Un secret dévoilé [PV Ulrich Von Kuffner][Terminé]

Un secret dévoilé

Le regard fixé sur son plafond d’un blanc cassé, une main posée nonchalamment sur son torse imberbe et l’autre enfuie à l’intérieur de son boxer couleur pastel, Ulrich se prit à se perdre une fois de plus dans ses pensées des plus lugubres.
Depuis son arrivée en ville, il n’avait pas passé une seule soirée tranquille, taraudé qu’il était par une angoisse grandissant de jour en jour.
Un voile passa devant ses yeux bleu alors qu’il repensait aux mois écoulés, à cette femme qu’il avait dû fuir, encore.
Et comme à chaque fois qu’il repensait à Charlie, il avait l’impression que quelqu’un s’était amusé à placer son coeur dans un étau et prenait un malin plaisir à le resserrer un peu plus à chaque seconde.
Il avait mal, terriblement mal.
Il avait envie de pleurer, de crier, de hurler au monde à quel point il souffrait, à quel point il détestait cette vie qui était la sienne et combien il aurait donné n’importe quoi pour l’échanger avec un autre, mais il savait qu’il n’en ferait jamais rien.
Il ne détestait pas sa vie, il se détestait lui. Il détestait ses choix de vie, ses erreurs lui coûtant si cher, pesant si lourd dans sa conscience.
Fermant les yeux, il ravala les sanglots menaçant de remonter jusqu’à ses paupières closes et se redressa d’un seul bon sur son lit drapé de soie.
Il ne pleurerait pas, ne pleurerait plus pour elle.
Il avait envie de fumer.
Une cigarette, un bédo, n’importe quoi lui permettant de se vider un peu l’esprit et de passer à autre chose.
Quittant son lit, il se dirigea d’un pas lent jusqu’à sa salle de bain en marbre blanc, retira son sous vêtement qu’il jeta dans son panier à linge sale avant de rentrer dans sa baignoire encore humide de sa précédente douce et allumer l’arrivée d’eau chaude sur sa peau moite.

Une fois séché et apprêté d’un haut de coton blanc surplombé d’un blazer bleu strié sur les côtés ainsi que d’un jean levi’s taillé sur-mesure et d’une paire de Calvin Klein noire, Ulrich passa un rapide coup de gel sur ses cheveux indiscipliné et s’observa avec attention dans le miroir.
Satisfait, il offrit un sourire à son [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] avant de le perdre aussitôt.
Une ombre passa devant ses prunelles azur alors que d’un geste machinique il ouvrait le deuxième tiroir à gauche de son meuble ébène décoré de marbre afin d’en ressortir une petite trousse de toilette qu’il ouvrit à son tour pour en ressortir un petit pilulier.
À contre coeur, il avala sa dose journalière de médicament avant de remettre l’objet de ses cauchemars à sa place, bien caché sous une bonne couche de produit de beauté.
Hors de question que quiconque tombe là-dessus par inadvertance, pas même lui !

Prenant le temps de se faire couler un café, il jeta un rapide coup d’oeil à sa montre (une cartier, les rolex étant à son avis surfaite) avant de soupirer d’un air las.
D’ici une petite demi-heure, il sera arrivé à l’hôtel dans lequel se tenait la soirée à laquelle ses parents lui avaient demandé de participer, représentant la famille Von Kuffner pendant que eux s’affairaient dans leurs affaires personnelles.
Depuis qu’il était en âge de les représenter, ses parents prenaient de moins en moins la peine de se déplacer jusqu’au Japon pour ce genre d’évènement, pas plus que pour voir leur fils d’ailleurs.
Ils s’appelaient une fois par semaine, mais c’était tout.
D’ici 30 min, il devra avoir renfilé son masque de suffisance, s’être enveloppé de son aura emprunte de suprématie et de confiance et devra avoir retrouvé son sourire hautain et nonchalant, marque de tout descendant de noble ligné.
Excite ses cernes, sa peau ternie par le manque de sommeil et ses crises alternant entre boulimie et anorexie.
Ce soir, il devra être Ulrich Von Kuffner, héritier de la noble lignée Von Kuffner, non pas Ulrich l’éternel adolescent ne rêvant que de retourner se réfugier dans son lit et ne plus le quitter.
Il n’avait pas le droit d’être faible, jamais.
Avec un peu de chance trouvera-t-il au cours de cette soirée l’une ou l’autre jolie fille à se mettre sous la dent histoire de lui faire oublier le temps d’un instant à quel point il se sentait seul… Peut-être.
Il avait entendu qu’Emilie Lansel, la dernière-née des Lansel ayant longuement fait les choux gras de la presse lors de son émancipation à l’âge de 16 ans et de son héritage anticipé d’une bonne partie des richesses familial à une époque ou sa sœur aînée était mariée de force à un homme censé aidé à conserver les biens de leur famille.
Comment Ulrich pouvait bien savoir que ce mariage n’était pas un mariage d’amour ?
Déjà car le jeune noble vivait dans le même monde qu’Anastasia et Emilie et connaissait parfaitement les règles du jeu, lui-même finirait sans doute marié à une riche héritière servant à lui pondre l’un ou l’autre marmot qui à son tour épouserait l’un de ses semblables et perpétuerait la dynastie.
Ensuite car, il n’y avait pas si longtemps de cela, il avait partagé la couche de la jeune mariée qui, de toute évidence ne se satisfaisait pas de son puissant mari.

