₪ Académie Keimoo ₪

In a decade, will you be there ?
 
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 Retournons au pays d'autrefois. Ne veux-tu pas?

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MessageSujet: Retournons au pays d'autrefois. Ne veux-tu pas?   Retournons au pays d'autrefois. Ne veux-tu pas? EmptyJeu 18 Fév 2010 - 22:42

Un beau jour, ou peut-être une nuit.

    Kodaa regrettait. Il regrettait d'avoir crié sur Lun et de s'être, en général, énervé contre lui. Certes il n'avait pas été le seul responsable dans cette histoire, mais il en était le plus accusable des coupables. Après cette misérable séparation, il avait maintes et maintes fois songé à lui envoyer des messages, des mails ou bien même une lettre.. Jamais il ne l'avait fait. Trop de culpabilité? Trop de timidité? Trop de rage? Ou tout simplement par fierté? Ils se connaissaient depuis le collège et voilà qu'en l'espace d'une journée à peine, ils avaient brisé l'équivalent d'une amitié les plus solides.. L'amitié d'enfance.. Cette amitié, brisée par un simple "T'es infect". Simple mais puissant. Simple et destructeur.. Une petite phrase.. Impressionnant. Et Kodaa, il avait beau dire "Je ne regrette rien", il en pensait tout le contraire. Sa fierté. La fierté. Putain de chose de la vie ça aussi. Le rouquin repensait à ces choses, aussi douloureuses soient-elles, allongé sur l'herbe du terrain de foot. Il était vidé de ses habituels occupants, joueurs et joueuses, fans et entraineurs.. Il broutait l'herbe. Pour une fois qu'il ne la fumait pas.. Enfin, brouter.. Il avait une brindille qu'il mâchouillait sans cesse. Il faisait jour. En fait, on était en plein après-midi. Lun était censé arrivé.. Mais il ne le savait pas encore lui même.
    La nuit tombait petit à petit et Kodaa restait planté là, allongé, les bras sous sa tête et ses jambes un peu croisées au niveau des pieds. Il ne s'endormit pas, ou sinon quelques heures à peine. Lorsqu'il ouvrit les yeux, le soleil, magnifique étoile, enfin ou pas, s'était éveillé, lui aussi. Foutu Soleil, peut-être annonçait-il la venue inespérée de Lun? Et ben non. A trop espérer.. En même temps, il ne pouvait pas venir.. Puisque concrètement, il ne le savait pas. Et Kodaa, il ne savait pas encore faire de la télépathie.
    La journée défilait, le Soleil à ses pieds, son ventre qui gargouillait. Oui parce que le Kodaa, il avait pas mangé depuis la veille. Dure chose que d'attendre quelqu'un qui n'est pas censé venir. Enfin si, mais non. Lun.. Mais bordel! Ramène ton cul! Il fallait peut-être lui envoyé un message pour qu'il vienne.. Oui oui. Mais s'il ne l'avait pas fait auparavant, pourquoi le ferait-il là, maintenant tout de suite? Ça n'avait pas de sens. Aucun même! Comme si Lun allait se pointer, comme par hasard, sur un terrain de foot sur lequel se trouverait Kodaa qui, toujours par hasard, l'attendrait. Ça non plus ca n'avait pas de sens. La solution du message s'imposa donc. Et malgré le Soleil, la chaleur n'était pas là.. Ni celle de Lun, ni celle de cet enfoiré de Soleil. Lui, il avait toujours le sourire, il avait toujours plein de monde avec lui.. Comme Kodaa, à l'époque.. Lorsqu'il était encore avec Lun. Lorsque leur amitié tenait toujours. Là il n'en était plus question. C'était même hors de question que chacun revoit sa position pour présenter de quelconques excuses à l'autre.
J'avais froid, il ne me restait rien.
L'oiseau m'avait laissé,
Seul avec mon chagrin.

    Quand vous voulez Monsieur Marv. Quand vous voulez.. Mais Kodaa, envoie-lui le message aussi. Réagit. Fais quelque chose, pour une fois. Il croyait entendre Lun. C'était bien son genre de donner des conseils simples à prononcer, durs à appliquer. Mais pour cette fois, pour Lun il agit envoyant ce foutu sms. Simple de lecture voire même débile. "Viens au terrain de foot. J'ai à te parler. D'Artagnan." Une fois envoyé, l'adrénaline montait, encore et encore. Viendrait, viendrait pas? L'après-midi avait commencé il y a fort longtemps. Quelle heure était-il? Cela faisait-il longtemps que le rouquin attendait pour.. Ainsi dire.. Rien?!
    Il avait beau attendre, attendre, et attendre toujours, sa patience avait des limites. Il ne savait pas si Lun viendrait, cela rajoutait certes du piment, mais aussi et surtout de l'attente.
Comme avant, allumer le soleil,
Être faiseur de pluie,
Et faire des merveilles.
    Comme avant. C'aurait été une excellente idée que de revenir dans le passé. Aussi bien pour les autres Mousquetaires, que pour les soucis qu'on avait pas encore, que pour l'amitié solide qui les liait.. Pour toutes ces choses qui semblaient alors futiles et qui, avec le temps, son devenues fragiles.. Ces liens qu'on a tissé auparavant et qui sont maintenant à la limite de casser.. Si ce n'est pas déjà fait. Peut-être que le lien, soit disant si fort, que Kodaa et Lun entretenait allait se briser comme s'étaient briser les autres que Kodaa avait tissé avec les autres. Ça ne serait pas étonnant vu ce qu'était devenu Kodaa. Lun aussi avait changé. Ils n'ont pas manqué de se le rappeler, chacun. Certes d'une manière plutôt, radicale, violente et méchante, mais au moins, c'était dit. Là, le problème c'est que Kodaa, il avait pas de bouteille pour oublier son gros chagrin. Chagrin causé par Lun. Vous me direz, Kodaa a aussi causé du chagrin à Lun. Sinon il serait pas partit, manquant de se tuer après avoir sauter de la fenêtre.
    Et il l'attendait, toujours, toujours..
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MessageSujet: Re: Retournons au pays d'autrefois. Ne veux-tu pas?   Retournons au pays d'autrefois. Ne veux-tu pas? EmptyMar 16 Mar 2010 - 5:20

