• Histoire :
(Soyez le plus précis possible ! )-
Selon vous, qu’est-ce qui fait la popularité de Masuda ?-Son sourire. Oh, et ses yeux… Oh la la ses yeux !
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Que des critères physiques ? -Oh non. Il est sympathique ! Toujours souriant et avenant. Une touche d’humour toujours bien placée !
Ramassis de conneries.
Arata Masuda, né à Keimoo le 28 décembre 1995.
Hey, Dad ! Look at me. Did I grow up according to your plans ? And do you think I’m wasting my time, doing the thing I wanna do ? (Simple Plan)
Grandir comme étant le seul garçon d’une famille aisée n’a pas été de tout repos. Pour résumer la situation, je suis le troisième enfant d’une fratrie de quatre. Enfin fratrie est un bien grand mot puisque je suis effectivement le seul garçon. J’ai donc deux grandes sœurs : Meiko, l’aînée et Lea, aînée d’un an seulement. La petite dernière de la famille s’appelle Ayame. Mes relations avec mes sœurs sont… Particulières. Tantôt l’indifférence, tantôt la braise. Parfois un peu d’amour et de soutiens, accompagnés de quelques rires.
Mon père m’a toujours enseigné qu’en tant qu’homme respectable que je me devais d’être, il fallait que je devienne quelqu’un sur qui l’on peut compter. Qu’il ne fallait jamais se relâcher une seule seconde et prendre toutes les responsabilités. Sauf qu’il faut dire ce qu’il en est. Les responsabilités sont loin d’être à mon affaire. Je préfère mille fois éviter cette pression inutile que les japonais ont don de s’affubler. A quoi bon se faire souffrir inutilement pour des personnes qui ne nous le rendront jamais ? C’est pour cela qu’il est simplement hors de question que je me transforme en un prototype de mon père.
Mon enfance fut donc réglée aussi parfaitement qu’une partition, les minutes courant sur les touches, sans aucune fantaisie. Les leçons, la musique, quelques heures accordées à un loisir particulier… Une bulle de petite vie rangée et parfaite qui a finit par me donner la nausée. Pas un cheveu ne se devait de dépasser se ma coiffure –ou de celles de mes sœurs, par ailleurs- au point d’avoir pour consigne de se recoiffer plusieurs fois par jours.
I tried to be perfect, but nothing was worth it. I don’t believe it make me real. (Sum 41)
J’ai eu cette période, comme bien d’autres avant moi. Celle où plus rien ne va, que l’on se sent chez soi nulle part à la fois. La pression familiale me mettait tellement hors de moi que je finissais par faire tout le contraire de ce qui m’était demandé. Unique exutoire de mes frustrations… Aux environs de mon adolescence, lorsque prit conscience que je pouvais simplement être un humain à part entière, n’appartenant à personne, tout changea. L’aube de ma jeunesse débuta lorsque je pris l’audace de contredire mon père pour la première fois. La sanction en fut conséquente, mais jamais je n’eus pareille satisfaction qu’en cet instant. Et je décidai de recommencer, encore. J’étais devenu le vilain petit canard de la famille, celui dont on a honte. Celui qui permet de se plaindre aux voisins, aux amis. Celui qu’on n’arrive plus à gérer, qui est trop difficile, qui n’écoute rien. Qui nous déborde d’angoisses telles que l’on a du mal à en dormir la nuit. Je vivais simplement selon mes propres règles, en dehors de mes parents. Une chance pour eux, l’école était pour moi quelque chose de plaisant, ma curiosité poussant à aimer l’apprentissage de nouvelles choses. Le système scolaire en lui-même reste à revoir, mais il était à l’époque, mon seul moyen pour remplir ma soif de connaissance. Douce époque sans internet…
Etais-je donc seulement le reflet du parfait pantin qu’il voulait que je sois ? Cette vie bien rangée, parfaite, où la maison est propre, les enfants sont sages… Que l’on respecte les horaires, qu’on ne laisse place à l’imprévu ou à la nouveauté. Même la stimulation musicale était prohibée. Il fallait jouer les notes parfaitement. Cette vie là, vous savez quoi ? Elle me débecte. Je suis quelqu’un ayant besoin d’action. Je m’ennuie beaucoup trop facilement pour me satisfaire de me coucher aux mêmes horaires chaque jour de mon existence.
