Une petite pause ?

Mes casques sur les oreilles, et la musique à fond, j'allais où mes pas semblait me mener. De loin, j'aurais eu l'air d'un dépressif, si je n'avais pas eu un petit sourire sur mes lèvres, ça faisait un bout de temps que j'étais arrivé ici, et j'avais eu l'envie d'aller me balader un peu.

Mes pieds foulaient le sol en accord avec le rythme de la batterie, je me sentais comme libre, je n'avais que faire des gens qui me regardaient de travers parce que mon look ou mon physique leurs déplaisait. Je suis comme je suis, peu importe le regard des autres.

Je passais devant une boutique de chaussures masculines, et je decidait de m'y arrêter, après un rapide coup d'oeil vers mes vieilles Rangers blanches qui me suivait partout où j'allais, elle aurait bien besoin de remplaçante ... Je poussais la porte en verre de la boutique et rentrais en adressant un "bonjour" à la vendeuse, et baissais mon casque pour le poser autour de mon cou. Je cherchais du regard le rayon où étais ranger les Rangers ici, et me baladait en observant des baskets dernier cris que tout les jeunes de mon âge portent, mais dont je ne trouve pas l'utilité, dans 1 ans, elle lacherait ... Pour le prix autant acheter des chaussures qui tiennent le coup !

En parlant de Rangers, mes pas m'avaient emmenés devant leur rayon, et mon attention se portait vers une paire noire vernie à 10 trous. Je cherchais ma pointure et me dirigeais vers la caisse pour payer. Le prix m'importait peu, j'avais craquer sur celle-ci alors tempis !, Mais je m'arrêtais avant dans un rayon un peu spécial : sur plusieurs étagères étaient rangés des tee-shirt et autres gadgets vendues pour faire la promo d'un nouveau disque ou d'une nouvelle tournée d'un groupe de musique. Mon regard s'arrêta sur un tee-shirt un peu  destroy du groupe Avenged Sevenfold, et en regardant ma petite "bourse", je décidais de le prendre. Une fois le prix affiché, mes yeux sélargirent sous la surprise, mon porte-monnaie allait à présent se sentir beaucoup plus léger ... Je sortais en remettant mon casque sur mes oreilles, une chanson de Nirvana se mit en route à ce moment, signe d'un point positif dans cette journée un peu terne ...

En face de la boutique se trouvait un magasin de patisseries et autres sucreries qui vous ferait gagner un rendez-vous chez le dentiste, la vitrine étant tellement alléchante qu'il serait très simple de rentrer dans la boutique, et d'acheter tout le stock ... Je passais devant la devanture du magasin, et observait l'interieur, mais au vu de l'état de ma bourse, je continuais ma route.

Puis, le parc de la ville se rapprochait, , je m'y dirigeais, vu l'heure j'avais un peu de temps devant moi pour me poser sur un banc dans le parc et écouter ma musique. Je poussais la grande grille de l'entrée du parc, et marchais un peu, avant de trouver un banc un peu isolé pour m'y asseoir. Je m'y affalais royalement, j'en avais marre de marcher, mon sac étant posé à mes côtés, sur le banc.  Je fermais alors les yeux et me laissais envahir par la musique de Nirvana, en attendant que le temps ne passe.

La journée avait bien commencé. La météo avait prédit du soleil et il n'allait pas faire froid malgré le fait qu'on soit en novembre. Avec ma sœur, nous avions prévu une après-midi shopping pour elle. Tant que je passais mon temps avec ma sœur, la journée allait être forcément belle. Je m'étais réveillé vers 8 heures, je me suis habillé puis je suis resté tout le reste de la mâtinée à la bibliothèque. J'attendais ma sœur, elle ne se levait pas avant au moins onze heures. J'ai continuais mon livre jusqu'à qu'elle me rejoigne. Nous n'avions pas déjeuné dans l'académie, mais dehors dans un petit restaurant sympathique.