Spoiler:

Le terrain de football. Quelle d’idée pour un rendez-vous. Lun n’arrivait pas à croire que D’Artagnan puisse avoir eu l’idée d’un tel endroit. Il faudrait qu’il discute un peu avec lui et la conception de goût. D’autant qu’aux dernières nouvelles, Lun aimait mille fois plus le football que son camarade. A dire vrai, ce n’était pas dur. D’autant que Lun n’était pas un passionné de sport. Il aimait bien s’amuser avec Luc à lancer des balles. Ce qui équivalait à tirer dans un ballon de football entre amis, uniquement pour rire. Cela dit : ça n’avait jamais été la tasse de thé de Kodaa. Alors pourquoi le terrain de football ? Lun n’en savait rien. Il n’était pas si pressé que cela de le découvrir.

En chaussettes, pour une raison ou pour une autre, Lun franchit les dernières barrières le séparant de terrain de football. Avec habilité, il se mit à courir. C’est qu’un terrain de football ce n’est pas aussi petit que cela. Et le malheur veut que Kodaa soit allongé dans l’herbe. Cette petite fleur rousse est bien là. Elle est bien là. Le cœur de Lun saute dans sa poitrine alors qu’il court jusqu’à Kodaa, folle course depuis dix minutes. Folle course au travers toute l’académie Keimoo.

Haletant de cette dernière, Lun arriva enfin en face de son compagnon. Une fois là, il s’appuya un peu sur ses genoux, reprenant un peu de respiration avant de redresser un visage. Un visage, comment le décrire ? Sans vouloir trop faire dans le tragique ou le dramatique. Difficile. Un visage larmoyant. C’était pitoyable, surtout venant de Lun Marv. Pourtant difficile de ne pas décrire ainsi le visage du jeune homme. Ses beaux yeux verts cernés de larmes incompréhensibles, un hoquet et une respiration haletante l’empêchant de parler, flottant dans des vêtements abîmés et trop larges. Il ressemblerait à s’y méprendre à un épouvantail : s’il avait été dans un champ de blé et non un terrain de football. Car là, à part faire fuir des ballons, il ne risquait pas de servir à grand-chose.

Lun se frotte les yeux, tentant de repousser les larmes. Mais il ne peut pas, et impuissant, il retombe lourdement à genoux sur le sol. Ses jambes encadrant de part et d’autres son corps. Tremblant, le nymphomane tend sa main vers le haut de Kodaa, le chopant comme un enfant le ferrait.

Comme un petit enfant le ferrait.

« Je ne voulais … pas … pas … que tu me haïsses. »

C’est tellement idiot. Lun ne se rend pas compte que ce qu’il dit est idiot. Il voudrait revenir à l’époque des mousquetaires. Avoir Planchet, Aramis, Porthos, Ketty et tous les autres auprès de lui. Ils lui manquent tellement. C’est peut-être idiot. Ca ne sert peut-être à rien, mais Lun les aimait. Il aimait autant sa Milady. Et Cassandra lui manque aussi : car elle l’aimait. A Keimoo, on l’admire, on le hait, on l’apprécie. Mais personne ne l’aime vraiment. On se méfie de lui, au point même de le voir coupable là où il n’a généralement rien fait.

Lun n’arrive pas à cesser de pleurer. Il faut dire qu’il a les nerfs en bout de pelotes depuis quelques temps. Entre ses enfants, ses sentiments confus à l’égard de nombreuses personnes, son inquiétude et sa décision de les perdre. De ne plus jamais être là pour l’embêter : car c’était Kodaa qui avait raison. Il était infect. Et pour leur bien, il fallait que Lun cesse d’être avec eux. Mais c’était si dur. L’idée de vivre seul le tétanisait.

Etre seul, sans ami. Ne plus jamais se rapprocher de l’un d’entre eux, le brûlait et le rendait inquiet. Et ce message …

Ce message l’avait bouleversé. Qu’importe qu’il soit écrit comme un ordre. Qu’importe tout cela.

Doucement, Lun tente de se calmer. Il enfouit son visage entre ses jambes, ne voulant sans doute pas que ses larmes soient trop vues. Il avait déjà assez honte de les avoir montrer à Tadashii : à D’Artagnan c’était encore pire. Comment pouvait-il pleurer ? Il n’était pas une nana pour s’émouvoir pour un simple SMS.

Oui, mais ce SMS, Lun ne l’espérait plus. N’y croyait plus. Ne l’attendait plus. Et le voilà ….