It’s like you’re my mirror. (Justin Timberlake)
S’il y a une personne que je sois remerciée dans ma vie, je citerai sans hésiter ma cadette, Ayame. Bon sang, même si je ne crois pas en une forme divine, je pourrai les en remercier de l’avoir fait naître dans ma vie. Une touche de douceur, de fantaisie. Ma bulle d’oxygène parmi cette ville de béton et de pollution. La touche colorée qu’il manquerait à ma vie. Elle est bien plus que ma petite sœur, elle est l’être humain que je préfère en ce monde. Sa douceur m’apaise comme rien ne le pourrait. Un simple regard et je comprends ce qu’elle veut me faire passer. S’il y a bien quelqu’un pour qui je serai capable de tout, c’est bien elle. Je reflète dans son regard toute l’innocence dont je voudrai pouvoir faire preuve. Et dans l’océan de ses yeux j’y trouve un phare. Cette lueur qui me chante que je suis peut-être quelqu’un de bien. Qui me donne la force de continuer à faire les choses comme je les considère justes. Peut-être qu’au fond, je ne suis pas qu’un connard insensible.
Tous jeunes déjà, nos parents n’étaient préoccupés que par l’éducation (« primordiale », je cite) de Maya, afin qu’elle rentre dans toutes leurs espérances. La notre passait en ordre un peu moins prioritaire. Bien moins que leur travail qui semblait manger l’ensemble de leur temps. Ce fut donc auprès d’une nourrice, babysitter ou je ne sais trop quoi, et de notre grand-mère, que nous avions grandit. Cette femme ne m’inspirait nullement confiance, j’avais l’impression que derrière chaque acte de gentillesse, elle s’attendait à ce que nous nous tenions sages. En cela, Ayame et moi sommes devenus proches. Je prenais un point d’honneur à m’occuper d’elle afin qu’elle ne soit pas pervertie par l’ambiance familiale putride. Fort heureusement, ce ne fut pas le cas.
Cause I remember every sunset. I remember every word you said. (Simple Plan)
2006, année charnière de ma vie. Celle de ma rencontre avec Ryûsuke. Nous nous sommes connus lors de cette période transitoire de mon existence où de multiples questions m’assaillaient déjà. Qui étais-je ? Pourquoi devais-je vivre sur cette terre ? Quel sens voulais-je donner à ma vie ? Simplement, pourquoi n’étais-je pas libre de voler ?
Le mois de juillet du début de ma vie. L’été et les vacances venaient tout juste de débuter et déjà les beaux jours prenaient toute la place dans mon esprit. Première année en tant que collégien, découvrant au monde une toute nouvelle liberté que je n’avais jusque là jamais connue. La ville devenait un terrain de jeu que nous explorions chaque jour avec entrain. Clairement, nous étions les deux emmerdeurs du quartier, pourchassé par la concierge de l’immeuble en face du collège à grands coups de balais. Je crois que je n’ai jamais autant rit que cet été là.
Les années suivirent sur la même rengaine... La plage et le surf, les nuits blanches, l’alcool, quelques filles dont j’ai rapidement oublié le prénom. Quelques empruntes laisser sur les murs, des courses poursuites pour échapper aux forces de l’ordre. Qui très souvent nous rattrapaient. Mes parents essayèrent de m’interdire de le revoir, mais ce fut sans résultat. Partir de la maison était pour moi une simple formalité. Et voir la police débarquée pour me ramener à chaque fois n’était pas pour arranger à leur réputation. Je m’en contre fichait, nous étions les rois de la nuit. J’avais l’impression que je pouvais posséder le monde. Les choses n’étaient pas toujours facile, parfois nous avions plus de mal que de peur, rentrant avec des hématomes ou des blessures jamais bien graves.
Des bagarres d’adolescents, c’est un garçon après tout. Ca lui passera ! Mon père tentait de se rassurer comme il le pouvait, je l’entendais discuter de mon cas assez régulièrement avec ma mère dans le salon, le soir. Et vous savez quoi ? Je m’en exaltais. Déranger leur petite vie tranquille de bourges était pour moi le plus fin des amusements.
