This Love, This Hate is Burning Me Away [PV. Aaron]

Chaleur, vent, eau, liberté. Les maîtres mots d'une magnifique journée de week-end ensoleillée, au bord d'un lac paisible, en solitaire. La brise légère était très agréable mais surtout rafraîchissante, si bien que rester sous les rayons lumineux n'était pas considéré comme quelque chose de suicidaire du moins pour le moment. Cette température et ces odeurs estivales rappelait les vacances d'été qui s'approchaient à grand pas, été que Loan attendait plus que tout, pour une fois. Habituellement, cette attente était due à cette haine des cours qu'il nourrissait en lui depuis un très long moment cependant il ne comptait que très rarement faire quelque chose de tout le temps libre qu'il obtiendrait. C'était la première fois que le rebelle avait si hâte de voir les jours passer, de laisser le temps s'écouler, de passer à demain ...

Malheureusement pour lui, il n'avait pas de super-pouvoir ni même de machine pour voyager dans le futur, il devait se contenter d'attendre en s'occupant de préférence pour ne pas mourir d'ennui avant d'arriver à cette fameuse date. C'était la principale raison de sa venue au parc Misato. L'année dernière, il avait pu y rencontrer Ayame et passer une après-midi géniale -sans oublier la journée qu'il avait pu passer avec elle à l'extérieur de Keimoo-. C'était très probable que son inconscient l'avait traîné jusqu'ici dans l'espoir de rencontrer une nouvelle personne, de passer un temps agréable à papoter avec quelqu'un qu'il ne connaissait peu voir pas. Cependant, contrairement à sa dernière visite derrière les arbres, l'adolescent avait préféré se retirer tranquillement vers un petit lac non loin de là pour profiter de la fraîcheur accordée par l'eau mais surtout pour s'entraîner.

Il ne faisait plus attention à ce qu'il se trouvait autour de lui. Son ouïe était bouchée par ses écouteurs, rock à pleine puissance dans les oreilles et ses yeux étaient rivés sur la surface liquide. Dans sa main droite se trouvait un petit galet plat, roche parfaite pour faire des ricochets et dans sa seconde main son téléphone portable pour pouvoir changer sa musique rapidement. Il positionna son bras principal en arrière, prit quelques secondes pour se concentrer et d'un coup sec lança ma pierre à toute vitesse en direction de l'étang. Comme il pouvait s'y attendre, l'objet ne fit qu'un maigre ricochet avant de sombrer lamentablement dans l'eau, tel un Titanic. Malgré tout, le jeune homme ne désespérait pas, il avait tout le temps du monde pour s'entraîner puisque après tout il n'avait strictement rien à faire ! Et bien évidement étudier n'était pas du tout une option envisageable.

S'abaissant pour récupérer une seconde roche, il resta en position accroupie pour réfléchir à une façon de faire plus d'un rebond sans pour autant avoir besoin de faire une recherche internet. Son téléphone contenait toutes les réponses à ses questions, plus farfelues les unes que les autres cependant, parfois, trouver une solution à un problème de soi-même était une récompense qui valait véritablement le coup en terme de fierté personnelle. Réitérant l'expérience, il lança, toujours un genou au sol, la roche en diminuant légèrement la puissance de son jet ce qui provoqua un second ricochet et un sourire timide sur les lèvres de l'adolescent. Ce n'était rien de grandiose en soi, mais c'était suffisant pour le contenter.

Il s'abaissa alors une seconde fois et prit plusieurs roches plus ou moins plates avant de s'asseoir sur un banc qui était à proximité et de poser son butin sur celui-ci tout en faisant attention de laisser assez de place pour une seconde personne, si quelqu'un souhaitait faire une pause à cet endroit voir faire un concours avec lui. Voilà comment il allait pouvoir passer cette journée, il allait la passer en lançant des cailloux dans l'eau. C'était plutôt débile comme jeu mais ça l'amusait et c'était tout ce qu'il comptait. Et il pouvait emmerder tout ceux qui le jugeaient.

« Aaron tu pensera à passé l'aspirateur et à ranger le lave-vaisselle ! Et, si tu as le temps , n'hésite pas à ranger ta chambre et à l'aéré , c'est toujours mieux surtout vu la chaleur ! »

Je poussais un léger soupire discrètement en approuvant la demande de ma grand-mère. Je me sentais comme une femme de ménage , je passais mon temps à réviser ou à m'occuper du rangement de mon lieu de vie. Franchement , je n'étais pas enchanté de passé une si belle journée enfermer avec un torchon à la main et un ballai de l'autre. J'aurais préféré me balader ou bien aller étudier dehors dans un parc quelconque mais à peine ai-je eu le temps de finir mes devoirs que ma grand-mère m'avait sauté dessus pour me demander mille et une tâche de ménage. Discipliné, j'obéissais à ses demandes sans rétorquer quoi que ce soit. De toute manière , je n'avais pas mon mot à dire : c'était Sobo qui me logeait , qui me nourrissait et qui me donnait de l'argent de poche. Tant que j'étais sous ce toit , je devais faire ce qu'elle me demandait , sinon c'était de l'irrespect pur et dur. M'armant de l'aspirateur , je commençais à faire ma première tâche ménagère sur les nombreuses demandes faites par ma grand-mère et ses rappelles durant la journée. Je n'avais pas la possibilité de fuir , j'étais contraint à passé ma journée ici...

Les mains dans le bac d'eau , une éponge dans l'autre main , j'essuyais une paire d'assiette tant bien que mal quand grand-mère approcha. Elle avait dû remarquer mon air morose à la pensée d'une journée enfermer ici , entre quatre murs. Elle prit l'éponge de mes mains et me fit un signe de tête pour me faire comprendre que je disposais. Je lui demandais confirmation et elle m'accordait que je pouvais sortir . Je lui adressait un large sourire : ma sentence était enfin levé, je n'allais pas rester enfermer ici toute la journée ! Je courais à l'étage rapidement pour attraper quelques affaires avant de sortir. Je troquais mon t-shirt actuellement pour un autre t-shirt avec une matière moins épaisse et je me passais un coup de déodorant avant de prendre mon portable et mes écouteurs , comme à mon habitude. Je n'avais pas spécialement envie de lire dehors ou d'étudier , j'avais juste envie de profiter du temps environnant. Je mis mes écouteurs dans mes oreilles sans lancer de quelconque musique , puis je descendis voir une dernière fois ma grand-mère pour lui préciser que si elle avait besoin d'aide ou si elle avait envie que je rentre , elle pouvait m’appeler du téléphone fixe de la maison à mon numéro de portable que j'avais enregistrer pour qu'elle n'ai pas besoin de s'en souvenir.

Spoiler:

Je me dirigeais vers le parc de mon quartier d'un pas déterminé , la musique se lançant dans mes oreilles lorsque j'appuyais sur le bouton lecture. Le rythme effréné et les paroles suaves de la chanson me prenait aux tripes . Durant quelques minutes je me coupais du monde , n'écoutant que la musique qui sortais de mes écouteurs. Je ne faisais plus attention à ce qu'il y avait autour de moi. J'étais du genre prudent , même si j'aimais écouter la musique en marchant , j'étais avisé avec les routes ou bien les piétons . Cependant , depuis quelques temps , j'étais perturbé . Perturbé par tout ce que j'avais vécus en si peu de temps , tout mes repères bouleversé. Perturbé parce que j'avais perdu pas mal de choses mais j'avais rencontré de nouvelles personnes... Surtout lui. Je me sentais différent depuis , c'était étrange comme sensation. J’apercevais une nouvelle personne quand je me regardais parfois dans le miroir , j'étais enchaîner par des contraintes quotidiennes auxquelles je m'étais habitué et , d'un coup, il venait brisé mes chaînes et mes certitudes. Il était évident pour moi que je prenais la bonne voie , que personne ne me dérangerait sur ce chemin-là et que je privilégiais mes études par rapport à tout. Même si mes études étaient toujours aussi importantes pour moi , j'étais plus distrait et je n'avais pas tout le temps la tête à ça , je découvrais que je pouvais être animé par d'autre chose qui prenait autant de place que mes études. Tout ça était un peu flou dans ma tête , je savais que ce n'était qu'une période et que ça n'allait pas durée , que j'allais mettre mes idées au clairs mais je n'arrivais pas à entrevoir la porte de sortie de mes égarements. Je fermais les yeux quelques secondes me concentrant sur les paroles de la musique que j'écoutais. Penser à autre chose ou faire le point , je n'avais pas d'autre choix .

I thought I told no more
I swear I really meant it babe
Thought I really meant it babe

Say nothing's gonna keep us apart
My body gotta be where you are
You are
I say nothing's gonna keep us apart
I listen to my body
Baby ain't nobody gonna keep us apart

Mon attention était porté sur le rythme qui se déversait dans mes oreilles , je me sentais apaisé par cette musique mais en même temps je savais qu'elle me rappelait des souvenirs , doux ou amers. Je soupirais à cette pensée et je passais la barrière en bois qui délimitait l'entrée du parc . Le vent commençait à se lever , il était léger et caressait ma chevelure sans trop me décoiffer. Je me demandais si j'avais fais un bon choix en changeant de t-shirt car un frisson venait de se faire ressentir du bas de mon dos jusqu'à ma nuque. J'espérais intérieurement que le temps n'allait pas tourner , je n'avais ni parapluie ni capuche et , même si j'étais proche de chez moi, je ne voulais pas rentrer aussi mouillé qu'une serviette qui serait tombé dans un sceau d'eau . Déjà , l'idée me plaisait guère et cela n'aurait pas été au goût de Sobo qui venait de passé la serpillière dans toute la maison. Naturellement , mes pas me guidaient vers le point d'eau . Malgré le vent qui soufflait légèrement , la chaleur était toujours présente et se mettre proche d'une source d'eau rafraîchissait un peu l'air ambiante. Je m'asseyais près de quelqu'un sans faire attention à la personne , toujours plongé dans ma musique. Les dernières notes de la mélodie raisonnait et le silence se faisait autour de moi.

Listen to my body
Baby ain't no nobody gonna keep us apart
Listen to my body
Baby ain't no nobody gonna keep us apart
Keep us apart
Keep us apart

J'enlevais mes écouteurs. Au final, me couper de tout n'était pas si positif. Je ne faisais que remuer des questions qui étaient rester au fond de moi durant longtemps . Je passais mon pouce sur mon front , mes écouteurs pendant de ma poche , toujours accroché à mon portable . J'avais l'impression que toute ma sûreté quotidienne c'était perdu dans un grand trou noir cosmique et , plus je le ressentais , plus j'avais envie de baissé les bras et de laisser le destin faire à ma place . Je plongeais mon regard dans l'eau , mélancolique quand mes pensées fut coupé par un ricocher . Je clignais plusieurs fois des yeux avant de tourner la tête vers la source d'où provenait ce geste. Je remarquais la présence d'un garçon , son visage me rappelais quelque chose...Après quelques secondes , je sus le reconnaître vaguement , il me semblait l'avoir déjà vu en cours. Il n'avait jamais spécialement participé en classe , d'ailleurs il était plutôt effacé et parfois il n'était pas là , c'est pour cela que j'ai mis du temps à le reconnaître. Je le fixais quelques secondes , je remarquais qu'il était prit dans son jeu et ne faisait même pas attention à ma présence. Une partie de ricocher... Peut-être que cela me changerait les idées . Je n'avais pas besoin de remuer le couteau dans la plaie , j'avais envie de penser à autre chose quelques minutes . Je me demandais si , en m'interposant dans le jeu de cet inconnu , je n'allais pas passer pour un garçon bizarre . Bon , après tout , qui ne tente rien n'a rien.

Je cherchais donc dans mon entourage proche un caillou ou un bout de roche qui n'était pas trop gros mais pas trop petit. Une fois que j'avais trouvé ma perle rare , je le pris dans mes mains et je calculais un peu près la distance que je pouvais atteindre . Je plissais un œil , en prenant un air concentrer comme si je jouais ma vie en jetant ce caillou. Une fois que j'avais trouvé le bon angle de tire , je lançais ma prise . J'étais plutôt fière , j'avais réussi à faire un ricocher de qualité , ça n'arrivait pas tout les jours. J'eus un sourire en coin de fierté puis je tournais mon regard vers cet inconnu. Après tout , il avait dû me repérer mais soit il allait royalement m'ignorer , soit il allait prendre en compte mon geste. Je n'hésitais pas longtemps avant de prendre la parole , j'étais assez social dans certain contexte même si ma timidité pouvait prendre le dessus parfois :

« Salut. »

Un simple salut , banal et un peu naze. On sentait dans la tonalité de ma voix que je ne savais pas par où entamer la discussion mais j'avais besoin de parler à quelqu'un d'extérieur , qui ne me connaissait pas , enfin presque pas. Il avait dû me remarquer en classe , en même temps je n'étais pas discret : j'étais souvent dans les premières ranger , toujours attentif , je posais souvent des questions et répondais régulièrement au interrogation du professeur . Je savais que j’agaçais beaucoup de personne en anglais puisque j'avais des facilité évidente et que je pouvais paraître parfois lèche-botte avec les professeurs mais c'était ma manière de m'invertir dans le cours , j'avais besoin d'interagir et de poser des questions au professeur si j'étais fasse à un questionnement. Il devait probablement me voir comme une personne trop investie en cours , quelqu'un de gênant . Après tout , c'est ce que beaucoup ressentait dans mon implication studieuse . Ils en pensaient que je ne vis que de ça , que chaque jour j'étais dans les bouquins. Ce n'était pas faux , mais j'étais plus que ça . Pour éviter de rester sur un simple salut et de rester chacun dans notre coin , que chacun reprenne sa vie comme si de rien n'était et comme si je n'avais pas voulu interagir , je reprenais la parole en m'asseyant en tailleur , mon regard plongé dans l'eau :

« Je crois qu'on est dans la même classe, 'fin il me semble... »

En faite , je ne savais pas par où commencer la discussion. Plus je parlais , plus j'avais l'impression de me ridiculisé. Je baissais les épaules , un peu déçus de la première impression que j'allais donné . Au final , ma timidité naturel avait prit le dessus et je n'avais pas su faire une phrase intéressante alors que j'avais pris deux fois la parole. Moi qui voulais simplement me changer les idées , au final je n'étais peut-être pas partis sur la bonne piste. Je regardais mon reflet dans l'eau , clignant les yeux plusieurs fois. Durant ce moment , j'avais l'air d'avoir perdu toute ma joie de vivre que j'adoptais quotidiennement , celle que j'adoptais tout le temps en classe , celle par laquelle je m'exprimais. Je n'étais plus ce garçon joyeux et curieux , j'étais juste ce garçon qui avait trop de questionnement et qui semblait aussi perdu que ce caillou dans l'eau qui avait fini par couler...

