contemplation. Je cherchais, je cherchais ce que je ne voulais peut-être pas trouver. J'ignorais ce que je désirais réellement, je savais simplement ce que j'avais à regretter, et cela installait dans ma bouche un goût de bile, amer. Pas de cheveux blancs, roux, rose. Pas ceux de mes connaissances, de mes amis, de mes ennemis. Pas ceux de ceux qui fondaient par leur existence chaque petit pavé de ma vie. Je ne cherchais pas Lun du regard, et descendais les escaliers, m'écartant sur le passage paniqué d'un bataillon du corps médical. Je longeais, slalomais en travers de ces patients, de ces victimes, de ce monde blanc et brailleur, multicolore et silencieux. Je me dirigeais jusqu'au guichet. Combien de temps ? Pourquoi venais-je encore répéter la même question ? Il n'était pas là. Il n'était pas là, forcément.

    « Excusez-moi ? Est-ce que Kohaku Joshua Mitsumasa a rejoint vos services ? »
    « Vous dites ? »
    « Kohaku Joshua Mitsumasa. ''Kohaku'' comme la carpe. »

    M'emparant d'un crayon, je lui écrivais le nom en kanji, « Kohaku » et « Mitsumasa », pour un soin étrange au katakana retranscrivant « Joshua », et elle tapota les caractères sur son clavier. Son visage n'exprimait rien, et je pensais à Lun et sa cigarette, quand brusquement, elle tourna son visage vers moi, avec un sourire. Petite bombe atomique dans ma poitrine.

    « Bien sûr. Il est dans la chambre B03. Troisième étage. »

    L'emballement de mon cœur, le regard vers la porte d'entrée, brouillée par des dizaines de têtes, d'épaules ; de gens en tout genres qui bougeaient dans tous les sens. Je reportais mon attention sur la standardiste, avec l'impression d'avoir vécu Fukushima en direct.

    « Vous êtes de la famille ? »

    Ta gueule.

    « Non. »

    Je me détournais, ignorant toute tentative d'appel, et me ruais vers la sortie. Allez, allez, Lun, tu avais fait une promesse, hein ? Moi aussi. Celle d'être ton ami, alors je ferai l'effort de ne pas trop hurler de rage et de joie à la fois, mais s'il te plaît, sois là, et viens, parce qu'il est là, et il n'est pas mort. Je bousculais quelqu'un, m'excusais à la va-vite, et poussais la porte. Le coin fumeur, éloigné, en vu de la régulation du passage des urgences, fut visible au bout de quelques secondes de recherches, et je notais la présence d'une silhouette blonde. Je courais vers lui.

    « Lun ! »

    Mes doigts se tendirent, lorsque je fus à sa hauteur, se repliant finalement, pour ne pas le toucher. Mais un sourire avait étiré mes lèvres, et je repris mon souffle, précipitant celui-ci entre mes lèvres par le flot de pensées qui tourbillonait entre mes temps. Il est là. Dans la B03. Et j'ai peur. J'ai vachement peur, Lun. J'ai peur d'aller ouvrir la porte, et … bordel. Je suis con, c'est pas possible. Je ne devrais pas avoir peur comme ça, il m'en voudrait un truc de malade, et pourtant je suis là à flipper comme un con au lieu d'aller le voir. Bordel. Sois mon ami, Lun, parce que je te jure que je t'aime un truc de malade, alors … bordel. Dis moi pourquoi j'ai peur comme ça, hein. Dis moi que je suis con. Un éclat de rire, effrayé, amusé, nerveux. Je tournais les yeux vers la façade du bâtiment, presque dans l'espoir de voir une silhouette penchée au dessus du vide, à une fenêtre, un énorme sourire accroché aux lèvres. J'ai peur.

    « Lun. »

    Je le regardait. Un frisson. Soyons humain. Conserve mon humanité.