Lorsque notre faim a été apaisée, j'ai accompagné ma sœur partout ou elle voulait. Elle a fait toutes les boutiques, a essayé une trentaine de vêtements. Nous avions tellement marché que mes pieds me faisaient mal. J'avais l'impression d'avoir fait une randonnée de 10 kilomètres. Comment est-ce que Jun tient ? En plus, elle m'avait dit qu'elle le faisait souvent. Au bout de 3 heures de marche, Jun avait fini de dépenser inutilement son argent. Elle avait plusieurs sacs remplis. Elle était ravie de cette sortie et ça me faisait plaisir. Elle sortit son téléphone et elle appela un taxi. Je l'aidai à ranger ses sacs dans le coffre. Elle m'invita à monter, mais j'avais refusé :

"Vas-y, je vais aller me promener un peu dans le parc, on se retrouve ce soir"

Elle me sourit et la voiture s'en alla au loin. Je me dirigeai dans une boutique que j'adore, celle qui vend des pâtisseries délicieuses. Les centaines de mètres qui me séparaient de ce paradis ont été facilement effacés. Rien qu'en regardant la vitrine, j'en avais l'eau à la bouche. Mon porte-monnaie était rempli, même si je n'aimais pas trop ça, grâce à ma sœur. Sans hésiter, je rentrais dans cet endroit parfumé d'une odeur sucrée. Je n'avais pas réussi à résister, j'en avais pris plus qu'il me fallait. Je les partagerai avec mes camarades de chambre s'ils sont là. Une fois sorti du magasin, j'empruntais le trottoir qui mène au parc. J'avais encore un peu mal aux pieds, mais c'était supportable. J'aimais bien me balader les après-midis dans ce jardin, ça me rappelait ma vie à Hokkaido. On entendait les enfants rire et le vent était léger et la température était bonne. C'était le lieu parfait pour se reposer un peu, un moment de détente avant de retourner en cours.

Je rentrais comme d'habitude dans le parc en regardant les alentours, tournant ma tête de droite à gauche. Au loin, sur un banc éloigné de tout, un individu était affalé sur le banc. De loin, je remarquais ses longs cheveux. Je me rapprochais de lui, je l'avais reconnu et je voulais lui faire coucou. Il ne m'entendait pas et ne me voyait pas. Ces yeux étaient fermés et il portait un joli casque sur ses oreilles. Je me baissai pour avoir la même taille que lui, et je plaçais ma tête en face de la sienne. Lorsque Rin avait ouvert ses yeux, je le saluai joyeusement en lui faisant un signe de la main.

"Coucou Rin-kun , ça va ? Évite de t'endormir hein ? "

A me laisser bercer par la musique j'avais fini par m'assoupir, le visage réchauffé par la douce lumière émanant des quelques rayons du soleil. Je ne saurais dire combien de temps j'étais resté à dormir sur ce banc, peut-être aurais-je dû surveiller mes sacs puisque à dormir, je devenais une cible facile pour les voleurs. Par moment une petite brise soulevait quelques mèches de ma lourde chevelure, mais je ne me réveillais pas pour autant. Je frissonnais légèrement, je commençais un peu à avoir froid. Après tout, il n'y avait rien d'étonnant puisque je n'étais pas vraiment vêtu avec des vêtement particulièrement chauds, en effet il devait faire beau et pas trop froid alors je n'allais pas m'encombrer de ma doudoune ou d'un pull ...

Ma seule source de chaleur disparue tout à coup, et je fronçais les sourcils en ronchonnant, je ne voulais pas me réveiller mais je voulais tout de même savoir pourquoi la chaleur était partie. Je grognais à nouveau pour la forme avant d'ouvrir les yeux et d'attendre quelques secondes pour que ma vie s'adapte à la luminosité. Devant moi se tenait un jeune blond que j'avais rencontré en cours de sport, le jour où il m'avais envoyé un objet dans la figure ... Je lui répondais le même signe que celui qu'il me faisait juste avant.

Il semblait s'amuser de la situation, et me sugérais d'éviter de m'endormir. La voix témoignant de mon manque de sommeil, je lui répondais:

-"Yo ... Que fais-tu ici ?"

Je jetais un rapide coup d'oeil sur ma droite et soupirais de soulagement, mes sacs de "courses" étaient toujours là. J'enlevais mon casque et en baissait le volume sonore. Je mis ma main devant ma bouche avant de bailler, et de fixer finalement le jeune homme. De taille moyenne, bien que petit à mes côtés, blonds au yeux bleus, Akio me fit penser à une poupée Barbie avec les cheveux courts, sans savoir pourquoi ... Le pauvre ... Etre comparé à une Barbie pour un homme n'était pas vraiment des plus agréables, et alors que je ne voulais rien montrer de ma petite réflexion, un sourire vint orner finalement mes lèvres. Pour la discrétion on repassera ...