Ryûsuke fut celui qui me fit découvrir l’exaltation. Avant lui, j’avais l’impression de n’être qu’un monstre. De n’avoir aucune once d’humanité, de ne ressentir que très rarement du plaisir dans ma vie. La nuit et la ville étant notre terrain de jeu, ce fut grâce à l’une de ses remarques que je me rendis compte de mes capacités sportives, notamment dans les sauts. Moments où ma jouissance ne trouvait nulle égale. J’avais juste à fermer les yeux et sentir le vent dans mon visage. Me sentir libre. Avoir l’impression de voler.
Nous étions les rois de la ville, et presque rien ne pouvait nous arrêter.
Let the mark I can’t erase. (Simple Plan)
Si je vous parle de Ryûsuke, il faut assurément que je vous parle de Reira. Fleur des fleurs de ma vie. Ayame s’étant mise à la musique, il m’arrivait souvent de l’accompagner pour assister à ses concerts improvisés. Ce fut à ce moment que je la vis pour la première fois. Un chignon à peine coiffé sur l’arrière de sa tête, une légère touche de maquillage, très discret et adapté à son âge. Tout en elle m’attirait. Son rire, ses regards, cette petite fossette qui se dessinait sur le coin de sa joue lorsqu’elle se mettait à sourire. C’était une étoile que j’avais eu la chance de rencontrer. Très vite nous avions sympathisés et nous avions décidé de nous voir en dehors de ces moments musicaux. Ryûsuke m’accompagna quelques fois et trouva beaucoup de sympathie chez elle également. C’est à partir de là, quelques mois avant notre entrée au lycée, que Reira entra dans notre petite bande et que je tombais amoureux pour la première fois.
Il était rare que je montre de l’intérêt pour qui que ce soit en règle générale. Je finissais toujours par être déçu, lassé, ennuyé. A chaque fois qu’une petite étincelle d’espoir s’animait, dans l’attente d’être surprit, elle s’éteignait aussi tôt. Rien. Personne. Et pourtant, ce n’était pas faute d’essayer. De sympathiser, de partir à la rencontre de nouvelles personnes, d’élargir mon réseau, d’aller aux soirées. Depuis que j’avais enfin accepté cet étrange sentiment que je pouvais avoir envers Reira, je n’avais accepté plus aucune autre fille dans ma vie. Elle m’obsédait, littéralement. Et progressivement, je voyais mes chances se réduire à néant. Jusqu’au jour fatidique de cette soirée où elle échangea son premier baiser avec Ryûsuke.
Mon cœur s’émietta sur le trottoir, se laissant écraser par la circulation mouvante de la ville.
War of change. (Thousand foot Krutch)
Le lycée arriva bien plus vite que je ne l’aurai cru. Bien évidemment, tous les espoirs de mes parents résidaient dans mon entrée à la grande académie de Keimoo. Maya et Lea y étaient toutes deux et je me devais, en tant qu’unique fils Masuda, d’entamer de grandes études en commençant mes études là-bas. Je vous laisse deviner que j’ai bien évidemment refusé cette proposition. Ryûsuke y était déjà inscrit depuis longtemps, comme une évidence familiale qu’il se devait de remplir et dont le fait d’être forcé ne le gênait au final pas plus que ça. Nous nous étions promis de se revoir régulièrement, de ne pas perdre notre amitié qui était pour moi aussi vitale que le fait de respirer. Le lycée de secteur dans lequel je me suis rendu (sous « promesse » à mes parents que je me calmerai un peu s’ils acceptaient de me laisser là bas) était accolé au collège où Reira et Ayame se trouvait. Je pouvais encore profiter d’elle quelques années.
Le coup fatal fut donné l’année suivante : Reira allait s’inscrire au lycée de l’Académie de Keimoo pour rejoindre Ryûsuke, me laissant là.
And I told you to be patient. And I told you to be find. And I told you to be balance. (Birdy)
L’année où je fus séparé de Ryûsuke se passa relativement bien. Nous nous voyons assez régulièrement et ces petits moments privilégiés m’étaient précieux. Même lorsque nous nous voyons tous les trois, comme avant. Même si j’éprouvais certains sentiments pour Reira, j’appréciais tant ce que nous étions tous les trois que je ne pouvais me résoudre à tout laisser tomber.
