On est déjà fin Mars. C’est étonnant, comme le temps passe vite. Dans pas si longtemps que ça, les pruniers et les cerisiers vont se mettre à fleurir, les groupes d’amis et de collègues, les couples vont se réunir pour observer la vue, l’atmosphère va être conviviale et, avec la fin de l’hiver, les rues et les parcs vont se remplir d’individus et de groupes cherchant le soleil et un peu d’air frais.
À vrai dire, cette ambiance ne peut qu’ajouter à ma bonne humeur. Un brin de vent souffle, mais il fait plutôt bon, assez pour que je n’aie à porter qu’un t-shirt et une veste un peu chaude lorsque je suis dehors. Bien sûr, je ne peux pas encore porter des chaussures ouvertes, mais les baskets font très bien l’affaire et sont très confortables, alors ça me va. Non, vraiment, je n’ai pas de raison d’être de mauvaise humeur, alors, par défaut, je suis de bonne humeur. Et même, aujourd’hui, je me suis fixé une mission. Depuis un moment, je croise souvent une fille dont le visage m’est familier. Pas parce que je la vois souvent dans la vraie vie, non, mais d’ailleurs. À vrai dire, ça m’a pris un moment de réaliser où j’avais déjà vu ce visage. Et finalement, j’ai trouvé. Dans les commentaires de mes vidéos, il y a une icône avec ces traits là, exactement identiques. Revoir ce visage dans les couloirs au milieu de la foule, la première fois, avait été une drôle d’expérience. Pas dans un sens négatif, non, mais j’avais souvent entendu des histoires de personne se connaissant par internet et se rencontrant soudain. Seulement, comme je ne joue pas aux jeux vidéos et que je ne vais pas sur internet plus que ça à part Youtube et Twitter, forcément, ça ne m’était jamais arrivé.
Du coup, j’ai peut être eu un comportement un peu bizarre, mais j’ai cherché à savoir qui était cette fille. Et il se trouve qu’elle étudie la danse elle aussi, en première année. À part son nom et son cursus, je ne sais pas grand-chose d’elle. Mais inutile de la stalker, je peux tout simplement aller lui demander en face si c’est bien elle la personne qui met toujours des commentaires, et à laquelle je m’efforce de répondre à chaque fois. Quelque part, j’ai un peu l’impression de la connaître, mais sans rien savoir d’elle. Alors maintenant que je sais à peu près où et comment la trouver, je crois que le moment est venu d’aller lui parler, et ce, espérons, sans lui faire peur. Bon, cette dernière partie risque d’être compliquée, mais il suffit juste d’être souriant et de ne pas lui parler trop près. Il paraît que les filles détestent ça, quand les garçons se rapprochent trop alors qu’elles ne les connaissent pas. Enfin, je suppose.
Tout ça pour dire que vu que je sais dans quelle salle est son dernier cours (creepy, moi ? pas du tout), il me suffit simplement d’y aller après mon dernier cours et d’engager la conversation. La journée passe assez vite, entre les cours théoriques, les répétitions, et le reste, et finalement l’heure de la fin de la journée a sonné. Heureusement, nos salles de cours sont dans la même aile, donc ça ne devrait pas me prendre trop longtemps de rejoindre l’endroit où elle devrait être. Je range mes affaires à la hâte, les fourrant dans mon sac que je jette par dessus mon épaule avant de m’élancer d’un pas rapide dans le couloir. Evidemment, c’est déjà la cohue, et je dois me faufiler dans la foule afin de ne pas être trop ralenti.
Bon, le temps que je sois arrivé à la salle de cours, c’est vide, les élèves s’étant dispersés un peu partout. Je regarde autour de moi, et dans un océan de chevelures brunes, ses cheveux blonds se remarquent tout de suite. Je bouscule quelques personne pour finalement arriver à côté d’elle. Je la devance même légèrement, me mettant un peu sur le côté, et me tournant vers elle, dos à la direction vers laquelle je me dirigeais juste avant. Ici, le couloir est un peu moins bondé. Je lui fais un grand sourire, la paume de ma main caressant ma nuque.
« O’Connor Chrissy ? »
Ouch. Mon accent anglais n’est pas terrible.
« Désolé de te pourchasser comme ça. Boku no na wa Himura Kaede desu. »
Je la salue en m’inclinant très légèrement, toujours en souriant.