Un vent plus fort que la précedente brise se levait et la luminosité diminuait au fur et à mesure, je plongeais mes yeux dans le ciel mais bien que ce dernier était couvert des quelques nuages, ils ne semblaient en aucun cas menaçant ... Bizarre ... Je me levais finalement du banc, surpassant le jeune homme de ma taille avant de sortir mon paquet de cigarettes d'une des poches intérieures de ma veste. Je cherchais ensuite dans chacune de mes poches mon briquet, sans succès. Que faire ? Je n'allais tout de même pas devoir me passer de ma clope de l'après-midi tout ça à cause du fait que j'avais laissé mon briquet dans la chambre surement ... Je regardais Akio quelques instants, bien qu'il n'est pas l'air d'un fumeur, peut-être aurait-il du feu sur lui, après tout ça ne me coûtais rien de lui demander ... J'agitais quelques instants mon paquet de cigarettes dans ma main avant de demander :

-"Hum ... Dit-moi Akio, c'est une question de vie ou de mort, aurait-tu du feu sur toi ... ?"

Quel drôle de jeu de mots tout de même ... "Question de vie ou de mort" ... Surtout quand l'on sais que la cigarette vous pourris les poumons, les dents, et j'en passes des meilleures comme le fait qu'elle vous tue ... M'enfin, si on a pas le droit de prendre des risques pour vivre sa vie, à quoi beau vivre si c'est pour vivre une vie ennuyante ?

-"Yo ... Que fais-tu ici ?"

La voix de Rin marquait bien sa fatigue. Est-ce qu'il dormait assez pendant la nuit ? Il ressemblait à Jun quand je venais la réveiller le matin. Il ressemblait à Jun quand je venais la réveiller le matin. Sauf que comparer à lui, elle me jetait à chaque fois son oreiller dans la tête en signe de refus de se lever. Du coup pour la taquiner, je l'appelais marmotte surtout quand elle réclamait encore des heures de sommeil alors qu'elle s'était levée à dix heures du matin. Rin était-il une marmotte numéro 2 ?

« Je me promenais et toi ? Tu n'as pas dormi ? Si tu es fatigué, retournes au Dortoir. C'est mieux pour dormir, non ? »

En dehors des cours, je ne voyais quasiment jamais Rin. Je ne connaissais pas grand-chose de lui, mis à part que son nez n'aimait pas se recevoir un sabre de bois dessus. Je n'ai pas encore d'amitié solide avec les autres membres de la classe. Ils étaient juste des connaissances avec qui on aimait rigolais pendant les cours et en dehors de la classe, chacun partait dans son coin faire sa vie. J'étais habitué, ça a toujours était comme ça. A part pour Mizuki, elle avait fait tout un cinéma au proviseur pour être dans ma classe, c'était drôle à voir.
Pour en revenir à Rin, si on pouvait développer une amitié, j'en serais heureux. Cependant, je savais très bien qu'on était très différent tous les deux. J'en avais eu la preuve dès qu'il sortit de sa veste un paquet de cigarettes, en me demandant d'un air innocent :

-"Hum ... Dis-moi Akio, c'est une question de vie ou de mort, aurais-tu du feu sur toi ... ?"

La cigarette était la chose que je détestais le plus au monde, sa fumée était répugnante et ses effets sur l'organisme étaient horribles. Comment Rin avait-il pu tomber sous son emprise ? En tant que connaissance de Rin, devrai-je l'aider contre ce qui est pour moi une drogue légale ? Il était hors de question que je laisse passer ça. Je devais absolument réagir face à cela. Je m'étais approché de Rin soudainement et je lui avais pris son parquet de cigarette comme le ferait une mère qui voit son enfant toucher un objet dangereux. Je le cachai dernière mon dos et je fis la morale à Rin :

« Tu ne dois pas toucher à ça ! C'est mauvais pour la santé ! En plus s'est interdit pour les lycéens, tu le sais non ? Si quelqu'un te trouve avec ça, tu vas avoir des problèmes ! »

Je n'avais pas réfléchi aux conséquences. Rin allait-il se mettre en colère ? Je risquais peut-être mon amitié, mais je me sentais obliger de réagir de cette manière. Il était encore jeune, il ne savait peut-être pas le danger que ça représenter. De plus, cette chose était chère, c'était vraiment une grosse arnaque. Ça te tuait la santé et ça te ruinait, il était hors-de-question que je laisse Rin tranquille avec ça. En tant que futur ami, j'avais le devoir de faire quelque chose même si ça ne lui fait pas plaisir.