Et pourtant… Et pourtant les choses n’étaient pas aussi simples que je l’aurai souhaité. J’étais pour ainsi dire, le cul entre deux chaises. La relation entre Ryûsuke et Reira était solide, ils s’aimaient plus que passionnément. Seulement, ces choses là ne suffisaient parfois pas et je les voyais se détruire l’un l’autre, progressivement. Impuissant et totalement désemparé. Je voyais Reira pleurait bien trop de fois et tentait de la consoler comme je le pouvais. Ryûsuke lui, ne voulait simplement pas en parler. Il devenait aigre, grognon et vivait beaucoup plus amère.
L’année qui suivit, lorsque j’appris que Reira voulait entrer à Keimoo, je pris une décision. Je suis allé m’excuser auprès de mes parents, afin de leur démontrer que j’avais grandit et que les choses n’étaient plus pareilles, que j’étais prêt à aller faire mes études à Keimoo s’ils souhaitaient encore m’y inscrire. Bien entendu, la nouvelle fut accueillie telle une parole sacrée et très rapidement, ils démarchèrent pour pouvoir m’y inscrire, fiers de ma maturité. Si seulement ils savaient à quel point je peux me contre ficher de leur fierté à deux sous. L’idée d’être loin de Reira et Ryûsuke m’était simplement insupportable. Et j’étais prêt à tout, pour les rejoindre.
I want make out with a perfect stranger. Tonight, I’m on a mission to get you out of my system. (Simple Plan)
Comment aurais-je pu deviner que tout ne serait au final qu’une succession de déceptions ? J’avais placé tous mes espoirs en Keimoo, emprunte dans l’ombre de ce passé où tout était parfait. Nous avions grandit, c’était indéniable. Mais je ne pensais pas que les choses pouvaient changer à ce point. J’avais tout prit comme acquis, comme j’en ai souvent l’habitude. Et je m’étais prit la plus grosse claque de mon existence. Ou du moins, presque.
Ryûsuke avait changé durant son année à Keimoo, blessant d’autant plus Reira de par son comportement. Elle s’attendait elle aussi à retrouver ce que nous avions toujours entretenu en arrivant ici. Ryûsuke ne faisait que peu attention à elle, bien trop occupé à trainer avec sa nouvelle bande d’amis. Chaque pause, il sortait au coin fumeur pour aller s’en griller une ou deux, alors que nous nous étions toujours dit que cette merde n’était pas pour nous, dans nos valeurs enfantines. Lui avait grandit, il fallait qu’on en fasse autant, qu’il nous reprochait. Tout se dégrada progressivement. Jusqu’à ce que nous ne retrouvions même plus aux heures de la pause déjeuné. Je n’ai jamais vu Reira aussi mal qu’en cette époque. Malgré toutes mes tentatives, elle préférait s’isoler pour pleurer. Sortir ne l’intéressait plus, tout comme Ryûsuke semblait perdre tout son intérêt en Reira.
Same bed, but it feels just a little bit bigger now. Our song on a radio, but it don’t sound the same. And my heart break a little when I hear your name. (Bruno Mars)
Avoir à renoncer à tout ce que nous avions construit… Tout ce qui m’était généralement difficile à obtenir dans mes relations… Ce fut la chose la plus difficile que j’eus à faire. Toutes les soirées du monde n’arrivaient pas à me faire oublier le rire de Ryûsuke et le parfum de Reira. Ma vie sociale n’en fut jamais autant remplie, je doublais mes heures au club de Natation auquel je m’étais inscrit en arrivant à Keimoo et dans le club de saut en hauteur et à la perche auquel j’étais inscrit depuis le collège.
Deux choses qui m’aidèrent globalement à oublier ce deuil que je me devais pourtant de faire. C’est fou comme l’on peut quitter la terre simplement en entrant dans sa bulle personnelle. L’eau me procurait cette sensation de contenance, de vide dont j’avais besoin. Ce vide qui m’empêchait de m’entendre penser. Cette sensation de ne faire plus qu’un avec l’environnement, de cesser d’exister. A quelque part, c’était la seule thérapie qui semblait fonctionner. Le saut me procurait lui bien plus de sensations. L’idée même de voler m’obsédait constamment, il me fallait ma dose. Je crois que c’est grâce à cet aspect que ma persévérance me valu une place au sein des études supérieures sportives dans la discipline de l’athlétisme.