« Dis, ça va te paraître bizarre comme question, mais tu ne serais pas chrissaisling sur Youtube ? »
Encore une fois, mon accent anglais formidable a frappé sur la prononciation du pseudonyme. Et je parle probablement beaucoup trop vite, en fait. Mais peut être que son japonais est courant ? J’imagine qu’elle me le dira si elle ne comprend pas ce que je dis, après tout, le Kansaiben n’est pas le plus simple à comprendre pour les gaijin.
« En fait, je lis souvent tes commentaires sur mes vidéos, et j’essaie d’y répondre dès que je peux ! Et j’ai cru t’avoir reconnue. Omoroi* ne ? Ee yan** ! »
Je laisse échapper un rire tout en haussant les épaules.
« En fait, je pensais que tu venais du bout du monde, du coup quand je t’ai reconnue dans un couloir, je me suis dit qu’il fallait absolument que je vienne te parler ! »
Je sautille presque d’excitation. Je me demande ce que les gens qui jouent en ligne ressentent quand ils rencontrent les membres de leurs équipes ou ce genre de trucs. Est-ce que c’est le même genre de sentiment ? C’est marrant, quand même, comme situation. Après tout, j’ai presque l’impression que nous sommes déjà amis alors qu’on ne s’était jamais rencontré jusqu’alors.
*Omoroi, version raccourcie d'omoshiroi, utilisée dans le Kansai pour dire "c'est marrant" ou "ça alors" ** Ee Yan, kansai-ben pour dire "trop cool" ou exprimer un sentiment positif
strangers without goals pv. Chrissy
Chrissy O'Connor ♣ Université - 2ème année
Genre : Age : 26 54
KMO :
Sujet: Re: strangers without goals [Chrissy] Ven 30 Mar 2018 - 13:51
Fin mars. Presque déjà un an qu’elle est arrivée au Japon, à Keimoo. On ne peut pas dire que cette année ait été la meilleure de sa vie. Et pourtant. Elle a passé si vite. Chrissy a vécu plus en moins d’un an qu’en 18 ans d’existence. Elle ne sait pas si elle doit trouver cela triste ou au contraire s’en réjouir. Elle a vécu des belles choses, des choses moins belles. Est-ce que les choses moins belles prennent le plus de place ? Sans doute oui, elle a longtemps été seule et les rencontres qu’elle a faites ont souvent été provoquées par une mauvaise chose. Mais elle a rencontré des gens. Elle ne sait pas où tout cela la mènera, mais elle n’est plus si seule en cette fin d’année scolaire. Elle n’a pas encore trouvé sa place dans cet endroit, mais elle est déjà moins perdue qu’au début. Parfois ce qu’il faut, c’est juste un peu de temps.
Le professeur annonça la fin de l’épreuve et Chrissy revint sur terre. Il était temps ! Cela faisait à présent un moment qu’elle avait fini de composer et qu’elle attendait la fin de l’heure. Examen d’anatomie, loin d’être la matière préférée de la jeune femme, mais il n’avait rien de difficile. Tout danseur doit connaître son corps. Le sujet était entre autre de replacer tel ou tel muscles, tel ou tel os, tel ou tel nerf et de lister les blessures auxquelles un danseur pouvait être particulièrement exposé. La danseuse déposa sa copie sur le bureau et sortit. Elle venait d’achever son dernier examen théorique. Il ne lui restait plus qu’un examen, et celui-là s’appelait « Spectacle de Clôture d’Année Scolaire ». Chrissy leva les yeux au ciel, il aurait pu lui trouver un autre nom. Cela sonnait tellement ennuyeux, alors qu’elle était persuadée que c’était loin de l’être. Elle avait vu les étudiants des années supérieures monter en fébrilité et en excitation depuis que la date avait été annoncée. Cet examen était le dernier de l’année, pour tous les danseurs, toutes années confondues. Chacun devait présenter une composition chorégraphique originale, c’était non seulement l’occasion de se faire plaisir en validant son année mais aussi l’occasion de briller, de se faire repérer. Sa propre chorégraphique était déjà presque fini, elle n’avait plus que son costume à fignoler et les dernières réticences des professeurs, à mettre des pigments colorés partout sur la scène lors de son passage, à faire tomber. Si elle passait en dernier, ce n’était pas si grave, ça pouvait se négocier, non ?
Chrissy s’extirpa tant bien que mal de la cohue qu’impliquait la fin de la journée et se retrouva nez à nez avec un garçon qui s’était délibérément posté devant elle. Elle l’avait vu la dépasser sans vraiment y faire attention, elle avait pensé qu’il était peut-être pressé après tout. Mais il s’était mis de elle. Il lui souriait et si la jeune danseuse n’avait pas percuté qui il était au premier abord parce qu’elle était surprise, elle le reconnu avant même qu’il ne commence à parler.
