Je n'ai que toi. Envie de parler. [PV Edwïn]

Les vacances de décembre s’étaient déjà terminées. Des vacances pendant lesquelles, la jeune britannique avait décidé de ne plus penser au décès de sa mère sans cesse et d’aller de l’avant. Il ne fallait tout de même pas rester sur cette mort, qui la rendait très triste, tout le temps. Elle devait passer à autre chose. Elle en avait d’ailleurs grandement besoin. Désormais, elle s’était promis de vivre la vie comme avant. Avec le sourire. Débordante d’énergie. Elle ne s’imaginait tout de même pas passer toute sa vie avec une expression de tristesse et de souffrance. Il était nécessaire qu’elle n’y pensât plus. La mort d’un proche affecte toujours les personnes autour. Mais il est toujours conseillé de ne pas tomber dans la dépression. Par ailleurs, Lucy avait déjà connu une telle période. C’était exactement il y avait quatre ans, en 2007, lors de l’accident même de sa mère. Lorsqu’elle apprit que celle-ci avait eu un accident et, de plus, qu’elle était dans le coma, sa vie devint comme un drame. Ses amis avaient pourtant été là pour elle, pour la rassurer et la consoler. L’aider pour ne pas sombrer dans la tristesse. Rapidement, elle était sortie de son moment de déprime. Toujours en espérant que sa mère se réveillerait un jour. Elle priait. Mais elle vivait chaque jour tel qu’il était. En fait, c’était quelque part une petite promesse qu’elle avait faite à sa mère. Malgré les obstacles de la vie, malgré l’accident de sa mère et aujourd’hui de sa mort, elle continuerait à vivre chaque jour comme il venait. Elle ne s’apitoierait pas sur son sort. Elle sourirait. Elle serait heureuse, malgré tout ce qui pouvait lui arriver.

Pour oublier ses peines, Lucy avait recommencé à écrire. Des chansons. Des chansons qu’elle avait l’intention de mettre dans son prochain album. Celui qu’elle voulait sortir depuis plus d’un an, mais manque des membres du groupe, elle n’avait pas pu encore. Le single d’une des chansons avait été produit, mais pas l’album tout entier. Les fans comprenaient. Les fans s’impatientaient toutefois. Alors elle avait demandé aux membres du groupe de venir au Japon pour quelques semaines pour travailler sur l’album. Mais en même temps, elle leur proposa de jouer pour les élèves de l’académie pendant le concert qui avait eu lieu lors de la petite fête organisée pour Noël. Ils n’avaient pas refusé. Être montée sur scène à nouveau lui avait fait un bien fou. Cela lui manquait des fois. En tout cas, maintenant elle était à nouveau motivée pour reformer le groupe au Japon. Deux des quatre membres acceptèrent de rester avec elle mais les deux autres ne pouvaient pas. Elle devait donc chercher de nouveaux partenaires. Mais comme elle semblait déterminée, elle savait qu’elle pouvait y arriver. Elle voulait à nouveau ressentir les plaisirs de la scène et du public. C’était une grande expérience et elle adorait cela. Le fait de travailler sur son album était vraiment un très bon moyen pour ne plus penser à la mort de sa mère. Mais il ne fallait tout de même pas s’attendre à ce que sa nouvelle situation ne l’affectât pas. Lucy se mit à écrire quelques chansons plus douces et tristes. Inspirées directement de la mort de sa mère et de la souffrance qui vivait toujours en elle.