L’année de mon entrée à l’Université signa la fin de cette fabuleuse amitié sur laquelle je m’étais bâti. Ryûsuke parti pour l’Australie, voulant persévérer dans le domaine du Surf. Ni Reira, ni moi n’avions été mit au courant. Ce fut une simple publication Facebook qui nous l’annonça. Comme si nous étions plus que des brides de son passé, laissé dans un tiroir-caisse, prenant la poussière. Nous ne représentions plus rien pour lui.
Et ce fut au tour de Reira. Dernière blessure béante, me laissant à même le sol. Mes espoirs passés brisés par ses révélations.
Should’ve been us. Coulda been the real thing, now we’ll never know fo sure. (Tori Kelly)
Si les mots ne peuvent concrètement tuer, mon âme fut plus meurtrie par sa révélation. Jusqu’à croire que mes fantasmes pourtant douloureux étaient préférables à cette situation. J’avais son regard dans la peau, brûlante de cet aveu.
Peut-être qu’une personne comme lui aurait pu mieux lui convenir. Non. C’était faux. Son amour brûlant avec Ryûsuke ne pouvait réellement pas être égalé. Elle le passait même avant sa propre existence !
Elle aurait peut-être moins souffert. Mon âme la supplia intérieurement de m’achever. De terminer ce supplice une bonne fois pour toutes. Soudainement, toutes ces phrases que j’avais milles fois rêvé d’entendre étaient devenues pires qu’un jet d’acide en pleine figure. Il était d’une chose de devoir se faire à l’idée d’un amour platonique. De se dire que les fantasmes qui en résultent restaient la seule porte d’évasion. Et soudainement, elle voulait de moi ? Elle me disait que les choses auraient pu être possibles si elle avait considéré les choses autrement ?
Assassine. Tue-moi encore mille fois que j’en redemanderai encore. Quel imbécile. Avais-je été si pitoyablement passible pour qu’elle ne remarque pas que je la dévorai du regard ? Que je buvais chacune de ses paroles et vivais au rythme de sa voix ? Rue-moi de coups que je n’aurai pas plus mal. Je me tenais droit face à elle, mon cœur se tordant des adieux prochainement prononcés. Je pouvais aisément le lire dans son regard, sa décision était prise. Elle ne reviendrait pas. Alors à quoi bon s’essayer. La porte était ouverte sur l’immensité d’un avenir vide. C’est vraiment étrange à considérer, non ? Ce dont on a toujours rêvé, là, à porter de doigt… Se refermant sur le vide d’une promesse égarée au détour de la gare.
L’annonce était tombée, dans un grésillement presque insupportable du haut parleur. Mon cœur se resserra au même titre que mes doigts. Elle devait partir. Elle avait prit sa décision de ne plus jamais revenir. D’accomplir ce rêve qu’elle ne s’était jamais permit d’envisager jusque là. Je devais accepter de la laisser partir, emporter mon cœur dans sa valise presque aussi grande qu’elle.
Le bruit de ses pas qui s’efface lentement reste encore gravé dans ma mémoire. Son parfum, coupé par la fermeture de la porte. Cet insupportable bruit du quai de gare, annonçant la fin, le départ de son train. Et ce dernier sourire adressé, pire qu’une lame plantée dans ma poitrine. Et son visage disparu dans l’obscurité de la soirée naissante. Me laissant planter tel l’abruti que j’avais toujours été.
Ara- Move on. You will be late.
Rei- Y’know… You worth it. Don’t forget that,
that was she say two seconds after.Ara- I know.
Ara- But nothing would be the same, without you.