Le temps s'écoulait au fur-et-à-mesure que les rebonds s'accumulaient, amusant le jeune homme qui ne pensait plus aux soucis du quotidien mis à part à battre son record de ricochet, plus rien n'importait. Si seulement il pouvait se concentrer et persévérer autant pour le lycée et non pas pour des futilités. Malgré tout, cette activité lui plaisait énormément. C'était à la fois relaxant et drôle, le rebelle semblait prendre du bon temps à jeter quelques cailloux dans l'eau, qui aurait pu croire qu'il en faudrait si peu pour l'occuper pendant des heures et des heures. Il se sentait bien.

Dans ses oreilles les musiques s’enchaînaient une à une, les percussions rythmaient ses mouvements et les rebonds et la basse lui provoquait des frissons très agréables tout au long de sa colonne vertébrale. Le rock indépendant étant son style musical favori, il ne pouvait s'empêcher à bouger son corps et à tapoter du bout des doigts chaque fois qu'il pouvait entendre la batterie. L'adolescent était dans son monde musical, loin de tout et de tout le monde, en train de s'amuser en faisant ce qu'il souhaitait sans que personne ne vienne le déranger. Au départ, il n'était pas venu pour s'isoler cependant la solitude était beaucoup plus drôle maintenant que cette transe musicale avait refait surface en lui, provoquant autant d'émotions que sentiments. Il s'amusait vraiment.

Alors qu'il lançait une énième pierre polie dans le lac, une nouvelle chanson, plus entraînante cette fois-ci, se lança entre ses écouteurs laissant apparaître un sourire de contentement sur les lèvres de l'adolescent qui adorait plus que tout au monde ce groupe. Leurs paroles résonnaient en lui si bien qu'il ne put s'empêcher de, très timidement, chantonner à voix basse ces quelques mots. Son euphorie était si forte que la plus part de ses limites n'existaient plus, ses barrières mentales étaient anéanties et sa joie était elle décuplée. Il était heureux.

Spoiler:

"And far below, the carnivores,
Are looking up to where I soar,
Above the clouds, above the storm,
Above the earth I am transformed,
The energy has set me free,
And pulled me through the galaxy,
I've risen up beyond the sky,
I am awake, I am alive !"

C'est alors que, le sortant de son imaginaire et de sa musique, il vit devant lui un galet ricochet plusieurs fois avant de sombrer inévitablement dans le liquide. Intrigué, son regard parcouru sa main droite où il tenait encore une pierre avant de se diriger vers l'endroit contraire d'où se dirigeait la pierre et vit un adolescent qui se tenait non loin de lui, arborant un sourire de fierté. Loan resta neutre quant au nouvel arrivant qu'il n'avait pas du tout vu venir et le reconnu sans plus attendre. Il s'agissait d'une des grosses têtes de sa classe, Aaron d'après ses souvenirs. Les deux garçons ne s'étaient jamais adressés la parole, trop opposés mentalement probablement, mais ce n'était pas pour autant qu'il allait être désagréable à son égard. Une bonne surprise pouvait toujours arriver, surtout après sa "rencontre" avec Ayame dans ce même parc.

Le blondinet et le rebelle s'observaient alors les yeux dans les yeux, et le premier bougea ses lèvres, probablement pour le saluer. Malheureusement, à cause de ses écouteurs, Loan n'avait pas du tout entendu mais pouvait très bien imaginer son intonation assez blasée, notamment grâce à son expression faciale plus que neutre. Habituellement, s'il n'était pas au top de sa forme, entamer un dialogue avec l'une des têtes de classe lui semblait impossible, n'aillant normalement pas la patience nécessaire pour accomplir cela. Néanmoins, Aaron était arrivé au bon moment puisque le garçon était disposé à partager un moment tranquille autour de ce lac. Contrairement à lui-même, l'intello ne semblait pas être au top mais plutôt songeur, troublé. Gentiment, Loan répondit à sa salutation en imitant le salut militaire avec son index et son majeur, silencieusement.

C'est alors qu'il s'assit sur le sol avant de se mettre à parler. Pris au dépourvu, le rebelle retira rapidement son écouteur droit pour entendre ce qu'il avait à dire et fut surpris d'entendre ses mots. Par le passé, il avait dit quelque chose du même style lorsqu'il avait trouvé l'artiste de sa classe derrière les arbres en train de chanter. La coïncidence était réelle. Un léger rire sortit de la bouche du rebelle qui reprit une pierre dans ses mains avant de se relever du banc et de se rapprocher dangereusement du bord de l'eau, lançant en l'air la roche polie pour la rattraper, réitérant de nombreuses fois le geste. Il répondit alors à l'intello, mi-blagueur mi-amical.

« Pas étonnant qu'une grosse tête comme toi zappe le p'tit con du fond de la classe. C'est exactement ce que j'ai dit à Ayame lorsque j'l'ai vue ici l'an dernier. Coïncidence bonsoir. D'ailleurs c'est Loan, au cas où t'aurais effectivement oublié que j'existais dans la classe, Aaron. »

Son bras droit recula en arrière tandis que le gauche servait de repère pour viser correctement avec son galet. D'un coup sec et énergétique, le rebelle relâcha l'objet avant de constater avec joie que plusieurs ricochets avaient été effectué, joie qu'il montra en levant le poing en signe de victoire tout en continuant d'observer son camarade, tout sourire. Après avoir terminé, il retourna à sa place tranquillement avant de jeter sur le sol le tas de pierre qui était posé sur le banc et de retirer la poussière d'un coup de main.

« Alors ? Quoi tu branles ici ? Toi aussi tu viens te relaxer, profiter du plein air et de la chaleur crevante du soleil ? Et aussi, prends pas cet air dépressif, tu donnes l'impression que tu es sur le point d'aller te noyer ! Respire la vie est belle, viens t'asseoir sur le banc promis j'te bouffe pas. J'ai d'jà essayé et franchement c'est pas le pied. »

Loan fut presque surpris de lui-même quant à cette facette si amicale qu'il s'ignorait avoir. C'était très certainement dû à toute cette euphorie procurée par la musique, mais, malgré tout, il n'avait pas non plus engueulé Aaron pour l'avoir sorti de cette zone très confortable où il pouvait littéralement planer. Mais cela ne l'empêchait pas de rester ironique et sarcastique, comme à son habitude. Le rebelle retira alors son second écouteur, le débrancha de son téléphone portable avant de les ranger dans l'une des poches de son jean délavé. Il étira alors ses membres tout en baillant, fatigué de cette journée tranquille à ne rien faire. Ses yeux sombres croisèrent ceux de son camarade intello, faisant émerger une idée dans son esprit.

« Alors ? Des trucs à raconter ? J'peux m'tromper mais dernièrement j't'entends de moins en moins en cours et là t'as pas l'air franchement bien. J'me trompe ? Désolé de te dire ça mais c'est assez facile de lire en toi même sans te connaître. Enfin j'vais pas jouer l'psy, j'suis clairement pas qualifié pour ça et p't'être bien qu'j'en aurais besoin d'un ! »

Le garçon se mit à rire doucement une seconde fois avant de tirer de sa poche arrière un paquet de cigarette et un briquet. Voilà comment détendre encore plus l'atmosphère ! Sortant du paquet l'une des tiges, il l'alluma sans attendre et porta sa drogue jusqu'à sa bouche avant d'inspirer profondément. Si jamais son collègue souhaitait en prendre une, il lui laissait l'opportunité en lui tendant le paquet sans le regarder. Après tout, il l'invitait.

J'avais décidé d'engager la discussion avec cet semi-inconnu qui jouais au ricocher à côté de moi. On aurait dit le début d'un scénario d'un mauvais film à petit budget , où les plans étaient prit comme le cameraman le pouvait et où les acteurs jouaient extrêmement mal. Au final , je serais un de ces acteurs à petit budget , pris à la rabaisse. Je feignais très mal que tout allait bien , que je voulais juste sympathiser. En fait , je ne faisais aucun effort pour feindre quoi que ce soit. Parce que j'étais un mauvais menteur et , de plus , aujourd'hui je n'avais même pas envie de jouer la comédie. Au pire , mon camarade de classe n'en avait certainement rien à faire de moi , alors le fait que j'aille bien ou mal , que je soit pensif ou non ne lui changera point sa journée. Il restera à jouer au ricocher et moi , bah... Je continuerais à me morfondre , à penser inutilement à des choses que je ne pouvais pas modifier ou prévoir.

Décidément , être pessimiste était mon activité préféré depuis ce matin. Je n'arrivais pas à voir une lueur d'espoir , je me retrouvais face à mes échecs et à mes problèmes et je ne savais pas comment tout gérer . Je sentais bien que mon moral était en baisse constante en ce moment. Je ne voulais pas rester dans cette situation là mais trouver un échappatoire était compliqué. Tout s'amplifiait, mes petits problèmes quotidien prenait trop de place et venait me ruiner mes journées. Je perdais le goût de certaines choses , j'étais face à trop d'hésitation et de problématique. Seul, le chemin sera dur , plus dur que prévu. Malgré que mon camarade de classe et moi étions des opposés totales , j'avais entamé un semblant de discussion avec lui. Je voulais sortir de ma solitude , m'enfermer n'étais pas la solution et je le savais pertinemment. J'avais donc entrepris un début de conversation plutôt catastrophique et il avait du le sentir : entre un salut qui ne ressemblait pas à grand chose et ma phrase pour signifier qu'on était dans la même classe , ce n'était pas glorieux comme entrée en matière. Mais je ne savais pas quoi dire , envahis par mes sentiments négatifs , parler simplement comme si tout allait bien n'était pas une tâche simple et aisé. Ma timidité naturelle prenait le dessus et m’empêchais de faire des phrases très structuré ou simplement d'aborder des sujets intéressants. A part me rendre mon salut sans rien dire de plus , je ne voyais pas ce qu'il pouvait me dire. J'étais vraiment naze dans ce genre de situation , plus je déprimais plus je le faisais ressentir autour de moi.

Je sentais qu'il était du toute autre humeur que moi , qu'il était bien plus enjoué. Joyeux restait un grand mot , mais ses traits semblaient moins brutes que les miens . Le peu de fois que je l'avais aperçus en cours , son visage semblait neutre ou bien énervé , je n'avais jamais vu cette expression dans ses traits. Bien que je ne l'avais que rarement vu. Il m'avait même fallu un petit peu pour comprendre que c'était un camarade de classe , il n'était pas toujours présent et était très discret , bien plus discret que je pouvais l'être. En fait , en toute franchise, je n'avais jamais fait attention à mon camarade. J'étais concentré sur mes cours durant les heures qui passait en classe , j'essayais de me déconcentrer le moins possible et de me fixer des objectifs. Il est vrai que ces derniers temps je participais moins et j'étais plus tête en l'air mais j'essayais toujours d'avoir un objectif clair et nette. Je ne pensais pas que mon interlocuteur avait cette vision des choses , mais peu importe nous n'étions pas en cours et pour une fois , exceptionnellement , je n'avais pas la tête à ça. C'était assez rare que je pense totalement à autre chose mais aujourd'hui c'était le cas , je ne pensais même pas replonger le nez dans mes livres ce soir. Sa musique , sortant toujours de ses écouteurs m'extrayais de mes pensées. Je devais fixer mes pensées sur autres choses que mes problèmes actuels , que mes doutes et mes angoisses. Parler à quelqu'un d'extérieur avec qui je n'avais aucun lien , avec qui je n'avais jamais parler était une bonne occasion pour penser à autre chose . Je ne voulais pas paraître morose mais je n'arrivais pas à cacher cette expression de mon visage , tout mes efforts étaient vains. Je baissais les épaules à cette pensée, tant pis de toute manière il n'allait pas me poser mille et une question. On allait peut-être entamé une discussion sur la pluie et le beau temps puis partir chacun de notre côté , reprendre nos vies et ne plus ce voir. De toute façon , il était trop tard pour faire marche arrière , je lui avait adressé la parole.

Au final , il n'avait pas du tout réagit comme je l'avais imaginé. Comme tout être humain , j'avais de nombreux clichés dans la tête même à propos de mon camarade et je nourrissais le cliché qu'il ne devait pas apprécier les personnes comme moi. J'avais une fois de plus tord puisqu'il m'adressait un sourire cordiale et ma saluait de manière amicale. Je ressentais une pointe de bonne humeur en voyant que quelqu'un était aussi agréable avec moi malgré son ton sarcastique. Un léger sourire avait même réussi à se faire un chemin sur mes lèvres. J'avais même remarqué que celui-ci était plus apte à la discussion que moi : il avait enlevé un de ses écouteurs pour mieux m'entendre. Je me demandais réellement s'il avait entendu ce que j'avais dis précédemment mais je ne relevais pas cette pensée , après tout le principale était que je tienne cette discussion et que je me change les idées. Il avait l'air de très bien me connaître , enfin façon de parler . Il connaissait plus de chose sur moi que je ne connaissais de chose sur lui , à priori . Comme je n'étais pas quelqu'un d'effacé , ce n'était pas simple de me raté ou de n'avoir jamais entendu parler de moi alors que nous étions dans la même classe. Je ne connaissais même plus son prénom , enfin maintenant il me l'avait fait rappelé : Loan. C'était pardonnable , après tout je n'étais là que depuis peu de temps , je n'allais pas retenir les prénoms de tout le monde et cela ne m'intéressais clairement pas. Je ne lui répondis pas car il reprit plus rapidement la parole que je ne le pensais. Je n'eus que le temps d'entrouvrir les lèvres mais , tournant mon regard vers lui , j'étais attentif à ce qu'il me disait. Il avait achevé son jeu des ricoché pour ce mettre sur un banc non loin d'ici après avoir jeter encore deux ou trois pierres de plus. Je l'écoutais à distance , même si parler à un inconnu me faisait du bien je me sentais assez faible aujourd'hui et je n'avais pas envie de faire une action inutile , rester ici m’allait bien. Passant ma main dans l'herbe , je concentrais mon regard sur mon camarade en portant une oreille attentive à ses dires.