« …. Je suis désolé d’être infect …. D’être ainsi. … désolé d’être sale. Pardon. »

Pourquoi s’excuse-t-il exactement ? Lun n’en a aucune idée. Un pour tous et tous pour un. Il a l’impression de ne pas avoir été là, sans doute, pour son ami. Il aurait aimé que la chute à la fenêtre soit plus vraie, plus dangereuse. Une pseudo fuite pour s’empêcher d’affronter la réalité. Une réalité rousse qui le terrorisait : Kodaa ne voulait plus être son ami. Dit ainsi, ça fait écolier de primaire. C’est peut-être le cas.

Pour Lun c’est un chagrin qui le fait vomir presque chaque jour et qui le pousse à abandonner tous ses autres amis de peur d’être encore abandonner, à nouveau.

« … je t’aime … je t’aime … beaucoup Kodaa. »
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MessageSujet: Re: Retournons au pays d'autrefois. Ne veux-tu pas?   Retournons au pays d'autrefois. Ne veux-tu pas? EmptyLun 17 Mai 2010 - 22:00

    Avec toi, j'ai tout affronté,
    Les tempêtes, les naufrages..
    Notre amitié nous protégeait,
    Des dangers du voyage..


    Kodaa, Kodaa. D'Artagnan.. Mousquetaire.. Souvenir d'une belle vie. Vie pourrie, à présent.. Cela faisait un bout de temps qu'il n'avait pas croisé Lun, et le fait de le voir là.. Ça avait provoqué une choc émotionnel. Il s'y était préparé, mais le voir arrivé en courant comme ça, même si d'un côté ça faisait vachement l'Oréal, ça faisait bizarre. Il l'avait finalement rejoint, Lun. A vrai dire, Kodaa ne l'attendait plus. Le rouquin avait tant espéré qu'il ne vienne pas, pour qu'ils n'aient pas à résoudre leurs différents.. Mais, contrairement, Kodaa voulait s'excuser. S'excuser d'avoir été méchant avec Lun, s'excuser de n'avoir rien compris.. Au fond, il demeurait un éternel gamin. Un gamin qui grandissait physiquement, qui vieillissait physiquement, mais qui ne prenait pas une année mentalement. Il aurait voulu lui parler autrement, l'empêcher de sauter.. Certes il ne lui ait rien arrivé,mais sait-on jamais si cela venait à se produire.
    Il s'en voulait comme jamais aucun homme ne s'en était voulut. C'était pourtant si.. Futile et stupide.. Kodaa l'était, futile et stupide. Autrefois il ne l'était pas, du moins pas en présence de Lun. Il avait tant de prestance et il en imposait. Ça flanquait une sacrée trouille, auparavant.. Après tant d'années, Kodaa n'avait plus le même ressentit sur Lun. Maintenant, il s'agissait d'un ami, plus qu'un ami. Beaucoup plus. Qui sait, peut-être n'était-ce qu'un ennemi? Non, ça, c'était la chose la plus improbable qui puisse arriver. Lun, en fin de compte, c'était une petite poupée, qu'on veut aimer toute sa vie, le problème c'est qu'après avoir trop joué avec une poupée, on s'en lasse.. Kodaa, inconsciemment, aurait donné sa vie pour Lun. Sa petite poupée, qu'il n'oublierait jamais. Jamais.. Jamais..

    Mais soudain, tout est changé,
    Nos deux chemins séparés..
    L'horizon s'est refermé,
    Non, pas question, d'accuser..


    Lun s'était installé, comme s'ils avaient eu l'habitude, dans une vie antérieure, de venir sur un terrain de football, vidé de ses occupants, dans l'unique but de passer du bon temps ensemble, en broutant de l'herbe et en regardant les nuages qui voguaient dans ce vaste ciel bleu. Mais Lun, pleurait. Non Lun, sèche tes larmes. Là, tout se chamboulait, aussi bien la situation que les pensées de Kodaa..
    *Non Lun, ne me rends pas plus coupable que je ne le suis déjà.. Non*
    Il aurait bien dit ces quelques mots, s'il avait eu le courage d'ouvrir la bouche et de tourner le regard vers lui. Ce qu'il ne fit évidemment pas. Il l'écouta, attentivement.

    « Je ne voulais … pas … pas … que tu me haïsses. »
    [..]
    « …. Je suis désolé d’être infect …. D’être ainsi. … désolé d’être sale. Pardon. »

    - Merci.. Lun. Merci.

    C'était un «merci» sincère. Le merci que tu prononces vers la fin de ta vie. Comme si l'existence de Kodaa s'arrêtait là, définitivement, avec Lun. Ce dernier réagirait mal. C'était forcé.. C'était Lun. Kodaa aussi était sur le point de pleurer. Du moins, les larmes coulaient d'elles mêmes. Il était allongé, brindille dans la bouche, gouttes salées qui rejoignaient les coins de cette dernière. Il l'aurait bien pris dans ses bras, contre son torse.. Évidemment qu'il l'aurait fait. Mais il ne le pouvait pas. Il ne savait pas.. Ben oui, y'en a qui apprennent à faire des câlins et d'autres qui apprennent.. Autres choses.. Kodaa aurait voulu faire un câlin à Lun, le plus gros que jamais personne n'eut fait. Mais non. C'en était impossible. Lun restait Lun, et Kodaa restait Kodaa.

    - Dis-moi Lun, te rappelles-tu cet été?

