₪ Académie Keimoo ₪ In a decade, will you be there ? |
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| Anguille sous roche n°5 | |
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Ethel Dawkins ♦ Civil - Œnologue
Genre : Age : 30 Adresse : Quartier Hiryuu, Immeuble Sakura, Appt 33 443
KMO :
| Sujet: Anguille sous roche n°5 Mer 8 Juil 2015 - 18:43 | |
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Dans son bain, Ethel faisait des bulles. Prenant un peu de mousse dans ses paumes, elle s'amusait à souffler, et regardait les petits amas s'envoler pour retomber sur la surface de l'eau. S’immergeant totalement, laissant un nuée de cheveux roux flotter à la surface, elle resta quelques secondes, appréciant le courant et la chaleur qui l’enveloppait. L'eau était le seul élément qui la détendait à ce point, et tant pis pour la chaleur extérieure, lorsqu'elle s'enfonçait dans un liquide brûlant, elle laisser couler toutes ses peines et ses craintes, comme si les vagues s'infiltraient dans son esprit et le lavait de toute la journée subie. Décidant finalement de sortir elle resta un instant dans la chaleur de la salle de bain avant de braver la fraîcheur de sa chambre. Se séchant finalement et s'habillant, elle s'allongea dans son lit, dans une léthargie et un repos bien mérité. Ces dernières semaines avaient été une course sans merci, un marathon contre le vent et le résultat n'avait pas été des meilleurs. Elle avait rendu son projet, à temps, satisfaite, mais avait perdu 5 kilos et le peu de joie de vivre qui lui restait. Mais un bain effaçait tout ça, dans l'eau, elle se sentait plus épaisse, comme appartenant à un tout, réduite elle aussi à l'état de liquide. Mais malheureusement cet effet disparaissait sitôt sortit de l'eau, et elle se retrouvait systématiquement étalée sur son lit, à essayer de retrouver ses esprits.
Mais ne pouvant rester sur son lit indéfiniment, venait toujours le moment où elle devait s'extirper de son matelas et décider de la suite. Ce qui ces derniers temps pouvait prendre une bonne heure, et qui finissait un coup sur deux le nez dans ses placards pour sortir le pot de Nutella. Mais pas cette fois-ci, elle s'y refusait. Décidant plutôt de s'habiller et de sortir, elle se tourna dans sa chambre, en quête d'une idée de destination. Un vieux sac de pain rassis traînait sur son bureau, et l'idée naquit. Ses amis les canards devaient se languir d'elle, assurément. A son arrivée sur Keimoo, son plaisir dominical demeurait dans l'observation du ballet affamé de ces créatures, envieuse de leur faculté à nager aussi librement, puis de s'envoler quand l'envie leur prenait. Mais après les derniers événements, elle avait laissé cette activité de côté, oubliant ses anciens compagnons de fortune. Voilà qui occuperait bien une partie de son après-midi.
Attrapant le sac, elle sortit du bâtiment et se dirigea lentement vers le parc, profitant de la brise douce. Les canards étaient au rendez-vous, bien évidemment. Et bien évidemment ils ne la reconnurent pas, continuant leur vie de canard sans considération pour la jeune fille qui venait de s'asseoir près de leur étang. Une femelle vint tout de même, avant même que la rouquine ne sorte le sac de pain. Mais son bec dirigé indiquait qu'elle cherchait juste de la nourriture, et qu'elle se fichait éperdument de qui pouvait lui apporter. Cela fit sourire Ethel, si jamais elle pouvait se moquer autant de qui passait sous son visage, de n'avoir que faire des autres et de vivre une vie semblable qu'on vienne lui dire bonjour ou non. Mais la société ne marchait pas comme ça, et il fallait bien qu'elle interagisse avec des gens, qu'elle les apprécie ou non.
