Il était encore tôt dans l'après-midi, sûrement pas plus de 14h30, et pour une fois Cameron n'était pas dehors. Sa vie entière s'était résumée au mot "dehors", il n'était toujours rentré à la maison que pour les obligations familiales et vitales. Rester enfermé chez lui ou même n'importe où ailleurs, c'était particulièrement difficile pour cet homme qui appréciait le soleil sur sa peau, le vent dans ses cheveux pourtant gelés, voire même les gouttes de pluie sur ses chemises toujours blanches. Enfant, Cameron avait été décrit comme "un sale gosse", un enfant qui salissait toujours ses vêtements ou trouait sans cesse ses pantalons. Adolescent, on avait dit de lui qu'il était un délinquant car il traînait toujours avec sa bande et emmerdait les passants. Adulte ... que pensaient les gens? Ses habitudes et son style avaient radicalement changé, il était toujours impeccable et chérissait l'image qu'il renvoyait mais à côté de ça, sa vie sociale s'était brisée en 1 000 morceaux. L'homme était seul et être entourée de femmes dès qu'il claquait des doigts ne remplissait pas le vide qui s'insinuait en lui jour après jour.
Les mains dans les poches, l'Américain restait fixé sur le ciel bleu qui envahissait le Japon depuis le début du mois de Septembre. Peu ou pas de nuages venaient inquiéter les passants et pour les élèves qui avaient repris le chemin scolaire, c'était légèrement de la torture. Le mois d'Août n'avait sûrement pas laissé un aussi bon souvenir. Pour sa part, il n'avait pas fait spécialement attention au temps dernièrement, se préoccupant plutôt pour des choses futiles, baissant les bras petit à petit pour redevenir celui qu'il était adolescent. Jusqu'à ce qu'IL intervienne, cet homme qu'il n'avait pourtant rencontré qu'une fois par pur hasard. Il lui avait sauvé la vie même si le danger n'avait en rien été physique.
D'ailleurs, en parlant de physique, Cameron porta sa main à son menton pour venir toucher cette cicatrice qu'il porterait désormais toujours, tel un fardeau pour ne jamais oublier la trahison. Ça avait été le déclic vers sa décadence, Taylor l'avait trahi et le résultat lui semblait vraiment négatif. Cela faisait plus de 6 mois désormais et si l'homme avait réussi à se faire à ce nouveau visage qu'il regardait dans la glace, les souvenirs ne cessaient de le hanter. Tirer un trait n'était qu'une expression, c'était vraiment plus difficile à réaliser.
Laissant un soupir franchir ses lèvres, il fit cet effort qu'il faisait constamment ces derniers jours pour ne pas perdre pied. Il avait tourné une page en même temps qu'il avait tourné le dos à tout le monde. Même Miya ne faisait plus partie de son monde actuel mais peut-être devait-il encore y réfléchir. Pour le moment, les efforts présents étaient déjà suffisants.
Attrapant les clefs de son appartement de sa main gauche, Cameron quitta les lieux sans se retourner. La destination du jour n'était guère éloignée même si ça le faisait changer de quartier. Le parc du quartier Hiryuu avait bonne réputation et dès qu'il faisait beau, Cam venait s'y promener. Il y croisait depuis peu les mêmes personnes et certaines avaient même pris le parti de le saluer. Ce n'était pas grand chose, mais ça le rassurait.
Sa promenade du jour avait commencé, sous ce soleil de plomb qui ravivait l'humeur des gens. Veste de costard sur le bras, l'homme marchait à un rythme lent, prenant le temps d'observer les alentours. Aujourd'hui était un jour un peu différent. Ses résolutions se mettaient en place et après une remise en question, il s'était tourné vers son passé. Akio en faisait partie. Ce petit blond tout gentil tout mignon avait été la proie de son humeur lunatique et leur "rendez-vous" s'était bien mal terminé. Après quelques recherches, très faciles, Cameron avait réussi à obtenir le numéro de téléphone du jeune homme et lui avait envoyé un sms en lui demandant de venir le rejoindre dans le parc. Un endroit public pour qu'il n'ait pas de craintes inutiles. Est-ce qu'il allait venir? Ça, c'était la question. Cameron voulait faire de bonnes actions mais si Akio ne venait pas ... il n'insisterait pas. Il n'allait pas non plus le supplier, il n'était pas descendu aussi bas.
Au fond, il n'espérait pas qu'une grande amitié internationale naisse entre eux, il voulait juste que le petit japonais comprenne qu'il tentait de se faire pardonner, qu'il reconnaissait avoir eu tort même si sur l'instant il avait vraiment pensé faire une bonne chose. Ils pouvaient repartir sur de bonnes bases tous les deux, bien qu'ils n'aient que très peu de points communs. Peut-être qu'Akio avait grandi depuis, sûrement même. Sa présence allait répondre à toutes ses questions, son absence ... le faire passer à la prochaine étape.