_ O’Connor Chrissy ?
La jeune femme arrêta de marcher, autant parce qu’elle était troublée que ce ne devait pas être aisé pour lui de parler en marchant à reculons. Elle plissa les yeux, comment connaissait-il son nom ? Ils ne s’étaient jamais parlé qu’au travers de commentaires Youtube.
_ Aye ? C’est moi.
Sa voix était hésitante, elle ne comprenait pas ce qu’il pouvait faire là, et encore moins d’où il tenait son nom.
_ Désolé de te pourchasser comme ça. Boku no na wa Himura Kaede desu. Dis, ça va te paraître bizarre comme question, mais tu ne serais pas chrissaisling sur Youtube ?
C’était bien lui, bien qu’elle ne comprit pas tout ce qu’il avait dit, elle avait capté qu’il s’était présenté et qu’il avait évoqué le pseudo Youtube de la demoiselle, à présent Chrissy n’avait plus de doute. Mais que diable faisait-il ici ? Elle avait du mal à réaliser que la personne avec qui elle parlait le plus depuis des années se tenait devant elle.
_ Aye, c’est bien moi. Kaede, je n’en reviens pas !
_ En fait, je lis souvent tes commentaires sur mes vidéos, et j’essaie d’y répondre dès que je peux ! Et j’ai cru t’avoir reconnue. Omoroi ne ? Ee yan !
Chrissy essayait de se concentrer sur ce qu’il disait, il parlait vite et utilisait parfois des mots ou des formulations que l’écossaise ne connaissait pas ou n’arrivait pas à reconnaître. Mais elle essaya de ne rien en laisser paraître.
Bien qu’elle doive vraiment faire attention pour comprendre le jeune homme, elle ne pouvait nier que son excitation était contagieuse. Elle même aurait eu envie de s’exclamer dans une sorte de « aaaaaaaaah » strident, comme des amis qui se retrouvent après des années de séparation. Chrissy rendit enfin son sourire à Kaede, son regard pétillant de l’énergie positive qui l’avait envahie.
En effet, la jeune danseuse n’avait jamais manqué aucune vidéo de Kaede Himura, elle aimait beaucoup ce qu’il faisait. Tout avait commencé quand il avait fait sa première vidéo, elle était tombée sur lui par hasard et curieuse, elle avait suivit son évolution, laissant un petit commentaire sous chacune des séquences qu’il postait, tantôt un conseil, tantôt un avis, tantôt une question. Ils finissaient toujours par parler des heures d’un sujet ou d’un autre comme s’ils se parlaient en privé alors que ce n’était absolument pas le cas.
_ Merci de me répondre à chaque fois, j’ai parfois l’impression de te harceler.
Chrissy replaça une mèche de cheveux derrière son oreille et sourit timidement.
_ Je te l’ai sans doute écrit des tonnes de fois. Mais maintenant que j’ai l’occasion de te le dire en face...Waouh je n’aurais jamais cru ça possible ! J’aime beaucoup ce que tu fais.
_ En fait, je pensais que tu venais du bout du monde, du coup quand je t’ai reconnue dans un couloir, je me suis dit qu’il fallait absolument que je vienne te parler !
_ Tu n’es pas si loin de la vérité, je viens du bout du monde. Je suis écossaise, je ne suis arrivée que cette année au Japon. C’est dingue de te retrouver ou plutôt de te rencontrer ici ! Qu’est-ce que tu fais là ?
Alors que je l’interroge sur son identité, la jeune femme blonde s’arrête en plein mouvement, un air confus peint sur le visage. Il faudra peut être que je lui explique comment j’ai trouvé son nom, etc. Mais pas pour l’instant. Pour l’instant je suis beaucoup trop excité de retrouver quelqu’un avec qui je parle autant comme ça, d’un coup, et surtout ici à Keimoo. Elle confirme bien qui elle est et je lui fais un grand sourire avant de me présenter à mon tour. Elle semble surprise de me trouver ici et, à vrai dire, je la comprends totalement. Elle me sourit en retour et du coup mon propre sourire s’élargit d’autant plus. Elle confirme être, en effet, la personne avec qui je dialogue par commentaires interposés depuis bientôt deux ou trois ans, et j’ai du mal à m’empêcher de sautiller d’excitation. Elle me remercie de toujours lui répondre et je pars d’un rire franc.