Au final il me proposait de le rejoindre sur le banc , chose que je fis pour ne pas paraître totalement insociable et imbus de ma personne. Sa remarque sur le cannibalisme me déchira un léger rire , pourtant ce n'était pas mon type d'humour. En fait , son humour n'était pas le genre de chose à me faire rire , ni le sarcasme que souvent je ne comprenais pas ni l'humour noir que je trouvais trop déplacé , mais au final il avait tout de même réussi à me faire rire avec ce genre de blague. Ce n'était pas donné à tout le monde de me faire rire dans mon état actuel. Le temps que mon camarade range son matériel portable , je lui répondis en essayant de prendre un ton plus enjoué :

« Même si je t'ai pas souvent vu en classe , je me rappelais de ta tête , ne t'inquiète pas pour ce point. »

Je laissais quelques secondes s'écouler avant de reprendre la parole

« Je ne voulais pas m'enfermer chez moi et puis j'aime bien ce parc , tout est si calme.. Malgré ce que je montre en classe , j’apprécie le silence. »

Il est vrai que j'affectionnais ce lieu. Plus jeune , je me rendais ici avec ma mère pour de longue promenade à observer la faune et la flore présente dans ce parc. Les goûters que j'avais eu ici , les courses que j'avais improviser dans l'herbe avant de me scratcher parterre en pleurant , toutes les après-midi que j'avais passé à lire à l'ombre d'un arbre . Ce parc était une part de mon enfance et de mon adolescence , j'y avais pas mal de souvenir dont certains avec presque toute ma famille , sauf mon père bien entendu. C'était un lieu reposant , où les rayons du soleil venait se frayer un chemin entre les arbres sans être agressif , c'était un lieu de paix. C'était mon lieu de paix où je me retrouvais face à moi , où je pouvais méditer à certaines choses , où je pouvais fuir dans des histoires imprimées sur du papier … J'aimais repenser à chaque souvenir que j'avais eu ici , chaque partie de ce parc où je me voyais petit à petit grandir et devenir ce que j'étais aujourd'hui. Un jeune garçon pas très sportif , pas très drôle mais passionné et ambitieux. Ce lieu avait eu son rôle dans ma vie. Aujourd'hui , ce lieu était toujours une antre de paix mais c'était avant tout un espace où je venais me ressourcer à travers mes souvenirs.

Le rebelle qui était à mes côtés reprit la parole pour me rappeler l'état actuellement dans lequel j'étais. Était-ce si visible au point que n'importe qui puisse me le faire remarquer ? Après , il est vrai qu'habituellement j'arborais toujours un large sourire et un air conviviale , ce qui était tout le contraire d'aujourd'hui où un seul rire m'avait effleuré rapidement les lèvres. Il avait touché mon point faible en parlant de ma baisse d'assiduité en cours durant ses derniers jours . La majorité des personnes avaient du le remarquer mais j'avais essayé de feindre à une fatigue généralisé . Je n'avais pas expliqué comment ni pourquoi mais mon visage s'exprimait de lui-même. Je me demandais pendant un quart de seconde si je pouvais parler à Loan de certaines choses. J'avais tout d'un coup envie de lui dire des choses qu'on ne confit pas à un inconnu mais je me sentais si oppressé dernièrement par cette vague sentimentale que si je continuais de garder tout ceci enfuit en moi , j'allais implosé . Après tout , est-ce qu'on allait se reparler en cours ? Non , je connaissais déjà la réponse. Il avait son groupe d'ami , j'avais le mien. Nous appartenions à deux mondes tellement différent que nous allions probablement nous esquiver dans les couloirs sans faire attention l'un à l'autre. Avec peu d'hésitation , je lui révéla donc une petite part de mon mal-être quotidien du moment :

« Ouai tu as raison , enfin tu as vu juste. Je suis pas au meilleur de ma forme en ce moment . »

Il me tendit son paquet de clope , je lui en pris une en le remerciant et sorti mon briquet. Je fumais plutôt rarement et souvent avec des personnes que je ne connaissais pas de l’académie , Loan fera preuve d'exception. Après tout , pourquoi un intello ne pourrait t'il pas fumer ? Ça faisait partie des beaux clichés que je vous avait exposé tout à l'heure. Je tirais une latte , prenant ma première dose de nicotine avant de lui demander sincèrement :

« Tu t'y connais un peu en relation ? 'Fin tu vois de quoi je parle. »

Je lui laissais le temps de répondre mais , avant même d'écouter sa réponse ou même de prendre en compte celle-ci , je lui exposais la situation dans laquelle j'étais en omettant quelque détail qui était pourtant très important.

« En fait , j'ai rencontré quelqu'un. Je sais que c'est quelqu'un de bien mais je sais pas comment m'y prendre . Pour tout te dire , on c'est rencontré dans une soirée , j'étais un peu fatigué et l'alcool bah... N'a pas aidé. On c'est juste embrassé , rien de plus , mais on arrête pas de ce voir , de ce chercher mais le truc … C'est que je n'ai jamais eu de relation sérieuse . J'ai juste eu des aventures sans lendemains ou des amourettes sans importances , mais là je sens que c'est plus et je me sens un peu paumé. »

Vider un peu mon sac m'avais fait un bien fou. Ce n'était qu'une partie de l'histoire et j'avais omis le fait que la personne en question était un homme , mais il n'avait pas besoin de savoir ça pour comprendre la nuance de l'histoire. Le problème , c'est juste que je ne savais pas comment m'y prendre , je n'avais jamais été un grand romantique , bien à l'inverse. Je tapotais sur le bas de ma cigarette pour en faire tomber les centres avant de me rendre compte du ridicule de la situation. J'étais en train de raconter ma vie à quelqu'un de totalement opposé à moi et malgré que nous n'ayons pas le même point de vue sur des milliards de chose , d'un coup , tout de suite , son avis m'intéressais sur un des sujets qui me tracassait le plus en ce moment. C'était vraiment risible , j'étais risible. J'étais du genre à mal voir les personnes qui s'en contre-fichait en classe et , là, je venais de me confier à ce genre de personne. J'eus un rire nerveux à cette pensée. Pour en arriver à là , c'est que je n'étais vraiment pas dans mon assiette. Mais je sentais que la conversation ce concentrait bien trop sur ma personne . Certes , il avait rechercher à savoir ma cause de mon mal-être mais ce n'était pas une raison pour le considérer comme mon psychologue officielle le temps de quelques minutes. Je terminais ma cigarette que j'avais fumé de façon nerveuse en tirant latte sur latte puis , dans un nouveau rire amer , je lui lançais d'une manière humoristique

« Bien que tu ne soit pas psy , je crois que je t'ai pris pour ça pendant quelques minutes. Excuse moi , ça doit t'agacer que je t'expose ma vie comme ça alors qu'on ce connaît même pas. »

Je venais aussi de me rendre compte que si Loan voulait , il pouvait assez facilement trouver de qui je parlais. Même s'il ne connaissait pas la personne en soit , je tapotais souvent sur mon portable pour envoyer des SMS à cette personne . S'il avait eu le coup d’œil , il aurait déjà su le problème. Je me doutais bien que certaines personnes avaient une curiosité encore plus déplacer que la mienne , ce n'était pas un secret. Mais je n'avais pas envie de dire ouvertement devant quelqu'un que je ne connaissais pas que j'avais des sentiments tout d'un coup pour un homme , de plus que j'avais rencontré totalement bourré et que notre relation était au final... Bizarre. J'avais essayer d'exposer ma situation de façon simple et clair , comme tout c'était passé de manière évidente. J’esquissais un mouvement de main en arrière pour signifié que , si le sujet l'ennuyait , il pouvait tout simplement feindre une réponse et qu'on passerait à autre chose. De toute manière , retourner le sujet dans tout les sens n'était pas la solution. Je passais donc naturellement à une autre thématique , comme pour lui signifié que si cela l’embêtait , on pouvait esquiver le sujet , je n'insisterais pas.

« Et toi , qu'est ce que tu fais ici ? Je ne t'ai jamais vu dans ce parc , et pourtant je viens souvent ici. »

J'attendais sa réponse en m'amusant à tordre le bout du fil de mon écouteur. Je me sentais plus détendu d'un coup. Je n'avais pas retrouvé le sourire pour autant mais je semblais moins pessimiste , plus ouvert à la discussion . Si Loan voulait me dire quelque chose , c'était le bon moment car je ne savais pas combien de temps mon humeur se stabiliserais ainsi. C'était un bon signe que je me montre légèrement plus joyeux , c'est qu'au final , sa compagnie n'était pas négative. Je tournais ma tête vers le point d'eau , mes yeux vagabondant de personne en personne. Le parc , qui était plutôt vide , regorgeait de famille avec des enfants en bas-âge. Amani était vraiment un quartier idéal pour de jeune famille qui voulait un lieu calme et paisible. Pendant quelques secondes , je ressentais cette béatitude que la nature pouvait offrir et je compris que moins je m'enfermerais dans mes pensées , plus mon état s'améliorerait

Le paquet de cigarette au bout du bras, les yeux dirigés vers les clapotis du lac provoqués par la douce brise qui rafraîchissait l'atmosphère, Loan attendait patiemment que son collègue de classe se serve dans sa réserve personnelle. Malgré son attention purement amicale, il fut agréablement surpris de constater qu'Aaron avait accepté de fumer en sa compagnie et prit l'une des tiges de tabac avant de l'allumer et d'inhaler l'air toxique. Apparemment tout les clichés sur les intellos, comme quoi ils étaient absolument clean et totalement irréprochable était absolument faux, et tant mieux. Le rouquin venait de gagner plusieurs points et était subitement devenu beaucoup plus intéressant aux yeux du rebelle qui en avait profité pour lui aussi se relaxer et fumer un bon coup. La décor était agréable tout comme le temps, et la compagnie qu'il avait ne le dérangeait guère. C'était parfait.

Aaron lui demanda alors en toute sincérité s'il s'y connaissait en relation, très probablement amoureuses. N'étant absolument pas connaisseur, voir totalement débutant, il ne put s'empêcher d'émettre un léger rire nerveux témoignant de son malaise. Honnête envers lui-même et son camarade de classe, il dit après avoir expulsé de ses poumons sa drogue.

« Non. Que dalle. T'es probablement pas avec la meilleure personne pour dire ce que tu vas me dire. Même si y'en a bien une qui me plaît de plus en plus ... »

C'est alors que le rouquin commença à vider son sac, contant la relation étrange qu'il avait avec quelqu'un sans préciser à aucun moment le sexe de la personne qu'il pouvait supposer de sexe opposé bien que cela venait de lui mettre la puce à l'oreille pour quelque chose d'autre. Néanmoins, si cela le soulageait et que raconter ses aventures à une personne qu'il ne connaissait que très peu l'aider à faire face à ses soucis, tout allait pour le mieux. En soit, Loan ne portait pas un réel intérêt pour ses histoires d'amours mais il était toujours plaisant d'écouter les autres lorsqu'ils étaient dans le besoin. Après tout la plus part des bonnes histoires commençaient de manières étranges n'est-ce pas ?

Le rebelle hocha la tête de haut en bas au fur et à mesure que ses paroles continuaient, écoutant plutôt attentivement ses mots pour ne rien comprendre de travers. Sa main portait machinalement la cigarette jusqu'à ses lèvres pour qu'il puisse en inhaler la fumée pour calmer ses envies de nicotine, brisant son mouvement uniquement pour donner une légère impulsion sur la tige pour en décrocher les cendres qui pendaient à son bout. L'histoire d'Aaron faisait écho en lui car lui aussi avait eu son premier baiser avec celle qu'il appréciait lors d'une après-midi passée au bar à boire, eux aussi ne faisaient que se chercher à dormir ensemble, passer des soirées l'un avec l'autre. Loan n'avait jamais eu de relations tout court, il était un véritable novice en la matière. C'était drôle lorsqu'il y repensait, que deux êtres si différents vivaient des situations extrêmement similaires. Cette pensée fit tristement sourire l'adolescent, au moment où son interlocuteur tenta de détendre l'atmosphère avec une blague. Blague à laquelle il répondit avec un sarcasme digne des plus grands.

« Ah ? Car tu connais personnellement tes psychologues toi ? Vas-y t'inquiète fait comme tu le sens, on est dans un pays libre après tout, du moins je crois. J'ai aucune idée de qui tu parles mais franchement jette toi à l'eau, c'est ce que je ferais. Enfin ... »

Il resta pensif quelques secondes. Serait-il réellement capable de se "jeter à l'eau" comme il venait de lui suggérer ? Pourrait-il réellement, ne serait-ce que l'espace d'un instant, avouer ce qu'il ressentait pour elle tout en continuant de soutenir son regard ? Sans risquer de la perdre ? Non. Non il n'y arriverait probablement pas, du moins, sans l'aide d'alcool ou de conditions facilitant ses paroles.

Voulant très certainement changer de sujet, l'intello du duo lui retourna la question, quant à ce qu'il faisait ici. Loan leva la tête vers le magnifique ciel bleu, prenant son temps pour réfléchir à la véritable raison de sa venue. Souhaitait-il réellement lui avouer qu'il avait espéré rencontrer une personne, comme il avait pu le faire précédemment avec Ayame dans le but de passer le temps plus rapidement pour enfin partir avec son coup de coeur ? Il n'en avait aucune idée. Cependant, le rouquin s'était ouvert à lui alors, pourquoi ne pas faire de même, après tout qu'est-ce qu'il risquait.