Il était 16h27 quand elle regarda l’horloge accrochée sur l’un des murs de sa chambre. Elle se leva de son bureau en laissant tomber le crayon à papier avec fracas sur ce dernier, ainsi que la lampe allumée. Elle se dirigea vers la fenêtre qui donnait vers le jardin. Il faisait déjà nuit au Japon à cette heure-là alors elle ne distinguait que des ombres. Mais elle connaissait tout de même le paysage par cœur depuis le temps. Elle se perdit dans ses pensées. Elle regardait dans le vide. Ses yeux fixaient un point quelconque du jardin. Pendant quelques instants, Lucy n’était plus dans ce monde. Elle était comme déconnectée. Mais tout d’un coup, elle retrouva ses esprits, sursauta comme si elle avait eu une idée de génie. Elle revint vers le bureau et éteignit la lumière. Elle rangea la feuille sur laquelle elle avait écrit un brouillon d’une possible chanson future, dans l’un des tiroirs. Elle n’avait plus envie d’écrire pour l’instant. Elle ouvrit son armoire et mit son manteau, son écharpe et prit ses gants. Elle sortit de sa chambre en trombe et descendit rapidement les escaliers. Les servantes qui entendirent le boucan, vinrent vers l’entrée pour se renseigner. Lorsqu’elles comprirent que ce n’était que Lucy, l’une lui demanda ce qu’elle faisait. Alors qu’elle mettait des bottes chaudes pour marcher dans la nuit froide, elle leva la tête et dit tout simplement :

- Dites au major d’homme de sortir la voiture et de me conduire à l’académie.

Si certaines ignoraient la raison de cette demande, elles étaient forcément curieuses de savoir pourquoi. Mais aucune ne posât la question. Ce n’était pas leur travail. Elle n’avait pas à poser les questions. Elles estimaient que cela dérangeait les White. C’était leur vie privée, ils faisaient ce qu’ils voulaient. Bien que la curiosité les piquât, elles fermaient leurs bouches. L’une d’elle s’exécuta alors que les autres reprirent leurs fonctions. Quand Lucy fut prête et sortit de la maison, elle remarqua la belle voiture qui l’attendait déjà près du portail. Elle se dépêcha d’entrer et le major d’homme démarra. Lui non plus ne posa aucune question. Si Lucy voulait parler de quoique ce fût, elle le ferait. Elle regarda sa montre 16h41. Bientôt elle serait à l’académie Keimoo. Il ne fallait pas beaucoup de temps pour y arriver en voiture. La jeune fille observait par la fenêtre le monde dans les rues, les voitures. Mais encore une fois, elle était perdue dans ses pensées. Elle avait réagi au quart de tour dès qu’elle avait eu son idée. En fait, ce n’était pas vraiment une idée. Elle avait tout simplement besoin de parler. De parler avec quelqu’un qu’elle connaissait. Mais elle n’avait pas voulu déranger ses amis qui devaient être en train de découvrir ce que le Japon avait à leur offrir. Elle ne voulait pas les importuner pour l’instant. Quant à Elio, elle n’avait pas entendu parler de lui récemment. Elle ne l’avait pas vu non plus. Il avait tout simplement disparu. Pour quelles raisons ? Elle l’ignorait. Elle espérait simplement que ce n’était pas parce qu’elle était à l’académie à nouveau. Elle s’inquiétait pour lui et désirait vraiment le revoir. Sinon, elle ne connaissait pas vraiment d’autres personnes à qui elle pouvait parler. Sauf peut-être une seule. Et celle-ci se trouvait à Keimoo.

Lucy descendit de la voiture dès qu’ils arrivèrent devant le portail d’entrée de l’académie. Elle remercia le major d’homme et lui demanda de se garer dans le parking de l’établissement. Elle reviendrait. Mais elle ne savait pas encore quand. Elle ignorait le temps que cela lui prendrait de parler avec cette personne. En tout cas, elle espérait aussi que ce dernier se trouvât à l’endroit où elle espérait le trouver. En effet, elle se dirigea tout de suite vers les dortoirs des garçons. Il était 17h et généralement, il devait avoir fini ses cours. Du moins, elle l’espérait. Sinon, elle irait dans la salle commune et serait obligée de l’attendre. Parce qu’elle n’avait aucune envie de repartir maintenant. Elle se pointa donc devant la porte de la chambre 214 et frappa à la porte.

« Ouvre-moi cousin. T’as intérêt à être là ! » pensa-t-elle.