« Aaa, c’est rien ! Au contraire, honma ookini à toi ! Ça me fait super plaisir de savoir qu’au moins une personne regarde mes vidéos. »
J’éclate à nouveau de rire, la couvant du regard. Elle est plus petite que j’imaginais. Mignonne. Je lui tapoterais bien le dessus de la tête, mais même moi je sais qu’on ne fait pas des choses comme ça quand on ne connaît pas bien les gens. Mais en même temps c’est comme si on se connaissait bien, non ? Non, Suzuchan désapprouverait. Je me calque sur elle pour savoir ce qui est correct ou non. Donc pour l’instant je me retiens, qui sait pour combien de temps. J’ai l’impression de retrouver une vieille amie, en quelque sorte. Elle complimente mon travail et je me lance dans une petite courbette suivie d’un grattage de tête un peu gêné. J’ai l’habitude de recevoir des compliments, mais plutôt de mes profs. Je souris, expliquant mon empressement à la rencontrer pour de vrai. Lorsqu’elle explique venir d’Ecosse, j’écarquille les yeux sous le coup de la surprise.
« Ariehen ne ! Omoroi ! Ton Japonais est meccha bon ! »
J’ai un nouveau rire, un nouveau mouvement de ma main qui vient se placer sur ma nuque.
« Ben figure toi que je suis étudiant ici. Je viens juste de revenir d’un peu plus d’un an à l’étranger, enfin t’as dû voir ça dans mes vidéos. New York ! Honma Chau ! Bari bari ee yan ! »
Wow. Okay. Peut être un peu trop d’osaka ben dans une seule phrase. Je ralentis un peu la cadence. Il faut que je prenne plus en compte les autres. Je reprends mon souffle et lui souris, avant de reprendre plus lentement.
« Je viens juste de rentrer, pile alors que les préparations pour les examens commençaient. La nuit dernière est la première où j’ai dormi plus de deux heures depuis environ trois semaines. »
Je dois toujours avoir une tête de zombie mais j’ai la chance d’avoir de l’énergie à revendre. Et puis le fait d’avoir quatre grammes de caféine pure dans chaque bras aide aussi probablement. Je lui fais de nouveau un grand sourire, tout en me retenant une fois de plus de lui tapoter la tête.
« Et toi, tu étudies ici du coup ? C’est pas trop difficile ? Comment ça se passe, tu t’es fait des amis ? »
Là, tout de suite, j’ai l’impression d’être un vieux qui parle à sa protégée, alors qu’en fait on se connaît à peine. Mais de ce que je connais d’elle, je l’apprécie grandement, donc j’aimerais bien que tout se passe bien pour elle. Je regarde autour de nous, alors qu’un étudiant visiblement pressé me bouscule, et caresse de nouveau l’arrière de ma nuque.
« Tu es occupée là, où tu as un peu de temps ? »
En jetant un œil par la fenêtre il n’est pas compliqué de discerner qu’il fait beau. Nous sommes au rez-de-chaussée, ce qui facilite aussi grandement l’accès à l’extérieur, puisqu’il y a une porte seulement à une dizaine de mètres.
« Laisse moi t’offrir un café, ou un thé, ou… ce que tu veux. Je suis tellement content de te rencontrer ! Et puis tu vas me raconter comment tu t’acclimates au Japon ! »
Parfois, je suis plutôt content d’être du Kansai et pas du Kantō. Ça m’évite de me prendre la tête cent ans avec chaque chose. Au moins je demande les choses directement. Mais du coup, parfois, heureusement que j’ai Suzuchan comme repère. En tout cas, Chrissy ne semble pas refuser, je me dirige donc vers la porte en question et la tient ouverte pour la frêle jeune femme, avant de lui emboiter le pas, et nous nous retrouvons dehors. Il y a un distributeur pas loin et, malgré la cohue, pas de queue. Je l’atteins en quelques enjambées, sortant ma carte.
« Tu veux quoi ? Tsumetai? Atsū? »
Pour ma part, j’ai déjà choisi. Ça sera une cannette de café noir, histoire de garder le flux constant de caféine à des taux élevés. J’ai encore beaucoup de choses à faire avant de pouvoir finalement me reposer, une fois les examens passés. J’inspire un grand coup. Je suis encore un peu en sueur et le léger vent me fait du bien sans me donner froid. Je la laisse choisir sa boisson avant de payer et de me retourner vers elle.
« Tu veux t’asseoir où ? Il y a le choix ! »
Je désigne d’un geste de la main les divers bancs qui émaillent la bande de gazon entourant le bâtiment et longeant les murs.