« Ce que je fous ici ? Ben j'me le demande figure toi. Peut-être que mon insconcient m'a fait revenir ici dans l'espoir de trouver quelqu'un qui pourrait m'aider à faire passer le temps qui sait. Pour une fois j'ai hâte d'être en vac' pour autre chose que juste ne plus me farcir les profs. Tu vois Jun Aoki ? Dans notre classe au cas où tu l'aurais oublié elle aussi, ben on part en Espagne ces vacances. J'attends que ça putain. »

L'adolescent prit alors sa tête entre ses mains, son excitation montait à chaque mentions de ce départ qui devenait de plus en plus imminent chaque jours. Il ne savait pas vraiment si son attirance pour son amie avait été remarqué par ses semblables, mais il était presque certain que le rouquin n'était pas au courant, puisqu'il avait même oublié que le rebelle existait dans sa classe. Dans un sens il était rassuré, car si jamais sa camarade venait à s'en rendre compte, il n'était pas du tout certain de pouvoir rattraper le coup.

« Oh well. De toutes façons ça va bien arriver tôt ou tard, pourquoi j'm'en fais. J'espère juste que tout se passe bien écoute même si y'a pas de raisons que ça se passe mal. Mais qu'est-ce que j'ai hâte putain. »

Le garçon soupira et se secoua le tête pour se changer les idées. Il n'était pas encore parti bien au contraire, il était juste sur un banc, assis avec un camarade qu'il ne connaissait pratiquement pas. Il lui fit donc une blague sarcastique, comme d'habitude, pour vérifier si sa compréhension du second degré était développé ou non.

« Enfin bref passons. Au fait, ça te fera trois millions de Yens pour la session de psy. Tu peux régler en deux fois si tu veux. »

Incapable de discerner sa capacité à comprendre l'ironie était en état de fonctionnement, Loan ne voulut prendre aucun risque quant à sa blague.

« J'déconne, chill. »

Il soupira avant de ricaner. Ils ne faisaient rien mais pourtant il s'amusait énormément, c'était plutôt étrange lorsqu'on comparait ces deux camarades totalement différents l'un de l'autre.

J'avais compris très rapidement que mon camarade souhaitais aussi parler. Que nous avions des choses à partager et des choses en communs , ce qui était assez étonnant à première vu. Nous qui étions si opposé , tout laissait à croire que nous serions inamical l'un envers l'autre et pourtant. ...Ce n'était pas une si mauvaise chose de parler avec lui. Il avait probablement vécu des choses que je n'avais jamais vécu et inversement . Avoir un point de vue totalement différent de celui dans lequel j'étais habituellement enfermé ne serait que positif . Cette rencontre que j'imaginais plus que catastrophique avait assez bien tourner , mon camarade avait trouvé le moyen de me remonter un peu le moral . Vider un peu mon sac m'avait soulagé et je sentais que je pouvais lui parler , il n'apporterait aucun jugement à ma situation actuelle. Même si mon camarade m'affirmait qu'il était nul en tant que conseiller , sa vision des choses m'intéressait. Même sans tout savoir de mon histoire , il avait saisi quelques uns des problèmes dont le fait que je n'osais sauter trop le pas . J'avais avouer mon attirance à mon partenaire mais la situation restait stagné dans ma tête et cela me fichait la trouille. Parler avec ma nouvelle connaissance me faisait du bien , il semblait être sans filtre et parlait en toute franchisse. Avoir un vrai avis sur ce sujet me rassurait . Je n'en avais parler à personne , ni à des potes ni à une amie qui aurait apte à me conseiller .

Au final , parler avec un presque-inconnu était une bonne idée. De plus ses touches d'humours me redonnais un peu plus le sourire que j'avais complètement perdu devant tout les doutes qui m’envahissait chaque jour. Je regrettais de mettre enfermé dans des clichés à son propos et de ne lui avoir jamais parlé car il était vraiment sympathique. La vie nous pousse souvent à traîner avec des personnes peu fréquentable et à ignorer ceux qui nous aiderait vraiment à avancer. Je l'avais compris comme ça alors j'avais toujours éviter les personnes qui ronflaient au fond de la classe ou ne semblaient pas apte à suivre un seul cours , je classais automatiquement toutes ses personnes dans une mauvaise case. Je partais avec trop d'idées reçus , c'était triste. Il avait pourtant porter attention à tout ce que je lui avais dit sans rechigner , il avait même donné son avis. Je me sentais un peu gêner de l'avoir jugé au première abord par son comportement en classe sans lui avoir parlé. Mais , probablement par peur de son jugement sur le sujet , j'avais rapidement clos le sujet. J'hésitais à reprendre la parole sur mon cas... Ce n'était pas simple d'assumer d'avoir des sentiments pour un homme surtout ici. Je n'avais pas vu dans la rue un couple homosexuel se tenir la main , rien. Alors qu'à Liverpool , personne ne vit cacher et tout ça est déjà rentré dans les normes. J'avais l’impression de vivre un début d’idylle cacher de tous , moi qui pourtant n'en avait pas grand chose à faire des autres . Mais je savais que certains regards faisaient trop mal , que certaines paroles pouvaient briser une personne. C'est pour cela que j'hésitais à me confier à mon camarade de classe réellement.

Hors , avant que je ne puisse dire quelque chose , mon camarade semblait vouloir aborder un autre sujet un peu près similaire au mien. Il me parlait de son futur voyage en Espagne avec une fille de la classe que je ne connaissais pas très bien non plus. Le même type de fille que Loan à vrai dire , le genre de personne que j'évitais , de toute manière. Mais je pu associer son visage au prénom qu'il avait prononcer . Je remarquais quand il parlait d'elle, il avait des étoiles dans les yeux comme si ce moment comptait plus que tout pour lui. Je compris rapidement la situation : la fille pour qui il avait de plus en plus de sentiment , c'était elle. C'était visible à 4 kilomètre à la ronde dès qu'il en parlait. Son ton était très différent quand il parlait de ce futur voyage comme s'il fondait beaucoup d'espoir dessus , comme s'il espérait quelque chose. Avec mon habituel tact légendaire , je lui demandais très directement sans tourner autour du pot :

« A mon avis ce n'est pas que pour fuir les cours que tu hâte d'être là-bas , ahahah. Tu espère quelque chose avec elle ? C'est cette fameuse amie pour qui tu as des sentiments ? »

Après tout , je pouvais l'écouter. Je lui avais exposé ma situation alors si je pouvais lui donner mon point de vue aussi , ça serait avec plaisir. De toute façon , ce n'est pas moi qui allait s’emmêler de ses problèmes affectifs alors il n'avait aucune crainte à se poser sur le fait de me dire ce qu'il ressentait à l'égard de ma camarade de classe. De plus , étant dans un cas similaire , enfin presque , au sien j'étais apte à le comprendre. Comme il m'avait parler de façon assez direct , je n'avais pas vu de problème d'opter le même ton , de toute manière quand j'avais quelque chose à dire ou une question à poser , j'étais assez franc . Je n'utilisais que des mots plus doux pour les personnes que je sentais plus fragiles ou que je voulais protéger car je sentais que certaines phrases pouvaient leurs faire mal. Mon camarade n'avait pas l'air d'être ce type de personne , alors je n'avais pas longtemps hésité avant de prendre un ton franc avec lui. Sans filtre , la discussion était bien différente que celle que je pouvais tenir avec n'importe qui. C'était un peu une discussion « vide-ton-sac » , ce genre de discussion que j'avais rarement car je préférais garder les choses pour moi et je pensais que si les autres savaient ce qui m'affectaient , ils pourraient l'utiliser contre moi. Mais je sentais que Loan s'en fichait un peu de me détruire ou non , d'ailleurs je pensais la même chose de lui. Je n'étais pas le genre de personne à vouloir me venger ou quoi que ce soit , alors je ne ferais absolument rien des informations qu'il me disait. De toute façon , allons nous réellement nous reparler après aujourd'hui ? Je ne le pensais pas. Les choses se font et se défont , un peu comme ce moment un peu étrange mais important qui restera probablement unique mais qui ne se reproduira plus.

Pour tout avouer , je n'avais rien remarqué entre mes deux camarades puisque de toute façon je ne leur apportait pas mon attention. Je préférais me concentrer sur le cours en route ou , en ce moment surtout , rêvasser. Comme ils ne sont pas présent , l'attirance qui a du se glisser entre eux deux étaient passé inaperçus. De toute manière , notre classe n'était pas tant un sac à ragot. La classe était clairement diviser en groupe distinct selon les intérêt de chaque personne et ces groupes se côtoyaient pas vraiment. Je n'appartenais pas spécialement à un groupe mais j'évitais d'approcher certaines personnes , c'est tout. Je n'avais donc jamais entendu quelques choses à leurs propos et de toute façon , je ne tendais pas l'oreille au ragot. J'avais bien mieux à faire, malgré ma curiosité naturelle. Je repris la parole par rapport au cas de ma nouvelle connaissance :

« Je comprend que tu soit pressé. L’Espagne , ça doit génial enfin je n'y ai jamais posé un pied mais ça doit être un beau pays. Et, comme tu le dis il n'y a aucune raison pour que ça ne se passe pas bien mais c'est normal que ça te stresse , ça reste quand même un voyage et surtout avec la personne pour qui tu as des sentiments . Mais si tu es naturel , tout ce passera bien. »

J'étais vraiment bien placé pour donné des conseils ou mon point de vue ?Oh , tant pis après tout il n'était pas non plus bien placé pour me donner des conseilles mais j'avais pris ses indications en compte pourtant. Un voyage c'était une belle occasion de ce rapprocher de la personne qu'il affectionnait. Souvent, durant ce genre d’événement , on se sentait plus libre et c'était le bon moment pour faire un pas vers la personne auquel on tenait. Quand j'y pensais , je n'avais pas tant voyagé que cela mise à part au Japon pour voir mes grands-parents. J'étais aller à Londres ou dans d'autre coins de l’Angleterre mais c'était tout . Mes parents , enfin surtout ma mère, privilégiait les voyages pour revoir sa famille et pour que vois mes grands-parents , elle ne voulait pas que la distance avec eux m’empêche de vraiment les connaître. Je pouvais comprendre le point de vue de ma mère , elle c'était tant démené pour mettre de l'argent de côté alors que mon père ne l'a jamais trop aidé. J'aurais aimé découvrir d'autres pays comme l'Espagne , mais je me disais qu'il me restait plein d’occasion pour voyager surtout si j'arrivais à faire les études que je souhaitais. Loan entreprit de me faire une blague sur le fait que je l'avais pris pour mon psychologue privé. Malgré que je n'avais pas un sens de l'humour très développé , sa blague réussi à me tirer un léger rire auquel je répondis du tac au tac :

« Et tu accepte les payements différés ? Parce que tes séances , elles ne sont pas données ! »

J'avais bien vu qu'il ne savait pas sur quel terrain s'aventurer avec moi parce qu'après tout , on ne connaissait rien de l'autre mise à part... Nos histoires de cœur. C'était assez étrange vu de la sorte , mais bon les rencontres les plus bizarre donnent souvent de bon résultat. Les personnes avec qui je m'étais rapproché à Keimoo , je les avait toutes rencontrées d'une façon un peu original mais je crois que Loan tenait quand même le trophée de la rencontre la plus étrange que j'ai fais depuis que j'étais arrivé ici. On se voyait en classe sans ce dire un seul bonjour mais là , d'un coup , on était le confident de l'autre . C'était assez déconcertant mais la situation m'allait en soit . C'est dû au fait que l'on ne connaissait rien de l'autre qu'on arrivait à avoir ce point de vue extérieur sans mots qu'on enchaînaient pour ne pas dire toutes nos pensées. Malgré tout , j'aurais aimé mieux connaître mon camarade de classe qui avait l'air fort différent de l'idée que je m'en était fait mais ce n'était pas le moment. En fait , ça ne sera jamais le moment. Notre relation n'était pas ''classique'' , nous n'étions pas des connaissances qui allait devenir naturellement des amis et tout le patatras qui en découlait , on avait juste envie de parler de tout et de rien , de faire avancer le temps , de comprendre ce qui nous arrivait parce que dans le fond ont était semblable . Pas sur beaucoup de points mais en tout cas sentimentalement parlant. Pourtant , j'étais certains que nous étions des opposés totales sur des milliers de choses mais rapidement , nous avions trouvé ce qui nous avait parler à l'autre , ce qui nous avait poussé à communiquer ensemble alors que rien ne destinait ceci .

Une légère brise venait caresser mon visage , ce qui me ramenait à mes pensées. Nous étions dimanche et tellement de chose c'était passé cette semaine. Je me demandais même ce que me réservait la semaine qui arrivait. J'avais l'impression de vivre à 300 km/h ma vie alors que pourtant , habituellement , tout était si calme et paisible autour de moi. C'est sûrement ce rythme qui me perturbait , qui ne me laissait pas le temps de faire une pause sur ce que je vivais et sur ce que je pouvais faire. Les cours se corsaient vraiment de plus en plus pour ma part et je ne suivais pas aussi bien ceux-ci que je l'aurais voulu. Tout garder pour moi était trop lourd. Je pris quelques minutes , hésitant à vraiment me confier à cet inconnu. Après tout , qu'est ce que j'allais perdre à lui dire ce qui me pesait en ce moment ? A lui expliquer mes tracas actuelles ? Absolument rien du tout. Prenant mon téléphone dans mes mains , j'appuyais sur le bouton de gauche pour allumer l'écran. L'heure s'affichait avec , en fond , une photo peu importante. Je jouais ainsi avec mon téléphone plusieurs minutes , craintif de dire toute la vérité. Mais finalement , si je n'arrivais pas à expliquer la situation à quelqu'un , est ce que je serais capable de fonder quelque chose avec mon partenaire ? Vivre une idylle secrète était , certes , excitant mais pas idéale. J'aurais tellement aimé que la situation soit plus simple ou que je ne développe tout simplement pas cette flopée de sentiment à son égard. Mon partenaire n'était pas la personne la plus simple à comprendre et parfois je me retrouvais totalement perdu face à lui , je ne savais pas comment réagir ou lui dire quelque chose. Pourtant , j'étais quelqu'un de très sûr de ma personne , qui savait vers où je me dirigeais et là d'un coup , tout était flou et mon chemin semblait plus complexe. Rangeant mon portable dans ma poche , je tournais le regard vers lui. Parler me ferais du bien et peu importe ce que Loan penserait de ma situation , j'en avais besoin.