    Kodaa fixait le ciel, n'osant croiser le regarde du blond, brindille en bouche. Ce ciel qui semblait si bleu et si pur. Ce ciel qui, dan le fond, ressemblait tant au Lun que Kodaa eu connu auparavant.. Ce même Lun qui avait changé. Cette modification de Lun qui l'avait déçu. Un tout autre Lun que celui du collège.. On était plus au collège, c'en était, ça aussi, à l'évidence, bel et bien terminé.. Mais on pouvait rêver de ce temps, se le remémorer.. Au détriment de certains.

    - .. Cet été que tu souhaitais tant..

    C'était d'un air pensif que Kodaa baissa lentement la tête, faisant à présent face à celui qu'il redoutait plus que tout en ce moment précis. Lun..

    - Celui qu'on avait finalement passé ensemble, tous ensemble.. C'est de ce fabuleux mois que sont nés les Mousquetaires.. Ah quand j'y repense.. C'..
    « … je t’aime … je t’aime … beaucoup Kodaa. »

    C'était une tête de dépité, de vexé, de souvenirs douloureux.. De toute pleine d'émotion..

    - Oh.. Lun..

    Le « oh » quant à lui, était un petit soupir désespéré à vrai dire. Kodaa l'était. Désespéré. Il avait beau faire ce qu'il pouvait pour rendre toutes les personnes qui l'entourent heureuses.. Mais lui,jamais il ne s'était demandé s'il était heureux ou non. Il ne se le demandait même pas, et il ne se poserait pas la question. Lun, lui, en avait besoin. Il avait besoin de ce bonheur que tentait d'offrir Kodaa à ses inconnus. Mais Kodaa ne pouvait pas.. Il ne savait pas. Il n'en était pas capable. Cela dépassait toutes ses forces, aussi infimes soient-elles..

    Qui a tort,
    Qui a raison,
    Quel destin est le bon?
    Je l'ignore, mais j'ai compris..
    Tout est dit,
    C'est finit..

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MessageSujet: Re: Retournons au pays d'autrefois. Ne veux-tu pas?   Retournons au pays d'autrefois. Ne veux-tu pas? EmptyDim 30 Mai 2010 - 18:59

Pleure pas Boulou – Bachelet
« Dis-moi Kodaa, »
« Dis-moi d’Artagnan, »
« Est-ce que si je tombe, tu me rattrapes ? »

Angleterre. 2006.

La tête à l’envers, suspendu par les pieds à un arbre, un jeune garçon blond regarde un plus vieux assit aux pieds de l’arbre. Ses grands yeux verts manquent à loucher pour le regarder alors qu’il sent l’odeur de clope parvenir jusqu’à son visage. Lun manque de rire, aimant ce parfum assassin. L’aimant car il sentait le blouson de John et la clope de Kodaa. L’enfant rie toutefois : car lui ne fumera jamais. Il n'aime pas ça. Une fois, il a essayé et le gout lui a brûlé la gorge. Il rie pour un rien. Comme-ci le rire pouvait l’empêcher de souffrir. L’empêcher de trop penser. A cette été. Il aurait tellement voulu le passer avec sa bande. Seulement son père a dit qu’il ne pourrait peut-être pas. Qu’il doit sûrement aller voir sa famille d’origine, génétique, et qu’il ne pourra peut-être pas être là.
Peut-être que si. Lun ne sait plus si Daniel veut dire oui ou veut dire non.
Les bras du jeune homme se tendent venant frôler la chevelure rousse. Lun se laisse brutalement retomber sur le sol. Une roulade, et le choc sont rudes pour son postérieur. L’enfant se frotte la tête qu’il vient de se cogner, avant de se retourner, s’accrochant au cou de d’Artagnan. Nichant son visage contre lui.

« Cet été, on louera une barque et on ira nager. Pour une fois, tes lunettes te serviront vraiment ! » S’esclaffe le jeune enfant afin de rougir brutalement, s’écartant de Kodaa. Impulsif et tête brûlée, il vient de se rendre compte qu’il sauter dans les bras de son aîné sous les regards d’Hélios, de Cassandra et de John. Lun se relaisse lourdement tomber sur son pauvre pantalon, redressant le regard vers le ciel.
Il sait que tout ira bien. Tout ira bien pour lui désormais, puisqu’ils sont tous là les uns pour les autres. C’est sa famille. Sa famille. Jamais, elle ne le laissera … Et puis le ciel est si bleu depuis que l'été approche. Il ferra beau.


« Tu me laisses tomber ! »

La main de Lun est plus rapide que sa pensée. Lorsqu’il frappe Kodaa, il sent le bout de ses doigts battre aux mêmes rythmes fous que son cœur. Enragé, il n’arrive même pas à pleurer. Son poing se refermant aussitôt. Kodaa part au Japon. D’Artagnan l’abandonne. Lâche, pourri, enflure ! Salaud. Lun lance tous les mots qui lui passent par la tête. Je te hais, dit-il en serrant les dents. Le répétant plus fortement, avant de le hurler. Lun ne regarde plus le roux. Il ne le voit plus. Ses longs cheveux blonds font le drapeau dramaturgique et lui se retourne et s’éloigne. Rapidement, fuyant. Fuyant. Il le hait. Il le hait ! Il le hait … me tellement.