   C’était une de ces périodes où les jours se suivaient sans relâche, mais continuaient à se ressembler. En fait, depuis sa dernière rencontre avec Yume, il n’y avait rien eu de palpitant dans sa vie. Considérer cet épisode comme quelque chose d’intéressant pouvait certes sembler exagéré, malheureusement, c’était vraiment le cas. Sa vie était une suite d’actions inutiles ou presque. Entraînement, cours, somme, entraînement, cours... Il ne sortait pas, n’avait pas d’amis. Il était un peu comme un extraterrestre ayant atterri dans l’académie par pur hasard. Les autres élèves semblaient tellement à l’opposé de ce qu’il était. Les êtres solitaires étaient rares, et si on parlait d’alcool et autres drogues plus violentes, il était sans doute l’un des rares à ne pas y toucher. Il ne fallait d’ailleurs pas oublier le sujet de toutes les rumeurs : le sexe ! Encore une fois, il passait pour le gars coincé. Il se moquait de tous ces faux semblants, de ces "je t’aime moi non plus" qui ne menaient qu’aux problèmes. Il y avait évidemment un cours passage de plaisir dans tout ça, mais ce n’était pas suffisant à son goût. Ainsi, il se retrouvait seul. Encore et toujours... * Et je me plains alors que je ne souhaite rien d’autre, quel imbécile * Ce fut sa conclusion après une journée de cours à ne penser à rien d’autre. Sa vie était peut être minable et inintéressante mais c’était lui qui le cherchait. Et malgré tout, échapper à tous ces tracas quotidiens était une bonne chose.

   Trainant les pieds, il retournait dans sa chambre à 16h00. C’était relativement tôt pour une fois et ça allait lui faire du bien. Un peu de repos pour ne pas rompre ce rituel que constituait sa vie. Enfin, pas tout de suite, il lui faudrait attendre d’être seul dans sa chambre ce qui arrivait rarement très vite ni sans "combat" avec ses compagnons. Sa façon de vivre ne leur convenait pas toujours, surtout le fait de ne pas s’introduire auprès du sexe opposé. Edwin avait simplement eu droit à une pause lorsqu’il avait eu ce "rendez-vous" avec la rebelle parce qu’ils avaient pensé que c’était vraiment dans un but amoureux. Cependant, dès qu’ils avaient compris la vérité, cela lui avait couté le double d’invitation à des soirées louches. Sur le chemin, il apprit que ce soir serait l’occasion, avec un grand O d’après eux et que s’il ne venait pas, il le regretterait vraiment. C’était pour cette raison qu’il ne trouva aucune parade pour s’éclipser cette fois.

« Vous me saoulez franchement. »

   C’était sorti sans qu’il ne le voie venir. Mais à la place de les énerver, ce fut tout le contraire, le triomphe se lisait sur leurs traits ce qui désespéra encore plus Edwin. C’était donc perdu. Seul un miracle pourrait parvenir à le sortir d’affaire maintenant. Bien que non croyant, le lycéen se mit à prier intérieurement pour qu’une telle chose arrive. N’importe quoi, même une nouvelle rencontre avec Yume ferait l’affaire. Ce n’était pas si désagréable que ça, et puis si ça le sortait une nouvelle fois de ce piège... Seulement voilà, il n’avait plus eu de nouvelles depuis la dernière fois. En attendait-il vraiment ? Ce n’était pas vraiment certain. Elle ne lui était pas indifférent, certes, mais il savait que la réciproque était fausse, et n’avait aucune envie de faire plaisir à ses compagnons en entrant dans le jeu de la drague. De nouveau silencieux, il poussa la porte de leur chambre pour aller se vautrer sur son lit. N’ayant pas trouvé d’excuse efficace, il allait devoir les accompagner, aussi, ils le laissèrent tranquille. Edwin profita de ce temps de répit pour continuer de chercher comment les laisser tomber. Il ne lui restait que dix minutes à présent. Cinq... Il sentit qu’on le secouait pour le faire descendre. C’était l’heure de se préparer vite fait avant le départ. Il traîna les pieds évidemment, ralentissant tout le monde jusqu’à ce que des coups portés à la porte fassent cesser les reproches des deux autres garçons. * Dites moi que c’est le miracle que j’ai tant attendu, pitié... * La porte s’ouvrit sur une jeune fille qui lui disait quelque chose. En réalité, il ne s’attendait pas du tout à ce qu’elle vienne le rencontrer comme ça, ils ne se connaissaient pas vraiment malgré leur lien de parenté. Mais la surprise qui apparut sur le visage des deux garçons lui fit plaisir. D’ailleurs, il faudrait vraiment qu’il repense à devenir croyant après ça. Son ton fut à mi chemin entre la joie et la moquerie lorsqu’il finit par ouvrir la bouche.