« Tu sais par rapport à ce que je te parlais tout à l'heure , j'ai omis des détails . Tu ne connais certainement pas la personne vu que cette personne en question n'est pas dans notre classe. Le truc , tu vois , c'est que … Bah c'est un homme et tu sais par rapport à tout ça je suis un peu perdu. Puis , il a énormément de problème que je n'ai jamais connu et je ne sais pas comment l'aider. En fait , j'ai l'impression que je ne pourrais pas sauter le pas parce que je n'arriverais pas à être comment il le faudrait. Je crois même que je suis complètement naze parfois. »

Je n'avais clairement plus autant confiance en moi qu'auparavant, je me sentais impuissant et inutile. C'était des sentiments horribles. Je ne savais pas si mon camarade comprendrait ce que je vivais ou s'il s'en ficherait. Parce qu'au fond , tout cela ne le concernait pas. Clairement pas. Je tournais la tête vers l'entrée du parc pour ne pas qu'il voit mon visage . En réalisant que je me sentais faible , j'avais sentie des larmes monter et ma gorge se serrer et je n'avais pas envie que mon camarade me voit dans cette état-là. Je me sentais assez risible de raconter ma vie de la sorte alors ce n'était pas pour verser des larmes devant lui parce que je n'arrivais pas à gérer correctement ma vie ces derniers temps. Je pris le revers de ma manche pour essuyer mes yeux avec mais je n'arrivais pas à calmer mes larmes qui coulaient d'elles-mêmes. C'était ça , le problème au fond : c'était que je me sentais inutile aux yeux de celui pour lequel j'avais des sentiments. Je voulais trop en faire mais je ne savais pas comment faire et au final je me mettais tout seul des bâtons dans les pieds. Je m'étais fait un croche patte involontaire en voulant tout le temps l'aider , peut-être trop ou peut-être pas assez bien. Je n'arrivais pas à être juge de mes propres actions. Mes yeux étaient rougit par les larmes qui s’arrêtaient enfin , je passais mes mains sur ma joue pour essuyer mon visage sans un mot . Face à ma propre réalisée , je n'avais pas su gérer correctement mes émotions et j'avais craqué. Pleurer , c'est une chose qui arrive à tout le monde mais je me sentais un peu honteux d'avoir lâcher quelques larmes involontairement devant mon camarade. J'espérais qu'il n'allait pas me juger négativement pour autant. Reprenant mon souffle , je retournais ma tête vers lui en baissant les yeux avec un air désolé :

« Excuse moi , c'est la première fois que j'en parle et j'ai trop accumulé de chose ces deniers temps. »

C'était bien vrai mais , tout d'un coup, je me sentais un peu soulagé . Je savais qu'il n'y avait rien de bon à garder tout pour soi mais je n'aimais pas parler de ma vie. C'était des choses que je préférais garder de façon privé . Exceptionnellement , aujourd'hui j'avais déchargé tout ce que j'avais sur le dos. Je sentais que j'avais créer une atmosphère déplaisante dû à mon mal-être. Je serrais mes dents , mettant mes mains dans mes poches. Je ferais peut-être mieux de partir , je venais tout simplement de me ridiculiser devant un inconnu et cela n'avait rien arranger à ma situation au final , ça n'avait fait que aggraver mon mal-être.

Ce fameux voyage loin de tout, loin des problèmes du quotidien, loin de ses parents oppressants mais surtout si proche de Jun était tout ce dont il aurait pu rêver. Ses sentiments pour elle n'avaient cessé de croître depuis leur première rencontre, il se sentait étonnement bien à ses côtés comme si elle avait une sorte de super-pouvoir ce qui le fascinait beaucoup. Elle ne s'en rendait sans doutes pas compte pour le moment cependant cela ne saurait tarder, puisque son contrôle sur lui augmentait de jour en jour, prenant peu à peu les reines de son coeur. Cette situation n'effrayait pas Loan puisque justement il souhaitait se laisser attirer par sa camarade et peut-être vivre une magnifique expérience auprès d'elle qui sait. Néanmoins si il y avait bien une chose qui pouvait lui faire peur à ce niveau là, c'était bel et bien que Jun s'en rende compte beaucoup trop vite et qu'elle refuse avant même qu'il ne fasse le moindre pas.

Lorsque Aaron déduisit avec une facilité déconcertante qu'elle était la personne pour laquelle le rebelle portait de nombreux sentiments naissant. L'adolescent n'approuva ni réfuta sa question, ce contenta d'hausser les épaules en guise de réponse, le laissant se faire son propre avis sur le sujet. Aujourd'hui, il n'avait pas envie de mentir mais il souhaitait tout de même protéger son "secret" un minimum; c'était donc la meilleure alternative pour le moment.

C'est avec une semi-déception que le rebelle constata que cette petite ambiguïté quand à la personne qu'il aimait fut rapidement oubliée au moment où Aaron énonça le stress que lui procurait toute cette attente. Quand il lui conseilla de rester naturel, Loan ne put s'empêcher de rire nerveusement en guise de réponse. Être naturel. Cela faisait si longtemps qu'il avait refoulé en lui son ancien caractère pour s'en construire un nouveau, beaucoup plus dur mais aussi beaucoup plus insensible. A ses yeux, il lui était impossible de refaire machine arrière tant ce masque forgé à partir d'un déchirement lui était devenu naturel. Le garçon se demandait lui-même en permanence s'il était cet ancien enfant un peu timide mais surtout travailleur pour qui le monde lui ouvrait une à une ses portes ou cet adolescent brisé qui n'en avait strictement plus rien à faire de rien, mis à part fumer, boire et être avec Jun. Éternelle question sans réponse, son esprit lutait en vain contre lui-même dans l'espoir de finalement trouver une solution.

Son camarade de classe rebondit alors sur sa blague, lui décrochant un petit rire avant de sortir son téléphone en pianoter avec, abandonnant le rebelle qui se contentait d'observer le lac tout en terminant sa cigarette en pensant la conversation terminée. Une fois la flamme arrivée jusqu'au filtre, il se releva et s'en alla jeter le mégot dans une poubelle avoisinante avant de revenir s'asseoir auprès de l'intello sans vraiment relancer la discussion. L'atmosphère était plaisante, le soleil ne tapait pas très fort en cet après-midi de fin de semaine et les quelques visiteurs du parc qui passaient par-là semblaient heureux. Ses yeux sombres se posèrent sur un groupe d'amis qui se situaient de l'autre côté de l'étendue d'eau douce, dans lequel il put reconnaître quelques visages qu'il avait surement déjà vu au lycée. Voir des visages souriants et des personnes heureuses était toujours agréable, le monde n'était pas si pourrit que ça au final.

C'est alors qu'Aaron reprit la parole en relançant au passage une conversation que l'adolescent pensait terminée. Il lui fit son coming-out avant d'expliquer les nombreuses difficultés rencontrées, qu'il se sentait inutile face à celui que son coeur avait élu et que son impuissance le fatiguait. Loan n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait ressentir, du moins au niveau sentimental, mais par le passé il avait connu une personne dans un cas similaire. Une personne qu'il aimait énormément, une personne qui n'était pas dans les "normes" imposées par cette société merdique, une personne qui eut le malheur d'aimer la mauvaise personne. Cette pensée triste fit mouche pour le jeune homme qui se contenta de sortir une nouvelle cigarette et de l'allumer pour chasser cette mauvaise pensée de sa tête. Son camarade détourna alors le regard au loin vers l'entrée du parc située à l'opposée du rebelle. D'après ses léger "spasmes" musculaires, il put très facilement en déduire que de vider son sac lui avait décroché quelques larmes, ce qui était bien normal. Comme pour approuver ses pensées, il essuya habilement du revers de la manche les gouttes qui dévalaient ses joues avant de s'excuser pour avoir eu une réaction tout à fait normale face à beaucoup de stress. Il n'avait bien évidemment pas à s'excuser.

Amicalement, Loan mit sa main dans son dos et le lui tapota pour tenter de lui faire passer sa douleur, sachant pertinemment que cela n'allait clairement pas lui suffire, mais peut-être que savoir qu'il était écouté, oui. Doucement, l'adolescent tenta de le consoler du mieux qu'il le pouvait.

« Hey, hey ça va. Tranquille. Vide toi un bon coup ça va te faire du bien. J'sais que c'est compliqué d'être gay dans ce pays mais te laisse pas abattre. Quand y'aura plus de vieux cons pour dicter les règles de "bienséances" ce sera plus autant un calvaire crois moi. Et pour ce qui est de ce gars ben ... »

Le garçon marqua une légère pause, le temps de réfléchir à ce qu'il pourrait bien lui dire. N'aillant jamais vécu une seule histoire avec qui que ce soit il ne pouvait que très peu le conseiller sur quoi faire, cependant il allait tout de même essayer. Il n'allait tout de même pas abandonner l'intello à son sort et se barrer sans pression.

« Faut persévérer. J'sais que c'est un peu strange que je dise ça comme ça, mais si tu veux l'aider émotionnellement parlant, faut que tu te jettes à l'eau et que tu lui dises ce que tu ressens je pense. Essaie de trouver un moment de ... Comment dire ... Un moment où vous serez en parfaite harmonie et dis lui. C'est ce que je compte faire personnellement ... Mais bon après, ma connaissance est vraiment limitée là-dessus donc je suis pas la meilleure aide possible. Et t'excuses pas, c'est normal faut tout dévoiler à quelqu'un un jour. »

Loan leva les yeux au ciel en repensant à cette fameuse soirée épouvante où il avait tout avoué à Jun, sans vraiment le vouloir. Avec le recul il s'était senti un peu mieux et commençait peu à peu à surmonter cette épreuve de la vie. Ne voulant pas rester sur quelque chose de triste, le rebelle se releva énergiquement avant de lui tendre la main et le relever à son tour.

« Bon allez. Faut que tu te changes clairement les idées je pense. On peut continuer à en parler mais faut faire un truc sinon tu vas littéralement sombrer. Du coup, puisque tout à l'heure tu faisais de magnifiques ricochets ... On se fait un concours ? Celui qui perd ... Hmmm ... Celui qui perd en doit une à l'autre. Et on se donne 10 ans pour faire ce "quelque chose". D'accord ? Rien d'humiliant au passage. »

Les larmes n'arrêtaient point de couler sur mes joues , roulant en silence , chacune étant le poids de ma blessure ouverte. Tel un animal blessé , je ne voyais pas d'échappatoire à cette douleur féroce qui me mordait un peu plus chaque jour. Ma vulnérabilité était alors visible aux yeux de tous , n'importe quel inconnu aurait pu deviner mon état , ma sensibilité exposé dans toute sa splendeur. J'étais une plaie ouverte offert au regard de qui le voudrait et cette idée ne me plaisais guère. J'avais eu la fâcheuse habitude de tout garder pour moi surtout les sentiments négatifs , j'avais peur que ces ondes de pessimismes ne rencontre un esprit joyeux et lui assombrisse sa journée . Certes , aujourd'hui j'avais fais une exception à la règle mais je ne connaissais pas plus Loan que ça alors je me disais que cela ne comptait pas vraiment . Par gêne , j'avais cacher mon visage , essayant d'abriter ma tristesse naissance des regards curieux. J’espérais qu'il ne m'en voudrais pas pour ses quelques larmes mélanger à un arrière goût de fatigue , il fallait que mes émotions ressurgissent durant quelques secondes pour m’apaiser pendant quelques heures . De plus , je savais pertinemment qu'à force de tout garder pour moi , mes sentiments me prendraient par la gorge à un moment ou à un autre , c'était inévitable. Au contraire de toutes mes attentes , Loan eu un comportement assez amicale avec moi en essayant d'essuyer ma tristesse avec quelques mots et un geste sympathique. Ce simple geste adoucissait un peu ma douleur naissante. Si l'envie lui avait prit , il aurait pu remuer le couteau dans la plaie sans aucun problème mais il avait eu un comportement honorable alors que nous n'avions aucun lien spécifique , nous étions un inconnu l'un pour l'autre. Tout nous opposait , rien ne laissait prédire que nous allions au final bien nous entendre pour un simple détail. Notre point de vue sur certaines choses nous permettait de mieux nous comprendre , de faire le point sur nous même.