Lun est retombé près de l’arbre, les yeux tristes. Il fixe sa main avant de marmonner contre lui-même. Kodaa est parti, évidemment. Il est parti. Il le …

Plus on est grand, et plus c’est pire, moins c’est marrant.


… tomber. Jamais. Lun a confiance en Kodaa, aveuglé par sa prestance. Tendant de ne pas faire attention à ses joues rouges, l’enfant redresse de doux yeux d’émeraude, secouant ses mèches blondes. Il serait presque effrayé par Kodaa. Par sa chaleur, sa présence, son univers. Il est tellement incroyable. Ce que l’enfant sauvageon aimerait lui ressembler.

« Je t’aimerais toute ma vie … »

… hait tellement.



Lun se redresse du corps de Kodaa. Il lui jette un regard calme, les larmes ont cessé. Le jeune homme se contente de lever les yeux vers le soleil. Il se demande ce que Kodaa regarde, avant d’en hausser les épaules. Sa main va à sa poche, où il tire une cigarette qu'il monte à ses lèvres. Pas une journée sans elle. Il ne se souvient même plus pourquoi il a commencé à fumer. Lun aimerait s'en rappeler, mais ... le souvenir est flou.
Il monte cette dernière à ses lèvres, l’allumant immédiatement. Lun tire sur le mégot. Il est redevenu silencieux, froid et distant. Il est redevenu ce qu’il était. Un sourire un peu moqueur sur les lèvres.
L’adolescent peste contre ses émotions. Intérieurement, il aurait préféré ne jamais avoir ce haut de cœur pour le roux. Il aurait préféré ne jamais rougir, ne jamais pleurer. Maintenant, il a l’impression d’être ridicule. Dehors, sans chaussure. Il aurait pu faire plus attention. Cela n’a pas énormément d’importance.

Le jeune homme fixe le terrain de football. Sans personne qui joue, ça fait un peu vide. Déjà qu’un terrain avec les joueurs, c’est vide d’intérêt. Il n'a qu'un maigre sourire. C'est ce qui reste, le sourire. Il se sent incapable de rire. Lun se demande s'il riait avant ? Peut-être ...

« Je m’en souviens pas. »


Lun fixe le ciel, retournant enfin son regard sur le roux. Ses yeux sont froids, alors qu’il hoche de la tête. Il ne veut pas se souvenir de cette été-là. Pourquoi Kodaa lui fait-il cela ? C'est cruel. Cruel. Lun ne veut pas se souvenir qu'ils ont été amis si c'est pour finir en ennemis. Il ne veut pas se souvenir qu'ils ont rit ensemble, si c'est pour que les larmes remplacent tout cela. Il voulait juste tout oublier. Et pourtant,
Il donnerait n'importe quoi pour que Kodaa l'aime à nouveau.

« C’était des foutaises, de toute façon. On se racontait des histoires ! »

Lun se trouve-t-il trop grand pour les histoires ? Le blond semble le croire. Il se rassoit dans l’herbe. Sagement, près de Kodaa. Les mains dans elles, le regard aussi vers le ciel. Cela l'empêche d'être attristé d'être ignoré. Il ne comprend plus Kodaa, mais l'avait-il seulement comprit ? Lui reprochant un départ dont le roux ne pouvait rien ?

« Et tu es un crétin. Tu n’as jamais été doué pour consoler les gens. Tu n’as jamais été doué avec les gens, tout court. »

Lun soupire, reprenant sa clope à sa lèvre. Tirant une bouffé, son regard se perdant dans le vague. Il sourit légèrement à sa phrase, comme-ci c'était une histoire drôle. Kodaa n'a jamais été doué pour tout cela : mais c'est aussi pour cette raison que ses amis l'avaient aimé dès le départ.

« Que croyais-tu que je deviendrais sans toi, sans vous ? Que je resterais un petit sauvageon timide accroché à tes basques ? Tu croyais quoi, que comme ça … »


Lun claqua des doigts, grognant.

« … je reviendrais celui que j’étais. »


Le jeune adolescent se rend compte à quel point il était stupide de croire que les mousquetaires puissent survivre malgré le temps et la distance. D'Artagnan avait rangé son épée pour prendre un chemin plus sérieux de la popularité. Avant, il n'était pas autant ... distant. Autant classe. Même s'il l'avait toujours été. Il était un enfant. Maintenant, il était un adulte, bientôt. Cela changeait tellement de chose. Rien qu'à la manière de se voir, de se parler. De se toucher.
De s'apprécier.

D'être là, l'un pour l'autre.

« Crois-tu que je puisse te pardonner ? Tu m’as laissé tombé. Puis, tu m’as humilié car je me suis défendu face à Tadashii Tsumi. Qu’est-ce que j’aurais du faire ? Me laisser frapper. Attendre que tu viennes me sauver ? »

Lun manque de rire jaune à cette pensée. Comme-ci Kodaa serait venu le secourir ? Le blond ne voit pas comment le maigre roux pourrait avoir la capacité de se battre. Il a toujours eu plus de pouvoir dans les mots dans les poings. Il se serait fait fracassé par Tadashii avant même qu’il n’ait eu le temps de dire Ouf. De toute manière, le vrai problème ce n’était pas Tadashii. C’était Hélios. Et Là, Lun s’en voulait terriblement. Il n’aurait jamais du parler de lui.

