Star Wars & Greenery Day : May the 4th be with you

La Golden Week est la seule semaine de l’année où j’ai le loisir de flâner à souhait, les périodes de fêtes étant généralement plus stressantes que les cours eux-mêmes en raison des préparatifs ou des visites à faire. Nous sommes le 4 Mai, et ma sœur aînée a reçu une autorisation pour rentrer au pays du soleil levant pour quelques semaines, son année universitaire ayant touché à sa fin. Nous ne nous étions pas vus depuis longtemps et j’avais donc accepté de venir à la piscine municipale avec elle. Au départ, je comptais rentrer à Nagoya, mais finalement elle a préféré venir me rendre visite par ses propres moyens. Je dois avouer que j’aime bien nager, du moins cette activité ne me dérange pas plus que ça tant qu’on me laisse faire la planche. Me faire venir à la piscine n’a pas été une très longue affaire du coup, même si j’aurais préféré me baigner dans celle du manoir. Cependant, quand je l’ai proposé, il y en a une qui n’était pas d’accord, parce qu’elle préfère les lieux où elle est en contact avec les gens : ma sœur aînée.

Pour le moment je suis dans le vestiaire individuel où je m’efforce de ne pas me cogner contre les parois de la cabine. Mes vêtements retirés pour n’être qu’en short de bain bleu et noir, je remballe toutes mes affaires dans mon sac et me dirige vers les casiers. Soixante six, c’est le numéro dont on m’a donné la clé à l’accueil. Je le trouve assez rapidement, en évitant les quelques enfants qui jouent avec les portes des casiers vides, et je m’apprête désormais à rejoindre le bassin. Le bon côté d'être venu à une piscine ouverte, c'est que je profite en quelque sorte de la journée de la nature.

Ma sœur ne m’a visiblement pas attendu pour piquer une tête. Quand j’arrive au niveau du bassin, je la vois déjà en train de nager un peu plus loin, la fourbe. En ce qui me concerne, je commence les choses doucement. Je m’accroupis d’abord au bord de l’eau pour me mouiller, avant de m’asseoir et plonger mes jambes dans la piscine. Un frisson me parcourt l’échine, elle était un peu plus froide que je ne le pensais. Les rires et les mots résonnent dans toute la pièce bien que j’ai l’impression qu’il n’y ait pas grand monde. Mes paumes appuyées contre le rebord, j’observe les gens aller et venir comme une caméra de surveillance en beaucoup moins performant étant donné que je ne retiens pas les visages des figurants.

Je sursaute.

Un peu plus loin, un imbécile a fait la bombe. Je retiens un sifflement mécontent entre mes dents en constatant les dégâts. Néanmoins je ne suis pas au bout de mes surprises. En effet, j’aperçois ma sœur qui me rejoint enfin. Combien de temps m’a-t-elle abandonné alors qu’elle ne me lâchait pas d’une semelle quand nous étions à l’école primaire ? Son sourire illumine la piscine toute entière, elle va finir par m’éblouir. Elle fait quelques brasses jusqu’à poser ses bras sur le bord du bassin alors que j’en suis toujours à la phase test i.e bouger mes jambes dans l’eau. Je n’abaisse le regard vers elle que lorsqu’elle commence à tirer doucement sur le tissu de mon short.

« On dirait qu’il y a des problèmes là-bas. »

D’un coup d’œil, je suis la direction de son doigt et tourne la tête vers l’échelle. Oh, une fille en fauteuil, je ne l’avais pas vue avant. Je serais un pitoyable maître-nageur, les pauvres personnes mourraient sans que j’aie bougé d’un seul centimètre…et ça serait 100% leur faute de s’être mis dans une situation délicate. Bon disons 99% pour ne pas être de trop mauvaise foi.

Je n’entends pas ce qu’il se dit, plus loin – car un autre idiot vient de refaire la bombe, réaction en chaîne – mais mon aînée me fait comprendre qu’elle souhaite intervenir car de plus en plus de monde se retrouver bloqué devant l’échelle. Je me demande pourquoi est-ce qu’ils ne sortent pas par les bords s’ils sont si pressés, mais bon. Etant encore à l’extérieur du bassin, je me redresse et marche lentement vers la scène. Mon aînée me suit de près, mais en restant dans l’eau. Arrivé sur place, elle demande à ma place.

« Il y a un souci ? Mon frère peut vous aider si vous n’arrivez plus à bouger ! »

Quelle enquiquineuse. Elle aurait au moins pu me demander mon avis. Je suis peut-être curieux, mais ça ne veut pas dire que j’ai envie de m’en mêler. Toujours est-il que plusieurs regards se sont tournés vers moi maintenant, et j’aurais du mal à refuser si on me sollicitait.