S’il avait ouï dire que la cadette était présente à ce gala afin de faire la promotion de son tout nouveau complexe hôtelier auprès de riches commerciaux, Ulrich devait bien avouer être curieux de voir pour la première fois cette jeune femme autrement qu’au travers de page en papier glacé.
Jamais encore il ne l’avait vu à ce genre de soirée, les Lansel venant le plus souvent accompagné de leur seule aînée.
Le blond pouvait les comprendre, après tout ce n’était pas pour rien si lui-même était fils unique… Il n’était pas rare que les riches se contentent d’un seul enfant afin d’éviter les querelles familiales lorsque viendrait l’heure d’aborder le sujet de l’héritage.
Ses parents avaient fait ce choix, et sans doute qu’il le ferait à son tour si un jour les progrès de la médecine lui permettait d’avoir un enfant sans risque pour sa femme et pour le bébé…
Une fois de plus, il sentit cet étau compresser son coeur et lui couper le souffle.
Des incertitudes, encore et toujours.

Terminant son café d’une traite, il posa sa tasse dans l'évier avant d’enfiler une rapide veste en bleu nuit et descendre jusqu’au pas de son immeuble.
Son chauffeur l’y attendait, pile à l’heure.
Il aurait bien sûr pu y aller par lui-même, avec sa propre voiture, mais quelle entrée offrirait-il à ses amis/ennemis s’il apparaissait ainsi, tel un sans-le-sou ? Non, il se devait de faire bonne figure quoi qu’il arrive. Sa mère en mourrait si elle apprenait que son fils s’était fait remarquer pour autre chose que son physique avantageux et sa locution parfaite.
Sa mère était fière de lui, de ce qu’elle pensait qu’il était, de la partie de lui qu’elle avait forgé à force de bourrage de crâne.

Arrivé à l’hôtel, il congédia son chauffeur qui promit de revenir le chercher sitôt qu’il le biperait avant de pénétrer les lieux d’une démarche assurée.
Là, il était dans son élément. Ici, il pouvait oublier ses tracas le temps que durerait ce jeu, cette mascarade connue de tous et pourtant répété encore et encore.

Lorsqu’il arriva dans la grande salle où devait se tenir la réception, il accepta une coupe de champagne que lui tendit un boy en souriant, prenant bien soin de ne pas lui préciser qu’il était mineur dans ce pays avant d’en boire une bonne lampé et, après avoir salué quelques connaissances et échanger quelques banalités d’usage, riva son attention sur l’entrée par laquelle arriva celle attendue de tous.
Emilie…
Aussi marginal que dans les magazines, mais bien plus belle encore. Si elle ressemblait physiquement à sa sœur, l’aura qu’elle dégageait était lui diamétralement différent.
Encrant son regard océan sur elle, Ulrich ne perdit pas une miette de ce qu’elle raconta.