Oui, oui, il s’en rendait compte. Cela avait été une grave erreur. Toutefois, il jugeait pourtant qu’il avait eu raison. Qu’il avait raison. Kodaa n’avait pas attendu Hélios, il avait vécu sans. Autant qu’Hélios n’avait pas attendu Kodaa.

Ils s’étaient tous oubliés.
Ils l’avaient tous oubliés.


« J’ai attendu d’être sauvé. Mais t’étais déjà parti. Et maintenant, que comptes-tu faire ? Me dire que je suis lâche, infect ou autre chose ? Me parler de ces étés ou de mon envie d’être aimé ? Je n’avais aucune importance pour toi. Je n’étais rien. Alors chacun est à sa place aujourd’hui. »


Lun glisse légèrement, revenant sur le corps de Kodaa pour embrasser le haut de son cou. Son regard se faisant moqueur. Chacun à sa place. Lui tombant du haut de l’arbre, et Kodaa demeurant accroché aux racines à fixer un ciel dont les étudiants se fichaient bien qu’ils soient bleus ou roses tant qu’ils pouvaient continuer d’exister dessous.

Chacun à sa place. Au final, pour Lun cela signifiait surtout, chacun ensemble. Car La vie de Lun se résumait à un encombrement de la vie des autres. Sans eux, restait-il une place pour lui ? Il ne vivait que pour les autres.

Et Kodaa avait été l’autre le plus important avant que Lun ne rencontre Cassandra. Quoique encore, Lun était capable d’abandonner sa petite amie pour passer du temps avec son ami.
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MessageSujet: Re: Retournons au pays d'autrefois. Ne veux-tu pas?   Retournons au pays d'autrefois. Ne veux-tu pas? EmptyMar 15 Juin 2010 - 18:43

    I tried to change
    I tried everything
    Like headlights in the rain
    Drifting back again
    Somewhere out there
    Gathered in the dust..


    Il y avait dans l'atmosphère un semblant de souvenir commun. Évidemment puisqu'ils en avaient eu beaucoup.. Mais un air lourd et pesant, rempli d'émotions toutes plus intenses les unes des autres. Ce souvenir de cet été ensoleillé, tous réunis auprès du lac.. Ah qu'il était bon ce temps là, où l'on courait après les papillons dans les champs de fleurs, où l'on sautillait et tombait dans l'herbe en rigolant, où l'on grimpait aux arbres les plus hauts, où l'on se baignait sans se soucier de la température de cette dernière, où l'on faisait ce qu'on voulait sans prendre les autres en compte.. Où l'on était heureux. Ce n'était plus le cas aujourd'hui. Du moins pas pour Kodaa. D'ailleurs, il voyait bien que pour Lun non plu, ce n'était plus le cas, mais n'étant pas sûr de ce qu'il avançait, il préférait de pas évoquer le sujet.

    ..Sometimes I can't remember that was us..


    Cette belle époque. On en rêvait souvent. Trop souvent même. Quand on y repense on est nostalgique, on perçoit de nouveau tous les cris, tous les mots, tous les visages, les vêtements, les attitudes, les sourires, les paroles, les regards, les parfums.. On se rappelle de tout, sans exception. En compagnie de Lun, Kodaa se souvenait. Il pensait, souvent et trop. Penser à quoi justement? Tous ces souvenirs ne sont-il pas que poussière éphémère? Il semblerait que non. C'en est triste. Le rouquin se souvenait vraiment de cet été.. Son meilleur souvenir. Sans aucun doute.. Celui qui revenait, dès qu'il entrevoyait le regard de Lun, c'était son départ précipité, involontaire et digne d'un lâche. Il avait bien raison le Lun. Il avait toujours raison.. Il lisait dans Kodaa comme on lit dans un livre ouvert décrypté et réécrit plus simplement que jamais, adapté puis diffusé.. On arrête pas le progrès, pas vrai?! La douleur reste, elle, intacte, et n'évolue pas si ce n'est qu'elle empire avec le temps.. Et cette histoire que tu lisais Lun, comment était-elle? Était-elle aussi gentillette, simpliste et amusante que celles que tu nous racontais? Était-elle intéressante ou même lisible? L'aimais-tu cette histoire comme tu aimes le personnage qui en est l'auteur? En parlant histoires, tu te rappelles des tiennes de l'époque? Celles qu'on aimait tous car elles étaient drôles et vraiment bizarres, à ton image en fait. Dis Lun, tu t'en rappelles?

      « Je m’en souviens pas. »


    Tu mens. On le sent au son de ta voix qui là, sonne un peu fluette. Cette voix Lun, si tu savais comme elle a bercé des souvenirs. Ces souvenirs qui font que ça fait mal.. D'ailleurs, ça fait penser aux après-midi de cet été qu'on passait au soleil, allongés dans l'herbe, grimpant aux arbres les plus hauts, se baignant dans le lac sans songer à la température de l'eau, courant dans les champs de fleurs après le papillons bleus, riant follement de tes petites aventures toutes plus abracadabrantes les unes des autres.. On s'amusait bien en ces temps. Ces temps paisibles et sereins, qu'on enviait certainement aujourd'hui.. Si tu pouvais t'imaginer un quart de l'effet que procuraient tes histoires.. Tu en serais vraiment surpris. Et qu'elles soient fausses ou vraies, on le aimait quand même.