Rei- …
Rei- Idiot. And she turns away with that smile on her mouth. That fucking beautiful smile. Comme un con sur le quai de la gare, laissant échapper entre ses doigts ce bout de rêve que j’aurai pu ne serait-ce qu’effleurer. Ma main tendue dessine un dernier tracé, retombant mollement contre ma cuisse. La gare se vide peu à peu et je reste figé. Piégé par cet ultime souvenir. Ma main avait su trouver la sienne quelques instants avant la séparation, laissant cette emprunte douce et chaude. Les sourcils froncés, je tentais de me rappeler, en vain. Son visage avait été absorbé par l’obscurité de la nuit naissance. Remplacé par le reflet des néons sur le vitrage, ne laissant apparaître que son sourire. Et sa main se secouant d’au revoir. Malgré tout les efforts que je pouvais y mettre, je détestais la sonnerie annonçant le départ du quai. Il annonçait la fin. L’ultime page que je devais tourner. Aller de l’avant en affrontant une allée de cerisiers, sans elle. Sans eux. Je devais bouger. Aller de l’avant. Mais mon corps refusait de bouger, comme enclin à ce dernier souvenir qu’il voulait à tout jamais imprimer sur ma rétine. Une dernière trace de son parfum mélangé à son sourire. Ce quai de gare fut seul témoin de ma promesse inaudible au goût printanier.
Tonight, out on the street, out in the moonlight. And damnit this feel so right, it’s just like a déjà vu. Me standing here with you. So, I’ll be holdin’ my breath. (Nickelback)
Non, clairement. Keimoo n’avait plus tout à fait les mêmes saveurs sans eux. La vie avait finit par séparé notre trio jusqu’à ce qu’il cesse lui-même d’exister à l’appel de cette sonnerie de gare. Déchirant cet ultime lien qui le faisait vivre encore un peu. Je marchai seul dans l’allée en ce jour d’avril, rentrée pour ma première année à l’Université. Les choses allaient être différentes, n’est-ce pas ? Mes parents s’étaient fait à l’idée, je me dirigeai vers le sport. Seul exécutoire de mes pensées négatives. Moments uniques où j’avais l’impression que rien d’autre n’avait besoin d’exister. J’attendais énormément de ces études, bien plus que ce fichu diplôme dont on nous rabâchait l’aspect essentiel pour une bonne réussite sociale et professionnelle. L’avantage d’avoir choisit Keimoo pour l’Université rendait mes parents contents et me permettait de rester auprès d’Ayame, en paix.
J’avais finit par quitter le domicile familial, décidant que Lea avait grandement raison de préférer son indépendance. Je ne m’y sentais simplement plus à ma place. Alors, j’avais choisit la première option : les dortoirs. L’on m’attribua à la chambre numéro deux du Rez-de-chaussée. Avec un camarade de ma promotion. Les premiers temps avec Nakamura furent compliqués. Il était de ce genre de personnes à m’énerver clairement, cachant toujours ce qu’il pense pour « ne pas déranger ». J’ai de nombreuses fois dû me faire violence pour ne pas lui dire clairement de péter un coup pour se détendre.
La première année se déroula ainsi, sans grand débordement je dois dire. J’ai retrouvé Ota, un camarade qui était autrefois dans le même collège que moi, où nous avions étudiés dans la même classe. C’était un sentiment étrange de nostalgie lorsque nous abordions Ryûsuke, sans que je n’ose approfondir la chose. Ota était le genre de personnalités qui me plaisait bien. Dynamique, entreprenant, ne se laissant jamais marcher sur les pieds. Son humour était sûrement un peu trop lourd… Mais on finit par s’y faire et ne plus l’écouter. Ce fut néanmoins grâce à lui que la glace s’est enfin brisée avec Nakamura. Le reste de l’année se déroula beaucoup plus cordialement et je dois dire que je commencerai peut-être à bien l’apprécier.
It could be wrong ? Love is our Resistance. (Muse)
Tu sais Reira, je me demande encore aujourd’hui ce que serait ma vie si j’avais accepté de te suivre ce jour là. Si j’avais sauté dans ce train par un élan de folie et que je t’aurai fait prisonnière de mes bras. Serais-tu mienne ? Penserais-tu encore à lui comme je pense à toi ? Nous nous sommes rencontrés. Nous nous sommes rapprochés. Puis égarés. Pour finalement nous louper. Je cherche encore dans mon esprit les paramètres que nous avions mal calculés. De tous ces actes manqués…
Enfin, nous verrons bien comment les choses évolueront. En attendant, j’emménage en colocation avec Lea dans le centre ville de Keimoo. Ayame désirant nous rejoindre est en discussion avec les parents pour qu’ils lui accordent ce droit de rester avec nous.