En m'exposant sa vision des choses et en me fournissant ses conseilles , il avait alléger le poids soudainement que je portais quotidiennement dans mon cœur. Il m'avait même déclaré qu'il était tout à fait normal que je craque , que mes larmes fusent, que tout cela arrive. Il avait certainement raison dans un sens mais je détestais être dans cette état , sentir que toutes mes faiblesses étaient visibles , que n'importe qui aurait pu profiter de ce moment d'abattement. Malgré tout , avec quelques mots et de bonnes attentions , mon camarade avait réussi à me remonter un peu le moral , rien qu'un peu et c'était le principale. Mes maux aussi amers soit ils avaient laisser place à des sentiments plus doux , plus libérateurs. J'avais échappé à cette brume de désolation qui assombrissait ma vue chaque jour et petit à petit , je savais que je pouvais me diriger vers un monde plus agréable si je révélais tout ce que j'avais sur le cœur à celui qui occupait toute mes pensées. Mais tout cela était plus facile à dire qu'à faire , l'appliquer en vrai allait être une toute autre chose. Je déglutissais à cette pensée, essayant d'être un minimum positif. Si je ne faisais rien , tout resterait pareil et la vie m'offrirait de moins en moins de possibilité pour lui ouvrir mon cœur. Il fallait que je me montre courageux ; après tout j'étais déterminé à être à ses côtés mais tant de chose m’effrayais et c'est cela qui m'handicapais. Le regard des gens me gênais , les mots qu'ils pouvaient prononcé à mon égard. Je n'ai jamais tant eu ce problème à Liverpool mais ici , j'osais beaucoup moins de chose , je préférais rentré dans les règles et ne rien dire. Ce n'était pas la vie idéale mais j'avais peur de faire trop de vague en vivant comme je le souhaitais avec celui que mon cœur avait choisi. Pourtant Loan avait raison dans ses propos , il fallait que je me jette à l'eau sinon je ne vivrais que dans les regrets d'une histoire non vécus . Si je n'essaye rien , je ne pourrais pas savoir ce qu'il aurait pu ce passé entre nous deux et je ne voulais pas raté cela. Je ne voulais pas m’empêcher de vivre cette histoire par rapport aux gens qui m'entoure . Hochant la tête aux propos de Loan , je pris ses conseilles en compte en prenant la parole :

« Tu as raison. Je me fis trop aux regards des gens , probablement... »

Je marquais une longue pause en me penchant en avant , le visage plus froncé comme si mes traits reflétaient le fait que j'étais en pleine réflexion , je rajoutais :

« Je trouverais le bon moment pour lui dire , mais j'ai l'impression que ça ne sera jamais le moment...J'ai peur d'affronté son regard dans certains cas , qu'il me repousse pour avoir dit quelque chose qu'il le froisserait alors que je voulais juste lui dire ce que j'avais sur le cœur pour lui. »

Je me mordais l'intérieur de la joue , tic nerveux que j'avais depuis un certain temps acquit. Même si je me sentais libérer d'en parler et d'avoir laissé échapper les sentiments trop lourd qui c'étaient enfouit dans mon cœur , je sentais que j'en avais trop dit d'un coup et qu’affronter la réalité n'était pas aussi simple que prévu. Peut-être que ce sentiment me quittera une fois que j'en aurais parlé à la personne en question. Loan avait bien vu que , malgré que j'en ai parlé , mon optimiste était toujours décider à ce cacher sans montrer le moindre signe. Il fallait que je pense à autre chose sinon j'allais encore et encore repenser à lui , aux solutions possibles et inimaginable , à une ruer de question dont je n'avais nullement les réponses. Mon camarade avait prit de l'avance en me demandant si j'étais favorable à un concours de ricocher. Mon esprit compétiteur ce réveillait à cette question , j'adorais être mis au défit même si j'étais un mauvais perdant. Je pris sa main pour me relever puis passait un coup de main énergique sur mon pantalon avant de lui répondre :

« Tu es sûr de vouloir me devoir quelque chose ? Parce que je sais déjà que je vais gagner ahah ! »

Une autre partie de moi , beaucoup plus sûr de lui , se révélait à mon camarade. Je regardais autour de moi pour trouver le bout parfait de roche qui me permettrais d’obtenir cette victoire haut la main. Cette sûreté que j'avais en compétition m'a valu beaucoup de remarque désobligeante mais je m'en fichais un peu , une fois qu'on m'avait lancé un défis et que je l'acceptais , je faisais tout pour le relever haut la main. J'étais un compétiteur dans l'âme , les épreuves quel qu'elles soit me motivais au plus haut point. J'avais participé à énormément de concours étant jeune , des concours scolaires comme des concours lié à mes passions , je me mettais souvent à l'épreuve avec mes amis dans mon ancienne ville . Le problème que j'avais souvent rencontrer était le fait que je n'arrivais pas à accepter l'échec surtout si je mettais toutes mes forces dans une compétition , quand j'étais certain de mon succès. J'en avais énormément souffert étant jeune car l'échec me provoquais des crises de colère puissante , une sorte de rage sans nom se réveillait en moi quand j'avais vu que quelqu'un était capable de tant de chose et que moi , je n'étais capable de faire que la moitié de ce qu'il savait faire. Avec le temps , j'avais appris à relativisé les choses même si je restais toujours un mauvais joueur mais , si je perdais je me disais que je ferais mieux la prochaine fois et je ne laissais rien tomber. C'est comme ça que j'ai pu améliorer mon niveau dans des langues que je ne connaissais même pas , que j'avais pris de l'avance en science et dans d'autres domaines. J'avais toujours aimé être mis au défis , Loan avait donc trouvé une de mes cordes de faiblesses.

Prenant ma roche en main , je calculais donc la trajectoire pour être le plus précis possible. Mes ricochets n'étaient pas parfait mais j'avais une bonne technique. Venant ici souvent avec ma mère , depuis ma tendre enfance je m'amusais à lancer ces bouts de roche en essayant de les faire rebondir plusieurs fois à la surface de l'eau. J'avais eu beaucoup de raté , surtout au début mais maintenant j'avais un peu près compris la technique. Je prenais des pierres généralement assez légère et circulaire , ce qui faisait souvent son effet. En m'accroupissant , je cherchais le meilleur axe pour jeter ma pierre avant de trouver l'axe parfait. Je me mis en position puis jetais mon rocher en comptant les rebonds. J'avais effectué 5 rebonds ce qui était vraiment pas mal , j'avais du mal à faire plus que 8 rebonds mais c'était généralement ce que les gens faisaient . J'étais plutôt fière de ma prestation et je l'invitais à jouer avec un signe de main. J'étais sûr de moi , ce qui me déchirais un léger sourire sur mes lèvres. Malgré tout , si je gagnais je ne savais pas du tout ce que j'allais lui demander...Surtout si c'était pour dans dix ans. Déjà que je ne savais pas du tout où je serais dans les dix prochaines années alors imaginer un futur service , c'était un peu complexe comme tâche. Toujours accroupie , j'essayais de m'imaginer comment ma vie pourrait se dérouler. Si je réussissais mes études , enfin si elles me plaisaient déjà , je risquais d'avoir pleins de tâches risqué... J'avais une petite idée , soudainement , de ce que je pourrais lui demander si je gagnais. Je pris la parole en levant le doigt comme pour lui signaler que je prenais la parole.

« Si je gagne , j'ai une petite idée . Certes , j'ai une vie assez calme mais parfois je me retrouve ennuyer par des broutilles alors , le jour où je me retrouve dans une situation trop délicate pour m'en défaire seul , tu m'en devra une ! »

Je riais à la fin de cette phrase parce que je me doutais qu'entre temps , on oublierait ce qu'on c'était dit durant ce jeu. Ce n'était qu'un concours pour oublié ce qui nous assombrissait la vie , ce qui nous torturait quotidiennement. C'était un jeu comme un autre , pour oublié nos problèmes , les lancé aussi loin que ce bout de rocher que j'avais jeté et qui avait coulé dans l'eau à présent. Je m'étais pris à ce jeu , oubliant peu à peu mes problèmes et mes inquiétudes , retrouvant cinq minutes cette innocence qui me manquais cruellement. J'avais envie de me remettre plusieurs fois au défis , oubliant durant quelques minutes ce qui m'attendais dans le futur et ce que me tracassais. Je ne savais pas si mon camarade avait beaucoup de temps devant lui mais après tout , nous étions dimanche alors rien ne nous pressait. Je me relevais en m'étirant puis je me retournais vers lui avec ce sourire que j’arborais quand j'étais convaincu de quelque chose. On pouvait sentir dans chacun des traits de mon visage que cette petite mise au défis m'avais animer. J'étais bien décider à continuer ce petit jeu auquel j'avais pris goût. En me tournant vers lui , je lui proposais un nouveau défis où il devrait être bien plus fort que moi , mais peu importe j'avais envie de me défouler :

« Bon , ton petit concours me semble un peu trop facile ! Un autre petit défis te tente ? Un peu plus dur cette fois , et à la clé celui qui gagne a... Oh je sais pas encore mais on trouvera ahah ! Un verre ou un truc comme ça ! »

Je regardais autour de moi , recherchant un nouveau défis qui me semblerais beaucoup plus dur que de simplement lancé un simple cailloux dans l'eau et le faire rebondir. J'eus une idée mais celle-ci me semblait flou , si je lançais ce défis-là j'étais presque sûr de perdre mais peu importe. J'avais envie de ressentir cette adrénaline que j'avais quand je me lançais un challenge presque irréalisable pour moi. Je lui montrais l'autre bout du parc , entre cette endroit et là où on se trouvait il y avait pas mal d'obstacle. Je repris la parole pour lui expliqué le défis :

« Bon , ce n'est pas fou comme défis mais tu vas avoir un gros avantage sur celui-ci : je ne suis pas très sportif. Je te propose ce petit challenge: celui qui arrive le plus vite à l'autre bout du parc . On verra pour ce que doit le perdant après mais pour le coup, je pense que tu as toutes tes chances. »

Je savais déjà l’issue de ce challenge si Loan l'acceptait , je risquais très probablement de perdre. Je n'avais pas beaucoup de souffle et je fatiguais très vite en plus d'être peu sportif mais j'avais besoin de penser à autre chose , d'oublier ce qui me faisais mal. Alors , cette mise au défis pouvait être intéressante , peu importe que Loan soit sportif ou non , j'avais besoin de me vider la tête et de penser à une seule chose : la victoire. Grâce à ça , j'oubliais un peu ce qui m'entourait et ce qui me rendais morose. J'avais retrouver un peu de pêche grâce à mon camarade , je comptais bien lui dire un simple « merci » à travers ce défis. Je savais très bien que j'allais perdre , tout jouait contre moi et je n'avais probablement pas le niveau qu'avait Loan en course , de toute façon c'était simple d'avoir un meilleur niveau que moi dans ce domaine-ci. C'était juste un moyen pour lui payer un coup et le remercier de m'avoir écouter , ce n'était pas tout le monde qui m'aurais conseiller de la sorte sans jugement. Loan était un chouette type , plus que je ne le pensais finalement. Je m'étais bien trompé à son sujet , je l'avais toujours imaginer comme quelqu'un infréquentable , qu'il fallait que j'évite ,j'avais une mauvaise approche de lui. Au final , en lui parlant , je m'étais rendu compte que c'était quelqu'un d'altruiste à sa façon , qu'il était juste un peu différent des autres mais qu'il était tout aussi aimable que les autres. Je m'étais fait tant de fausses idées sur lui que j'en avais presque honte mais ce qui était fait était fait , mon point de vue sur lui avait changer et c'était le principale. Je ne voulais pas qu'il se doute que ce nouveau défis était un remerciement cacher , après tout si je ne lui avait pas dit c'était probablement par fierté. Je me positionnais en l'attendant . Sortant ma paire d'écouteur , je les glissais dans mes oreilles . Attendant son approbation , je me préparais à l’éventualité de courir , mon esprit était près contrairement à mon corps qui allait très vite me rappeler à l'ordre et ça , je m'en doutais .

Il avait réussi. Tout simplement réussi. Un sentiment de fierté mêlé à une lueur d'espoir et d'amitié venait de naître dans l'esprit du rebelle, qui venait tout juste de proposer à son camarade un jeu pour le rassurer mais surtout pour l'aider à sécher ses larmes de tristesse, proposition qui fut acceptée tout de suite. Loan était probablement un très mauvais psychologue en herbe bien qu'étant une personne sachant être à l'écoute, malgré son attitude de rebelle et ses airs de "je-m'en-foutiste". Au fond il n'était pas tant que ça un connard qui se moquait des autres et de leurs sentiments, il préférait uniquement poser une barrière qu'il pouvait retirer à souhait comme à cet instant. Toute son empathie enfouie au plus profond de lui reprenait place quelques fois, le temps de quelques minutes seulement, pour tenter d'apaiser certaines âmes en peine cherchant une épaule sur laquelle pleurer et parler de leurs malheurs. C'était la moindre des choses. Lui-même savait très bien à quel point tout garder pour soi était la pire chose possible lorsque la vie nous faisait un doigt magistral, c'est ce que le garçon avait fait pendant quatre ans avant de finalement en parler à quelqu'un de proche. Ce fut comme un véritable révélation pour lui, parler était le meilleur moyen d'oublier et de cicatriser.

Son camarade de classe semblait être d'humeur bien plus joyeuse après cette proposition de défi, son esprit de compétiteur s'étant très probablement réveillé et c'était tant mieux. Le voilà qui venait de se relever avec énergie alors qu'il se morfondait quelques minutes plus tôt sur ce même banc, en pleurant. Le contraste était énorme mais ce n'était pas le plus important, Loan avait réussi à changer les idées d'Aaron par la simple force de ses paroles, voilà ce qui comptait réellement. Imitant son geste, le rebelle se mit sur ses deux pattes, assez lentement, en prenant le temps d'observer les pierres qui se trouvaient à leurs pieds pour mettre toutes les chances de son côté. Néanmoins, bien que son camarade retrouvait peu à peu le sourire rien qu'en jouant, il se dit que peut-être le laisser gagner serait une excellente idée car après tout, qui n'aimait ne pas être le vainqueur lorsque tout allait mal.

Alors, en s'abaissant au sol pour prendre dans ses mains un galet légèrement arrondi en totale contradiction avec ce qu'il pensait quelques secondes plus tôt, il laissa l'intello commencer les hostilités en faisant attention à ne pas éveiller de soupçons quant à sa défaite programmée imminente. De toutes manières, Loan ne s'inquiétait pas vraiment à propos de ce que son camarade pourrait lui demander, il ne semblait absolument pas être le genre de personne à demander de vandaliser une voiture ni même d'ordonner un kidnappage. Ce serait probablement quelque chose de tout bête et très facile, rien d'alarmant en soi. Aaron passa alors à l'action et fut avec une facilité déconcertante cinq ricochets après avoir passé plusieurs instants à chercher le meilleur angle d'attaque, et c'est avec soulagement que le rebelle le vit le sourire aux lèvres, certainement fier de lui même après ce qu'il avait pu accomplir. C'est à ce moment qu'il annonça alors que ce qu'il demanderait comme service serait une aide de la part de l'adolescent le jour où il serait réellement empêtré dans des soucis. Loan haussa les épaules, le sourire en coin, avant de répondre à son tour.