Honma ookini: merci beaucoup Ariehen: incroyable Omoroi: "c'est marrant" ou "ça alors" meccha: très honma chau: vraiment différent bari bari ee yan: " vraiment trop cool", exprime un sentiment positif atsū: diminutif de astui, chaud.
strangers without goals pv. Chrissy
Chrissy O'Connor ♣ Université - 2ème année
Genre : Age : 26 54
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Sujet: Re: strangers without goals [Chrissy] Jeu 28 Juin 2018 - 20:49
Kaede parlait beaucoup, vite et sans laisser le temps à la jeune écossaise de répondre. Elle qui, essayait tant bien que mal de saisir tout ce qu'il disait, ce qui n'était pas une mince affaire. D'ailleurs malgré ses efforts elle ne comprenait pas tout, faisant plus preuve d'une certaine déduction que de compréhension réelle.
Elle cru comprendre qu'il trouvait son japonais plutôt bon, ce à quoi elle ne pu s'empêcher de rougir.
_ Je ne sais pas si il est bon, mais j'essaye de me débrouiller. J'ai encore un peu de mal avec le japonais...
Chrissy lui fit un petit sourire gêné, s'excusant silencieusement de ne pas tout comprendre et de ne pas parler aussi bien que lui ne le faisait. Elle avait encore du chemin à faire.
Kaede lui expliqua qu'il revenait de New York, le pays où travaillait Isabel Andersan, la mère de la demoiselle avant qu'elle n'épousât James O'Connor et qu'elle ne vînt se réinstaller en Ecosse avec ce dernier. Bien sûr, la danseuse avait suivi ce que son collègue, si on pouvait dire ainsi, faisait à New York en matière de danse mais c'était un des pays que Chrissy rêverait de voir. Après l'Ecosse bien sûr qui resterait sa priorité absolue.
Le jeune homme lui posa des questions sur comment elle se sentait au Japon, ce qu'elle étudiait, si elle s'était fait des amis. Cela surpris quelque peu la jeune femme qu'il s'inquiète autant de son intégration et de son bien être. Il se connaissait certes, mais pas plus que ça. Cependant ça ne dérangeait vraiment pas la demoiselle de lui répondre. Elle n'eut pourtant pas le temps de le faire puisqu'il l'invita dans la foulée à prendre quelque chose à boire et d'aller s'asseoir dehors. Chrissy accepta, un peu gênée que Kaede ne lui paye quelque chose, même si ce n'était qu'une boisson. Elle prit un thé et lorsque sa boisson fut prête, elle sortit avec le jeune homme, qui lui tenait galamment la porte, à sa suite. La jeune danseuse marcha jusqu'à un banc un peu à l'écart du bâtiment, où il n'y avait pas beaucoup de monde, et s'y assit. Elle bu une gorgée de sa boisson et entreprit de répondre aux questions précédentes qui lui avaient été posées.
_ Aye j'étudie ici. Je suis en 1ère année de danse et je prépare l'EAT en parallèle. Je viens de finir mes examens aujourd'hui. Enfin presque, il m'en reste un à passer. Celui du spectacle de fin d'année, je dois encore me battre avec les professeurs sur quelques aspects scéniques mais ça devrait aller.
Chrissy fit une pause, balançant ses jambes vu que sa taille ne lui permettait pas de poser les pieds par terre en étant assise au fond du banc et regarda Kaede. Elle lui sourit et reprit.
_ Ce n'est pas si difficile que ça, je me débrouille. Le plus dur c'est de respecter les exigences des professeurs qui pour la plupart d'entre eux se résument à une règle. Rester académique. Ce que je n'aime pas du tout. Mais bon, il faut faire ce qu'il faut pour réussir.
La jeune danseuse détourna alors le regard pour se poser sur un groupe d'amis bruyant qui se chamaillait gentiment en riant. Elle fut soudain plus pensive, plus triste.
_ J'ai quelques connaissances oui, mais pas vraiment d'amis encore. On ne peut pas dire que je m'entende avec les autres filles de ma promo. Elles ne m'aiment pas, je n'ai jamais compris pourquoi...
Non décidément elles ne l'appréciaient pas. Certains lui disaient que c'était par jalousie. Mais l'écossaise ne trouvait pas qu'elle ait des raisons d'être jalousée. Elle haussa les épaules, chassant ces sombres pensées de sa tête et regarda à nouveau Kaede en souriant.
_ Et toi alors ? New-York c'était comment ? Et tu n'as pas trop de mal pour tout rattraper avant les examens ? Comment ça se passe ? Tu participes à l'examen pratique, dit spectacle, de fin d'année ?
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