La suite de l’histoire, c’est moi qui l’écrirais.
• Relations proches et familiales : (qui vous a élevé / avec qui vous vivez, etc.)
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Ishida Masuda – Père (50 ans) : Les relations entre eux sont relativement cordiales. Disons qu’ils agissent au mieux pour paraître aux yeux de la société ou de la famille. Il reste quelqu’un de bien trop rigide sur les codes sociaux, agaçant beaucoup Arata. Néanmoins il ne le trouve pas énervant, disons que sa préférence ne va pas vers sa présence. Son père a rencontré sa mère lors de ses études à Keimoo.
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Adélaide Stein-Masuda – Mère (47 ans) : Mère Allemande, naturalisée Japonaise depuis son mariage avec son père. Grande pianiste et professeure, Arata ne voit sa mère plus que comme un objet d’oppression. Pendant longtemps, elle lui força des leçons de piano auxquelles il ne prenait aucun plaisir. Toutes les contraintes dont il a horreur sont pour lui incarnées en sa mère et elle est par conséquent celle avec qui il se dispute le plus dès lors qu’il retourne en famille.
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Yuko Masuda – Grand mère paternelle (décédée) : Grand-mère s'étant occupée d'eux durant leur enfance. Elle se donnait beaucoup pour eux mais tout particulièrement pour Maya. Arata n'en garde qu'un vague souvenir aux odeurs sucrées.
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Maya Masuda – Grande sœur (23 ans) : Sœur aînée dont il a été moins proches que ses autres sœurs. Au fil du temps, et voulant faire plaisir à leurs parents, elle deviendra la détentrice du cadre social et moral qu’ils s’entêtent tous à lui imposer. Lors de ces moments là, Arata range Meiko dans le même panier que ses parents et préfère fuir les relations. Néanmoins, avec elle, les choses se passent bien mieux qu’avec ses géniteurs.
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Lea Masuda – Grande sœur (22 ans) : Deuxième grande sœur, leur relation sont nettement meilleure qu’avec le reste de la famille. N’ayant que peu de différence d’âge, ils ont grandit ensemble, dans les mêmes écoles. Au lycée, ils traînaient pas mal ensemble. Lorsqu’il arriva à sa deuxième année d’Université, il décida d’emménager avec elle dans un appartement au centre ville. Lea fait certainement partie des personnes en qui il porte un léger intérêt.
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Ayame Masuda – Petite sœur (16 ans) : Luciole ou Petite fée d’azure, comme il se fait à l’appeler, Ayame est la personne qu’il chérit et estime le plus au monde. Il met un point d’honneur à tout faire pour la rendre heureuse et serait littéralement prêt à tout pour elle. Son premier fan et supporter, il ne veut rien louper de sa carrière naissante et l’encourage à toujours être quelqu’un de bien comme il aurait souhaité l’être.
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Ryûsuke Emitsu – Ex meilleur ami (21 ans) : Si l’on peut parler d’un souffle d’air frais dans sa vie, ce serait une bonne définition. Ryûsuke est apparu dans une époque charnière et l’a aidé à tenir. Arata culpabilise encore de la perte de cette relation, se demandant ce qu’il aurait pu faire pour la conserver éventuellement. Il n'arrive clairement pas à en faire le deuil, étant allé jusqu'à se demander la nature de ses sentiments pour lui pour être ainsi incapable de s'en détacher. C'est en ce point là qu'il se qualifie de
panromantique, préférant largement quelqu'un attisant son intérêt qu'autre chose.
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Reira Kyoshida – Meilleure amie (20 ans) : Reira est la deuxième personne (hors cercle familial) qui a su toucher le cœur d’Arata. Bien avant de comprendre tout ce bordel identitaire qui se jouait autour de Ryûsuke, il en est tombé amoureux assez rapidement. Il n’osa jamais franchir le cap et se laissa dépasser par Ryûsuke. Il le prit relativement mal mais ne pouvait décemment pas leur en vouloir. Malgré la distance physique qu’ils entretiennent désormais, ils continuent à échanger et se donner des nouvelles.