« Si tu veux. Si je gagne, fais gaffe j'risque de te demander des trucs stranges. Sans rien de dégradant t'inquiète. Je crois. »

L'adolescent se mit à rire brièvement et doucement avant de se mettre en position pour lancer la pierre qu'il tenait entre ses doigts. Bien évidemment il allait rater son tir, d'une part puisqu'il n'arriverait jamais à battre cinq rebonds mais aussi car il voulait perdre, c'était donc impossible qu'il gagne avec son propre esprit contre lui. Son bras se positionna en arrière et d'un geste sec mais surtout rapide, il lança le galet à toute vitesse vers l'eau avant de voir avec joie et déception qu'il n'avait fait que trois simples ricochets avant de ne sombrer définitivement dans l'eau claire. Le garçon eut un soupire de soulagement avant de se tourner vers son camarade qui s'était relevé au même moment, toujours en arborant ce même sourire victorieux sur le visage. Le blondinet commença alors à le remettre au défi en proposant quelque chose de plus "Dur" d'après ses dires, c'est à dire une course jusqu'au bout du parc. Un peu surpris, l'adolescent releva un sourcil. Si lui-même avait proposé un défi qu'il était certain de perdre, c'était uniquement pour remonter le moral de son camarade de classe, mais si Aaron souhaitait vraiment le défier sur un terrain où il avait l'avantage, d'après lui, soit. Il jouerait véritablement le jeu.

« Okay. Si c'est c'que tu veux vraiment ben let's go écoute que veux-tu que j'te dise. »

L'intello se mit alors en position, prêt à courir à toute allure en lui jetant un regard de confirmation, regard qu'il approuva d'un simple mouvement de tête en guise d'approbation. Il se mit à pointer un endroit du bout du doigt tout en restant silencieux, pour lui montrer la destination et commença à faire le compte à rebours, lentement pour ne pas le surprendre. Une fois arrivé à un, il hurla "GO" avant de commencer à courir dans la direction choisie.

Le sport n'était absolument pas la tasse de thé du rebelle cependant il n'était pas forcément très mauvais. Certes, il manquait de teamplay dans les jeux d'équipes comme le basket mais aussi d'endurance lors des courses de, justement, endurance mais cela ne l'empêchait pas de temps en temps faire de bonnes choses dans cette discipline quand il prenait la peine de venir en cours évidemment. La ligne d'arrivée se situait à l'une des sorties annexes du parc, à plusieurs dizaines de mètres d'eux, sans pour autant les obliger à se crever pour y arriver. Loan était en tête, pour le moment, et jetait de temps en temps un œil derrière lui pour vérifier l'état de son camarade qui était vraisemblablement moins sportif que lui, et donc par conséquent moins rapide. Après de très très longues secondes de course intense, le rebelle termina premier mais aussi complètement fatigué et à bout de souffle, ce qui lui valut une pause bien méritée assis et adossé au portail ouvert entre l'intérieur et l'extérieur du parc naturel. La chaleur et le soleil était tout d'un coup devenu écrasant à cause de cet effort physique, mais le garçon garda son léger sourire en coin. Il avait gagné et une magnifique idée de "gage" venait d'apparaître dans son esprit rebelle. Une fois que son camarade avait terminé sa course il lui fit signe de s'approcher de lui avant de lui dire.

« I won. Donc. Je sais ce que tu vas faire. Pas loin dehors y'a une pharmacie et devine ce qu'il y a juste au mur d'une pharmacie ? Ouais exactement, un distributeur de préservatif. A titre personnel je n'en ai pas besoin, for now, mais toi tu risques d'en avoir besoin car tu sais, lors d'une relation anale faut se protéger. Le sida ça va, ça revient tu sais. Allez, va en chercher deux, une à ta taille et l'autre pour ce gars que tu aimes. Et après faudra que je te fasse un cours d'éducation sexuel. Sachant que j'ai absolument aucune expérience mais littéralement, ce sera drôle tiens. Allez hop hop hop plus vite que ça Aaron ! Promis motus et bouche cousue j'dirais rien, fais confiance. Croix de bois, croix de fer si j'mens j'baise ta mè- enfin tu me comprends. »

Un sourire coupable, mais aussi extrêmement amusé avait prit toute la place sur son visage. Sa demande était gênante et il le savait, Loan voulait embarrasser son camarade pour voir sa réaction, d'autant plus qu'il ne pouvait refuser puisque c'était son gage pour avoir perdu cette course. Une fois hors du champ de vision de son acolyte, il se mit à rire à gorge déployée. Ce Aaron lui plaisait beaucoup et il avait surtout hâte de voir sa réaction une fois qu'il reviendrait accompagné de ces bouts de plastiques.

Une course. Un challenge d'une difficulté assez importante pour moi , je le savais pertinemment. J'étais sûr à 99,9% d'être le grand perdant de ce fameux challenge. Alors pourquoi avoir entreprit cette course ? Faisons un point sur la situation avant de revenir au moment présent. Tout cela avait commencé parce que je m'étais décidé à venir dans un parc , le fameux parc de mon enfance. Partagé entre tristesse et mélancolie , je me sentais faible et je n'arrivais pas à faire le point sur ma propre situation. Troublé , j'avais chercher une présence , peu importe qui et comment et c'est à ce moment présent que j'avais remarquer que Loan ce trouvait à mes côtés. Ce n'était pas mon genre de fréquentation habituelle , certes , mais j'avais trouver un certain réconfort avec lui et je m'étais même étonné à le trouver fort sympathique. M'étant rendu compte que je m'étais tromper totalement sur son cas , que je ne l'avais jugé qu'à travers les 'on dit' et les apparences , je me suis montrer plus sympathique. J'essayais toujours d'aller au dessus des apparences mais , comme tout le monde , j'étais bourré de cliché et d'image par rapport aux gens que je voyais ou côtoyait. C'était vraiment malheureux... Surtout que Loan semblait être quelqu'un de fondamentalement bien. Certes , pas assidu en cours , mais à l'écoute des autres. Je pensais l'avoir saouler avec mes histoires , mes diverses problèmes mais , bien à l'inverse , il a essayer de me faire penser à quelque chose d'autre en créant un petit challenge entre nous de ricocher . Son pari de me redonner le sourire était réussi , j'avais une grande affection pour les défis surtout si je me sentais à la hauteur de ceux-ci. Or... Dans un sens , je voulais le remercier de sa gentillesse et de sa patience à mon égard. Même si Loan avait tenté de me rassuré à sa manière , avec ses mots un peu brouillon , j'avais clairement apprécier son geste. Peu de personnes auraient fait ça , tout d'abord parce que je n'aimais pas partager mes peines avec les autres de peur de les gêner et puis parce que... Ça les auraient probablement ennuyer ? J'éprouvais un réel sentiment de liberté d'avoir partagé mes larmes durant quelques minutes avec un presque inconnu (pourtant dans ma classe) , d'avoir essuyé mes plaies avec des mots de sa part , d'avoir dit à demi—mots mes craintes et mes angoisses. Ce n'était clairement son rôle , personne ne devait soigner mes blessures actuelles et je lui avais un peu imposer cette situation sans le vouloir réellement. Alors , si je pouvais lui être reconnaissant d'une manière ou d'une autre , je le ferais. Ne sachant pas vraiment le comportement qu'il adopterait si je lui disais en toute franchise et ayant ma propre fierté , je préférais faire passer ça pour un autre challenge où je n'aurais clairement aucune chance de gagner. Le sport était le terrain idéal pour ce faire. J'ai toujours eu de grande difficulté sur le terrain sportif : je n’apprécie en aucun cas toutes les activités sportives qui ont pu mettre proposer , je n'arrive pas à y prendre du plaisir et je m’essouffle bien trop vite pour mon âge. Je lui proposais donc un challenge sur un terrain très glissant pour ma part mais je ne comptais pas gagner. J'allais tout faire pour stimulé un réel effort mais cela ce limiterait à ça. Terminer la fin de la journée en sueur ? Hors de question. Je n'avais aucun déodorant sur moi et je détestais ce genre d'odeur. Or , aucune autre idée qu'une course ne m'était venu en tête , j'avais chercher à être spontané dans la suite de mes idées pour que cela paraisse naturel. Je ne voulais en aucun cas que Loan devine que j'avais fais ça pour le remercier.

Loan acceptait le défi que je lui avais proposer. Tant mieux , mon plan marchait à merveille et j'étais plutôt fier de mon idée. Je ne comprenais pas vraiment ce qui voulait insinuer par « stranges » mais je ne préférais pas y penser. Je m'attendais à ce qu'il me demande de ramener un goûter ou quelque chose à manger quelconque , alors je me disais juste qu'il avait des goûts bizarres ou inavouable. Je craignais tout de même sa futur demande mais je me disais que rien de bien nocif allait être mis en jeu , enfin je l'espérais. Quand je jouais à un jeu , je tenais à faire les choses bien et jusqu'au bout. Étant mauvais joueur , je détestais les triches et autre crasse qui venait gâcher le réel esprit du jeu. Je croisais les doigts intérieurement pour être à la hauteur du gage de Loan et que celui-ci ne soit pas trop dur pour moi. S'il me demandait une tâche sportive ou bien de voler quelque chose , je ne pourrais tout simplement pas le faire ou je me sentirais extrêmement mal après. Mille questions raisonnaient dans mon crâne mais j'essayais de me concentré sur l'action présente sans penser au risque que je prenais. Mon cœur commençait à prendre un rythme plus rapide , angoisser entre le fait de stimuler un effort sportif et de faire une action qui irait contre mes propres principes de vie. Je ne connaissais pas assez bien Loan pour connaître ses limites et cela m'angoisser , aurais je du me méfier de lui ? Je commençais à avoir de réel doute , après tout c'était la toute première fois que je lui adressais la parole , avant nous n'avions fait que nous croiser dans les couloirs ou en cours , croisant seulement nos regards. Cela s'arrêtait à là , alors que maintenant , j'allais lui devoir quelque chose... Et si Loan avait des vices caché ? S'il dealer des trucs pas très légales ? Je tentais de me rassurer en me disant qu'il était rare qu'un lycéen , surtout de notre âge , en arrive à là...Non ? Les hésitations me noyaient et je ne savais plus trop quoi en penser mais j'essayais de faire abstraction de ses pensées. De plus , Loan c'était déjà positionner à côté de moi durant ce temps , prêt à en découdre pour la victoire. Il avait l'air bien plus motivé que moi à gagné ce petit défi , il était probablement plus sportif que moi et peut-être appréciait t'il la course. D'un côté , ça serait tout à mon avantage pour pouvoir le remercier à ma manière , mais depuis son allusion étrange , je doutais que cela soit une si bonne idée. J'étais coincer entre le faite de lui laisser la victoire ou de sauver mon honneur . Je ne voulais pas m'humilier en publique aujourd'hui , ni demain et j'y tenais vraiment. S'il me demandait quelque chose de dégradant , je ne serais pas comment réagir ou comment esquiver le gage.

Me préparant à faire subir à mon corps une torture de quelques minutes , je profitais de ce laps de temps pour évacuer mes pensées négatives et autres images qui pourrait nuire à ma concentration. Prenant une grande inspiration , j'écoutais le compte à rebours de Loan comme les chiffres pour indiqué que ma sentence approchait à grand pas , bien plus vite que je ne l'imaginais. Le coup de départ sonna comme un gong sonore et irréfutable . Cette course fut bien plus longue et épineuse que prévu : entre un essoufflement constant et des mètres qui me paraissait être des kilomètres , je fatiguais plus rapidement que je ne l'aurais cru. Mon corps m'envoyait des alertes toutes les cinq secondes , me rappelant que je ne m'étais pas échauffé , que je n'avais pas fais de sport depuis trop longtemps , que j'allais trop vite. Un violent point de côté me tiraillait alors que mon souffle irrégulier n'arrivait plus à suivre la cadence. Et , bien sûr pour ma plus grande horreur , j'étais en sueur. Décidément , je n'étais pas fait pour stimuler les choses. La fatigue et la rudesse de l'épreuve se faisait sentir dans chacun de mes membres devenu douloureux tandis que mon souffle m'abandonnait cruellement. Quand j'arrivais enfin à l'objectif , bien après Loan , j'étais dans un état pitoyable. Je passais ma main dans mes cheveux en essayant de retrouver une respiration classique. La sueur coulant sur le coin de ma tempe , je regrettais amèrement d'avoir opter pour ce genre de défi. La prochaine fois , je penserais à un plan B qui ne me créera pas de douleurs dans tout le corps , ça sera une meilleure idée. Tandis qu'une affreuse envie de me reposer et de boire de l'eau me pris , je vis que mon camarade c'était assis en prenant un repos bien mérité. Je décidais donc de faire de même en reprenant mon souffle , étirant mes articulations douloureuses. La sensation de douleur du à la contribution de mon corps était tel que j'avais comme...Oublier qu'un gage m'attendait. Je me concentrais à soigner mes maux quand j'entendis , dans un moment de silence , la voix de mon ami. A ce moment précis , je su que j'allais regretter mon idée. Je ne savais pas encore pourquoi mais j'en étais certain. Pourquoi ? Tout simplement en voyant son expression facial , son sourire en coin , son air amusé. Je grimaçais à l'idée de savoir ce qui m'attendait. En déglutissant , je l'écoutais débiter son dialogue d'un air amusé. Je m'attendais à beaucoup de chose mais probablement pas à ça...