      « C’était des foutaises, de toute façon. On se racontait des histoires ! »


    Des foutaises? M.. Mais enfin, Lun! Tu ne le penses pas, heein?! Dis moi que c'est faux.. Là, il dirait certainement que Kodaa était naïf, qu'il était resté identique à celui qu'il était avant, si ce n'est qu'il était devenu plus dédaigneux et plus populaire.. Mais pas de grands changements significatifs. Du moins, ils ne l'étaient pas pour Kodaa.. Sans doute pour Lun..

    There was a time for reason
    A place for every season
    Times I couldn't run away
    From you

      « Et tu es un crétin. Tu n’as jamais été doué pour consoler les gens. Tu n’as jamais été doué avec les gens, tout court. »


    Quel compliment. Chapeau bas. Oui car pour Kodaa, ce n'était autre qu'un beau compliment que Lun lui faisait. La vision des paroles du blond est changeante en fonction des personnes qui les entendent. Lui les entend comme il veut les entendre, à son avantage. Il faut bien qu'il trouve du positif, dans ces mots qui.. Qui veulent tout dire. Qui pourtant ne sont que sons dans le vent, emportés par les vagues de cet élément vaste. Qui le touchent et le font souffrir.

      « Que croyais-tu que je deviendrais sans toi, sans vous ? Que je resterais un petit sauvageon timide accroché à tes basques ? Tu croyais quoi, que comme ça … Crois-tu que je puisse te pardonner ? Tu m’as laissé tombé. Puis, tu m’as humilié car je me suis défendu face à Tadashii Tsumi. Qu’est-ce que j’aurais du faire ? Me laisser frapper. Attendre que tu viennes me sauver ? »
      - J.. Je ne sais que te répondre Lun.. Tu as raison, comme toujours. Et baissant la tête, sentant les larmes lui venir. J'suis qu'un con, m'enlève pas ça..


    Les larmes coulent, difficilement, mais coulent quand même et ce par le simple fait qu'il lui reproche les choses évidentes et passées. Mais à Lun, que pouvait-on lui reprocher? Rien? Ou peut-être des accusations dont Kodaa n'était pas responsable, juste destinataire.. Ces mêmes accusations qu'il avait reçu lors de son départ pour le Japon. Ces mêmes accusations, toujours autant douloureuses et méchantes. Ces mêmes accusations qui, dans peu de temps, seront abordées avec le sujet "Hélios".. Il l'attendait. Ou plutôt, il les attendait ces critiques mesquines et habituelles, qui finalement faisaient quand même rire jaune. Qui intensifiaient tout de même les larmes..

      « J’ai attendu d’être sauvé. Mais t’étais déjà parti. Et maintenant, que comptes-tu faire ? Me dire que je suis lâche, infect ou autre chose ? Me parler de ces étés ou de mon envie d’être aimé ? Je n’avais aucune importance pour toi. Je n’étais rien. Alors chacun est à sa place aujourd’hui. »
      -Non Lun. C'est faux.. Ta place est bien plus importante que tu ne le penses..


    Lun embrassa le cou de Kodaa, et machinalement, ce dernier lui déposa un baiser sur ses lèvres. Kodaa aimait Lun. C'était vraiment beaucoup plus que de la proche amitié, mais ce n'était pas autant que l'amour intense et passionnel. Même cet amour qu'il avait longtemps connu avec Hélios, au fil du temps, malgré le souvenir et les quelques restes de sentiments, s'était dissipé. Lun lui, comme, en plus des histoires entre eux eux, il y avait une histoire compliquée avec les parents, il ne pouvait pas l'oublier.. Même si sa volonté le voulait du plus profond d'elle même. Il était inoubliable. Tant par sa prestance, que par sa chevelure, que par son visage, que par sa réputation, que par son caractère, que par Cassandra.. C'était pas pareil pour Kodaa, lui croupissait bien dans la misère profonde et montrait un aspect sympathique aux gens dans la seule envie d'être ignoré ou plutôt laissé tranquille.. Dur programme quand, par ses ébats, ses histoires de bastons, ses cuites phénoménales, et toutes ses conquêtes, on est devenu populaire.. La popularité. Putain de truc ça aussi! Ça vous bousille, c'est tout ce que ça sait faire..

    Better now than never
    Better late than forever
    I never meant to waste your time
    It doesn't seem to matter
    Maybe nothing really matters
    Long enough to break it all away


    Si seulement, l'échappatoire pouvait arriver maintenant, comme si le niveau était finit. Comme si le jeu était finit. Comme si tout pouvait se figer soudainement. Comme s'il ne restait qu'eux deux sur Terre. Comme s'il n'y avait plus Cassandra, ses mômes, Hélios et les Mousquetaires, Tsumi et les autres.. Juste eux deux, contre le monde entier. C'est dur, difficile, rude, hard.. Tout ce que vous voulez, mais merde! Comprenez, et toit aussi Lun, comprends que c'est pas simple pour, ni pour toi, ni pour lui. Quand on vous regarde aujourd'hui, on se dit que vous n'êtes plus qui vous étiez, que votre changement a été bien trop important et affectant pour les autres.. On a du mal à se souvenir qu'il s'agissait de vous..