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Un secret dévoilé

Alors qu’elle descendait les marches avec une lenteur calculée, son corps mince et gracieux ondulant à chacun de ses pas, Ulrich ne remarqua que trop bien l’attention qu’Emilie lui portait.
Leurs regards ne s’étaient croisés qu’une secondes ou deux, mais suffisamment longtemps pour que le jeune homme parvienne à lire en elle tout le mépri qu’il lui inspirait.
Il connaissait ce regard pour l’avoir vu dans les yeux de nombre d’autres avant et après elle.
Ce regard lui indiquant à lui seul qu’elle avait lu la presse à scandale à l’époque où on lui prêtait une relation avec sa sœur aînée. Cette même époque où il était en froid avec Charlie, peu avant leur réconciliation et leur rupture définitive.
Ulrich n’avait jamais été l’homme d’une seule femme, même lorsqu’il tombait amoureux il ne pouvait se résoudre à cesser de papillonner par ci par là.
Il ne s’en cachait d’ailleurs pas, là était la condition sinequanone à une relation de couple avec lui.

S’il était une chose dont le jeune noble pouvait être fier, c’était bien de sa franchise.
Il n’avait jamais menti, à aucune femme. La seule personne à qui il lui arrivait de mentir, c’était lui-même.
Il préférait nier l’évidence que d’assumer ses fardeaux, que ce soit sa maladie ou ses sentiments qu’il tentait du mieux qu’il le pouvait d’endiguer au plus profond de lui.
Il se refusait à tomber amoureux, à perdre de sa prestance au profit d’un sentiment éphémère si propice à la souffrance.
Il avait aimé alors qu’il n’avait que 13 ans, on s’était servis de lui. Il s’était promis de ne plus jamais tomber amoureux, de ne sortir avec des femmes que pour leurs fortunes et leur renommée, pour les quelques instants d’abandon qu’elles pourraient lui offrir avant de commencer à lui prendre la tête,mais il avait rechuté. Après des mois de déni, il avait avoué à Charlie qu’il était fou d’elle et, par la même, le poids de son péché qu’il lui avait peut-être transmis lors d’une seule et unique nuit d’égarement.
Elle l’avait à son tour quitté, l’insultant de tous les noms, le laissant seul avec son bagage bien trop lourd pour ses épaules.
Une fois de plus, Ulrich se promit de ne plus se faire par ses êtres si propices à l’amour. Un jour, il se marierait pour la gloire et continuerait ses coucheries à droite à gauche sans jamais s’attacher plus que de nécessaire. Ni à ces femmes partageant sa couche, ni à celle partageant et sa vie et sa fortune.
Il serait bien plus heureux sans amour, il en était persuadé.
Ou plutôt, il tentait par tous les moyens de s’en persuader.

Écoutant d’une oreille distraite le discours de la cadette Lansel, un sourire naquit à la commissure de ses lèvres lorsque cette dernière, le regard sévère et le dos droit agrippa son bureau et lança d’une fois forte et décidé. « Ce soir ma collaboration avec le reste de la famille Lansel touche a sa fin. »
La foule semblait choquée, psalmodiant à tout vas et injuriant cette décision dans leurs barbes et leurs petits mouchoirs de soie rouge sensé aider à les femmes à se donner contenance.
Certains étaient pour, d’autres contre, mais cette décision ne laissait personne indifférent.
Riant sous coupe, Ulrich se sentit euphorique pour la première fois depuis des mois.
Il avait toujours adoré cette effervescence, ce tumulte suivant des décision importante, cette habitude que tous prenaient d’y aller de leurs petits commentaires, comme si aucune décision ne pouvait être prise sans que tous aient donné leurs avis.
Ulrich en riait. Dieu qu’il en riait.
Terminant sa coupe de champagne cul-sec, il en attrapa une seconde et reposa la vide sur le plateau du boy ayant eut le malheur de repasser à côté de lui et se dirigeait d’un pas lent jusqu’à un coin de la salle depuis lequel il se prit à observer la scène de son air insondable, mais ses lèvres légèrement retroussées en un sourire suffisant.
Une bande de rapaces, de fourmis courant en tous sens dans une routine qui, elle, n’en avait aucun.
Ulrich aussi était des leurs, il le savait, mais il ne pouvait s’empêcher de se sentir supérieur à tous ces riches semblants mettre un point d’honneur à rappeler à tout vas ô combien eux et leurs avis étaient importants.
Attendant dans son coin que tous aient fini d’y aller de leurs avis tous plus insipides les uns que les autres, que les gardes du corps de la belle aient fini de chasser les journalistes et autres opportuns du lieu, l’héritier Von Kuffner piqua un petit four sur l’une des table gracieusement garni pour l’occasion avant de se diriger d’un pas lent et calculé jusqu’au balcon dans lequel il avait vu la jeune Emilie s’enfuir.