Sortant le sac de pain, elle eut tout de suite plus d'admirateurs, et bientôt une dizaine de canards bruyants s'acheminèrent près d'elle. Lançant les miettes d'un air nonchalant, secrètement heureuse de faire cela, mais ne voulant pas paraître comme la petite vieille du parc qui n'a rien d'autre à faire dans sa vie que de nourrir les canards, elle les observait d'un air faussement détaché. Le sac de pain fut vite épuisé, elle le réduisit en boulette et le jeta dans une poubelle avoisinante. Retournant au bord de l'étang elle s'assit, regardant un instant les alentours. Une jeune fille passa sur le chemin, leurs regards se croisèrent. La sensation de la connaître, sans savoir d'où, n'était-ce pas cette fille qu'elle croisait sans cesse ces derniers jours ? Dans l'ignorance, elle lui sourit, rompant le contact immédiatement après et s'allongeant dans l'herbe.
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| | | Naoko Tanaka ▼ Université - 3ème année - Vice Présidente Cuisine
Genre : Age : 27 Adresse : 15 Rue du Tatami, Quartier Hebi 849
KMO :
| Sujet: Re: Anguille sous roche n°5 Mar 14 Juil 2015 - 2:16 | |
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Mi-juillet, l’activité fleurissait un peu partout dans la ville en développement qu’était Keimoo. Possédant un accès à l’océan et une plage de sable fin, elle attirait même les touristes qui affluaient dans le quartier Hebi. Les résidences secondaires en location avaient été prises d’assaut, de même que les hôtels de luxe, faisant de la ville universitaire un lieu de villégiature pendant les mois d’été. Pensive, la japonaise observait l’activité vacancière, accoudée au rebord de la fenêtre de sa chambre. Fatiguée rien que de les regarder, elle poussa un long soupir, se résignant à aller se balader dans le quartier pour occuper sa journée. L’idée même d’aller poser le pied au milieu d’autant de gens fit parcourir un frisson le long de sa colonne vertébrale, et noua son ventre. Elle tira ses rideaux.
L’ennui ne tarda pas à la rejoindre alors qu’elle était maintenant allongée sur son tapis. L’idée de jouer à la console ou de lire un manga lui passa par la tête, mais elle n’en avait pas vraiment envie. Elle s’ennuyait, mais n’avait envie de rien. Et le paradoxe la clouait désespérément sur le sol, dans l’inactivité.
Elle aurait pu aller voir Oswald, mais celui-ci était absent depuis quelques jours, lui prétextant qu’il allait visiter sa famille. Elle se doutait qu’il lui avait menti, et qu’il était reparti à trainer dans des affaires louches. Cette pensée attrista la jeune fille, mais elle l’évacua vite de son esprit, se disant que de toute façon, elle ne pouvait rien y faire. Ainsi, elle passa en revue toutes les possibilités qui s’offraient à elle en intérieur, et constata avec découragement que rien ne la tentait plus que ça. Elle avait envie de prendre l’air, de profiter du beau temps. A cet instant, elle se dit qu’elle pourrait possiblement utiliser une partie de son argent pour privatiser un coin de nature et y être tranquille. Mais elle secoua la tête à cette idée saugrenue, ses parents ne lui avaient pas appris à jeter l’argent par les fenêtres. Cependant, le constat était là. Le quartier Hebi était à proscrire, si elle voulait éviter les risques de faire une crise.
Et puis, elle eue une illumination, alors qu’elle observait la peinture unie de son plafond. Si elle ne pouvait pas ici, elle pouvait toujours aller voir plus loin. Ne connaissant pas vraiment les autres quartiers de la ville, elle se saisit de son téléphone et effectua une rapide recherche Google des lieux possiblement intéressants. Elle repéra assez vite sur la map l’itinéraire d’un parc du quartier Hiryuu, à quelques dizaines de minutes d’ici.
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Habillée d’un débardeur, d’un short de jogging et chaussée d’une bonne paire de baskets, la japonaise courait à moyenne foulée, dans une allure régulière. Contrôlant sa respiration parfaitement, elle ne montrait aucun signe de fatigue, malgré les 30 minutes de course qu’elle venait d’effectuer sans interruption. Seuls les rayons du soleil semblaient venir perturber son impassibilité habituelle, puisque la jeune fille se voyait contrainte de s’hydrater souvent pour compenser l’eau qu’elle perdait en suant.