    Somewhere out there
    Gathered in the dust
    Sometimes I can't remember
    Sometimes I can't remember
    That was us

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MessageSujet: Re: Retournons au pays d'autrefois. Ne veux-tu pas?   Retournons au pays d'autrefois. Ne veux-tu pas? EmptyJeu 22 Juil 2010 - 17:30

C'était trop tôt. Trop tôt pour que Lun et Kodaa se comprennent à nouveau. Trop tôt pour que Lun lui ouvre son cœur comme il l'aurait sans doute déjà fait si la distance n'avait pas été aussi grande. Lun était fragilisé, mais plus il sentait fragile, et plus il se renfermait. Ces derniers mois avaient été un vrai calvaire pour lui : et retrouver une amitié, lui semblait presque irréel et improbable. Il y aurait toujours Keio, Iris et Yume. Mais c'était différent. C'était des filles, elles étaient nouvelles dans sa vie. Rien à voir avec l'importance qu'avait eu et qu'aurait toujours Kodaa dans le cœur de Lun.

Doucement pourtant, comme un enfant se permettant l'interdit, Lun embrassa les lèvres de Kodaa dans un chaste baiser. S'éloignant aussitôt, presque irréel dans la rapidité et la tendresse de son geste. Le jeune sauvageon d'Afrique se laissa glisser contre son camarade. Celui qui fixait le ciel ne pu voir le regard de Lun se fermer, et surtout, ne du pas comprendre que l'étudiant blond venait tout simplement de s'endormir contre lui. Exténué. Ce ne fut qu'un assoupissement passager, alors que Lun se redressait lentement. Il se frotta les yeux.

« C'est moi, le crétin. »

Ça, on le savait déjà. Lun était tellement heureux que cela en était visible jusqu'à la pointe de son sourire d'enfant. Ses yeux brillants d'une réelle joie. Douce et cette joie de retrouver un ami après avoir craint de le perdre. Lun se jura, mille fois, de ne plus jamais faire du mal à personne devant Kodaa et ne de plus parler d'Hélios. Oh, ce n'était pas une promesse facile à tenir, et il en aurait bien du mal. Mais il le devait, il ne voulait plus le perdre.

« Kodaa … »


La voix de Lun était effarée, sa main se posant sur la joue humide de l'adolescent.

« Pourquoi pleures-tu ? »


La question était sans doute stupide pour n'importe qui, mais Lun la posa avec le plus de sincérité du monde. Sa main venant recouvrir les yeux du rouquin.

« Le soleil te fait mal aux yeux. C'est pour cela que tu dois garder des lunettes. Tu les abîmerais moins ... »

Un autre baiser, toujours aussi enfantin, toujours aussi sage. Alors que Lun s'étire comme un chat. Allant toucher la pointe de ses pieds avant de sautiller sur ses pieds déchaussés.

« ... »


Kodaa ne devait jamais avoir reçu la lettre d'amour de Lun Marv. - Sa première lettre d'amour, après son départ. Sa mère ne devait pas lui avoir transmis. Sans doute n'avait-elle même pas lu le courrier. C'était une bonne chose.
Sûrement.
Au fond, Lun ne savait pas comment il parviendrait à vivre sans d'Artagnan. Depuis son entrée au collège, son existence entière s'était basée sur le culte qu'il vouait au roux. Culte devenu une amitié des plus sincères. Des plus profondes.

« En réalité. »
Murmura Lun. « Il va nous falloir du temps ... »


[…]


Et la Saint-Valentin arriva, plus fatale que le reste.


[…]

Lun sanglotait. Cela n'avait rien à voir avec les larmes quelques mois plus tôt. Cela n'avait rien à voir. Le jeune homme, drogué, perdu, semblait sur le point de craquer. Il émit un petit gémissement de douleur, avant de s'engouffrer sous le déguisement de Kodaa. Il fallait croire qu’ils n’étaient pas emmenés à se rencontrer dans des circonstances joyeuses. Là c'était sans doute pire que tout. Beaucoup plus pour Kodaa, dont son ami pleurait contre lui sans pouvoir lui expliquer le sang sur son corps et les autres souillures. Sans doute plus pour Kodaa qui pouvait voire les points rougies des bras et le corps amaigrit d'un enfant qu'il avait connu à la pointe de ses douze ans.

[…]

« Il a été renvoyé … »


Lun garda un regard fatigué sur l’ancien membre du comité des élèves, se retournant dans le lit de l’infirmerie. Il en avait assez de pleurer. Il en avait assez. Et il ne se souvenait plus. Que c’était-il passé dans cette soirée ? Pourquoi Kodaa était-il renvoyé ? Pourquoi fallait-il qu’on souffre maintenant pour des bêtises d’Antan.

Un tee-shirt simple, un pull gris, un jean banal. Lun était renfermé dans la chambre qu’il occupait chez les Lancaster. Il ne voulait pas en sortir. Pourtant, il voulait voir Kodaa. Alors puisqu’ils ne pouvaient se voir, il lui écrirait. Puisqu’il ne pouvait l’entendre, il le lirait. Et tant pis, si aucun message ne venait.

Kodaa, où es-tu ?
Où vis-tu ?
Que fais-tu ?

Kodaa …. Si tu y étais, j’irais. Puisque tu n’y es plus, je n’irais plus.
Kodaa, … Kodaa.


Que ferais-je sans toi ?

Je veux bien comprendre qu’on a changé. Qu’on n’est plus ce qu’on était. Mais, j’ai besoin de toi. Mille fois, plus que tu n’auras jamais besoin de moi.

Kodaa, où es-tu ?
Où vis-tu ?
Que fais-tu ?


...

...

..

.


]Clos,
à suivre ?
]

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