La trouvant seule, son toutou s’affairant sûrement à lui apporter l’une ou l’autre douceur que sa majesté n’était à-même de se servir par elle-même, il s’approcha d’elle sans un bruit avant de s’adosser nonchalamment à la rambarde et lui adresser un petit sourire amusé. « On peut dire que tu sais y faire pour ameuter tous les journalistes du pays toi ! Et encore plus comment les rendre fous et avides de scoop »
Riant avec pudeur, il but une nouvelle gorgée de champagne avant de basculer sa tête en arrière, l’offrant au gouffre béant d’une nuit de mai à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol. Fermant les yeux, il reprit. « Je sais pas comment tu es parvenu aussi jeune à récupérer une telle fortune, ni comment tu as réussi à faire franchiser tes biens sans l’aval de tes responsables légaux, mais félicition ma chère, tu es officiellement l’une des meilleures magouilleuses de notre génération* »
Se redressant, il la gratifia d’un sourire sincère, un brin taquin, avant de terminer sa flute d’une seule gorgée.
Les magouilles, le chantage et autres pratiques du genre étaient monnaie courante dans ce type de milieu, au point qu’Ulrich s’en amusait. Néanmoins, il devait bien avouer que certains s’en sortait mieux que d’autres. Emilie, elle, semblait faire partie de ceux le maniant avec justesse et intérêt.
Il adorait ça !

*En français dans le texte

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Un secret dévoilé

« Agir comme si l'on avait quelque chose à cacher ou créer des scandales autour de sois...deux méthodes très efficaces pour s'assurer d'avoir l'attention des gens...mais je ne t'apprend rien, Kuffner »
Jubilant intérieurement de son interpélation, Ulrich ne put réprimer le sourire étirant la commissure des ses lèvres alors que, d’un hochement de tête discret, il confirmait ses propos.
En effet, rare étaient les personnes de leur stature à n’avoir jamais jouée avec les scandales et les médias.
Si dans l’imaginaire collectif les paparazzi étaient représenté comme des gens cachés derrière chaque buisson, appareil photo à la main et carnet de notes dans la poche arrière de leur jean, la réalité était souvent toute autre.
Certes, il arrivait réellement que quelques malheureux journalistes tombent un jour sur un scandale, sur une scène ou une conversation valant son pesant de cacahuète et sa Une de l’un ou l’autre magazine people, mais la plupart du temps tous ces articles à sensation étaient sciemment calculé et n’avaient pour unique but que de promouvoir la notoriété d’une personne en faisant parler d’elle dans la presse.
« Untel a été surprise en train de tenir la main à Unetelle au bord d’une plage à miami » ? Un coup de marketing, un scoop organisé par untel et unetelle eux-mêmes afin de faire les gros titres et de donner un regain à leur carrière risquant de tomber dans l’oublie.
Lorsque ce genre de gros titres apparaissait, soyez certains que les concernés étaient en courant bien avant tout le monde et que, à 90 % du temps, ils avaient d’eux-mêmes choisi d’y apparaître.
Bonne ou mauvaise, la publicité restait la publicité et le simple fait de voir son nom apparaître sur la couverture d’un journal permettait en général de donner un coup d’élan à leur carrière.
Les oubliés, ceux dont les ventes tendaient à chuter, les éternels insatiables du feu de la rampe… Tout était prétexte pour apparaître ne serait-ce qu’un instant dans ces ramassis de connerie, ces torchon tout juste bon à nettoyer les vitres d’une maison médiocre dans laquelle une femme à la vie tout aussi médiocre lisait ce genre de presse en espérant mettre un peu de piment dans son existence vide de sens.
Lorsqu’une célébrité souhaitait réellement faire taire un scandale risquant de compromettre sa carrière, elle parvenait la plupart du temps à trouver un moyen d’amadouer l’éditeur en charge de ce dernier.
Pot de vin, chantage, passage sous le bureau… Les façons d’obtenir des faveurs et d’effacer les mauvaises actions des disques durs n’étaient pas ce qui manquait dans un monde ou l’argent et le sexe pouvaient tout acheter.
Non, une fois de plus tout ceci n’était que mascarades et faux semblants, un jeu auquel s’adonnaient les plus grands sous le regard crédule de la populace.
Dieu que tous ces moutons pouvaient bien lui faire pitié…
Ulrich savait que lui aussi suivait une norme, les règles d’un jeu qu’on lui avait inculqué dès son plus jeune âge, sitôt qu’il fut venu au monde, mais au moins possédait-il la décence de s’en rendre compte.
Savoir qu’on était un pion valait mieux que de passer l’entièreté de son existence à suivre un troupeau qu’on clamait haut et fort vouloir à tout prix éviter.
Il n’y avait rien de plus pathétique qu’un homme pensant sortir de la norme alors qu’il y plongeait les deux pieds devant de par cette simple pensée.