« Han Lucy c’est toi ! Entre je t’en prie, ils allaient partir de toute façon.

   En guise de réponse, il reçut simplement deux regards noirs, ce qui l’amusa plus que tout autre chose. Ca avait été juste mais encore une fois, il s’en sortait bien. Il changeait peut être mais ce n’était pas au point de sortir tout de même. Edwin alla fermer la porte derrière les deux lycéens avant de s’installer sur son lit en tapotant à côté de lui.

« Installe toi je t’en prie. »

   Autant se mettre à l’aise. Il devait y avoir eu quelque chose d’important pour qu’elle vienne le voir comme ça. Sa mère lui avait appris que sa sœur était décédée peu de temps auparavant. Cela ne l’avait pas affecté plus que ça, il ne l’avait quasiment jamais vu alors la tristesse de sa famille ne parvenait pas à l’atteindre. Mais il se rendit compte que cela pouvait être la raison de la venue de sa cousine. Dans ce cas, il faudrait qu’il se montre compatissant en oubliant la froideur qui le caractérisait habituellement. Ce n’était certainement pas ce qu’elle pouvait rechercher en venant le trouver. Restant silencieux, il préférait attendre que ce soit elle qui commence à parler. Au moins, si son esprit de déduction était pris à revers, il n’aurait pas fait une bourde monumentale. Et puis, il n’était pas des plus à l’aise lorsqu’il s’agissait de s’enquérir du bien être d’une personne. Il était préférable d’attendre et ensuite de tenter de se montrer réconfortant. Cette dernière étape n’était pas vraiment sa spécialité mais il pouvait faire un effort...

Edwïn ne se fit pas prier. Il arriva rapidement et ouvrit la porte dès que Lucy avait terminé de prier intérieurement. Au moins, c’était lui. Pas un autre de ses camarades. Ou encore, il était dans sa chambre et non quelque part dans l’académie. Elle n’avait pas besoin d’attendre. C’était pour cela qu’elle remercia tout de suite le destin d’avoir écouté ses prières. Elle n’avait vraiment pas envie de se mettre dans un siège pour ne rien faire et attendre. Son envie soudaine de parler disparaîtrait alors et elle aurait fait le voyage jusqu’à l’académie pour rien. Elle aurait déplacé son majordome pour rien. Et elle détestait vraiment ce genre de comportement. Donc elle était vraiment soulagée que son cousin ouvrît aussi rapidement la porte. Elle savait aussi qu’elle le surprendrait probablement. Ils ne se voyaient pas très souvent. Une fois dans l’enfance, mais ils ne s’étaient pas parlés. Ils s’étaient croisés dans les couloirs de Keimoo un jour et s’étaient étonnés de se retrouver ensemble dans la même académie. Depuis, ils ne s’étaient pas vus ni parlés. Alors c’était vraiment soudain. Lucy ignorait totalement la manière dont il réagirait. Mais en fait, peu lui importait. C’était la seule personne qu’elle connaissait et qui pouvait l’écouter. Du moins l’espérait-elle. Puis elle aperçut deux garçons assis, avec des visages surpris. Pas étonnant vu la manière dont elle débarquait. Tout d’un coup, elle pensa que ce n’était vraiment pas une bonne idée d’être venue comme cela. Surtout sans prévenir ni demander la permission. Elle n’avait pas envoyé de messages. Mais bon, comment l’aurait-elle pu ? Elle ne connaissait pas le numéro de téléphone d’Edwïn. D’ailleurs ce dernier les invita à partir. Enfin, ce n’était qu’un sous-entendu dans ses paroles. Il prétendait que les garçons allaient partir. Lucy n’y fit pas attention même si cela aurait du lui paraître un minimum étrange. Le comportement d’Edwïn cachait forcément quelque chose.