Un vent de silence s’abattait sur moi tandis que mes joues me brûlaient. Je clignais plusieurs fois des yeux , pensant avoir mal compris sa demande. Des...Capotes ? C'était une blague ? Une gêne internationale prit possession de moi. Certes , j'avais déjà acheté des capotes et ce n'était un mystère pour personne mais , devant tout le monde a un distributeur , non. La plupart du temps , je passais à une caisse en les cachant sous divers articles pour faire passer ce fameux articles de façon discrète. J'étais déjà assez gêner de devoir acheter ce genre d'article mais , devant tout le monde... Moi qui avait osé imaginer qu'il allait me demander de ramener de la nourriture ou autre chose dans ce style là , j'étais fort loin du compte. Je ne voyais même pas l'intérêt qu'il avait dans ce gage à part m'humilier ou me ridiculiser sous les regards de tous. Je balbutiais quelques mots de façon incompréhensive , n'étant pas à l'aise avec la situation actuelle :

« Sé...rieusement Loan ?.... T..Tu pouvais pas choisir un autre gage ? Je te jure …Purée , ok ok , je vais le faire. Mais , un jour , ça sera à moi de te rentre la pareil. »

Je pesais bien mes mots. Le jour où il s'y attendrait le moins , je lui relancerais un défi et cette fois , je gagnerais et je lui demanderais un gage aussi gênant que le sien. Voir plus. Je comptais pas le laisser s'en sortir ainsi et quand ma vengeance sonnera , il regrettera ce gage. Je me levais , assez hésitant même si je n'avais pas le choix . J'étais vraiment obligé de faire ça ? Je crois que je n'avais pas d'autre solution. A ce moment précis , je détestais Loan (d'une manière positive bien sûr) , j'avais envie d'échanger les rôles mais il n'aurait probablement pas été aussi gêner que moi. Je pris mon courage à deux mains , même si l'envie de fuir ce gage était bien présente , et je pris le chemin jusqu'à la pharmacie. Je passais la rue au peine fin pour voir si je prenais un quelconque risque : après tout , nous étions dans le quartier où je vivais et si une grand-mère me repérait, je savais que cela remonterait aux oreilles de Sobo. Hors de question que je prenne un tel risque pour un gage , il fallait donc je sois prudent. J'aurais préférer être dans un autre quartier , la manœuvre aurait été bien moins risqué. Déglutissant , j'observais tout les indices qui pouvait m'être indiquer dans la rue : celle-ci était presque vide , presque personne semblait y passer et je n'avais pas reconnu un visage familier. Tant mieux , j'aurais paru suspect à attendre ici en regardant tout le monde. En soupirant , je passais de l'autre côté de la rue en me rendant vers la pharmacie. Plus vite ce moment sera passé , plus vite la situation gênante sera fini . Je fouillais dans mes poches pour trouver de l'argent quand j'eus un goût amer dans la bouche : pourquoi ne lui aurais je pas tout simplement dis que je n'avais pas d'argent sur moi ? Ça aurait été crédible , tout le monde ne se balade pas avec de la monnaie sur lui. J'étais dégoûter de ne pas y avoir pensé avant mais maintenant il était trop tard pour faire un retour en arrière , j'étais bloquer dans cette situation. Connaissant ma propre taille et la marque que je prenais , la chose fut vite conclus. Je faisais toujours attention à ne pas me faire griller par quelqu'un qui connaîtrait Sobo , sinon j'allais me prendre une soufflante de l'enfer en rentrant. Je glissais l'objet dans ma poche , pensant en avoir terminer mais je me rappelait que le gage ne se limitait pas à ça. Il fallait que j'en achète une deuxième ...A la taille de Montaro. Je me grattais la tête , ne sachant trop que faire. Si j'en prenais une au hasard , ça passerait peut-être. J'étais horriblement mal à l'aise de devoir imaginer la taille du garçon pour lequel j'avais des sentiments , je préférais tout simplement toucher au premier bouton venu et avoir la surprise de la taille , tant pis. Je glissais quelques Yens et appuyais sur le premier boutons de la machine devant moi. Une fois les deux objets dans ma poche , je pu revenir au parc le cœur moins lourd. Heureusement , je n'avais croisé personne que je ne connaissais et tant mieux , ça aurait été très désagréable autant pour la personne que pour moi. Je rejoignais Loan qui devait ce fendre la poire en m'attendant , je supposais. Une fois devant lui , les bras croiser , je pris une voix très sérieuse en annonçant que j’avais relever le défi en bonne et due forme :

« Franchement , tu pouvais pas me donner un autre défi ? Bon , je l'ai fais , mais la prochaine fois choisi autre chose please. Je connais plein de gens ici , j'avais pas envie qu'on me voit avec ça dans la main. »

Je soupirais de soulagement en sachant que le gage était en partie passé et que je n'avais plus à craindre une humiliation complète de sa part. Je sortis de ma poche un premier item , celui que j'avais choisi pour moi et je lui lançais pour qu'il le rattrape au vol. Avec une touche d'humour , je lui lançait avec un léger sourire :

« J'espère que tu m'as pas lancé ce défi pour savoir ma taille , hein ? Bref voilà , heureux ? »

Je lâchais un petit rire à la fin de ma phrase , étant beaucoup plus décontracter que tout à l'heure. Rire de ce genre de chose avec Loan ne me paraissais pas déplacer , je savais qu'il ne me jugeait pas alors je me disais qu'une blague là-dessus était la bienvenue. De toute façon , c'était lui qui m'avait lancé ce défi et je m'attendais à une suite cocasse de sa part vu qu'il était parti pour me faire un 'cours d’éducation sexuelle' sans avoir la moindre connaissance ou presque , ce qui allait être drôle. Au final ,je pris la situation avec légèreté : je me disais que je préférais qu'il me demande ce genre de chose plutôt que quelque chose d'illégale que j'aurais probablement refuser de faire. J'aimais les jeux avec des gages mais il était hors de question que je me mette en danger d'une quelconque façon ou que je mette les autres en danger . De plus , j'aurais eu une mauvaise action sur la tête et je ne voulais surtout pas me sentir mal encore une fois à cause d'un mauvais gage. Loan n'était pas quelqu'un de mal attentionné et peu importe ce qu'il faisait en cours ou hors des cours , il était tout à fait respectueux avec moi et ne m'avait pas mis en danger d'une quelconque manière. Je sortis le deuxième item pour lui envoyer quand je remarquais un détail sur l’emballage qui transforma mon visage blanc en un faciès rougeâtre. Sans le vouloir et probablement par pur hasard comme j'avais choisi le premier préservatif qui venait , j'avais pris une taille extra large. J'eus un rire gêner en voyant cette information affiché sur l'avant du sachet. Loan allait me dire quelque chose à ce sujet , j'en étais sûr , alors j'allais faire comme si de rien n'était. Ce n'est même pas comme si j'avais imaginer quelque chose ou quoi , ce n'était que du pur hasard... Je lui envoyais le sachet en reprenant la parole , esquivant toute remarque par rapport à mon choix.

« Alors , je t'écoute pour ton cours. J'espère qu'au moins tu sais déballer une capote , au minimum. »

Je riais légèrement en m'asseyant pour être en face de lui . Je savais que je pouvais lui envoyer des piques d'humours et qu'il ne le prendrait pas mal , j'avais un peu cerner comment il était et je savais que c'était le genre de chose qui ne prendrait pas mal. J'étais pourtant , dans un premier temps , gêner d'aborder le sujet d'une quelconque façon mais Loan n'avait pas l'air d'avoir de préjugé par rapport à ça ce qui me rassurait. Après tout , ouvrir la parole sur ce sujet pouvait être intéressant. Je n'en parlais presque jamais , c'était le genre de chose que j'évitais d'aborder avec les autres tout simplement dû à mon orientation sexuelle que je n'assumais pas totalement. Mais avec Loan , je n’éprouvais pas cette gêne constante , je savais que je pouvais discuter de ça avec lui. Cette rencontre avec lui fut bizarre du début jusqu'à la fin , à ce que je remarquais. Nous nous n'adressions jamais la parole auparavant et maintenant je me permettais de rire avec lui comme si nous étions les deux lardons d'une salade au chou. Au final , je n'imaginais pas du tout ma journée ainsi et c'était plutôt positif dans un sens : j'avais vidé mon sac (même si je n'aimais pas vraiment ça) et j'avais pu rencontrer quelqu'un d'agréable à côtoyer. C'était plutôt une bonne chose , non ?

Un éclair de génie. Le pur génie du cerveau machiavélique humain. Un génie incompris mettant au service sa tête à des fins purement personnelles et drôles. Comment une simple combinaison de neurones pouvait-elle permettre de faire germer des idées si merveilleuse au sein de l’esprit sans pour autant pouvoir trouver comment empêcher certaines maladies ? Excellente question Watson. Et l’excellente réponse serait que Loan s’en foutait, il voulait juste déconner et taquiner cette nouvelle personne, pour le "tester" et voir si son humour serait compatible au sien, si sarcastique et ironique. Un sourire coupable lui déchira littéralement le visage en deux, ses magnifiques canines s’offrant totalement au pauvre rouquin en face qui, totalement désemparé face à cet ordre très déplacé, eut le rouge aux joues. C’était compréhensible en un sens. Généralement, des personnes fraîchement rencontrées ne demandaient pas d’apporter des préservatifs comme simple gage, c’était plutôt des trucs bon enfant comme de la nourriture ou des choses dans le genre, des choses totalement inintéressantes et absolument pas amusantes. C’était donc avec une réelle fierté quant à sa trouvaille relevant de son génie que l’adolescent hocha doucement la tête de haut en bas, comme pour confirmer son choix.

Les bégaiements de son camarade sonnaient comme une douce musique à ses oreilles, cela signifiait qu’il était d’un côté embarrassé et de l’autre extrêmement surpris, les deux sentiments que le rebelle avait cherché à provoquer en le mettant au défi. De plus, un gage restait un gage peu importe à quel point il pouvait être gênant. Il était donc naturel de le relever sans broncher. Aaron acquiesça alors, tout en mentionnant au passage une "prochaine fois" qui s’avérera très certainement tout aussi grande en distraction, mais pour l’heure, il devait récupérer un précieux butin qu’il utilisera probablement lui-même si jamais son plan pour séduire son homme se met à exécution et qu’il fonctionne comme sur des roulettes. L’intello se releva alors, très peu sur de lui, et commença à sortir du parc en direction de la pharmacie la plus proche. Au moins il connaissait le chemin et tant mieux puisque Loan n’avait aucune idée si un distributeur trainait dans les environs.

Une nouvelle idée encore plus démoniaque survint au même moment que le garçon roux quitta le champ de vision du rebelle, il aurait pu le suivre discrètement et le prendre en photo pour plus tard rigoler un peu plus cependant, mis à part son bout de conscience qui zonait dans un coin de son crâne, sa flemmardise était son seul rempart. Non. Il allait juste attendre ici et imaginant tout ce que vivait son camarade à quelques rues de lui, avec des joues plus rouges qu’une tomate. Le soleil revint alors de plus belle, libérant ses rayons douloureux au-dessus du pauvre adolescent comme si la nature souhaitait le punir pour son gage si amusant, si drôle, si plaisant à regarder. C’était une énorme injustice, lui qui était si innocent ! Alors, pour contrer cette attaque divine sur sa personne, il se releva à son tour pour aller s’assoir et s’adosser contre un arbre dont les nombreux feuillages pourraient le sauver de cette chaleur insoutenable digne de l’Enfer. Une fois au calme, ses yeux sombres naviguèrent entre les gens visitant le parc et l’entrée auxiliaire par laquelle Aaron finirait par arriver, accompagné par les deux bouts de plastiques qui le gênait tant.

Après plusieurs minutes de suspense durant lesquelles Loan avait continué d’imaginer tout les scénarios possible et imaginables pour les aventures du pauvre rouquin, en pensant même à une fuite probable, il le vit revenir vers lui avec un air beaucoup trop sérieux sans pour autant sembler être plus énervé que ça. C’était tant mieux. Au moins il avait compris que l’unique but était de rire, pas de pleurer ni même de s’embrouiller. C’était cool. "Aaron est cool." Pensa-t’il rapidement avant de se faire aborder par se dernier, aillant accompli cette mission. Le contraste entre son air blasé et la demande déjanté fut la goutte de trop et le rebelle se mit à rire à plein gosier, pas de lui, mais avec lui. L’intello lui lança alors pour commencer son propre bout de plastique en commentant avec sarcasme le but caché de ce gage. Très content de le voir se décomplexer un peu, il jeta un regard très bref sur l’emballage de la capote avant de rentrer dans son jeu.

« Tu connais pleins de gens ici ? Ah mais tu veux pas qu’ils sachent que monsieur AARON EVANS est allé chercher des CAPOTES ? » Rigolant à sa propre blague, il continua plus doucement pour un minimum respecter sa demande, un minimum. « C’en est qu’une Aaron d'ailleurs, il manque la seconde mais … Si, bien sûr que si c’est pour connaître ta taille, t’es plutôt beau-gosse pis maintenant que je sais que tu aimes les sucettes … Et ouais je suis heureux, enfin qu’à moitié mais je sais que tu sauras me combler. »

Ses mots furent suivis par un clin d’oeil, rien d’homophobe dans tout ça, évidemment. C’était de la pure taquinerie et son signe était uniquement là pour le lui démontrer si jamais il ne s’en rendait pas compte tout seul, pour qu’il ne lui fasse pas une scène pour un simple manque de second degré. Le rouquin lui envoya alors le dernier Graal, qui lui fit soulever l’un de ses deux sourcils, sans pour autant lui faire dire quoi que ce soit. Sa vie, son cul, ses choix.

Maintenant qu’il avait à disposition de quoi expliquer la sexualité à quelqu’un de -certainement- plus expérimenté que lui, il commença son cours en toute tranquillité après avoir été totalement imploré par l’intello. Evidemment, loin de lui cette idée. Ce garçon était beaucoup trop innocent.

« Alors alors. Pour déballer une capote c’est simple faut juste l’ouvrir. Mais pas avec les dents ! Pas car ça pourrait la percer ou quoi car franchement si tu mords le truc au milieu t’es un peu con, mais pour par te recevoir le lubrifiant du truc là. Enfin j’crois. J’sais pas si y’en a. Y’en a ? »

Se fichant un peu de la réponse -puisqu’il ne comptait pas l’utiliser avant plusieurs années au moins- il continua tranquillement ses fausses explications.

« Ensuite ! Une fois que cette chose étrange est ouverte, tu dois mettre ton missile nucléaire à tête chercheuse à l’intérieur et dérouler la capote dessus. Puis après tu le tends au Garde à vous ! Regarde je vais te montrer. »

L’adolescent ouvrit la plus petite des capotes, avec les doigts attention, puis enfourna son majeur droit à l’intérieur, déplia la chose et le tendit fièrement vers son camarade qui était très très intrigué sur la façon de porter une protection. Oui, Loan venait de faire un doigt d’honneur entouré d’un préservatif à Aaron. Tout ça. Pour ça. Son énorme sourire revint alors sur son visage et un gloussement coupable rompu le silence de mort qu’il s’était installé.

« Alors ? Tu en as appris des trucs avoue ! »

» Aaron Darnel
» ~ Aaron Evans ~
» Spill the beans ! [Aaron]
» Challenge Accepted (Aaron)
» Quelque part par là ... [PV Aaron Green]