« Si ce n’est nous, qui d’autres serait à-même de nous en créer d’aussi belles ? » Répondit le blond dans un sourire, réellement amusé par l’aplomb de la belle éveillant tant sa soif de pouvoir que de chaire.
Elle savait ce qu’elle voulait, lui aussi.
Il la voulait elle.

Interrompu par un petit être bedonnant aux yeux étonnements petits, même pour un Asiatique, Ulrich ne bougea pas, adossé contre sa rambarde et ses cheveux plaqués sur son crâne narguant le néant sous lui.
Se retenant de rire face à la scène se déroulant sous ses yeux, il laissa son regard alterner entre Emilie et Tao, le petit gros à bout de souffle tentant de raisonner la blonde au tempérament sulfureux. De quoi faire rougir d’envie Shakespear.

Pour un peu, Ulrich aurait pu les applaudir, mais il se contentait pour l’heure de les observer sans un mot.
Lorsqu’enfin le petit homme grassouillet s’éloigna d’eux, ce fut pour être remplacé par un jeune Japonais qu’Ulrich reconnu comme le chien de garde de la cadette Lansel.
Super…
Vu le regard que lui lançais le garçon, nul doute qu’il connaissait la réputation du blond et qu’il s’inquiétait pour sa protégée.
Une fois de plus, Ulrich dû se retenir de s’esclaffer devant tant de bêtise.
On pouvait dire ce qu’on voulait, il n’avait jamais forcé personne à rentrer dans son lit. Si Emilie lui disait non, alors ce serait non. Si elle lui disait oui, alors il jetterait ses vêtements au sol et la prendrait là, sur ce balcon, agripper à la rambarde par-dessus laquelle il se penchait toujours.
Ce n’était plus une gamine, mais une femme. Elle pouvait bien choisir avec qui elle voulait parler, baiser, se droguer, danser…
Souriant d’un air taquin au garde du corps, il l’observa se faire congédier par la jeune femme non sans jubilation.
Pauvre petit toutou abandonné par sa maitresse.
Finalement, il ne regrettait pas d’être venu jusqu’ici. En plus d’avoir pu saluer quelques contacts bénéfiques pour ses parents et son lui futur, il avait pu se changer les idées grace à cette pièce de théatre improvisée.
« Je peux te poser une question ? Pourquoi des gardes du corps ? Tu as peur de quoi, de qui ? Ou bien est-ce simplement pour te faire remarquer ? Auquel cas, félicitation tu as parfaitement réussi ton coup ! Cela dit, ça ne doit pas être plaisant de ne jamais pouvoir faire ce que tu veux… avec qui tu veux... »