- Oh ! Mais tu sais c’est pas grave, si je dérange je peux …

M’en aller, allait-elle dire. Mais elle ne termina pas sa phrase tout simplement parce que personne ne l’écoutait. Du moins, c’était ce qu’il lui semblait. De plus, les deux garçons sortirent tout de suite de la chambre. L’un d’entre eux passa à côté de Lucy sans rien dire mais son expression et ses yeux en disaient long. Tout comme le deuxième qui darda la jeune britannique du regard comme si elle avait cassé une ambiance. La jeune fille fut gênée, elle ne sut pas vraiment comment réagir. C’était vrai après tout qu’elle débarquait à l’improviste. Mais Edwïn ne s’en préoccupa pas vraiment et lui demanda de s’installer. Cela voulait donc dire que ce n’était pas si grave que cela. Lucy oublia alors les deux garçons. Cela ne servait à rien de se préoccuper d’une telle chose, après tout. Elle entra dans la chambre et lui ferma la porte. Il s’assit sur son lit et lui proposa d’en faire de même. Lucy hésita un instant. Elle allait à la base s’asseoir sur le lit d’un de ses compagnons mais ce n’était pas vraiment poli. Elle ne les connaissait pas et vu leurs réactions, il valait peut-être mieux qu’elle ne touchât rien de ce qui leur appartenait. Elle se résolut alors à venir à côté de son cousin. Elle sourit en le remerciant. Une fois assise, elle joignit les mains et elle fixa un instant le sol. Elle ne savait pas du quoi dire. Elle ne savait plus quoi faire. Avait-elle bien fait de venir finalement ? Cette pensée l’hantait vraiment depuis quelques secondes. Elle était désormais un peu mal à l’aise. Ce n’était pas la faute d’Edwïn, mais plutôt la sienne. Elle n’aurait pas du se comporter de la sorte. Qu’avait-elle fait ? Pendant ses réflexions, un silence s’installa dans la chambre. Son cousin devait probablement attendre qu’elle lui dît la raison pour laquelle elle se trouvait à l’académie. Quand elle nota le silence, quelques secondes plus tard, elle releva la tête et la tourna vers son cousin. Celui-ci la regardait avec une expression qui lui parut plutôt neutre.

- Euh … écoute, je … je suis désolée d’être venue comme ça, sans prévenir.

C’était la moindre des choses pour elle de s’excuser. Bien que ceci ne servait pas à grand-chose. Edwïn lui répondrait probablement que ce n’était pas grave du tout et que cela ne le dérangeait pas du tout. Comme toutes les personnes qui essayent d’être polies et gentilles dans de telles situations. Certaines disaient la vérité, d’autres non. Si son cousin le lui disait, elle le remercierait. Elle ne pourrait pas savoir s’il le ferait par gentillesse ou parce qu’il le pensait vraiment. Mais ce n’était pas important. Parce que de toute façon, Lucy n’imaginait pas son cousin se mettre en colère contre elle seulement pour une telle chose. Ni de lui mentir. Elle tourna à nouveau la tête, comme si elle semblait fuir le regard d’Edwïn. Comme si elle se sentait coupable. Mais de quoi ? Elle l’ignorait. Elle soupira. Elle se rendit compte qu’elle ne savait plus quoi dire. Pendant toute la route, elle avait été plongée dans ses pensées. Elle avait ressenti le besoin de parler. Et maintenant, plus rien. Elle s’en voulut probablement pour cela. Non seulement elle le dérangeait lui, mais aussi le majordome et … Elle en avait assez de réfléchir à cela. Elle devait changer de sujet.

- Ce sont tes compagnons de chambres ? Que s’est-il passé ? Ils semblent ne pas t’apprécier beaucoup. A moins que je me trompe …

Le sujet lui était venu facilement. Mais aucune preuve que son cousin lui parlât. Peut-être n’avait-il pas envie de lui raconter. Peut-être ne voulait-il pas que Lucy s’imiscie aussi loin dans sa vie privée. Après tout, ils ne se connaissaient pas vraiment, alors il n’y avait aucune raison pour qu’elle sût. Il avait le droit de garder tout secret. De ne rien lui dire. Que ce soit aujourd’hui ou demain. S’il voulait que Lucy ne se rapprochât pas de lui au niveau relationnel, il en avait tout à fait le droit. Elle craignait alors qu’il contournât le sujet et ne lui dît rien. Pour ensuite revenir sur la raison qui l’amenait ici.