    « Si tu es mon ami, tu me retiendras. »
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MessageSujet: Re: Dessins égarés ~ Lun ~   Dessins égarés ~ Lun ~ - Page 2 EmptyDim 3 Nov 2013 - 3:08


Enfant, pensa Lun. Enfant, tu t'attendais à quoi ? Tu t'attendais à quoi ? Après un tremblement de terre ? Est-ce que tu t'attendais vraiment à ce que le bruit étourdissant de la terre, ses secousses, sa rage et sa colère ne cause aucun dégât ? Que ceux que tu aimes soient épargnés par la violence de cet acte ? Si la terre devait être clémente avec ceux qui y vivaient, si elle devait faire un choix et ne punir que ceux dont on se fichait, personne ne serait jamais atteint car on est tous important pour quelqu'un. La détresse de Zakuro Fea étreignit le coeur du jeune britannique. Sa main se posant sur la nuque du jeune garçon, ses doigts se posant sur sa peau fraîche pour l'attirer contre lui, le maintenant, quasiment de force dans une étreinte tendre. Zakuro n'était pas aussi fort qu'il semblait l'être. On lui retirait une carte de son château et ce dernier s’effondrait sans la moindre clémence. Lui qui voulait être un maître des éléments avait finit par trembler face à l'un d'entre eux. Ce n'était pas grave. Ce ne l'était pas. On ne peut pas toujours être fort, on ne peut pas toujours parvenir à garder son contrôle et son apparence quand les événements se précipitent malgré nous. De quel droit, Lun Marv se permettait-il de rajouter à la peine du jeune rebelle en l’assommant de mots durs ? Alors qu'un de ses amis étaient blessés, sans doute dans une des chambres à se demander comme l'autre aller. Comment se sentir bien quand tout le monde a été touché par les forces de la nature et qu'elle a décidé étrangement de nous épargner ?
 
Il y a des choix à faire. Entre protéger son ami et le réconforter, Lun Marv ne savait plus où il en était. Il ne pouvait pas fermer les yeux sur la douleur de Zakuro et c’était une réalité.
 
Les doigts de Lun descendent le long du corps de son ami, allant chercher les doigts de ce dernier pour les enlacer aux siens. Ils les remontent devant ses lèvres chaudes, les gardant ainsi enlacés, les quatre mains pressées ensemble. Lun relâche l’une des mains, tirant son camarade de l’autre, loin de l’espace fumeur, en direction des couloirs.

Le blond s’avance, son pas se précipitant, le son de ses chaussures sur le sol l’étourdissant. Pourtant il ne fait pas tant de bruit que ça. Et le bruit qui l’assomme tant c’est son propre battement du cœur. Kohaku, … Lun ne sait pas vraiment quoi penser de ce garçon. Le jour où celui-ci l’a prit en photographie, un instant, il n’y a eu comme une trahison irréparable qui s’était inscrit dans sa chair. Juste un instant, car le jeune homme supprima la photographie. Et cette idée de confiance s’était inscrit en Lun.

Il aurait aimé expliquer ses peurs. Les raisons de ses peurs. A quoi bon vouloir s’expliquer ? Lorsqu’on sait que lorsqu’on sait son passé, on finit par le fuir ou le détruire. Ce n’était jamais bon pour personne.
 
Lun s’arrête à la sortie du couloir.
 
« Quelle chambre, Zakuro ? »
 
Le blond soupire, répétant rapidement, un peu excédé de sa propre détresse.
 
« Quelle chambre ? »

Après avoir entendu le nom de la chambre, Lun se mit à avancer, gardant la main de son camarade dans la sienne. Ne la relâchant que lorsqu’il fallut pousser la première porte, pour accéder aux chambres. Lun se mua dans une réflexion interne. Qu’allait-il foutre dans la chambre exactement de ce garçon ? Les deux avaient besoin de se retrouver. Il se sentait déjà de trop avant d’y être. Les deux enfants auraient tant de choses à se raconter et si peu à se dire au final. Pas vraiment de quoi attirer leurs idées loin de leurs ricochets et des reflets dans l’eau.

 
La chambre est là. Le cœur de Lun s’étreint dans sa poitrine …
 
 
=> Chambre B03
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