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 « Je t'assure que tu n'as pas besoin de t'inquiéter le moins du monde au sujet de ma liberté d'action. Je, paie ces hommes. Pas mon père ni personne d'autre. Cela me confère le privilège de donner les ordres, non pas de les recevoir. »
Haussant les épaules pour toute réponse, Ulrich observa une fois de plus la jeune-femme lui faisant face, un appétit certain éclairant son regard océan.
Elle l’amusait. Pour la première fois depuis des mois, il ne pensait ni à sa maladie ni à Charlie, mais se demandait simplement ce que sa compagne de la soirée allait bien pouvoir inventer comme nouveau jeu, comme nouvelle distraction.
Dire qu’il n’avait plus pour projet de la mettre dans son lit serait mentir, mais dire qu’il ne restait avec qu’elle que pour ça le serait autant sinon plus.
S’il ne parvenait pas à pénétrer sa couche au courant de la soirée, temps pis, au moins lui aura t’elle arrachée plusieurs sourires et même quelques rires.
Se rendait-elle compte du comique des situations dans lesquelles elle se mettait ou vivait-elle ainsi sans jamais réellement comprendre ce que les gens autour d’elle pouvaient bien penser d’elle ?
Peut-être simplement qu’elle s’en moquait éperdument et ne prenait donc même pas la peine de ne serait-ce que tenter de les comprendre… Peut-être que cette extravagance dont parlait certains articles que le blond pensait surfaite était la pure réalité.
Pour avoir connu sa sœur, l’avoir côtoyé à de nombreux galas et avoir même partagé quelques instants d’intimité fugace, il ne comprenait vraiment pas comment la cadette pouvait être aussi exubérante en ayant une ainée aussi… commune ? Belle, distinguée, plus riche que la moyenne, mais pareil à nombre de petites bourgeoise qu’il eut à fréquenter et qu’il aura à croiser tout au long de sa vie.
Quoi que… Emilie aussi était assez commune dans son genre. Simplement que ce dernier était bien différent de celui d’Anastasia.
L’argent et le pouvoir avaient fait perdre la raison à plus d’une personne au cours des siècles passé et en fera sans doute de même pour ceux à venir. Il n’était pas rare que les plus riches se retrouvent entièrement coupé des réalités d’un terrain qu’ils n’avaient pour la plupart jamais côtoyé de près comme de loin. Ulrich lui-même ne faisait pas vraiment partie de cette réalité qu’il avait fini par exécrer, bien qu’il gardait un pied dedans de par le désir de sa famille de continuer à étudier et à travailler comme tout un chacun, quand bien même possédaient-il suffisamment de moyen pour ne pas avoir besoin de le faire sur plusieurs longues générations.
Ils avaient des principes, aimait à dire son père. Des principes qui les poussaient à ne jamais se contenter du peu, à toujours donner du leur pour ne pas tomber dans la paresse et l’oisiveté.
Ulrich aimait son père plus que tout au monde, il était et resterait toujours son modèle.
Son père et Margaret étaient les deux personnes les plus chères à sa vie, malheureusement la seconde n’était plus et ne restait que son géniteur pour lui montrer la voie à suivre…
Sa mère ? Ulrich l’appréciait, bien sûr, il lui était reconnaissant d’avoir contribué à faire de lui ce qu’il était et de lui avoir apprit tant de langues dès son plus jeune âge, mais il ne pouvait s’empêcher d’éprouver pour elle une certaine répulsion.
Elle était ce qu’elle était, mais n’avait pas été pour lui la figure maternelle dont il avait eu tant besoin lors de ses primes années. C’était Margaret qui l’avait élevé et aimé, qui l’avait emmené au parc et l’avait privé de dessert, qui l’avait bercé dans ses bras potelés et lui avait assené plus de fessées qu’il n’était capable de les compter.
Fils de noble ou pas, il n’échappait jamais à la main punitrice de sa nourrice.
Le meilleur de ce qu’il était, c’était à elle qu’il le devait.
« Que dirais-tu de rire une fois de plus ce soir ? »  Tiré de ses pensées par cette simple phrase, Ulrich répondit à sa proposition par un signe de tête affirmatif, souriant d’anticipation quant à la suite des événements.
Qu’avait-elle bien pu prévoir ? Fébrile, le blond la suivie jusqu’à la sortie et, sous les yeux médusés de son chien de garde, observa sa proie de la soirée s’enfuir sans un mot avec son propre trophée de chasse, un jeune éphèbe sortant tout droit de la foule d’inconnu pour venir s’installer aux côtés d’Emilie dans sa voiture personnelle sous le regard admiratif de l’Autrichien.
Elle venait purement et simplement de couper l’herbe sous le pied de ses suivants.
Comme pour lui prouver qu’elle était maîtresse de la situation et de sa vie, elle avait ignoré la voiture qu’on lui avait apprêté et s’était enfuie en compagnie de son passe-temps de la soirée au nez et à la barbe de sa garde.
Admiratif, Ulrich ne pus s’empêcher de jeter un coup d’oeil amusé en direction de Daikiro avant de hausser les épaules d’un air provocateur et s’en aller à son tour, appelant son chauffeur pour qu’il vienne le récupérer à l’endroit convenu.
Non, décidément, même si l’héritier Von Kuffner était rentrer seul, il n’était véritablement pas venu pour rien à cette soirée. Il lui tardait de revoir Emilie lors d’une prochaine.

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