Naoko n’avait jamais été une grande amatrice de jogging. Courir sans but, sans fin n’avait pas grand intérêt pour elle. Elle le faisait lorsqu’elle était contrainte par les entraînements de club, ou lors de ses séances de rééducation. Cependant, elle avait toujours vu ça comme une obligation, une plaie. Elle n’y avait jamais trouvé aucun plaisir. Jusqu’à aujourd’hui. Enfermée depuis trop longtemps pour elle, et n’ayant eu ces derniers jours aucun entrainement au club de karaté, la japonaise commençait à trouver le temps long et à trépigner sur place. Les cours de sports aussi avaient été suspendus pour favoriser les cours de créations, en vue d’un grand concours à l’occasion de l’inauguration d’un nouveau bâtiment. De ce fait, elle n’avait plus vraiment la possibilité de se dépenser.
Et comme lorsque l’on se lève après être restée trop longtemps assise, cette course avait l’effet d’un soulagement infini. La jeune fille prenait plaisir à sentir la contraction de ses muscles, les gouttes de sueurs perlant sur son visage, le vent dans ses cheveux. Elle avait l’impression de voler tellement elle se sentait légère. Poussée par une musique entraînante qui tambourinait dans ses écouteurs, elle se sentait pousser des ailes.
Alors qu’elle entamait son deuxième tour de parc, la japonaise fut contrainte de s’arrêter cependant, puisqu’elle se retrouvait en panne sèche. Sa bouteille était vide, et il fallait qu’elle trouve de quoi se ravitailler si elle voulait continuer à courir. Passant à côté d’une fontaine à eau, elle remplit sa gourde et en profita pour se rafraichir. Le choc thermique de l’eau froide sur ses joues brulantes lui arracha un sourire de bien-être.
S’accordant une pause, la jeune fille continuait de marcher sur le sentier tout en s’hydratant à grandes gorgées. Essuyant son front d’un revers de bras, elle glissa ses écouteurs hors de ses oreilles afin de se couper de son mode course, et de profiter un peu de ce que la nature de ce parc pouvait lui offrir. A peine eût-t-elle tendu l’ouïe disponible qu’elle entendit le vacarme d’une foule de canard qui semblait se rassembler autour d’un banc, à quelques mètres devant elle.
L’idée de s’arrêter pour admirer le spectacle lui effleura l’esprit, puisque l’amour de la jeune fille pour les animaux était sans bornes. Cependant, elle la chassa de sa tête, se disant que si elle se stoppait ici, elle n’allait jamais s’y remettre. Et comme elle s’était fixée de courir jusqu’à épuisement, elle prendrait cela comme une défaite personnelle.
Lorsqu’elle arriva aux abords du banc, les canards étaient déjà repartis, s’étant goinfrés de pain rassie jusqu’à ce qu’il n’en reste plus une miette. La bienfaitrice des oiseaux se leva alors de son banc pour aller jeter un sac maintenant vide. Naoko la suivit du regard, intriguée. Ce n’était pas la première fois qu’elle voyait cette jeune femme, ni même la deuxième. Elle avait l’étrange impression de l’avoir croiser à tous les coins de rues, ces derniers temps. Fronçant les sourcils pendant un court instant, elle se dit finalement que ça ne devait être que son imagination. Ou le hasard. Arrivant à sa hauteur, elle n’avait cependant pas décollé son regard de la rousse. Celle-ci se retourna, et, à nouveau, ses prunelles émeraudes reflétait l’image de la japonaise. Mais cette fois, pas de disparition, à la place, ses lèvres se fendirent en un sourire poli.
La brune fut surprise, et, prise au dépourvue, hocha respectueusement la tête en signe de salutation. Reprenant son chemin, légèrement préoccupée, elle reprit son allure de course à quelques pas de là.
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| | | | Anguille sous roche n°5 | |
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